Théâtre & vidéo dès 6 ans Tête haute DOSSIER PÉDAGOGIQUE. mar 10, s. De Joël Jouanneau Mise en scène Cyril Teste 9:30. renseignements i réservations

Transcription

1 Théâtre & vidéo dès 6 ans Tête haute Photo Caroline Bigret DOSSIER PÉDAGOGIQUE De Joël Jouanneau Mise en scène Cyril Teste s r a m 9 Lun 0 0 : 4 1 & 0 3 : 9 mar 10, s r a m 1 1 r me 9:30 renseignements i réservations

2 Tête HAUTE Durée : 50 mn Collectif MxM Texte Joël Jouanneau Mise en scène Cyril Teste Avec Murielle Martinelli ou Valentine Alaqui (en alternance), Gérald Weingand Scénographie MxM Lumière Julien Boizard Vidéo Mehdi Toutain-Lopez, Nicolas Dorémus, Patrick Laffont Musique originale Nihil Bordures Production : Collectif MxM et TGP-CDN de Saint-Denis Coproduction : scène nationale de Cavaillon, La Filature - scène nationale de Mulhouse ; Nouveau Théâtre de Montreuil - centre dramatique national ; Le Canal - Théâtre Intercommunal du Pays de Redon Coréalisation : Théâtre Dunois Avec le soutien du DIDRéAM et l aide à la production et à la diffusion du Fonds SACD Théâtre SEANCES SCOLAIRES : THEATRE LA PASSERELLE 137 boulevard Georges Pompidou Gap Lundi 9 mars 9h30 et 14h Mardi 10 & mercredi 11 mars 9h30 Contact : Valérie Bérest rp1@theatre-la-passerelle.com 1

3 SOMMAIRE I Le spectacle p. 3 II Les éléments du texte 1 - Les personnages p. 4 2 Les lieux p. 4 3 L histoire p. 5 4 La langue, l écriture p Les thèmes abordés p. 7 III La scénographie p. 8 IV Les pistes de travail p. 10 V L équipe du spectacle p. 12 VI Annexes p. 13 2

4 I LE SPECTACLE «Il m'a dit, la tête jamais tu ne dois la baisser, car si tu la baisses un jour tu ne pourras plus jamais la relever. Il faut savoir désobéir gamine, surtout si c'est plus qu'interdit.» in Tête haute, Joël Jouanneau Au royaume de Nerville, une princesse naît avec un poing fermé et un pouce manquant. Le roi, son père, entre alors dans une colère noire et décide de l abandonner au cœur de la forêt de Sköld. Avec pour unique compagnon un étrange personnage nommé Babel, elle passe ses journées à apprendre tous les mots du dictionnaire et y découvre son nom, Eklipse. Mais Babel la prévient, lorsqu elle le prononcera, le monde sera plongé dans le noir... Les jours passent, elle grandit, et un matin, comme dans tout conte qui se respecte, elle va devoir quitter sa clairière feutrée et entreprendre un long voyage, au cours duquel elle va déjouer des pièges, surmonter des épreuves, trouver des êtres qui l aideront à vaincre sa peur pour, au bout du chemin, ressortir de ces aventures, la tête haute. Le metteur en scène, Cyril Teste, utilise les nouvelles technologies comme un langage scénique à part entière et entremêle images vidéo et nappes sonores avec le texte pour créer un univers entre rêve et réalité. Ainsi, à la poésie délicate du texte de Joël Jouanneau, il associe des images projetées, fixes ou animées, formant un décor finement ciselé dans lequel s insèrent les comédiens. Le réel et le virtuel fusionnent alors en un théâtre d ombres fantasmagoriques. Entre conte et récit initiatique, Tête haute est une invitation à goûter l alchimie du verbe et la féerie des images. Un spectacle magique comme un livre de pop-up. 3

