Les jeunes adultes québécois, l épargne et l investissement: Pratiques, connaissances et attitudes. Marie J. Lachance Jacinthe Cloutier
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- Jacqueline Dussault
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1 Les jeunes adultes québécois, l épargne et l investissement: Pratiques, connaissances et attitudes Marie J. Lachance Jacinthe Cloutier Dossier consommation no 16 Juin 2009 Fonds pour l éducation et la saine gouvernance
2 2 Jeunes adultes, épargne et investissement Dossier consommation no 16 La collection Dossier consommation est destinée à rendre disponibles les ressources utiles aux études et aux recherches dans le domaine de la consommation Pour information : Courriel : marie.lachance@eac.ulaval.ca Tél. : poste 3477 Adresse postale : 4310C pavillon Paul-Comtois EAC, FSAA 2415 rue de l agriculture Université Laval Québec, Qc, Canada G1V 0A6 Maquette de la couverture Larry Leclerc et Bernard Pouliot Copyright Droits réservés de Marie J. Lachance 2009 Dépôt légal Bibliothèque nationale du Québec, 2009 ISSN X ISBN (imprimé) ISBN (PDF) Note : Lorsque pertinent, l emploi du masculin est utilisé sans discrimination dans le seul but d alléger le texte.
3 Faits saillants 3 FAITS SAILLANTS Pratiques d épargne o Près de 60% des jeunes Québécois de 18 à 29 ans qui ont été interrogés détiennent de l épargne pour un montant moyen qui représente en moyenne 34,4 % de leur revenu annuel brut; o Parmi ceux qui ont de l argent de côté, 62,4% rapportent épargner régulièrement et le quart de ceux-ci le fait sur une base bimensuelle; o Près du tiers (32,5 %) des répondants a indiqué avoir un fonds de pension ou de retraite avec l employeur; o Un peu moins de la moitié (45,5 %) affirme détenir un fonds d urgence mais, pour une minorité de ceux-ci (28,1 %), ce montant équivaut à trois mois de salaire; o Parmi ceux qui ont un fonds d urgence dont le montant est équivalent à trois mois de salaire ou plus, seulement 15 % croient qu il est suffisant pour parer aux imprévus; o Parmi ceux qui détiennent un fonds d urgence dont le montant est inférieur à trois mois de salaire, 41,6 % croient qu il est suffisant pour parer aux imprévus; o En moyenne, les épargnants détiennent deux produits de placement. Le REÉR est le plus populaire suivi par les certificats de placement garanti (CPG) / dépôts à terme; o Pour plus de la moitié de l échantillon, les parents sont ou ont été la principale source d influence à épargner; o Plus de deux jeunes adultes sur trois ont été encouragés à épargner par leurs parents et considèrent que ces derniers ont été de bons exemples en matière d épargne. o 49,9 % ont déjà discuté avec un professionnel du domaine financier; Déterminants de la propension à épargner o Les caractéristiques qui déterminent qui est le plus susceptible de détenir de l épargne sont, en ordre décroissant d importance : Avoir déjà discuté d épargne avec un professionnel du domaine financier; Avoir suivi un cours sur les finances personnelles à l école secondaire; Avoir de la difficulté à faire confiance aux professionnels du domaine financier pour être conseillé adéquatement; Avoir fréquenté l école pendant un plus grand nombre d années; Montrer une attitude positive envers l épargne et l investissement; Avoir un revenu annuel brut plus élevé; Avoir débuté à un jeune âge à posséder de l argent de poche; N avoir aucune dette d études; Avoir un travail rémunéré. Raisons d épargner ou de ne pas épargner o Les principales raisons mentionnées pour mettre de l argent de côté sont, en ordre de popularité : 1. Pour un projet qui tient à cœur; 2. Pour les imprévus ou les urgences; 3. Pour devenir plus à l aise financièrement.
