SÉANCE DE SÉMINAIRE : «LE MAINTIEN DE L HOSPITALITÉ, DE L HÔPITAL JUSQU AU DOMICILE, DANS DES SITUATIONS DE GRANDE VULNÉRABILITÉ».

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1 SÉANCE DE SÉMINAIRE : «LE MAINTIEN DE L HOSPITALITÉ, DE L HÔPITAL JUSQU AU DOMICILE, DANS DES SITUATIONS DE GRANDE VULNÉRABILITÉ». L hôpital comme lieu de vie et d échanges Anne-Gaëlle COGEZ - responsable de l animation au sein du pôle de gérontologie- CHRU de Lille Le Projet d Animation et de Vie Sociale prend tout d abord en considération l implantation et les caractéristiques à la fois du territoire (quartier, ville), de l établissement l hôpital gériatrique Les Bateliers puis de l environnement de proximité (ici l USLD). En adéquation avec le projet de vie, ce dernier détermine quels objectifs, quels moyens peuvent être mis en œuvre pour atteindre le développement de la vie sociale et culturelle de la personne âgée. Ainsi, l animation ne se limite pas à «remplir le temps qui passe», mais relève d un projet plus global qui donne du sens à l action. L animateur est un accompagnateur garant du projet de vie. Les loisirs et activités culturelles sont des outils utilisés pour favoriser l émergence de groupes sociaux et pour stimuler les relations sociales. L animation dans le contexte de l institution permet le choix, l expression d opinions, l émergence de désirs. Elle invite l ensemble des acteurs de l établissement (résidents, familles, professionnels ) à se rencontrer, à partager et à composer ensemble, au sein d un même lieu (hospitalité au sens large) L animation relationnelle et de proximité L approche défendue par le Projet d Animation et de vie Sociale de l Hôpital Gériatrique Les Bateliers, se rapporte davantage à la notion «d animation relationnelle et de proximité» développée par la psychologue française Claudine Badey-Rodriguez qui postule que le professionnel doit chercher pour chaque personne «ce qui la tient encore en vie, ce qu elle a encore envie de vivre, ce qui est encore important pour elle» (1997). En effet, c est en récoltant un maximum d informations que l animateur peut construire un véritable projet de vie et proposer des actions personnalisées qui résultent de ses demandes, désirs et envies. En ce sens, nous pouvons établir un rapprochement entre des conceptions défendues par «l Education nouvelle» et la pratique d ateliers proposés aux personnes âgées en institution. En effet, au milieu des années 40 des pédagogues se sont intéressés à des nouvelles conceptions concernant le développement de l enfant. Gisèle Defailly résume cette réflexion ainsi : «Tout acte [chez l individu ] met en jeu non seulement son intelligence, mais aussi son affectivité, son corps, sa relation avec les objets, les autres, sa relation avec le milieu matériel et le milieu humain» De l animation occupationnelle à l animation socio-culturelle S appuyant alors sur cette réflexion les pratiques des intervenants ont évolué d une animation occupationnelle à la conception de projets d animation prenant en compte les besoins physiques, psychologiques et sociaux de l individu, à savoir une approche globale de l individu qui prend dès lors en considération la fragilité/vulnérabilité de la personne. On comprend dès lors la nécessité de la pluridisciplinarité dans le champ de l animation. L animation se doit d investir l ensemble de