5 II les éléments du texte 1 LES PERSONNAGES EKLIPSE est le personnage principal de la pièce. Née d un roi et d une reine, elle a été abandonnée dans la forêt à sa naissance. On ne connait pas exactement son âge, c est celui du passage, du rite initiatique. LE ROI DE FER est le père d Eklipse, celui qui l a abandonnée. Autrefois violent et sanguinaire il est aujourd hui devenu vieux. Seul, aveugle et faible, il erre dans la lande sauvage. BABEL est l homme qui a recueilli Eklipse dans la forêt et qui l a élevée. C est lui qui lui apprend les mots du dictionnaire. SKÖAD est un faune, c est-à-dire une divinité champêtre représentée avec un torse humain, des oreilles pointues, des pieds et des cornes de chèvre. Il est le gardien de la forêt et viendra en aide à Eklipse. PLUME est le seul personnage qui n est pas représenté de façon humaine, mais sous la forme d une flamme. Petite voix dans la forêt, c est elle qui annonce à Eklipse qu elle doit accomplir une mission. 2 LES LIEUX Tête haute se déroule dans 3 espaces différents. Tout d abord LA FORET DE SKÖLD, celle qui camoufle, protège. Celle qui voit Eklipse grandir. On la découvre sous la forme d une paisible clairière au début du spectacle, elle devient ensuite un lieu inquiétant, celui de l épreuve. Il abrite un étang. Puis la LANDE. C est l espace de l entre-deux : d un côté la forêt, de l autre le royaume. Le ROYAUME DE NERVILLE est devenu «Empire» avec le temps. C est là qu est née Eklipse, c est à cet endroit qu elle doit revenir. 4

6 3 L HISTOIRE Tête haute est une pièce divisée en 7 scènes ou tableaux. 1 - LA NUIT DE COLERE Babel évoque la scène initiale, l abandon de L Enfant par ses parents, et situe deux univers : la lande sauvage où l enfant est abandonné et le Royaume de Nerville, à feu et à sang. 2 - LES VOYELLES DE BABEL Dans cette scène clef du récit, on assiste à la rencontre de Babel et de L Enfant, à leur jeu avec le dictionnaire et au baptême de L Enfant, désormais nommé Éklipse. 3 - LE DERNIER ROI DE FER Babel nous raconte la tragédie du Roi de fer et ce dernier joue sa déchéance. Le roi est seul, aveugle et faible. 4 - LES TREMBLEMENTS DE PLUME Plume parle à Éklipse de sa mission : de la forêt qu elle doit traverser pour rejoindre Nerville et du seul mot qu elle ignore encore et qu elle va découvrir au cours de sa mission : «peur». 5 - LA FORET DE SKÖLD Éklipse rencontre Skoad, designé comme un faune et qui se nomme «[...] le gardien des millions d yeux de la forêt.» Skoad guide lui aussi Éklipse dans sa mission, en particulier en l invitant à traverser l étang et à continuer jusqu à Nerville. Le faune nous renvoie ainsi à un univers mythologique et la barque qu Éklipse emprunte renvoie au passeur Charon qui fait traverser le Styx. Le récit initiatique devient, avec cette scène, un rite de passage. 6 - LA LANDE SAUVAGE On retrouve le Roi de fer seul, abandonné, qui se décrit lui-même en suivant l ordre alphabétique : «A comme Aveugle [...] B comme Béquille [...]» C est la scène des retrouvailles entre un père et sa fille, Éklipse, de la mémoire qui revient, du pardon, de la lumière qui renaît. 7 - ÉPILOGUE On retrouve la voix de Plume qui vient refermer l histoire et le livre. Elle nous donne la fin de l histoire avec quelques clefs : «[...] ils traversèrent le pays des larmes puis celui du sourire [...]» Éklipse retrouve l usage de son pouce et son poing peut s ouvrir. Un grand soleil monte dans le ciel. C est la fin du spectacle. L éclipse est terminée. 5

