Enquête sur la. fréquentant des lieux de drague HSH à Genève et dans ses environs

Transcription

1 Enquête sur la santé des hommes fréquentant des lieux de drague HSH à Genève et dans ses environs PARC LAC

2 Groupe sida Genève Enquête sur la santé des hommes fréquentant des lieux de drague HSH à Genève et dans ses environs 2 Les actions HSH du Groupe sida Genève Le Groupe sida Genève mène depuis 2008 des actions de santé auprès des hommes qui ont des relations sexuelles avec d autres hommes ( HSH ). Au travers de ces projets, le Groupe sida Genève entend favoriser la prise en compte d une santé masculine dans les stratégies de lutte contre le sida auprès des HSH. L action de proximité développée auprès de ce public cible doit permettre aux hommes qui ont des relations sexuelles avec d autres hommes d agir favorablement sur leur santé, notamment vis-à-vis du VIH et des IST. Le Groupe sida Genève, dans sa mission de lutte contre les discriminations, est aussi très attaché à la sensibilisation du public, en l occurrence sur la réalité de la diversité sexuelle, afin de favoriser la non-stigmatisation des hommes qui ont des relations sexuelles avec d autres hommes.

3 Groupe sida Genève Enquête sur la santé des hommes fréquentant des lieux de drague HSH à Genève et dans ses environs 3 L enquête Il s agit au travers de cette enquête de donner des informations objectives sur la santé des hommes qui fréquentent des lieux de drague ( ou lieux extérieurs de rencontre et de consommation sexuelle ). Peu d enquêtes sur la santé des gays ont jusqu à maintenant été mené dans ces espaces. L enquête représente une possibilité d explorer également la santé des hommes ayant des relations sexuelles avec d autres hommes qui ne fréquentent pas ou peu les espaces identitaires gays «traditionnels» ( associations, commerces, internet, etc. ). Il s agit également pour le Groupe sida Genève de mieux appréhender les besoins des hommes rencontrés et d adapter son action dans le temps. Comment? L enquête repose sur la diffusion d un auto-questionnaire, administré du 28 juillet 2009 au 21 octobre 2009, dans quatre lieux de drague où se déroulent les actions de prévention du Groupe sida Genève. Deux lieux sont sur le canton de Genève ( un parc et une plage ), un lieu est situé en France voisine et le dernier, une aire d autoroute, se trouve sur le canton de Vaud. Toutes les personnes rencontrées durant cette période ( n = 204 ) se sont vu proposer de participer à l enquête. Plus de 4 personnes sur 10 ont accepté d y participer ( 44 % ). Une femme a été rencontrée, mais étant la seule de l échantillon, nous avons décidé de ne pas prendre en compte son questionnaire. En revanche, une personne transgenre fait partie de l échantillon. Le nombre de questionnaires recueillis est différent en fonction du lieu d action. Néanmoins, nous n avons pas relevé de différences significatives dans l analyse des données en fonction du lieu de recueil. Les résultats de l enquête seront communiqués aux hommes rencontrés sur les lieux d actions. Qui a répondu? Il y a 89 répondants. Leur moyenne d âge est de 47 ans. 75 % des répondants ont entre 35 et 54 ans. 50 % sont célibataires ou seuls. 48 % sont en couple et 2 % sont veufs. 83 % sont salariés ou retraités, 10 % sont au chômage, 3,5 % sont à l AI et autant travaillent sans être déclarés. Parmi eux, 95 % ont une assurance maladie. Les répondants se définissent à 14,5 % comme hétérosexuels, à 30 % comme bisexuels et 53 % comme homosexuels ( 2 % de non réponses ). Ils sont 65,5 % à résider en Suisse ( 34,5 % en Haute Savoie en France ). 47 % sont de nationalité suisse, 40 % sont français ( 13 % autres ). 7,5 % sont séropositifs au VIH ( 2.5 % déclarent en revanche ne pas connaître leur statut sérologique ). 4 % ont une hépatite B chronique ( 11 % ne savent pas ). Concernant la vaccination contre l hépatite B, un répondant sur deux est vacciné. 1 % des répondants ont une hépatite C ( 15 % ne savent pas ) et 2,5 % ont suivi un traitement contre le VHC. 17 % sont consommateurs réguliers ou occasionnels de produits psycho-actifs et/ou médicaments ( viagra ). Les produits les plus consommés sont : alcool ( consommé par 76.4 % des répondants ), poppers ( 29.2 % ), cannabis ( 23.6 % ), viagra ( 11.2 % ), cocaïne ( 10.1 % ), héroïne ( 2.2 % ) et amphétamines/ecstasy ( 2.2 % ). NOTRE CONSTAT Un premier constat est celui d une surreprésentation des hommes bisexuels et hétérosexuels dans cette enquête comparativement aux autres enquêtes sur la santé des gays/hsh. Pour comparaison, les répondants de l étude Gay Survey de 2007 et du Projet Santé Gaie à Genève étaient respectivement à 80,8 % homo, à 16,5 % bi et à 0,3 % hétéro ( 87 %, 12 %, 1 % pour la seconde ). Cette surreprésentation des bisexuels et hétérosexuels est-elle le témoin d une sous représentation dans les autres enquêtes sur la santé des gays/hsh?

