INVENTAIRE TUNNELS GALERIE DE LA MER
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- Adèle Fleury
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1 INVENTAIRE TUNNELS GALERIE DE LA MER Exploité depuis au moins le XVe siècle jusqu en 2003, le bassin minier des Bouches du-rhône a livré près de 130 millions de tonnes de lignite, soit 2 à 3 % de la production charbonnière nationale. En dépit de sa modestie, l exploitation minière locale n en a pas moins joué un rôle important dans l histoire économique, technique et sociale du département. L extraction du lignite a non seulement procuré du travail à plusieurs milliers de familles vivant dans les environs des petits villages de Saint-Savournin, Gréasque, Fuveau, Trets et Gardanne près de mineurs sont recensés en 1948, mais elle a aussi favorisé l innovation et, jusque dans les années 1950, la compétitivité de plusieurs produits locaux exportés dans le monde entier comme le savon de Marseille, les pains de sucre, les tuiles et les carreaux, le ciment, l alumine, les engrais chimiques ou le soufre. Dans le dernier tiers du XIXe siècle, l exploitation du bassin minier des Bouches-du- Rhône est cependant compromise. Au moment même où la seconde révolution industrielle stimule la consommation de charbon celle des usines de l agglomération marseillaise passe de à tonnes entre 1885 et 1913, l existence de la principale compagnie minière privée des lieux la Société anonyme de charbonnages des Bouches-du-Rhône est remise en cause par de graves problèmes d inondations qui affectent les galeries les plus profondes, là où se trouvent justement les plus belles couches de minerai. La production ne progresse plus, la qualité du lignite baisse et l importance des frais de pompage se répercute à la hausse sur son prix de vente, pour le plus grand profit de la houille des Cévennes acheminée par chemin de fer depuis les mines de la Grand Combe jusqu à Marseille. D où provient toute cette eau? Dans un premier temps, les dirigeants de la Société anonyme de charbonnages des Bouches-du-Rhône pensent que les inondations sont dues aux pluies exceptionnelles tombées sur le département. Pour la seule année 1872, l Observatoire de Marseille relève millimètres d eau, une situation qui ne s est pas produite depuis plus d un siècle. Mais lorsqu en 1878, 1881 et 1883 de nouvelles inondations surviennent alors que les pluies tombées correspondent à celles des années les moins pluvieuses, les ingénieurs prennent conscience que le problème est ailleurs et, d une certaine manière, plus grave : les meilleures couches se trouvent dans des terrains aquifères qui rendent leur exploitation difficile, voire complètement improductive. En 1859, une solution est alors avancée par l ingénieur Ernest Biver, directeur de l exploitation : plutôt que de continuer à dépenser vainement des sommes de plus en plus importantes pour le pompage de l eau, Biver propose de réaliser une longue galerie d écoulement entre le gisement exploité par la compagnie dans les environs de Gardanne et le port de Marseille. Un tel dispositif offrirait à ses yeux plusieurs avantages : un écoulement continu de l eau des galeries jusqu à la Méditerranée par simple gravitation, et donc à peu de frais ; l assèchement de près de 9 millions de tonnes de lignite jusque-là peu accessibles ; l augmentation de la production et la mise sur le marché d un minerai à la fois moins cher et de meilleure qualité. Le seul problème, et il est loin d être négligeable dans le contexte technique de l époque, concerne la difficulté de l ouvrage à réaliser : 14,8 km, soit davantage ou autant que les tunnels du Mont-Cenis (13,6 km) et du Saint-Gothard (14,9 km) dans des terrains dont on ignore finalement presque tout. Située au plus profond jusqu à 500 mètres sous le sol, longue de mètres, d une section de 3 m de diamètre, taillée en pleine roche ou renforcée par des parements en brique ou des cuvelages métalliques, elle prend naissance à une profondeur de 262 m à partir des puits Biver et Gérard, mais à une altitude vraie de 18 m. Commencée en 1890, terminée en 1907, elle a été creusée en 17 ans à l aide de quatre puits intermédiaires pour l aération et l évacuation des déblais. De la mine vers la mer : Le puits de la Mûre, d une profondeur de 330 m. Le puits Saint Joseph, d une profondeur de 88 m.
2 2 Et, presque à la fin de la galerie, les puits des Aygalades et Saint-Louis, de moindre importance. Ces quatre puits ont aujourd hui disparu. Tracé de la galerie de la Mer
3 3 Enfin, elle se terminait au niveau du cap Pinède, dans le quartier de la Madrague à Marseille, non loin de ce qui deviendra l actuel silo Panzani. Plan de 1936 indiquant l emplacement de la sortie de la galerie Deux vues aériennes datant de 1923 et 1926, montrant la sortie de la galerie sous la voie ferrée du port (flèche rouge), allant de l Estaque à Lajout
4 4 Le parcours de la galerie de mer avec ses puits intermédiaires Coupe schématique de la mine montrant au premier plan le départ de la galerie de la mer et la coupe de cette dernière telle qu elle était prévue dans le projet initial Seule la partie haute sera réalisée et une grosse conduite courra tout du long de l un des piédroits
5 5 Surface Puits de mine Ruissellement par gravité Puits de mine Galerie Pompage Galerie Pompage Fond de la mine Coupe de la mine et principe des infiltrations et des pompages Selon le projet initial, l'eau pompée dans le puits Gérard devait passer dans un drain maçonné situé sous le radier de la galerie. Mais cette solution sera abandonnée au profit d une section plus réduite où l eau passera dans un tuyau de 55 cm de diamètre placée sur l un des côtés de la galerie. D autre part, la galerie ayant été équipée d une voie Decauville électrifiée pour faciliter l évacuation des déblais, elle servira jusqu en 1952 pour amener directement le lignite de Gardanne jusqu à une station de criblage située sur le port de Marseille. Vue aérienne actuelle de la fin de la galerie (pointillés et flèche jaune) La flèche rouge montre l emplacement comblé de l ancienne sortie L ellipse verte montre une passerelle reconnaissable que l on retrouve sur la photo de 1926
6 6 Après la fermeture des mines de Gardanne en 2003, il a été décidé que l'exhaure (pompage des eaux d infiltration) serait maintenue pour évacuer les oxydes de fer, mais que ceux-ci ne pourraient plus être rejetés massivement dans le port de Marseille comme c était le cas par le passé. De ce fait, et aussi en raison des remaniements du port, de l apparition du silo Panzani et de diverses bretelles autoroutières, la fin de la galerie a été rallongée et modifiée. Solidement fermée, elle ne sert plus que de regard de visite aux agents techniques autorisés. L eau, quant à elle, s écoule dans trois forages de 350 mm de diamètre qui passent à 30 mètres de profondeur sous le port jusqu à 43 diffuseurs situés en mer pour réduire l'impact sur le milieu marin. La qualité de cette eau est contrôlée en permanence. Vue aérienne en gros plan de la sortie actuelle de la galerie coincée entre des bretelles autoroutières Ci-dessus et ci-après, la sortie de la galerie telle qu on peut la voir aujourd hui
7 7 Puis la maintenance de la galerie a été confiée au BRGM à partir de En août 2010, le débit de pompage a été porté de 450 m 3 /h à m 3 /h. Et il sera en principe maintenu jusque vers Au centre, le départ de la galerie de la Mer A gauche, un petit canal destiné à la récupération des eaux d infiltration A droite, une galerie de mine
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