AMBASSADE DE FRANCE EN ESPAGNE SERVICE ECONOMIQUE REGIONAL. Le Ministre-conseiller, chef de service A Madrid, le 14 septembre 2016

Transcription

1 AMBASSADE DE FRANCE EN ESPAGNE SERVICE ECONOMIQUE REGIONAL Le Ministre-conseiller, chef de service A Madrid, le 14 septembre 2016 Affaire suivie par : Marine Bogue Relecture : Thomas Meinzel NOTE Objet : Le commerce extérieur de l Espagne au premier semestre 2016 Bénéficiant de la chute du prix du pétrole, le déficit commercial espagnol se réduit de 31 % g.a au premier semestre Néanmoins, depuis 2013 l excédent commercial hors énergie de l Espagne s effrite (99 M au S1 2016), en raison d une demande intérieure dynamique qui soutient les importations. Le secteur automobile continue de tirer les échanges commerciaux espagnols à la hausse. Géographiquement, ce sont les traditionnels partenaires européens de l Espagne (Allemagne, Italie, France, Royaume-Uni) qui restent les principaux contributeurs à la croissance des échanges. 1. Le déficit commercial espagnol se résorbe début 2016 grâce à la chute du prix du pétrole. Le commerce extérieur espagnol a profondément évolué au cours des 30 dernières années. Il a successivement été marqué par (i) l adhésion de l Espagne à l UE et au marché unique en 1986, générant une forte croissance des échanges avec ses partenaires européens ; (ii) les années de bonanza ( ) caractérisée par une demande intérieure dynamique qui a boosté les importations et entraîné un déficit record de plus de 100 Md ; (iii) la crise économique marquée par un effondrement de la demande intérieure (et conséquemment des importations) et une stratégie d internationalisation des entreprises pour trouver des débouchés, qui ont toutes deux contribué à la résorption du déficit commercial espagnol (graphique 1). Le commerce extérieur bénéficie de vents extérieurs et intérieurs favorables en L Espagne a amorcé sa reprise économique fin 2013 et connaît depuis une croissance particulièrement dynamique grâce à l investissement des entreprises et la consommation des ménages espagnols. Le rebond des importations en est la conséquence logique et s est traduit par une nouvelle dégradation du déficit commercial dès Néanmoins, l impact de la dynamique importatrice sur le déficit commercial reste contenu en 2016 grâce à la dépréciation de l euro et la forte chute du cours du baril de pétrole (graphique 2). Par ailleurs, les gains de compétitivité des entreprises espagnoles enregistrés lors de la crise (résultant notamment de la modération salariale), ainsi que la très bonne orientation du secteur automobile, permettent aux exportations espagnoles de garder un rythme de croissance soutenu malgré l infléchissement de la croissance de la demande mondiale qui lui est adressée en Le déficit commercial sur le premier semestre 2016 se réduit de 31 % g.a. Le déficit commercial espagnol s établit en effet à 7,9 Md alors qu il atteignait 11,5 Md au premier semestre Cette amélioration résulte de la contraction des importations de 0,5 % g.a. (pour atteindre 135,9 Md ) après deux ans de forte croissance 2 et de la croissance des exportations de 2,4 % g.a. (pour atteindre 128 Md ). On peut noter que celle-ci a toutefois été plus modérée qu au premier semestre 2015 (+3,7 %). 2. L excédent commercial hors énergie se dégrade fortement depuis 3 ans en lien avec la sortie de crise. L excédent commercial hors énergie devient quasi-nul au premier semestre Depuis 2012, l Espagne dégage un excédent commercial hors énergie résultant de la chute des importations en période de crise (graphique 3). Néanmoins, cet excédent s effrite depuis 2013 où il avait culminé à 24,5 Md (15,2 Md pour le S1 2013) et atteint seulement 99 M au premier semestre En effet, hors énergie, les importations sont plus dynamiques que les exportations puisque portées par une demande intérieure soutenue dans un contexte de perte de dynamisme de la demande mondiale adressée à l Espagne. Ainsi, les importations hors énergie se consolident de 5 % g.a. au S alors que les exportations augmentent seulement de 2,9 %. 1 La demande mondiale adressée à l Espagne devrait augmenter de 2,6 % en 2016 contre +3,9 % en 2015 selon les prévisions de la DG Trésor. Néanmoins, cela devrait être passager puisque la DG Trésor table sur une croissance de 3,5 % en Les importations espagnoles avaient augmenté respectivement de +4,6 % g.a au S et de +3,3 % g.a. au S Marqués de la Ensenada, MADRID ESPAGNE Tél. : (+34) tresor.economie.gouv.fr/pays/espagne

