Intervention du Ministre de la Défense
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- Paulette Poulin
- il y a 6 ans
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1 Intervention du Ministre de la Défense Forum «Challenges of Peace Operations»: «Partenariats Les Nations Unies, l Union européenne et les dimensions régionales des opérations de paix» Ecole militaire, Lundi 20 octobre 2008 Mesdames et messieurs les Ambassadeurs, Messieurs les Officiers généraux, Mesdames, Messieurs les représentants des organisations internationales et régionales, Chers amis, Permettez-moi de vous souhaiter tout d abord au nom des ministres de la Défense et des Affaires étrangères la bienvenue dans cette enceinte, dans cette Ecole militaire voulue par Louis XV et dessinée par Gabriel dont la raison d être n a jamais été remise en cause mais qui, contrairement aux vues initiales de ses fondateurs qui voulaient y enseigner l art de la guerre, contribue également depuis de nombreuses années à former des générations d officiers aux opérations de maintien ou d imposition de la paix. Ce colloque que nous ouvrons aujourd hui et dont l initiative me parait particulièrement heureuse survient à un moment important de la coopération entre l ONU et les organisations régionales et, en particulier de la coopération entre l ONU et l Union européenne, alors même que celle-ci, invisible sur les théâtres d opérations il y a dix ans encore, développe aujourd hui ses opérations : 18 aujourd hui avec la mission civile d observation en Géorgie, 19 demain avec notre
2 projet actuel de lutte contre la piraterie et de protection des navires du Programme alimentaire mondial. Nous n avons aujourd hui jamais autant eu besoin de voir les deux structures se coordonner sur le terrain, de l Afghanistan au Tchad, en passant par la Géorgie et le Kosovo. Nous n avons jamais eu autant d opérations en cours, dans des situations aussi complexes, avec des mandats aussi étendus, avec des enjeux aussi importants, et impliquant autant d acteurs différents en même temps. Je souhaite que ce forum international qui regroupe tant de personnalités de haut niveau et d experts, s arrête un instant pour réfléchir aux implications de cette situation, qui sans être nouvelle, a pris tout au moins ces dernières années une nouvelle ampleur ; je forme le vœu que ce forum soit également l occasion de réfléchir aux modalités que doit revêtir cette coordination entre l ONU et les organisations régionales afin de parvenir à des recommandations pertinentes et novatrices. Je suis particulièrement heureux que ce forum international puisse également illustrer notre conception de la présidence de l Union européenne. Vous savez que la politique européenne de sécurité et de défense constitue l un des chapitres principaux du programme que notre présidence veut faire avancer. Dans ce cadre, les relations entre l ONU et l Union européenne prennent une part importante. C est à l initiative de la France, par exemple, que le ministre des Affaires étrangères, qui clôturera ce forum, a convié ses homologues du Conseil de sécurité des Nations Unies et de l Union européenne, il y a un mois lors de l ouverture de la 63 ème session de l Assemblée générale, à discuter de l avenir de cette coopération. La France attache une importance particulière à cette coopération parce qu elle est aussi un des principaux contributeurs (en troupes et financier) des missions déployées par ces deux institutions. Cette relation s est toujours développée dans le respect des spécificités de chacune des institutions. Cela n a pas été facile. Mais l important est que le dialogue ait été constant entre l Union européenne et les Nations Unies depuis Surtout, ce dialogue ne s est pas construit simplement dans des bureaux, mais aussi et 2
3 surtout sur le terrain. Nombreuses sont les opérations, militaires comme civiles, qui ont suscité une telle coopération, depuis l opération Artemis en Ituri en 2003, jusqu aux deux dernières en date, l opération Eufor au Tchad et en République centrafricaine et la mission de surveillance en Géorgie. Cinq années d expérience de coordination ONU-UE, c est, me semble-t-il, assez pour tenter de dresser un premier bilan. Ainsi, plusieurs questions peuvent être avancées : cette coopération peut-elle constituer un modèle pour d autres organisations régionales? Est-il présomptueux de le croire? Est-ce toujours pertinent de poser la question de la complémentarité alors qu il y a tant à faire