Un geste d espoir: Consommer des aliments qui peuvent protéger contre le cancer Jackie Kerry, Groupe Littoral et vie Université de Moncton

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1 Un geste d espoir: Consommer des aliments qui peuvent protéger contre le cancer Jackie Kerry, Groupe Littoral et vie Université de Moncton 2012

2 DÉNÉGATION DE RESPONSABILITÉ Ce document présente une synthèse de recherches publiées dans des journaux scientifiques, des documents d organismes travaillant sur le cancer ou des livres écrits par des chercheurs. Il est important de noter que les informations et recommandations contenues dans ce document ne remplacent pas les traitements médicaux contre le cancer. Il est donc impératif d obtenir l approbation d un médecin avant de changer de diète ou d adopter une nouvelle habitude alimentaire. De plus, l adhésion aux recommandations retrouvées dans ce document ne garantit en rien la prévention du cancer, ni la guérison d un cancer existant. Enfin, le fait de ne pas suivre les recommandations présentées ici ne mène pas nécessairement au développement d un cancer. Le Groupe de recherche Littoral et vie, la Fondation Hôpital Dr-Georges-L.-Dumont (l Arbre de l espoir) et les Instituts de recherche en santé du Canada ne sont pas responsables des dénouements défavorables qui résulteraient de la lecture de ce document ou de l adoption d une nouvelle diète en réponse à cette lecture. Tous droits réservés. Groupe de recherche Littoral et vie, Université de Moncton, La création de ce document a été rendue possible grâce à des fonds de la Fondation Hôpital Dr-Georges-L.-Dumont et des Instituts de recherche en santé du Canada. 1

3 TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION... 3 DÉVELOPPER UN CANCER: UNE EXPLICATION SIMPLIFIÉE... 3 RÉSULTATS CONTRADICTOIRES... 4 RELATION ENTRE LE CANCER ET L ALIMENTATION... 5 ALIMENTS ET COMPOSÉS ALIMENTAIRES QUI PEUVENT AUGMENTER LES RISQUES DE DÉVELOPPER UN CANCER... 6 L alcool... 6 La viande rouge... 6 Le sel...7 Autres facteurs de risques...7 Le tabac...7 Les méthodes de cuisson... 8 ALIMENTS ET COMPOSÉS ALIMENTAIRES QUI PEUVENT DIMINUER LES RISQUES DE DÉVELOPPER UN CANCER... 8 Qu est-ce que la chimioprévention?... 8 Les fruits et légumes...10 Les fibres alimentaires Les vitamines et minéraux Le soja Les lipides Les aliments probiotiques Autres aliments protecteurs Le café Le thé Le chocolat Le vin rouge Le curcuma COMPLÉMENTS ET SUPPLÉMENTS ALIMENTAIRES TABLEAU RÉCAPITULATIF AUTRES FACTEURS LIÉS AU DÉVELOPPEMENT DU CANCER Le gain de poids L activité physique ALIMENTATION DURANT LES TRAITEMENTS CONTRE LE CANCER RÉFÉRENCES

4 INTRODUCTION Depuis longtemps, il est reconnu que l environnement influence la santé et le bien-être des gens. Heureusement, de plus en plus de personnes contribuent activement à créer pour elles-mêmes et pour leurs proches un environnement qui favorise la santé. Ce document présente certains impacts de l alimentation sur la santé, et plus particulièrement sur le développement du cancer. On y explique aussi comment les personnes peuvent prendre leur santé en charge en améliorant leur alimentation. Ce document offre des explications sur le développement du cancer et explique les mécanismes par lesquels certains aliments malsains peuvent favoriser le développement de la maladie. Les bienfaits de certains aliments sains sont ensuite discutés. Des recommandations alimentaires sont également proposées. Un tableau récapitulatif résume les propos du document et, finalement, des conseils sur les suppléments alimentaires et pour les personnes en rémission sont offerts. DÉVELOPPER UN CANCER: UNE EXPLICATION SIMPLIFIÉE Plusieurs processus chimiques essentiels se produisent constamment dans notre corps pour assurer le fonctionnement, la croissance et la reproduction de nos cellules. Durant ces processus, des radicaux libres sont formés [1], en raison de réactions photochimiques et du stress issu de l oxydation. Ces molécules instables endommagent de manière irréversible les principaux constituants des cellules de l organisme [1]. Ils influencent l expression des gènes et ils causent des dommages à l ADN [2,3]. La formation de radicaux libres peut aussi être induite par l exposition à des cancérigènes environnementaux [4] (fumée de cigarette, émissions industrielles, vapeur de gazoline, Carcinogenèse: ensemble des phénomènes menant au cancer Tumorigenèse: processus de formation d une tumeur Hyperprolifération: multiplication anormale et très rapide des cellules. Angiogenèse: formation de nouveaux vaisseaux sanguins pour approvisionner la tumeur en oxygène et en nutriments qui favorisent sa croissance. Métastase: propagation des cellules cancéreuses vers d autres organes distants. etc), des agents inflammatoires (facteur de nécrose tumorale et peroxyde d hydrogène) et des promoteurs de tumeurs (esters de phorbol et acide okadaic). Les radicaux libres, qu ils soient formés par le corps ou induits par des cancérigènes externes, peuvent déclencher le processus de carcinogenèse [2, 3, 5]. Le développement du cancer, processus en plusieurs étapes, commence par la transformation des cellules, pour progresser vers l hyperprolifération puis vers le développement de propriétés angiogéniques et de lésions métastatiques [6]. Ce dommage, initié par les radicaux libres, peut, du moins partiellement, être contré par les antioxydants [7]. En effet, ces derniers, retrouvés sous forme de vitamines ou de minéraux dans de nombreux aliments, peuvent protéger les cellules contre les radicaux libres [1]. 3

5 ADN: molécule en forme d'hélice composée d'éléments dont les différents enchaînements constituent le code génétique. Ce dernier est identique pour chaque molécule de chaque cellule d'un organisme donné. Chaque organisme a un ADN différent. Les changements génétiques, causés par l interaction de l ADN avec des agents cancérigènes, s opèrent en quelques heures après l exposition à ces agents. Si le dommage génétique causé n est pas réparé par le corps à l intérieur de quelques jours ou semaines, il est converti en lésion biologique stable lors de la réplication des cellules [8]. Ceci augmente la probabilité d accumuler du dommage génétique additionnel, tel que des mutations endogènes lors de la multiplication des cellules affectées, développant lentement une tumeur. De plus, l exposition continue aux agents cancérigènes augmente le risque qu une tumeur devienne maligne [9]. Ce processus de conversion d une cellule prémaligne à maligne peut prendre jusqu à 10 ans [8]. RÉSULTATS CONTRADICTOIRES De façon générale, les articles scientifiques retrouvés sur le lien entre l alimentation et le cancer vantent les bienfaits de certains aliments ou avertissent les lecteurs de leurs méfaits quant au développement du cancer. Cependant, il est important de noter que, dans la plupart des cas, il existe des articles également crédibles qui rapportent des résultats contraires ou neutres. Pourquoi est-il si difficile pour les chercheurs d arriver à un consensus? Les contradictions retrouvées dans la littérature sur le lien entre le cancer et l alimentation s expliquent par plusieurs raisons. D abord, le design de la recherche et la méthodologie employée diffèrent d une étude à l autre, pouvant résulter en des conclusions différentes [10]. De plus, il est difficile d identifier les facteurs nutritifs spécifiques qui augmentent ou diminuent les risques de cancer, car les aliments contiennent plusieurs différents nutriments. Par exemple, pour des chercheurs qui veulent observer l effet sur le cancer des fibres contenues dans un aliment donné, il est difficile de différencier l impact dû aux fibres de celui relié aux autres nutriments, minéraux et composés de cet aliment. De plus, il est possible que ce soit l interaction de ces nutriments qui causent les bienfaits ou méfaits de l aliment en question. Par ailleurs, souvent, les gens ne mangent pas seulement un aliment qui influence le cancer, mais plusieurs autres aliments, rendant difficile la tâche d identifier les aliments bénéfiques ou néfastes [10]. Dans d autres cas, il existe plusieurs variations d un même composé, comme lorsqu on parle de fibres par exemple. Les différents types de fibres peuvent avoir des effets variés sur le développement du cancer [11]. De plus, l impact de l alimentation sur un type donné de cancer peut différer selon son emplacement spécifique [12]. Par exemple, il a été déterminé que le développement de tumeurs dans la partie proximale du côlon se produit différemment de dans sa partie distale et dans le rectum [13, 14]. Différents aliments peuvent influencer la progression de ce cancer selon son emplacement spécifique [12]. QUE FAIRE LORSQU ON EST CONFRONTÉ À TOUTES CES INFORMATIONS? Les synthèses retrouvées dans ce document sont tirées de journaux scientifiques crédibles, de livres écrits par des chercheurs ou bien de documents publiés par des 4

