Revue de l OFCE LE RALENTISSEMENT DE LA CROISSANCE : DU CÔTÉ DE L OFFRE?

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1 Revue de l OCE 142 LE RALENTISSEMENT DE LA CROISSANCE : DU CÔTÉ DE L ORE? Inroducion par Jérôme Creel e Xavier Rago Les demandes de faceurs de producion en rance Bruno Ducoudré e Mahieu Plane La crise de 2008 e la producivié oale des faceurs Sarah Guillou e Lionel Nesa Une évaluaion semi-srucurelle du poeniel d acivié pour la rance Éric Heyer e Xavier Timbeau Érosion du issu producif en rance Michel Agliea e Xavier Rago Dispariés locales e crise économique Jean-Luc Gaffard e Lionel Nesa rance e Allemagne : une hisoire du désajusemen européen Mahilde Le Moigne e Xavier Rago Les vens conraires de la croissance française Jérôme Creel e Éloi Lauren au-il encore uiliser le concep de croissance poenielle? Henri Serdyniak Le emps pour produire Jean-Luc Gaffard e rancesco Saraceno Sagnaion séculaire e accumulaion de capial Gilles Le Garrec e Vincen Touzé Vieillissemen de la populaion acive Sandrine Levasseur Impac des inégaliés sur la croissance Guillaume Allègre

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3 LE RALENTISSEMENT DE LA CROISSANCE : DU CÔTÉ DE L'ORE? f

4 Revue de l OCE OCE L Observaoire français des conjoncures économiques es un organisme indépendan de prévision de recherche e d évaluaion des poliiques publiques. Créé par une convenion passée enre l'éa e la ondaion naionale des sciences poliiques approuvée par le décre n du 11 février 1981 l'oce regroupe plus de 40 chercheurs (es) français e érangers. «Mere au service du déba public en économie les fruis de la rigueur scienifique e de l indépendance universiaire» elle es la mission que l OCE rempli en conduisan des ravaux héoriques e empiriques en paricipan aux réseaux scienifiques inernaionaux en assuran une présence régulière dans les médias e en coopéran éroiemen avec les pouvoirs publics français e européens. Philippe Weil a présidé l OCE de 2011 à 2013 à la suie de Jean-Paul ioussi qui a succédé en 1989 au fondaeur de l'oce Jean-Marcel Jeanneney. Depuis 2014 Xavier Rago préside l OCE. Il es assisé d'un conseil scienifique qui délibère sur l'orienaion de ses ravaux e l'uilisaion des moyens. Présiden Xavier Rago. Direcion Jérôme Creel Eselle risque Éric Heyer Lionel Nesa Xavier Timbeau. Comié de rédacion Chrisophe Blo Gérard Cornilleau Jérôme Creel Jacques Le Cacheux Jean-Luc Gaffard Éric Heyer Sandrine Levasseur rançoise Milewski Lionel Nesa Hélène Périvier Mahieu Plane rancesco Saraceno Henri Serdyniak Xavier Timbeau. Publicaion Xavier Rago (direceur de la publicaion) Sandrine Levasseur (rédacrice en chef) Laurence Duboys resney (secréaire de rédacion) Claudine Houdin (adjoin à la fabricaion) Najee Moummi (responsable de la fabricaion). Conac OCE 69 quai d Orsay Paris cedex 07 Tel. : +33(0) mail : revue.ofce@sciencespo.fr web : Dépô légal : sepembre 2015 ISBN : N ISSN ISSN en ligne OCE 2015

5 Sommaire LE RALENTISSEMENT DE LA CROISSANCE : DU CÔTÉ DE L'ORE? Inroducion par Jérôme Creel e Xavier Rago LES EETS DE LA CRISE : UNE EROSION DURABLE DU TISSU PRODUCTI EN RANCE? Les demandes de faceurs de producion en rance Esimaion e analyse des effes de la crise Bruno Ducoudré e Mahieu Plane La crise de 2008 e la producivié oale des faceurs des enreprises françaises Sarah Guillou e Lionel Nesa Une évaluaion semi-srucurelle du poeniel d acivié pour la rance Éric Heyer e Xavier Timbeau Érosion du issu producif en rance : causes e remèdes Michel Agliea e Xavier Rago Dispariés locales e crise économique éclairages préliminaires Jean-Luc Gaffard e Lionel Nesa rance e Allemagne : une hisoire du désajusemen européen Mahilde Le Moigne e Xavier Rago OÙ VA LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE? Les vens conraires de la croissance française Jérôme Creel e Éloi Lauren au-il encore uiliser le concep de croissance poenielle? Henri Serdyniak Le emps pour produire : réflexions analyiques sur les difficulés de reprise de l acivié économique Jean-Luc Gaffard e rancesco Saraceno Sagnaion séculaire e accumulaion de capial Gilles Le Garrec e Vincen Touzé Revue de l OCE 142 (2015)

6 Vieillissemen de la populaion acive Vers une baisse de la producivié? Sandrine Levasseur Impac des inégaliés sur la croissance : que sai-on vraimen? Une (brève) revue de liéraure Guillaume Allègre Les propos des aueurs e les opinions qu ils exprimen n engagen qu eux-mêmes e non les insiuions auxquelles ils appariennen.

7 Inroducion LE RALENTISSEMENT DE LA CROISSANCE : DU CÔTÉ DE L ORE? Jérôme Creel e Xavier Rago Le ralenissemen de la croissance française e de la croissance mondiale depuis avai pu êre perçu comme la conséquence direce mais emporaire de la crise financière inernaionale. Il fau bien admere désormais que ce ralenissemen es durable. La siuaion économique de la rance pose donc quesion e rouvre le déba sur les déerminans conjoncurels e srucurels de la dynamique producive. En simplifian quelque peu le déba oppose les enans d un problème de la demande à ceux d'un problème d'offre. Les premiers meen en avan les hausses d impôs qui on comprimé brualemen la demande agrégée conduisan à des ensions déflaionnises noammen depuis L'OCE a souligné depuis mainenan plusieurs années les risques économiques d une consolidaion budgéaire à marche forcée : l «ausérié» e la croissance ne pouvaien pas faire bon ménage. Si le déba sur les conséquences de la poliique budgéaire a pu reser quelque fois obscur cerains économises avançan que la hausse des impôs pouvai avoir des effes expansionnises immédias sur la consommaion des ménages on assise depuis 2009 à une (r)évoluion des insiuions inernaionales qui admeen mainenan que l ausérié budgéaire provoque une conracion rapide de l acivié. La faiblesse de la reprise en 2014 e 2015 doi cependan amener à une réflexion plus srucurelle sur l éa du issu producif en rance. En effe l analyse de la dynamique de l invesissemen de la balance commerciale des gains de producivié ou du aux de marge des enreprises e dans une moindre mesure de leur accès au crédi indique l exisence de endances inquiéanes depuis le débu des années De plus la persisance de la crise condui inélucablemen à la quesion de l'érosion du issu producif français depuis 2007 du fai de la faible croissance du faible invesissemen e du nombre élevé de faillies. Revue de l OCE 142 (2015)

8 6 Jérôme Creel e Xavier Rago Ces inerrogaions sur la croissance d après-crise son mondiales. Tous les pays développés s'insallen mainenan sur des rajecoires de croissance que l on peu qualifier de faibles au regard des aux de croissance passés. Cee endance commune cache bien sûr des différences imporanes. Si la rance s en sor honorablemen dans la zone euro l Allemagne fai bien mieux en ermes de balance commerciale e le Royaume-Uni connaî une croissance élevée. Dès lors au sein d une croissance mondiale révisée à la baisse se pose la quesion de l exisence d une spécificié française qui empêcherai la rance de bénéficier d une reprise de la croissance mondiale aussi faible e inceraine soi-elle. Les analyses présenées dans ce ouvrage si elles se concenren plus pariculièremen sur les quesions d offre essaien de penser les inerdépendances avec les quesions de demande. De nombreux angles d analyse son mobilisés pour analyser le problème producif e la croissance poenielle française à parir de données d enreprises de données errioriales e d analyses secorielles. Ces ravaux son présenés dans la seconde parie de cee inroducion afin de dégager les convergences dans le consa e les recommandaions. De ces ravaux neuf conclusions se dégagen : 1) La croissance poenielle a fléchi en rance depuis la crise. Si le niveau de croissance poenielle sur longue période es élevé de l ordre de 18 % la croissance poenielle fléchi depuis la crise de l ordre de 04 poin selon la nouvelle mesure donnée par Éric Heyer e Xavier Timbeau. 2) La quesion cenrale consise à savoir si ce ralenissemen es ransioire ou permanen. Cee quesion es imporane pour les prévisions de croissance mais aussi pour les engagemens européens de la rance qui dépenden de la croissance poenielle. Une conclusion imporane de ce numéro es qu'une rès grande parie de ce ralenissemen es ransioire e liée à la poliique économique menée en rance. Comme le monren Bruno Ducoudré e Mahieu Plane le faible niveau d invesissemen e d emploi peu s expliquer par l environnemen macroéconomique e noammen par la faiblesse acuelle de l acivié. Le comporemen des enreprises ne semble pas avoir changé dans la crise. L analyse de Ducoudré e Plane monre par ailleurs que les déerminans de l invesissemen son différens à cour e à long erme. Une hausse de 1 % de l acivié économique augmene l invesissemen de 14 % après un rimesre alors qu une hausse de 1 % du aux de marge a un effe rès faible. Cependan à long erme (10 ans) une hausse de 1 % de l acivié augmene l invesissemen de l ordre de 1 % alors qu une hausse de 1 % du aux de marge augmene deux fois plus l invesissemen. Ainsi le souien à l invesissemen passe par un

