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1 En 2010, Montréal atteignait une densité de population de 3750 habitants par kilomètre carré. Aujourd hui, c est plus de la moitié des Québécois qui vivent dans la région du Grand Montréal. L urbanisation du territoire a un impact significatif sur la qualité et le cadre de vie des Montréalaises et Montréalais. Parmi les solutions ayant émergé afin de favoriser le développement plus durable des villes, l agriculture urbaine (AU), ou la production alimentaire en milieu urbain, s est imposée. Au cours des dernières décennies, Montréal a vu fleurir le programme municipal des jardins communautaires qui compte entre et membres, plus de 45 jardins collectifs fréquentés par près de 2000 personnes, ainsi qu une variété de jardins résidentiels et institutionnels aux quatre coins de son territoire. À cela, il faut ajouter les terres agricoles de haute qualité dans l ouest. La créativité et la détermination des citoyens, des groupes communautaires et des entrepreneurs locaux ont aussi permis à l AU d atteindre de nouveaux sommets par la culture hors sol, sur les balcons et sur les toits. Il suffit de circuler dans les ruelles des quartiers montréalais pour découvrir l ingéniosité et la créativité déployées en matière d agriculture urbaine. Le milieu universitaire montréalais participe également à ce mouvement avec la production de nombreuses recherches sur le sujet, l organisation d une école d été sur l AU à l UQAM, une serre productive à Concordia et un jardin ayant remporté de nombreux prix de design à McGill. L engouement est tel que Montréal, malgré son climat, fait l envie de plusieurs autres grandes villes à travers le monde.

2 En dépit de cette effervescence, il semble que plusieurs facettes de l AU restent toujours méconnues. Alors que d autres villes canadiennes comme Vancouver et Toronto se sont engagées publiquement dans la promotion et le soutien de l AU sous toutes ses formes, l AU à Montréal reste encore absente ou très peu présente dans les grands plans de développement et d aménagement du territoire. Montréal serait-elle une métropole potagère qui s ignoreⁱ? Le premier Plan stratégique de développement durable de la collectivité montréalaise (phase ) reconnaît que l agriculture urbaine répond à de nombreux enjeux: promotion de la sécurité alimentaire, accessibilité à des aliments frais, verdissement et protection de la biodiversité, réduction de la pollution liée au transport et promotion de forme d interactions socialesⁱⁱ. L agriculture urbaine, de par sa multifonctionnalitéⁱⁱⁱ, devient donc une stratégie de premier choix à mettre de l avant afin de faire de Montréal une ville verte et nourricière. Il est donc nécessaire d y réfléchir collectivement afin de se doter d une vision cohérente dans un esprit de développement durable.

3 L agriculture urbaine est depuis longtemps mise de l avant par de nombreux citoyens et groupes communautaires œuvrant dans le domaine de la sécurité alimentaire. Une récente étude démontre que les jardins communautaires et collectifs présents sur le territoire montréalais produisent entre 0.3 kg/m² et 5.4 kg/m² par année en fonction de la vocation de l espaceⁱ ᵛ. En assurant une certaine autonomie alimentaire, l agriculture urbaine devient un complément au revenu se traduisant par une économie d argent pour des aliments de haute qualité. L agriculture s intègre à merveille dans le cadre urbain montréalais, où elle profite d une concentration de main d œuvre, d une production significative de déchets organiques et de la proximité du plus important bassin de consommateurs au Québec. En optimisant la distribution alimentaire, elle participe à la lutte contre les gaz à effet de serre et les changements climatiques. Les projets de jardinage urbain contribuent également à la valorisation du compost et, par ce fait, participent à la sensibilisation à la gestion des matières résiduelles. Par conséquent, la production locale d aliments engendre des répercussions significatives dans la réduction de l empreinte écologique.