6 organismes travaillant sur le cancer. Au meilleur de nos connaissances, les informations contenues dans ce document sont reconnues par des scientifiques. Toutefois, en raison des difficultés pour les chercheurs d arriver à un consensus, il faut faire preuve de vigilance en interprétant les informations contenues dans ce document. Il importe aussi de consulter et d avoir l approbation d un médecin avant de modifier sa diète. RELATION ENTRE LE CANCER ET L ALIMENTATION Selon la Société américaine du cancer [15], environ 75% des cancers sont le produit de l environnement et des styles de vie. De plus, il est soutenu par certains chercheurs qu entre 30% à 40% des cancers pourraient être prévenus par une meilleure alimentation [16,17, 18]. En effet, il semble que la consommation élevée de certains aliments et la faible consommation d autres aliments peuvent diminuer les risques de Prévention du cancer par l alimentation: modification des habitudes alimentaires, souvent accompagnée d un changement de style de vie, afin de diminuer le risque de développer un cancer [19]. développer un cancer [18]. Dans le cas de certains types de cancers, tels ceux du système gastro-intestinal, l alimentation semble être responsable de 75% à 90% des cas [16,17]. Une approche holistique et pratique, intégrant les styles de vie et l amélioration de la diète, est le moyen le plus réaliste de prévenir le cancer dans les prochaines décennies [20]. Approche holistique en santé: percevoir la santé comme un élément qui interagit et qui dépend des autres éléments de la vie, tout en constituant avec eux une entité complète. Plusieurs études de populations ont permis de réaliser que les habitants des pays d Asie du sud-est ont moins d incidence de cancer gastro-intestinal, et de cancer du côlon, de la prostate, du sein et autres, en comparaison avec les sociétés occidentales. Il est très probable que le risque réduit de cancer est causé par l abondance de certains aliments dans la diète asiatique: ail, gingembre, soja, curcuma, oignon, tomate, légumes crucifères, piments et thé vert [5]. Il est généralement suggéré que certains aliments non seulement inhibent les agents cancérigènes pour prévenir un cancer, mais ont aussi un impact positif sur les stades terminaux du cancer: l angiogenèse et la métastase. Une diète appropriée peut même, à la suite d un traitement, empêcher la croissance de cellules résiduelles qui menacent de devenir un nouveau cancer [5]. En raison de leur capacité de repousser le début de la carcinogenèse, les agents nutritionnels bénéfiques ont été largement étudiés. Il semble que la diète occidentale typique (consommation importante de viande rouge, de viande transformée, de charcuteries, de grains raffinés, et de sucreries/desserts) est associée à un taux de mortalité, lié au cancer, qui est 16% plus élevé que celui qui accompagne une diète plus prudente: consommation élevée de légumes, de fruits, de légumineuses, de poissons, de 5

7 volaille et de grains entiers [21]. Une diète plus prudente peut aussi être bénéfique pour prévenir le cancer [22]. Souvent, les bénéfices d une diète préventive du cancer sont seulement pleinement démontrés plusieurs années plus tard [23, 24, 25, 26]. Par ailleurs, comme les diètes équilibrées sont issues de sources naturelles, elles sont sécuritaires d un point de vue pharmaceutique [5]. Ainsi, de façon générale, les chercheurs s entendent pour dire que la diète peut influencer le cancer de façon bénéfique. Cependant, les recherches se poursuivent pour déterminer comment se produisent les mécanismes protecteurs retrouvés dans les aliments et pour comprendre comment ces mécanismes interagissent avec le cancer [27]. ALIMENTS ET COMPOSÉS ALIMENTAIRES QUI PEUVENT AUGMENTER LES RISQUES DE DÉVELOPPER UN CANCER De nombreuses recherches ont trouvé que certains aliments augmentent les risques de développer un cancer [16, 17, 18, 28, 29, 30, 31]. Parmi les aliments nocifs, on retrouve l alcool, la viande rouge et le sel, ainsi que d autres facteurs de risques liés à l alimentation. L alcool Les recherches démontrent un lien de causalité entre la consommation d alcool et plusieurs cancers: celui de la cavité orale, du pharynx, de l œsophage, du larynx, du foie, du sein, du poumon et le cancer colorectal [16, 18, 28, 31]. Il est recommandé que les hommes ne consomment pas plus de deux verres de boisson alcoolisée par jour afin de ne pas augmenter leur risque. Pour les femmes, une seule boisson par jour est suggérée [18, 32]. La viande rouge Les données épidémiologiques supportent généralement une association directe entre la consommation de viande rouge et l incidence de cancer colorectal [28, 29, 16, 18, 33], de la prostate et des reins [16, 18]. Plusieurs études suggèrent que les méfaits de la viande rouge sont dus à l hème qu elle contient [30, 34] ou aux hétérocycliques animés créés par la cuisson à haute température (voir section Les méthodes de cuisson ci-dessous pour plus d information à ce sujet; 16, 18). Hème: pigment organique complexe qui contient du fer et d autres atomes auxquels se rattache l oxygène. Le Fonds mondial de recherche contre le cancer et l Institut américain de recherche sur le cancer [32] recommandent de limiter la viande rouge (bœuf, porc et agneau) à 500g par semaine. Il ne faut cependant pas oublier que les aliments d origine animale fournissent au corps des nutriments importants, dont les protéines, le fer, le zinc et la vitamine B 12. La plupart d entre eux sont donc sains lorsque consommés en petites quantités [32]. 6