7 4 LA LANGUE, L ECRITURE Joël Jouanneau est un amoureux des mots. Il joue avec eux comme un peintre avec ses couleurs. Il les assemble en structures étranges, les détourne, les malaxe et les transforme. Et au détour d une phrase, il fait soudain surgir le sens caché d un mot, invente une expression qui nous emmène ailleurs. Très attaché à l écriture pour les enfants, Joël Jouanneau publie des pièces de théâtre empreintes d une poésie délicate et onirique. Adepte de l ellipse, il laisse une grande place à l imagination du spectateur pour que celui-ci puisse, à sa guise, combler les espaces laissés libres et se raconter sa propre histoire. Dans la chambre de l enfant le jeu vidéo et le jouet électronique ont aujourd hui pris la place du cheval à bascule, c est un constat. Je n en éprouve pas de nostalgie, je n ai pas eu de cheval à bascule. J avais mieux : le vrai poulain dans le pré. Et surtout et plus encore que tout, cette chance que furent ces heures de vide et d ennui dans la nature, et qui conduisent à des jeux qu on s invente. Si les enfants qui habitent mes textes sont toujours placés, adoptés ou trouvés, ils ne portent pas plainte pour autant. Ils ont été mis au monde, comme on dit, et c est précisément de ce monde, plus encore que de l absence de leurs parents, qu ils sont orphelins. Deux impératifs résonnent pour moi comme des interdits dès que je leur écris : le rejet de l infantilisation ainsi que le refus de les conduire vers le découragement, bref je ne veux être ni le marchand de sable ni le joueur de flûte qui les conduit à la rivière, et j espère, qu au travers de mes textes, ils entendent le oui immense et illimité de Nietzsche, puisque oui, cela doit rester, toujours et malgré tout, un beau cadeau que la vie. Je me dois cependant, du moins je le vis ainsi, de ne pas tricher avec lui, l enfant, sur ce qu il va devoir vivre, l attend et s annonce redoutable, mais face à l obstacle et à l adversité j essaie d ouvrir son imaginaire plutôt que le fermer. C est une question d angle d attaque. De langage aussi. Si, en refermant le livre ou à l issue d une représentation, l enfant est autre ou différent de ce qu il était, et s il est bien déterminé à poursuivre le chemin complexe de son destin dans le monde, ce n est pas rien, c est même déjà beaucoup, et s il y va tête haute, c est encore mieux. J ai d ailleurs ce beau titre devant moi : Tête haute, mais c est tout pour l instant. L écriture de Tête haute, amorcée depuis deux mois sous formes de notes de lectures, lectures de carnets de notes, ruines ou bribes de dialogues, a trouvé sa source dans le questionnement du titre. C est lui qui me sert de guide et que je m efforce de suivre. J ai besoin, toujours, d un plus ancien que moi en parallèle à l écriture d une pièce pour enfants. Un expert en papillons, le professeur Nabokov, accompagna Mamie Ouate en Papoâsie. Un stoïcien, si lointain que ses nombreux livres ont depuis oublié son nom, me rendait visite durant le voyage de L Ébloui. Cette fois c est un homme de la pampa, un vrai desdichado qui est à mes côtés : José Luis Borges, cet aveugle qui aimait dans la nuit compter les syllabes des sonnets qu il écrivait le jour, et qui, nommé directeur de la bibliothèque de Buenos-Aires, soulignant l ironie des dieux qui lui avaient accordé la même année la cécité et huit cent mille ouvrages à lire, déclara que tout à fait sans y penser il avait passé sa vie à se préparer pour ce poste. En voilà un qui sut dire oui à son destin, et l écrivit tête haute. J ai besoin aussi toujours d une bougie pour la route quand il fait trop noir la nuit, et cette bougie, Borges me l a donc offerte, la voici : «Tout existe, sauf l oubli!» JOËL JOUANNEAU, notes pour Tête haute 6

