Symposium. La femme arabe entre Orient et Occident 8-9 Juin 2005 UNESCO, Paris COMMUNIQUE FINAL

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1 CLT/CPD/DIA/2008/RP/62 Symposium La femme arabe entre Orient et Occident 8-9 Juin 2005 UNESCO, Paris COMMUNIQUE FINAL

2 Symposium La femme arabe entre Orient et Occident 8-9 Juin 2005, UNESCO, Paris COMMUNIQUE FINAL Les 8 et 9 juin 2005 s est tenu au Siège de l UNESCO un symposium international consacré à «La femme arabe entre Orient et Occident», organisé par la Division des politiques culturelles et du dialogue interculturel du Secteur de la Culture de l UNESCO, le Groupe Arabe auprès de l UNESCO et le Comité Consultatif pour le Plan Arabia, avec le soutien de la Fondation Mohammed Bin Issa (MBI). Ce symposium a été inauguré par le Directeur général de l UNESCO, le Président du Groupe Arabe et le Président du Comité consultatif pour le «Plan Arabia», et a rassemblé un grand nombre de femmes arabes, des chercheurs et des responsables politiques venus apporter à l UNESCO leur expertise critique et leurs recommandations. Une exposition intitulée «Créativité arabe au féminin» a été organisée en parallèle au symposium, et a permis de découvrir des artistes contemporaines, dont les œuvres témoignent de l activité créatrice foisonnante de la région arabe et attestent d un dialogue interculturel mis en images et en couleurs. L importance de cette manifestation, qui répond à des attentes très actuelles, a été unanimement saluée. La question de «La femme arabe entre Orient et Occident» renvoyant en effet à bien des problématiques de l histoire passée et présente, elle ne peut être isolée d un contexte social et politique général minorant les femmes partout dans le monde. Devant la complexité de la situation, les participants ont appelé à dépasser les constructions binaires et manichéennes opposant «la femme» à «l homme», «l Orient» à «l Occident», pour rendre justice à la diversité des expériences et des aspirations des femmes, ainsi qu à la variété des contextes nationaux et locaux qui répondent à des référentiels multiples. Ils ont exprimé le souhait que ce symposium ait des conséquences concrètes et contribue à une meilleure connaissance et compréhension du monde arabe en particulier dans ses évolutions les plus récentes. Le symposium s est articulé autour de trois sessions: (I) une déconstruction des images des femmes arabes dans la culture occidentale, puis (II) une analyse des images des femmes arabes dans les médias arabes, suivies par (III) une réflexion sur le rôle des

3 femmes dans l élaboration des politiques culturelles. Cette réflexion a permis de prendre la mesure d une des voies privilégiées du changement. (I) La première session a été l occasion d une réflexion critique sur les images des femmes arabes, et d une interrogation théorique sur les catégories d analyse employées pour aborder ce thème. La confrontation du vécu de femmes appartenant à diverses générations ainsi que leurs expériences dans le monde arabe ou dans le monde occidental ont abouti à des constats très révélateurs. Il importe de reconnaître le poids de l héritage colonial et les nouvelles lignes de fracture et d incompréhension que l histoire récente a pu provoquer. C est pourquoi il a été suggéré que la thématique de «genre» soit croisée avec d autres concepts qui ouvriraient la voie à des perspectives plus complexes et intégreraient la pluralité des histoires et des aspirations identitaires, toujours évolutives, des femmes. Il s agit en d autres termes de ne pas s enfermer dans des rapports de sexes mais d aller au delà. L analyse doit être élargie grâce à des concepts déclinés à différents niveaux : rapports hommes/femmes ; rapports de génération ; rapports de familles ; rapports tribaux ; rapport à l Etat et à la politique. À ce titre, ne pas négliger que l altérité est aussi celle de race, de religion, de génération et celle liée au handicap. Les participants ont également interrogé les concepts de modernité et d égalité, et montré comment ils devaient être abordé hors de la sphère occidentale pour être nourris des cultures du monde arabe. La contribution des femmes arabes à la redéfinition de ces concepts devrait ainsi bénéficier à l ensemble de nos sociétés. (II) Les médias arabes perpétuent préjugés et clichés sur les femmes arabes, et loin de rendre justice à la diversité de leurs expériences les confinent au rôle d épouse et de mère ou encore à celui de support publicitaire. Ce décalage avec la réalité illustre une situation paradoxale: la diversification des occupations professionnelles des femmes dans les pays arabes s accompagne d une participation insuffisante à la sphère publique et aux mécanismes de prise de décision. Ces constats ont conduit à interroger la mission et le pouvoir des médias : leur rôle est-il de refléter le plus fidèlement possible la réalité au risque de passer pour complice d une situation discriminatoire à l égard des femmes, ou devraientils œuvrer au changement des mentalités? Ce dilemme ne concerne pas seulement