8 Les aliments transformés Plusieurs aliments subissent des transformations avant de se rendre dans nos assiettes. Le bacon, le salami, les saucisses et la plupart des charcuteries sont considérés comme des aliments transformés en raison des processus nécessaires pour atteindre le produit final: saumurage, fumage et traitement aux nitrites (un agent cancérigène). Ces techniques augmentent les risques de cancer, particulièrement ceux du système gastro-intestinal [16, 18]. Les méfaits de ces transformations ont incité Le Fonds mondial de recherche contre le cancer et l Institut américain de recherche sur le cancer [32] à recommander une consommation minime ou nulle de ces aliments. Comme la viande hachée n est pas transformée par les mécanismes énumérés ci-haut, elle n est pas incluse dans les recommandations [32]. Il importe aussi de noter que toute transformation des aliments n est pas nécessairement néfaste. Parfois, elle est même encouragée, comme dans le cas de la pasteurisation du lait par exemple. Par ailleurs, les aliments riches en gras, et particulièrement en gras saturés et trans, peuvent également augmenter les risques de certains cancers: celui des poumons, de l endomètre, cancer ovarien, colorectal et ceux liés aux hormones. Afin de diminuer les risques de développer un cancer, la consommation de gras devrait être limitée [18]. De plus, une diète à forte teneur en cholestérol augmente également les risques de cancers du poumon, du pancréas et de l endomètre [18]. Le saviez-vous? Les gras saturés se retrouvent principalement dans les aliments d origine animale alors que les gras trans sont présents dans les graisses végétales (huile, margarine) et dans certains aliments d origine animale, tels les produits laitiers [15]. Le cholestérol est uniquement retrouvé dans les aliments d origine animale [18]. Le sel Puisque les études scientifiques démontrent que la conservation d aliments dans le sel est probablement l une des causes du cancer de l estomac, le Fonds mondial de recherche contre le cancer et l Institut américain de recherche sur le cancer [32] recommandent de conserver les aliments sans utiliser de sel et de limiter la consommation de sel. Autres facteurs de risques Le tabac On estime que le tabagisme est responsable de 30% de tous les décès liés au cancer alors que ce taux augmente à 85% pour le cancer du poumon [1]. Le cancer le plus souvent attribué au tabagisme est le cancer du poumon, mais le tabac peut également contribuer au développement de cancers de la cavité orale, du pharynx, du larynx, de l œsophage, de l estomac, de la vessie, du pancréas, du foie et des reins, avec un risque très élevé pour les personnes qui fument le plus [1, 31, 35, 247]. Les fumeurs qui consomment aussi de l alcool augmentent jusqu à 50 fois leur risque de cancer [36]. 7

9 Les méthodes de cuisson Les techniques utilisées pour la cuisson peuvent également avoir une incidence sur le risque de cancer. En grillant ou en faisant frire la nourriture, on produit des cancérigènes puissants, nommés hétérocycliques aminés et hydrocarbonés polyaromatiques. Ces substances se développent dans les aliments lorsqu ils sont exposés à des températures élevées [16, 18]. Plusieurs mesures peuvent être prises pour diminuer l exposition à ces composés néfastes: éviter de toucher une flamme directement avec de la viande durant la cuisson, retirer mécaniquement les parties brûlées de la viande avant de la manger ou faire cuire la nourriture au micro-onde [20]. Le saviez-vous? Certains types de contenants en plastique ne devraient pas être utilisés dans le four à microondes, car une partie du plastifiant (produit utilisé pour assouplir le plastique) pourrait être absorbé par la nourriture. Toutefois, certains plastiques sont conçus pour être utilisés dans le four à micro-ondes. Au Canada, le gouvernement règlemente les plastiques conçus pour contenir des aliments destinés à ce type de cuisson [1]. ALIMENTS ET COMPOSÉS ALIMENTAIRES QUI PEUVENT DIMINUER LES RISQUES DE DÉVELOPPER UN CANCER Certains composés des aliments que nous consommons régulièrement contiennent des agents qui peuvent diminuer le risque de développer un cancer. Plusieurs exemples sont décrits ci-dessous. Qu est-ce que la chimioprévention? Dans les années 1970, le terme chimioprévention a été inventé pour décrire une stratégie visant à inhiber ou à repousser le développement d une tumeur maligne par l entremise de substances chimiques non toxiques [37]. Plusieurs de ces substances peuvent être ingérées par les humains à travers les aliments consommés [5]. Le tableau suivant illustre quelques exemples. 8

10 Tableau 1. Les agents chimiopréventifs et leurs sources alimentaires [Tiré de 5] Agents chimiopréventifs Curcumine Catéchines Silymarine Acide caféique Capsaïcine Anéthole Émodine Sources alimentaires Curcuma Thé Artichauts Propolis d abeilles à miel Piments rouges Fenouil Anis Coriandre Aloès Ce tableau identifie seulement quelques agents chimiopréventifs et n est pas exhaustif. Plusieurs des agents chimiopréventifs contenus dans le tableau empêchent, par l entremise de nombreux mécanismes, la croissance cellulaire observée dans le développement de plusieurs cancers [37, 38, 39 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50]. Resvératrol Lycopène Raisins rouges Arachides Baies Tomates Disulfure d allyle, ajoène, alliine et allicine Ail Bêta-carotène Eugénol et isoleugénol Gingérol Sulforaphane Génistéine Acide ursolique Acide ellagique Carottes Girofle Gingembre Légumes crucifères Fèves de soja Basilic Romarin Grenade 9

11 Les agents chimiopréventifs agissent sur le développement du cancer de plusieurs façons [dans 5]: Ils inhibent certains composés qui interfèrent avec l expression des gènes et qui sont impliqués dans la différenciation et la prolifération des cellules. Ils inhibent l apoptose (processus sain et essentiel de déclenchement d autodestruction des cellules). Ils influencent la multiplication des cellules. Ils affectent la communication cellulaire. Ils diminuent la résistance aux drogues (médicaments). Ils régulent l expression d un enzyme qui joue un rôle dans le développement de plusieurs cancers [51]. Ils inhibent le processus d angiogenèse (lorsque celui-ci est déclenché par une tumeur). Comme on peut le constater en observant le tableau ci-haut, les agents chimiopréventifs ont une relation étroite avec les aliments d origine végétale, et particulièrement avec les fruits et les légumes. Les fruits et légumes Depuis plusieurs années, il est reconnu qu une diète riche en fruits et en légumes peut aider à prévenir plusieurs types de cancer: celui de la bouche, du pharynx, de l œsophage, des poumons, de l estomac et du rectum [17, 52, 53, 54, 55]. Des études épistémologiques et de laboratoire ont aussi déterminé que la consommation de fruits et de légumes est associée à un risque réduit de cancer du côlon [52,53]. Béliveau et Gingras [17] soutiennent que les gens qui mangent une abondance d aliments issus des plantes ont environ deux fois moins de risque de développer le cancer que ceux qui n en consomment qu occasionnellement. Par exemple, une étude a illustré que la consommation régulière de champignons peut diminuer de 50% le risque de cancer de l estomac [17]. Selon Danaei et ses collègues [56], une consommation insuffisante de fruits et de légumes est à blâmer pour 5% des mortalités liées au cancer alors que le Fond mondial de recherche sur le cancer et l Institut américain de recherche sur le cancer estiment même que 20% de tous les cancers pourraient être évités si les gens augmentaient leur consommation à au moins cinq fruits et légumes par jour [dans 16; 18]. Les composés phytochimiques, retrouvés dans les aliments qui viennent des plantes, peuvent offrir une protection contre toutes les formes de cancer [16,17, 18]. En général, les bienfaits d aliments qui peuvent prévenir le cancer sont dus aux composés phytochimiques contenus dans ces derniers [16]. Composés phytochimiques : molécules anticancéreuses qui ont la propriété de bloquer plusieurs processus utilisés par les cellules cancéreuses pour croître [17]. 10

12 Tableau 2. Principaux groupes de composés phytochimiques [16, 57]. Familles Classes Sous-classes Anthocyanidines Flavones Flavanols Flavonoïdes Flavanones Flavonols Isoflavones Polyphénols Tanins Hydroxycinnamates Acides phénoliques Hydroxybenzoates Stilbènes Non-flavonoïdes Coumarines Lignans Caroténoïdes Terpènes Monoterpènes Composés soufrés Saponines Allyl sulfides Isothiocyanates Triterpénoïdes Stéroïdes Les fruits, les légumes et les composés phytochimiques qu ils contiennent peuvent influencer et modifier la genèse du cancer de plusieurs façons [18, 58, 59]: en influençant la façon dont les cancérigènes sont désintoxiqués, en inhibant certaines propriétés des cellules cancéreuses, en réduisant la multiplication des cellules cancéreuses, en supportant la production d enzymes qui rendent les agents cancérigènes inefficaces, en réduisant les dommages aux tissus et à l ADN. Les composés phytochimiques peuvent aussi être antioxydants, hypocholestérolémiques, antiviraux, antiproliférateurs, antitumeurs, anti-inflammatoires et proapoptotiques [60, 61]. 11