4 4 Jeunes adultes, épargne et investissement o Les principales raisons mentionnées pour ne pas mettre de l argent de côté sont, en ordre de popularité : 1. Par manque de revenu; 2. Priorité au remboursement des dettes. Connaissances sur l épargne et l investissement o Le score moyen obtenu par l ensemble de l échantillon à un test mesurant les connaissances sur l épargne et l investissement est de 52,2 %; o Les sujets qui ont de l argent de côté ont obtenu un score moyen de connaissances plus élevé (56,7 %) que ceux qui n en ont pas (45,5 %); o Les jeunes adultes qui ont obtenu les meilleurs scores de connaissances sont plus susceptibles d être de sexe masculin, nés au Canada, d avoir une scolarité et un revenu plus élevés, d avoir déjà discuté d épargne avec un professionnel du domaine financier, de montrer une attitude favorable envers l épargne, et d avoir suivi un cours sur les finances personnelles ailleurs qu à l école secondaire; o La majorité des jeunes adultes désire en savoir plus sur les moyens de mettre de l argent de côté (70 %) et sur les placements (67,5 %). Perceptions envers l épargne et l investissement o La très grande majorité des répondants est d avis qu il est important de mettre de l argent de côté (94,8 %) et est d accord avec l idée que c est une nécessité (88,8 %); o La moitié (50,3 %) se dit prête à se priver de certains plaisirs afin de pouvoir mettre de l argent de côté; o Les jeunes adultes qui présentent l attitude la plus favorable envers l épargne sont plus susceptibles d être de sexe féminin, de ne pas avoir de dettes d étude, d avoir été encouragés à épargner par leurs parents, d avoir déjà discuté d épargne avec un professionnel du domaine financier, et d avoir le sentiment qu il est facile de trouver de l information fiable sur les placements; o Un peu plus du tiers des répondants croit qu on peut se fier aux professionnels du domaine financier pour obtenir des conseils adéquats (34,4 %) et est d avis qu il est facile d obtenir de l information fiable à ce sujet (37,7 %). Respectivement 31,5 % et 24 % croient le contraire; o Un peu plus de la moitié des sujets affirme que l on peut avoir confiance dans les institutions financières pour déposer ses épargnes et faire des placements (54,7 %) mais que l information sur les possibilités de placement est difficile à comprendre (54 %).
5 Avant-propos 5 AVANT-PROPOS Premier compte-rendu des résultats de la recherche, ce document expose une série de constats accompagnés d une discussion qui pourra paraître relativement sommaire à certains égards. Il s agit d une première réflexion et elle n est donc pas complètement aboutie. D autres analyses statistiques pourraient être menées. Une ou des publications futures, mettant l accent sur l un ou l autre des différents aspects abordés ou de nouveaux, en présenteront une discussion plus détaillée et plus approfondie. Les recherches canadiennes et québécoises sur les finances personnelles sont relativement rares et le financement ardu à obtenir. C est pourquoi je veux remercier en tout premier lieu l Autorité des marchés financiers qui nous a permis de réaliser cette étude sur les jeunes adultes québécois, l épargne et l investissement et les féliciter de mettre à la disposition des chercheurs un fonds récurrent pour financer des études et des projets éducatifs dans le domaine des finances personnelles. Je veux remercier Jacinthe Cloutier, bachelière en science de la consommation et étudiante à la maîtrise en mesure et évaluation à l Université Laval, qui a travaillé comme assistante de recherche. Motivée et efficace, elle n a ménagé ni son temps ni ses efforts et a grandement contribué à l aboutissement de ce rapport. Je veux aussi saluer la collaboration de Nadia Poulin, assistante de recherche, de mes collègues des organisations de consultations budgétaires qui ont participé aux premières étapes de la recherche et celle de Caroline Lévesque, chargée de projet pour la firme qui a menée la collecte de données en ligne. Je m en voudrais de passer sous silence la collaboration indéfectible de mes collègues Jocelyne Lévesque, Pierre Beaudoin et Jean Robitaille qui, à un moment ou un autre, ont accepté de me donner leur avis ou de partager leur expertise. Marie J. Lachance Responsable de la recherche
6 6 Jeunes adultes, épargne et investissement
7 Table des matières 7 TABLE DES MATIÈRES FAITS SAILLANTS... 3 AVANT-PROPOS... 5 LISTE DES TABLEAUX ET DES FIGURES... 8 INTRODUCTION... 9 RECENSION DES DONNÉES DISPONIBLES LES CONNAISSANCES SUR L ÉPARGNE LES ATTITUDES ENVERS L ÉPARGNE ET LES INSTITUTIONS LES PRATIQUES EN MATIÈRE D ÉPARGNE Tendances à l épargne Produits d épargne et d investissement détenus LES SOURCES D INFLUENCE LES MOTIVATIONS À ÉPARGNER DÉTAILS MÉTHODOLOGIQUES DE LA RECHERCHE LE PROFIL DES SUJETS RÉSULTATS ET DISCUSSION LES PRATIQUES D ÉPARGNE Épargne et fréquence de l épargne La propension à épargner et ses déterminants LES PRODUITS D ÉPARGNE ET D INVESTISSEMENT Comptes, assurances et hypothèque Fonds de pension et régime enregistré d épargne retraite Fonds d urgence Produits de placement LES SOURCES D INFLUENCE À ÉPARGNER LE NIVEAU DE CONNAISSANCE SUR L ÉPARGNE ET L INVESTISSEMENT Connaissances Déterminants du niveau de connaissance LES ATTITUDES ENVERS L ÉPARGNE Déterminants de l attitude envers l épargne et l investissement LES RAISONS D ÉPARGNER LES RAISONS DE NE PAS ÉPARGNER LA CONFIANCE ET LES BESOINS D INFORMATIONS LIMITES DE L ÉTUDE CONCLUSIONS RÉFÉRENCES... 51
