Extrait de la publication

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1 Extrait de la publication

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3 Rock Demers présente Extrait de la publication

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5 Le Martien de Noël

6 Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Carrier, Roch Le Martien de Noël (Collection Littérature jeunesse) (Sélection «Club La Fête» ; 1) Pour les jeunes. ISBN ISBN (PDF) ISBN (EPUB) I. Titre. II. Collection : Collection Littérature jeunesse (Québec/Amérique). III. Collection: Sélection «Club La Fête» ; n 1. PS8505.A77M jc C PS9505.A77M PZ23.C37Ma 1991 Nous reconnaissons l aide financière du gouvernement du Canada par l entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d édition. Gouvernement du Québec Programme de crédit d impôt pour l édition de livres Gestion SODEC. Les Éditions Québec Amérique bénéficient du programme de subvention globale du Conseil des Arts du Canada. Elles tiennent également à remercier la SODEC pour son appui financier. Québec Amérique 329, rue de la Commune Ouest, 3 e étage Montréal (Québec) H2Y 2E1 Téléphone : , télécopieur : Dépôt légal : 4 e trimestre 1991 Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada Montage : Caroline Fortin Mise en pages et version numérique : Studio C1C4 Tous droits de traduction, de reproduction et d adaptation réservés Les Éditions La Fête 1991 Éditions Québec Amérique inc. Extrait de la publication

7 Roch Carrier Le Martien de Noël

8 Extrait de la publication

9 Avant de lire L autre jour, on m a demandé : «Quel a été le plus beau jour de votre vie?» J ai réfléchi avant de répondre, car ma vie a été comblée de beaux jours. «Le plus beau», a-t-on insisté. Je me suis levé pour aller fouiller dans une vieille malle d osier. Un écrivain accumule beaucoup de lettres, de notes, de coupures de journaux, de manuscrits Mon plus beau jour? Je vais vous le raconter Ou plutôt je vais laisser un petit garçon vous le raconter. Il gribouillait sans cesse dans un cahier d écolier. Il racontait des aventures comme s il avait été un grand flibustier sur les mers du monde. Ou Christophe Colomb. Extrait de la publication

10 Dans les cahiers soumis, l écriture n est pas élégante mais ferme. Si son institutrice avait lu les aventures du gribouilleur, elle aurait sans doute fait beaucoup de corrections à l encre rouge! Ses cahiers étaient secrets. Les partageant avec vous, je ne crois pas trahir le gribouilleur. Il écrivait comme il parlait. Il avait beaucoup d opinions. Et peut-être un peu trop d imagination. Toute ma vie j ai essayé de ne pas cesser de ressembler au gribouilleur. Roch Carrier Extrait de la publication

11 1 L homme vert qui faisait des bulles La plupart des gens ne croient pas aux extraterrestres. Pourtant plusieurs personnes affirment avoir vu des soucoupes volantes. C est un autre mystère. Je n ai jamais compris pourquoi il y a tant de mystères dans la vie. C est compliqué. Si j avais été le bon Dieu, il me semble que j aurais fait les choses plus simples. J aurais fait le monde pour qu il soit compris par tout le monde. En général, je n ai pas d opinion, mais j ai beaucoup de questions. Pour revenir aux extraterrestres et aux soucoupes volantes, je peux vous annoncer que j ai, à ce sujet, une opinion plutôt précise. Je m appelle François, et vous allez savoir ce que je pense plus tard. Extrait de la publication

12 Ma sœur s appelle Katou ; avant c était Catherine. Elle est blonde et c est une fille. Si vous êtes un garçon et si vous avez une sœur, vous savez ce que je veux dire. Les filles sont différentes. Et les sœurs sont différentes des filles. Je sais, il y a beaucoup de filles à l école et il n y en a pas une qui est comme ma sœur. Je l aime bien ma sœur. Je la bouscule un peu, mais c est bon pour elle : elle apprend à se défendre. C est bon pour moi aussi, elle m attaque, elle me bouscule, et moi, j apprends à jouer. Les filles sont différentes. C est une des choses que le bon Dieu a bien faites. Imaginez une classe où il n y aurait que des garçons, imaginez la terre entière couverte de garçons. Non. Moi, j aime mieux avoir une sœur. Et je suis bien content que Katou soit ma sœur. On a beaucoup d oncles et de tantes qui habitent la grande ville. J y suis allé plusieurs fois les visiter. J aime mieux habiter mon village. Katou pense probablement comme moi, même si je ne lui ai pas demandé son opinion. Il y a pas une personne au village que je ne connais pas. Je sais les noms de tout le monde et je sais même qui est leur père, excepté pour Renaude qui est une