9 Inroducion. Le ralenissemen de la croissance : du côé de l offre? 7 souien à l acivié économique à cour erme andis que le réablissemen des marges aura un effe de long erme. 3) Le issu producif français va mere du emps à se réablir des effes de la crise du fai de rois puissans freins : la faiblesse de l invesissemen ceres mais aussi la baisse de la qualié de l invesissemen e enfin la désorganisaion producive consécuive à la mauvaise allocaion du capial duran la crise y compris dans sa dimension errioriale. Sarah Guillou e Lionel Nesa monren que le faible niveau d invesissemen génère moins de progrès echnique depuis la crise. En effe le faible niveau d invesissemen ne perme pas de moner en gamme. Ensuie Jean-Luc Gaffard e Lionel Nesa monren que la convergence des errioires s'es ralenie depuis la crise e l acivié a pluô décru dans les errioires les plus producifs. 4) La noion de croissance poenielle qui vise à mesurer les capaciés producives d une économie à moyen erme sor profondémen fragilisée de la crise comme ouil de piloage macroéconomique. Les révisions coninues (quelles que soien les méhodes) de la croissance poenielle renden dangereuse l idée d'un piloage européen en foncion de règles comme le monre Henri Serdyniak. Il fau donc rerouver une poliique économique européenne qui assume son caracère discréionnaire. En oure une poliique budgéaire plus coningene aux condiions macroéconomiques e financières doi êre mieux coordonnée avec la quesion climaique ce que discuen Jérôme Creel e Eloi Lauren. 5) La noion de sagnaion séculaire c es-à-dire un affaiblissemen durable de la croissance donne lieu à d inenses débas. Deux visions de la sagnaion séculaire son débaues. La première celle de Rober Gordon insise sur l épuisemen du progrès echnique. La seconde dans la coninuié des analyses de Larry Summers insise sur la possibilié d un défici permanen de demande. Jérôme Creel e Eloi Lauren monren les limies de l analyse de Rober Gordon pour la rance. Gilles Le Garrec e Vincen Touzé monren la possibilié d un défici durable de demande qui pèse sur l accumulaion du capial du fai de l impuissance de la Banque cenrale à baisser encore ses aux d inérê. Dans un el cadre un souien à la demande es nécessaire pour sorir d un mauvais équilibre d inflaion basse e de chômage élevé qui condui à une percepion négaive du poeniel de croissance. Changer les anicipaions peu demander des poliiques de simulaion de l acivié économique de grande ampleur ou comme l accepaion d une inflaion durablemen élevée. 6) Ainsi les analyses présenées ici reconnaissen les profondes difficulés du issu producif en rance e recommanden une meilleure coordinaion des poliiques publiques. Il fau un souien rapide à la demande afin de réablir l invesissemen puis une poliique

10 8 Jérôme Creel e Xavier Rago coninue e progressive de réablissemen des marges des enreprises exposées à la concurrence inernaionale. Pas de choc de compéiivié donc mais un souien aux enreprises qui prend en compe le profil emporel de l invesissemen producif selon Jean-Luc Gaffard e rancesco Saraceno. 7) À plus long erme une parie du problème français qualifié d offre es le résula des désajusemens européens noammen de la divergence des salaires enre les grandes économies européennes. La divergence enre la rance e l Allemagne es impressionnane depuis le milieu des années Mahilde Le Moigne e Xavier Rago monren que la modéraion salariale allemande es singulière parmi les pays européens. Ils proposen une quanificaion de l effe de cee modéraion salariale sur le commerce exérieur e l acivié économique en rance. La modéraion salariale allemande conribue à une hausse de plus de 2 poins du aux de chômage français. La poliique de l offre pore un aure nom : celui de poliique de reconvergence européenne. 8) La modernisaion profonde du issu producif reposera sur des espaces de coopéraion d apprenissage collecif e de collaboraion permean de la créaivié rendue possible par les nouvelles echnologies. Ces espaces doiven reconnaîre l imporance des acifs inangibles qui son si difficiles à valoriser. Dans des économies don la populaion acive vieilli les progrès de la roboique e de l inelligence arificielle doiven engendrer une amélioraion du poeniel de producivié selon Sandrine Levasseur. Il fau aussi renforcer la coopéraion au sein de deux espaces : l enreprise e le errioire. Au sein de l enreprise une gouvernance parenariale doi permere de limier les endances financières cour-ermises. Au sein des errioires la définiion de sysèmes errioriaux d'innovaion doi êre l enjeu d une poliique indusrielle moderne selon Michel Agliea e Xavier Rago. 9) Pour conclure ce n es pas an le niveau de la producion qui inquièe que l inéquiable répariion des fruis de la croissance si faible soi-elle comme le monre Guillaume Allègre. Le consensus naissan à propos de l impac négaif des inégaliés sur la croissance économique ne doi pas masquer le vrai déba qui pore non pas uniquemen sur les écars de revenus mais aussi sur ce que ces revenus permeen de consommer donc sur l accès à des biens e services de qualié égale. La quesion essenielle devien alors celle du conenu de la producion avan celle de sa croissance. Pour monrer les cohérences des analyses nous présenons mainenan les différens aricles de ce numéro en deux grandes paries. La première cenrée sur l économie française pose la quesion de l érosion de son issu producif. La crise financière inernaionale a-elle provoqué une rupure ou juse un désajusemen? Plusieurs

11 Inroducion. Le ralenissemen de la croissance : du côé de l offre? 9 niveaux d analyse son mobilisés : les dimensions macroéconomique e microéconomique donc les données de la compabilié naionale e les données d enreprises e la dimension errioriale française e européenne. La seconde parie adope une vision criique de la liéraure héorique sur les quesions de croissance. Elle aborde aussi bien le déba sur la sagnaion séculaire e son applicaion à la zone euro e à la rance celui de la mesure de la croissance poenielle déjà esquissée dans la première parie que les ineracions enre vieillissemen innovaion inégaliés d un côé e croissance économique de l aure. 1. Les effes de la crise : Une érosion durable du issu producif en rance? Quel es l éa du issu producif français? La crise laissera--elle des cicarices permanenes? Il fau s inerroger sur ce qui peu avoir éé dérui de manière durable dans la crise : en effe la crise peu avoir affecé le issu producif par rois canaux. Le premier canal es la conracion du sock de capial. La crise a condui à un sous-invesissemen éudié par Bruno Ducoudré e Mahieu Plane dans ce numéro e peu se maérialiser de deux façons d une par le sous-invesissemen e d aure par les faillies d enreprises l une e l aure façon n éan pas exclusives l une de l aure. La conracion du sock de capial peu avoir des effes permanens sur l'acivié économique du fai noammen du sous-invesissemen dans les nouvelles echnologies suscepibles d augmener l efficacié producive des enreprises françaises. Par ailleurs les faillies peuven avoir fai disparaîre des enreprises producives pour des raisons puremen conjoncurelles. Le second canal es la pere de compéences des chômeurs de longue durée. On parle alors de desrucion de capial humain e non de capial physique. Il exise un roisième canal mainenan discué dans la liéraure qui concerne la mauvaise allocaion du capial. Si la crise condui à des problèmes de financemen plus sévères pour de peies enreprises producives le ralenissemen de l'acivié peu conduire à un sous-développemen (voire à des faillies) d'enreprises les plus producives ce qui condui non plus seulemen à une baisse du sock de capial mais à sa mauvaise allocaion producive. Pour répondre à ces quesions il fau croiser les analyses e les focales. Dans une première parie de ce numéro plusieurs perspecives son uilisées : l analyse des seceurs les données d'enreprises l analyse macroéconomique l analyse des endances de moyen erme l analyse des errioires e enfin l analyse comparaive avec nore voisin allemand.

12 10 Jérôme Creel e Xavier Rago Commen s explique le faible niveau d invesissemen e d emploi en rance? Une analyse secorielle Bruno Ducoudré e Mahieu Plane s inéressen à l évoluion de l emploi e de l invesissemen à un niveau agrégé en disinguan au sein du seceur marchand l indusrie la consrucion e les services. Concernan l emploi les aueurs idenifien ou d abord une baisse graduelle par palier du aux de croissance annuel de la producivié horaire observée (VA en volume/ heures ravaillées). Pour le seceur marchand cee producivié annuelle éai de 15 % de 2003 à 2007 e a diminué jusqu à aeindre 05 % de 2008 à Concernan l invesissemen les rois faceurs principaux déerminan le niveau d invesissemen son l acivié économique (la valeur ajouée marchande) le aux de marge qui mesure la profiabilié des enreprises e enfin le coû du capial. Le rôle de chacun des faceurs dépend de l horizon considéré. À cour erme l acivié économique es le déerminan principal de l invesissemen. Une hausse permanene de 1 % de l acivié économique augmene l invesissemen de 14 % alors qu'une hausse de 1 % du aux de marge à un effe rès faible. Cependan à long erme (10 ans) une hausse de 1 % de l acivié augmene l invesissemen de l ordre de 1 % alors qu'une hausse de 1 % du aux de marge augmene l invesissemen de l ordre de 2 %. La première leçon imporane de ces analyses es que le comporemen agrégé de l invesissemen e de la demande d emploi es globalemen sable pendan la crise. La chue de l invesissemen ne provien pas esseniellemen d un changemen de comporemen des enreprises mais d un changemen de l'environnemen macroéconomique des enreprises. En d aures ermes la dynamique de l invesissemen éai en grande parie prévisible dès 2007 par l anicipaion de l évoluion du cadre macroéconomique. Concernan l emploi la même conclusion s'impose avec une nuance. On observe un changemen du comporemen des enreprises. Les effecifs salariés on moins diminué dans la crise que ce que laissaien prévoir les comporemens esimés avan la crise. On observe ainsi une réenion de main-d œuvre qui explique le reard enre la croissance e l emploi. La seconde leçon es que les poliiques visan à modifier le aux de marge des enreprises peuven avoir un effe imporan sur l invesissemen mais uniquemen à long erme semble--il. Ce effe devien imporan après 3 à 5 ans. À l aide de ces équaions de demande de faceurs les aueurs mesuren la réducion de l emploi e de l invesissemen due à la poliique de consolidaion budgéaire (qui a rédui l acivié économique) e à la baisse du aux de marge des enreprises. Le premier effe

