L électricité au Canada : Investir intelligemment pour dynamiser la compétitivité future

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1 L électricité au Canada : Investir intelligemment pour dynamiser la compétitivité future Janvier 2013

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3 Table de matières Résumé 2 Introduction 3 Investissements dans les infrastructures 5 Évolution des technologies de production 11 Économie d énergie et gestion de la demande 18 Interconnexions interprovinciales des réseaux électriques 19 Conclusions 25

4 Résumé À mesure que le Canada continue de prendre sa place à titre de producteur d énergie responsable, le produit d une de ses richesses naturelles importantes l électricité et le secteur responsable de sa production, de son transport et de sa distribution joueront un rôle considérable sur le plan de l avenir énergétique du Canada. L approvisionnement en électricité fiable, abondant et comparativement abordable dont l incidence environnementale est minime, aussi bien comme intrant de l activité économique que comme produit d exportation, aura une incidence directe sur la croissance économique et la compétitivité futures du Canada. L électricité, au même titre que d autres formes d énergie, est souvent considérée comme acquise. Dans à peu près tous les cas, lorsque les gens appuient sur le commutateur, les lumières s allument. Nous n avons pas à penser aux infrastructures de production, de transport et de distribution qui sont nécessaires pour fournir l électricité de façon fiable, abondante et abordable, pratiquement sans interruption, aux résidences et aux entreprises. Ce document illustre la nécessité de continuer d investir dans la production, le transport et la distribution d électricité afin d assurer la croissance économique et la compétitivité à long terme, et la nécessité aussi de définir des règles de base pour le commerce des produits énergétiques, dont l électricité, au sein du Canada. Le secteur canadien de l électricité est à l avant-garde d une transition de plusieurs décennies vers des sources plus propres, des réseaux de transport et de distribution mieux pensés et des consommateurs mieux informés et éduqués qui exigeront de contrôler leurs coûts d énergie dans une certaine mesure. Les investissements d infrastructure des prochaines décennies favoriseront une transition qui accroît la compétitivité et limite les incidences nuisibles et répond à la législation et les réglementations énergétiques nord-américains d une manière coordonnée qui permet la décarbonisation progressive du système électrique. 2 L électricité au Canada

5 Introduction Dans son 2009 Review of Energy Policies of IEA Countries Canada, l Agence internationale de l énergie (AIE) décrit le réseau électrique canadien comme faisant partie d un ensemble nord-américain de réseaux contigus, l industrie étant fortement intégrée et le gros de la production, du transport et des services de distribution étant assuré par quelques entreprises de services publics dominantes. Bien que quelques-unes de ces entreprises soient privées, la plupart sont des sociétés d État qui appartiennent aux gouvernements provinciaux. La surveillance des ressources et de la réglementation est la responsabilité des provinces, sauf dans les sphères de responsabilité fédérale c est-à-dire les activités transfrontalières et celles qui sont liées à l énergie nucléaire. Il est très difficile de se faire une image globale du secteur canadien de l électricité en raison de structures sectorielles qui varient, du dégroupement des fonctions des services publics jusque-là intégrées et des différentes structures de marché. En revanche, le réseau électrique du Canada contribue fortement à tous les aspects de l économie canadienne en : apportant des intrants énergétiques directs aux commerces et aux entreprises industrielles ; participant aux échanges et aux marchés d exportation ; servant de catalyseur de la mise au point et de l utilisation de technologies, ainsi que de l innovation ; Le secteur de l électricité, en assurant un approvisionnement en électricité fiable, abondant et abordable, est un de ceux qui contribuent le plus à l avantage concurrentiel du Canada. Après presque trois décennies, le secteur de l électricité se situe encore une fois au début d une nouvelle période d investissements et de réinvestissements continus dans les infrastructures de production, de transport et de distribution. La répartition des investissements requis de presque 350 milliards de dollars dans le réseau électrique du Canada sera déterminée par les prévisions de la demande, par la réglementation de l environnement et d autres secteurs, par les pressions publiques et la disponibilité des capitaux. Le secteur de l électricité du Canada est donc au début d une période de plusieurs décennies pendant laquelle la production thermique à émissions élevées dérivée des combustibles fossiles fera graduellement place à des sources d électricité à émissions faibles ou nulles. Ces décisions de remplacement représentent un tournant majeur pour le secteur canadien de l électricité. Au cours des prochaines décennies, la fin de la durée économique d une grande partie du parc de centrales à combustibles fossiles approchera, entraînant la nécessité de les remplacer et créant des occasions d investir dans des solutions de rechange plus efficaces en carbone. employant des travailleurs hautement qualifiés. La Chambre de commerce du Canada 3

