la Belgique apicole 75 e année numéro 2 Mars - Avril 2011 la revue qui vous informe sur le monde merveilleux des abeilles AU SOMMAIRE

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1 EDITEUR RESPONSABLE : J. L. STREBELLE BIMESTRIEL DE L UNION DES FÉDÉRATIONS D APICULTURE DE WALLONIE ET BRUXELLES ASBL PARAÎT EN JANVIER, MARS, MAI, JUILLET, SEPTEMBRE ET NOVEMBRE la Belgique apicole 75 e année numéro 2 Mars - Avril 2011 AU SOMMAIRE 75 La visite de printemps L élevage facile de reines Le conservatoire de l abeille noire Des cages venues de l est Votre actualité apicole... la revue qui vous informe sur le monde merveilleux des abeilles

2 Débutons ensemble La visite de printemps Après ce long hiver plutôt froid, nous sommes tous inquiets de l état dans lequel nous allons retrouver nos colonies... Le moment est bientôt venu de procéder à la première visite de printemps! Une statistique macabre circule entre nous : nous «avons droit à 10 % de pertes»... Mais si 10 % de 30 ruches cela n en fait que 3 de perdues, quid quand nous n avons que 3 ruches? Nous pouvons avoir tout perdu, ou n en avoir perdu qu une... et dans tous les cas les statistiques auront tort! Allons, il est temps d en avoir le coeur net! Depuis février nous avons pu déjà nous faire une idée de l état général de notre cheptel. En effet, dès que la météo l a permis, des allées et venues ont pu être observées au trou de vol, des rentrées de pollen (noisetier, crocus, perce-neige) ont pu être observées, signe de la reprise de l élevage de couvain et donc de la ponte d une reine bien présente. Le côté de la ruche où rentrent les pelotes nous indique approximativement la position du couvain dans la ruche. En outre, si nous avons nourri «spéculativement» comme recommandé dans la BA de janvier (et par tous les manuels d apiculture), nous avons sans doute pu constater et mesurer le rythme de Il est temps d en avoir le coeur net! la prise du pain de candi (amélioré ou non). Si nos ruches disposent d un «tiroir à déchets» (lange), son examen nous en apprendra beaucoup aussi sur la vie de la colonie : écailles de cire, pollen, opercule et donc position du couvain... Ces signes à eux seuls sont rassurants et très instructifs pour l apiculteur : ils témoignent de la bonne santé et du dynamisme de la colonie. A l inverse, une ruche qui ne vole pas, ne rentre pas de pollen, ne prend pas son nourrissement est peut-être déjà morte ou en passe de l être... Cette minutieuse observation préalable va vous faire gagner du temps pour la visite de printemps. En effet, vous privilégierez la visite des ruches qui vous inquiètent... Vous choisirez une belle journée sans vent, dont la température sera supérieure à 14. Mais que cherchons nous? Essentiellement, la présence de couvain. Nous commencerons donc la visite par la rive la plus proche de la position supposée du couvain. Profitons-en pour nous assurer de la présence ou non de provisions et pour écarter en vue de leur réforme les cadres vides les plus dégradés (noirs, lourds, moisis...). (Dès le 15 mars, nous pourrons les ôter et les remplacer par des cadres neufs à bâtir). 2 mars - avril 2011

3 Une fois le couvain repéré, nous pouvons en rester là et refermer la ruche au plus vite : inutile de la refroidir inutilement. Il est très probable qu il soit encore nécessaire de nourrir vos ruches : tout dépend de l environnement mellifère et de la météo de mars et d avril. Une ruche meurt de faim en quelques jours. On s en rend compte toujours trop tard. Alors n hésitez pas si vous avez un doute à soutenir la ponte de votre reine et le ravitaillement de la nursery en lui donnant un petit viatique de plus! Personnellement, je donne le nourrissement en 3 phases : Etrennes (500 gr), Saint Valentin (1 kg) et courant mars (selon mes calculs et les besoins révélés par la visite). Que faire d une colonie où nous n aurons pas trouvé de couvain? Malheureusement pas grand chose... A tous les coups la reine est en cause! Elle est plus que probablement morte ou c est tout comme! La ruche est en état de mort clinique. Si vous disposez de ruchettes hivernées avec une reine en ponte, vous pourrez tenter la réunion (mais c est un autre chapitre). Il est aussi trop tôt dans la saison pour penser à un secouage de tout ce petit monde orphelin à bonne distance du rucher... Donc : à passer par pertes et profits... Enfin, fin mars ; il sera temps de préparer vos hausses dans lesquelles vous aurez placé 30% de cadres «neufs» avec cire gaufrées. Mais où les placer? Voici ce que je fais : j insère les cadres neufs en place numéro 3, 7 et 8. De cette façon, les places 4, 5 et 6 sont occupées par des cadres bâtis et prêts à recevoir une miellée immédiate. Michel Deleuze et Benoit Urbain RE des Collines mars - avril