4 D un point de vue social, l agriculture urbaine favorise la mixité sociale (interculturelle et intergénérationnelle) et intervient positivement en matière de santé physique et mentale. Elle est perçue par plusieurs comme un loisir, un espace de détente et d émerveillement, en plus d être un lieu de socialisation fort recherché permettant de contrer l isolement en milieu urbain. La présence de terres agricoles en milieu urbain favorise la création de liens entre les fermiers et les consommateurs facilitant la compréhension de l importance cette activité, donc de son maintien à proximité des quartiers centraux. Montréal bénéficie de la présence de terres agricoles de très grande qualité dans l ouest de l île. Favorisant une variété de stratégies pédagogiques, l agriculture urbaine est un espace important d éducation informelle dans lequel plusieurs citoyens évoluent dans un contexte de partage des savoir-faire. De plus, elle renforce les liens de solidarité et les échanges interculturels entre les résidents d'un même quartier

5 Les terres agricoles en milieu urbain et les surfaces cultivées en ville abritent et alimentent une faune diversifiée, entre autre, des oiseaux, des papillons et des insectes pollinisateurs. L agriculture urbaine permet également d augmenter le nombre d espèces végétales qui se retrouvent en ville dont les plantes potagères, les arbres et arbustes fruitiers et les vignes à raisin. Par le verdissement, l agriculture urbaine contribue à rafraîchir l air ambiant et donc à lutter contre les îlots de chaleur. Aussi, la perméabilité de la surface végétale absorbe une partie des eaux de pluie et diminue par le fait même le ruissellement urbain.

6 L agriculture urbaine est maintenant en plein essor sur l île de Montréal. De plus en plus de citoyens, d institutions et de médias s y intéressent. Il importe de capitaliser sur cette attention positive afin de la transformer en résultats durables. L agriculture urbaine vise de nombreux objectifs croisés (sécurité alimentaire, développement durable, intégration sociale, éducation, santé, loisirs, protection et amélioration de la qualité de l environnement, etc.) Il est grand temps de maximiser tous les potentiels de l agriculture urbaine en imaginant des projets maraîchers et fruitiers qui seraient aussi des îlots de fraîcheur, des corridors de biodiversité urbaine, des espaces ludiques, des lieux de socialisation et d éducation, dont les fruits pourraient approvisionner les marchés publics, les bistrots ou les cuisines des garderies!

7 Même si l agriculture urbaine est en pleine croissance à Montréal, de nombreux projets ancrés localement demeurent précaires. Le financement par projet et de courte durée (en général, trois ans) nuit à leur durabilité. Il importe de viabiliser les projets en place afin de les ancrer de façon permanente dans le paysage montréalais. La préservation des terres agricoles de l ouest de l île de Montréal est également un enjeu de taille, alors que leur existence est menacée notamment par des projets immobiliers. Bien que l existence et les nombreuses retombées positives de l agriculture urbaine ne soient plus à prouver, la place qui lui est faite dans les plans d aménagement urbain, de développement durable ainsi que dans les politiques agricoles, demeure marginale. Face à ce constat, il apparaît essentiel de développer une vision globale, claire et porteuse sur l avenir de l agriculture urbaine à Montréal.

8 Action communiterre Alternatives Equiterre Centre d écologie urbaine de Montréal Conseil régional de l environnement de Montréal CRAPAUD Greenpeace Option consommateurs Regroupement des jardins collectifs du Québec Santropol roulant I/Charrette, J. 2009, «Montréal : une métropole potagère qui s ignore», Canoé- Infos, (Montréal), 5 mai, en ligne : « archives/2009/05/ html», Consulté le 30 mai II/Gagnon, Chantal I Premier plan stratégique de développement durable de la collectivité montréalaise. Service des infrastructures transport et environnement de la Ville de Montréal, Ville de Montréal, pp [En ligne] documents/psdd_ f.pdf III/Wegmuller, Fabien La multifonctionnalité de l agriculture urbaine à Montréal : étude des discours au sein du programme des jardins communautaires : Conférence-séminaire de l Institut des sciences de l environnement de l UQAM, (Montréal, 17 déc. 2009). IV/Duchemin, Eric, Fabien Wegmuller et Anne-Marie Legault, Urban agriculture: multi-dimensional tools for social development in poor neibourghoods. FACTS Reports. vol. 2, pp [En ligne] index113.htm

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