NM: Cette gamme ne présente-t-elle pas des doublons avec celle de Candriam?

Transcription

1 Naïm Abou-Jaoudé, directeur général de Candriam et président de New York Life Investment Management International - FR - "Nous allons lancer une plate-forme luxembourgeoise de distribution des boutiques américaines de NYLIM" Laurence Marchal 28/09/2015 Dix-huit mois après son rachat par New York Life Invesmtent Management, Candriam a publié une collecte et des actifs sous gestion record. Un succès qui n est pas étranger à la nomination toute récente de Naïm Abou-Jaoudé à la présidence de NYLIM International... Dans un entretien à Newsmanagers, ce dernier explique les ambitions de Candriam, dont il reste directeur général, mais aussi celles de sa nouvelle maison. Newsmanagers : Vous venez d'être nommé président de New York Life Investment Management International (NYLIM International), la branche internationale de New York Life Investment Management (NYLIM), responsable du développement des activités de NYLIM en dehors des Etats-Unis. Quelle est aujourd'hui la part de l'international de NYLIM? Naïm Abou-Jaoudé : Aujourd'hui, New York Life Investment Management (NYLIM) gère globalement 530 milliards de dollars dont, 200 milliards de dollars correspondent à du «general account». Les 330 milliards de dollars qui restent représentent les encours des neuf boutiques détenues par le groupe et dont Candriam Investors Group fait partie. Sur ces neuf boutiques, deux sont basées hors des Etats-Unis : il s'agit de Candriam Investors Group, qui affiche un encours de 100 milliards de dollars, et d'ausbil, une société australienne affichant un encours de 7 milliards de dollars. Au total, sur les 330 milliards de dollars, 110 milliards, soit un tiers, sont gérés en dehors des Etats-Unis. L'objectif est de porter cette part à 50 % des actifs.

2 NM : Comment parvenir à ces 50 %? N. A.-J.: Nous allons développer et créer des synergies entre les boutiques en dehors des Etats-Unis, avec en ligne de mire l'europe, l'asie et l'amérique latine. En Europe, nous allons lancer prochainement une plate-forme luxembourgeoise de distribution des boutiques américaines de NYLIM pour le retail sur le Vieux Continent. Deux premiers produits seront lancés : un fonds high yield et un fonds actions américaines. La plate-forme, dont le nom sera dévoilé ultérieurement, sera enrichie d'un ou deux produits par an. NM: Cette gamme ne présente-t-elle pas des doublons avec celle de Candriam? N. A.-J. : Non, bien au contraire, nos produits sont très complémentaires. NYLIM est présent sur les actions américaines, le haut rendement américain, le private equity, le real estate, le crédit US, les infrastructures : autant de savoir-faire qui complètent les expertises de Candriam. NM: Revenons à votre développement... Vous avez évoqué l'asie et l'amérique latine... N. A.-J. : Ce sont deux zones où nous souhaitons en effet croître. En Asie-Pacifique, où nous avons déjà une présence en Australie avec Ausbil et en Corée grâce à un partenariat avec Samsung, nous regardons avec attention le Japon et la Chine. En Amérique latine, nous prévoyons de vendre des produits Candriam au Chili, Pérou et en Colombie, pays dans lesquels nous avons noué un partenariat de distribution-tiers. NM: Dans le cadre de votre développement international, seriez-vous intéressés par des acquisitions? N. A.-J. : Aujourd'hui, notre croissance organique se passe bien et cela nous conforte pour aller plus loin. Nous avons la possibilité de faire de la croissance externe soit par le biais d'une acquisition ou de la création d'une joint-venture. Cela fait partie du mandat qui a été confié à Candriam lors de son acquisition par NYLIM. Dans le cadre de mes nouvelles responsabilités, nous regarderons attentivement l'asie en plus de l'europe. L'objectif est soit de compléter une gamme de produits dont nous ne disposons pas encore (comme de l'immobilier européen par exemple) et d'y associer notre force de distribution ou alors d'acquérir des capacités de distribution sur un marché sur lequel nous ne sommes pas suffisamment présents. Dans ce cas, nous offrirons notre gestion. Concernant les sociétés de gestion, nous nous intéressons à de petites sociétés avec une vision commune quant à nos valeurs, gérant un encours d'une dizaine de milliards de dollars et qui viendraient étoffer le réseau des multi-boutiques de NYLIM. Il faut toutefois garder à l'esprit que l'asset management est un «people business»... Lors d'une acquisition, il est nécessaire qu'il y ait des affinités culturelles. C'est d'ailleurs ce qui a fait le succès de l'acquisition de Candriam par New York Life. Au moment de cette acquisition, nous avions également souligné les complémentarités entre les deux structures, le partage d'une même vision de long terme. Et nous avons conservé notre autonomie. Cela a été apprécié par les clients, nous avons augmenté encore en crédibilité et en capital confiance, et