13 Inroducion. Le ralenissemen de la croissance : du côé de l offre? 11 l empore la consolidaion budgéaire induisan une baisse cumulée de 4 % de l'emploi salarié. Quelles on éé les conséquences de la crise sur la producivié des enreprises? Sarah Guillou e Lionel Nesa uilisen les données d enreprises françaises (ICUS e ARE) pour consruire une mesure du progrès echnique au niveau de l enreprise la producivié globale des faceurs pour comprendre le ryhme du changemen echnique depuis la crise e jusqu en 2011 dernière année à ce jour de disponibilié des données. Assise--on à un ralenissemen du changemen echnique depuis la crise? Observe--on des différences de comporemen suivan la aille des enreprises ou les seceurs? Il exise deux façons de générer du progrès echnique au niveau du issu producif. Les enreprises peuven devenir plus producives individuellemen du fai d innovaion ou d'un mécanisme d apprenissage éudié de longue dae dans la liéraure sur la croissance endogène. Ensuie même si les enreprises ne son pas plus producives individuellemen la producion e le capial peuven se déplacer des enreprises les moins producives vers les plus producives (du fai par exemple du développemen de peies enreprises producives) amélioran ainsi l allocaion producive de l économie. Le premier mécanisme (inerne) es appelé marge inensive le second (exerne) marge exensive. En emps de crise il exise un déba sur la conribuion à la producivié globale de la marge exensive. En effe cerains aueurs on avancé que les crises faisaien disparaîre les enreprises les moins producives permean de libérer les ressources financières mais aussi en emplois qualifiés pour les enreprises les plus producives lors de la reprise. D aures aueurs on avancé que les crises faisaien disparaîre des enreprises producives du fai des conraines financières. Que disen les données françaises? L'éude de Sarah Guillou e Lionel Nesa monre que premièremen le progrès echnique a raleni dans les enreprises françaises en moyenne de 2008 à 2011 dans les enreprises de oues ailles e pour ous les seceurs. Deuxièmemen le progrès echnique a raleni plus foremen dans les peies que dans les grandes enreprises. Par ailleurs les grandes enreprises on en moyenne une producivié plus élevée que les peies enreprises ce que confirmen d'aures éudes. Troisièmemen les dispariions d'enreprises concernen les enreprises en moyenne plus producives que la moyenne de leur seceur. Ainsi la récession loin de sélecionner les enreprises les plus producives

14 12 Jérôme Creel e Xavier Rago a condui à une dispariion de producivié jusqu en Cee dispariion pourrai ne pas avoir éé définiive si les créaions nees d enreprises en phase de reprise on compensé cee pere. Quarièmemen la relaion enre invesissemen e progrès echnique a subi une rupure après la crise. L invesissemen ne génère pas auan de progrès echnique après la crise de 2008 qu'avan. Une cause possible es que la qualié des faceurs (par exemple la qualié des machines) diminue quand l invesissemen diminue. De ce fai la baisse de l invesissemen indui une moindre qualié du sock de capial. Enfin les seceurs don le ryhme de progrès echnique a le mieux résisé à la crise son les seceurs manufacuriers e les services de haues echnologies qui avaien une producivié élevée avan la crise. Quelle mesure de la croissance poenielle en rance? Éric Heyer e Xavier Timbeau présenen une méhode d évaluaion de la croissance poenielle qui n es pas sujee à des révisions fréquenes e qui rese en parie agnosique sur la séparaion enre faceurs conjoncurels e srucurels. Leur sraégie es de parir de la croissance observée e de corriger cee dernière des faceurs économiques connus. Ces derniers peuven êre classés en deux caégories inerne e exerne. Les faceurs exernes son le prix du pérole e les écars de prix relaifs des exporaions de la rance par rappor aux aures pays e l acivié économique des aures pays. Les faceurs inernes son en premier lieu la poliique budgéaire qui affece direcemen l acivié économique. Il es mainenan reconnu que l effe récessif des hausses d'impôs ou des baisses de dépenses a éé sousesimé avan la crise. Les aures faceurs son les condiions financières e le prix de l'immobilier. Pour la période récene Eric Heyer e Xavier Timbeau rouven que les principales conribuions à la faiblesse de l acivié économique son la poliique de consolidaion budgéaire rapide e les condiions financières. Une fois que l on ien compe de ces faceurs le poeniel de croissance français a décru de 04 poin en fin de période. L approche d Éric Heyer e Xavier Timbeau défini une croissance poenielle résiduelle une fois que les principaux faceurs explicaifs on éé uilisés pour comprendre les flucuaions de la croissance. L inérê de cee approche es de laisser au déba économique le soin de disinguer parmi les faceurs explicaifs ceux qui son srucurels e ceux qui son conjoncurels. L exemple de la compéiivié perme de comprendre l enjeu de ce déba. Éric Heyer e Xavier Timbeau inroduisen la compéiivié comme l écar des prix des exporaions enre les pays concurrens e la rance. Les divergences de compéiivié enre les

15 Inroducion. Le ralenissemen de la croissance : du côé de l offre? 13 pays son-elles srucurelles ou conjoncurelles? Si elles son définies comme conjoncurelles l hypohèse implicie es que les mécanismes de marché la concurrence inernaionale en pariculier enraîneron la convergence des prix enre les pays. L exemple européen monre cependan que cee convergence n'es pas garanie à moyen erme. Le problème producif français à l inersecion de la macroéconomie de la microéconomie e des errioires Les analyses présenées jusqu ici sur la siuaion des enreprises des seceurs e de l ensemble de l économie française n idenifien pas de faceurs de producion ayan éé déruis de manière permanene pendan la crise même si les races de la crise peuven prendre plusieurs années pour disparaîre. Cependan pour comprendre l éa de la rance il fau ajouer à ce effe de cour erme les endances de plus long erme révélées par la rajecoire de la rance depuis le milieu des années Michel Agliea e Xavier Rago présenen une synhèse de endances microéconomiques e macroéconomiques permean de cerner l éa du issu producif français. S ils idenifien deux endances macroéconomiques le prix de l'immobilier e les divergences salariales européennes la quesion qu ils posen concerne l effe des aux d inérê bas sur la période d avan-crise. Ces derniers n on pas simulé l invesissemen producif mais pluô les prix immobiliers. Leurs analyses se ournen alors vers la gouvernance des enreprises pour expliquer ce résula. Ils présenen une ypologie de la gouvernance des enreprises e avancen l idée que la financiarisaion de la gouvernance des enreprises semble expliquer les difficulés des enreprises à irer pari des poeniels de croissance à moyen erme. Michel Agliea e Xavier Rago idenifien le manque d implicaion des salariés dans les direcions des enreprises comme un faceur clé pouvan freiner la croissance à long erme. Leurs analyses présenen ensuie l ancrage erriorial des sysèmes d innovaion. Les errioires apporen des exernaliés posiives par les effes d aggloméraion de réseaux e par les aciviés inensives en informaion. Ils doiven êre organisés de manière à conenir les effes exernes négaifs de la congesion. La marice de cee organisaion es bien sûr le modèle économique urbain. Les villes produisen les ineracions de proximié mais aussi les modes de communicaion à disance grâce aux echnologies de l informaion (proximié viruelle). Elles subissen les forces de dispersion à cause du prix du foncier qui enraîne l éalemen principale source de gaspillage énergéique e de

16 14 Jérôme Creel e Xavier Rago emps. Il s ensui que la planificaion urbaine es le socle sur lequel des sysèmes d innovaion peuven s édifier. La producivié e les errioires Jean-Luc Gaffard e Lionel Nesa s inerrogen sur la dynamique errioriale de l évoluion du issu producif français à parir de données d enreprises : dans les plus de rois cens zones d emploi réperoriées par l INSEE la crise a--elle eu les mêmes effes sur la producivié l emploi ou la paricipaion au commerce mondial? Les errioires se spécialisen-ils en ermes d acivié e leur spécialisaion a--elle évolué? L analyse de Jean-Luc Gaffard e Lionel Nesa monre la rès fore héérogénéié des errioires en ermes de producivié de paricipaion au commerce inernaional ou de resrucuraion du issu producif. Avan la crise on peu observer une convergence des errioires en ce qui concerne le PIB ou la producivié du ravail. La crise a raleni ce processus. La crise a en même emps condui à un ralenissemen des gains de producivié du ravail au sein des errioires e à une réallocaion de la producion vers les errioires moins producifs conduisan à un ralenissemen de la producivié du ravail. On assise ensuie à une évoluion du issu producif depuis la crise vers les services e indusries manufacurières de haue echnologie ce qui condui à une plus fore résilience des errioires spécialisés dans ces seceurs. Cependan même en enan compe de ces évoluions secorielles les errioires diffèren foremen en ermes de producivié e de comporemen face à la crise. Cela indique probablemen des spécificiés locales concernan l organisaion indusrielle ou des complémenariés locales propres. Il exise donc des faceurs locaux qui expliqueraien valeur ajouée invesissemen e emploi de chaque errioire en niveau comme en aux de croissance. De ce fai les aueurs plaiden pour des poliiques diversifiées adapées aux conexes locaux. Les désajusemens européens comme cause du problème producif en rance L évoluion de l économie française peu êre analysée à l aune de la dynamique allemande. En effe la divergence économique enre la rance e l Allemagne depuis 1993 es impressionnane. Alors que les deux pays éaien dans des siuaions comparables à la fin des années 1990 l Allemagne es aujourd hui au voisinage du plein emploi en dépi d inégaliés en hausse e es un des pays développés les plus exporaeurs e don l'éa es le moins endeé. La rance connaî un

