THEME 2 - L INVENTION DE LA CITOYENNETE DANS LE MONDE ANTIQUE

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1 THEME 2 - L INVENTION DE LA CITOYENNETE DANS LE MONDE ANTIQUE 7 8H Questions obligatoires Mise en oeuvre Citoyenneté et démocratie à Athènes (Ve-IVe siècle av. J-C.) - La participation du citoyen aux institutions et à la vie de la cité : fondement de la démocratie athénienne. - La démocratie vue et discutée par les Athéniens. Connaissances : héliée, Ecclésia, isonomie, Stratège, ostracisme, Agora, archonte, magistrats, Boulé, hoplite, demos, axones, démocratie, cité, tribus, dèmes, atimie, ostracisme, indigence, chorège, triérarque esclaves, métèques, démagogues, misthos, liturgies, oisifs, Les Panathénées, Athéna, peplos, Phidias, Périclès, héros, dieux, mythologie, Propylées, Erechthéion, Parthénon, chorégie, Socrate, Eschyle, Aristophane, Agora, tragédie, comédie Mme Murphy-Chanéac, CS2,T2, Citoyenneté-Athènes, Page 1

2 SEANCE 1 : AU V SIECLE, A ATHENES, QU EST-CE QU UN CITOYEN? I. Un habitant de la polis Athènes est une polis formée : A. D un Espace urbain et espace rural Athènes est une cité (polis), c est-à-dire une communauté constituée d une ville et de son territoire, Etat souverain libre et indépendant avec ses institutions et sa législation Une muraille assure la défense de la ville-centre et se prolonge sur plus de six kilomètres jusqu à son port, le Pirée, centre d activité vital pour l approvisionnement et les exportations d Athènes, riche cité commerçante. L espace rural, avec ses communautés villageoises et des bourgs plus importants, comporte fortins et temples Les cérémonies religieuses, les activités militaires et la vie politique rassemblent ville et campagnes en un espace civique dont les citoyens prennent conscience dès leur plus jeune âge. B. D un Espace civique et espace géographique Au cours du VI siècle av. J.-C.,ouverture de la vie politique pour limiter le poids des grandes familles de l aristocratie terrienne à un plus grand nombre de citoyens. En 594, Solon édicte un nouveau code de lois et accorde la libre participation à l Assemblée (Ecclésia. En 508, Clisthène redécoupe le territoire de la cité, pour limiter l influence régionale des anciens clans familiaux: la population est divisée en dix tribus, désormais à la base de la vie civique. Elles sont artificiellement composées de trois districts qui regroupent chacun un certain nombre de dèmes, bourgs ou villages: un quartier de la ville-centre (Astu), un bourg de la périphérie côtière (Paralie) et un bourg de l intérieur du pays (Mésogée). L absence de distinction entre urbains et ruraux ou entre riches et pauvres au sein de la nouvelle tribu est un pas décisif vers l égalité des droits (isonomie), puis vers la démocratie. Le dème devient un lieu de vie politique, religieuse et culturelle locale dans lequel la citoyenneté se définit et se transmet. Mme Murphy-Chanéac, CS2,T2, Citoyenneté-Athènes, Page 2

3 C. D un Centre religieux et centre politique Athènes a deux centres principaux: L Acropole, une colline escarpée, est le cœur religieux de la cité. Espace sacré, il compte plusieurs sanctuaires dont le Parthénon, temple dédié à Athéna, déesse protectrice de la polis. En contrebas, l Agora, au carrefour des voies principales, possède une triple fonction politique, religieuse et économique. C est le siège des principales institutions de la cité. La plupart des monuments de ces deux centres sont construits ou reconstruits au cours du V siècle cf. Parthénon ( ). Mme Murphy-Chanéac, CS2,T2, Citoyenneté-Athènes, Page 3

4 II. Un homme qui jouit de privilèges et de droits A. Une citoyenneté réservée à un petit nombre Pour être citoyen au V siècle avant J.-C, il faut être : un homme libre, âgé de plus de 18 ans. être né à Athénes : à partir de 451, il faut être de père citoyen et de mère athénienne. Celui qui remplit ces conditions est inscrit sur les registres du dème. Sous l impulsion de Périclès (v ), le régime politique (politeia) d Athènes évolue au cours du V siècle av. J.