considérablement la qualité de vie et augmente les probabilités de décès prématuré (de 3 à 8 ans).
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- Isabelle Bellefleur
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1 Comité sénatorial des affaires sociales, de la science et de la technologie Étude sur l incidence croissante de l obésité au Canada : ses causes, ses conséquences et les solutions d avenir Mémoire de la professeure Laurie Twells, de l Université Memorial Je remercie le Comité sénatorial de m avoir invitée à prendre part à ce très important débat national sur l incidence croissante de l obésité au Canada, qui porte sur ses causes, ses conséquences et les solutions d avenir. J ai fait de l épidémiologie ma spécialité il s agit d un champ de la science médicale qui étudie l incidence, la répartition et le contrôle de la maladie dans une population. Comme vous le savez, le Canada, à l exemple du reste du monde, est touché par une pandémie de l obésité, due à des taux accrus de sa prévalence depuis les 30 à 40 dernières années, et cause de plus en plus d effets néfastes sur la santé. Ma recherche porte essentiellement sur l épidémiologie de l obésité au Canada et sur le traitement des personnes atteintes d obésité grave par la chirurgie bariatrique. On entend par obésité l accumulation anormale ou excessive de gras éventuellement nuisible à la santé. Il n est pas question ici de taille, mais bien de santé. L obésité est le plus souvent mesurée à l aide d un indice de masse corporelle (IMC), un moyen simple de calculer le poids par rapport à la taille pour classifier les personnes au poids insuffisant ou santé, ou encore celles qui souffrent d embonpoint ou d obésité. L IMC se calcule à partir du poids en kilos, qu on divise par la taille en mètres mis au carré (kg/m 2 ). D autres moyens sont plus précis pour mesurer le pourcentage de gras ou le lieu d accumulation de celui-ci, mais ils ne sont pas très pratiques pour la population. Comme il a une forte corrélation positive avec la masse adipeuse, l IMC est le plus utile d entre tous afin de mesurer l embonpoint et l obésité : il est le même pour tous, peu importe le sexe ou l âge de l adulte. Il est utilisé universellement tant seul pour évaluer les risques pour la santé à l échelle de la population que combiné avec d autres mesures dans un milieu clinique. De nombreuses données empiriques ont prouvé le rapport entre l IMC et le risque pour la santé. Un IMC accru constitue un facteur de risque majeur pour diverses maladies : les maladies cardiovasculaires (hypertension, taux élevé de cholestérol) le diabète de type 2, les troubles musculo-squelettiques tels l arthrose, et certains cancers (du sein et du colon). Il détériore 1
2 Risque relatif de mortalité considérablement la qualité de vie et augmente les probabilités de décès prématuré (de 3 à 8 ans). Le fardeau économique annuel de l obésité est calculé en fonction des coûts directs liés à l hospitalisation, à la consommation de médicaments et aux visites aux médecins et aux urgences, ainsi qu en fonction des coûts indirects liés à la perte de productivité au travail et à la hausse de l absentéisme. Au Canada, ce fardeau est estimé entre 4,6 milliards et 7,1 milliards de dollars. L IMC se divise en catégories dont chacune est associée à un risque accru pour la santé (figure 1). Un IMC de 18,5 à 24,9 renvoie à un poids santé et au niveau le plus faible de risque, tandis qu un IMC supérieur à 30 indique qu une personne est obèse. Il existe d autres catégories : un indice allant de 30 à 34,9 se dit d une obésité modérée, et un supérieur à 35, d une obésité grave. Fait à noter, le rapport entre l IMC et la comorbidité chronique n a pas une nature linéaire, mais il peut afficher une courbe en U. En effet, tant une très faible qu une forte augmentation du risque détériorent sensiblement la qualité de vie des personnes et augmentent les probabilités de décès prématuré. Le risque pour la santé s accroît de manière exponentielle pour les personnes dont l IMC s élève à au moins 35. Ces personnes sont souvent décrites comme atteintes d une obésité grave, morbide ou clinique. Figure 1 Indice de masse corporelle 2