17 Inroducion. Le ralenissemen de la croissance : du côé de l offre? 15 chômage élevé e voi ses performances commerciales se dégrader coninûmen. Différenes explicaions on éé avancées pour expliquer cee divergence : la capacié d innovaion e de monée en gamme des enreprises du Mielsand allemand les réformes du marché du ravail des lois Harz les différences de srucure de concurrence dans les services noammen. Mahilde Le Moigne e Xavier Rago insisen sur une aure cause : la divergence des coûs du ravail enre les deux pays e le caracère singulier de la modéraion salariale allemande. L exraordinaire sabilié des salaires allemands dans le seceur des biens non-échangeables par rappor aux salaires français es mainenan bien documenée. Dans une moindre mesure le coû uniaire du ravail dans le seceur des biens échangeables a aussi augmené plus vie en rance qu en Allemagne. Selon Mahilde Le Moigne e Xavier Rago ces différences de long erme dans le coû du ravail expliquen la moiié de l écar de balance commerciale enre les deux pays e de l'ordre de 2 poins du aux de chômage en rance. Par ailleurs la baisse du aux de marge du seceur des biens échangeables en rance s explique par le fai que le prix de vene des biens de ce seceur a suivi la même endance en rance e en Allemagne principalemen du fai de la concurrence inernaionale alors que le coû des faceurs augmenai plus vie en rance du fai de la hausse du coû uniaire du ravail mais aussi de la hausse du prix des biens non-échangeables acheés par le seceur des biens échangeables français. Une conclusion imporane des aueurs es que le problème di d offre en rance c es-à-dire la dégradaion de la balance commerciale e la chue du aux de marge des enreprises es principalemen le résula des désajusemens européens en maière de coû du ravail. Les divergences nominales enre les pays européens duren mainenan depuis ving ans e on eu endance à s'accroîre jusqu'en On ne peu donc pas les qualifier de conjoncurelles e elles conribuen à la mesure du poeniel de croissance. 2. Où va la croissance économique? Le niveau de croissance économique à moyen erme une fois que les cicarices laissées par la crise auron cauérisé es une quesion qui concerne ous les pays. Larry Summers a provoqué un déba mondial en reprenan à son compe l idée de «sagnaion séculaire» iniialemen défendue par Alvin Hansen. En résuman l hypohèse de sagnaion séculaire peu êre défendue par des argumens invoquan

18 16 Jérôme Creel e Xavier Rago des considéraions d offre ou de demande. Les premières son par exemple largemen discuées par Rober Gordon qui relaivise grandemen les appors des nouvelles echnologies sur la croissance économique à venir. Il insise pluô sur les quesions de vieillissemen d inégaliés e de monée des dees publiques qui von freiner durablemen la croissance économique. Les secondes qui insisen sur la demande on éé présenées par Larry Summers e impliquen un excès durable d épargne qui pèse sur la rémunéraion du capial. L hypohèse de sagnaion séculaire «à la Summers» a éé élégammen formalisée par Paul Krugman Gaui Eggerson e Neil Mehrora selon lesquels l excès d épargne procède d un désendeemen massif des agens économiques. Ces deux approches par l offre e par la demande son analysées successivemen dans ce numéro. Quels son les vens conraires de la croissance française? Rober Gordon défend l hypohèse d une croissance durablemen faible causée par la faible conribuion de six faceurs à la croissance : la démographie l éducaion les inégaliés la mondialisaion l'énergie e enfin la dee. Jérôme Creel e Eloi Lauren sous une forme brève «à la Gordon» reprennen chacun des argumens de Rober Gordon pour mesurer leur perinence à l'aune de la siuaion de la rance. Les aueurs monren que ces argumens s'appliquen en fai peu en rance. Il ne s agi pas d affirmer que les performances de la rance son saisfaisanes mais au conraire qu il exise des poeniels imporans d amélioraion. Concernan l éducaion par exemple les aueurs rappellen que la rance es un pays où l origine sociale a le plus d influence sur les rajecoires scolaires des enfans. C es le signe d un échec du sysème éducaif qui poliiquemen n assure pas une égalié des chances e économiquemen ne perme pas la mobilisaion de ous les alens. La quesion des inégaliés de revenu e de parimoine se pose avec une moins grande acuié en rance du fai des poliiques de redisribuion don on ne semble vouloir reenir aujourd hui que les aspecs négaifs. Jérôme Creel e Eloi Lauren insisen ensuie sur le rôle de la poliique européenne e des enjeux climaiques. La gesion européenne de la crise économique à parir de 2009 n a pas favorisé la croissance au conraire. Les aueurs n excluen pas qu'une mauvaise poliique économique ne favorisan pas l invesissemen puisse durablemen conribuer à une croissance faible. Avec une onalié plus posiive les aueurs insisen sur le poeniel de modernisaion de l appareil producif que consiue la quesion écologique e de la ransiion énergéique. Mobilisan les analyses réalisées dans le rappor iags les

19 Inroducion. Le ralenissemen de la croissance : du côé de l offre? 17 aueurs indiquen qu une poliique volonarise de ransiion énergéique es suscepible de générer de la croissance au moins à moyen erme. La quesion climaique offre d ailleurs le meilleur exemple d un dépassemen de l opposiion enre poliique de l offre e poliique de demande. La réducion des émissions de gaz à effe de serre es une conraine inéviable sur le issu producif. Celle-ci réclame un effor d invesissemen qui es un puissan souien à la demande à cour erme e nécessie un équilibre approprié enre invesissemen public e privé pour engendrer une offre abondane e économe en ressources naurelles e en énergies fossiles. La croissance poenielle doi-elle êre uilisée dans des règles conraignanes? La siuaion européenne évoquée dans l aricle précéden amène naurellemen à s inerroger sur les règles budgéaires en vigueur e donc à la mesure de la croissance poenielle devenue cenrale dans les exes e règlemens européens. Par exemple le Traié budgéaire impose aux Éas membres de se fixer un objecif de défici srucurel de moyen erme de 05 %. L esimaion de la croissance poenielle envisagée comme une croissance sable de moyen erme es donc un préalable à l esimaion du défici srucurel donc un préalable au respec des raiés en vigueur. Comme le noe Henri Serdyniak dans sa conribuion au-delà des quesions budgéaires européennes le concep de croissance poenielle revien aussi dans les débas auour des conséquences de la crise financière inernaionale pérennes ou emporaires srucurelles ou conjoncurelles. La crise de 2008 a--elle en effe rédui durablemen la croissance poenielle (e donc la croissance fuure) de sore que la cible d un rappor consan enre dépenses publiques e PIB poeniel nécessie de réduire insananémen les dépenses publiques? Henri Serdyniak monre que les mesures de croissance poenielle son rès fragiles e son amenées à des révisions imporanes à plusieurs années d inervalle. Rappelan les mesures successives de croissance poenielle des grandes insiuions inernaionales il monre que l analyse de l'année 2007 a profondémen changé en l espace de quelques années. Alors que l acivié économique éai jugée en deçà du poeniel en 2007 dans les esimaions réalisées en 2008 les esimaions réalisées en 2013 oujours pour l année 2007 concluen que la rance éai en surchauffe manifese avec une producion supérieure de près de 3 % à son poeniel. Présenan les différenes méhodes de mesure Henri Serdyniak me en lumière les hypohèses implicies qui selon lui les renden oues fragiles. De

20 18 Jérôme Creel e Xavier Rago cee revue de liéraure des esimaions sur données principalemen françaises il conclu que la noion de croissance poenielle es un concep économique imporan mais poeniellemen dangereux lorsque sa mesure se subsiue à une analyse économique de fond e au déba poliique sur l évenail des sraégies de croissance possibles. La producion processus len Une seconde mise en perspecive de la noion de croissance poenielle es réalisée par Jean-Luc Gaffard e rancesco Saraceno. Ils insisen sur l inerdépendance des faceurs d'offre e de demande pour penser la croissance poenielle. La clé pour comprendre cee inerdépendance es la prise en compe réalise du emps nécessaire pour invesir e augmener les capaciés producives. Comme l écriven les aueurs si l on veu répondre à la quesion du niveau de aux de croissance poeniellemen aeignable il impore de connaîre le profil de l invesissemen producif à quel horizon la nouvelle capacié de producion es consruie e donc disponible e à quel horizon elle es déruie. Ainsi un vieillissemen du capial producif conséquence du ralenissemen des dépenses d invesissemen peu expliquer la faiblesse courane du aux de croissance poenielle andis que le emps nécessaire pour son rajeunissemen peu expliquer pourquoi cee faiblesse es durable. L inroducion de la emporalié dans l analyse économique aboui à des conclusions imporanes pour la poliique économique. L invesissemen es un faceur de demande à cour erme e un faceur d'offre à long erme. La poliique budgéaire affece la par de la producion qui va à l invesissemen e celle qui va à la consommaion. Une enaive d augmenaion de l invesissemen ne peu êre frucueuse que si les biens d invesissemen son disponibles pour saisfaire cee demande. La producion de ces biens d invesissemen peu elle-même prendre du emps. Ainsi la maîrise des emps producifs es essenielle pour définir l ariculaion enre une poliique d offre e une poliique de demande. Une demande rop faible peu-elle avoir des conséquences à long erme? Une quesion cenrale dans l analyse économique es celle de la sabilié des économies de marché. Cee quesion a éé éudiée en économie sous l angle des équilibres muliples : une économie peu foncionner «normalemen» pendan plusieurs années avan qu un choc négaif de demande réduise l acivié économique e conduise à un nouveau régime de faible demande de chômage élevé e de croissance faible. Gilles le Garrec e Vincen Touzé éenden le modèle