6 Ces choix, combinés avec l ampleur des investissements requis pour s engager dans la transition, donnent au secteur canadien de l électricité une occasion de repenser le réseau électrique du Canada et d effectuer les investissements qui permettront de répondre aux besoins des Canadiens, des entreprises et du marché d exportation, tout en assurant la viabilité du secteur et la durabilité de l environnement. Les gouvernements à tous les niveaux sont de plus en plus exigés à offrir le même niveau de service pour leurs électeurs tout en réduisent leurs budgets à tous les niveaux. Des partenariats avec le secteur privé dans le développement de la production et de la transmission de l électricité offre la possibilité à l investissement une plus grande influence à moindre coût pour les contribuables. Il est clair que si le secteur désire profiter de l occasion qui se présente à lui, il doit s appuyer sur des décisions d affaires sensées, soutenues par des analyses de rentabilisation concluantes. Il est possible de conserver l avantage concurrentiel traditionnel du Canada, qui reposait sur un approvisionnement en électricité fiable, abondant et abordable, en choisissant judicieusement les investissements. Il faut autant de «muscles» (capacité accrue) que «d intelligence» (mises à niveau technologiques) pour accroître l efficacité du réseau électrique du Canada. Afin de garantir la faisabilité économique des projets de construction de centrales électriques à grande échelle nécessaires pour mener à terme la transition visant l abandon graduel de la production thermique dérivée des combustibles fossiles, ces projets doivent être liés à des marchés où existe la demande. Bien qu il n y ait pas actuellement de raison précise et impérieuse pour en construire un, un réseau interconnecté de transport interprovincial permettrait vraisemblablement d accélérer le rythme de la transition et d accroître les chances de mettre en valeur d éventuelles sources importantes d énergie hydroélectrique. Un réseau interconnecté de transport interprovincial et régional jouerait un rôle primordial pour ouvrir de nouvelles sources d électricité à de nouveaux marchés et permettre au Canada de conserver sa place de fournisseur de premier rang d électricité sûre, propre, fiable et abordable. Un projet de réseau interconnecté se heurtera certainement à des obstacles politiques, réglementaires, environnementaux et économiques. Toutefois, les appels en faveur d une stratégie énergétique nationale de la part d acteurs tant gouvernementaux que non gouvernementaux comprennent invariablement des recommandations visant la modernisation et l expansion des infrastructures énergétiques afin de relier les régions et de diversifier les marchés. Tout au moins, les appels soutenus en faveur d une stratégie énergétique nationale pourraient au bout du compte mener au point charnière où les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux établissent les règles de base du commerce de produits énergétiques au sein du Canada en terminant les négociations sur un chapitre consacré à l énergie dans l Accord sur le commerce intérieur une condition nécessaire avant de pouvoir envisager des discussions sérieuses sur un réseau interprovincial. Le présent rapport scrutera des façons pour le secteur canadien de l électricité de profiter des occasions présentées par une période d investissements importants et nécessaires pour confirmer à nouveau l importance de l électricité sur le plan de la compétitivité du Canada, et pour examiner l incidence éventuelle de ces investissements sur la viabilité à long terme du secteur et sur les relations commerciales entre les provinces et avec d autres pays. 4 L électricité au Canada

7 Investissements dans les infrastructures Afin d établir le contexte du présent document de travail, il est impératif de décrire dans leurs grandes lignes les hypothèses sous-jacentes : Le Canada est un producteur d énergie et il le restera dans un avenir prévisible. Afin de profiter des autres possibilités importantes liées à l exploitation des ressources (notamment celles du secteur de l électricité), le Canada doit reconnaître l importance de l énergie pour les économies nationale et provinciales. Les gouvernements fédéral et provinciaux doivent animer un climat des affaires qui encouragera les dépenses en immobilisations sur des marchés libres et concurrentiels dans le cadre de projets énergétiques. Le Canada possède suffisamment de fournitures inexploitées de l électricité, provenant principalement les grandes centrales hydroélectriques, pour répondre à ses besoins futurs. La contribution des sources renouvelables d électricité comme la biomasse, le solaire et l éolienne augmentera, mais sans avancée capitale des technologies de stockage, elle constituera encore une faible portion de la production totale du réseau électrique. Les nouvelles technologies thermiques (come le stockage du carbonne) et les découvertes de nouvelles sources d énergie (principalement du gaz naturel, et particulièrement aux États-Unis) exercent une pression sur la production d énergie renouvelable à coût plus élevé. La demande d énergie est susceptible de doubler, tout au moins, d ici 2050, soit moins de 40 ans seulement. L histoire des réseaux énergétiques nous apprend que ce délai est court pour changer les pratiques de production d énergie. Dans un avenir immédiat, le pétrole, le gaz naturel, le charbon et l hydroélectricité continueront d alimenter nos réseaux énergétiques. La gestion axée sur la demande (GAD) devrait jouer un rôle dans le ralentissement de cette croissance, mais il convient de calibrer les investissements dans les infrastructures afin de se préparer à cette réalité tout en positionnant les réseaux électriques en fonction de la transformation qui est en cours. Il faut un réseau de production, de transport et de distribution robuste et intégré pour approvisionner de manière fiable les clients commerciaux, industriels et résidentiels en électricité. Traditionnellement, le réseau électrique du Canada privilégie les centrales hydroélectriques, au charbon, nucléaires ou au gaz naturel régionales qui exigent une infrastructure de transport considérable pour transporter l électricité jusqu aux marchés. La mise sur pied du réseau électrique du Canada a aussi dépendu fortement d actifs appartenant à l État pour prendre en charge les risques financiers et commerciaux liés aux investissements à grande échelle requis pour assurer un approvisionnement en électricité fiable et abordable axé sur la demande du public 1. 1 Association canadienne de l électricité. Comment dynamiserons-nous l avenir du Canada? Notre réseau électrique en transition, La Chambre de commerce du Canada 5