3 Corrélation entre l IMC et la mortalité chez les femmes Source : Calle et autres, de N Eng J of Med, 1999; vol. 341 : p IMC (Kg/m 2 ) Classification de l OMS Risque de comorbidité < à 18,5 Poids insuffisant Accru 18,5 à 24,9 Poids santé Le moindre 25 à 29,9 Embonpoint Accru 30 à 34,9 Obésité de classe I Élevé 35 à 39,9 Obésité classe II Plus élevé > à 40 Obésité classe III Extrêmement élevé Source : OMS, 1997 Au cours des 30 dernières années, on a noté une forte augmentation générale de la prévalence de l obésité dans les pays développés, alors que la hausse dans les pays en développement se révèle préoccupante. Dans les faits, tant l obésité que la malnutrition constituent des problèmes sur le plan de la santé de la population. Au Canada, l obésité touche environ 20 à 25 % des adultes (figure 2a) avec des écarts régionaux importants : environ 30 % de la population de Terre- Neuve-et-Labrador et des autres provinces atlantiques est touchée par rapport à moins de 15 % en Colombie-Britannique. La prévalence est plus élevée dans l Est et plus faible dans l Ouest. Cependant, la Saskatchewan et le Manitoba affichent des taux de prévalence similaires à ceux des provinces atlantiques. Durant la dernière décennie, le Canada a connu une augmentation de 200 % de la prévalence de l obésité, passant d environ 5 % en 1985 à près de 20 % en 2011 (figure 2b). Pendant cette période, toutes les provinces ont connu des augmentations, et on prévoit que la tendance se poursuivra. Le plus préoccupant, c est l obésité grave (IMC de 35), qui a augmenté de plus de 400 % (figure 2b) et qui touche plus d un million de Canadiens. Cette catégorie est associée à une hausse exponentielle des risques pour la santé (figure 3). Pour l heure, le seul traitement efficace pour les personnes atteintes d obésité grave est la chirurgie bariatrique, qui connaît elle aussi une croissance au Canada (figure 4). À ma connaissance, aucune des actions en prévention et en gestion de l obésité à l échelle de la population n a encore réussi à faire baisser le taux de 3
4 prévalence de l obésité, quoique certaines indications montrent un ralentissement ou une stabilisation dans certains pays. La situation révèle la complexité de la question : notre environnement et notre biologie mis ensemble font que nous prenons du poids très facilement et que nous avons beaucoup de mal à ne pas reprendre le poids perdu. On peut difficilement modifier la biologie humaine, mais les nouveaux traitements médicaux peuvent aider. L OMS a décrit notre environnement sur terre comme obèsogène, car il favorise la prise de poids par 1) la «surconsommation passive» causée par une amélioration de l accès à la nourriture, de sa disponibilité et de son abordabilité, la taille accrue des portions, la haute teneur calorique des aliments, les aliments transformés, la montée des boissons avec sucre ajouté et le marketing de la «malbouffe» surtout auprès des enfants très jeunes; 2) moins d activité au quotidien en raison de la sédentarité du travail, de la technologie, des nouveaux modes de transport et de l urbanisation. L obésité et ses effets sur la santé constituent un problème de santé nationale et internationale, qui nécessite une approche collaborative, assortie de leadership et de prise de mesures, de la part des gouvernements et des décideurs. 40 % 35 % 30 % 25 % 20 % 15 % 10 % embonpoint obésité obésité de classe I obésité de classe II obésité de classe III 5 % 0 % Figure 2a : Prévalence de l embonpoint et de l obésité au Canada
5 500 % 450 % 400 % 350 % 300 % 250 % 150 % 50 % 0 % embonpoint obésité obésité de classe I obésité de classe II obésité de classe III Figure 3 Figure 2b : Variation de pourcentage de la prévalence de l embonpoint et de l obésité au Canada, avec les données de 1985 comme étalon Source : Twells et autres, CMAJ Open, 2014 Les habitants du Canada atteints d obésité de classe II et III, par province Obésité : Classe II et classe III (Pourcentage de la population générale) CIHI, chirurgie bariatrique au Canada, mai
6 Volume des procédures Figure 4 Modification des volumes : Chirurgies bariatriques effectuées dans les hôpitaux canadiens Exercice Pontage gastrique Gastrectomie longitudinale Anneau gastrique Autres Total CIHI, chirurgie bariatrique au Canada, mai
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