-C. vers la démocratie. Deux principes le régissent: la souveraineté du peuple et la participation de tous les citoyens. Le premier principe implique que toute décision politique est soumise à l approbation des citoyens, qu il s agisse de la construction d un bâtiment public, de nouer des contacts officiels avec d autres cités ou d une déclaration de guerre. Le second principe permet aux citoyens de participer à la conduite des affaires de la cité. Tout fils de père athénien libre est déclaré citoyen à 18 ans et inscrit sur le registre de son dème: il peut dès lors participer aux affaires de la cité. En 451 pourtant, une loi de Périclès impose que les deux parents soient athéniens et de condition libre; à partir du IV siècle, ils doivent être légitimement mariés. Depuis les réformes de Clisthène en avant J-C., Les citoyens sont inscrits sur les registres du dème, la circonscription territoriale de base. L Attique, territoire de la cité d Athènes, est divisée en une centaine de dèmes. ( chaque citoyen fait suivre son nom de celui de son dème: cf démarque Les dèmes sont regroupés en tribus. Au nombre de dix, chacune se réclame d un héros éponyme. Elle regroupe des habitants de toute l Attique. Cela permet un certain brassage des citoyens B. Un homme qui jouit de nombreux droits Le citoyen bénéficie d importants droits politiques: Il siège librement à l Assemblée; il participe plusieurs fois dans sa vie, après l âge de 30 ans, au Conseil (Boulé) et aux tribunaux (Héliée). Il possède seul le droit de propriété sur le territoire de la cité. Dans le domaine religieux, il peut prendre part aux sacrifices et exercer une prêtrise. Une indemnité (misthos) lui est accordée pour qu il consacre du temps à la vie civique, qu il s agisse de réunions politiques ou de spectacles communautaires. La citoyenneté confère des droits politiques : les citoyens ont le droit de vote et peuvent être élus à des charges publiques. Ils sont protégés par la loi et peuvent porter une affaire en justice. Seuls les citoyens peuvent être propriétaires de la terre et transmettre leur patrimoine. La formation des futurs citoyens et les futurs soldats joue un rôle majeur dans la cité. C. et qui exclue beaucoup d autres : A Femmes et enfants de citoyens La femme athénienne est écartée du débat et des fonctions politiques. Elle est néanmoins associée à la communauté civique grâce à sa participation aux nombreuses fêtes religieuses de la cité (processions, chœurs) et accède librement aux sanctuaires, dont elle peut être prêtresse. Le droit de sacrifier des animaux, acte majeur du culte, reste cependant un privilège Mme Murphy-Chanéac, CS2,T2, Citoyenneté-Athènes, Page 4

5 masculin, même si les femmes bénéficient des distributions de viande. Elles ont cependant un rôle essentiel: ce sont elles qui enfantent les futurs citoyens. Indispensables à la cité, elles ont aussi un rôle religieux. On leur confie notamment le soin de tisser le vêtement sacré (ou peplos) que la cité offre tous les quatre ans à la déesse Athéna dans le cadre de la fête des Panathénées. Exclues de la vie politique, les femmes sont cependant intégrées à la communauté athénienne. Les jeunes filles vivent également entre intégration et exclusion, au contraire des garçons, appelés à devenir citoyens sauf ceux qui sont nés hors mariage ou d une union avec un(e) étranger(e). B Les étrangers résidents Le métèque est un étranger (c est-à-dire un non-athénien) de condition libre, domicilié dans la cité. Ce statut, précisément défini par la loi, est obtenu après un certain temps de résidence et une inscription sur un registre. Le métèque doit avoir un tuteur athénien et payer une taxe spéciale (le metoikon.): il lui est interdit de posséder une propriété sur le territoire de la cité. Il dépend des tribunaux ordinaires, mais selon une procédure particulière et sous le parrainage d un citoyen-tuteur. S il est souvent appelé à défendre la cité, son service s effectue probablement dans des unités séparées. En revanche, il peut participer aux processions des grandes fêtes poliades. Le statut du métèque est donc ambigu: membre de la communauté, soumis aux lois communes, payant des impôts, il subit un certain nombre de discriminations. Mais d éminents services rendus à Athènes peuvent lui valoir la citoyenneté. C Les esclaves Grec ou non, l esclave peut avoir perdu sa liberté à l occasion d une défaite militaire ou