13 enfant adoptée. Connaissez-vous en ville une seule personne qui connaît toutes les autres? Puis tout le monde nous connaît. L autre jour, notre oncle Laframboise nous a aperçus, Katou et moi. On marchait dans la route. On revenait du magasin général avec des sacs. On était un peu essoufflés. Les sacs étaient lourds. Et on était énervés pour une raison que je vais vous expliquer plus tard. Il y a beaucoup de neige cette année. Si toute cette neige était de la poussière d or, on pourrait acheter les États-Unis, payer comptant, et avoir des économies pour nos vieux jours. Malgré la modernité qui est passée sur le monde, même s il y a des avions supersoniques et des ordinateurs qui pensent plus vite que vous, notre oncle Laframboise conduit encore une jument. Ça doit être la dernière du pays, probablement. Il nous a invités à monter dans sa carriole. Il m a laissé conduire sa picouille. Pourriez-vous trouver ça, en ville, une jument avec sa carriole et un oncle Laframboise? Katou et moi, on était excités. On courait parce qu on avait vu quelque chose de pas

14 normal au magasin général. Notre oncle Laframboise, paraît-il, avait vu quelque chose d encore plus étrange, que je vais vous dire plus tard. En plus de ça, nous avons un taxi dans notre village. Oui, un seul. C est comme ça parce qu on n en a besoin que d un seul. Le chauffeur de taxi, lui aussi, a vu quelque chose que je pourrais comparer à une apparition. Je vais vous rapporter ça un peu plus tard. Bien des rumeurs avaient l air incroyables. Katou et moi, on était occupés. Si vous croyez qu on peut aller à l école et écouter toutes les histoires des grandes personnes qui n ont pas besoin d y aller À les entendre, des phénomènes extraordinaires se seraient passés dans notre village. D après mon expérience, les événements extraordinaires se passaient toujours ailleurs, dans d autres villages, dans d autres pays. Chacun avait son histoire. Personne ne croyait vraiment à l histoire des autres car on ne croyait guère à la sienne propre. D abord, quelqu un a repéré des traces dans le champ. Des traces vertes. De grands pieds. Des traces vertes qui faisaient des courbes, des cercles, des nœuds dans la Extrait de la publication

15 neige. Les traces commençaient comme si quelqu un avait sauté en parachute au milieu du champ et s arrêtaient comme si cette personne s était envolée. Je ne sais plus qui a raconté avoir vu ces traces. Qui aurait pu croire à des pieds qui laissent des traces colorées en vert? Chez je ne sais plus qui, un intrus a brisé une fenêtre et s est emparé d un manteau de fourrure. C était du vieux chat qui avait perdu son poil. Il ne restait pas assez de fourrure pour attirer une puce. Selon l opinion de plusieurs, ce n était pas un vol ; seulement des mauvaises manières. Qui aurait pu établir un lien logique, comme on dit, entre les traces vertes et le vieux manteau? Au village, nous avons une seule cabine téléphonique. Ce serait inutile d en avoir dix mille, comme en ville : au village, chaque maison a son téléphone. Le chauffeur de taxi avait garé sa voiture devant la cabine télépho nique. Un étranger en manteau de fourrure était entré pour téléphoner. Un étranger, avait pensé le chauffeur, c était un client possible. À peine une seconde plus tard, au lieu de l étranger, il a vu sortir de la cabine une vieille dame, très digne.

