COMPRENDRE L ECONOMIE
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- Sylvaine Morel
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1 COMPRENDRE L ECONOMIE Les notions de base de l économie Par Florian Nzemba, Professeur d économie Qu est-ce que l économie? La définition répandue dans les manuels désigne l économie comme la science de la satisfaction des besoins. Mais cette formulation lapidaire masque le fait que l économie renvoie à plusieurs notions à la fois qui en font un terme polysémique. L économie comme activité des agents Les ménages, l Etat, et les entreprises sont des agents économiques c'est-à-dire des acteurs de la vie économique dont l existence passe par des pratiques souvent intuitives mais aussi raisonnées. Ils ont des ressources limitées et s attellent à les gérer au mieux. Ils ont des activités spécifiques : la production pour les entreprises, la consommation pour les ménages par exemple. Ces différentes pratiques forment la vie économique. L économie comme espace Le terme économie désigne aussi des espaces géographiques en fonction de leur niveau de développement, de leur richesse, ou encore de leur système économique. Ainsi, on distingue : le Nord du Sud, les pays développés à économie de marché (PDEM) des pays en développement (PVD), les différents espaces économiques intégrés etc. L économie comme science L économie est une science parce qu elle étudie les différentes activités économiques des agents et le fonctionnement des économies en tant qu espaces. A ce titre, elle a essentiellement 3 objets. D abord, la production qui est la fonction principale et fondamentale des activités humaines. Elle en étudie les conditions (quelles ressources et comment les utiliser? quelles quantités?). Ensuite la circulation et la répartition des richesses de la production et enfin l économie s attache à l utilisation de cette riche. L économie en tant que science s intéresse donc à plusieurs domaines : la monnaie, la consommation, la rareté, l investissement, la croissance, les déficits, le temps de travail, les délocalisations, le progrès technique, l emploi, la mondialisation, le Commerce, le Protectionnisme, le développement, la productivité etc. Cette liste qui donne en vrac quelques domaines de l économie montre son étendu et la diversité des thèmes qu elle est amenée à traiter. C est donc parce que l économie étudie la production des richesses, sa répartition et son utilisation qu elle est en soi une science par laquelle les hommes cherchent à savoir comment satisfaire au mieux s leurs besoins. La science économique est une science relativement jeune puisqu elle ne compte que deux siècles et demi d existence.
2 Qu est-ce que le keynésianisme? Ce terme regroupe les différents courants de pensée de sensibilité keynésienne c'est-àdire suivant les enseignements de Keynes principalement. Quelle que soit leur diversité, ils se retrouvent au moins sur 4 points : 1. La macroéconomie comme méthode d analyse de l économie 2. L approche pragmatique de l économie qui met en avant l économie positive évitant toute approche normative 3. La place de la demande comme variable centrale du dispositif analytique 4. L importance de l intervention de l Etat dans l économie comme action régulatrice de l économie. Le libéralisme? Le libéralisme désigne à la fois une doctrine économique et un système économique. 1. En tant que doctrine, le libéralisme puise certainement ses sources au XVIII è siècle avec l école Physiocrate. Il pose trois postulats essentiellement : - La référence à l ordre naturel : un ensemble de lois naturelles qui gouvernent l économie (il faut dire que le XVIII è siècle était fortement marqué par les découvertes des physiciens comme Newton et sa loi naturelle de l attraction universelle. Ce qui fascine profondément les économistes de l époque). Au terme de ces lois, l initiative privée (s enrichir, échanger etc) est supérieure à l initiative publique (l intervention de l Etat par exemple) qui, lui, relève de l ordre artificiellement crée. L initiative privée est bénéfique à la collectivité alors que l initiative publique, parce que artificiellement créée et donc non compatible à l ordre naturel, lui est néfaste (le principe de la main invisible). Aussi toute interférence de l ordre artificiellement crée sur l ordre naturel est à proscrire car cela est de nature à perturber gravement et durablement l économie. - l économie, c est le marché. La propension à échanger qui anime les individus est compatible avec l ordre naturel. Le marché est donc doté naturellement de mécanismes qui lui permettent de fonctionner en toute autonomie ; il a la capacité de s autoréguler. Par conséquent, toute intervention extérieure sur le marché lui est nécessairement préjudiciable. Alors, il faut laisser - faire, laisser - passer - La libre concurrence régit le fonctionnement du marché. Elle est la condition de l efficacité économique et d une meilleure allocation des ressources. Bénéfique aux consommateurs, elle pousse les entreprises à l effort et donc au progrès. 2. Le libéralisme en tant que système économique s appuie sur la doctrine. Il est une pratique de la plupart des économies contemporaines et qui font d elles des économies de marché. Le libéralisme domine les pratiques économiques depuis deux siècles environ car ses principes gouvernent la plupart des politiques économiques jusque-là mises en œuvre, mais aussi les grandes institutions internationales (OMC, FMI, Banque mondiale). Mais son bilan est mitigé : le progrès technique, l amélioration globale du niveau et du mode de vie qui sont des progrès réels de l humanité contrastent avec le développement des inégalités et de la pauvreté dans certains pays.