21 Inroducion. Le ralenissemen de la croissance : du côé de l offre? 19 d'eggerson e Mehrora à la quesion de la croissance e de la ransiion enre différens équilibres macroéconomiques. Ils confirmen la possibilié d un régime durable de demande faible e de sous-emploi du fai de rois «conraines» : le raionnemen du crédi les rigidiés nominales dans l économie e surou les conraines sur la poliique monéaire car les aux d'inérê nominaux ne peuven êre négaifs (ou rès négaifs). L équilibre de sous-emploi doi amener à profondémen repenser la poliique économique. Des poliiques srucurelles favorisan un accroissemen de la producivié ou une réducion des rigidiés nominales peuven avoir des effes conreproducifs du fai de endances déflaionnises. Un accroissemen de la cible d inflaion es efficace si la banque cenrale es suffisammen crédible. Les résulas concernan la poliique budgéaire son pariculièremen inéressans. Une poliique budgéaire redisribuive peu aider l économie à sorir de la sagnaion séculaire en souenan la demande globale. Elle condui cependan à une réducion de la croissance au plein emploi en raison d une moindre inciaion à accumuler du capial. Ce éclairage héorique perme de mieux appréhender les diversiés d impac de poliique d offre ou de poliique de demande pour échapper à la sagnaion séculaire. L effe du vieillissemen de la populaion Le rôle de la démographie sur la croissance de long erme es éudié par Sandrine Levasseur. Le vieillissemen de la populaion es l un des enjeux esseniels des années à venir avec la quesion climaique e la gesion des effes des nouvelles echnologies. Le vieillissemen de la populaion en rance es surou le résula de l allongemen de l espérance de vie e es donc d'abord une bonne nouvelle. Cependan il pose des défis imporans noammen si comme cerains l avancen la producivié au ravail diminue à parir d un cerain âge. Sandrine Levasseur s inéresse ou d abord aux résulas des éudes de neurosciences poran sur l évoluion des capaciés cogniives (e physiques) chez le suje vieillissan. Elle présene ensuie la liéraure empirique sur le lien enre âge e producivié au ravail. Si la liéraure fai consensus sur la baisse des capaciés cogniives e physiques au fur e à mesure du vieillissemen il n en va pas de même pour le lien empirique enre âge e producivié au ravail. Enfin dans le cadre d un ravail saisique simple l aueure analyse les réponses acuelles au vieillissemen de la populaion acive en ermes de roboisaion e de recours à l immigraion. La densié roboique es posiivemen e significaivemen corrélée au vieillissemen de la populaion acive fuure andis que l immigraion au cours des ving dernières années a

22 20 Jérôme Creel e Xavier Rago considérablemen raleni le vieillissemen de la populaion de cerains pays développés. inalemen nore poeniel de producivié macroéconomique semble moins lié au vieillissemen de la populaion acive qu aux progrès de la roboique e de l inelligence arificielle. Les inégaliés de revenus modifien-elles la croissance économique? Les conséquences sociales de la crise financière inernaionale on relancé le déba sur le lien à éablir enre croissance économique e inégaliés. La persisance d une croissance faible e la monée des inégaliés de revenus on eu deux effes sur ce déba : le premier a éé de fragiliser la héorie du ruissellemen selon laquelle l enrichissemen des plus aisés se diffuse aux moins aisés e le second d inerroger la causalié enre inégaliés e croissance. Guillaume Allègre précise les différens canaux par lesquels ces deux variables peuven êre liées puis il revien sur les ravaux les plus récens des insiuions inernaionales e sur la conclusion selon laquelle la monée des inégaliés nui à la croissance. Compe enu de la muliplicié des canaux possibles il conclu sur l impossibilié d esimer l effe des inégaliés sur la croissance e invie pluô à s inerroger sur la noion même de croissance. Les ménages ne son pas simplemen confronés à des inégaliés de revenu mais aussi à des inégaliés d accès aux biens e services. Guillaume Allègre pose donc in fine la quesion de la perinence des indicaeurs de performance macroéconomique. 3. Conclusion Les conribuions rassemblées dans ce numéro on une double ambiion : celle de mere les enreprises e les seceurs au cœur de la réflexion sur les enans e les abouissans du ralenissemen acuel de la croissance e celle de quesionner le bien-fondé des analyses héoriques sur la croissance fuure à l aune de la siuaion française e européenne. L axe cenral des réflexions a éé l'équilibre à rouver enre les poliiques de souien à l'offre e les poliiques de souien à la demande. Il rese qu en dépi de la diversié des conribuions proposées des quesions spécifiques comme l'innovaion l éducaion la fiscalié le raiemen déaillé des effes des nouvelles echnologies numériques sur le marché du ravail ou enfin la quesion des évoluions souhaiables du marché du ravail e leurs impacs sur la croissance économique son au mieux esquissées ou ne son pas abordées. Elles le seron dans d aures numéros de la Revue de l OCE.

23 Parie 1 LES EETS DE LA CRISE : UNE EROSION DURABLE DU TISSU PRODUCTI EN RANCE? Les demandes de faceurs de producion en rance. Esimaion e analyse des effes de la crise Bruno Ducoudré e Mahieu Plane La crise de 2008 e la producivié oale des faceurs des enreprises françaises Sarah Guillou e Lionel Nesa Une évaluaion semi-srucurelle du poeniel d acivié pour la rance Éric Heyer e Xavier Timbeau Érosion du issu producif en rance : causes e remèdes Michel Agliea e Xavier Rago Dispariés locales e crise économique éclairages préliminaires Jean-Luc Gaffard e Lionel Nesa rance e Allemagne : une hisoire du désajusemen européen Mahilde Le Moigne e Xavier Rago Revue de l OCE 142 (2015)

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25 LES DEMANDES DE ACTEURS DE PRODUCTION EN RANCE ESTIMATION ET ANALYSE DES EETS DE LA CRISE Bruno Ducoudré e Mahieu Plane OCE Sciences Po Avec la crise débuée en 2008 les faceurs de producion on connu en rance une conracion sans précéden depuis la Seconde Guerre mondiale. La crise se caracérise par sa longueur : sep ans après son commencemen les faceurs de producion n on oujours pas rerouvé leur niveau d avan-crise. ace à un el choc il s agi de savoir si au regard de la crise les ajusemens opérés sur les faceurs de producion son en lien avec les évoluions de l acivié e si la crise a enraîné des rupures dans le comporemen des enreprises. Pour répondre à cee quesion nous esimons d une par des équaions de demandes de faceurs sur les périodes e e nous analysons e comparons les paramères esimés sur ces deux périodes. D aure par nous réalisons des simulaions dynamiques de l emploi e de l invesissemen que nous comparons aux évoluions observées de ces deux variables afin d éablir si les déerminans radiionnels des équaions permeen de comprendre les évoluions des faceurs de producion depuis le débu de la crise. Concernan la endance de producivié nous conduisons des ess de déecion e de daaion des rupures de endance de producivié ainsi que des esimaions récursives des paramères. Les résulas des équaions économériques n indiquen pas de rupure majeure au momen de la crise dans les déerminans fondamenaux de l invesissemen e de l emploi. Enfin nous exposons les propriéés varianielles des deux équaions de demande de faceurs puis nous évaluons l impac depuis 2011 des poliiques de consolidaion budgéaire dans la zone euro e de la dégradaion du aux de marge des enreprises sur l emploi salarié marchand e le sock de capial producif en rance. Toues choses égales par ailleurs les poliiques de consolidaion budgéaire dans la zone euro seraien selon nos évaluaions responsables en rance de la desrucion de à emplois salariés dans le seceur marchand e d une chue de l invesissemen des enreprises non-financières comprise enre 68 % e 76 % soi une conracion de 16 % à 17 % du capial producif. La baisse du aux de marge depuis 2011 aurai condui à réduire l invesissemen des enreprises de 21 % à 25 % ce qui correspond à une baisse du capial producif de %. Mos clés : invesissemen emploi producivié. Revue de l OCE 142 (2015)

26 24 Bruno Ducoudré e Mahieu Plane En rance comme dans oues les économies avancées la crise a eu des effes dévasaeurs sur l acivié e sur les faceurs de producion qui on connu une conracion sans précéden depuis la Seconde Guerre mondiale. Enre le débu de la crise (premier rimesre 2008) e le roisième rimesre 2009 l invesissemen des enreprises s es conracé de près de 15 % e l emploi salarié marchand a diminué de 25 % soi une pere de emplois en l espace de six rimesres (graphique 1). Un choc d une elle ampleur sur les faceurs de producion ne s es jamais observé depuis plus d un demi-siècle. A ire de comparaison la crise du débu des années 2000 qui a fai suie à l éclaemen de la bulle des nouvelles echnologies avai condui à une baisse de 47 % de l invesissemen des enreprises enre le roisième rimesre 2001 e la fin de l année 2002 e l ajusemen sur l emploi qui s éai opéré avec un décalage d un rimesre par rappor à celui sur le capial producif avai enraîné une baisse des effecifs salariés de 05 % enre le roisième rimesre 2002 e la fin 2003 soi emplois. Cee crise se caracérise aussi par sa longueur : sep ans après son commencemen les faceurs de producion n on oujours pas rerouvé leur niveau d avan-crise ce qui ne s éai égalemen jamais produi depuis la Seconde Guerre mondiale. À la fin de l année 2014 l invesissemen des enreprises éai encore 41 % en-dessous de son niveau d avan-crise e les effecifs salariés marchands éaien 26 % en dessous de leur niveau de débu 2008 ce qui correspond à la pere nee de emplois. Les évoluions de l invesissemen e de l emploi son marquées par la double récession qu a raversé l économie française d abord en puis à parir de 2011 lorsque les pays de la zone euro se son lancés simulanémen dans des poliiques de consolidaion budgéaire rapides à un momen où les muliplicaeurs budgéaires éaien pariculièremen élevés (Blo e al ; Creel Heyer e Plane 2011). Il en a résulé un impac négaif cumulé imporan sur l acivié économique en rance e chez ses principaux parenaires européens enre 2011 e 2014 (Heyer e Sampognaro 2015) qui a pesé sur l invesissemen e l emploi. ace à un el choc caracérisé par son ampleur e sa longueur la première quesion qui se pose es celle de savoir si au regard de la