3 cela s'est traduit par une croissance record. Un rôle plus important m'attend dans mes nouvelles responsabilités de président de NYLIM International, ce qui permettra un développement à l'international à l'instar de la croissance chez Candriam. NM: Concernant vos résultats du premier semestre 2015, vous annoncez des actifs sous gestion et une collecte nette record, vous permettant d'être à fin juin en avance sur les objectifs stratégiques. Quels sont ces objectifs? N. A.-J. : Nous avions prévu une collecte nette annuelle était de 4 milliards d'euros lorsque Candriam a été acquis par NYLIM. En 2014, nous avons enregistré des souscriptions nettes de 7 milliards d'euros, dépassant donc cet objectif. Et cette année, à fin juin, nous en sommes déjà à 8 milliards d'euros de collecte... et les chiffres pour juillet et août sont très encourageants!! L'effet marché négatif a été compensé par une forte collecte nette. Aujourd'hui, nos encours sont à 90,7 milliards d'euros, alors qu'ils étaient de 66,5 milliards d'euros lors de l'acquisition. NM: La collecte a-t-elle été rémunératrice? N. A.-J. : Oui, nous avons enregistré une collecte sur des activités bien margées. Ainsi, 4 milliards d'euros sont allés vers des produits d'allocation d'actifs gérés en multi-gestion et 1 milliard sur des fonds thématiques (dont 600 millions sur les actions). Enfin, 3 milliards se sont dirigés vers de la gestion taux spécialisée (émergents, haut rendement...). Dans ce contexte, le coefficient d'exploitation de Candriam s'est nettement amélioré par rapport au niveau de l'acquisition, et ce en dépit d'investissements correspondant à 10 % des coûts ces 18 derniers mois. NM: Quelle est la part de l'allocation d'actifs dans vos encours? N. A.-J. : Elle est de 40 %. Nous venons d'ailleurs de lancer deux fonds multi-assets. Ces deux stratégies, Multi-Asset Income' et Multi-Asset Income & Growth', ont pour objectif de générer un rendement cible. NM: Et de l'investissement socialement responsable? N. A.-J. : L'ISR représente 20 % de nos encours. Nous disposons d'une riche équipe d'analystes dédiés. Nous sommes très optimistes car nous pensons que la prise de conscience de l'importance des enjeux du développement durable va croissant. L'ISR quitte son statut de niche et devient mainstream. Aujourd'hui, en France et en Europe, le marché est dominé par les institutionnels mais nous constatons une croissance sur le segment des particuliers. L'ISR, selon nous, va se développer sur le marché de la distribution de fonds. Nous avons d'ailleurs récemment signé un accord aux Pays-Bas pour nos fonds ISR avec Rabobank. Cette dernière a ajouté deux de nos fonds ISR dans ses portefeuilles modèles. NM: Comment se répartit la clientèle de Candriam?

4 N. A.-J. : Notre clientèle est à 55 % institutionnelle, le reste étant de la distribution. Cette répartition est stable depuis l'acquisition de Candriam. NM: Dans vos résultats, vous indiquez que Candriam a pu se développer aux Etats-Unis grâce à son actionnaire. Pouvez-vous nous détailler cela? D'autres projets sont-ils prévus pour ce marché? N. A.-J. : En effet, les synergies Europe/Etats-Unis ne sont pas à sens unique. Candriam s'est ainsi vu confier deux mandats de gestion par la plate-forme de distribution auprès des investisseurs privés de NYLIM aux Etats-Unis, Mainstay, pour un montant total de 280 millions d'euros. Les stratégies concernées couvrent les actions émergentes et la performance absolue. Ces développements vont se poursuivre. En effet, nous allons distribuer d'autres produits aux Etats-Unis via la plate-forme Mainstay, qui gère quelque 90 milliards de dollars. Par ailleurs, nous allons ouvrir début 2016 un bureau Candriam à New York afin de vendre nos stratégies aux institutionnels. Cette présence locale nous permettra de disposer d'un support à la vente très dynamique et de proximité. NM: Revenons en Europe, votre marché historique. Dans quels pays êtes-vous présent et comment vous développez vous? N. A.-J. : Aujourd'hui, nos centres de gestion historiques sont la France pour la gestion alternative et la performance absolue, la Belgique pour les actions, les obligations et les mandats et le Luxembourg pour les fonds d'allocation. Nous avons également une présence commerciale en Italie, en Espagne, en Allemagne, en Suisse, aux Pays-Bas et en Angleterre depuis une dizaine d'années. En dehors de nos marchés principaux, les deux pays qui connaissent actuellement un fort succès sont l'italie et l'espagne. La collecte y a dépassé le milliard d'euros cette année. Aujourd'hui, nous souhaiterions, en plus de nos marchés historiques (France et Benelux), nous développer davantage en Allemagne, en Suisse et au Royaume-Uni. Pour cela, nous allons encore renforcer nos moyens. Nous l'avons déjà fait en Allemagne, où nous avons augmenté les effectifs. Nous sommes en train d'étoffer notre équipe en Angleterre dans le domaine du marketing. Nous renforçons également la partie consultants, distribution institutionnelle et third party distribution. NM: Pour finir, comment se porte l'activité de Candriam en France? N. A.-J. : En France, notre activité se porte très bien et de ce fait, nous renforçons nos équipes dans le marketing et la communication, dans la gestion et le commercial. La France est l'un des trois centres de gestion de Candriam. Elle représente 10 milliards d'euros d'encours et rassemble un tiers des effectifs soit 160 personnes en France sur 500, dont une quarantaine de gérants. Il est important pour nous d'être en France, car ce pays offre un vivier de compétences, pour les fonctions allant du front au back office. Nous sommes présents sur les institutionnels et les entreprises d'assurance. Nous avons aussi une présence sur la distribution pour compte de tiers. Nous regardons les CGPI et analyserons ce segment l'an prochain en fonction des résultats des efforts que nous allons entreprendre en Italie. En effet, nous allons démarrer sur les «promotori» dans la Péninsule cette année. En conclusion, nous avons trouvé en NYLIM le partenaire idéal, ce qui explique notre réussite et notre confiance dans notre développement à venir, tant en Europe qu'à

5 l'international.