3 Le marché et la loi de l offre et de la demande Trois éléments permettent de définir le marché de tout produit : son offre, sa demande et son prix. L offre désigne les quantités disponibles de ce produit et susceptibles d être rétrocédées contre une quantité de monnaie dont la valeur est le montant du prix de vente. La demande, elle, représente le montant susceptible d être engager pour acquérir ce produit ou le nombre d acquéreurs potentiels. Il apparaît donc que, dans les limites de l hypothèse du libre fonctionnement du marché, le prix d un bien oscille en fonction des quantités offertes et des quantités demandées. Quantités offertes supérieures Les prix baissent Quantités demandées Quantités offertes inférieures Les prix augmentent Quantités demandées La relation entre l offre, la demande et le prix se présente donc comme une mécanique immuable, comme une loi naturelle qui est appelée à se réaliser automatiquement : c est la loi du marché dite loi de l offre et de la demande. Comment le déficit budgétaire influence t-il la dette publique? La loi des finances définit pour chaque année civile les dépenses et les recettes de l Etat. Lorsque les dépenses de l Etat sont supérieures à ses recettes, il y a déficit budgétaire. Ce solde, cependant, ne représente qu une partie du budget puisqu il ne concerne que les opérations dites à savoir des opérations financées essentiellement par les recettes fiscales. Or, il existe dans le budget un autre type d opérations dites opérations à caractère représentant les prêts et avances reçus par l Etat ou consentis par lui (voir schéma ci-après). Aussi, le solde général du budget de l Etat comprenant donc les opérations et les opérations constitue le solde d exécution de la loi des finances. Lorsque ce solde est en déficit, Il est dit IMPASSE budgétaire.
4 Le budget de l Etat Les opérations Les opérations Dépenses Recettes (impôts) Dépenses Recettes Soldes des opérations Soldes des opérations Solde général dit solde d exécution de la loi des finances Si en déficit IMPASSE. L Etat s endettera du montant de l impasse Ainsi, à chaque fois que dans une période l Etat n arrivera pas à couvrir ses dépenses, il devra s endetter du montant de son impasse : d où la dette publique. Plus le déficit budgétaire est important, plus l impasse budgétaire sera grande et plus la dette de l Etat qui en découlera sera importante. NB : La notion de dette publique est de plus en plus utilisée aujourd hui pour désigner non pas seulement la dette de l Etat, mais aussi l ensemble de l endettement du secteur public (Etat, collectivités territoriales et administrations de sécurité sociale) Pourquoi le déficit budgétaire est-il combattu? Le déficit budgétaire est combattu parce qu il est considéré par le courant libéral comme néfaste à l activité économique. Son mode de financement qui peut-être inflationniste, le risque de détournement des fonds d épargne au profit de l Etat et au dépens des entreprises qu il fait peser sur le marché des capitaux (éviction financière) et l augmentation de la charge qu il reporte sur les générations à venir via l augmentation de la dette de l Etat sont les principaux arguments avancés par les libéraux pour expliquer la nocivité économique du déficit. La lutte contre le déficit budgétaire est donc essentiellement dogmatique puisque Keynes et les keynésiens réfutent cette thèse libérale, considérant que la lutte systématique contre le déficit budgétaire peut se révéler inopportune pour l économie. Ils montrent que ces différents griefs contre le déficit budgétaire restent pour l essentiel théoriques et ne se vérifient pas dans la réalité.
5 L Europe et les principales institutions internationales comme le FMI, l OMC et la banque mondiale sont gouvernées selon les principes du libéralisme. Pourquoi? L économie en tant que science n existe que depuis la fin du XVIIIè siècle. Longtemps un seul modèle économique était enseigné : le modèle libéral. Ce modèle, initié par les physiocrates, structuré par les classiques et prolongé et enrichi par les néoclassiques, basé sur les préceptes de la libre concurrence, de la supériorité de l initiative privée sur l initiative publique, sur la rigueur financière et sur le marché s est naturellement, faute de concurrence, imposé, inspirant ainsi les méthodes de gouvernement de l économie. Ce modèle dit modèle de l économie dominante ou l orthodoxie économique a donc régné sans partage durant un siècle et demi jusqu au début du XX è siècle avec la mise au point d une autre vision de l économie initiée par Keynes servant ainsi de base au courant de pensée économique keynésien. Mais aujourd hui, l orthodoxie économique domine encore et impose ses préceptes au niveau des politiques économiques et inspire les méthodes de gestion des instances internationales, comme le FMI et l OMC, même si, depuis, elle est sérieusement concurrencée par la théorie keynésienne. Vos remarques ou questions auxquelles vous souhaitez avoir une réponse Cliquez ici
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