4 Piqué pour vous sur le net Macro Proposé par E. Vandeghinste, un très intéressant lien vers un cadre de couvain passé à la loupe. Bien lire le commentaire aussi... : Etablissements Arsène DASTROY-VANHORENBEECK (fondés en 1888) Rue Zénobe Gramme, ARLON tél. 063/ ccp Manufacture de cire gaufrée, refonte des déchets de cire et de vieux rayons Toutes les spécialités d articles apicoles : ruches, cadres, extracteurs, maturateurs, enfumoirs, voiles, gants, bocaux, etc... 4 mars - avril 2011

5 Titre bidon Le dossier technique Elever facilement des reines Avec un peu d organisation, de réflexion et un petit matériel pas cher, il est possible d élever ses propres reines et les introduire, sans difficulté, dans les ruches de production. Voici une méthode d élevage simple, à la portée de tout apiculteur. Le matériel spécifique nécessaire. 1. Quelques ruchettes de fécondation du type Mini Plus»». La ruchette «Mini Plus», en polystyrène haute densité, utilise des demi-cadres (cadrons) de hausse Dadant à assemblage. On peut, en effet, assembler ces cadrons deux par deux pour former un cadre de la dimension d un cadre de hausse Dadant. Chaque ruchette contient 6 cadrons, donc la valeur de 3 cadres de hausse Dadant. Il est conseillé de s équiper de cadrons en bois à l exclusion des cadrons en plastique beaucoup moins faciles à entretenir. Le nombre de ruchettes nécessaires dépendra du nombre de reines à élever. Considérant que, dans un élevage de reines il y a toujours un pourcentage d échecs, il faut toujours élever un nombre de reines supérieur au nombre de reines dont on aura besoin. Si, par exemple, on a besoin de 5 reines, on en élèvera 8 (soit environ le nombre de reines multiplié par 1,5). Le nombre de cadrons sera un peu supérieur au nombre nécessaire pour le nombre de ruchettes utilisées. Il est utile de disposer de quelques cadrons de réserve dont nous verrons l usage plus loin. Remarque : Il est possible d utiliser des ruchettes ou des ruches partitionnées en vue de la fécondation des jeunes reines, mais le nombre d abeilles et de couvain nécessaire sera nettement plus important et plus difficile à gérer lors de l introduction des jeunes reines en ruches. Le nombre de ruchettes nécessaires dépendra du nombre de reines à élever. 2. Des cagettes de naissance des reines (souvent appelées «bigoudis») et son accessoire pouvant recevoir une cellule royale naturelle. Leur nombre sera égal au nombre de reines à élever. mars - avril

6 3. Une pince Titre de bidon capture des reines. La capture d une reine à la main, sur un cadre, n est pas facile lorsqu on manque d habitude. De plus, les risques de perdre, voire de blesser, la reine sont bien plus importants. 4. Des cagettes d introduction des reines. Le modèle Iltis est à conseiller. Les préparatifs. Bien que ce ne soit pas un impératif, il est conseillé de peindre les Mini Plus»» avant leur emploi. C est une bonne protection et les ruchettes restent plus propres. Peu importe la teinte utilisée. Contrairement à ce que l on pense, les abeilles ne reconnaissent pas la couleur de leur ruche. Elles s orientent sur l emplacement de l entrée et ne sont nullement perturbées lorsque la couleur de la ruche change. Le fil des cadrons sera placé dans le sens vertical, la cire gaufrée étant beaucoup mieux soutenue que lorsque le fil est placé horizontalement. Il n est pas indiqué de mettre la cire gaufrée longtemps à l avance. Elle perd de ses qualités et est moins bien acceptée par les abeilles. Lorsque les ruchettes seront peuplées, il Le «bigoudi» faudra les placer à distance des ruches de production (quelques mètres suffisent, en évitant qu elles soient dans la ligne de vol des abeilles des ruches de production). Au retour de leur vol de fécondation, les reines retrouvent plus facilement leur ruchettes. Elles devront être à 40 à 60 cm du sol, orientées de préférence au sud ou au sud-est. Cette orientation n est cependant pas une obligation, les abeilles s accommodent de toutes les orientations, mais il est bon de protéger l entrée de la ruchette des vents dominants et des pluies. Elles seront distantes l une de l autre d environ 50 cm. Lorsque c est possible, il est avantageux de les disperser et de varier légèrement leur orientation. Les préalables à l élevage. Au printemps, lorsque la température le permet, on mettra une hausse sur les colonies les plus fortes, sans grille entre le corps et la hausse. Dans cette hausse juste au-dessus du couvain, on placera trois ou quatre séries de cadrons flanquées de part et d autre de cadres de hausse normaux. Si, dans le corps de ruche, le couvain est surmonté d une bande de nourriture, il faut la désoperculer. Les abeilles déplaceront la nourriture (ou la consommeront), la reine y pondra avant de 6 mars - avril

