Sortie à Darney pour deux classes de l école Louis Pergaud

Transcription

1 Sortie à Darney pour deux classes de l école Louis Pergaud Les élèves du CP-CE1 de Mme Paradis et du CE1-CE2 de Mr Lallemand se sont rendus à Darney, dans les Vosges, pour participer à des activités de découverte sur le site pédagogique de la préhistoire. Dès l arrivée, les enfants ont été répartis en quatre groupes pour quatre ateliers en rotation, deux le matin et deux l après-midi. La journée a été bien remplie. Il faisait froid et il a plu un peu. Cependant tout le monde s est bien amusé et instruit, les enfants aussi bien que les parents accompagnateurs ou les enseignants. Les ateliers ont été choisis pour alterner des temps d action à l extérieur : tirs de sagaies avec un propulseur et création du feu par percussion, avec des moments plus calmes à l intérieur, à vocation plastique : gravure et peinture pariétale avec de l ocre et fabrication d un pendentif en pierre par abrasion. Ces quatre ateliers abordent et mettent en œuvre à la fois des actes liés à la survie dans un milieu hostile et des techniques fines à vocation esthétique et/ou spirituelle. Cela met en évidence l importance relative de la notion de confort pour dépasser l activité purement pragmatique, notamment en ce qui concerne la domestication du feu. Projeter des sagaies Des armes fidèlement reconstituées (fin du paléolithique) sont présentées : épieux, arcs et flèches, sagaies avec leurs propulseurs. S ensuivent une courte information portant sur l utilité de ces techniques pour l époque et en fonction de l environnement ainsi qu un petit jeu de questions-réponses visant à convoquer et vérifier les connaissances. Les enfants passent vite à l action pour lancer leurs sagaies, d abord vers un espace ouvert (grand jardin) puis sur une cible représentant un mammouth. On peut aisément se rendre compte de la puissance offerte par le levier, pour un effort modéré (à rapprocher d autres exemples : fléau, flèche dite «polynésienne»). Les exploitations sur le principe du levier, puis des engrenages, iront de soi. Il va sans dire qu obtenir un geste précis et efficace demande beaucoup de dextérité et donc de pratique. Fabriquer des bijoux Chacun reçoit un petit morceau d une pierre plate et douce (stéatite) allant du gris-bleu au vert. Des exemples de formes simples sont proposés : formes animalières (poissons), pointes de flèches mais chacun peut laisser libre cours à sa créativité.

2 Par frottement sur un bloc de grès assez abrasif, on peut facilement modeler la pierre. Il faut ensuite la percer à l aide d un poinçon de silex. Tout cela demande un effort assez long, mais le résultat est gratifiant. A la fin, la pierre façonnée est huilée pour mieux révéler ses couleurs puis accrochée à une ficelle, comme un collier que tous porteront en sortant de la salle. Là aussi, en plus d une certaine patience, la dextérité joue son rôle. Créer le feu C est l atelier presque «magique» de la création par l homme d un élément naturel, où les élèves, réinvestissant les activités documentaires menées en classe, peuvent faire appel à leur imagination pour appréhender l immense poids de cette découverte pour l homme. Faire naître le feu n est pas chose aisée. Le produire par percussion a nécessité des découvertes préalables et fortuites, selon toute vraisemblance. Certains minerais contiennent des particules de soufre qui produisent des étincelles si on les percute assez fort avec une pierre dure, comme le silex. C est le cas de la pyrite ou de la marcassite. Pour autant, ces étincelles sont trop faibles pour enflammer des brindilles ou du foin, même très secs. Il a donc fallu trouver une matière aux propriétés très inflammables. C est le cas de l amadou, qui produit une braise et se consume sans produire de flamme, comme une cigarette. On le trouve à l intérieur du polypore amadouvier, un champignon communément appelé «langue de bœuf» et qui pousse sur le tronc des arbres. Déroulement On prélève l amadou bien sec en râpant le champignon avec une grosse lime à bois. On le dispose en un petit tas sur une grande pierre plate. Après avoir approché le morceau de marcassite au plus près de l amadou, on le frappe verticalement très vite et très sèchement. Quelques étincelles jaillissent (mais pas en jet continu, comme dans les dessins animés). Une seule suffit à créer une braise minuscule qui se signale par un mince filet de fumée. A ce moment, il faut laisser à la braise le temps de grossir, sans immédiatement souffler dessus. Au bout de quelques minutes, on lui offrira du combustible comme des aiguilles de pin ou des brindilles bien sèches et, en soufflant doucement et régulièrement pour ne pas balayer l ensemble encore fragile, on lui permettra de s enflammer. Il suffit ensuite de construire le feu de manière classique, en prenant soin de l orienter par rapport au vent. Cette activité permet de tordre le cou à quelques représentations tenaces.

3 Les enfants comprennent d abord que frotter n est pas percuter et que frapper du silex avec du silex reste sans effet. Ils constatent ensuite que les étincelles se produisent une à une et en petit nombre mais aussi qu elles ne parviennent pas à enflammer directement quoi que ce soit. La nécessité de disposer d une matière très inflammable et le passage obligé par la braise deviennent évidents. Ici surtout, on verra toute l importance de ne pas se précipiter tout en effectuant des gestes précis, sous peine de n obtenir aucun résultat. Il s agit, en somme, de suivre à la lettre un protocole. En classe, des prolongements à l aide d objets modernes tels que l allumette, la pierre à briquet ou le briquet à amadou, permettront de mettre en évidence la pérennité de l exploitation de ces mêmes propriétés. Graver et peindre sur la pierre Les enfants disposent de formes animalières découpées dans un feutre épais et d un morceau de pierre calcaire de texture comparable à celle de la paroi de la plupart des grottes. A l aide d un poinçon de silex, il s agit d abord de graver le plus profondément possible la silhouette de la forme sur la face la plus plane de la pierre, afin d éviter que l ocre ne se diffuse. Cela fait, on dilue l ocre jaune et l ocre rouge, visibles sous forme de bloc et de poudre, avec un peu d eau. La peinture obtenue est disposée à l intérieur de la forme à l aide d un bâtonnet. La pierre absorbe assez vite le mélange. Le résultat dépend évidemment du soin qu on apporte à sa réalisation, qu on pourra emporter. En conclusion Si toutes ces activités sont abordables à partir du cycle 2, elles demandent une grande concentration et, quelquefois, des encouragements ou un peu d aide. Cela permet de mesurer toute l habileté et le riche éventail technique déployés par les hommes du paléolithique et de combattre, si besoin était, une certaine imagerie. Par ailleurs, le fait d agir directement, en lien avec des notions relatives à une période très éloignée, consolide les représentations livresques et offre nombre de pistes de réflexion, créant un pont avec notre propre époque. Le bilan de cette sortie est très positif.

4 Bloc de marcassite Polypore amadouvier et percuteurs de silex production progressive du feu à partir de la braise d amadou

5 développement du geste pour projeter la sagaie avec un propulseur