à cause d une dette qu il n a pu rembourser. Il est totalement exclu de la communauté civique. Négocié comme une marchandise, il est la propriété d un individu, ou d un groupe, qui a sur lui tous pouvoirs, choisit son travail, peut le louer ou le vendre, et même changer son nom. Seul son maître peut lui rendre sa liberté, décision qui reste exceptionnelle. Les esclaves ont un rôle considérable dans l économie de la cité. Leur nombre est bien supérieur à celui des citoyens, et la prospérité d Athènes dépend beaucoup de leur travail. Les grands propriétaires les utilisent abondamment comme ouvriers agricoles et même intendants. C est la maind œuvre presque exclusive des mines et carrières, travaux pénibles et risqués. Ils sont aussi présents dans l artisanat et le commerce, et même dans le service public. III.Un homme qui doit vivre à la grecque en échange Les obligations, que certains Athéniens considèrent comme des honneurs, sont d ordre financier et militaire. Tout citoyen doit accomplir un service militaire. L équipement nécessaire est à ses frais. La cavalerie et l infanterie lourde (les chevaux et les armes de l hoplite coûtent cher) sont donc réservées aux citoyens aisés. Les plus riches pourvoient aux dépenses d utilité publique, les liturgies: ils équipent des navires de guerre, organisent des repas collectifs, ou des représentations théâtrales, qui mettent en scène les grands thèmes politiques de leur époque. Chaque citoyen peut être appelé à La guerre. Un système de rotation permet de ne pas mobiliser tous tes citoyens en même temps. Au début du Ve siècle avant J.-C., la guerre est saisonnière, les hommes rentrant à la fin de l été vaquer à leurs occupations agricoles. La formation militaire s effectue au cours de L éphébie. Les activités quotidiennes, mais aussi les fêtes notamment les différents jeux et concours, prennent ensuite le relais et permettent à chacun de mesurer et d améliorer son endurance, sa force, son agilité, sa rapidité... et d y associer ta communauté civique. Les victoires prennent ainsi une dimension collective célébrée par les historiens grecs. Les citoyens sont tenus de participer aux séances de l Assemblée et d exercer les charges publiques qui leur incombent. Les plus riches doivent exercer une liturgie annuelle, c est-à-dire prendre en charge des dépenses d utilité publique. Ils financent ainsi l équipement et le commandement d un navire de guerre (ou trière), prennent en charge l organisation des banquets publics ou des représentations théâtrales données lors des grandes fêtes religieuses. Participer aux dépenses de la cité est d ailleurs un honneur recherché. C est aussi un moyen d obtenir les faveurs du peuple dans la perspective d une carrière politique. Mme Murphy-Chanéac, CS2,T2, Citoyenneté-Athènes, Page 5

6 SEANCE 2 : COMMENT S EXERCE LE METIER DE CITOYEN A ATHENES AU V SIECLE? I. Des institutions définissent le pouvoir et assurent l isonomie A. Le pouvoir législatif est défini par la loi L Ecclésia est le principal organe de la démocratie athénienne: il s agit de l Assemblée du peuple, siégeant sur la colline de la Pnyx. Elle est composée en théorie des à citoyens qui se réunissent régulièrement pour voter les lois et le budget de l État, décider de la guerre ou de la paix, élire les magistrats. Tous les citoyens votent à main levée( une démocratie directe). Une fois votée, la loi est gravée et exposée au public. L Assemblée se prémunit des risques de tyrannie car elle peut voter le bannissement d un citoyen. L Ecclésia peut alors recourir à L ostracisme: Les citoyens inscrivent sur un ostracon le nom de la personne à bannir. La présence d un minimum de 6000 votants est alors nécessaire. Les lois votées à l Ecclésia sont préparées par la Boulê, un conseil formé de cinq cents citoyens, ou bouleutes, tirés au sort pour un an (à raison de 5 dans chacune des 10 tribus) et âgés d au moins trente ans. Ils contrôlent les magistrats et veillent à l application des lois. Ils se réunissent deux cents jours par an dans le Bouleutérion, un bâtiment situé sur l Agora, la place publique d Athènes. Les représentants d une tribu, les prytanes, siègent en permanence à l Assemblée pendant 35 ou 36 jours consécutifs. Ils