8 8 Jeunes adultes, épargne et investissement LISTE DES TABLEAUX ET DES FIGURES Tableau 1. Résultats de l analyse de régression logistique binomiale concernant la probabilité d avoir de l argent de côté (n = 776)...23 Tableau 2. Produits financiers détenus par les sujets (n = 966)...25 Tableau 3. Produits de placement détenus par les sujets (n = 575)...28 Tableau 4. Taux de réussite aux neuf items portant sur les connaissances en matière d épargne et d investissement...32 Tableau 5. Résultats de l analyse de régression OLS concernant les connaissances en matière d épargne et d investissement (n=786)...35 Tableau 6. Attitudes envers l épargne et l investissement (n = 966)...39 Tableau 7. Résultats de l analyse de régression OLS concernant l attitude envers l épargne et l investissement (n=786)...41 Tableau 8. Raison principale d épargner (n = 575)...42 Tableau 9. Raisons expliquant le mieux l absence d épargne (n = 391)...44 Figure 1. Sources d influence à épargner (n = 575)...30
9 Introduction 9 INTRODUCTION De 1992 à 2007, le taux d épargne personnelle de la population québécoise a considérablement chuté, passant de 11,9 % à 1,4 % du revenu disponible (Statistique Canada, 2008). En 2008, il est passé à 1,7 %, mais il est trop tôt pour spéculer sur une éventuelle remontée (Institut de la statistique du Québec, 2008a). La même tendance est observée chez l ensemble des Canadiens avec des taux de 13 % en 1992 et de 1,5 % en 2007 (Statistique Canada, 2008). En fait, ce sont 25 % des Canadiens qui n épargnent pas du tout, que ce soit pour la retraite ou tout autre projet (Association des comptables généraux accrédités du Canada, 2007). Selon Économie Canada (2002), les compétences économiques concernent les concepts, attitudes et pratiques essentiels pour assumer ses décisions et ses actions d ordre économique avec confiance et efficacité. Dans le rapport du Symposium national sur la capacité financière, il est en outre précisé que ces compétences doivent permettre à l individu d être au fait des occasions sur le plan financier, de savoir où obtenir de l aide, de faire des choix éclairés et de prendre des mesures efficaces pour améliorer son bien-être financier (Gouvernement du Canada, 2005). En plus de décisions courantes reliées au crédit et à l épargne il faut, par exemple, planifier les études postsecondaires, la sécurité financière en cas de maladie et la retraite. Les individus auront, dans l avenir, à prendre davantage de décisions financières qui seront plus complexes et, pour ce faire, ils auront besoin de connaissances, d habiletés mais aussi d avoir confiance en leurs capacités et dans le marché pour bien gérer leurs finances personnelles et familiales. Les services financiers et gouvernementaux évoluent rapidement dans une direction qui nécessite que les consommateurs comprennent bien les avantages et les prestations auxquels ils ont droit et qu ils prennent des décisions éclairées à cet égard (Gouvernement du Canada, 2005). De plus, les fraudes financières et les violations de l éthique qui sont rapportées dans les médias peuvent contribuer à rendre les consommateurs confus et méfiants face au marché de l épargne et de l investissement et risquent de décourager certains consommateurs d épargner et de trouver les meilleurs véhicules pour le faire.
10 10 Jeunes adultes, épargne et investissement Une enquête récente d Option consommateurs brossait un portrait peu flatteur des représentants en valeurs mobilières (Bérubé, 2007). Selon le scénario et les critères utilisés, les 39 représentants rencontrés ont été jugés incompétents sur différents plans. Ceci affecte certainement toute la population mais plus particulièrement les jeunes puisqu ils vivent une période de socialisation encore très intense, développant leurs attitudes et leurs comportements à l égard de tout ce qui concerne leur établissement comme adultes autonomes dans notre société (Ward, 1974). Non seulement l espérance de vie s accroît mais les études sont plus longues qu auparavant ce qui favorise l accumulation de dettes d études, de même que le nombre d années nécessaires à leur remboursement laissant ainsi moins d années de vie active pour accumuler les épargnes à investir dans la sécurité ou la retraite (Faulcon Bowen & Jones, 2006). Il faut souligner que les jeunes de la génération «Y» sont susceptibles d hériter de montants beaucoup plus substantiels que la génération adulte actuelle (Godfrey & Streeter, 2002) et, le moment venu, devront pouvoir assurer la sécurité de ces avoirs. Les décisions