2 L année 2016 devrait être marquée par un ralentissement des échanges commerciaux (hors énergie) après une année 2015 particulièrement dynamique. La dynamique importatrice enregistrée sur le premier semestre 2016 est bien inférieure à celle de l année dernière (+5 % contre +13,3 % g.a hors énergie) et conduit les importations à un niveau semblable à celui d avant-crise. En parallèle, les exportations affichent un rythme de croissance en nette baisse par rapport à 2015 (+2,6 % contre +6,2 %). Le Secrétaire d Etat au commerce, Jaime Garcia-Legaz, a récemment déclaré que la croissance des exportations devrait décélérer dans les mois à venir au vu du léger infléchissement croissance économique mondiale Le secteur automobile reste le principal pilier du secteur extérieur espagnol. La dynamique exportatrice espagnole vient des secteurs traditionnels à l exception des biens semimanufacturés. Les biens automobiles, alimentaires et d équipement - représentant à eux trois 56 % des exportations espagnoles - sont les principaux contributeurs à la croissance des exportations espagnoles au premier semestre 2016, tout comme au premier semestre A l inverse, les biens semi-manufacturés, qui sont le premier type de biens exporté par l Espagne (24 % des exportations totales), connaissent une baisse de leurs exportations (graphique 4 ; tableau 1). Les exportations automobiles surperforment depuis deux ans, permettant au secteur automobile de renforcer son poids dans les exportations espagnoles. Entre 1995 et 2013, le part du secteur automobile avait diminué de 23,7 % à 14,6 %. Néanmoins, depuis 2013, ses exportations sont de nouveau orientées à la hausse et bondissent successivement de 17,5 % et 13,3 % aux premiers semestres 2015 et La part du secteur automobile dans les exportations espagnoles a ainsi gagné 4,3 points en 3 ans pour atteindre 18,9 %. Il pourrait devenir dès l année prochaine le second secteur exportateur espagnol, derrière les biens semifacturés, devançant ainsi les biens d équipement. La baisse du prix du pétrole occulte les dynamiques sectorielles disparates des importations. Les importations énergétiques chutent de 30 % au premier semestre 2016 (-6,5 Md ) et expliquent en grande partie le recul des importations totales. En réalité, les importations sont tirées par les principaux secteurs importateurs espagnols, à savoir les biens d équipement et le secteur automobile dont les importations sont particulièrement dynamiques (respectivement +9,5 % et +7,1 %). A l inverse, les matières premières et les biens semi-manufacturés se contractent sur cette période (-12,5 % et - 0,8 %). 4. Depuis la reprise économique européenne, le commerce extérieur est tiré par les échanges avec l UE. L Union Européenne demeure le partenaire historique de l Espagne. Au premier semestre 2016, l UE représente 64 % du commerce extérieur espagnol. L Allemagne, la France et l Italie sont ses principaux clients et fournisseurs. Au classement de ses principaux clients, suivent le Royaume-Uni et le Portugal (tableau 2). De leur côté, les Etats-Unis occupent une place de choix parmi ses fournisseurs. Par ailleurs, depuis les années 2000, la Chine est devenue un partenaire privilégié de l Espagne, sa part de marché ayant bondi de 2 % dans les années 1990 à plus de 6 % dans les années 2000 pour atteindre aujourd hui 8,5 %. La Chine est ainsi devenue le troisième fournisseur de l Espagne devant l Italie (tableau 3). Le dynamisme du commerce extérieur espagnol reste dépendant de l UE. Durant la crise économique, le gouvernement espagnol avait mené une stratégie de diversification des marchés à l exportation pour faire face à la récession européenne ; les entreprises s étaient notamment tournées vers l Amérique Latine. Néanmoins, avec le retour de la croissance européenne et le marasme économique des grands pays d Amérique Latine, la croissance des échanges est actuellement le fait des pays européens. Ainsi, le renforcement des flux commerciaux espagnols avec l UE compense largement la dégradation des échanges avec d autres pays, notamment exportateurs de pétrole au S (tableau 4). Ce sont principalement l Allemagne, le Royaume-Uni, l Italie et la Belgique qui soutiennent la croissance des exportations de l UE (+9,2 %) et l Allemagne, l Italie et la France celles des importations (+6,5 %). La Chine et le Maroc sont également deux pays avec qui l Espagne accroît notablement ses échanges commerciaux. A noter que la Chine est le pays avec lequel l Espagne entretient le plus gros déficit commercial même si celui-ci se stabilise au S (à 91 Md ). Les pays pétroliers pèsent sur la croissance des échanges commerciaux. L Algérie, le Nigéria, l Arabie Saoudite et particulièrement l Angola connaissent une chute de leurs exportations en valeur vers l Espagne résultant de la baisse du cours du baril de pétrole. Cela fait de ces pays les principaux responsables du recul des importations espagnoles totales en valeur au premier semestre *** Au premier semestre 2016, le déficit commercial espagnol se résorbe fortement en lien avec la baisse du cours du pétrole. Hors énergie, les importations restent toutefois plus dynamiques que les exportations, ce qui devrait mettre un terme à l excédent enregistré depuis Jean-François Collin 3 Prévision de croissance DG Trésor de juillet 2016 : +3,0 % en 2016 (après +3,1 % en 2015)

3 ANNEXES Graphique 1 Evolution du commerce extérieur espagnol depuis 1995, en milliards d euros Graphique 2 Evolution du solde commercial espagnol depuis 1995, en milliards d euros