fixent L ordre du jour et font les propositions de lois. B. Les autres pouvoirs aussi Les magistrats (700) sont chargés des affaires publiques et veillent à l exécution des lois votées par l Ecclesia. La magistrature suprême revient aux stratèges (10): élus pour un an, ils dirigent la politique extérieure de la cité, ainsi que toutes les opérations militaires. Ainsi, grâce à son charisme, Périclès a exercé la stratégie quinze ans de suite. Mais aussi Les archontes sont tirés au sort pour un an : parmi eux, l archonte roi est le plus prestigieux car il gère les affaires religieuses de la cité. Les anciens archontes siègent à vie à l Aréopage, ou conseil des Anciens qui se réunit sur la colline d Arès : au Ve siècle avant J.-C, il ne joue plus de rôle politique mais conserve un rôle dans les affaires sacrées et Les crimes de sang. Les archontes s occupent des affaires internes: organisation des fêtes, instruction des affaires judiciaires, règlement de la vie quotidienne (t archonte éponyme est celui qui donne son nom à * année)... Enfin l Héliée est le tribunal populaire athénien: il est formé de 6000 jurés tirés au sort et âgés de plus de trente ans, qui se réunissent environ deux cents jours par an, sur l Agora. Pour assurer leur présence aux séances du tribunal, quelle que soit leur fortune, Périclès leur octroie un misthos, indemnité journalière d un montant de trois oboles, soit la moitié du salaire d un ouvrier. L Héliée ne siège que rarement en séance plénière. (501 membres). À l issue des débats, qui doivent être équitables, les juges votent la sanction. L Héliée peut casser une décision de l Ecclésia jugée illégale et punit son auteur. Mme Murphy-Chanéac, CS2,T2, Citoyenneté-Athènes, Page 6

7 C. Tout est organisé pour mettre en place l isonomie La réforme politique décisive est l œuvre de Clisthène, en av. J.-C. Un conseil élargi à 500 membres (la Boulè) est créé, qui restreint le rôle de l Aréopage. Clisthène a remodèlé également l organisation politique du territoire avec les 10 tribus divisées en dèmes. Ces réformes permettent au démos de gérer la cité, sans distinction liée à la fortune ou à la naissance. Elles instaurent l isonomie (l égalité de tous les citoyens devant la loi) et permettent l avènement de la démocratie. II. La démocratie directe s installe A. Les règles du jeu politique Le tirage au sort, l élection ou, plus rarement, la nomination permettent de choisir les représentants de la cité. Le tirage au sort est préféré: on estime que le hasard, considéré comme le choix des dieux, est plus démocratique que le jugement des hommes. Il désigne, entre autres, les membres tournants du Conseil (la Boulé) et des tribunaux (l Héliée). L accès à l Assemblée (l Ecclésia) est ouvert à tous les citoyens, sans sélection. Au contraire, un nombre minimal de participants (6000 citoyens pour les affaires importantes) permet de refléter la volonté générale. Les décisions y sont généralement prises par un vote à main levée. De nombreuses procédures et sanctions sont prévues pour écarter les citoyens jugés dangereux pour la cité: procès politique, perte de droits civiques, confiscation des biens, exil. Celui-ci est obtenu par un vote secret et majoritaire à l assemblée, au cours duquel chaque participant inscrit sur un tesson de poterie (ostrakon) le nom de ceux qu il souhaite voir exclus de la cité: c est l ostracisme. B La question de la participation populaire L invention de l indemnité de présence (en 400 pour l Assemblée) et l exigence d un nombre minimum de citoyens montrent qu une large participation populaire n allait pas de soi. En outre, les textes dénoncent régulièrement les retards des séances, à cause du manque de ponctualité des participants. On confiait d ailleurs à des archers scythes, sorte d esclaves-policiers, la tâche de rabattre les citoyens vers la Pnyx, lieu où se tenait l Assemblée; ils utilisaient à cette fin une corde fraîchement enduite de rouge, qui pouvait tacher les vêtements des retardataires. C. La formation d une classe politique Même si Athènes est une démocratie directe, la politique y est, pour partie, l affaire de professionnels, issus de grandes familles influentes, auxquelles sont également réservées d importantes