8 Le Canada a effectué des investissements périodiques et importants dans son réseau électrique, les derniers dans les années 1970 et Beaucoup estiment que ces investissements ont amené une période de surcapacité dans le réseau électrique canadien qui a permis au secteur de l électricité de répondre à la demande croissante sans investir constamment dans les infrastructures de production ou de transport. Dans l ensemble, les travaux permanents de modernisation des infrastructures ont été remis à plus tard. Ces investissements massifs retardés en raison de la surcapacité du réseau auraient maintenant dû avoir lieu. Il faut investir pour remplacer et renouveler des actifs de production, de transport et de distribution qui permettront au Canada de suivre le rythme de la demande future et au fonctionnement du réseau électrique canadien de rester efficient, fiable et économique. Un réseau électrique efficient contribue directement et de façon importante à l économie canadienne (contribution que Le Conference Board du Canada estime à presque 25 milliards de dollars en 2010) et peut avoir une incidence sur la compétitivité du Canada. Dans son World Energy Outlook de 2008, l AIE prévoit que les investissements requis par le secteur de l électricité du Canada d ici 2030 seront de l ordre de 240 milliards de dollars (canadiens). Plus récemment, dans un rapport de 2012, Le Conference Board du Canada estime qu il faudra investir 347,5 milliards de dollars (courants) dans les infrastructures électriques canadiennes (notamment pour la production, le transport et la distribution de l électricité), de 2011 à Ce besoin défini d investissements importants dans les infrastructures électriques ces deux prochaines décennies pourrait donner aujourd hui une occasion de repenser le réseau électrique du Canada afin qu il continue de procurer un avantage concurrentiel à l économie canadienne. Compte tenu d investissements cumulatifs dans le réseau électrique canadien de 347,5 milliards de dollars entre 2011 et 2030, Le Conference Board du Canada indique que ces investissements profiteront à l économie canadienne : pour chaque tranche de 100 milliards de dollars (indexés) investis dans les infrastructures de production, de transport et de distribution durant cette période, le produit intérieur brut (PIB) augmentera de 85,6 milliards de dollars 2. Il est possible de qualifier les nouveaux investissements recensés par Le Conference Board de «musculation» du réseau des dépenses en immobilisations pour réaliser une capacité supplémentaire afin de répondre à la demande projetée et de fournir l énergie. Plus particulièrement, on s attend à des investissements de 35,8 milliards de dollars dans la modernisation du réseau de transport et dans l augmentation de la capacité de production pendant cette période, selon les projets annoncés dans chaque province et territoire 3. Ce chiffre sous-estime probablement le niveau des investissements futurs étant donné qu il ne conjecture pas sur les projets possibles. Il est nécessaire d investir dans les infrastructures de transport afin de composer avec des contraintes qui pèsent sur le réseau, notamment : l augmentation des charges électriques ; le nombre grandissant de centrales en région éloignée (qui produisent surtout de l énergie hydroélectrique ou renouvelable) ; l intensification des échanges entre les provinces et avec les États-Unis ; l accroissement des exigences en matière de fiabilité. 2 Le Conference Board du Canada. Shedding Light on the Economic Impact of Investing in Electricity Infrastructure, février Ibid. 6 L électricité au Canada

9 L ajout au réseau de transport existant de quantités croissantes de ressources en électricité, souvent intermittente et renouvelable, conçue pour de l électricité à charge stable et prévisible, présente des difficultés uniques. L énergie intermittente vient de n importe quelle source (souvent renouvelable) qui n est pas continuellement accessible pour être acheminée en réponse aux demandes du réseau électrique. La demande accrue de quantités importantes d énergie renouvelable, mais intermittente, venant de sources dispersées dans le portefeuille d électricité du Canada impose une mise en garde sur la capacité du réseau électrique en place de fonctionner à rendement maximal vu le portefeuille de production d électricité. Pour essayer d éviter le scénario de la surcapacité qui s est produit dans les années 1970 et 1980 et d atténuer les risques liés aux inexactitudes possibles dans les prévisions de la demande, le recours à la technologie pour «ajouter de l intelligence» au réseau électrique existant pourrait réduire aussi bien les risques que les coûts d investissement. Sauf sur les marchés où la nécessité de nouvelles infrastructures est clairement définie, il sera probablement moins coûteux d investir dans des améliorations technologiques aux infrastructures en place (ajouter à l intelligence du réseau) pour accroître l efficience, c est-à-dire d adopter les technologies des réseaux intelligents. Les réseaux intelligents ajoutent au réseau électrique existant des technologies de communication et d automatisation qui «intègrent le comportement et les actions de toutes les sources de production et charges raccordées par le truchement de capacités de communication dispersées afin de livrer une énergie électrique durable, économique et sûre 4». Selon l Association canadienne de l électricité (ACÉ), un réseau intelligent peut faciliter l incorporation de sources d électricité intermittente (principalement renouvelable) dans le réseau de transport actuel et permettre la surveillance continue de tout le réseau afin de limiter les pertes d énergie, d améliorer l acheminement d énergie là où on en a besoin, d accroître la stabilité du réseau et de prolonger la durée de vie utile des infrastructures en place. Les technologies des réseaux intelligents offrent également une façon de gérer la myriade de normes qui sont en vigueur dans les réseaux électriques provinciaux et qui empêchent d aborder l interconnectivité de façon cohérente. 4 Association canadienne de l électricité. Comment dynamiserons-nous l avenir du Canada? Notre réseau électrique en transition, La Chambre de commerce du Canada 7