13 Les antioxydants Plusieurs des composés phytochimiques sont aussi des antioxydants, c est-à-dire des molécules qui absorbent les radicaux libres [16, 62]. Les antioxydants participent aussi à la réparation de cellules endommagées [63]. Par exemple, les caroténoïdes et les flavonoïdes sont des antioxydants [16, 64]. Les antioxydants doivent être présents dans la cellule en quantité suffisante lorsque les radicaux libres réagissent avec l ADN pour prévenir les dommages [65]. Cependant, les chercheurs soutiennent que les bénéfices des fruits et des légumes ne sont pas uniquement dus aux antioxydants présents dans ces derniers [64]. Il est inutile d identifier et de mesurer tous les divers antioxydants d un aliment donné, puisque ces derniers agissent en combinaison, avec des synergies et des effets antagonistiques difficiles à prédire. Ainsi, il est plus pratique d évaluer la capacité antioxydante totale des aliments [64]. Le niveau véritable d antioxydants dans un aliment dépend de plusieurs facteurs tels la façon dont il a été cultivé, la méthode de récolte et les méthodes employées pour l étudier. Il est possible que les plantes cultivées en nature ou de façon biologique contiennent davantage d antioxydants. Par ailleurs, plusieurs des études effectuées sur les antioxydants et leur présence dans les aliments n informent pas nécessairement sur la façon dont le corps les absorbe [64]. En bref Agents chimiopréventifs Agents phytochimiques Antioxydants Tous les antioxydants sont des agents phytochimiques qui sont des agents chimiopréventifs. Cependant, l inverse n est pas nécessairement vrai. Plusieurs études ont été effectuées pour identifier les composés phytochimiques dans les aliments et pour déterminer comment ils influencent le développement du cancer. Voici des exemples de leur fonctionnement: On sait que les composées phytochimiques présents dans les baies et les petits fruits (framboises, bleuets, fraises, myrtilles et canneberges) diminuent la capacité des substances cancérigènes d interagir avec l ADN et de déclencher des mutations [16]. 12

14 Par ailleurs, une consommation élevée de légumes jaunes foncés et de pommes est associée à un risque réduit de cancer colorectal distal. Il est proposé que l effet des légumes jaunes foncés soit dû à leur contenu important de coronoïdes [12] et celui des pommes aux flavonoïdes qu elles renferment [66,67]. De plus, le nasunine, un polyphénol contenu dans la peau des aubergines, a des propriétés antioxydantes et empêche la formation de nouveaux vaisseaux sanguins, processus essentiel à la croissance de tumeurs [68]. Les agrumes (oranges, pamplemousse, lime, etc.) sont, de tous les aliments étudiés jusqu à présent, ceux qui ont la plus forte capacité anticancéreuse [17]. Abondants en flavonoïdes [17, 69], ils influencent la croissance des cellules cancéreuses et réduisent l inflammation. Leur consommation réduit de moitié les risques d attraper plusieurs cancers [particulièrement ceux du système digestif; 17]. Des études récentes ont illustré la capacité de ces fruits d inhiber les cancers du sein, du côlon, de la prostate, des poumons et du pancréas [17, 70, 71, 72, 73, 74, 75] et ce, à divers stades de progression de la maladie. Par ailleurs, les agrumes peuvent inhiber les cancers du sein et du pancréas grâce aux monoterpènes et aux flavanones qu ils contiennent. L avocat, en plus de contenir de bons gras, contient plusieurs molécules phytochimiques [flavonoïdes, coumarines] qui peuvent diminuer le risque de développer un cancer. Leur effet a été remarqué pour les cancers de la bouche, du sein, de la prostate et du poumon [76]. Exemples de légumes de la famille des alliums [16] Ail Oignon Poireau Échalote Ciboulette Les légumes de la famille des alliums, riches en organosulfure, ont une relation inverse avec le cancer [28, 77]. Les aliments de cette famille contiennent aussi des composés phytochimiques qui peuvent forcer les cellules cancéreuses à s autodétruire et qui accélèrent l élimination de substances cancérigènes hors de l organisme [16,17, 18]. Tous les alliums peuvent inhiber le cancer de la prostate, de l estomac et colorectal [78, 79]. 13

15 Les légumes crucifères contiennent des glucosinolates qui se transforment en isothiocyanates lorsqu ils sont broyés ou mastiqués et influencent ainsi plusieurs des processus impliqués dans la croissance des cellules cancéreuses [80,81]. En effet, ils ont un effet anticancérigène chez les animaux [82, 83, 84]. Par ailleurs, les glucosinolates sont la cause présumée de l effet protecteur des légumes crucifères contre le cancer du côlon proximal et distal [12]. La consommation de légumes crucifères peut également aider à prévenir les cancers du rein, du poumon, de la vessie, du système gastro-intestinal et du sein [17, 85, 86]. Il est également possible que le folate contenu dans les légumes crucifères contribue à leur effet bénéfique [12]. Exemples de légumes crucifères [16] Chou Brocoli Chou-fleur Navet Cresson Radis Moutarde Canola Chou cavalier Des chercheurs ont aussi réussi à déterminer que les isothiocyanates inhibent la tumorigenèse liée aux hydrocarbonés aromatiques libérés lors de la cuisson à haute température et aux nitrosamines [87]. Ils produisent également des enzymes qui promeuvent la détoxication d éléments cancérigènes du corps [16, 18]. Le curcuma, une épice, renferme des flavonoïdes qui peuvent prévenir le cancer du côlon et de la peau [88, 89]. L acide ellagique, un polyphénol retrouvé dans une variété de fruits et de noix, dont les framboises, les fraises et les noix de Grenoble [248], peut aider à prévenir le cancer [90, 91]. 14

16 Tableau 3. Tableau récapitulatif: Exemples d aliments contenant des composés phytochimiques [18, 16,17, 92, 93]. Gingembre Baie de sureau Chou frisé (kale) Ail Poivrons Noix de Grenoble Chou Raisin Grenade Agrumes Navet et ses feuilles Pomme Églantine Brocoli Choux de Bruxelles Oignon Myrtille Chou-fleur Feuilles de moutarde Prune Carotte Persil Céleri Produits de soja Aneth Fenouil Tomate Baies (particulièrement les bleuets) Radis Vin rouge Thé vert Curcuma Chocolat noir Aubergine Avocat Poireau Certains de ces aliments, tels les cassis, les choux de Bruxelles et le brocoli, contiennent des niveaux significatifs de certains flavonoïdes, mais ne sont pas consommés en quantité suffisante pour avoir un impact marquant [94]. Les jus de fruits Les jus de fruits, quoiqu ils contiennent plusieurs composés phytochimiques, sont faibles en fibres et ont une teneur élevée en sucre, ce qui semble contrecarrer leurs bienfaits. Ils sont associés à une augmentation de prolifération cellulaire [32]. Une étude a trouvé qu ils augmentent le risque de cancer rectal [12]. Il importe de souligner que la consommation de fruits et de légumes n influence pas tous les cancers de la même façon. Pour le cancer du sein, les données ne sont pas constantes. Cependant, une méta-analyse a démontré que les légumes, surtout les légumes verts et les carottes [95], ont un effet de réduction plus significatif que les fruits pour ce type de cancer [96]. La consommation de fruits et de légumes ne semble pas avoir un impact sur le cancer de la prostate [95], même si certaines études ont trouvé un effet positif, surtout pour les légumes crucifères [97], les légumes jaunes et les tomates [95]. L Agence internationale de recherche sur le cancer [33] n a pas trouvé de lien entre la consommation de fruits et de légumes et le cancer du sein ou celui de la prostate. Selon Johnson et Gonzalez de Mejia [69], une alimentation adéquate peut aider à prévenir le cancer du pancréas. Plusieurs recherches ont démontré une relation inverse entre la consommation de fruits et de légumes et le cancer du pancréas [98, 99, 100]. 15