prêtrises. Malgré l absence de véritables partis, les principaux chefs politiques peuvent compter sur l appui de groupes de pression, les hétairies, qui rassemblent des compagnons autour de projets communs. A l Assemblée, les orateurs s affrontent et développent des arguments susceptibles d emporter l adhésion populaire et d aboutir au vote d un décret. Dans l éducation du citoyen aisé, la rhétorique, l art de bien parler, est donc considérée comme une discipline aussi noble qu utile. Le recours à la démagogie pour l emporter à l assemblée est fréquent. La préparation des décisions par la Boulê, le Conseil, ainsi que la consultation d experts, permettent cependant de limiter les risques de dérive politique. Mme Murphy-Chanéac, CS2,T2, Citoyenneté-Athènes, Page 7

8 SEANCE 3 : COMMENT SE VIT LA DEMOCRATIE QUI TENTE DE SURMONTER LES CRISES? Y PARVIENT-ELLE? I. Pour vivre sa citoyenneté, Le citoyen athénien participe à la vie de la cité grecevacances.com A. Vie religieuse L Agora est la principale place publique de la ville: c est là que se tiennent les marchés, que se négocient les affaires et que les Athéniens se rencontrent pour discuter. C est aussi le cœur politique de la ville, où se trouvent les bâtiments publics et certains monuments religieux. Sous Périclès, de grands travaux sont entrepris ( ) sur l Acropole. Une entrée monumentale, les Propylées, permet d accéder au sanctuaire dont la pièce maîtresse est le Parthénon, dédié à Athéna. Le temple, entièrement réalisé en marbre et orné de sculptures, abrite la statue d Athéna Parthénos («la Vierge»), sculptée dans l or et l ivoire par Phidias. La religion imprègne chacun des actes privés et collectifs des citoyens athéniens. Les séances de l Assemblée sont précédées par un sacrifice aux dieux, également invoqués avant de livrer bataille. Les grandes fêtes religieuses rythment la vie des Athéniens et ont une dimension civique. Etude des Panathénées : L union de la communauté athénienne apparaît avec éclat lors de la prestigieuse fête des Panathénées(voir diaporama). B. Vie publique Mme Murphy-Chanéac, CS2,T2, Citoyenneté-Athènes, Page 8

9 jfbradu.free.fr Le théâtre joue un rôle très important dans la cité. Les fêtes données en l honneur de Dionysos, le dieu de l ivresse et du divertissement, donnent lieu à des représentations théâtrales, sur la pente sud de l Acropole. Les pièces sont mises en compétition lors de la fête des Grandes Dionysies, qui dure trois jours. Les dramaturges doivent présenter trois tragédies et un drame. Le troisième jour, les citoyens élisent le vainqueur du concours. Parmi les grands auteurs tragiques du temps, on trouve Eschyle, Sophocle et Euripide. La tragédie réunit toute la communauté athénienne puisque les citoyens, les métèques, les femmes et même les esclaves assistent au spectacle, Le théâtre tragique est l expression d une culture collective. C est aussi un art civique. Dans Les Perses, Eschyle exalte les vertus patriotiques des Athéniens, vainqueurs des Perses à la bataille de Salamine. Le V siècle est une période de renouveau intellectuel, marquée par la naissance de l histoire comme discipline scientifique. Jusqu alors, les Grecs confondaient l histoire avec les récits légendaires du passé. Le premier historien grec, Hérodote, montre que la reconstitution du passé implique une enquête reposant sur l observation des faits et le recueil de témoignages. Thucydide va plus loin : pour lui, la méthode historique doit être fondée sur l esprit critique. À la fin du Ve siècle, les Athéniens sont plus critiques vis-à-vis des institutions démocratiques. L essor de la comédie rend compte de cet état d esprit. Aristophane est l auteur comique le plus populaire la période : ses pièces tournent en dérision la vie politique athénienne. II. Mais aussi en discutant le principe démocratique et en défendant la cité dans les épreuves. A. La crise de la fin du Ve siècle avant J.-C. La guerre du Péloponnèse. De 431 à 404 avant J. C., elle oppose Athènes à Sparte, sa grande rivale. Les alliés d Athènes se révoltent contre elle. Vaincue lors de la bataille navale d Aigos Potamoi en 404, Athènes doit renoncer à son empire, détruire ses fortifications, et faire allégeance à Sparte. La démocratie menacée. La débâcle militaire est exploitée par les opposants à la démocratie. À deux reprises, en 411 avant 1.