7 passer sur les cadres de la hausse pour y continuer sa ponte. Remarque : pour forcer la reine à monter dans la hausse, il est important que la place disponible dans le corps soit réduite. En resserrant la place dans le corps par l utilisation de partitions, on favorise l extension du couvain aux cadres de hausse. Il faudra surveiller l utilisation des cadrons par les abeilles. Il est en effet très utile d avoir des cadrons contenant de la nourriture et principalement du pollen. Dans certaines hausses, on placera donc quelques cadrons sur grille à reine pour y récolter du nectar et du pollen. Début de l élevage. 1. Recours à un élevage naturel. Si une souche intéressante à multiplier entre en fièvre d essaimage, on peut s organiser pour utiliser les cellules royales qu elle va élever. Il faut remarquer que les risques de multiplier des souches essaimeuses sont importants. Par contre, ces reines sont élevées à partir d un œuf et sont souvent plus vigoureuses que les reines élevées au départ d une larve de trois jours (cas des reines de sauveté). Dès que ces cellules royales sont operculées, on place des cadrons de couvain sous grille. Il suffit pour cela de mettre une grille entre le corps de ruche et la hausse. Attention! La reine doit être dans le corps. Le nombre de cadrons à isoler doit être égal à quatre fois le nombre de reines en élevage. La veille de l éclosion des cellules royales, on peuple les «Mini Plus» avec deux cadrons de nourriture et trois cadrons de Cellules royales en formation ci-dessus et operculées ci-dessous mars - avril

8 couvain. On y ajoute quelques abeilles (valeur d un cadron bien couvert) provenant d un cadre de couvain ouvert pris dans le corps. Attention de ne pas prendre la reine. Ces abeilles ajoutées sont, pour la plus part d entre elles, des jeunes abeilles d intérieur n ayant jamais volé. Elles remplaceront les butineuses se trouvant sur les cadrons et qui retourneront à leur ruche. On découpe les cellules royales et on les place, au milieu du couvain dans un bigoudi. Il est prudent de vérifier s il n y a pas de cellules royales sur les cadrons. Dans ce cas on les détruit. A la naissance de la reine, celle-ci sera nourrie par les abeilles à travers les mailles du bigoudi. Il est cependant utile de mettre un tout petit peu de miel ou de candi dans les logettes de la fermeture inférieure du bigoudi. La reine doit rester le moins de temps possible dans le bigoudi. Dès sa naissance, la reine peut être emportée avec son bigoudi dans une pièce fermée où elle sera marquée. On la remettra dans son nucléi au moyen de la cagette d introduction dont l entrée sera obstruée par un bouchon de candi. Il n y a guère de soucis à se faire, cette opération réussit à quasi 100%. On peut introduire la cellule royale sans le bigoudi, mais alors il est conseillé de la placer dans un «protège cellule» afin d éviter que les abeilles ne la détruisent. Dans ce cas, la reine naît directement dans le nucléi et est acceptée immédiatement par les abeilles, mais elle n est pas marquée. Ce qui est un inconvénient majeur. Il va falloir la retrouver, la capturer avec la pince à reine et la marquer. L usage du bigoudi simplifie le travail, mais il faut savoir à quel moment aura lieu la naissance et il faut être disponible pour les opérations de marquage et de libération de la reine. Pour qui ne dispose pas du temps nécessaire au bon moment, l usage du «protège cellule» ne permet de marquer la reine qu après sa fécondation. Cellule royale operculée Remarquons que, dans ce cas, on n est jamais certain que cette reine est bien la reine de l élevage. L élevage provoqué L élevage naturel comme décrit cidessus présente un certain nombre d inconvénients : On ne peut choisir ni la colonie qui donnera les cellules royales, ni le moment où commencera l élevage, ni le nombre de cellules royales élevées. Il arrive souvent que l on ne connaisse pas l âge des larves (qui sont généralement d un âge différent). On ne sait donc pas à quel moment ces reines vont naître et à quel moment il faudra préparer les nucléis de fécondation. La méthode suivante résout ces problèmes. Il faut cependant la suivre avec rigueur. La fantaisie n est pas de mise dans le domaine de l élevage des reines. L élevage royal ne pourra démarrer que 8 mars - avril 2011