17 Recommandations Le Fonds mondial de recherche contre le cancer et l Institut américain de recherche sur le cancer [32] recommandent d avoir principalement recours à des aliments d origine végétale. Plus spécifiquement, ils suggèrent de consommer un minimum de cinq portions de légumes non féculents et de fruits par jour, ainsi que des céréales relativement peu transformées. Les légumes féculents sont les patates, le maïs et les pois [249]. Béliveau et Gingras [17] soutiennent que la consommation de légumes crucifères trois fois par semaine est l un des changements d habitudes qui aura le plus d impact sur le risque de développer un cancer. Les fibres alimentaires Les fibres alimentaires se composent de nombreux polymères de sucres qui ne sont pas digérés dans l intestin grêle, mais plutôt fermenté dans le côlon. Les fibres ont une structure chimique complexe et variée [selon le type de fibres; 101]. Les aliments riches en fibres comprennent les légumes, les fruits, les aliments faits de grains entiers et les légumineuses [1]. Une quantité adéquate quotidienne de fibres semble diminuer le risque de développement de plusieurs cancers [18, , 103, 104]. Le saviez-vous? Les légumineuses sont les graines sèches des plantes à gousses. Il en existe plusieurs types: lentilles (rouges, vertes, brunes), fèves et haricots secs (blancs, noirs, de Lima, rouges, pinto, etc) et pois secs (incluant les pois chiches). Dans le Guide alimentaire canadien, les légumineuses appartiennent à la catégorie des viandes et substituts. Les données sont cependant inconsistantes. La difficulté d obtenir un consensus repose sur le fait que la relation fibres-cancer varie en fonction de la composition des fibres (diffèrent selon les sources), des multiples méthodes de calculer leur valeur nutritionnelle et des effets possibles des micronutriments et des composés phytochimiques généralement présents dans les aliments riches en fibres [27, 105]. De plus, les fibres issues de différentes sources alimentaires n influencent pas nécessairement le cancer de la même façon. Cependant, des chercheurs ont trouvé que les fibres présentes dans les légumes offrent davantage de protection que ceux des produits céréaliers et des fruits [106]. Par ailleurs, une étude a seulement obtenu des résultats démontrant l effet bénéfique des fibres issues des légumes, avec aucun effet protecteur pour les fibres des produits céréaliers [107]. Ces résultats peuvent s expliquer par le fait que dans certaines populations, les produits céréaliers les plus consommés sont faits à partir de grains raffinés. Dans un grain entier, on retrouve le germe, l endosperme et le son tandis que seul l endosperme est retenu dans les grains raffinés. 16

18 Le son et le germe contiennent des nutriments et des composés phytochimiques, alors que l endosperme est composé principalement d amidon [108], résultant en un ratio fibre-amidon élevé. Ainsi, il est possible que l amidon dans les produits céréaliers [109, 110] et le sucre dans les fruits [111] puissent contrecarrer les bénéfices des fibres. En effet, une relation inverse a été trouvée entre les grains entiers et la formation de tumeurs liées à certains cancers du système digestif [102]. Relation inverse: relation entre deux variables dans laquelle une variable augmente alors que l autre diminue. Par exemple, si l on dit qu il y a une relation inverse entre la consommation de fibres et le risque de cancer, cela signifie qu augmenter la consommation de fibres diminue le risque de cancer. Ceci n illustre toutefois par nécessairement un lien de causalité (que le changement d une variable cause le changement de l autre variable), seulement que les deux phénomènes de changement sont observés ensemble. Diagramme 1. Diagramme explicatif de la composition d un grain entier. Le saviez-vous? Lorsqu on achète un aliment publicisé comme étant multigrains, ceci ne signifie pas nécessairement que le produit est fabriqué à partir de grains entiers. En effet, il est possible d obtenir un produit multigrains contenant des grains raffinés de multiples sources [250]. Il importe de lire les étiquettes nutritionnelles afin d être pleinement conscient de la composition d un produit. Généralement, il est recommandé de rechercher la mention «grain entier incluant le germe» dans la liste d ingrédient d un produit si l on veut s assurer qu il s agit d un grain entier [250]. 17

19 Les fibres ont plusieurs effets sur le corps qui peuvent expliquer leur relation inverse avec différents types de cancers. Dans le cas du cancer du côlon, les fibres alimentaires ont un effet protecteur par l entremise de plusieurs mécanismes: augmentation de la masse fécale (diluant les cancérigènes), accélération du passage dans les intestins (diminuant le temps d exposition aux cancérigènes), modification de l activité des enzymes (diminuant la concentration de bile acide secondaire) et production d un type d oméga-3 par fermentation, ce qui peut inhiber les cancérigènes en modifiant le ph et en augmentant la disponibilité du butyrate (composé impliqué dans la croissance, la différenciation et l apoptose des tumeurs; 112, 113, 114, 115, 116). Une étude effectuée dans dix pays d Europe a trouvé un risque réduit de 25% de cancer du côlon chez les gens consommant de grandes quantités de fibres, comparativement à ceux qui en consomment de petites quantités [117]. Il est également possible que les fibres puissent modifier la microfaune bactérienne dans les intestins pour diminuer le risque de cancer, quoique cette possibilité ne soit pas encore prouvée [106]. D autres chercheurs ont trouvé une relation inverse entre différents types de fibres (solubles, insolubles et cellulose) et les différents sites du cancer colorectal [105, 106]. Une autre étude a trouvé un lien entre le cancer ovarien et les fibres des fruits et des légumes [118], mais des bienfaits ont également été attribués aux fibres retrouvées dans les grains entiers [119] pour ce type de cancer. La recherche de Pelicchin et ses collègues [105] a permis de démontrer une relation inverse entre le cancer ovarien et la consommation de tous types de fibres (solubles, insolubles, lignine et cellulose) retrouvés dans les légumes, mais les chercheurs n ont trouvé aucune relation avec ceux des produits céréaliers. L effet bénéfique était plus fort chez les femmes ménopausées. De plus, des études, dont une méta-analyse, ont trouvé un effet protecteur des fibres pour le cancer du sein pour toutes les femmes [120] et pour les femmes ménopausées [121], mais d autres recherches n ont cependant pas trouvé ce lien [122, 123]. Recommandations La consommation recommandée de fibres alimentaires est de 20g à 35g par jour [18]. Le montant de fibres contenues dans un aliment est indiqué, en grammes et en pourcentage, sur son étiquette d informations nutritionnelles. Il importe de consommer des grains entiers, contenant des fibres, des glucides, des antioxydants, des minéraux et des composés phytochimiques. Leur consommation réduit probablement les risques de développer un cancer [18]. Le Guide alimentaire canadien recommande qu au moins la moitié des produits céréaliers consommés quotidiennement soient des grains entiers. Les vitamines et minéraux Un apport suffisant et approprié de vitamines et de minéraux permet de diminuer les risques de divers types de cancer [18]. Il est à noter qu il est préférable que l apport de nutriments et de vitamines provienne de sources alimentaires plutôt que de suppléments [16, 18]. 18