-C., puis en 404, un coup d État remplace la démocratie par un régime aristocratique. Ainsi, en 404, le misthos est supprimé et le nombre des citoyens est réduit à Des démocrates sont assassinés, des métèques arrêtés et privés de leurs biens. La démocratie est finalement restaurée en 403 avant JC. B. La vie démocratique au Ive siècle avant J.-C. La démocratie en débat. La chute de l Empire athénien conduit certains philosophes ou hommes politiques à dénoncer le déclin ou les dérives de la démocratie. Les citoyens les plus pauvres sont accusés d intenter des Mme Murphy-Chanéac, CS2,T2, Citoyenneté-Athènes, Page 9

10 procès politiques aux plus riches pour s emparer de leurs biens. Les œuvres de Platon ( ) et d Aristote ( ) témoignent des critiques qui assimilent démocrates et démagogues. La liberté de parole et la critique des valeurs de la cité sont de plus en plus mal perçues. Accusé de corrompre la jeunesse par ses discours philosophiques, Socrate ( av. J.-C.) est ainsi condamné à mort en 399 av. J.-C. La démocratie réformée. Ces critiques reflètent surtout les changements institutionnels du IVe siècle. Les pouvoirs de l Assemblée (Ecclésia) sont limités, mais la démocratie directe est renforcée. À partir de 403, des nomothètes (législateurs), tirés au sort parmi les jurés du Tribunal du peuple (Héliée), reçoivent le pouvoir de voter les lois, qui l emportent désormais sur les décrets votés par l Assemblée. Le Tribunal du peuple juge tous les procès politiques et exerce un contrôle croissant sur les magistrats. Un nouveau personnel politique. Les magistrats du IVe siècle sont pour la plupart des hommes nouveaux. Même s ils sont riches, ils ne sont plus recrutés dans la vieille aristocratie. Faire de la politique devient un métier. L élite politique est dominée par les orateurs, comme Démosthène, ou par les spécialistes des finances comme Eubule ( ) ou Lycurgue ( ), qui sont élus et non plus tirés au sort. C. La chute de la démocratie Athènes contre la Macédoine. Dans la seconde moitié du IVe siècle avant 1.-C., Athènes se libère de la tutelle de Sparte. La cité reconstruit ses remparts et sa flotte, et rétablit son empire maritime. Sous l impulsion de Démosthène, elle organise la résistance à la puissance émergente du roi Philippe Il de Macédoine ( ). Après avoir conquis la Thessalie (353) et la Thrace (352), celui-ci menace en effet les intérêts athéniens en mer Egée. La défaite finale. Athènes et ses alliés sont écrasés par les Macédoniens à Chéronée (338 avant 1.-C.). Les Athéniens peuvent conserver leurs institutions, mais après une nouvelle révolte contre la Macédoine en 322, ils perdent leur indépendance. Une garnison macédonienne occupe le port d Athènes, le Pirée. Plus de la moitié des citoyens est exclue du corps civique. C est la fin de la démocratie. Mme Murphy-Chanéac, CS2,T2, Citoyenneté-Athènes, Page 10

11 ANNEXES: Repères historiques LES CITES GRECQUES Au VIle siècle avant J.-C., les Grecs s organisent sous forme de cités (polis). Une cité est composée d une ville et du territoire qui l entoure. Les cités sont gérées par un groupe d hommes, les aristoi(les meilleurs), vivant de la chasse, de la guerre et surveillant leuroikos (domaine) cultivés par des esclaves ou par des paysans dépendants. Ces aristoï sont qualifiés de citoyens ils sont égaux entre eux et participent à la détermination de la vie politique de la cité par leurs votes exprimés au sein des assemblées. Athènes est dominée au VIP siècle par une aristocratie de guerriers propriétaires du sol, les Eupatrides qui se partageaient les charges de la cité comme ils se partageaient le butin provenant des conquêtes. LA CRISE DE LA CITE GRECQUE A partir du VIIe siècle avant J.