9 lorsqu il y aura un nombre important de mâles naissant dans les colonies du rucher. # Au moment choisi pour débuter un élevage royal, on place 2 ou 4 cadrons assemblés dans le couvain de la colonie choisie pour donner des larves royales. Le mieux est d utiliser des cadrons avec cire gaufrée. # Les abeilles bâtissent rapidement ces cadrons et la reine y pond. Trois jours après, on vérifie la présence d œufs dans les cellules des cadrons. Dès que l on trouve des œufs, on vérifie, chaque jour, la naissance des larves. # Le jour de la naissance des premières larves, former un starter. Le starter Lorsqu on veut provoquer un élevage royal, on doit utiliser un starter. C est un groupe d abeilles orphelin chargé de prendre des larves en élevage royal. Pour former un starter ouvert : (voir schéma page suivante) * 6 à 7 jours avant le début de l élevage, isoler la reine du reste de la colonie par des grilles à reine. L entrée de la ruche doit se faire par le compartiment de la reine. * au moment d introduire le cadre d élevage, remplacer les grilles par des panneaux pleins. Il doit y avoir une entrée côté reine et une autre côté élevage. * le lendemain, l élevage est mis sous grille. Le cadre d élevage doit être entouré de deux cadres de jeune couvain afin d attirer les nourrices. Un cadre de nourriture sépare le couvain de la reine du compartiment d élevage. L entrée se fait par le compartiment d élevage. L usage d une grille verticale et d une grille La fantaisie n est pas de mise dans le domaine de l élevage des reines. horizontale convient bien aux ruches à cadres haut (Dadant, Voirnot). L usage de la grille horizontale est plus indiqué pour les ruches à cadres bas (W.B.C., Langstroth ou hausse Dadant ou Voirnot) Pour former un starter fermé : * Prendre une ruchette (une Mini Plus convient bien) avec un fond bien aéré (grillagé, par exemple), fermer l entrée. * Introduire un cadre contenant de l eau (utiliser un arrosoir muni de sa pomme, pour mettre de l eau dans les cellules d un cadre vide). * Introduire un cadre de nourriture ouverte et un cadre contenant du pollen, * Mettre momentanément un cadre de couvain ouvert. * Brosser, dans la ruchette, les abeilles de trois ou quatre cadres de couvain ouvert (ces cadres peuvent provenir de ruches différentes). Attention de ne pas prendre une reine, * Après chaque brossage, pulvériser UN PEU d eau sur les abeilles. * Enlever le cadre de couvain, le brosser et introduire les cadrons assemblés portant les larves d un jour. * Fermer la ruchette et la mettre dans un endroit sombre et frais jusqu au lendemain. Attention à l aération. * Très rapidement, les abeilles vont prendre un certain nombre de larves en élevage royal. Il y a cependant deux problèmes. Les abeilles élèveront le nombre de larves qu elles voudront bien élever. Les cellules royales ne seront pas nécessairement mises à l endroit qui convient à leur découpe. En effet, ces cellules peuvent être côte à côte et soudées ensemble, elles peuvent être mars - avril