4 Groupe sida Genève Enquête sur la santé des hommes fréquentant des lieux de drague HSH à Genève et dans ses environs 4 Ce que les hommes pensent de leur santé Les répondants s estiment en grande majorité satisfaits de leur santé ( 83 % de «satisfait» à «très satisfait», graph. 2 ), de leur qualité de vie ( 71 % de «bonne» à «très bonne», graph. 1), et de leur vie sexuelle ( 82 % de «plutôt satisfait» à «satisfait», graph. 3 ). Toutefois, 1/6 des personnes se déclarent peu satisfaites de leur santé ( 13 % de «pas satisfait» et «ni satisfait ni insatisfait», graph. 2 ) et de leur vie sexuelle ( 16 % de «plutôt insatisfait» et «insatisfaits», graph. 3 ). De plus, si l accès aux soins est jugé facile par la majorité des répondants ( 89 %, graph. 4 ), 11 % le jugent difficile. Près de 50 % des répondants sont prêts à s investir dans la lutte contre le sida ( graph. 5 ). Cette information n infirme-t-elle pas l idée que les hommes gays se sentent de moins en moins concernés pour cette cause? Le potentiel de mobilisation semble important. Opinion sur sa qualité de vie graph.1 44% bonne qualité de vie 2% mauvaise qualité de vie 3% pas de réponse 24% ni bonne, ni mauvaise qualité de vie 27% très bonne qualité de vie

5 Groupe sida Genève Enquête sur la santé des hommes fréquentant des lieux de drague HSH à Genève et dans ses environs Satisfaction par rapport à sa santé 5 Satisfaction par rapport à sa vie sexuelle graph.2 graph.3 2% pas de réponse 5% 1% pas de réponse pas satisfait 12 % ni satisfait ni insatisfait 54 % 28 % satisfait très satisfait 4% insatisfait Opinion par rapport à l accès aux soins graph.4 12 % plutôt insatisfait 6% pas de réponse 11% non 83 % oui 45 % Envie de participer activement à la lutte contre le sida plutôt satisfait graph.5 49% oui 14 % pas de réponse 37% non 37% satisfait

6 Groupe sida Genève Enquête sur la santé des hommes fréquentant des lieux de drague HSH à Genève et dans ses environs 6 La discrimination, enjeu du quotidien 20 % estiment être parfois discriminés et 4,5 % l être régulièrement ( les hommes hétérosexuels déclarent ne jamais avoir été discriminés ). Pour les 22 personnes se sentant discriminées, l orientation sexuelle arrive bien avant les autres causes de discriminations ( 70 %, graph. 6 ). Quant aux circonstances où elles sont vécues, cela se répartit plus équitablement entre les situations de vie quotidienne, professionnelle et relationnelle ( graph. 7 ). Précisons que les discriminations vécues dans le cadre de relations sexuelles sont rapportées uniquement par des personnes séropositives. Seulement 44 % des répondants ( n = 86 ) déclarent être proches d une personne séropositive ou vivant avec une hépatite. 8 fois sur 10 ( n = 38 ), cette personne est un ami. 2 fois sur 10, cette personne est le conjoint, un parent ou un collègue. Causes des discriminations graph.6 6% Infection VIH 9% Couleur de peau Circonstances des discriminations graph.7 3% Consommation de drogues 3% Infection hépatite 9% Nationalité 70% 9% Dans les relations sexuelles 15 % Dans les relations personnelles Orientation sexuelle 9% 5% Dans le cadre de soins de santé Dans la communauté 27% Au travail 35% Dans la vie quotidienne NOTRE CONSTAT Du point de vue des discriminations, il est à retenir un phénomène de sérophobie qui concerne le rejet de personnes séropositives dans le cadre des relations intimes. Ne faudrait-il pas considérer qu un enjeu existe dans notre société concernant la visibilité des personnes séropositives?