20 Tableau 4. Noms des différentes vitamines Vitamines Autres noms Sources Vitamine A Vitamine B 1 Rétinol, acide rétinoïque ou palmitate de rétinyle Thiamine Légumes colorés (jaune, rouge, vert foncé), foie Vitamine B 2 Vitamine B 3 Riboflavine Niacine, acide nicotinique Vitamine B 5 Vitamine B 6 Vitamine B 8 Vitamine B 9 Vitamine B 12 Vitamine C Vitamine D Acide pantothénique Pyridoxine Biotine Acide folique [sous forme de supplément], folate [dans les aliments] Cyanocobalamine Acide ascorbique Calciférol Les légumes, le foie des animaux et les céréales Grande variété de fruits et de légumes Les poissons gras et leurs huiles, les jaunes d œufs, le foie et les champignons. Vitamine E A-tocophérol Les gras et les huiles Caroténoïdes En nature, on retrouve près de 600 différents caroténoïdes, dont le bêta-carotène surtout présent dans les légumes feuillus verts et les fruits colorés [124, 125]. Parmi les caroténoïdes, le bêta-carotène est le plus important pour le fonctionnement sain du corps humain [126]. Le lycopène, la lutéine, le bêtacryptoxanthine et la zéaxanthine sont d autres caroténoïdes importants. Ces derniers sont transformés par notre corps en vitamine A [124]. Dans l organisme, la vitamine A se présente sous forme de rétinol, d acide rétinoïque ou de palmitate de rétinyle, selon son emplacement [127]. Le saviez-vous? La meilleure source de lycopène est la consommation de tomates cuites, idéalement accompagnées par un aliment gras, comme l huile d olive [17]. La vitamine A assure plusieurs fonctions dans le corps humain, affectant la croissance et la différenciation des cellules, ainsi que les activités de certaines glandes [128,129]. Le bêta-carotène participe à des activités anticancéreuses, telles qu éradiquer les radicaux 19

21 libres, servant ainsi d antioxydant. Il aide aussi à réguler la prolifération des cellules [130]. Par ailleurs, il semble que les caroténoïdes peuvent induire l apoptose des cellules [131]. Ainsi, cette vitamine fut l une des premières à être étudiée dans le cadre de recherches sur le cancer, puisque ce dernier découle de perturbations de la croissance des cellules et de leur différenciation [132, 133]. En effet, bien qu il y ait des difficultés dans le monde scientifique à déterminer les composés exacts des caroténoïdes qui influencent le développement du cancer [134] et que des résultats contradictoires aient été trouvés [135], il semble qu une consommation élevée de caroténoïdes peut diminuer le risque de maladies cardiovasculaires, de dégénération musculaire liée à l âge ainsi que de cancer [136]. En effet, les caroténoïdes peuvent agir comme des antioxydants et interagir avec d autres mécanismes pour réduire la formation de tumeurs [18, 137]. Une étude [134] a démontré un risque accru de cancer du poumon chez les gens ayant une consommation insuffisante de lycopène et d alphacarotène. À cet égard, un chercheur soutient que la consommation élevée de bêtacarotène, de lutéine, de lycopène et de bêta-cryptoxanthine diminue respectivement le risque de cancer du poumon de 25%, 19%, 20% et 18% [138]. Pour le cancer de la vessie, une relation inverse a été trouvée avec la consommation de bêta-cryptoxanthine [139]. Des relations inverses avec la consommation de caroténoïdes ont également été trouvées pour les cancers du sein, de l estomac, du côlon et des ovaires [96, 140,141, 142]. Des chercheurs ont aussi trouvé une relation inverse entre la consommation de lycopène et le risque de cancer de la prostate [143]. Par ailleurs, une méta-analyse de 72 études a permis de découvrir une importante relation inverse entre le lycopène et les cancers de la prostate, des poumons et de l estomac [17]. Dans le cas du cancer de la prostate, un niveau élevé de lycopène dans le sang semble diminuer le risque de 15 à 30% [17]. Des études effectuées auprès d animaux ont permis de déterminer que la lutéine et la zéaxanthine peuvent protéger la peau contre l inflammation et les dommages causés par les rayons UV [144], diminuant jusqu à 50% le risque de carcinome épidermoïde chez les gens ayant un historique de cancer de la peau [145]. Vitamine E En tant qu antioxydant dans les membranes cellulaires, la vitamine E récupère les radicaux libres afin de prévenir la peroxydation des acides gras polyinsaturés [146, 147]. Elle contrecarre aussi certaines formes de nitrosamines chez les animaux [148]. En effet, dans l estomac, les nitrates consommés sont convertis, par l entremise de bactéries, en nitrites qui réagissent avec les acides aminés pour devenir des nitrosamines qui peuvent endommager le matériel génétique des cellules. La vitamine E peut aussi renforcer le système immunitaire [146]. Par ailleurs, elle peut également gérer l expression des gènes, réduisant la prolifération des cellules cancéreuses [149]. Elle limite aussi les dommages aux membranes, les gardant intactes et bloquant l entrée aux cancérogènes [18]. Ces fonctions de la vitamine E la rendent avantageuse dans les stades de prévention et d initiation du cancer. Vitamine C L acide ascorbique est à l origine de la propriété antioxydante de la vitamine C [150]. Cette vitamine, en récupérant les radicaux libres [147, 150], offre une protection au matériel génétique cellulaire, ce qui la rend bénéfique lors des stades de prévention et d initiation du cancer. Elle maintient également les structures de collagène du corps, limitant la propagation du cancer [18]. La vitamine C a aussi un effet protecteur contre 20

22 la formation de nitrosamine dans certaines cellules [151]. L acide ascorbique de la vitamine C réagit avec les nitrites afin de les convertir en oxyde nitreux, et permet ainsi d éviter la formation de nitrosamines cancérigènes [152]. De plus, il a été démontré que la vitamine C peut accroître la surveillance immunitaire, permettant au corps d identifier les tumeurs [152]. La vitamine C influence aussi les enzymes du foie responsables de la détoxification et de la transformation des cancérigènes [153]. Une étude épistémologique a démontré que 71% des recherches sur le sujet ont permis de démontrer un impact significatif de réduction du risque de cancer grâce à la vitamine C [153]. La vitamine C, avec l aide de la vitamine A, peut supprimer la croissance des cellules cancéreuses dans le cas du cancer du sein [154]. Sa présence en taux normal dans le plasma est également importante pour la prévention du cancer ovarien [155]. Le risque d'autres cancers est probablement également réduit grâce à la vitamine C: ceux de la bouche, du pharynx, de l œsophage, du pancréas et du col de l utérus [28]. Des études ont permis d établir qu une consommation élevée de vitamine C engendre une réduction du risque de 40% à 60% pour les cancers gastriques [156], de 66% pour les cancers oraux et pharyngaux [157] et de 23% pour le cancer du poumon [158]. Calcium et vitamine D Chez les humains qui consomment régulièrement du gras, le calcium encourage la formation de phosphate de calcium insoluble dans l intestin, ce qui réduit la quantité d acides toxiques en accélérant leur cheminement hors du corps, entre autres. En effet, il a été démontré que le phosphate de calcium accélère le cheminement de l acide de la bile et des acides gras, par l entremise d un autre composé présentement inconnu, inhibant leur toxicité et la multiplication des cellules qui serait autrement déclenchée [159]. Il a aussi été démontré que le calcium, la vitamine D et les acides polyinsaturés (oméga-3) peuvent diminuer les risques de cancer colorectal [160, 161]. Une quantité adéquate de vitamine D est associée à un risque moindre des cancers du côlon, du sein, de la prostate et des ovaires [162]. Cependant, des niveaux élevés de calcium ont été associés à l augmentation de risques de certains cancers, dont celui de la prostate [163, 164]. Le saviez-vous? L une des fonctions de la vitamine D est d intervenir dans l absorption du calcium par le corps. Comme la vitamine D se retrouve uniquement dans quelques aliments, c est l exposition au soleil qui procure une bonne partie de leur vitamine D aux humains [165]. Au Danemark, pays dont la latitude géographique ressemble à celle du Canada, une étude a trouvé que la superficie des mains, des bras et du visage doivent être exposée au soleil pendant au moins 10 à 15 minutes, entre 11 heures et 14 heures, de deux à trois fois par semaine, pour obtenir un niveau suffisant de vitamine D. Dans les climats nordiques, en raison de l inclinaison du soleil, cet objectif n est atteignable que pendant quelques mois par année [251]. Ceci étant dit, Santé Canada [252] recommande d éviter l exposition au soleil de 11 heures à 16 heures, d appliquer de l écran solaire et de porter des vêtements longs, un chapeau et des lunettes pour se protéger du soleil. Il est à noter que plusieurs études ont démontré que la déficience en vitamine D n est pas le résultat d une application régulière d écran solaire [253]. 21