27 Les demandes de faceurs de producion en rance 25 Graphique 1. Emploi salarié marchand non agricole e invesissemen des enreprises non-financières en rance 175 Emplois en millions bcf en euros 2010 prix chaînés Emploi salarié marchand (éch. gauche) Invesissemen des enreprises non-financières (éch. droie) Sources : Insee compes naionaux rimesriels crise les ajusemens opérés sur les faceurs de producion son en lien avec les évoluions de l acivié. Auremen di au cours de la crise les enreprises on-elles sur-ajusé leurs effecifs e leur capial producif au regard de leur niveau de producion? Ou au conraire on-elles fai de la réenion de main-d œuvre e du capial hoarding? La dégradaion du aux de marge des enreprises nonfinancières qui es passé de 335 % en 2007 à 294 % en 2014 suggère que les enreprises on pluô limié les desrucions d emplois au prix d une dégradaion de leur capacié d invesissemen. Pour mesurer le niveau souhaié des capaciés de producion par les enreprises e répondre plus précisémen à cee quesion nous esimons dans un premier emps des équaions de demandes de faceurs. Celles-ci son dérivées d une foncion de producion de ype CES suivan Allard-Prigen e al. (2002) qui implique que l élasicié de subsiuion soi commune aux deux équaions de demandes de faceurs. Ce aricle approfondi ainsi les ravaux menés à l OCE sur les demandes d invesissemen e d emploi. Nous analysons e comparons les simulaions dynamiques de l emploi e de l invesissemen issues des équaions des faceurs avec les évoluions observées de ces deux variables afin d éablir si les déerminans radiionnels de l emploi (valeur ajouée coû réel

28 26 Bruno Ducoudré e Mahieu Plane du ravail durée du ravail endance de producivié) e de l invesissemen (valeur ajouée coû réel du capial aux de marge) permeen de comprendre les évoluions des faceurs de producion depuis le débu de la crise. Il s agi ensuie de savoir si la crise a enraîné des rupures dans les relaions esimées c es-à-dire si la crise a modifié les comporemens des enreprises e leur sensibilié à cerains faceurs explicaifs de l emploi e de l invesissemen. À cee fin nous esimons les équaions de demandes de faceurs en incluan ou non la période de crise pour déecer la présence évenuelle de rupures majeures dans les déerminans des demandes de faceurs au momen de la crise. Concernan l équaion d emploi se pose aussi la quesion de l esimaion de la endance de producivié de la déecion e de la daaion d évenuelles rupures de cee endance. Nous conduisons des ess de déecion e de daaion des rupures de endance de producivié ainsi que des esimaions récursives des paramères afin d apporer des élémens de réponse sur ce poin. Enfin au regard des résulas des esimaions des équaions des demandes de faceurs nous évaluons de façon ad hoc à parir des équaions esimées l impac depuis 2011 des poliiques de consolidaion budgéaire dans la zone euro e de la dégradaion du aux de marge sur l emploi salarié marchand e le sock de capial producif en rance. La première parie rappelle le modèle héorique sous-jacen aux équaions de demandes de faceurs de producion. La deuxième parie présene les résulas déaillés des esimaions des équaions d emplois en incluan ou non la période de crise ( ) dans les esimaions. Dans la roisième parie nous éendons les résulas des esimaions d équaions d invesissemen des enreprises non-financières présenés dans Ducoudré e al. (2015) à la période d esimaion e (conre ) e nous esimons l équaion d invesissemen en conraignan l élasicié de subsiuion à sa valeur obenue dans les équaions d emploi. La quarième parie expose les propriéés varianielles du modèle esimé des demandes de faceurs. La cinquième parie présene une évaluaion des effes des poliiques de consolidaion budgéaire dans la zone euro depuis 2011 e de la dégradaion des aux de marge sur l invesissemen e l emploi.

29 Les demandes de faceurs de producion en rance Le modèle héorique Les équaions de faceurs de producion esimées découlen d une foncion de producion de ype CES c es-à-dire à élasicié de subsiuion consane enre le capial e le ravail. Les rendemens d échelle son supposés consans e il y a une relaion de proporionnalié srice enre d une par les quaniés que les enreprises envisagen de produire e d aure par le volume «opimal» de faceurs de producion don elles souhaien disposer. Le progrès echnique inervien dans la foncion de producion. Il es considéré comme neure au sens de Harrod e n accroî que la producivié du ravail. La foncion de producion de ype CES s écri ainsi : Y = (K L) = [ak -ρ + (1 a) (EL) -ρ ] μ / ρ où K es le sock de capial physique L l emploi E le progrès echnique supposé neure au sens de Harrod e a un paramère ; où σ l élasicié de subsiuion es égale à 1/(ρ 1) e μ = 1 car les rendemens d échelle son consans d où : Y = (K L) = [ak 1-1/σ + (1 a) (EL) 1-1/σ ] σ/(σ -1) Sans conraine de débouchés les demandes de faceurs des enreprises dériven d une maximisaion du profi (Max π = P*Y C k *K C L *L où P représene l indice global des prix C k le coû du capial e C L le coû du ravail) sous la conraine définie par la foncion de producion qui perme de déerminer simulanémen les quaniés produies e les quaniés de faceurs demandées. La résoluion de ce programme d opimisaion 1 condui à un équilibre dans lequel la forme log-linéarisée des équaions donne après calculs e éliminaion des consanes : log (P) = α log (C L / E) + (1 α) log (C K ) où α es un paramère dépendan de a log (L) = log (Y) log (E) σ log ((C L / P) / E) log (K) = log (Y) σ log (C K /P) Selon le modèle héorique sous-jacen reenu la demande de ravail croî à long erme de façon uniaire avec la producion e es 1. Pour plus de déails voir Allard-Prigen e al

30 28 Bruno Ducoudré e Mahieu Plane une foncion négaive de la producivié du ravail e du coû réel du ravail rapporé à la endance de la producivié que muliplie l élasicié de subsiuion capial-ravail. La demande de capial producif croî à long erme de façon uniaire avec la producion e es une foncion négaive du coû réel du capial que muliplie l élasicié de subsiuion capial-ravail. Le coû du ravail e le coû du capial son déflaés des prix de valeur ajouée qui dans le modèle héorique son égaux à la somme pondérée du coû du capial e du coû du ravail corrigée de la endance de producivié. Dans nos esimaions nous avons choisi de modéliser le aux d invesissemen (voir encadré) pluô que le raio capial/valeur ajouée comme cela es fai parfois. Cela perme d évier l accumulaion d erreurs qui peuven exiser sur les socks (capial) e pas sur les flux (l invesissemen es la dérivée première du capial au aux de déclassemen près). Enfin il n exise pas de mesure rimesrielle du sock de capial issue de la compabilié naionale. Modélisaion de l invesissemen 2 : passage de la demande de capial à la demande d invesissemen Le sock de capial à l insan (K ) es égal au sock de capial de la période précédene (K -1 ) moins le déclassemen d une parie de ce capial (δ * K -1 ) plus l invesissemen réalisé à l insan : K = K -1 *(1 δ) + I (1) En développan (1) on obien : ΔK = δ * K -1 + I ΔK / Q = δ * K -1 / Q -1 * Q -1 / Q + I / Q I / Q = ΔK / K -1 * K -1 / Q -1 * Q -1 / Q + δ * K -1 / Q -1 * Q -1 / Q (2) Soi κ le raio du capial sur la producion. À l équilibre cee par es consane. (κ. = K / Q = K -1 / Q -1 ). Avec Q -1 / Q = 1/(1 + ΔQ / Q -1 ) = 1/(1 + Q ) e K = ΔK / K -1 la relaion (2) devien alors :.. I / Q = κ / 1 + Q * (K + δ) Sur un senier de croissance. équilibré. le faceur capial croî au même ryhme que la producion (K = Q ). On en dédui donc :. I / Q = f(q δ κ) Le aux d invesissemen es foncion du aux de croissance de la producion du aux de déclassemen des équipemens e de la par du capial dans la producion (qui es une consane à long erme). 2. Voir Chauvin e al

31 Les demandes de faceurs de producion en rance Les équaions esimées des demandes de faceurs La demande de ravail es mesurée en effecifs de salariés du seceur marchand. La demande d invesissemen es celle des enreprises non-financières qui comprend les invesissemens en produis manufacurés en consrucion e en services. Dans les deux équaions l élasicié enre la valeur ajouée marchande e les demandes de faceurs es conraine uniairemen à long erme ce qui revien à reenir comme variables expliquées le aux d invesissemen des enreprises non-financières e l inverse de la producivié par salarié dans le seceur marchand. Les prix son ceux de la valeur ajouée marchande inérieure. Le coû du ravail es mesuré comme le salaire horaire moyen versé par les enreprises du seceur marchand y compris les coisaions sociales paronales. Pour l année 2014 nous avons raié le CICE comme une baisse de coisaion sociale paronale en reranchan de la masse salariale versée par les enreprises les 65 milliards d euros versés au ire du CICE ce qui correspond à 08 % de baisse du coû du ravail en année pleine. Toues choses égales par ailleurs la hausse du coû du ravail accroî le prix du ravail relaivemen à celui du capial enraînan une modificaion à producion donnée de la combinaison capial-ravail plus favorable au capial e moins au ravail. L élasicié de subsiuion mesurée ici es une élasicié macroéconomique différene de celle évaluée à parir de modèles microéconomériques 3 basés sur des données d enreprises. Le coû du capial es mesuré comme le prix de l invesissemen que muliplie la somme du aux réel d emprun bancaire des enreprises non-financières e du aux de dépréciaion du capial producif. Les enreprises invesissen an que la producivié marginale du capial es supérieure au aux d inérê. Or plus le coû du capial es faible plus il es facile d obenir une renabilié de l invesissemen supérieure au coû financier de l endeemen. Il y a donc une corrélaion négaive enre l invesissemen des enreprises e leur coû du capial. Selon le cadre héorique défini plus hau le σ esimé mesuran l élasicié de subsiuion enre le capial e le ravail doi êre iden- 3. Pour plus de déails voir Heyer e Plane 2012.