10 accolées à l une des lattes du cadre, elles peuvent être à l endroit ou passe un fil de cadre. Pour les éviter: Au moyen d un bâtonnet (diamètre d un crayon), on ouvre un certain nombre de cellules contenant une larve. Le nombre de cellules choisies sera nettement supérieur au nombre de reines souhaité. On enlève les larves entourant et les larves se trouvant derrière les cellules ainsi traitées. L emplacement des cellules sera choisi de manière à ne pas avoir de problèmes de découpe. La ruche éleveuse. Le starter n est pas une colonie suffisamment forte pour conduire correctement un élevage de reines. On obtiendrait de petites cellules royales et, par conséquent, de petites reines. L élevage 10 mars - avril

11 doit se faire en ruche très populeuse et possédant une reine. Cette ruche (ou ces ruches) ne doit pas être une ruche spéciale. Toute ruche forte et dynamique convient. Élevage en ruche à cadres bas. L élevage se fera dans une ruchette placée sur la hausse à miel. La ruchette contiendra les larves royales entourées de deux cadres de couvain ouvert et de deux cadres de nourriture et de pollen. La hausse à miel servira à écarter l élevage du nid à couvain de la reine. Les cadres de couvain peuvent provenir d une autre ruche. Ils doivent être introduits dans la ruchette en même temps que les larves. Ce serait courir à l échec de les y introduire à l avance. Élevage en ruche à cadres hauts. On peut utiliser la même technique que pour l élevage en ruche à cadres bas, mais la grande dimension des cadres rend l opération plus difficile. 1. L élevage en hausse résout ce problème en utilisant des cadres de hausse. Il faudra cependant, suffisamment de temps avant l élevage, mars - avril

12 introduire des cadres de hausse dans le nid à couvain afin d avoir du couvain ouvert à mettre dans la ruchette (ou dans la hausse) d élevage. 2. L élevage dans le corps est aussi une possibilité. Dans ce cas une grille à reine verticale sépare le nid à couvain contenant l élevage du nid à couvain contenant la reine. Bien écarter l élevage royal de la grille en interposant du couvain. Découpe des cellules royales et pose des cagettes de protection. Avec le starter fermé. * On découvre une forte colonie dont la hausse doit être séparée du corps par une grille à reine. * Le starter, sans son fond, est placé sur la hausse. * Les cadrons d élevage sont entourés de cadres (ou cadrons) de couvain ouvert. * La ruche et le starter sont refermés. Avec le starter ouvert proposé ci-dessus. C est une seule colonie qui est, en premier lieu le starter, puis devient l éleveuse. Dès que les cellules royales sont operculées, il est nécessaire de les protéger. Il se peut en effet qu une reine, élevée sur le couvain à partir d une larve plus vieille que les larves de notre élevage, naisse avant nos reines. Si nos cellules royales sont accessibles, les reines seront tuées. La découpe des cellules royales et la pose des cagettes de protection sur les cellules royales doit se faire le lendemain de l operculation ou la veille de la naissance. Entre ces deux dates, les larves sont très fragiles et le moindre choc pourrait les détruire. C est une période où il ne faut pas toucher au cadre d élevage sans d infinies précautions Enfin les reines naissent dans ces cagettes d où elles seront retirées pour être introduites dans les nucléis de fécondation. Le jour même de leur naissance, les jeunes reines devront être introduites dans des nucléis de fécondation. Retenons que l éleveur devra disposer d autant de nucléis qu il aura de reines naissantes et que cellesci ne peuvent attendre dans les ruches d élevage, sans risques. En cas de besoin, on peut toujours renforcer une colonie éleveuse en lui apportant des abeilles d intérieur Remarque : En cas de besoin, on peut toujours renforcer une colonie éleveuse en lui apportant des abeilles d intérieur par brossage d un cadre de couvain ouvert ou en introduisant du couvain provenant d une autre ruche. Les deux méthodes d élevage, décrites cidessus, présentent un défaut : il n est pas possible de décider du nombre de larves qui seront prises en élevage royal. Si ce nombre est insuffisant, il faudra faire un deuxième élevage. De plus, il ne faut pas oublier qu à chaque stade de l élevage, il y aura des pertes de larves, de cellules royales, de reines. Il faut toujours débuter un élevage royal avec nettement plus de larves prises en élevage que le nombre de reines nécessaires. P. Polus 12 mars - avril 2011