4 les femmes, mais l ensemble de la société. Les médias, de l avis de tous les participants, doivent être les vecteurs privilégiés d une «pédagogie de la rue» qui doit accompagner chaque conquête du droit formel. (III) La troisième session a proposé d envisager la participation des femmes arabes au monde de la culture comme une voie déterminante pour mettre à bas stéréotypes et préjugés. Artistes, créatrices, artisanes, écrivains, poètes, cinéastes, gestionnaires des arts, contribuent à façonner les imaginaires et peuvent agir sur des représentations elles-mêmes porteuses d une forte charge culturelle. Il importe pour ce faire que la culture ne se réduise pas aux arts et lettres mais soit reconnue comme source d échange, d innovation et de créativité, et intégrée à ce titre dans toute politique de développement. Dans ce cadre, il est indispensable que les femmes puissent assumer pleinement leurs droits et devoirs de citoyennes autonomes : la participation à la vie culturelle ainsi conçue n est plus un alibi frivole mais l un des leviers les plus efficaces de la transformation des sociétés. Les présentations et débats de ces trois sessions figureront dans les actes du symposium. Recommandations Les participants ont fait les recommandations suivantes aux gouvernements, à l UNESCO et aux organisations non gouvernementales : 1. Education - Promouvoir une éducation de qualité pour les filles et les garçons afin de lutter contre l analphabétisme qui affecte particulièrement les femmes et de changer durablement leur statut et leur image dans la société. - Réviser les manuels et cursus scolaires afin d éliminer tout stéréotype sexiste et y intégrer l histoire des femmes qui ont joué un rôle important dans le progrès de la société (artistes, politiciennes, scientifiques, intellectuelles, etc.). 2. Recherche - Encourager des enquêtes et études comparatives consacrées à la question de l égalité entre femmes et hommes ainsi que des études de cas illustrant l évolution du rôle des femmes arabes dans divers contextes.

5 - Développer des recherches interdisciplinaires plus en phase avec la réalité, niveau auquel les nouveautés apparaissent et peuvent être traitées. - Créer un observatoire de la situation des femmes dans le monde arabe ; pour y parvenir, constituer plusieurs bases de données et recenser tous les réseaux oeuvrant dans le même objectif. - Mettre en synergie les programmes de l UNESCO ainsi que ses outils bibliographiques, ses bases de données, ses réseaux et ses programmes de formation, avec ceux ayant trait à la femme arabe. 3. Médias - Encourager chaque Etat arabe à définir, en partenariat avec les organisations de la société civile, une stratégie de l information, afin de formuler des normes d éthique basées sur l égalité entre les femmes et les hommes, de sensibiliser les médias aux questions de parité entre femmes-hommes et de promouvoir un traitement médiatique des femmes plus en phase avec la réalité. - Promouvoir des productions audiovisuelles valorisant le rôle des femmes en tant qu acteur politique, et plus spécifiquement acteur du développement. À cette fin, créer des événements spécifiques récompensant la meilleure production de presse écrite ou audiovisuelle. - Appeler tous les organes de presse et de communication à faire du 1 er février, journée de la femme arabe, une journée d information pour les femmes et par les femmes, relayant ainsi la campagne «Les femmes font l info» promue par l UNESCO chaque année pour le 8 mars. 4. Politiques culturelles - Faire largement connaître la contribution des femmes œuvrant dans le monde de la création artistique et littéraire, qu il s agisse de techniques traditionnellement réservées aux femmes (textiles, artisanat, broderies, tissage, etc.) ou de modes d expression contemporains (littérature, peinture, théâtre, cinéma, design, médias, etc.). A cette fin, reconnaître le statut des femmes artistes pour mettre en exergue d une part leur contribution à la préservation du patrimoine et d autre part reconnaître l appui qu elles apportent au développement de la société.

6 - Assurer une formation de qualité aux femmes arabes professionnelles de la culture, afin d encourager leur participation à la conception et à la mise en œuvre des politiques culturelles aux niveaux local et national. - Définir des cadres de collaboration entre les institutions publiques et les associations de femmes, pour veiller au respect des acquis en matière de droit des femmes garantis par les conventions internationales, et afin d accompagner, par une révision des politiques culturelles, l évolution du statut des femmes arabes dans la société. - Créer un environnement propice à la participation de toutes les femmes à la vie culturelle de leur société afin de promouvoir une conscience commune, entre femmes et hommes, du rôle de la culture dans toute politique de développement.