23 Vitamines B Le folate, constituant de la vitamine B, est indispensable pour les réactions de méthylation dans le corps [166]. Ces réactions ont pour effet d influencer l expression des gènes et de maintenir l intégrité et la stabilité de l ADN [167]. La perturbation de cette fonction semble avoir un effet pro-cancérigène. Ainsi, une déficience en folate peut contribuer au développement d un cancer [166]. Une diète riche en folate a été associée avec une diminution du risque de cancers colorectal, des poumons, du pancréas, de l œsophage, de l estomac, de la prostate, de l utérus et du sein [166, 168, 169, 170, 171, 172, 173]. Sélénium La plupart des recherches épistémologiques sur le sujet ont trouvé que le sélénium a un effet bénéfique contre le cancer. Il est associé à un risque réduit des cancers de la prostate, des poumons, du système gastrique, et de l œsophage [174, 175, 176, 177]. Une étude a déterminé que les gens situés dans le plus haut centile en matière de consommation de sélénium semblent avoir un risque réduit de cancer avancé de la prostate [177]. Quelques chercheurs estiment même qu en Chine, 26,4% de certains types de cancer peuvent être attribués à de faibles niveaux de sélénium [178]. Les noix, et particulièrement les noix du Brésil, les graines (de citrouille, de tournesol, de sésame), les grains entiers et les produits laitiers sont de bonnes sources de sélénium [18]. Le soja Dans les pays asiatiques, où les produits de soja sont couramment consommés, les incidences de cancers du sein et de la prostate sont beaucoup moins nombreuses que dans les pays occidentaux [179, 180, 181]. En effet, les produits de soja contiennent des composés phytochimiques, les isoflavones, qui inhibent les enzymes responsables de la croissance des tumeurs et de la multiplication des cellules cancéreuses [16, 18]. Plusieurs études supportent même l hypothèse que les aliments de soja peuvent diminuer le risque de cancer du sein de 20% à 34% [182, 183, 184, 185]. Il a aussi été déterminé que les Japonaises ayant un cancer du sein et qui vivent au Japon ou qui ont immigré aux États- Unis ont des taux de survie plus élevés que les Américaines atteintes de ce même cancer [186]. Par ailleurs, une étude effectuée auprès d hommes végétariens a démontré que la consommation de lait de soja, deux fois par jour, peut diminuer de 70% le risque de cancer de la prostate [187]. Récemment, des chercheurs se sont également intéressés à l effet bénéfique possible des produits de soja sur le cancer colorectal [179, 188, 189]. Selon Budhathoki et ses collègues [179], la consommation de produits de soja et d isoflavones était inversement reliée au cancer colorectal chez les hommes et chez les femmes post-ménopausées. Par ailleurs, chez les hommes, l effet bénéfique des produits de soja est plus marqué dans les cas de cancers du côlon et du rectum. Le saviez-vous? Les isoflavones, composés phytochimiques de la famille des polyphénols et de la classe des flavonoïdes, se retrouvent pratiquement uniquement dans le soja [188]. 22

24 En plus d agir au niveau des hormones, les isoflavones, comme les autres composés phytochimiques, ont aussi de nombreuses propriétés anticancéreuses, telles que l inhibition de certaines protéines qui contribuent au développement de la maladie, influence sur la croissance des cellules, l angiogenèse et l apoptose. Par ailleurs, les isoflavones ont des capacités antioxydantes [190]. Chez les femmes, les produits de soja aident à gérer l œstrogène en plus de diminuer la formation de métabolites néfastes [191, 192]. Cependant, des considérations théoriques et des résultats d études ont contribué à l idée que les isoflavones peuvent être néfastes pour les femmes ayant un risque élevé de cancer du sein [193, 194]. Béliveau et Gingras [17] soutiennent que l œstrogène dans le soja réagit différemment chez les femmes déjà touchées par un cancer du sein. Comme la structure des isoflavones ressemble à celle de l œstrogène [190], ils peuvent se lier aux récepteurs d œstrogène [195]. Cet effet, quoique peu prononcé, pourrait avoir un impact sur la prolifération des cellules précancéreuses ou malignes, chez les femmes post-ménopausées ou recevant des traitements contre le cancer du sein. Cet effet diffère cependant selon le type de récepteur présent dans un tissu donné [196, 197]. Toutefois, selon Maskarinec [181], il n y a pas d indication que des montants modérés de soja, dans le cadre d une diète équilibrée, affectent négativement les femmes à risque de cancer du sein. D après d autres chercheurs, seules des données indirectes permettent de suggérer que la consommation de soja augmente le taux de mortalité pour ce type de cancer [186]. Recommandations Étant donné le manque de consensus dans le monde scientifique quant à l effet du soja et de ses dérivés chez les femmes à risque de cancer du sein ou chez celles qui ont été atteintes par le passé, la modération est recommandée pour ces groupes [17]. La Société américaine du cancer stipule que les survivantes du cancer du sein devraient seulement consommer des montants modérés d aliments de soja, dans le cadre d une diète saine basée sur les aliments d origine végétale et ne devraient pas consommer intentionnellement de très grandes quantités de produits de soja [198]. Pour la population en général, il semble que le fait de remplacer la viande ou les produits laitiers par des quantités modérées d aliments de soja peut apporter des bénéfices nutritionnels et diminuer le risque de plusieurs cancers [16, 18, 179, 180, 181, 182, 183, 184, 185, 186, 188, 189, 194]. Comme certains aliments à base de soja sont transformés et contiennent également de grandes quantités de gras et de sucre, ils peuvent avoir moins de bienfaits que les aliments de soja traditionnels. Ainsi, le choix d aliments devrait être basé sur les bienfaits globaux des produits. Il semble que, pour que l effet du soja soit le plus bénéfique possible, il importe de commencer à en manger tôt, possiblement dès l enfance [199]. Il importe aussi de noter que la consommation de suppléments d isoflavones est à proscrire, car les études réalisées jusqu à présent démontrent que ces derniers peuvent augmenter le risque de cancer [17]. Par ailleurs, les recherches n ont pas démontré que de grandes quantités de suppléments de soja augmentaient les bénéfices globaux pour la santé [199]. 23