10 Gestion des données En plus de veiller à l intégration de la nouvelle infrastructure requise ces prochaines années ainsi qu à l amélioration des mécanismes de transmission et de diffusion existants sur le plan technologique, il faudra une réflexion poussée et une grande rigueur pour aller plus loin que la simple collecte massive de données. Il faudra aussi analyser les données de façon à obtenir des renseignements utilisables et propices à l adoption de mesures réalisables. Ces renseignements pourraient servir, par exemple, à mieux évaluer la probabilité que des actifs de production échouent aux étapes du suivi et de l entretien conditionnelle, et ainsi améliorer la planification des investissements de capitaux, le remplacement de l équipement et, enfin, la gestion de l offre. Grâce à la mesure et à l optimisation des effets des énergies renouvelables (plus particulièrement éoliennes et solaires) ce qui facilitera la prévision de leur variabilité les actifs de production renouvelables pourront être ajoutés au réseau. Par conséquent, on pourra mieux déterminer s il y a lieu de répartir des charges particulières ou d activer d autres charges pour rééquilibrer l offre et la demande. L intégration est obligatoire pour garantir la transmission des données vers les systèmes appropriés ainsi que l exactitude, la justesse et la validité de données nettoyées. Elle s impose non seulement pour la production de données efficaces, de qualité, par lesquelles les systèmes pourront «se parler», mais aussi pour la communication d une vision d ensemble cohérente et pertinente du réseau électrique. De plus, les renseignements pourraient être transmis aux consommateurs en temps réel pour les aider à mieux comprendre leur consommation d énergie et l incidence de celle-ci sur l environnement. Plus soucieux des enjeux liés à la conservation, les consommateurs accepteraient mieux les déplacements de charges lorsque la demande atteint un pic. 8 L électricité au Canada

11 Préserver la compétitivité du secteur forestier de l Alberta : étude de cas sur les choix en matière d énergie électrique Un rapport de 2011, préparé par Mike Hogan, d Enact Power Ltd., à l intention des acteurs du secteur forestier de l Alberta et intitulé Power Challenges in the Forest Sector, fait état d un certain nombre de difficultés, à l égard de l approvisionnement et des dépenses en électricité, auxquelles le secteur est confronté alors qu il cherche à s assurer un avenir durable et rentable. L auteur analyse les solutions de rechange qui permettraient au secteur de rester concurrentiel, étant donné que les coûts d électricité doivent augmenter considérablement en raison de décisions stratégiques prises par le gouvernement de l Alberta. La majeure partie de la hausse est liée au déploiement de lignes de transport pour 15 milliards de dollars, ajoutée à l augmentation des coûts engagés pour tenir compte de la hausse de la production d énergie éolienne, qui repose sur des mesures incitatives au chapitre des prix et des politiques. L auteur de Power Challenges in the Forest Sector cherchait à cerner les difficultés et à repérer les occasions du secteur forestier albertain en s appuyant sur les politiques et les pratiques nouvelles formulées par le gouvernement albertain. Dans le cadre stratégique existant, qu est-ce que le secteur forestier pourrait faire pour maximiser la polyvalence tout en s assurant un accès à long terme à un approvisionnement en électricité économique, fiable et stable, étant donné que les progrès de la province en matière de transport et d énergie éolienne pourraient avoir une incidence sur la compétitivité des tarifs de l électricité en Alberta pendant de nombreuses années? Toujours selon le rapport, la décision du gouvernement albertain de modifier le processus de planification et de développement dans le secteur de l électricité repose sur la conviction qu un développement important du réseau de transport est crucial pour assurer le bon fonctionnement du marché de l électricité. D après le gouvernement, le déploiement prévu de lignes de transport, pour 15 milliards de dollars, permettra de garantir aux consommateurs des coûts faibles à long terme. Le gouvernement affirme que si l on ne tient pas compte des coûts de transport plus élevés, le coût total livré pour les consommateurs et les entreprises industrielles en Alberta est et sera concurrentiel. Ce dernier comprend bien les préoccupations des consommateurs industriels à propos de la dégradation de la compétitivité, mais il est persuadé que sans déploiement de nouvelles lignes de transport, les coûts à long terme seront beaucoup plus élevés compte tenu des difficultés à surmonter pour obtenir des droits de passage, de la disponibilité de La Chambre de commerce du Canada 9

12 travailleurs qualifiés dans la province et des relations de plus en plus complexes avec les intervenants. L Alberta a besoin du déploiement de ces lignes de transport pour s assurer un approvisionnement fiable en électricité afin de favoriser la croissance soutenue la province. Le gouvernement albertain admet également qu il faudrait réaliser, dans certains cas, des projets de production décentralisée, notamment des projets de cogénération, pour des raisons économiques et environnementales. Il a aussi établi des politiques et des directives qui prévoient des stimulants importants pour encourager les entreprises industrielles et d autres consommateurs importants à construire des centrales rentables. Parallèlement, le déploiement de lignes de transport pour 15 milliards de dollars contribuera à l efficience d un marché auquel ces centrales et d autres installations pourront participer. Étant donné que les décisions stratégiques du gouvernement albertain sont susceptibles de faire monter les coûts d électricité, ce qui entraînera des conséquences directes et négatives pour l intégrité du secteur forestier, et comme la production d énergie éolienne en hausse devrait constituer une plus grande part du réseau électrique de l Alberta, les conditions pourraient s unir pour établir un stimulant sans précédent, de façon à encourager les consommateurs du secteur forestier et d autres secteurs industriels à construire des centrales locales. La faiblesse du prix du gaz naturel, l amélioration des stimulants stratégiques et financiers visant la biomasse et d autres technologies de production avantageuses pour l environnement ainsi que les hausses spectaculaires des coûts de transport forcent le secteur forestier à produire de l électricité pour ses propres besoins et aussi à devenir un fournisseur d énergie renouvelable du réseau électrique albertain. Il convient de signaler qu en Alberta, les entreprises industrielles consommatrices d énergie paient la part du lion des coûts de transport en raison de l importance de leur consommation dans le réseau. La seule façon pour elles d éviter cette situation est de mettre sur pied des installations décentralisées et de constituer leur propre source d énergie auxiliaire. En revanche, si des clients industriels construisent des centrales locales à grande échelle, les consommateurs du réseau électrique qui restent devront payer des coûts de transport de plus en plus élevés. Les résidences et les commerces constituent vraisemblablement la majeure partie de ces autres consommateurs. Pour essayer de se protéger contre une hausse des coûts d électricité qui rendrait le secteur non concurrentiel, le secteur forestier de l Alberta est maintenant en train d examiner des options en matière de cogénération qui lui garantiront un approvisionnement en électricité sûr, stable et comparativement bon marché, c est-à-dire un intrant énergétique pour ses propres activités d exploitation et un nouveau revenu régulier à tirer de la vente d électricité au réseau albertain. Conclusion Bien qu il soit facile de soutenir que les conséquences seraient négatives au chapitre de la compétitivité du Canada si on n effectuait pas les investissements projetés dans le secteur canadien de l électricité, l exemple de l Alberta ci-dessus illustre la nécessité de maintenir cet équilibre délicat entre les politiques, les investissements et les stimulants. Les investissements sont nécessaires pour dynamiser les infrastructures en place, réduire les coûts d entretien, assurer la fiabilité du réseau et construire un réseau de transport et de distribution qui peut permettre de gérer la transition vers un avenir énergétique plus efficace en carbone. Ces investissements contribueront également à la formation de la prochaine génération de travailleurs qualifiés en électricité du Canada. Bien qu on craigne que l intérêt, les stimulants et la formation nécessaires pour attirer des travailleurs dans le secteur soient déjà réunis, une période prolongée d investissement dans les infrastructures électriques qui crée des emplois est aussi un moyen intéressant de remédier à la pénurie de compétences du Canada. L investissement dans la technologie des réseaux intelligents comme façon d améliorer l efficience et de prolonger la vie des infrastructures en place est un exemple concret de recours à la technologie pour rendre le Canada concurrentiel. 10 L électricité au Canada