financières prises tôt dans la vie affectent les probabilités de devenir un adulte financièrement confiant et qui est davantage capable de contribuer au bien-être des communautés et à leur développement économique et social (Gouvernement du Canada, 2005; Hilgert, Hogarth & Beverly, 2003). Ainsi, l amélioration des compétences financières peut avoir des répercussions positives sur l inclusion sociale en augmentant le nombre de personnes profitant des services de base et sur la réduction des obstacles financiers personnels à la constitution d actifs. L accroissement de ces compétences peut donc contribuer à la constitution d un marché plus grand et plus dynamique pour le secteur des services financiers. Elle peut aussi renforcer l efficacité de l exécution des programmes gouvernementaux, augmenter les chances de réussite de ces programmes et fournir des options en matière financière qui permettent la réduction de recours à certaines prestations de l État (Gouvernement du Canada, 2005). Les spécialistes s entendent pour affirmer que des programmes éducatifs bien ciblés peuvent être efficaces pour augmenter les connaissances, développer les habiletés et influencer les attitudes qui rendent les gens confiants et capables de contrôler leur vie
11 Recension des données disponibles 11 financière (Faulcon Bowen & Jones, 2006). Malgré plusieurs initiatives, il est difficile d établir des politiques et des programmes efficaces puisque les données sur les finances personnelles et particulièrement sur les compétences des jeunes adultes dans le domaine de l épargne sont rares ou ont été réalisés à l étranger. On connaît donc mal les caractéristiques des jeunes Québécois dans ce domaine et, conséquemment, leurs besoins d éducation spécifiques de même que les canaux qui seraient les plus efficaces pour dispenser de l information adéquate et une éducation de qualité à ce sujet. Une étude sur l épargne, incluant certains aspects reliés à l investissement, semblait donc pertinente afin d évaluer la situation des jeunes adultes québécois en termes de connaissances, d attitudes et de pratiques qui y sont reliées. Elle fait suite à une étude qui a porté sur les mêmes aspects mais qui concernait le crédit et l endettement chez les Québécois du même groupe d âge (Lachance, Beaudoin & Robitaille, 2005a, 2005b, 2006). Le présent rapport présente les données obtenues au terme de l enquête sur questionnaire effectuée en ligne en RECENSION DES DONNÉES DISPONIBLES Les connaissances sur l épargne Étant donné le peu d études concernant les jeunes adultes et l épargne, la recension qui suit inclut des données concernant certains autres groupes de jeunes et la population en général. Selon Tennyson et Nguyen (2001), les connaissances en matière financière se divisent en plusieurs catégories, soit celles qui concernent le revenu; la gestion, l épargne et l investissement et, finalement, les dépenses et les dettes. En général, on constate que les jeunes adultes ont peu de connaissances en matière de finances personnelles, plus particulièrement sur les produits financiers. Ainsi, dans une étude canadienne, les sujets âgés de 18 à 24 ans ont obtenu un score moyen de 35 % à un test sur les connaissances en finances personnelles, comparativement à 42 % pour la population adulte générale (FACEF, 2001). Aux États-Unis, une majorité de répondants de 18 ans et plus a obtenu un résultat élevé aux
12 12 Jeunes adultes, épargne et investissement questions concernant la gestion des liquidités, mais seulement un tiers d entre eux a obtenu un score élevé à celles portant sur l épargne et un cinquième, à celles sur l investissement (Hogarth, Beverly et Hilgert, 2003). Des adolescents américains et coréens ont obtenu un score de 57,6 % à un test mesurant les compétences financières en général (OCDE, 2005). Quant aux données sur les sources d information les plus courantes ou les plus efficaces pour développer les connaissances dans ce domaine, elles sont peu abondantes. Une étude réalisée au Québec a montré que les parents et les expériences personnelles constituent des sources principales d apprentissage en matière de finances personnelles moins efficaces, par rapport aux connaissances sur le crédit et l endettement, que les cours suivis à l école ou ailleurs, les conseillers financiers et les médias. Ces dernières sources étaient toutefois les moins citées par les répondants (Lachance et al., 2005a, 2005b). Les attitudes envers l épargne et les institutions L attitude est une tendance psychologique exprimée en évaluant favorablement ou défavorablement une entité en particulier. Le terme tendance réfère à un état de courte durée, l attitude pouvant changer dans le temps. L évaluation est le fait d imputer un degré «bon ou mauvais» à cette entité (Eagly & Chaiken, 1993). Les recherches sur l attitude envers l épargne, l investissement ou les institutions financières sont, elles aussi, peu nombreuses. Dans un échantillon de jeunes anglais âgés entre 16 et 21 ans, les plus vieux montraient une attitude plus positive envers l épargne et ils avaient plus de connaissances à ce sujet que les plus jeunes (Furnham & Goletto-Tankel, 2002). De plus, il y avait une corrélation positive entre la compréhension que les jeunes ont de l épargne et l attitude envers celle-ci. Au Canada, les adultes francophones catholiques accordent plus d importance au fait d économiser de l argent que les anglophones protestants. De plus, il semblerait que moins les gens épargnent et plus ils valorisent l enseignement de celle-ci (Anderson & Nevitte, 2006). Ainsi, les parents ayant eu des problèmes monétaires seraient davantage portés à enseigner les vertus de l épargne à leur progéniture. Un sondage sur la littératie financière
