Les années de guerre

Transcription

1 Départ des troupes françaises vers le front 1914 Je n ai pas trouvé de photo montrant les troupes belges, j imagine que, hormis les uniformes, les scènes devaient être les mêmes chez nous qu en France. Pas étonnant qu Edmond ne se presse pas pour grimper dans ces trains bondés par cette chaleur! Nous de 17 1

2 Mais au fait, qu'en était -il du service militaire en 1914? Ci-dessous, un extrait de "Potins des années 1850 à 1859 " nous rafraîchit la mémoire : Le royaume des Pays-Bas ( ) reprit le système de la conscription; plus tard, dans le royaume de Belgique, l organisation de l armée s'appuyait encore toujours sur la loi de milice néerlandaise de Par suite, cette loi fut modifiée et réformée plus de 25 fois. En 1902, une loi instaura le régime de l enrôlement volontaire, 1909 fut l année de l instauration du service obligatoire individuel; on abrogea le système des remplacements et chaque famille fut obligée de céder un fils à l armée. Devant la menace allemande on instaura, en 1913, le service obligatoire généralisé. " Lundi 3 août 1914 : à la gare d' Etterbeek ( Bruxelles ) Dans cette lettre, il précise son affectation: «Edmond Clerbois, soldat au bataillon d administration ambulances de la division de Cavalerie, 6ème Corps d Armée.» Gare d'etterbeek ( Bruxelles ) Nous de 17 2

3 Lundi 3 août 1914 : à la gare d'etterbeek ( Bruxelles ) Ma chère Cécile, Enfin nous partons après avoir poireauté pendant deux jours. Je suis en face de la gare d Etterbeek à attendre le train. Il y a eu tellement de monde hier qu il n y a plus un verre de bière à trouver. Je crois que nous allons du côté de Gembloux à moins que ce ne soit à Louvain. Tu pourrais me préparer des effets car je ne suis pas en tenue. Fais -moi un paquet avec le costume brun que j avais la semaine passée. J y suis à l aise et les poches sont grandes. Tu joindras mon col en caoutchouc et une cravate (lavallière noire). Une chemise (une grosse ) mes souliers et une ou deux paires de chaussettes. Quelques mouchoirs de poche (les bleus). Je te dirai où l envoyer. De même pour les correspondances. Il paraît qu il faudrait mettre: Edmond Clerbois, soldat au bataillon d administration ambulances de la division de Cavalerie, 6ème Corps d Armée, sans indication de lieu au reste, tu auras du voir ça dans les journaux. Le plus simple de tout pour le paquet sera d attendre que je t aie donné l adresse d une tierce personne à qui l envoyer. Prépare -le toujours et remets-le à papa. Je lui donnerai l adresse soit par téléphone ou par télégramme ou carte express aussitôt que je l aurai. Comme je le pensais,je suis avec des curés et des instituteurs. Il y a deux capucins dans la bande. Mais il y a aussi des Louvièrois et des Montois. A bientôt j espère. Envoie-moi les nouvelles de samedi soir et d aujourd hui à l adresse que j indique ci-dessus. Je t embrasse de tout cœur. Je n ai plus le temps de remplir les autres pages, mais je t aime de toutes mes forces. Embrasse bien les enfants. A bientôt j espère, Ton Edmond. Nous de 17 3

4 Le cachet de la poste l'atteste, nous sommes le lundi 3 août Edmond est donc bien, arrivé à Malines comme il le prévoyait. Il adresse une carte à chacune de ses filles. Mademoiselle Andrée Clerbois, chez ses parents, rue de l Industrie, Bracquegnies. J espère que tu ne pleures plus, ma chère Andrée. Amuse-toi bien à la ducasse et surtout sois bien sage. Tranquillise bien papa Clément et maman Florine. Je t embrasse bien fort, Papa Edmond. Nous de 17 4

5 sans doute,comme la carte à Andrée, lundi le 3 août 1914, Marguerite Clerbois, chez ses parents rue de l Industrie, Bracquegnies. De gros baisers de ton papa Edmond pour toi et pour tout le monde. Amuse-toi bien à la ducasse avec Mémère. A bientôt j espère, Ton papa Edmond. Je donnerai mon adresse tantôt ou bien demain quand je saurai où nous allons. Andrée et Marguerite en Nous de 17 5

6 Mardi 4 août 1914 : à la gare de Namur. 4 août, Ma chère Cécile, Nous sommes en gare de Namur attendant un train vers Waremme. Tout va bien. Je ne suis pas trop fatigué. L ennui c est qu on ne sait pas où on va ni ce qui se passe. J espère que tu vas bien.et les enfants aussi. Je t embrasse et les enfants de toutes mes forces. Ton Edmond. Gare de Namur en Nous de 17 6

7 Samedi le 8 août Edmond est parti à la guerre depuis une semaine. Cécile n'y tient plus, elle veut le voir. Elle se fait délivrer un certificat d'identité et obtient, des autorités allemandes, un laisser -passer pour aller voir son mari à Louvain semble-t-il. Leurs courriers se sont croisés, il est difficile d'établir la chronologie exacte. Nous de 17 7

8 Samedi 8 août 1914, verso du laisser passer de Cécile Nous de 17 8

9 remarquer l'itinéraire : Edmond est passé dans la région de Hannut, presque à Abolens! Samedi 8 août à Waremme sans doute. Ma chère Cécile, J espère que tu es rentrée en bon port de Waremme. Depuis ce temps là je n ai plus eu le temps d écrire,on était toujours en route. De Waremme à Hannut, de Hannut à Jeandrain, Villers le Peuplier, Darion, Poucet, etc. Nos cavaliers ont déjà tué (?) beaucoup d Allemands et fait des prisonniers. Malheureusement des régiments de Ligne de Liège ont fait de grosses pertes. Écris-moi un petit peu. Embrasse bien fort les enfants et mes parents. Je vais fort bien sauf que je suis fourbu. Donne moi des détails de ce qui se passe par là. A-t-on fait a-t-on pris des vrais Rouges? A bientôt j espère, ton Edmond. Soldat au bataillon d administration, section des ambulances de la Division de Cavalerie. Les années de guerre Nous de 17 9

10 Mardi le 8 août 1914 : à Waremme. Ma chère Cécile, Nous revoici de passage à Waremme en route pour St Trond. Je viens de lire les journaux. Tout va bien. On saisit les Allemands comme on veut. Nous n avons pas encore eu un seul blessé à soigner dans notre division. Je t embrasse. Embrasse bien fort les enfants. Ton Edmond. Nous de 17 10

11 Dimanche le 9 août 1914 : à Saint Trond. Ma chère Cécile, Je t écris cette carte à la cure du séminaire de St Trond où nous venons de loger. Nous pensions pouvoir passer toute la journée au repos. Mais nous repartons ce soir. Pourquoi ne m écris-tu pas comment ça va, comment tu es retournée, comment vont les enfants, ce qui se passe enfin Je t embrasse de tout cœur, Ton Edmond. La carte représente l'ancien portail du séminaire de Saint-Trond. On distingue une annotation au crayon : c'est l'adresse militaire d'edmond : «Edmond Clerbois,soldat au bataillon d'administration, colonne d'ambulance de la division de cavalerie.» Nous de 17 11