-C., la société grecque est confrontée à une crise politique. De plus en plus de paysans sont condamnés à être esclaves pour cause de dettes, les cités se combattent entre elles et au sein d une même cité les grandes familles se disputent le pouvoir. LA REVOLUTION HOPLITIQUE Pour remporter la victoire politique, il faut mobiliser un nombre de guerriers plus important que ne le permet le recours aux seules grandes familles. La révolution hoplitique fait participer à la guerre des membres du peuple parmi les plus riches (artisans, commerçants) qui peuvent financer leur armement. Ceux qui n ont pas les moyens financiers de s armer peuvent participer à la guerre comme rameurs. La fonction guerrière n est plus l apanage de l aristocratie. LES REFORMES DE SOLON Solon tenta de résoudre la crise de la cité des Athéniens. Archonte ( av. J-C), législateur, auteur d un code de lois, il supprima l esclavage pour dettes et affirma le droit de tous à participer aux décisions concernant la cité et l égalité devant la loi (isonomie = lois communes pour tous). Il fixa les obligations de chacun selon sa fortune vis à vis de la cité. Les hautes fonctions restent réservées aux plus riches. LES REFORMES DE CLISTHENE Clisthène, membre d une des grandes familles d Athènes, celle des Alcméonides, concéda au peuple (demos) la participation, non seulement aux décisions politiques, mais aussi aux fonctions politiques en échange de son soutien. Ces réformes reposent sur la réorganisation de l espace civique. Il remplaça les anciennes structures politiques fondées sur la parenté par un système de répartition territoriale. Un citoyen athénien n est plus défini par son appartenance à une famille, mais à un lieu, Athènes. Le territoire des Athéniens est divisé en trois ensembles la ville, la côte de l Attique et l intérieur de l Attique. Dans chaque ensemble il y a dix sous-divisions (groupe de dèmes ou trittyes). La réunion d une trittye de chaque ensemble constitue une tribu il y a donc dix tribus. Ce système cassa la pratique du clientélisme traditionnel. C est désormais ce système de dix tribus qui allait présider à l organisation des institutions de la cité. LES GUERRES MEDIQUES A la fin du VIe siècle avant J-C., le monde grec est menacé par l Empire perse. La victoire des Athéniens à Marathon en 490 avant J-C. termine la première guerre médique en maintenant les Perses en Asie. Dix ans plus tard, la deuxième guerre médique se termine par la victoire des Grecs à Salamine en 480, qui marque, dans l esprit des Athéniens, la victoire des valeurs démocratiques. Vocabulaire DEMOS : L ENSEMBLE DES CITOYENS. Agora d Athènes : Place publique, centre de la vie politique, où se réunissait l ecclésia, assemblée du peuple, pour délibérer et voter les lois jusqu à ce que l ecclésia se réunisse sur la Pnyx. L agora deviendra alors un lieu d échanges économiques. Stratège : La plus haute fonction politique. Les stratèges sont élus chaque année à raison d un stratège par tribu. Ils dirigent Athènes. Archonte : Magistrat suprême de la cité. Il n a plus que des fonctions judiciaires au Ve siècle avant J.-C. Liturgie : Dépenses de la cité financées par les plus riches. Boulé : (ou Conseil des Cinq-Cents), organe délibératif constitué de 500 personnes tirées au sort chaque année à raison de 50 par tribu. Bouleute : Membre de la boulé tiré au sort chaque année. L EDUCATION D UN JEUNE ATHENIEN - Jusqu à l âge de sept ans l enfant était élevé par sa mère, puis le jeune garçon seulement (les filles étaient exclues du système éducatif) allait à école (les frais étaient à la charge des parents). Le grammatiste lui apprenait à Mme Murphy-Chanéac, CS2,T2, Citoyenneté-Athènes, Page 11

12 écrire, à lire, à compter. Les recueils des fables d Esope et les poèmes homériques servaient de textes d étude. Le cithariste lui enseignait le chant, et parfois à jouer d un instrument de musique. L éducation physique avait une grande place: il fallait être capable de disputer dans les règles les épreuves d athlétisme (course, lancer de javelot et de disque, lutte, boxe, saut en longueur), forme de préparation à la vie militaire. - Vers treize ans, les enfants pauvres quittaient l école; les élèves plus aisés achevaient leur éducation en fréquentant le gymnase, où ils perfectionnaient leur culture littéraire, leur apprentissage artistique et leurs capacités physiques. - A dix-huit ans, les jeunes gens entraient dans le groupe des éphèbes; tous accomplissaient un service militaire de deux ans. L ILIADE ET L ODYSSÉE Homère est un poète grec qui, au V111 0 siècle avant J.