13 Recension des données disponibles 13 rapportait que les adultes Australiens avaient une attitude positive envers la planification de leurs finances personnelles. Ainsi, 84 % d entre eux considéraient qu il est important de planifier ses finances à long terme et 83 %, à court terme (ANZ, 2005). Une étude effectuée en 2005 pour l Association des banquiers canadiens rapportait que 77 % des Canadiens avaient une impression favorable des banques, comparativement à 59 % en Plus de 80 % ont dit faire confiance à leur banque pour la gestion de leurs besoins financiers et la même proportion, pour leur fournir des conseils utiles dans ce domaine. Les pratiques en matière d épargne Tendances à l épargne Un récent sondage effectué par la firme Léger Marketing indiquait que 62 % des jeunes Québécois de 18 à 30 ans préféraient utiliser l argent qui leur restait après avoir payé les comptes pour se faire plaisir plutôt que de l économiser et près du tiers disait épargner 0 % de leur salaire (Martin, 2006). Chez les adultes en général, moins de 50 % des Américains déclaraient épargner régulièrement à toutes les payes (Hilgert et al., 2003). Près de 70 % des Australiens affirmaient essayer d épargner régulièrement (ANZ, 2005). Produits d épargne et d investissement détenus Fonds d urgence Un fonds d urgence est composé des liquidités que l on accumule et conserve dans le but de faire face à des situations d urgence totalement imprévisibles dans la planification budgétaire telles que la perte d emploi ou la maladie (Bi & Montalto, 2004; Hilgert et al., 2003; Parthenais, 2001; Rodriquez-Flores & DeVaney, 2007). Les jeunes Canadiens et les adultes d âge moyen semblent avoir de la difficulté à composer avec les imprévus financiers, peu importe leur envergure (Association des comptables généraux accrédités du Canada, 2007). La carte de crédit ou la marge de crédit apparait comme le moyen privilégié pour régler une facture ou une dépense imprévue. C est le cas pour 38 % des répondants qui doivent débourser inopinément 500 $ et pour 30 % de ceux qui doivent débourser $.
14 14 Jeunes adultes, épargne et investissement Fonds de retraite Les individus peuvent épargner en prévision de la retraite en cotisant dans un fonds avec leur employeur ou en déposant des épargnes dans un régime enregistré d épargne retraite, appelé couramment REÉR. Bien que l on encourage les gens à amasser de l argent le plus tôt possible afin d avoir un fonds de retraite qui leur permettra de conserver un niveau de vie acceptable, plus du tiers (35 %) des travailleurs québécois et des personnes partiellement retraitées n a pensé sérieusement qu à partir de 40 ans à mettre de l argent de côté pour la retraite (Picard, 2006). Un sondage réalisé par RBC Groupe Financier rapportait que la situation par rapport aux REÉR se serait améliorée chez les jeunes de 18 à 34 ans. En effet, au moment du sondage, 62 % d entre eux détenaient des REÉR alors que la proportion n était que de 44 % cinq ans auparavant (La Presse canadienne, 2006). Pourtant, ce ne sont que 10 % des 18 à 24 ans qui ont rencontré un planificateur financier pour évaluer leurs besoins à la retraite (FACEF, 2001). Il est possible que la proportion soit plus élevée chez les 25 à 34 ans, stade où plus de jeunes obtiennent un emploi à temps plein ou ont acquis une certaine expérience de travail leur permettant d avoir un statut d emploi plus appréciable et, conséquemment, un meilleur salaire. Les sources d influence En dépit du peu d études disponibles sur la question, les parents apparaissent comme une référence et une source d éducation importante en matière de finances personnelles et de leur gestion. Au Québec, 37,8 % des jeunes francophones âgés de 18 à 29 ans ont mentionné leurs parents comme principale source d apprentissage en matière de finances personnelles (Lachance et al., 2006). En France, environ 80 % des jeunes âgés de 15 à 20 ont déclaré demander conseil à leurs parents en ce qui a trait à la gestion de l argent, comparativement à 50 % qui rapportent le faire auprès de leurs amis (Institut pour l éducation financière du public, 2006). Il semble que le rôle parental contribue grandement à éduquer les jeunes en matière financière. En effet, les parents sont souvent un bon exemple à suivre en matière de gestion quotidienne de l argent (Lachance & Choquette-Bernier, 2004) et ils effectuent un bon suivi