4 Graphique 3 Evolution et décomposition sectorielle du solde commercial de biens hors énergie de l Espagne de 1995 au premier semestre 2016 (en Md ) Graphique 4 Montants et croissances interannuelles des exportations et importations espagnoles au premier semestre 2016, en milliards d euros et pourcentage X = exportations ; M = importations ; MP = matières premières

5 Tableau 1 Décomposition sectorielle des flux commerciaux espagnols, premiers semestres 2015 et 2016, en milliards d euros Exportations Importations Solde S S croissance contribution S S croissance contribution S S croissance Alimentation 21,9 20,6 6,3% 1,0 15,7 14,6 7,2% 0,8 6,2 5,9 4,2% Energie 5,6 6,1-7,9% -0,4 13,6 20,1-32,5% -4,8-8,0-14,0-43,2% Matières premières 2,7 3,0-10,5% -0,3 4,2 4,8-12,5% -0,4-1,5-1,8-15,8% Biens semimanufacturés 31,2 31,9-2,0% -0,5 31,5 31,7-0,8% -0,2-0,3 0,1-280,1% Biens d'équipement 25,9 24,6 5,2% 1,0 29,5 26,9 9,5% 1,9-3,6-2,4 54,5% Secteur automobile 24,2 21,4 13,3% 2,3 20,1 18,8 7,1% 1,0 4,1 2,6 58,6% Biens de consommation durable 2,1 1,9 11,1% 0,2 3,8 3,5 9,7% 0,2-1,7-1,6 8,1% Biens manufacturés de consommation 12,4 11,5 7,7% 0,7 17,0 15,6 8,6% 1,0-4,5-4,1 11,3% Autres marchandises 2,0 4,2-51,6% -1,7 0,6 0,5 19,6% 0,1 1,5 3,7-60,4% Total 128,0 125,1 2,3% 2,3 135,9 136,6-0,5% -0,5-7,9-11,5-31,4% Total hors énergie 122,4 119,0 2,9% / 122,3 116,5 5,0% / 0,1 2,6-96,1% Graphique 5 Evolution des exportations semestrielles du secteur automobile : valeurs, taux de croissance et parts de marché

6 Tableau 2 Evolution de l importance des principaux clients de la France, en % des exportations espagnoles totales S France 20,5% 19,4% 18,8% 16,1% 15,5% 15,6% Allemagne 15,2% 12,3% 10,8% 10,1% 10,8% 11,5% Italie 9,1% 8,7% 8,9% 7,0% 7,5% 7,9% Royaume-Uni 7,9% 8,2% 7,7% 6,8% 7,3% 7,8% Portugal 8,3% 9,5% 8,6% 7,3% 7,2% 7,0% Tableau 3 Evolution de la part de marché des principaux fournisseurs de l Espagne, en % des importations espagnoles totales S Allemagne 15,3% 14,8% 15,3% 11,2% 13,8% 13,8% France 17,2% 17,1% 12,3% 10,8% 11,5% 11,5% Chine 2,0% 2,8% 6,5% 6,9% 8,5% 8,5% Italie 9,3% 8,9% 8,7% 5,9% 6,6% 6,6% Etats-Unis 6,4% 5,2% 3,5% 4,1% 4,8% 4,8% Tableau 4 Décomposition géographique partielle des flux commerciaux espagnols, premiers semestres 2015 et 2016, en milliards d euros Exportations Importations S S croissance contribution S S croissance contribution UE 28 84,8 77,6 9,2% 5,7 UE 28 79,9 75,0 6,5% 3,6 Allemagne 14,7 13,5 8,8% 1,0 Allemagne 18,8 17,8 5,7% 0,7 Royaume-Uni 10,0 9,0 11,3% 0,8 France 15,6 15,3 1,9% 0,2 Italie 10,2 9,4 8,0% 0,6 Royaume-Uni 5,7 5,8-2,9% -0,1 Belgique 3,9 3,2 22,2% 0,6 Italie 9,0 8,5 5,4% 0,3 Portugal 8,9 8,8 0,9% 0,1 Portugal 5,3 5,4-1,2% 0,0 France 19,9 19,9 0,2% 0,0 Maroc 3,0 2,5 19,7% 0,4 Chine 2,5 2,1 14,9% 0,3 Chine 11,6 11,3 2,4% 0,2 Etats-Unis 5,7 5,6 2,5% 0,1 Etats-Unis 6,6 6,6-0,7% 0,0 Australie 0,7 0,9-31,4% -0,2 Algérie 2,3 3,3-30,1% -0,7 Brésil 1,1 1,4-23,0% -0,3 Nigéria 1,7 2,2-22,8% -0,4 Gibraltar 0,3 0,6-56,1% -0,3 Arabie Saudite 1,4 1,8-25,6% -0,3 Arabie Saoudite 1,3 1,8-28,3% -0,4 Angola 0,3 1,1-74,0% -0,6 Monde 128,0 125,1 2,3% 2,3 Total Monde 135,9 136,6-0,5% -0,5