PHILOSOPHIE POLITIQUE : ORDRE SOCIAL (4) LA CRITIQUE DE CONSTANT
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- Armand Desjardins
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1 PHILOSOPHIE POLITIQUE : ORDRE SOCIAL (4) LA CRITIQUE DE CONSTANT
2 BENJAMIN CONSTANT Auteur de: Principes de politique De l esprit de conquête «De la liberté des anciens comparée à celle des modernes»
3 ENTRE ROUSSEAU ET CONSTANT: L EXPÉRIENCE DE LA TERREUR L idéologie jacobine : «Nous voulons remplir les vœux de la nature, accomplir les destins de l humanité, tenir les promesses de la philosophie, absoudre la providence du long règne du crime & de la tyrannie qu en scellant notre ouvrage de notre sang, nous puissions voir briller au moins l aurore de la félicité universelle Voilà notre ambition, voilà notre but.» Robespierre, Discours du 5 février 1794 «Le gouvernement révolutionnaire doit au bon citoyen toute la protection nationale ; il ne doit aux Ennemis du Peuple que la mort. Ces notions suffisent pour expliquer l'origine et la nature des lois que nous appelons révolutionnaires [...]. Si le gouvernement révolutionnaire doit être plus actif dans sa marche et plus libre dans ses mouvements que le gouvernement ordinaire, en est-il moins juste et moins légitime? Non ; il est appuyé sur la plus sainte de toutes les lois : le salut du Peuple.» Robespierre, Discours du 25 décembre 1793 Le bilan de la terreur ( ) : personnes guillotinés (environ 45 par jour) personnes emprisonnées
4 CONSTANT: LA VOLONTÉ GÉNÉRALE = LA VOLONTÉ DE TOUS Ce que la loi peut exprimer La volonté de tous tous reconnaissent la loi comme légitime tous donnent leur assentiment à la loi La volonté de quelques-uns quelques-uns le savent dériver du droit divin? Pourquoi l anarchie et le despotisme sont essentiellement illégitimes Impossibilité de donner son assentiment Absence de «garantie» [= sécurité, préservation de la liberté individuelle] et de «formes» [= procédures légales] «L anarchie et le despotisme réintroduisent dans l état social l état sauvage. Mais l anarchie y remet tous les hommes. Le despotisme s y remet lui seul et frappe ses esclaves, garrotés qu ils sont, des fers dont il s est débarrassé.»
5 LA VOLONTÉ GÉNÉRALE N ENTRAÎNE PAS LA SOUVERAINETÉ ABSOLUE Constant : Souveraineté du peuple liberté «[La souveraineté] est un principe de garantie. Il est destiné à empêcher un individu de s emparer de l autorité qui n appartient qu à l association entière; mais il ne décide rien sur la nature de cette autorité même. Il n augmente donc en rien la somme de liberté des individus; et si l on ne recourt pas à d autres principes pour déterminer l étendue de cette souveraineté, la liberté peut être perdue, malgré le principe de la souveraineté du peuple ou même par ce principe.» Pourquoi Rousseau pense le contraire Le souverain : collectif abstrait ou agent concret? «en se donnant à tous, il n est point vrai qu on ne se donne à personne. On se donne au contraire à ceux qui agissent au nom de tous il n est pas vrai que nul n ait intérêt de rendre la condition onéreuse aux autres, puisqu il existe des associés qui sont hors de la condition commune.»
6 LES DROITS DE LA SOCIÉTÉ (COLLECTIF ABSTRAIT) VS. CEUX DU GOUVERNEMENT Pourquoi la société délègue les droits qu elle reçoit de ses membres Pourquoi la société délègue inévitablement tous ses droits au gouvernement (contre Rousseau) «d un côté, la société eût-elle légitimement une autorité plus étendu que celle qu elle délègue, la partie qu elle ne délègue pas, ne pouvant être exercée, serait comme non existante. Un droit qu on ne peut ni exercer par soi-même, ni déléguer à d autres, est un droit qui n existe pas; et de l autre part, il y aurait, à reconnaître de pareils droits, l inconvénient inévitable que les dépositaires de la partie déléguée parviendraient infailliblement à se faire déléguer le reste.» Conclusion Si la société a une souveraineté absolue, alors le gouvernement aussi.
7 LES CONSÉQUENCES DU SYSTÈME DE ROUSSEAU La justification du despotisme «Les représentants de la volonté générale ont des pouvoirs d autant plus redoutables qu ils ne se disent qu instruments dociles de cette volonté prétendue ce qu aucun tyran n oserait faire en son propre nom, ceux-ci le légitiment par l étendu sans bornes de l autorité sociale.» L assujettissement comme liberté «Les lois les plus injustes, les institutions les plus oppressives sont obligatoires, comme l expression de la volonté générale. Car les individus, dit Rousseau, aliénés tout entiers au profit du corps social, ne peuvent avoir d autre volonté que cette volonté générale. En obéissant à cette volonté, ils n obéissent qu à euxmêmes et sont d autant plus libres qu ils obéissent plus implicitement.» L anticipation par Constant de la distinction entre «liberté négative» (ne pas être empêché), et «liberté positive» (avoir la capacité de se gouverner par soi-même, personnellement et collectivement).
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