8 5 LES THEMES ABORDES A la fois conte et récit initiatique, Tête haute aborde les thèmes suivants : - LA FILIATION, LE PERE BIOLOGIQUE, LE PERE DE SUBSTITUTION : Qui est cette enfant qui au début de l histoire ne porte pas de nom? D où vient-elle? Comment est-elle arrivée-là? Abandonnée à la naissance cette fille n existe pas puisqu elle n est pas nommée. C est Babel, l homme qui l a recueillie, qui lui donne la possibilité de se trouver un nom : puisqu elle a disparu, elle peut s appeler Eklipse. Babel éduque Eklispe. Ensemble, ils jouent avec les mots et la langue. L imaginaire est la création sont l arme absolue. C est par le langage que l héroïne s en sort dans un premier temps. C est également Babel qui guide la jeune fille vers le passage à la vie d adulte, en lui parlant de ce qui doit advenir puis en sortant de sa vie. - L ABANDON : Si tout comme Blanche Neige, Eklipse est abandonnée dans la forêt sur ordre de ses parents, les raisons ici sont d un autre ordre : l enfant est mis à l écart tout d abord parce que c est une fille, ensuite parce quelle nait avec un handicap physique un poing fermé et un doigt en moins. - LE PASSAGE DE L ENFANCE A LA VIE D ADULTE : A l instar de nombreux contes, Tête haute évoque le passage d un âge à l autre. Véritable rite initiatique, c est en surmontant sa peur et un certain nombre d épreuves qu Eklipse grandira. Car avoir peur est nécessaire pour retrouver la mémoire, sortir de l oubli des traumatismes de l enfance, les comprendre et les accepter. Ici, Joël Jouanneau fait le choix de rester évasif sur le détail des épreuves. Libre à chacun d y voir les expériences qui lui correspondrait. - LA RESILIENCE : Concept utilisé en physique, la résilience est la capacité d un corps à résister à un choc. Par extension, on l utilise également pour l être humain qui a la capacité de se développer malgré l adversité et les chocs traumatiques. Babel joue le rôle du tuteur qui permet à Eklipse de dépasser la blessure de son abandon. Ainsi, au moment de retrouver son père, elle pourra lui pardonner, ce qui permettra à la lumière de revenir sur le royaume de Nerville. 7

9 III LA SCENOGRAPHIE Le travail du Collectif MxM, étroitement lié aux nouvelles technologies, s oriente vers un questionnement : comment écrire de la poésie dite numérique? Comment utiliser ces outils qui font partie du quotidien des enfants pour créer un univers onirique entre présent et passé? Sur scène, se trouvent deux espaces distincts : À jardin (la gauche de la scène lorsqu on est dans le public), se trouve un immense bureau sur lequel repose un grand livre, tour à tour dictionnaire ou texte de l histoire. C est le lieu de la parole de Babel. Un dispositif avec une caméra filme le livre ou les comédiens en direct pour en diffuser l image sur un écran central. Au centre de la scène, sur toute la largeur, se trouve un écran qui reçoit des images projetées, fixes ou animées qui défilent. Outre les images évoquées précédemment, un long film, principalement noir et blanc aux images délicatement ciselées, crée les différents décors et espaces de l histoire et défile sur l écran. Les comédiens s insèrent au dispositif soit à vue en ce plaçant devant lui, soit en ombre chinoise en se plaçant derrière. Cyril Teste joue avec la confusion de nos sens apparitions, évocations et illusions. pour nous mettre à l épreuve entre 8

10 Ainsi, les ombres chinoises de la comédienne qui joue Éklipse nous donnent l illusion de la traversée de la forêt, les découpes et les silhouettes des arbres nous transportent dans l évocation d une forêt. Le Roi de fer, filmé en direct du plateau, nous amène vers la sensation d apparition et de disparition du personnage. L apparition de l image d un train qui défile à grande vitesse vient aussi, sur la fin du récit, à la fois nous donner l idée du temps qui passe et aussi l image du voyage. 9