32 30 Bruno Ducoudré e Mahieu Plane ique dans les deux équaions de demande de faceurs. La méhode reenue ici consise à imposer dans l équaion d invesissemen le σ esimé dans l équaion de producivié. Ce choix es lié au fai que l on mesure mieux l emploi moins révisé dans le emps que l invesissemen don le périmère peu évoluer au gré des nouvelles normes compables e on mesure mieux le coû du ravail (les coisaions sociales son assises sur la masse salariale) que le coû du capial. Ainsi le coû du capial el que mesuré ici ne prend pas en compe la srucure de financemen des enreprises (dee obligaaire crédi bancaire ou augmenaion de capial). Par ailleurs une mesure plus économique e moins compable de la dépréciaion du capial devrai mieux enir compe des cycles économiques e des faillies d enreprises ce qui n es pas le cas dans la mesure de la consommaion de capial fixe issue de la compabilié naionale basée sur des ables de moralié compables par ype d acifs. Par ailleurs les esimaions réalisées dans nore éude son enrichies par rappor au modèle srucurel de façon à améliorer les relaions de coinégraion e la significaivié des coefficiens. Dans le cas de l équaion d emploi nous avons ajoué dans les variables de long erme la durée du ravail e des rupures de endance. Avec une producivié marginale décroissane oue baisse de la durée du ravail accroî la producivié horaire moyenne du ravail mais l élasicié de la durée du ravail à la producivié horaire es généralemen inférieure à l unié dans le cas français (Cochard e al. 2010) c es-à-dire qu une baisse de la durée du ravail ne peu pas êre inégralemen compensée par une hausse de la producivié horaire induisan mécaniquemen une baisse de la producivié par êe. Par ailleurs nore modélisaion reien une endance log-linéaire de la producivié mais celle-ci cape mal un cerain nombre de phénomènes els que l évoluion non linéaire du progrès echnique les effes des allègemens de coisaions sociales ciblées sur les bas salaires ou les conséquences d une érosion du issu producif liée aux défaillances d enreprises à la suie d un choc économique. Nous avons donc inrodui des rupures de endance de producivié dans nore équaion de demande de ravail afin de caper des effes aures que ceux capés par le coû du ravail macroéconomique ou la durée du ravail.

33 Les demandes de faceurs de producion en rance 31 Dans le cas de l équaion d invesissemen des enreprises nonfinancières nous avons ajoué dans la relaion de long erme une variable de aux de profi mesurée direcemen par le aux de marge (EBE/VA). Le aux de profi perme de mesurer la siuaion financière des enreprises e leur capacié à auofinancer de l invesissemen sur fonds propres (Arus e Mue 1986). Ainsi dans les périodes de durcissemen des condiions d accès au crédi il es plus facile pour l enreprise d invesir lorsque ou ou parie de l invesissemen es auofinancé. En effe un aux de marge élevé allège la conraine de financemen exerne e sera favorable à l invesissemen. D aure par le aux de marge es un indicaeur de renabilié du capial posiivemen corrélé à l invesissemen. Enfin l effe d accéléraeur de l invesissemen joue pleinemen à cour erme mais à long erme le sock de capial croî de façon uniaire avec la valeur ajouée ce qui revien à esimer un raio Capial/Valeur ajouée des enreprises non-financières. Nous esimons les équaions d emploi salarié marchand e d invesissemen des enreprises non-financières sous forme d un modèle à correcion d erreurs (MCE) avec une fréquence rimesrielle sur une période allan de 1980 à Mais afin de voir si la crise commencée en 2008 a modifié les comporemens des enreprises vis-à-vis des demandes de faceurs nous esimons égalemen les deux équaions sur la période e nous comparons les coefficiens obenus sur les deux périodes d esimaions. Enfin pour la seule équaion d invesissemen nous l esimons en imposan ou non le coefficien de l élasicié de subsiuion à parir de celui obenu dans l équaion de demande de ravail. 3. Résulas équaion d emploi L équaion d emploi s écri : À long erme l emploi dépend d une endance linéaire qui compore une rupure au premier rimesre 1990 ainsi qu une rupure au deuxième rimesre 2002 de la durée du ravail e du coû du ravail. La dynamique de cour erme inègre quan à elle

34 32 Bruno Ducoudré e Mahieu Plane les variaions passées e présenes de ces mêmes variables e de la valeur ajouée marchande e les variaions passées de l emploi. avec L représenan l emploi salarié du seceur marchand Q représenan la valeur ajouée du seceur marchand HL représenan la durée du ravail rimesrielle moyenne par salarié du seceur marchand C L représenan le salaire horaire super-bru dans le seceur marchand P représenan l indice de prix de la valeur ajouée marchande représenan l indice de emps c représenan la consane β 3 mesure la endance de producivié. Les rupures de endances de producivié son généralemen incluses dans les esimaions d équaions d emploi (Cochard e al ; Klein e Simon 2010). Elles capen d une par l effe des poliiques d emploi sur la producivié apparene du ravail (disposiifs d allègemen de charges sur les bas salaires qui enrichissen la croissance en emplois poliiques de réducion du emps de ravail) e d aure par la salarisaion croissane de l emploi. Pour déerminer les daes de rupures nous avons d abord procédé à des ess de rupure de Bai-Perron avec dae e nombre de rupures inconnues (Bai e Perron 2003 ; Maury e Pluyaud 2004) esen la présence de rupures sur la endance de producivié par habian sur données rimesrielles e rouven une rupure au débu des années 1990 avec la même méhode. Le Bihan (2004) ese la présence de rupures sur le PIB endanciel français. Ces résulas indiquen des rupures possibles auour de l année 1990 e à la fin de la décennie Suivan Maury e Pluyaud (2004) nous avons esé la présence de rupures dans la moyenne de la variaion rimesrielle de la producivié par salarié 4. Nous avons procédé à ces ess sur plusieurs périodes e en reenan différens crières de sélecion. Les résulas son présenés dans le ableau 1 e le graphique 2. Ce dernier monre que ces ess son peu concluans 4. Dans nore équaion qui inègre comme variable exogène la durée du ravail les endances de producivié par habian son de fai corrigées des évoluions de la durée du ravail ce qui revien à esimer une endance de producivié horaire ou une producivié par salarié à durée du ravail consane.

35 Les demandes de faceurs de producion en rance 33 quan à l idenificaion de daes précises de rupure mais aussi quan au nombre de rupures significaives qui peuven varier de 0 à 5 selon le crière de sélecion reenu. Au final ces résulas laissen une ceraine laiude quan au choix du nombre de rupures e de leurs daes. Pour l esimaion sur l ensemble de la période nous avons reenu une rupure au débu des années 1990 e une rupure au débu des années La première peu êre raachée à la mise en place des allègemens de charges sur les bas salaires. La deuxième rupure inervien duran le passage aux 35 heures. Graphique 2. Tess de rupures avec daes inconnues rupures déecées producivié par salarié 12 Nombre de ess déecan une rupure Source : Calculs des aueurs. Une aure manière d appréhender ces rupures consise à regarder les déformaions srucurelles au ravers de la décomposiion par seceur de la variaion de la producivié marchande en prenan comme dae pivo celle de la rupure de endance esimée. Celle-ci fai apparaîre un effe de srucure par branche. Le ralenissemen de la producivié horaire dans les années 1990 provien du ralenissemen de la producivié dans la consrucion e les services marchands alors que celle-ci accélère dans l indusrie. Par conre après 2002 le ralenissemen es général e progressif. Enre 2003 e 2007 la producivié baisse foremen dans la consrucion e l indusrie e se mainien dans les services. Ce ralenissemen se poursui enre 2008 e 2014 e ouche cee fois

36 34 Bruno Ducoudré e Mahieu Plane aussi les services marchands. Le ralenissemen de la croissance de la producivié a donc commencé avan la crise de 2008 e s es poursuivi après celle-ci. Tableau 1. Tess de rupures de endance de producivié par salarié Période Tes L+1 vs L Rupures déecées Daes 1992T2 1990T2 1990T2 Tes Global - UDMax saisic Rupures déecées Daes 1992T2 1990T2 1992T2 2002T1 1990T2 Tes Global - WDMax saisic Rupures déecées Daes 1985T2 1990T2 1995T2 2002T1 2007T2 1990T2 Tes Global - Highes significan 1985T2 1990T2 1994T3 1998T3 2003T3 1990T2 Rupures déecées Daes Source : Calculs des aueurs. 1985T2 1990T2 1995T2 2002T1 2007T2 1990T1 1994T3 1999T1 2003T3 2008T2 1985T2 1990T2 1994T3 1998T3 2003T3 1989T2 1992T3 1996T1 2000T2 2003T3 Tableau 2. Taux de croissance moyen de la producivié horaire observée (VA en volume/heures ravaillées des salariées) En % Seceur marchand Indusrie Consrucion Services marchands Sources : Insee compes naionaux rimesriels 2010 calculs des aueurs. Les résulas des esimaions son présenés dans le ableau 3. Avan de déailler les comporemens qui découlen des équaions d emploi esimées noons que ces équaions on des propriéés saisiques saisfaisanes. Les ess LM conduisen au reje de l hypohèse d auocorrélaion des résidus des équaions qui son homoscédasiques au regard du es ARCH. La forme foncionnelle des équaions es validée par le es Rese. Enfin les résidus suiven une loi normale selon le es de Bera-Jarque.