et tant à partager? J entends par là comment agir dans la continuité de la gestion des crises comprenant la prévention des conflits, le règlement pacifique des différends, le maintien de la paix, la consolidation de la paix et la reconstruction après les conflits et garder cette complémentarité et cette coopération entre différentes institutions? Au fond, le défi est bien de donner une direction à nos efforts collectifs. La politique qui a été, de notre point de vue, au cœur du développement de la coopération entre l ONU et l Union européenne est bien celle de la volonté exprimée par l Union européenne d aider l ONU à maintenir la paix, puisque le développement d une politique européenne commune de sécurité et de défense ne concerne pas uniquement le continent européen. En effet, si l Union européenne a pour vocation naturelle de s intéresser à la sécurité de son continent et à la stabilité de ses régions voisines, il n en demeure pas moins qu elle met aujourd hui ses capacités au service de la communauté internationale comme elle l a par exemple fait à Aceh ou comme elle s apprête à le faire sur les côtes somaliennes. Cette coopération ne saurait seulement concerner la gestion militaire des crises. Comme le montre le programme de ce forum international, cette relation entre les deux institutions se développe dans nombre de domaines qui touchent à la coordination humanitaire, à la consolidation de la paix et aux réformes des systèmes de sécurité. Ce dernier domaine a d ailleurs pris une ampleur particulière ces deux dernières années et constitue aujourd hui un volet indispensable des opérations de paix. 3
4 La coopération entre l Union européenne et l ONU n évolue pas, bien entendu, en vase clos, indépendamment de ses autres partenaires. Ne sauraient être exclues ni l OTAN ni l OSCE ni l OUA ni les organisations sous-régionales. «Partenariats», au pluriel, tel est bien le mot qu il convient d afficher ou de marteler. Ceci n implique pas forcément une prise de décision commune, toujours difficile car aucune des organisations citées n a des processus de décision identiques. En ce sens, chaque relation de l ONU avec ses partenaires régionaux a sa propre spécificité. Il n exclue pas, pour autant, une coopération de tous les instants pour éviter que nos actions se chevauchent, soient instrumentalisées, et perdent, in fine, en efficacité. En effet, nous n avons plus ni de temps ni d argent à perdre quand il s agit de remettre sur pied des Etats, des sociétés, voire des régions entières. Dans ce cas, coordination est bien synonyme d efficace et de succès. Se coordonner veut aussi dire être capable de mener de front plusieurs types de programme en vue d un seul et même objectif : la stabilisation et la consolidation de la paix. Si l on veut suivre le dicton des marins selon lequel «il n est jamais de bon vent pour qui ne sait pas où il va», l essentiel est bien, j insiste, de donner une direction et des objectifs à nos actions. Nous touchons là, vous l avez compris, au cœur de la coordination entre institutions, entre Etats, entre agences. Enfin, en tant que ministre de la Défense, je me dois de vous dire ma conviction qu il n existe pas de solution militaire unique aux conflits. Là encore, les opérations ou les missions qui sont décidées doivent aller de pair avec les politiques menées; les premières étant les instruments des secondes; jamais l inverse. En ce sens, il faut rechercher des solutions négociées avant de créer une opération quelconque. Ce n est pas toujours facile, je le sais, et cela nous conduit souvent à faire l inverse. Mais l important est de mettre l accent sur les processus politiques. L autre volet est bien entendu que ces processus et ces actions doivent s inscrire sur le long terme. A nous d expliquer alors à nos opinions publiques pourquoi tout cela dure si longtemps. 4
5 Le vrai défi des opérations de paix aujourd hui est de faire correspondre les réalités du terrain avec les moyens de la communauté internationale, sollicitée de toutes parts. C est pour cela que le partage du fardeau de la gestion des crises multidimensionnelle est essentiel. Mesdames et Messieurs, Je forme le vœu, une nouvelle fois, que ce forum international, grâce à la palette de compétences qu il rassemble aujourd hui puisse déboucher sur quelques orientations concrètes et réalistes. Tous mes vœux vous accompagnent à cet effet. Je vous remercie de votre attention./. 5
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