11 IV DES PISTES DE TRAVAIL AVANT LE SPECTACLE : - Travail autour de l affiche : en faire la description, de quel type de spectacle s agit-il (danse, théâtre, cirque, musique)? Décrire la photo en détails. - Que signifie le titre Tête haute? - Présenter les personnages : Eklipse, Babel, le Roi de Fer, le faune. Préciser le sens de chaque nom Trouver d autres expressions avec le mot «fer» : une main de fer, un gant de fer, mettre aux fers En choisir un et le dessiner tel qu on l imagine. - Présenter la trame de l histoire. Lire la scène 1 (cf annexes) - Présenter la structure d un conte : Situation initiale / élément perturbateur / épreuve / élément de résolution / situation finale - Lire l extrait de la scène 5 du texte (cf annexes). APRES LE SPECTACLE : Revenir sur le spectacle Il est important d aider les élèves à formuler leurs idées en leur demandant d argumenter leurs réponses pour dépasser le simple «J aime, j aime pas». De quel type de spectacle s agissait-il? (théâtre, cirque, danse, etc ) Racontez l histoire. Combien y avait-il de comédiens sur scène? Combien interprétaient-ils de personnages? Décrivez chaque personnage, physiquement, son costume, son caractère. Décrivez les éléments de la scénographie (les décors). Quelle était la couleur dominante des décors? Pourquoi? Comment les comédiens jouaient-ils avec ces décors? Quelle est la première image du spectacle? La dernière? Quel parallèle peut-on faire entre ces deux images? Comment la comédienne s y prend-elle pour nous faire croire qu elle est une enfant? Comment étaient la bande son de ce spectacle? De quoi était-elle composée? Qu est-ce que cela apporte à la compréhension du spectacle? Autour des thématiques La filiation, le père biologique et le père de substitution : 10

12 o Dans quels autres contes, ou histoires trouve-t-on des enfants abandonnés par leurs parents et recueillis par un autre adulte? Comment se passe la nouvelle vie : les parents et enfants se retrouventils à la fin de l histoire? o Le Roi de fer à la fin de sa vie rappelle un autre personnage de la littérature : Œdipe. Raconter son histoire et établir des comparaisons. L abandon : pour quelles raisons la fillette est-elle abandonnée par ses parents? Qu en pensez-vous? Le passage de l enfance à l âge adulte : Comment avez-vous imaginé les épreuves qu Eklipse doit accomplir? Et vous, qu est-ce qui vous fait peur et que vous pensez pouvoir surmonter à l âge adulte? Autour de la scénographie (les décors) Les mots du dictionnaire s envolent et forment des papillons. Travailler autour des calligrammes, ceux de Guillaume Apollinaire par exemple. Choisir un lieu qu on connaît bien, ou une photo et le dessiner de façon stylisée, comme le sont les images de paysages qui défilent sur scène. Autour de la langue Lire ou relire la scène 2 du texte. Remarquer le rythme, les sons créés par la succession des mots. Expliquer le rôle des didascalies (en italique). 11

13 V - L EQUIPE DU SPECTACLE JOËL JOUANNEAU, auteur Metteur en scène, auteur, Joël Jouanneau contribue à l émergence d un véritable théâtre de répertoire pour le jeune public. À l origine de la création de la collection Heyoka-Jeunesse, avec l éditeur Actes-Sud Papiers, il fut également à l initiative, avec l appui du Théâtre de Sartrouville et aux côtés de Claude Sévenier, du festival départemental des Yvelines, Odyssées 78, qu il anime et coordonne jusqu à son départ en Bretagne. Ce n est pourtant que depuis 1988, il a alors 42 ans, qu il écrit des pièces adressées aux enfants dont il précise qu ils peuvent être «petits et grands». Trois pièces sont en effet déjà publiées lorsqu il termine Mamie Ouate en Papoâsie (écrite avec la collaboration de sa sœur Marie-Claire Le Pavec) qu il mettra en scène lui-même à Sartrouville. Il fait ensuite une adaptation du Roi Lear de Shakespeare, Le Roi errant qui sera portée à la scène par Cécile Garcia-Fogel, puis écrit pour la radio, à la demande de France-Culture, Dernier Rayon. Il investit le théâtre musical et l opéra pour enfants, en mettant en scène Les Trois Jours de la Queue du Dragon de son ami Jacques Rebotier, puis écrit L Indien des Neiges pour une maitrise d enfants, livret mis en musique par le même Rebotier et créé à l Opéra de Lyon. Suivront trois contes modernes pour le théâtre : L Adoptée, en 2003, L Ébloui en 2004, Le Marin d eau douce en En 2007, c est pour France Culture qu il écrit L Enfant cachée dans l encrier. La même année il cosigne avec Delphine Lamand la mise en scène de Jojo le Récidiviste de Joseph Danan. En 2010, la chaine ARTE coproduit et diffuse avec Axe-Sud le film Mamie Ouate en Papoâsie qu il réalise lui même. PinKpunK CirKus, présenté à La passerelle en 2012 est sa septième pièce pour enfants. CYRIL TESTE, metteur en scène C est sur la volonté d ouvrir l espace scénique en développant un jeu entre l artificiel et le vivant que se constitue, en 2000, le Collectif MxM. Cyril Teste en est le metteur en scène, entouré d une équipe comprenant comédiens, vidéaste, compositeur, dramaturge, scénographe, cadreur et éclairagiste, dont la composition se modifie au gré des spectacles proposés. Ce groupe fonctionne selon un système horizontal et non pyramidal, chaque intervenant pouvant développer des projets personnels en dehors des projets collectifs. Dès leur premier spectacle, Alice Underground d après Alice au pays des merveilles, les membres de MxM s interrogent sur le processus de fabrication des images, et non sur l image toute faite, en explorant le potentiel des nouvelles technologies. Ne négligeant jamais les textes, ils présentent, après Lewis Carroll, un travail à partir de Sophocle, Anatomie Ajax, puis trois pièces écrites par Patrick Bouvet, dont Direct / Shot joué en 2004 au Festival d Avignon, avant de traverser l œuvre de Falk Richter dans Electronic City. À partir de 2007, Cyril Teste devient aussi auteur pour Romances, [.0] poésie sonore, puis pour Reset, spectacle créé en 2010 qui s inscrit dans un diptyque sur le thème de l enfance, dont Sun sera le second volet. En état de recherche permanente, se questionnant sans cesse sur le mode de représentation, le Collectif MxM propose un théâtre où texte, images, lumière et son participent à part égale à la création. 12