13 Zoom sur... La conservation de l abeille noire à Chimay La conservation des races (de toutes les races) est indispensable en tant que réservoir génétique pouvant servir de base de travail pour l amélioration et la sauvegarde de l abeille de demain. Cette base de travail doit être la plus large possible pour offrir un maximum de chances de succès. L abeille Buckfast en est un exemple : son existence est intimement liée à l utilisation rationnelle de la biodiversité de l abeille par le frère Adam! Mais la biodiversité chez l abeille, c est aussi une mine inépuisable de caractéristiques encore inexploitées et souvent inconnues. C est ainsi que de nombreux chercheurs explorent actuellement la biodiversité de l abeille dans le cadre de la lutte contre les maladies en recherchant des gènes de résistance ou en sélectionnant l instinct de nettoyage. Deux concepts primordiaux sont à prendre en considération pour bien comprendre l importance de la conservation des patrimoines génétiques existants. Le premier, c est qu on ne crée pas de nouveaux caractères génétiques mais qu on est simplement réduit à exploiter les gènes qui existent déjà dans la nature. Le deuxième, c est que l inventaire des caractéristiques intéressantes de chaque race n est pas réalisable «a priori». C est ainsi, qu avant l apparition de la varroase, personne ne recherchait des mécanismes de résistance de l abeille face à cet acarien. La conservation de la biodiversité apparaît bien comme une assurance pour l avenir. On ne sait pas aujourd hui ce dont on aura besoin demain. Le principe de précaution impose donc de conserver un maximum de ce qui est encore disponible. Dans ce contexte, il va de soi que des mesures de conservation des différentes races d abeille (et donc l abeille noire) doivent impérativement être prises. Il n existe, chez nous, aucune infrastructure officielle chargée de la conservation des races d abeilles. Aussi, ce sont quelques apiculteurs qui, sous l impulsion d Hubert Guerriat, la prirent courageusement en main. mars - avril

14 C est ainsi que naissait, en 1993, un groupe d apiculteurs, le groupe Mellifica qui deviendra l ASBL Mellifica en 2004, engagés dans la conservation de l abeille noire dans la région de Chimay. En Belgique, l abeille noire est l abeille indigène, celle qui vit depuis toujours chez nous et qui fait partie de notre patrimoine naturel. Mais l importation d abeilles de races différentes a entraîné, petit à petit, l apparition d abeilles croisées qui ont remplacé l abeille indigène. Toutefois, certaines régions ont été relativement préservées de ces croisements et le cheptel apicole y a été moins dégradé. C est le cas de la botte du Hainaut ; comme cela a été démontré par les études menées en 1998 par Garnery, généticien des populations au CNRS (Gif-sur-Yvette, France). Les analyses que Garnery a réalisées sur l ADN mitochondrial (qui donne des informations sur la lignée maternelle) d abeilles de cette région ont montré un taux d introgression (taux de pénétration des races «non noires») qui s élevait à environ 14 %. Ces résultats ont donné une base très solide au travail d étude, de promotion et de conservation de l abeille noire qui avait débuté dans la région de Chimay quelques années plus tôt. Sur le terrain, la conservation d une race d abeille est très complexe et nécessite de travailler dans plusieurs directions simultanément. > La formation est un formidable outil de sensibilisation ; elle permet de mener un travail de fond sur le long terme. Depuis 1983, un rucher-école fonctionne à Chimay et les cours qu Hubert Guerriat y dispense sont évidemment orientés vers la conservation de l abeille noire. Durant sa formation, chaque étudiant reçoit une colonie d abeilles noires ; il bénéficie ensuite d un suivi, avec notamment la fourniture gratuite de cellules royales pour garder un cheptel de qualité. Depuis plus de 25 ans, les apiculteurs formés à Chimay sont donc sensibilisés à la problématique de la conservation de l abeille noire et une partie non négligeable des apiculteurs de la région sont des anciens étudiants de l école d apiculture. > L association a obtenu un statut de protection sur la commune de Chimay où seule l utilisation de l abeille noire y est autorisée. Cette zone protégée de 200 km 2 a été instaurée en collaboration avec tous les apiculteurs qui y sont présents et bien entendu avec le pouvoir communal qui a voté un arrêté de protection. > Les apiculteurs de la région de Chimay ont reçu des cellules royales d abeille noire pour remérer leurs colonies et en reçoivent encore régulièrement pour garder un cheptel de qualité. Ces apiculteurs savent, en outre, qu ils peuvent compter sur l association Mellifica pour changer une reine (qui serait, par exemple, trop agressive) ; il s agit d éviter que l insatisfaction éventuelle liée à l abeille noire entraîne certains apiculteurs à migrer vers une autre race. > La mise en œuvre d une station de fécondation au sein de la zone protégée de Chimay permet aux apiculteurs «extérieurs» de mener un élevage en race pure. Cette station n est pas isolée (comme une île) et ne permet pas un contrôle total des mâles présents mais l association Mellifica a développé un réseau de ruchers périphériques qui contiennent des cadres à mâles et produisent beaucoup de mâles. Cette saturation de la station en mâles 14 mars - avril 2011