13 Évolution des technologies de production Le secteur canadien de l électricité est au milieu d une transition de plusieurs décennies qui changera la façon dont on produit l électricité et dont on l achemine vers le réseau. Un certain nombre de politiques et de règlements fédéraux et provinciaux contribuent à cette transition. Ils établiront des restrictions aux types de centrales que l on peut construire au Canada et déplaceront les dates de déclassement des infrastructures existantes. Ces changements sont susceptibles d aboutir à un portefeuille d approvisionnement en électricité plus propre au Canada, mais ils auront également un effet sur le secteur de l électricité et pourraient nuire à l abordabilité et à la fiabilité de l électricité. L Office national de l énergie (ONÉ) prévoit que la capacité totale de production augmentera de 27 % entre 2010 et 2035 ; les augmentations les plus marquées proviendront des centrales alimentées au gaz naturel et des sources d énergie renouvelable. Selon les projections, la puissance installée totale devrait passer de 133 GW en 2010 à 170 GW à l horizon ONÉ Capacité de production d électricité, Scénario de référence Source: Office natinal de l énergie La Chambre de commerce du Canada 11

14 Un des avantages concurrentiels économiques du Canada dépend traditionnellement de l accès à un approvisionnement fiable et abordable en électricité produite à partir de différentes sources à l échelle du pays. La composition de ce portefeuille de sources variées d énergie est en évolution. Nous sommes au milieu d une période de transition où la production thermique dérivée des combustibles fossiles (le charbon principalement) fait progressivement place à la production au gaz naturel, à d éventuels vastes projets hydroélectriques et à l adoption accrue de ressources renouvelables non hydroélectriques comme le vent, le soleil et la biomasse. Cette transition relative aux sources de production d électricité va bon train. Selon les dernières prévisions de l ONÉ concernant le portefeuille d électricité jusqu en 2035, l hydroélectricité au Canada demeure une source d approvisionnement en électricité dominante. Si l on inclut l augmentation prévue de la capacité hydroélectrique, la production annuelle augmente de 346 TWh en 2010 à 430 TWh à la fin de la période analysée. La part de la production d énergie éolienne triple, passant de moins de 2 % de la production totale actuelle à 6 % en La biomasse, l énergie solaire et l énergie géothermique représentent près de 4 % de la production totale en De plus, des centrales au charbon d une capacité totale de plus de MW cesseront de fonctionner entre 2010 et 2035, soit environ les deux tiers de la capacité totale de production des centrales du genre en Il est possible d attribuer une bonne partie de la diminution de la capacité de production au charbon à la norme de rendement indiquée dernièrement par Environnement Canada. Cette norme s appliquera aux centrales alimentées au charbon existantes ainsi qu aux nouvelles installations de 10 MW ou plus. La norme devrait entrer en vigueur d ici le milieu de l année 2015 et «favoriser le remplacement des installations alimentées au charbon dont la durée économique tire à sa fin, l investissement dans les technologies plus propres, comme la technologie de production au gaz naturel à haute efficacité et l énergie renouvelable, et le recours à la capture et au stockage de carbone 6». 5 Office national de l énergie. Avenir énergétique du Canada Offre et demande énergétiques à l horizon 2035, novembre Environnement Canada. Communiqué de presse : Éléments clés de la mesure réglementaire proposée. Extrait le 15 mai 2012 de : L électricité au Canada