25 Les lipides Certains gras exercent un impact négatif dans le développement du cancer, par l entremise de plusieurs mécanismes. Les acides gras polyinsaturés (gras trans) sont impliqués dans le processus de peroxydation, ce qui endommage les cellules alors que les acides gras peuvent aussi influencer la concentration et la disponibilité de l œstrogène dans le corps. Ils ont aussi un effet sur les enzymes qui régulent certains aspects métaboliques et ils modifient les membranes cellulaires, affectant les hormones et les récepteurs responsables de la croissance [200]. Les acides gras peuvent aussi influencer la réponse immunitaire [201], activer des mécanismes qui mènent à la différenciation des cellules [202] et modifier les signaux intercellulaires, altérant l expression des gènes ainsi que leur effet sur la prolifération des cellules et l apoptose [200, 203]. Selon neuf études, la relation entre la consommation de gras saturé ou de gras animal et le cancer est positive [dans 204]. De façon générale, les recherches suggèrent que le lien entre les lipides et le cancer dépend surtout des types de gras consommés et de leur ratio, plutôt que de la consommation totale [16,17, 18, 200, 201]. En effet, les chercheurs pensent que le ratio d oméga-3 et d oméga-6 peut diminuer le risque de cancer [16, 17, 18, 200, 201]. Généralement, les Occidentaux consomment de grandes quantités d oméga- 6, un composé inflammatoire, quoiqu essentiel à la santé, et sont grandement dépourvus d oméga-3, qui produisent des molécules antiinflammatoires [16, 17, 18]. Alors que l oméga-6 contribue au développement de carcinogenèse dans les premières phases du cancer, les oméga-3 semblent avoir l effet inverse [200, 201]. Un apport à peu près équivalent d oméga-3 et d oméga-6 est nécessaire pour la santé [16,17, 18]. Le saviez-vous? Les graines de lin sont la meilleure source végétale d oméga-3. Il importe de broyer les graines de lin pour augmenter l absorption des oméga-3 par le corps. Les poissons gras en sont aussi une source riche [17]. Tableau 5. Aliments à consommer et à éviter pour augmenter la consommation de bons gras et limiter la consommation de mauvais gras [16,17, 18]. Aliments à consommer Noix de Grenoble Noix d acajou Arachides Graines de lin Haricots Truite arc-en-ciel Huile de noix Tofu Fèves de soja Huile de canola Sardines Maquereaux Huile d olive Hareng Saumon Aliments à éviter Huile de maïs Huile de tournesol Produits transformés et fabriqués industriellement Par ailleurs, des études cliniques ont démontré un lien inverse entre la consommation d oméga-3 et le risque de cancers du sein et colorectal [205]. Le ratio d oméga-3 et 24

26 d oméga-6 est aussi lié au développement des cancers du sein et de la prostate [17]. Par exemple, le gras contenu dans l huile d olive peut inhiber la carcinogenèse [206]. Recommandations Équilibrer l apport d oméga-3 et d oméga-6 dans la diète peut avoir un effet protecteur contre le cancer [16, 17, 18]. Selon Béliveau et Gingras [17], nous consommons généralement 25 fois plus d oméga-6 que d oméga-3. Ainsi, il ne suffit pas d augmenter la consommation d oméga-3 dans la diète, mais aussi de diminuer celle d oméga-6. Le tableau 5 liste des aliments à consommer et à éviter pour augmenter la consommation de bons gras et limiter la consommation de mauvais gras. Les aliments probiotiques Les aliments probiotiques, dont le yogourt et le kéfir, ont plusieurs effets bénéfiques sur le corps, effets qui peuvent diminuer le risque de cancer du côlon: maintien de la flore intestinale, renforcement du système immunitaire, réduction du cholestérol, activité anticancérigène et valeur nutritive améliorée des aliments [17]. Le saviez-vous? Le kéfir est le résultat d une combinaison de lait de vache, de centaines de bactéries et de levure. Alors que les bactéries donnent au kéfir un goût semblable à celui du yogourt, la levure crée du gaz carbonique et de l alcool. Ainsi transformé, le kéfir est un liquide épais, légèrement alcoolisé, pétillant et probiotique. Il est surtout consommé en Russie et en Europe de l Est [17]. Autres aliments protecteurs Le café Le café contient plusieurs substances phytochimiques et des antioxydants qui peuvent accélérer l élimination des substances cancérigènes [207]. En effet, une méta-analyse de 60 études a récemment démontré que les gens qui boivent régulièrement du café ont 20% moins de risque de développer certains cancers [bouche, vessie, côlon, œsophage, endomètre, cerveau], comparativement à ceux qui n en boivent jamais [208]. Pour le cancer du foie, ce risque diminue de 45%! Santé Canada recommande toutefois de limiter la consommation de café en raison d impacts néfastes sur la santé. Pour les adultes en bonne santé, il est conseillé de ne pas prendre plus de trois tasses de café de 8 onces par jour [254]. Le thé Bien que certaines études sur les sites spécifiques du cancer soient peu concluantes, il est probable que le thé vert et le thé noir réduisent le risque de mortalité lié au cancer [209], 25

27 surtout les cancers de la vessie et de la prostate [17], en raison de leur contenu en polyphénols, dont les catéchines (thé vert) et les théaflavines (thé noir; 210, 211), qui ont des propriétés anti-tumeurs [212]. Par ailleurs, le thé vert contient certaines molécules qui possèdent des propriétés antifongiques et antibactériennes, nous rendant plus aptes à résister aux invasions de pathogènes [16]. Le chocolat Le chocolat noir, parce qu il contient certains polyphénols, les proanthocyanidines, peut retarder de façon significative le développement de plusieurs cancers. Il importe cependant de ne pas consommer de lait en même temps que le chocolat noir, car il peut empêcher l absorption des polyphénols et neutraliser les bienfaits. De plus, comme le chocolat noir est riche en calories, il faut le consommer avec modération [17]. Le vin rouge Dans le cas du vin rouge, le phytochimique resvératrol est responsable des propriétés anti-cancéreuses de ce breuvage. Il prévient l apparition de cellules cancéreuses et empêche la maturation des cellules cancéreuses déjà présentes. La modération est clé puisqu à fortes doses, l alcool augmente le risque de cancer [17]. Le curcuma La curcumine retrouvée dans le curcuma bloque la croissance des cellules cancéreuses [16]. L effet positif du curcuma se manifeste pour plusieurs types de cancers: du sein [213], de la prostate [214], oral [215], de l ovaire et de l endomètre [216] et autres. Étant antioxydant, anti-inflammatoire, antimicrobien, anti-tumeur, antidépressif et antiathérogène [217, 218], ses propriétés sont grandement étudiées. Afin d être bien absorbé par l organisme, le curcuma a besoin d être solubilisé dans l huile avant la consommation et il est préférable qu il soit consommé avec du poivre noir [17]. COMPLÉMENTS ET SUPPLÉMENTS ALIMENTAIRES Les vitamines et les minéraux consommés sous forme de suppléments ne semblent pas contribuer autant qu une diète saine et équilibrée à la protection contre le cancer, car de nombreux nutriments dans les aliments interagissent probablement [219, 220]. Par ailleurs, comme les recherches révisées par Le Fonds mondial de recherche contre le cancer et l Institut américain de recherche sur le cancer [32] montrent que les compléments peuvent protéger aussi bien qu induire les cancers, ils ne sont pas recommandés pour la prévention du cancer. Par exemple, Heinena et ses collègues [145] ont trouvé qu une consommation élevée de vitamines C et E, issue à la fois de sources alimentaires et de suppléments, semble tripler le risque de carcinome basocellulaire chez les personnes sans historique de cancer de la peau. Ils soutiennent aussi qu une consommation moyenne de vitamine E peut doubler le risque de carcinome basocellulaire chez les personnes ayant un historique de cancer de la peau. Bien que ces 26

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