15 Recension des données disponibles 15 sur les comptes de leurs enfants (Institut pour l éducation financière du public, 2006). Webley et Nyhus (2006) ont constaté que le montant qu un enfant épargne est en corrélation, entre autres, avec le montant que les parents ont épargné et à la socialisation économique parentale, c est-à-dire avec le fait qu ils ont encouragé leurs enfants à ouvrir un compte bancaire, à obtenir de l argent personnel à l adolescence et qu ils ont discuté d épargne avec eux. Selon une étude réalisée pour le compte de la Banque Laurentienne, le fait de parler d épargne à ses enfants augmenterait de 50 % le taux de souscription au REÉR chez les jeunes de 20 à 29 ans (Tison, 2006). Parmi les sujets ayant été sensibilisés à l épargne par leur parents, 46 % ont cotisé à un REÉR comparativement à 32 % des jeunes dont les parents ont peu ou aucunement abordé la question de l épargne. Pourtant, épargner pour la retraite ne représente que de 41 % des sujets abordés par les parents. Selon l Institut pour l éducation financière du public (2006), les étudiants prendraient davantage conseil auprès des banques à mesure qu ils vieillissent, soit 23 % chez les ans, 50 % à 18 ans, 56 % à 19 ans et 59 % à 20 ans. Chez les adultes canadiens de 18 ans et plus, 41 % disent avoir consulté le directeur ou le conseiller de leur succursale financière au cours de la dernière année (Agence de la consommation en matière financière du Canada, 2006). Dans leurs cas, l assistance professionnelle (82 %) était plus souvent utilisée que celle des amis ou de la famille (40 %). Dans une autre étude réalisée par TD Waterhouse, seulement 10 % des jeunes épargnants de 18 à 24 ans avaient effectué un plan financier à l aide d un spécialiste, comparativement à 38 % de l ensemble de la population (Tison, 2007). Les motivations à épargner Selon certaines études, la raison la plus souvent invoquée par les adultes Australiens et les Anglais de 18 ans et plus pour mettre de l argent de côté, est d épargner par précaution, pour parer aux «mauvais» jours (Canova et al., 2005; Harris et al., 2002). Dans l étude de Harris et ses collaborateurs (2002), les sujets déclaraient aussi épargner pour l éducation sauf ceux dont le revenu était inférieur à $ et ceux pour qui la retraite et les vacances étaient des raisons prédominantes de mettre de l argent de côté. La préparation de la retraite est aussi un motif répandu et il semble qu à mesure que le revenu augmente, cette motivation
16 16 Jeunes adultes, épargne et investissement prend de l importance. Une étude effectuée en France rapportait que 41 % des sujets d un échantillon de jeunes de 15 à 20 ans épargnaient «pour plus tard» alors que 38 % le faisaient pour réaliser un projet ou effectuer une grosse dépense, dont 54 % chez les jeunes de 18 ans (Institut pour l éducation financière du public, 2006). Chez les ans, les vacances et les biens durables sont les raisons les plus importantes de mettre de l argent de côté suivies par l achat d une maison et payer les dettes (Harris et al., 2002). DÉTAILS MÉTHODOLOGIQUES DE LA RECHERCHE Les connaissances, attitudes et pratiques liées à l épargne et à l investissement ont été évaluées auprès d un échantillon de 966 jeunes adultes québécois au moyen d un questionnaire posté dans Internet entre le 13 et le 27 juin Le questionnaire a été administré par une firme spécialisée en sondage. Les personnes ciblées provenaient de listes de courriels achetées à cette fin auprès de compagnies spécialisées. En tout, trois vagues d envois et de rappels ont été effectués. Les participants avaient le choix de répondre à la version francophone ou anglophone du questionnaire. Le temps nécessaire pour compléter le questionnaire était, en moyenne, de 12 minutes. Comme incitatif, les participants obtenaient une chance de participer à un tirage permettant de gagner un prix en argent. En tout, participants ont été invités à participer et 966 questionnaires complets ont été reçus, résultant en un taux de réponse de 10,3 %. Le questionnaire compte 40 questions. Certaines d entre elles comportant des sousquestions, l instrument totalise 80 items. Pour évaluer le niveau de connaissances minimal des sujets, neuf questions ont été posées concernant l épargne et l investissement. Ces questions ont été préalablement évaluées par quatre personnes compétentes dans le domaine (un planificateur financier, deux conseillers budgétaires et un spécialiste universitaire de l éducation en finances personnelles) et pré-testées pour leur compréhension auprès d un groupe de sujets d âge équivalent à la population visée (n=10). Les sujets pouvaient répondre par «Vrai», «Faux» ou «Je ne sais pas», ce dernier choix visant à éviter, autant que possible, que la bonne réponse ne soit le fruit du hasard. De plus, une note indiquait que ce qu ils ignoraient était tout aussi important pour les chercheurs que ce qu ils savaient.