7 Groupe sida Genève Enquête sur la santé des hommes fréquentant des lieux de drague HSH à Genève et dans ses environs 7 Sexualité et lieux de drague 71 % des répondants ont eu des relations sexuelles avec pénétration dans les six derniers mois ( n = 84 ). Par ailleurs, on observe que la déclaration d identité sexuelle ne correspond pas toujours à l idée que l on se fait des pratiques qui y sont associées ( graph. 8 ). Sur le plan de la gestion des risques, 90 % des répondants déclarent avoir recours, à des fréquences différentes, au préservatif ( 48 % l utilisent «tout le temps», 42 % l utilisent de manière non systématique, graph. 9 ) ( n = 86 ). Ces données sur la sexualité, ainsi que celles sur le recours au dépistage et à la PEP, Prophylaxie Post Exposition ( voir page 10 ), montrent que les hommes rencontrés semblent avoir majoritairement intégré une certaine logique de réduction des risques sexuels. Types de relations selon l orientation sexuelle graph.8 [n = 84] pas eu même sexe deux sexes sexe opposé Fréquence d utilisation du préservatif graph % jamais 6% rarement 30 8% moitié du temps 20 13% majorité du temps % presque tout le temps 0 Hétéro Bi Homo 48% tout le temps

8 Groupe sida Genève Enquête sur la santé des hommes fréquentant des lieux de drague HSH à Genève et dans ses environs 8 Concernant l évocation du statut sérologique avec ses partenaires sexuels, on relève peu de différence entre le fait d évoquer son propre statut et d évoquer celui de son partenaire. Une majorité des hommes déclare ne jamais évoquer, ou alors que rarement, la question du statut sérologique ( graph. 10 ). 82 % des répondants disent fréquenter des lieux de drague à des fins de consommation sexuelle ( n = 83 ). Les lieux les plus fréquentés ( régulièrement ou parfois ) sont : les saunas, les plages et les parcs ou aires d autoroute ( à en moyenne 70 % ), viennent ensuite les sites Internet et les soirées ( à plus de 40 % ), et finalement les sex-clubs et toilettes publiques ( env. 30 % ). Comparaison entre l évocation de son statut sérologique avec l évocation de celui du partenaire graph.10 son statut statut partenaire jamais rarement moitié du temps majorité du temps presque tout le temps tout le temps pas de réponse

9 Groupe sida Genève Enquête sur la santé des hommes fréquentant des lieux de drague HSH à Genève et dans ses environs 9 pas de réponse jamais parfois régulièrement Lieux de drague fréquentés graph Saunas Plages Parcs ou aires d autoroutes Sites internet Boîte de nuit ou soirées Sex clubs et backrooms Toilettes publiques 16 % 16 % des répondants déclarent avoir été victimes de violences durant les 6 derniers mois sur les lieux de drague fréquentés ( notamment agressions physiques, verbales, descente de police, viol et vol ).

10 Groupe sida Genève Enquête sur la santé des hommes fréquentant des lieux de drague HSH à Genève et dans ses environs 10 Le recours au dépistage et à la PEP 90 % des répondants déclarent avoir déjà fait un test de dépistage du VIH. Le motif du test est pour 74 % d entre eux un dépistage régulier. Pour 23,5 %, il est consécutif à une prise de risque, et pour 2,5 % il est consécutif à des symptômes de primo-infection. La majorité des tests ont été effectués il y a moins d une année ( graph. 12 ). 53 % des répondants se dépistent dans un laboratoire privé ou chez leur médecin traitant ( graph. 13 ). Date du dernier test graph.12 [n = 50] 10 % + de 2 ans 8% 1 2 ans 40% 0 6 mois 42% 6 mois 1 an ans La moitié des déclarations de test ont été faites par des hommes de 35 à 54 ans au motif d un test régulier ( 13 % de cette tranche d âge l a fait suite à une prise de risque ). 60 % des tests dits réguliers sont déclarés par des hommes homosexuels.