16 Où était passé l étranger en manteau de fourrure? Dans la cabine, il n y avait plus personne. Sans comprendre la magie, le chauffeur de taxi a tout de même offert à la vieille dame de la conduire. Au lieu de monter dans la voiture, la vieille dame a sorti de son manteau une sorte d allumette aussi grosse qu un cierge d enfant de chœur, elle a frotté l allumette contre ses pieds, l allumette s est enflammée et la vieille dame est montée dans l air comme si l allumette avait été une fusée. Le chauffeur de taxi a raconté cette histoire. D autres l ont répétée. Plus on racontait toutes ces histoires, moins on les croyait. Katou et moi, on les a entendues quelques fois. Les personnes qui avaient une opinion disaient que chacun s efforçait de surpasser l autre par une menterie plus grande. Et ceux qui avaient l air les plus incrédules étaient ceux à qui elles étaient arrivées. C était ce qu on disait. Pendant qu on était au magasin général du père Nestor, Katou et moi, quelqu un est entré : un grand personnage, avec quelque chose comme un filet vert dans le visage, et vêtu d un manteau de fourrure. Il avait l air de se sentir comme chez lui. Il s est servi dans les tablettes comme s il avait été Extrait de la publication

17 dans sa propre armoire. Il est reparti sans payer, sans même remercier. Et il faisait des bulles comme s il avait eu une petite machine à bulles accrochée dans le dos. Katou et moi, on n a pas vraiment été dérangés. C est seulement quand le père Nestor a téléphoné à la police qu on a compris qu un fait anormal avait eu lieu. À ce moment-là, il a bien fallu penser à tout ce qui était survenu. Il a fallu rattacher ensemble tous ces événements qui avaient choisi notre village pour se produire. C est notre oncle Laframboise qui avait la meilleure histoire : c était la nuit, une belle nuit claire et profonde de décembre. Pris d une attaque subite de faim, notre oncle a dû se lever pour prendre une bouchée. C était tranquille. Le ciel était propre, sans nuages. Juste des étoiles comme des boules dans un sapin de Noël. Notre oncle avait plus d attirance pour le réfrigérateur que pour le ciel. Tout à coup, une lueur spéciale est passée à travers la fenêtre. Qu est-ce que c était? Notre oncle jurait que c était un œuf, un œuf géant, un œuf d une poule si grosse qu on n avait jamais vu rien de semblable : un œuf que la poule géante avait pondue et qui tombait sur la Terre. Cet œuf-là était si gros que s il se

18 cassait, le village risquait d être noyé dans le blanc d œuf. L œuf était tout lumineux. Notre oncle a surveillé sa descente. Il était paralysé par cette vision. Revenu à lui, notre oncle s est précipité dehors pour mieux voir. Il n y avait plus rien. Tout était éteint. L œuf avait disparu comme s efface un rêve quand on se réveille. Quand il a raconté son aventure, personne ne l a cru. On s est moqué de lui. On lui a dit qu il ne faisait pas de différence entre le rêve et la réalité. Même la police a refusé de noter sa déclaration. Notre oncle a dit : c est une vérité qui a l air d être déguisée en menterie. Pourtant la police a eu l air de nous croire quand on a dit que l étranger, au magasin général, produisait des bulles. Jusque-là, je n avais pas d opinion sur tous ces événements qui s accumulaient à la veille de Noël mais je pensais : pourquoi quelque chose d extraordinaire se serait-il produit dans notre village? J avais bien envie de croire à ces histoires, mais personne n y croyait. Alors je n y croyais pas non plus, même si j étais persuadé que la vie est pleine de mystères qui dépassent la Extrait de la publication

19 compréhension. Seulement, il était difficile, pour Katou comme pour moi, de ne pas croire à l homme vert qui faisait des bulles. Extrait de la publication

20 Extrait de la publication

21 Roch Carrier Le scénario du film Le Martien de Noël (en quelque sorte l «ancêtre» des Contes pour tous) a été écrit par Roch Carrier il y a plus de 40 ans. Mais ce n est qu à l automne 91 que Roch Carrier, à l occasion de la nouvelle sortie du film, a résolu d en tirer un savoureux roman, où le plaisir qu il a pris à l écrire est évident et ne pourra se comparer qu au plaisir que nous prendrons à le lire. Visitez le site de Québec Amérique jeunesse! Extrait de la publication

22 Extrait de la publication