17 Détails méthodologiques de la recherche 17 D autres items portaient sur les perceptions des sujets à l égard de l épargne, des institutions et des professionnels du domaine ainsi que de l information disponible à ce sujet. Les pratiques, les sources d apprentissage et les produits d épargne détenus, les raisons d épargner ou de ne pas épargner et finalement les montants épargnés ont été relevés. En dernier lieu, des questions portaient sur les caractéristiques socioéconomiques des sujets tels que l âge, le sexe, le revenu personnel et du ménage le cas échéant, le niveau de scolarité ainsi que la situation de vie, de travail ou d étude. Le profil des sujets L échantillon final est composé de 966 sujets âgés entre 18 et 29 ans et dont l âge moyen est de 24,2 ans (E.T. = 3,1). Ils proviennent des différentes régions du Québec, majoritairement des régions de Montréal et Laval (49,6 %), puis de la Capitale-Nationale (15,2 %) et de la Montérégie (8 %). Les femmes constituent 67,5 % de l échantillon. Le nombre moyen d années de scolarité est de 13,5 (E.T. = 2,2). Le tiers (33,1 %) des sujets a fréquenté l université et 38,7 %, le cégep, et ce, au moins une année. La majorité des répondants (92,9 %) a rempli la version francophone du questionnaire. Parmi les personnes interrogées, 42,1 % vivent en couple avec ou sans enfants, 17,6 % vivent seules, 22,9 % vivent chez leurs parents et 12,8 %, avec un ou des colocataires. Un peu moins de 20 % ont un ou plusieurs enfants à charge avec une moyenne de 1,6 enfant par ménage. Plus de la moitié des répondants a rapporté être travailleur à temps complet (42 %) ou partiel (10,7 %). Vingt-et-un pourcent étaient aux études à temps complet ou partiel, sans travail rémunéré. Au cours des douze derniers mois, près de 12 % cumulaient les deux occupations tandis que 12 % ont déclaré être sans travail rémunéré (maladie, congé parental, assurance-emploi ou autres). Plus de 82,6 % des répondants ont déclaré un revenu annuel brut personnel (avant impôts et déductions, incluant une pension alimentaire et des allocations familiales, mais excluant les prêts étudiants) dont la moyenne se chiffre à ,76 $ (E.T. = ). Le revenu familial annuel brut de ceux ayant déclaré vivre en couple varie de 940 $ à $, avec une moyenne de ,63 $ (E.T. = ). Pour les personnes dont le revenu provient d un travail à temps plein ou partiel, la moyenne se situe à ,80 $ (E.T. = ). En moyenne, l âge auquel les sujets ont débuté à avoir de l argent de poche est de
18 18 Jeunes adultes, épargne et investissement 13,2 ans (E.T. = 2,9), l étendue étant de 4 à 25 ans. C est à 12 ans que les répondants sont plus nombreux à avoir commencé à posséder leur propre argent, soit 20,5 % de l échantillon total. Il est intéressant de noter que 5,3 % n ont débuté à avoir de l argent à eux qu entre 18 et 25 ans. RÉSULTATS ET DISCUSSION Les pratiques d épargne Épargne et fréquence de l épargne Parmi nos répondants, 59,5 % ont affirmé détenir de l épargne. Une récente étude canadienne, menée elle aussi en ligne auprès de jeunes de 18 à 29 ans, rapporte que 64 % des jeunes Canadiens ont actuellement de l argent de côté pour l avenir (Agence canadienne en matière financière ACFC, 2008). Sans comparer formellement les deux résultats 1, ceci peut suggérer que les jeunes Canadiens soient légèrement plus portés sur l épargne que les Québécois. Ceci s alignerait sur la tendance observée chez les adultes. En effet, entre 1981 et 2007, le taux d épargne des Québécois a été, la majorité du temps, plus bas que celui des Canadiens (Statistique Canada, 2008). Dans la présente étude, 48,6 % des épargnants ont rapporté le montant total approximatif de l argent qu ils avaient de côté. La moyenne de ce montant est de 8 837,22 $ (E.T. = ). Cette moyenne constitue 34,4 % de leur revenu personnel brut moyen, ce qui est élevé comparativement à ce que détient la population adulte en général. En effet, le taux d épargne personnel chez les Québécois était, en 2008, de 2,1 % du revenu disponible (Institut de la statistique du Québec, 2009), ce qui correspondrait à un pourcentage encore plus faible s il était calculé sur le revenu brut. Plusieurs raisons peuvent expliquer cet écart. D abord, il faut tenir compte de l écart type de la moyenne de notre échantillon qui est élevé et qui signifie que la différence est grande entre le plus bas montant moyen épargné et le plus élevé. De plus, le revenu moyen rapporté étant faible comparativement à la population générale, un montant d épargne donné en représente une plus forte proportion. 1 La méthode de cueillette en ligne utilisée dans les deux cas ne permet pas de confirmer, hors de tout doute, la représentativité des échantillons. De plus, une formulation différente des questions pertinentes peut contribuer à générer des pourcentages différents.
