Le musée départemental Arles antique : un exemple de chaîne opératoire.

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1 Le musée départemental Arles antique : un exemple de chaîne opératoire. par Claude Sintès et Marie-Pierre Rothé Le musée départemental Arles antique présente dans un bâtiment contemporain les collections archéologiques de la ville et de son territoire, du Néolithique jusqu à la fin de l Antiquité tardive. C est cependant dans ses coulisses que l on peut comprendre au mieux la conception visant à une maîtrise globale de la chaîne opératoire depuis le terrain jusqu à la vitrine. Outre les conservateurs et médiateurs du musée, l aile sud abrite deux équipes de fouilles (terrestre et sous-marine), des ateliers de restauration et des laboratoires de recherche. Une fois lavés, séchés, identifiés et triés, les objets archéologiques sont dirigés vers l atelier de restauration pour traitement puis vers les salles de dessin et de photo afin de compléter l enregistrement, enfin vers l espace public ou les réserves. Conseil national de la recherche archéologique / séance 1 er octobre

2 Tout au long de ce processus les équipes d archéologues, de restaurateurs, de conservateurs et de médiateurs sont associés, ce qui permet d anticiper en continu les besoins scientifiques et le discours auprès des publics. Afin de couvrir tous les champs disciplinaires, le musée a complété ce dispositif par des conventions de partenariat avec le CNRS/Université (Centre Camille Julian), l Inrap, divers laboratoires, et travaille en lien étroit avec les services de l État (Drassm et SRA). L efficacité de cette chaîne peut être illustrée par deux exemples récents. Les fouilles dans le Rhône ont permis, depuis une trentaine d année, la découverte de nombreuses pièces archéologiques de grand intérêt, dont celle d un bateau fluvial rarissime d époque néronienne, dans un état de conservation exceptionnel. La collectivité a souhaité en 2010 qu elles puissent être présentées dans une aile spécialement construite à l occasion de «Marseille-Provence 2013, capitale européenne de la culture». Construction de la nouvelle aile de 800m² Musée départemental Arles Antique Une incroyable course contre la montre s est enclenchée en avril 2010 pour conduire simultanément la fouille et le dégagement du bateau par tranches, la conception et la construction de la nouvelle aile de 800 m², l écriture de la scénographie, puis la restauration du chaland et de 450 objets par le musée, Arcnucléart (Grenoble) et divers autres laboratoires, et enfin la préparation d un programme de médiation. Le pari a été tenu et la nouvelle aile, écrin du chaland de 30 m, a été inaugurée en octobre Les archéologues du musée ont mis un point d honneur à rendre compte en direct au public des travaux réalisés (plongées en cours et visites sur le fleuve) et à publier les données scientifiques, ce qui fut fait en 2014 avec une monographie dans la revue du CNRS Archaeonautica (n 18/2014). Conseil national de la recherche archéologique / séance 1 er octobre

3 Mise en place du chaland Musée départemental Arles Antique Le chaland de 30m installée dans la nouvelle aile du musée Musée départemental Arles Antique Conseil national de la recherche archéologique / séance 1 er octobre

4 Un autre exemple de cette chaîne est donné par le site de la Verrerie, en Arles, où le service archéologique conduit une opération programmée pluriannuelle en partenariat avec l Inrap et avec la collaboration de l université d Aix-Marseille (Cerege et CCJ), du CNRS (Lattes- Montpellier) et du Centre interrégional de conservation et restauration du patrimoine (CICRP). Le site de la Verrerie, Arles Musée départemental Arles Antique Le site, exploré dans les années 1980, a révélé de luxueuses maisons de la fin du II e s. dont des mosaïques sont visibles au musée. Les recherches en cours portent sur les niveaux sousjacents, notamment sur une domus du milieu du I er s. av. J.-C. Cette habitation précoce, scellée par les constructions ultérieures, est remarquablement conservée sur plus d 1,10 m de hauteur. Le recouvrement a favorisé la préservation de peintures en place sur les murs de deux pièces mitoyennes. Les décors peints à fresque, présents in situ mais aussi en milliers de fragments dans les niveaux de destruction, appartiennent au deuxième style pompéien daté en Gaule de 70 à 20 av. J.-C. Conseil national de la recherche archéologique / séance 1 er octobre

5 La salle dégagée en 2014 correspond vraisemblablement à une chambre : son décor peint imite une construction en grand appareil. Dans la pièce fouillée en 2015, le décor luxueux se rattache à une variante du deuxième style pompéien qui insère dans l'architecture fictive des représentations mégalographiques. Ce décor renvoie à certaines des plus riches maisons d Italie comme la villa de Boscoréale ou celle des Mystères à Pompéi. Ces découvertes majeures, inédites en France, ont été fouillées par l équipe du musée, les restaurateurs assurant la dépose de ces précieux enduits peints : à nouveau, l opération a pu être expliquée «en direct» au public par les différents spécialistes concernés. Alors que le remontage prendra plusieurs années, le musée réfléchi déjà à leur intégration dans les riches collections qu ils viendront compléter, illustrant ainsi une section consacrée au décor peint qui faisait défaut jusqu à présent. La pièce fouillée en 2015, la Verrerie, Arles Musée départemental Arles Antique Conseil national de la recherche archéologique / séance 1 er octobre

6 Les moyens importants mis à la disposition du musée, encadrés par des décisions politiques favorables à ses projets, sont sous-tendus par la très grande implication de la population d Arles vis-à-vis de l archéologie, discipline vécue au quotidien et dont elle voit les effets en termes de plaisir et de fierté mais aussi de retombées économiques. Parmi bien d autres exemples signalons la «tradition» naïve et touchante de création par les comités de quartier de chars à thèmes archéologiques collant à l actualité scientifique lors des fêtes populaires d Arles. La musicienne, la Verrerie, Arles Musée départemental Arles Antique Conseil national de la recherche archéologique / séance 1 er octobre