11 Groupe sida Genève Enquête sur la santé des hommes fréquentant des lieux de drague HSH à Genève et dans ses environs 11 Lieu du dernier test graph.13 [n = 78] 53% Labo / médecin 10 % Autre 28% Hôpitaux 9% Checkpoint 47% 47 % des répondants connaissent la PEP. Les répondants homosexuels sont deux fois plus nombreux à déclarer connaître la PEP que les bisexuels et les hétérosexuels. Un seul répondant a pris une PEP dans les douze derniers mois. NOTRE CONSTAT En matière de réduction des risques, les hommes rencontrés ont une approche plus axée sur le dépistage régulier que sur le recours à un dispositif consécutif à une prise de risque ( dépistage ou PEP ). Cela ne précise toutefois pas ce qu est pour eux un dépistage régulier ( après chaque prise de risque, tous les mois, deux fois par an, etc. ). Les hommes rencontrés s inscrivent plus dans une démarche de test «régulier» et ils recourent majoritairement au dépistage dans un laboratoire privé ou chez leur médecin. Il serait intéressant de questionner les raisons pour lesquelles les hommes recourent plus au dépistage dans un laboratoire privé et chez leur médecin traitant que dans les centres VCT (Voluntary Counselling and Testing). Serait-ce pour des raisons de coût, de lieu, de conseil, d intimité, de pratiques sexuelles, de jugement, etc.? Pour correspondre à leurs attentes, les dispositifs actuels devront dès lors s adapter à leurs critères.

12 Groupe sida Genève Enquête sur la santé des hommes fréquentant des lieux de drague HSH à Genève et dans ses environs 12 Apports de l enquête, limites et perspectives Cette enquête permet une meilleure connaissance du public rencontré sur les lieux de drague au cours des actions du Groupe sida Genève. Ceci est essentiel pour permettre aux actions d évoluer. Par exemple, les saunas étant un lieu très fréquenté par les répondants, nous allons orienter dès 2010 certaines de nos actions de proximité dans ces espaces. De plus, les résultats ont montré que cette population fréquentait dans une moindre mesure les lieux de consommation plus identitaires gays ( sex-clubs, boîtes de nuit ), ce qui confirme notre décision de ne pas mettre en place d action de proximité dans un contexte festif. Ces données influenceront également le développement d outils spécifiques pour nos actions futures, notamment sur les enjeux autour de la sérophobie, ou du dépistage. L enquête montre également une nette envie de se mobiliser pour la lutte contre le sida. Par ailleurs, nous avons constaté qu un grand nombre de répondants ne résident pas en Suisse; il existe donc une réalité transfrontalière qu il convient de prendre en compte dans les actions menées et qui semble également importante à considérer dans les études sur les pratiques entre hommes menées en Suisse. Actuellement, les actions de santé auprès des HSH sont facilement assimilées à des actions de santé gaie. Alors que ces résultats mettent en avant une diversité des sexualités, un public diversifié tant dans l orientation que les pratiques, dont les besoins sont probablement différents. Cela questionne sur la place qu occupent les bisexuels et hétérosexuels dans la terminologie «HSH». Bien entendu, cette étude comporte des limites. Il manque notamment des données sur la santé mentale ( sentiment de solitude, dépression ). Bien que ce soient des discussions qui ont eu lieu durant les actions, ceci n apparaît pas directement dans l enquête. De plus, peu de données ont été recueillies sur les IST ( à part sur les hépatites ). Enfin, sur le plan méthodologique, la formulation de certaines questions et réponses a parfois empêché de réaliser des comparaisons. Le nombre de répondants a également ses limites quand à la significativité des données lors de croisements. Compte tenu de ces quelques remarques, nous espérons contribuer à une meilleure prise en compte des besoins des hommes rencontrés, dans le respect de leur diversité. Les actions de proximité permettent de créer du lien avec eux, et cela nous semble essentiel. Les résultats de cette enquête sont des informations précieuses pour améliorer la qualité des actions du Groupe sida Genève. Nous espérons qu ils pourront être utiles à d autres institutions et associations œuvrant dans la lutte contre le sida auprès des HSH. Nous adressons nos plus vifs remerciements à toutes les personnes qui ont participé à cette enquête. Impressum Pour plus d information : Groupe sida Genève projet-hsh@groupesida.ch tél Les données de cette enquête peuvent être reproduites avec mention de la source. Coordination : David Perrot Rédaction : Nicolas Charpentier, Sabrina Roduit Traitement des données : Walter Ceron, Sabrina Roduit Recueil des données : Homero Campos, Nicolas Charpentier, Serban Ciulpan, Sofie Lauer, Aline Olry, Sabrina Roduit Graphisme : Nicolas Ducret Date de l édition : Février 2010 Nombre d exemplaires : exemplaires Avec le soutien de la République et canton de Genève. Imprimé sur papier 100% recyclé certifié FSC, traité sans chlore