19 Résultats et discussion 19 Une analyse des taux d épargne en fonction de différentes tranches de revenus aide aussi à mieux comprendre ce résultat. Dans la présente recherche, trois groupes se distinguent en rapport avec le taux d épargne. La plus grande proportion de ceux qui ont de l argent de côté se retrouve dans le premier groupe, soit ceux qui épargnent 10 % ou moins de leur revenu (23,1 % des épargnants et 13,8 % de l échantillon) et, dans le deuxième groupe, ceux épargnant entre 11% et 20 % (15,5 % des épargnants et 9,2 % de l échantillon). Le troisième groupe est constitué de ceux ayant rapporté détenir plus de 50 % de leur revenu en épargne (16,3 % des épargnants et 9,7 % de l échantillon). De ce dernier groupe, 45,7 % (4,4 % de l échantillon) ont un revenu annuel brut de moins de $. De plus, près du tiers (30 %) vit encore chez les parents et un peu moins du tiers (28,7 %), en couple. Ceci permet de nuancer le haut pourcentage moyen du revenu qui a été obtenu. Sans surprise, les travailleurs à temps plein sont les plus nombreux à détenir de l épargne (47,9 % des épargnants) alors que ceux à temps partiel sont moins de 10 % (9,1 % des épargnants) à le faire. Par contre, chez les étudiants, on constate un plus grand nombre d entre eux qui mettent de l argent de côté chez ceux qui étudient à temps plein (20 % des épargnants) que chez ceux qui travaillent et étudient simultanément (12,9 % des épargnants). Malgré ces calculs, il faut aussi rappeler que plus d un répondant sur cinq réside toujours chez ses parents et a donc moins de responsabilités financières. Finalement, le revenu déclaré dans la présente étude ne comprenant pas les prêts étudiants, les montants de prêts toujours en banque ont pu être comptés, avec les bourses d étude, à titre d épargne. Dans un autre ordre d idées, bien que le sondage soit anonyme, il est aussi possible qu un phénomène de désirabilité sociale soit en cause pour un certain nombre de répondants, c està-dire qu ils ont pu vouloir montrer une image désirable de leur situation financière. Chez les épargnants ayant déclaré mettre de l argent de côté régulièrement (62,4 % des épargnants et 37,2 % de l échantillon), la fréquence la plus rapportée est aux deux semaines (25 % des épargnants et 14,9 % de l échantillon), ce qui pourrait concorder avec le dépôt bimensuel de la paye. Dans l étude de l Agence de la consommation en matière financière (2008), ce sont 36 % des jeunes adultes qui mettent de l argent de côté régulièrement, sans
20 20 Jeunes adultes, épargne et investissement mentionner la fréquence. Près du quart de nos répondants déclare ne pas avoir d habitudes régulières d épargne (24,2 %). En moyenne, dans la dernière année, ces personnes ont mis de l argent de côté 12,8 fois (E.T. = 40). Certaines données extrêmes obtenues (ex. : 350 fois durant les 12 derniers mois) suscitent un questionnement au sujet de la définition qu ont certaines personnes de l épargne. Il est probable qu il s agisse de gens qui accumulent leur monnaie plus ou moins régulièrement et qui considèrent ces sommes comme de l épargne. La propension à épargner et ses déterminants Une analyse de régression logistique binomiale (Logit) a été conduite afin d identifier les variables qui influencent la probabilité d avoir de l argent de côté chez les jeunes Québécois (Tableau 1). Comme il avait été anticipé, toutes choses étant égales par ailleurs, le fait d avoir discuté d épargne ou de placements avec un professionnel du domaine financier augmente significativement la probabilité d épargner. Avoir de l argent de côté peut certes inciter à rencontrer un conseiller. Il semble toutefois que de discuter avec un professionnel permettrait de comprendre les avantages d adopter ce type de comportement et aiderait à démêler les nombreux produits de l épargne qui peuvent être sources d hésitation. En effet, selon Schug et Reinke (2003), un trop grand nombre de possibilités entrainerait une sorte de paralysie de l action. Néanmoins, les personnes qui s assoient avec un professionnel du domaine des finances personnelles pour en discuter montrent certes un intérêt envers cette pratique et les informations reçues lors de ces rencontres contribuent à renforcer leur motivation. La même relation positive existe pour ceux qui montrent une attitude positive envers l épargne et l investissement. Même si cette relation semble logique, il n est jamais garanti qu une attitude positive envers un objet ou un sujet soit automatiquement liée au comportement cohérent (Ajzen et Fishbein, 1980). Dans le cas qui nous occupe, on pourrait être favorable à l épargne sans avoir de l argent de côté ou même sans épargner régulièrement. On peut ne pas avoir suffisamment de revenu discrétionnaire ou encore la discipline nécessaire pour le faire.
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