15 ONÉ Portefeuille canadien de production d électricité, Scénario de référence Source: Office natinal de l énergie Le gaz naturel est la prochaine option de production thermique la plus propre qui soit à la disposition du réseau électrique canadien. On s attend à ce que le nombre de centrales électriques au gaz naturel, devant remplacer les centrales alimentées au charbon, augmente au cours de la prochaine décennie. Le gaz naturel est un combustible plus propre que le charbon. Pour la même quantité d électricité, la production au gaz naturel produit de 40 % à 50 % moins d émissions de gaz à effet de serre qu une installation alimentée au charbon 7. De plus, les installations au gaz naturel nécessitent moins d investissements et une période de construction plus courte que les centrales électriques alimentées au charbon 8. Les découvertes récentes de gisements de gaz naturel tant au Canada qu aux États-Unis qui donnent lieu à une offre excédentaire de gaz et à des prix faibles sur le plan historique amènent les entreprises de services publics à réévaluer les investissements dans les centrales électriques au gaz naturel. 7 Office national de l énergie. Regard sur la production d électricité au charbon Note d information sur l énergie, juillet Office national de l énergie. Avenir énergétique du Canada Offre et demande énergétiques à l horizon 2035, novembre La Chambre de commerce du Canada 13

16 En s appuyant sur ces facteurs, l ONÉ prévoit que la part de la production au gaz naturel au Canada passera de 9 % en 2010 à 15 % en Compte tenu de l incidence environnementale, du coût et du risque lié aux capitaux, il semble que l augmentation de la production d électricité au gaz naturel représente la prochaine étape de la transition, qui consiste à délaisser la production d électricité à partir du charbon. Le gaz naturel est un combustible plus propre, et il est possible de construire les centrales, dans la plupart des cas, en trois à cinq ans, à condition que les pressions du public et les préoccupations environnementales ne gênent pas les décisions relatives au choix des sites. Des gazoducs bien conçus et la faiblesse récente du prix du gaz naturel ont également rendu plus intéressant le gaz comme combustible des centrales électriques. Bien que le gaz naturel constitue la prochaine étape la plus logique de la transition vers un réseau électrique fiable et moins polluant à court terme, certains recommandent de sauter complètement cette étape en faveur d un changement beaucoup plus rapide vers l adoption d un réseau électrique qui s appuie essentiellement sur l électricité renouvelable. Pour les besoins du présent document, la production d énergie renouvelable englobe un éventail de sources uniques, y compris les grandes centrales hydroélectriques alimentées par un barrage ou au fil de l eau, les parcs d éoliennes, les centrales marines (marémotrices et houlomotrices), ainsi que les centrales solaires, géothermiques et alimentées à la biomasse. La seule distinction que la présente communication fait entre les types d énergie renouvelable concerne leur capacité à fournir une énergie fiable et acheminable au réseau. Pour ces raisons, la production d hydroélectricité fait l objet d un examen séparé. Le Canada est un chef de file mondial de la production d hydroélectricité, alors qu environ 60 % de sa production totale d électricité vient de sources hydrauliques. L énergie hydraulique est une source d électricité à charge minimale polyvalente, à faible coût d exploitation et sans émission, qui contribue à maintenir la compétitivité et la stabilité des tarifs d électricité, dû au fait qu il est possible d ajuster la production des centrales hydroélectriques rapidement en fonction des fluctuations de la demande et parce qu elle n est pas soumise à la volatilité du coût des carburants. En tenant compte des projets envisagés par les services publics provinciaux, le scénario de référence prévoit une augmentation appréciable de la puissance hydroélectrique. La capacité hydroélectrique, incluant les petites centrales, passe de 75 GW en 2010 à 87 GW en Cette augmentation prend en considération beaucoup de grands projets actuellement en construction et des projets envisagés au Labrador, au Québec, au Manitoba et en Colombie-Britannique. Malgré cette hausse, la capacité hydroélectrique projetée en 2035 représente toujours environ la moitié du potentiel non exploité de 163 GW établi par l Association canadienne de l hydroélectricité. Compte tenu de toutes ses qualités, et en dépit de la croissance de l opposition des écologistes à l égard des vastes projets hydroélectriques, des arguments solides militent en faveur de politiques et d initiatives qui appuient l exploitation des ressources hydrauliques non exploitées du Canada, aussi bien pour des raisons économiques qu environnementales. Le Canada est un exportateur net d électricité. Ces exportations proviennent surtout des provinces riches en hydroélectricité et représentent généralement moins de 10 % de la production totale. La quantité d électricité exportée chaque année dépend en grande partie des conditions d hydraulicité et de l équilibre entre l offre et la demande à l échelle locale. De 2005 à 2010, les exportations annuelles se sont maintenues entre 43 TWh et 56 TWh. Pendant la même période, les importations d électricité au Canada ont varié de 17 TWh à 24 TWh. La plus grande partie des importations se produit après les heures de forte consommation, quand les prix sur les marchés avoisinants sont bas. Les projections de l ONÉ indiquent que le surplus d électricité disponible à des fins d exportation pourrait augmenter considérablement. Cela s explique par l excédant prévu et croissant d énergie propre à prix concurrentiel provenant des provinces qui produisent principalement de l hydroélectricité. À l horizon 2035, la quantité nette d électricité disponible pour l exportation atteint 44 TWh annuellement, comparativement à 25 TWh en L électricité au Canada

17 ONÉ Quantité nette d électricité disponible pour l exportation et transferts interprovinciaux, Scénario de référence Source: Office natinal de l énergie Outre ses ressources hydroélectriques abondantes, le Canada possède des ressources renouvelables considérables sous forme d énergie éolienne, solaire, marémotrice et houlomotrice et de biomasse. Ces technologies ont beaucoup évolué depuis quelques années, en dépit des défis se rattachant à la disponibilité et aux coûts. Les politiques et les mesures incitatives, comme le tarif de rachat garanti de l Ontario, ont contribué à cette croissance. L énergie éolienne a connu une forte croissance depuis quelques années. Au cours de la période à l étude, elle représente la forme d énergie renouvelable non hydroélectrique dont l apport est le plus important. La vaste capacité de stockage des installations hydroélectriques au Canada facilite le développement de l énergie éolienne, car l hydroélectricité peut alors être utilisée comme source d énergie d appoint lorsque la puissance éolienne intermittente n est pas disponible. La puissance éolienne installée totale quintuple durant la période analysée, pour atteindre 23 GW en Les ajouts les plus importants proviennent du Québec, de l Ontario et de l Alberta. La part de la production d énergie éolienne triple, passant La Chambre de commerce du Canada 15