15 d abeille noire augmente la probabilité qu une reine de la station s accouple avec un de ces mâles. > L abeille noire est diffusée le plus largement possible auprès des apiculteurs wallons et du Nord de la France. Mais situation paradoxale, alors que l abeille noire connaît un regain d intérêt et que de nombreuses demandes de colonies lui parviennent, l élevage réalisé par l association Mellifica ne permet pas de fournir toutes les reines et les colonies dont les apiculteurs ont besoin. > Un programme de sélection est organisé pour rendre l abeille noire plus conforme aux attentes des apiculteurs d aujourd hui, puisque pour conserver l abeille noire, il faut que des apiculteurs l utilisent. Le programme de sélection mis en place à Chimay vise à développer des lignées d abeille noire ayant notamment une meilleure tenue sur cadres et un instinct de nettoyage important. > L information des apiculteurs sur le bien-fondé de l action menée constitue un axe important. Le site internet « est, à la fois, une vitrine permanente de toute l action de conservation de l abeille noire menée à Chimay et, à la fois, un outil de gestion (réservation de reines, planning de fréquentation de la station de fécondation de Virelles, inscription aux cours du rucher-école...) de l association. La revue «Mellifica» est le bulletin de liaison de l association et publie des articles traitant essentiellement de l abeille noire. Chaque année, une journée Portes Ouvertes* est organisée à la station de fécondation de Virelles pour répondre aux questions des apiculteurs intéressés par l élevage de l abeille noire. En guise de conclusion, je ne peux que tirer un grand coup de chapeau à tout ce travail bénévole mené contre «vents et marées» et je vous invite à aller leur rendre visite, la saison prochaine, à Virelles. Informations compilées par Jean-Luc Strebelle * Cette année, la journée «Portes ouvertes» de la station de fécondation se déroulera le dimanche 19 juin. Pour entrer gratuitement sur le site, une invitation est nécessaire et peut être téléchargée sur quelques jours auparavant. mars - avril

16 Zoom sur la dernière demeure de Johann DZIERZON ( ) à Kluczbork (Silésie, PL) D emblée, le visiteur est captivé par le bruissement et le va-et-vient des abeilles qui butinent la vigne vierge, un paradis pour elles, en cette fin de saison. L intérieur accueille, sur deux étages, des expositions qui racontent l histoire de l apiculture dès le 1er siècle avant J.-C. : des collections impressionnantes d enfumoirs, de matériel d extraction, de couteaux à désoperculer, de trappes à bourdons, de grilles à reine, de cages d introduction, nourrisseurs, presses, picoteuses, gaufriers, attrape-essaim... mis en valeur dans des vitrines ornées de peintures, photos en noir et blanc et fresques diverses. Les ruches anciennes de tous les genres imaginables (en paille, en osier, en tronc d arbres, coffres...) s éparpillent tant dans la maison que dans le jardin à l arrière et dans l allée de l entrée. L une d elles abrite encore des abeilles. Chaque année, le musée accueille un concours de ruches troncs d arbres sculptées, véritables œuvres d art : Saints divers, ours, personnages folkloriques, moines, guerriers...un régal pour les apiculteurs dans ce havre de paix! Le rez-de-chaussée accueille de nombreuses lectures apicoles, une librairie théologique, des photographies, des manuscrits et diverses médailles obtenues par Dzierzon, considéré comme le père de l apiculture moderne. Rappelons que ce prêtre, fils d agriculteurs, mit en évidence, dès 1835, le phénomène de la PARTHOGENESE et inventa, entre autres, la ruche avec lattes porte-rayon. Muzeum im.jana Dzierzona Ul.Zamkowa, Kluczbork (ouvert du mardi au vendredi de 10 h à 15 h 30 ; dimanche de 10 h à 13 h 30) A. et J. Vermeylen-Beulens 16 mars - avril 2011