-C. composa l Iliade et l Odyssée à partir d éléments empruntés à la tradition orale. L Iliade ne raconte qu un épisode de la guerre entre Grecs et Troyens, la colère d Achille et ses conséquences tragiques pour l armée des Grecs, pour Patrocle, le fidèle ami d Achille, qui se mesure avec le Troyen Hector et y trouve la mort, pour Hector qu Achille provoque à son tour pour venger la mort de Patrocle, tout en sachant qu il doit mourir après avoir tué Hector. Le poème se termine par l apaisement de la colère, Achille rend à Priam le corps de son fils Hector. Homère nous laisse sur la douleur d Achille et sur celle de Priam, qui tous les deux sont atteints par la perte d un être cher. Achille, qui incarnait la violence de la guerre, en comprend soudain la vanité. Par delà le récit des combats, l Iliade est une réflexion critique sur la guerre et une réprobation de la violence. L Odyssée est le récit du retour d Ulysse, roi d Ithaque, après la guerre de Troie. Il met dix ans à retrouver son royaume. D aventures en naufrages, Ulysse rencontre toutes sortes de peuples et toutes sortes d individus. De retour à Ithaque, Ulysse mobilisa toute sa ruse pour retrouver sa place à la tête du royaume et auprès de sa femme, Pénélope, qui lui était restée fidèle malgré la pression continue des prétendants qui briguaient le trône. Il put être fier de la piété filiale de son fils Télémaque qui, inquiet du sort de son père, était parti à sa recherche. Les personnages qu Homère met en scène sont des «héros», c est-à-dire des hommes accomplis, les «meilleurs» (qui sont supérieurs aux autres sans pour autant cesser d être mortels). Leur condition humaine est exemplaire, ils sont grands, beaux, forts, courageux, intelligents, très raffinés, hospitaliers, pleins de piété et de respect (Achille devant Priam qui vient lui demander la restitution du corps d Hector). Ces héros ignorent les bassesses, ne pensent pas uniquement à la guerre et rayonnent d humanité. LA PHILOSOPHIE GRECQUE Apparue entre le VI et le IV siècle avant J.-C. (en Ionie, puis à Athènes), la philosophie a posé les règles du jeu intellectuel en s inspirant des règles du jeu politique: libre discussion, débat contradictoire, affrontement des arguments contraires. Socrate av. J.-C. Il a vécu à Athènes, n a pas laissé d écrits: sa pensée ne nous est connue que par ce qu en ont rapporté ses disciples (essentiellement Platon et Xénophon). La démarche philosophique de Socrate est qualifiée de dialectique, car elle s inscrivait dans un dialogue, au cours duquel Socrate cherchait à faire «accoucher» l esprit de son interlocuteur (il appelait sa méthode la maïeutique), son but était d inviter son interlocuteur à remettre en question ses certitudes et à renoncer à ses idées reçues pour, ensemble, tenter d approcher la Vérité en soi. Platon a fait de Socrate la figure du Philosophe, inverse de la figure du Sophiste, cet orateur qui enseignait à persuader par la seule parole (sans connaissances précises), non pour communiquer la Vertu ou pour faire progresser son interlocuteur, mais pour avoir le pouvoir, être le plus fort. Après la guerre du Péloponnèse, l Héliée le condamna à mort en 399 av. J.-C., le désignant ainsi comme un des responsables de la crise de la cité athénienne (et donc de la démocratie qui s était montrée incapable de remporter la victoire sur Sparte). LE PARTHENON (voir photo page 7) Temple dédié à Athéna construit entre 447 et 438, en marbre. Il mesure 70 m sur 31 m; il est entouré de colonnes doriques de 1 I m de hauteur, (8 colonnes de façade et 17 de côté). Il a deux frontons représentant l un la naissance d Athéna et l autre le combat d Athéna contre Poséidon pour la possession de l Attique, et une frise continue de 160 m de long en marbre, sculptée par Phidias (frise des Panathénées). FETE DES PANATHENEES Fête en l honneur d Athéna, protectrice de la cité. Toute la population d Athènes y participe (les femmes, les enfants, les métèques, les citoyens). Cette fête s organise autour d une procession, qui se veut à image de la cohésion sociale de la cité. Les grandes Panathénées ont lieu tous les quatre ans et sont centrées sur la remise du peplos à la statue d Athéna. Mme Murphy-Chanéac, CS2,T2, Citoyenneté-Athènes, Page 12