18 de moins de 2 % de la production totale à 6 % de celle-ci en On prévoit que la puissance combinée totale de la biomasse, de l énergie solaire et de l énergie géothermique augmentera également, grâce à des ajouts de puissance nets de plus de MW durant la période à l étude. Cette croissance portera à près de 6 % la part de la production totale de ces formes d énergie en Selon les perspectives de l ONÉ, l énergie éolienne est l énergie renouvelable non hydroélectrique qui est susceptible de contribuer le plus au portefeuille d électricité du Canada. D après l Association canadienne de l énergie éolienne, le vent produit une électricité abordable et fiable dans la mesure où le Canada est maintenant le neuvième plus grand producteur d énergie éolienne du monde, compte tenu d une puissance installée de MW, ce qui représente environ 2,3 % de la demande totale d électricité au Canada. En 2011 seulement, une puissance éolienne de MW s est ajoutée aux réseaux provinciaux, ce qui représente un investissement de 3,1 milliards de dollars et la création de années-personnes d emplois. Des projets de parc éolien de plus de MW dont la mise en œuvre doit avoir lieu au Canada au cours des cinq prochaines années ont déjà été commandés. Bien que l exploitation des sources renouvelables d électricité commence à petite échelle, elle se développe très rapidement dans le monde entier. L AIE déclare que la capacité de production d énergie photovoltaïque augmente de 40 % par année depuis La quantité d énergie produite dans le monde à partir de sources renouvelables devrait augmenter de 40 % par année d ici Au Canada, la quantité d énergie éolienne produite augmente en moyenne de 60 % par année depuis L intérêt environnemental de l énergie renouvelable est important, et les sources renouvelables constitueront au fil du temps une part grandissante du portefeuille canadien de production d électricité. Toutefois, sans progrès important dans les technologies d accumulation et de stockage, il est peu réaliste de supposer pendant encore un certain temps que les sources renouvelables pourront soutenir la production de base du réseau électrique du Canada. L exception à cette conclusion pourrait résider dans la capacité du Canada de jumeler l importante production éolienne à une utilisation accrue de la production d hydroélectricité afin de profiter des avantages des deux types de production. De surcroît, 20 réacteurs nucléaires fonctionnent dans cinq différentes installations au Canada. En 2010, ces réacteurs ont produit 15 % de toute l électricité du Canada. Toutefois, en raison de la croissance des autres types de production, comme l énergie éolienne et la production des centrales au gaz naturel, l ONÉ prévoit que la part du nucléaire dans la production totale diminuera à 12 % en Ibid. 10 Ibid. 16 L électricité au Canada

19 Allemagne Étude de cas sur les politiques en matière d électricité, les investissements dans le secteur et la compétitivité Une étude de cas sur les conséquences pour la compétitivité des choix stratégiques en matière d énergie et d électricité est en cours en Allemagne. Bien que la situation ne se compare pas directement avec celle du Canada, ce qui se produit en Allemagne peut donner un aperçu des conséquences possibles pour la compétitivité des choix stratégiques en matière d énergie. L Allemagne a pour objectif de produire 80 % de son énergie à partir de sources renouvelables d ici L énergie solaire, éolienne et de biomasse représente environ 25 % de l approvisionnement du pays en électricité. Malgré cet investissement important dans l énergie éolienne et solaire, l Allemagne se trouve devant une pénurie d énergie en raison du manque de lignes de transport pour approvisionner ses centres industriels et aussi du caractère intermittent de l énergie tant éolienne que solaire. Au dire de nombreux articles de journaux, d études universitaires et de rapports du gouvernement, les tarifs d électricité en Allemagne sont orientés en hausse en raison de l abandon graduel de l énergie nucléaire et de l adoption l énergie renouvelable, rendue obligatoire par le gouvernement. Les technologies de production d énergie renouvelable ne sont toujours pas aussi économiques que les technologies traditionnelles qui emploient des combustibles fossiles. Aussi, l Allemagne devra-telle payer une prime pour son réseau d électricité hautement renouvelable. Ces tarifs d électricité plus élevés nuisent à l industrie allemande au point de dégrader sa compétitivité. D après les résultats d une enquête réalisée dernièrement par l Association of Industrial Power Industry, l Allemagne se classe au quatrième rang des tarifs d électricité industriels les plus élevés. Les entreprises industrielles paient l électricité plus de 30 % moins cher dans plusieurs pays d Asie et d Europe, et plus de 50 % moins cher aux États-Unis et en Russie. Les coûts de l énergie continuellement plus élevés en Allemagne et à l échelle de l Europe pourraient faire en sorte que des fabricants énergivores réorientent des investissements qui étaient destinés à l Europe vers des régions où les coûts sont moins élevés. Conclusion Il faudra toutes les richesses naturelles du Canada pour suivre les hausses de la demande des trois prochaines décennies. Bien qu il existe des obstacles (incidence environnementale, coût, fiabilité) pour tous les types de production d énergie, nous avons également l occasion d accroître la compétitivité du Canada en attirant des travailleurs qualifiés, des innovateurs et des entrepreneurs pour nous aider à relever les défis liés au développement de nos ressources. En trouvant des solutions qui permettront au secteur canadien de l électricité de produire une électricité à faible incidence environnementale et peu coûteuse à partir des sources abondantes et diverses du pays à l intention des marchés canadien et américain, nous améliorerons la compétitivité du Canada. Ces solutions entraîneront la création d emplois pour les travailleurs qualifiés, une meilleure réglementation, des investissements dans les activités de R., D. et D., les technologies et l infrastructure, et des réductions des émissions de gaz à effet de serre. La Chambre de commerce du Canada 17