2 l établissement et du personnel en mobilisant les ressources des personnes tout comme celles du milieu. Ainsi, l animation ne doit en aucun cas être arbitraire et confondue à l «activisme», c est-à-dire à la multiplication des activités dans le seul soucis de «faire bouger», «faire quelque chose» et donc réduire l être à l activité et l activité au faire. Claudine Badey-Rodriguez parle d «activités davantage faites d observation, de retour sur soi, de contemplation, de médiation sur ses racines, son identité, son histoire, le bilan de sa vie et qui nécessitent un certain repli, de la tranquillité, de longs moments de silence et de solitude» (1997). L animation sociale et socio-culturelle, le moyen d organiser la rencontre avec l Autre L animation institutionnelle L animation festive L animation festive consiste à organiser des temps forts durant l année qui marquent la vie de la structure dans son ensemble. Il s agit de mettre en place un moment de convivialité basé sur l échange entre les résidents, les familles, l ensemble du personnel de l établissement, les habitants du quartier et de la ville (convivialité comme condition nécessaire d une hospitalité épanouissante). Elle peut prendre la forme de * Repas festifs (Noël, fête des mères et des pères, fête du printemps..) et ainsi marquer agréablement des temps précis de l année et de donner des repères dans le temps et l espace à des résidents parfois désorientés. Ces temps permettent également de favoriser le maintien des liens familiaux et sociaux. * Rencontres intergénérationnelles entre résidents, arrières petits-enfants, enfants du personnel, enfants et adultes du quartier afin de préserver les liens familiaux, sociaux et valoriser le rôle social de la vieillesse (orientation politique) * Spectacles (danse, théâtre, musique, arts du spectacle ) et ainsi favoriser l accès de tous et notamment des plus isolés à la culture. Ex : Travail en collaboration étroite avec le Service des Affaires Culturelles du CHRU accueil de stagiaires autour d un projet développant notamment les axes «ouverture sur l extérieur» et «culture» en rassemblant différents acteurs de la métropole lilloise autour de moments culinaires, intergénérationnels et conviviaux dans le but d ouvrir l hôpital sur la ville et d en faire un haut-lieu de la vie culturelle et citoyenne (marchés hebdomadaire, dîners-cinés, fête de la soupe, repas gastronomique «en dehors des murs», cours des cuisine * Loisirs adaptés L intérêt d organiser ces évènements est d ainsi créer du lien social entre résidents, des espaces propices aux échanges et à la convivialité (jeux flamands, loto, cinéma...) Les sorties culturelles, de loisirs ou de vacances Elles sont également développées ici aux Bateliers. C est l occasion pour les résidents de sortir du cadre institutionnel de l hôpital et d investir d autres lieux, de rencontrer de nouvelles personnes et ainsi d être toujours dans la découverte. C est aussi la possibilité pour Les Bateliers d être ouvert sur l extérieur et de profiter de l intérêt que représente le rayonnement de la structure et son

3 implication dans la vie culturelle et sociale de son environnement (quartier, ville, département et région). Les ateliers socio-culturels et/ou «thérapeutiques» (quand l animation se heurte à la notion de vulnérabilité/fragilité) En tant qu animatrice sociale et socio-culturelle, je suis convaincue de la portée sociale de la culture et de son potentiel à faire émerger des liens sociaux. En effet, les ateliers socio-culturels, (les pratiques culturelles, artistiques et de loisirs) sont ici considérés comme des moyens d expression variés. Ces ateliers s organisent en groupe, à l initiative de l animateur, référent-animateur et/ou de résidents et sont mis en place directement dans l unité. Etymologiquement, «exprimer» signifie «faire sortir de», «extérioriser», c est précisément le but recherché par l animation d ateliers. En se regroupant lors d un atelier, les résidents créent un espace où ils peuvent prendre du plaisir à être créatifs et surtout à échanger avec les autres. Cet espace doit être conçu comme celui de la liberté (l hospitalité qui n enferme pas), les résidents pouvant ainsi faire preuve d initiatives, de curiosité, rencontrer d autres personnes motivées par les mêmes choses et dès lors reconquérir une part d autonomie, de reconnaissance, un contact avec le monde extérieur et les autres. Ces ateliers leurs permettent également de s approprier un espace de vie. ateliers d expression non-verbale (artistique, de bien-être...) Le but d un atelier d expression plastique n est en aucun cas l apprentissage de techniques de plasticiens mais bien de favoriser l expression, la créativité des personnes à l aide du moyen et support artistique (dessin, peinture, modelage, sculpture, broderie, couture, tricot ). L échange avec une personne âgée peut se faire sans utiliser la parole, le verbe. D autres moyens d échanges existent comme le toucher, le regard, la musique et qui peuvent même parfois en dire davantage. L articulation du discours peut même être parfois porteuse d angoisses, de confusions... ateliers d expression et de communication (verbale) L atelier choral, le Comité de rédaction du Petit Journal des Bateliers (groupe de paroles), l atelier photos... Le but de ces ateliers est bien en premier lieu de favoriser l expression et ainsi permettre les échanges. Je reçois très régulièrement des Art-thérapeutes, les formations fleurissent énormément notamment dans notre région, si effectivement je défends l'idée que l'art et la culture sont les moyens de favoriser à tous les niveaux les échanges, et les liens sociaux, je reste, assez réservée quant à l'appellation "thérapie" qui pour moi doit être réservée à la seule médecine, car le risque serait de considérer uniquement la personne-âgée à travers ses pathologies, et les diverses conséquences du vieillissement sur l individu (intérêt de la présomption de capacités, d autonomie ) L objectif des actions menées ne doit pas être confondu avec les effets potentiellement atteints L atelier choral : chanter ne vise pas obligatoirement la rééducation de la capacité respiratoire, ou l exercice de la mémoire. C est en fait ici des effets thérapeutiques liés au plaisir, à l accomplissement de soi, à l exercice de son rôle social et aux différents échanges produits. C est bien là que se trouvent l envie de vivre, les plaisirs et le sens de l existence et l objectif même de l animation socioculturelle.