14 VI ANNEXES EXTRAITS DU TEXTE SCENE 1 Un château de fer. L ombre de Plume, une bougie. Plume : Dans les couloirs du temps du Monde d Avant il était une dernière fois un roi et sa reine et ils attendent le prince qui sera leur enfant. Quand le prince vient au monde c est une princesse dont une main est fermée comme un poing impossible à ouvrir - et de l autre le pouce était absent. Ni le roi ni la reine ne voulant de cette enfant, dans la nuit de colère noire qui suivit neuf cavaliers masqués enlevèrent la princesse pour l abandonner dans la lande sauvage, et depuis le Royaume de Nerville est à feu et à sang. Des chevaux au galop. SCENE 2 Babel : Les verbes en premier, aujourd hui on révise les verbes. Volontiers. Babel. Les verbes et les voyelles. Alors, les verbes qui commencent par des voyelles. Babel : Alors, la voyelle A en premier. L enfant. Alors à trois on y va! Babel Voilà donc 3, et c est donc à toi. Avoir... ânonner... Babel Je t arrête tout de suite, Petite! De l ordre et de l alphabétique. Abaisser / abandonner... 13

15 Les verbes s envolent du dictionnaire. Comme des papillons. L enfant joue avec.... abasourdir / abâtardir / abattre / abcéder / abdiquer / abêtir / abhorrer / abîmer / abjurer / blablater Babel : Ablater, pas blablater.... ablater / abolir / abominer / abonder / abonner / abonnir / aborder / aboucher / abouler / aboutir / aboyer / abraser / abréger / abreuver / abriter / abroger / abrutir / absenter / absorber... Babel : Plus vite!... absoudre / s abstenir / abstraire / abuser... Babel : Plus vite plus vite!!... accabler / accaparer / accastiller / accéder / accélérer... Babel : Allez allez allez!... accentuer / accepter / acclamer. Babel : J applaudis. Les papillons aussi. SCENE 5 Eklipse. Heureusement que Babel m avait appris que pour les dures épreuves de rude endurance il fallait s armer en majuscules avec sept verbes à voyelles en I : Identifier l obstacle Ignorer l ennemi Isoler le plus fort Imiter l invisible Impressionner les coups durs Imaginer les plus forts qu eux et surtout Inventer la suite. «Invente Petite, m avait dit Babel, oublie surtout pas d inventer, sinon tu seras recalée.» 14