20 Économie d énergie et gestion de la demande Traditionnellement, l analyse de rentabilisation de l économie d énergie repose sur la capacité qu ont les entreprises industrielles et les particuliers de diminuer leurs coûts en réduisant leur consommation, et la possibilité qu ont les sociétés d énergie d éviter les coûts de l augmentation de la production puisque la demande a baissé. Bien que les programmes d économie aient connu quelques succès, ils dépendent du transfert de coûts plus élevés aux consommateurs et ne permettent pas de tirer profit de l électricité ainsi économisée pour la vendre comme un produit énergétique sur le marché d exportation. Il existe une opinion à peu près générale selon laquelle la gestion de la demande est un facteur important à l égard de la réponse à la demande d électricité à long terme, alors que la plupart des intervenants estiment qu il est souvent moins cher d économiser une unité d énergie électrique que de l acheter ou de la produire. La gestion de la demande englobe les programmes d économie d énergie, comme les programmes de vérification de la consommation d énergie et les programmes de subventions destinés aux équipements et aux appareils à haut rendement énergétique qui sont généralement financés par les entreprises de services publics ou les gouvernements. Traditionnellement, les activités de gestion de la demande sont conditionnées par des tarifs d électricité plus élevés, par l émergence de nouvelles technologies à haut rendement énergétique et par les programmes gouvernementaux visant à encourager l adoption de ces technologies. Dans l ensemble, les technologies éconergétiques sont versatiles et peuvent prendre place dans les résidences, les entreprises industrielles et les commerces. D ordinaire, les consommateurs industriels et commerciaux profitent de leurs investissements dans les technologies éconergétiques grâce à la diminution du coût des intrants énergétiques et à une période de récupération assez courte. Quant aux consommateurs résidentiels, la période de récupération de leur mise de fonds est souvent trop longue pour que les économies constituent un stimulant efficace. La gestion de l appel de puissance tire parti de la tarification au compteur horaire pour offrir aux clients la possibilité de réduire leur consommation pendant les périodes de pointe. En déplaçant la consommation d électricité vers les périodes creuses, les consommateurs industriels bénéficient de la gestion de l appel de puissance en réduisant leurs coûts d électricité. Les progrès de la technologie des compteurs rendent la gestion de l appel de puissance et la tarification au compteur horaire rentable pour les consommateurs résidentiels aussi. La sécurité de l approvisionnement, l amélioration de la fiabilité et les gains environnementaux indirects obtenus des réductions des émissions figurent parmi les avantages liés à l efficacité énergétique et à la gestion de la demande. L amélioration de la gestion des charges d énergie électrique grâce aux gains de rendement et à la baisse de la demande pourraient diminuer la nécessité d investir dans les infrastructures des centrales électriques et les lignes de transport. L ACÉ estime que la gestion de la demande pourrait facilement réduire de MW la consommation d électricité à l échelle du Canada d ici Les économies réalisées dans le cadre de ces programmes pourraient entraîner une capacité de production excédentaire et permettre de vendre l énergie sur les marchés d exportation. 11 Association canadienne de l électricité. La production d électricité au Canada : Petit guide, L électricité au Canada

21 Les programmes de gestion de la demande et d efficacité énergétique deviendront plus efficaces lorsque les arguments en faveur de l économie passeront des économies pour les consommateurs (bien que ce facteur soit important) à une analyse de rentabilisation claire qui démontre que la baisse de la demande d électricité sur le marché intérieur engendre de l électricité excédentaire que l on peut vendre à profit sur le marché d exportation. Les entreprises de services publics doutent souvent des programmes d efficacité énergétique parce qu elles craignent l éventualité de perdre des revenus en raison de la baisse de la demande et de payer pour la commercialisation du programme. En reformulant l argument pour la diminution de la demande pour qu il la présente comme un moyen d accroître l approvisionnement destiné à l exportation, on apaiserait en partie cette préoccupation. Interconnexions interprovinciales des réseaux électriques Les réseaux électriques interconnectés forment la base d un marché de concurrence qui permet aux provinces, aux territoires et aux entreprises d importer de l énergie pendant les périodes de pointe et d exporter l énergie excédentaire pendant les périodes creuses. Étant donné la géographie, les entreprises de services publics ont configuré les réseaux de façon à acheminer l énergie suivant un axe nord-sud plutôt qu un axe est-ouest. Cette configuration nord-sud est renforcée par le fait que la majorité des ressources en électricité se situe dans la partie nord du pays, tandis que les agglomérations et les marchés de l électricité se trouvent au sud, près de la frontière américaine. Les traits apparaissant sur la carte ci-dessous représentent les principales lignes de transport (de 345 kilovolts ou plus) d Amérique du Nord. La carte illustre clairement le fait qu il n existe pas actuellement de grande ligne de transport capable de transporter l électricité d un bout à l autre du pays suivant un axe est-ouest. Elle montre également qu il est peu probable que l important potentiel hydroélectrique du nord-ouest soit mis en valeur, à moins de pouvoir raccorder d éventuels aménagements hydroélectriques d une manière ou d une autre à un réseau capable d acheminer l électricité vers des marchés de l électricité où la demande existe. La Chambre de commerce du Canada 19