4 Ateliers de stimulation cognitive et sensorielle, activités de réminiscence Il s agit de manière ludique de favoriser l utilisation des capacités cognitives, mnésiques, et sensorielles en veillant particulièrement à ne pas mettre la personne en échec. La forme de ces ateliers est donc importante, ne jamais se montrer scolaire, susciter avant tout la participation des résidents et le plaisir à participer. (se fait en groupe plus ou moins important, ou en entretien individuel) (ex : Projet jardin-multi-sensoriel, loto des couleurs, des goûts, des senteurs...) Exemples d ateliers/d activités : Musicothérapie/ Expression plastique, Médiation Animale Travailler en équipe pluridisciplinaire, l animation socio-culturelle comme démarche, comme espace de réflexions interdisciplinaires L animateur : accompagnateur du projet de vie Nous devons concevoir et pratiquer l animation des personnes âgées en USLD en la construisant à partir des envies, désirs et attentes individuelles, en prenant en compte les capacités, l histoire de vie et en mettant en avant la dimension «personnelle» de cette animation. En effet, nous admettons sans mal que la personne est la source du projet mais en pratique ce projet part davantage du bienfait «éventuel» que ce projet va apporter que du réel intérêt de la personne. Certes cet intérêt peut être suscité, par la proposition et la découverte, mais il doit toujours tenir compte de l avis de la personne. Cette démarche nécessite une écoute très développée, une observation très attentive au-delà des connaissances et de la réflexion sur la personne âgée, afin de trouver «ce qui la tient encore en vie, ce qu elle a encore envie de vivre, ce qui est encore important pour elle» (1997), C Badey Rodriguez. Cette démarche nécessite également la connaissance des rythmes de vie, des possibilités et des incapacités des personnes afin de proposer des ateliers divers qui conviennent à tous (expérience de la vulnérabilité, l hospitalité individualisée). D où la nécessité de temps de formation à certaines pathologie mais surtout à leur accompagnement. Ex : Formation aux pratiques d ateliers de stimulation cognitive et sensorielle adaptés aux personnes âgées atteintes de démence type Alzheimer (cf «La Méthode Montessori adaptée aux personnes âgées atteintes de démence»). Ecoute active, mise en place de repères humains, de temps et d espace sont des conditions nécessaires à l élaboration de projets d animation. L animateur : «facilitateur» auprès des équipes. Le travail d animatrice au sein de l hôpital gériatrique Les Bateliers comme étant le moyen d une mise en réseau de tous les personnels (médicaux, para-médicaux), des intervenants extérieurs (bénévoles, intervenants médico-sociaux, culturels...) et familles dans le champ de l animation qui permette une organisation cohérente et épanouissante de la vie sociale des résidents. (organisation épanouissante du lieu de vie) Le rôle de l animatrice est de permettre la mise en place d activités épanouissantes pour les résidents, ainsi il parait nécessaire de communiquer autour des évènements organisés ainsi qu autour des ateliers et plus largement sur le sens même de l animation.

5 L orientation : ouverture sur l extérieur (l hospitalité élargie) Le Projet d Animation et de Vie Sociale a comme objectif de maintenir ces relations à l autre et à l environnement pour qu effectivement ces résidents soient intégrés au sein de leur famille, au sein de la «communauté hospitalière» mais également au quartier, à la ville et plus généralement à la société. L hôpital, dès lors qu il est conçu comme lieu de vie et plus seulement comme simple lieu de passage, se doit d ouvrir ses portes sur l extérieur, le quartier, sur la ville et plus généralement la société pour que soit effective la notion du «vivre ensemble». (Enjeu politique)