37 Les demandes de faceurs de producion en rance 35 Le signe des coefficiens esimés correspond au résula aendu. La force de rappel du MCE es négaive e significaive. À long erme une augmenaion du coû du ravail enraîne une baisse de l emploi. L élasicié du coû du ravail à l emploi es esimée à -025 sur la période à -030 pour l esimaion sur l ensemble de la période. L élasicié de la durée du ravail à l emploi es esimée à environ -06 quelle que soi la période d esimaion reenue. Cochard e al. (2010) l esimen à -052 sur la période Une augmenaion de la durée du ravail provoque bien une baisse de l emploi e de la producivié horaire. Concernan les endances de producivié esimées nous n avons pas conservé la rupure de endance en 2002 pour l équaion d emploi sur la période celle-ci n apparaissan pas significaive. La endance exogène de producivié annuelle es esimée à 31 % e 33 % pour la période couvran la décennie 1980 selon la période d esimaion. Elle es de 12 % à parir 1990 pour l équaion esimée jusqu à la fin 2007 [E2]. En revanche dans l équaion esimée jusqu à la fin 2014 [E1] nous avons conservé la seconde rupure de endance en 2002 : ainsi la endance de producivié esimée es de 13 % sur la période e de 09 % sur la dernière période qui es celle démarran en Cee esimaion es comparable aux esimaions exisanes. Par comparaison Cochard e al. (2010) esimen la endance de producivié à 18 % avan 1998 e 11% à parir de cee dae. Klein e Simon (2010) esimen la endance de producivié pour le modèle Mésange en discernan seceur manufacurier e seceur non-manufacurier. Au oal selon Klein e Simon (2010) la producivié marchande non-agricole croî en moyenne de 29 % sur la période e de 06 % par an en moyenne sur la période Compe enu de l accroissemen endanciel de la populaion acive esimé à 05 % au cours des cinq dernières années (06 % en moyenne enre 2002 e 2014) cela implique acuellemen un aux de croissance poenielle de l ordre de 14 % pour l économie française compaible avec les esimaions de Cabannes e al. (2013) qui rouven un inervalle de pour la croissance poenielle en 2014 e proche de l esimaion de 1 % de Heyer e Timbeau (2015). Ce résula doi cependan êre inerpréé avec précauion. La mesure de la croissance poenielle suivan une approche par esi-

38 36 Bruno Ducoudré e Mahieu Plane maion de demandes de faceurs repose sur l hypohèse d une modélisaion de l ensemble de l économie par une seule foncion de producion. Cee approche ne disingue pas des seceurs don les caracérisiques son rès différenes : par exemple un seceur manufacurier exposé à la concurrence inernaionale dans lequel les prix son rigides e le ryhme de la producivié élevé dépend de la echnologie e de la viesse des délocalisaions/relocalisaions ; un seceur des services localisé à la fois par la demande mais qui es aussi exposé à la concurrence inernaionale dans lequel le progrès echnique bien que moindre que dans le seceur manufacurier joue un rôle imporan ; enfin un seceur de services abriés à croissance rès faible ou nulle de la producivié qui dépend uniquemen de la demande locale e qui peu expliquer une parie du ralenissemen macroéconomique des gains de producivié. Les esimaions nous renseignen égalemen sur les propriéés dynamiques des évoluions d emplois. Les équaions esimées fon inervenir le résidu de la relaion de long erme c es-à-dire l écar de la producivié du ravail à sa endance de long erme appelé cycle de producivié (graphique 3). Ce dernier es le résula du délai d ajusemen de l emploi à l acivié. Il es le refle du comporemen des enreprises. Une première inerpréaion explique ce délai par une erreur d anicipaion des enreprises qui anicipen mal l ampleur du ralenissemen ou de la reprise de l acivié e préfèren souven aendre la confirmaion du reournemen avan de procéder à des réducions ou des embauches d effecifs. Une aure inerpréaion souligne le comporemen raionnel des enreprises qui anicipen qu en cas de reournemen de la conjoncure il sera plus facile e moins coûeux de relancer la producion avec les salariés conservés en sureffecif pluô que de devoir supporer des délais e des coûs d embauche. Enfin cerains emplois «suppors» (compabilié ressources humaines ) s ajusen moins rapidemen que ceux considérés comme plus «opéraionnels». Ainsi la producivié apparene de ces emplois «suppors» dépend moins dans l immédia de la producion e varie plus au cours du cycle. L évoluion du cycle de producivié s explique en grande parie par les caracérisiques srucurelles du marché du ravail c es-àdire leur viesse d ajusemen e le aux de croissance de la producivié. En cas de faible viesse d ajusemen du marché du ravail l ajusemen de l emploi se fai avec reard ce qui creuse le cycle de

39 Les demandes de faceurs de producion en rance 37 producivié. Le marché du ravail français es généralemen considéré comme éan rès réacif (Cochard e al. 2010) le délai moyen d ajusemen (DMA) éan esimé proche de 1 rimesre avan la crise. L esimaion sur l ensemble de la période condui à un DMA plus proche de 2 rimesres. Ce résula radui le fai que les enreprises on praiqué la réenion de main-d œuvre pendan la crise ce qui a pu conduire à une baisse de la viesse d ajusemen esimée de l emploi à l acivié. Graphique 3. Cycle de producivié e oupu gap 4 En % 3 2 Oupu gap - OCDE Equaion [E1] Sources : Insee compes naionaux rimesriels 2010 OCDE calculs des aueurs. Le graphique 4 présene les simulaions dynamiques des équaions [E1] e [E2] depuis Les simulaions dynamiques son saisfaisanes e comparables jusqu en Au momen de la crise l équaion [E2] prévoi un ajusemen bien plus for de l emploi que l équaion [E1] qui s explique noammen par un DMA plus faible e une endance de producivié esimée plus élevée. Enfin nous avons procédé à des esimaions récursives de l équaion [E1] présenées dans le graphique 5. Celles-ci monren la sensibilié des paramères esimés à la période d esimaion reenue. Globalemen les endances de producivié esimées avan 2002 son sables ainsi que la force de rappel du MCE l élasicié-coû du ravail e l élasicié de la durée du ravail à l emploi. Par conre la endance de producivié esimée après 2002 diminue progressivemen lorsque la période d esimaion es allongée puis

40 38 Bruno Ducoudré e Mahieu Plane se sabilise auour de 09 % en Elle n indique donc pas de rupure bruale au momen de la crise sa valeur diminuan de façon quasi-endancielle sur la période Tableau 3. Équaions d emploi salarié marchand Équaion [E1] Équaion [E2] Période d esimaion orce de rappel λ (-390)* (-418)** Élasiciés de long erme Coû du ravail β (-200) (-256) Durée du ravail β 2 (-243) (-375) 1 re rupure de rend e rupure de rend rend avan la 1 re rupure (en %) rend après la 1 re rupure (en %) rend après 2 e rupure (en %) 09 Dynamique de cour erme dlog(l -1 ) α (2104) (1974) dlog(q ) α 2 (818) (587) dlog(h ) α 3 (-460) (-461) dlog(coul ) α 4 (-283) (-253) Variables indicarices 92T4 97T1 98T4 99T1 06T4 07T3 08T3 Diagnosics ess 92T4 97T1 98T4 99T1 06T4 07T3 R² ajusé SER SSR LM(1) LM(4) ARCH(4) RESET(4) Bera-Jarque [p > 044] [p > 055] [p > 032] [p > 060] [p > 042] [p > 027] [p > 024] [p > 064] [p > 088] [p > 095] * ** *** : significaif au seuil de 10 % (resp. 5 % 1 %). Les seuils de es pour la significaivié de la force de rappel des modèles à correcion d erreur son issus de Ericsson e MacKinnon (2002). Noe : Enre parenhèses les de Suden des coefficiens esimés. Enre croches la p-value des ess sur les résidus du MCE. Source : Calculs des aueurs.

41 Les demandes de faceurs de producion en rance 39 Graphique 4. Emploi observé e simulaions dynamiques En milliers Equaion [E1] Equaion [E2] Emploi salarié marchand Sources : Insee compes naionaux rimesriels 2010 calculs des aueurs. Graphique 5. Emploi Esimaions récursives équaion [E1] En % Trend Trend Trend orce de rappel Élasicié de subsiuion -05 Heures ravaillées Source : Calculs des aueurs.

42 40 Bruno Ducoudré e Mahieu Plane 4. Résulas équaions d invesissemen Nous esimons les équaions d invesissemen sous forme d un modèle à correcion d erreurs avec une fréquence rimesrielle. L équaion d invesissemen s écri : avec I Q C k P Tx_marge TUC représenan l invesissemen des enreprises nonfinancières représenan la valeur ajouée du seceur marchand représenan le coû du capial représenan l indice de prix de la valeur ajouée inérieure marchande représenan le aux de marge des enreprises nonfinancières représenan le aux d uilisaion des capaciés dans l indusrie Q_indcons représenan la par de l indusrie e de la consrucion dans la valeur ajouée marchande Les résulas des esimaions son présenés dans les ableaux 4a e 4b. Les équaions on des propriéés saisiques globalemen saisfaisanes. Les ess LM conduisen au reje de l hypohèse d auocorrélaion des résidus des équaions qui son homoscédasiques au regard du es ARCH. La forme foncionnelle des équaions [I2] e [I2c] es validée par le es Rese. Enfin les résidus suiven une loi normale selon le es de Bera-Jarque. Le MCE suppose une relaion de coinégraion enre le aux d invesissemen le coû réel du capial e le aux de marge. Pour oues les esimaions les saisiques de suden associées à la force de rappel validen l hypohèse d une relaion de coinégraion enre les variables de long erme (ableau 3a). Par ailleurs les variables on oues des coefficiens significaivemen différens de zéro e de signes aendus : dans le cas des esimaions non conraines (équaions [I1] e [I2]) l élasicié de l invesissemen au coû réel du capial à l invesissemen qui correspond à l élasicié de subsiuion capial-

43 Les demandes de faceurs de producion en rance 41 ravail es négaive e vau -036 pour l esimaion sur l ensemble de la période La valeur obenue sur la période d esimaion es un peu plus faible -029 mais rese légèremen supérieure à celle obenue pour l équaion d emploi sur la même période d esimaion (-025). Les résulas de l esimaion conraine [I2c] son globalemen rès proches de ceux de l esimaion non conraine [I2]. l élasicié de l invesissemen au aux de marge es comprise enre 053 e 059. Elle es proche de celle obenue par Ducoudré e al. (2015) sur la période d esimaion qui esimen cee élasicié à 052. Tableau 4a. Équaions d invesissemen des enreprises non financières Période d esimaion orce de rappel Équaion [I1] Équaion [I2] Équaion [I1c] Équaion[I2c] Résulas (-393)** (-468)*** (-484)*** (-611)*** Élasiciés de long erme Coû réel du capial ϕ 1 (-479) (-443) n.c. n.c Taux de marge ϕ 2 (531) (716) (569) (782) Élasiciés de cour erme Δ VA marchande (-1) ω 1 (280) (216) (262) (221) ΔΔ VA marchande ω 2 (300) (244) (321) (243) Δ TUC ω 3 (375) (151) (400) (150) Δ Par de l indusrie e de la consrucion dans la VA (-2) ω 4 (305) (280) (292) (285) Δ Invesissemen (-2) ω (418) (299) (491) (305) Variables indicarices 81T4 84T4 85T2 91T2 94T4-05T4 06T1 07T3T4 81T4 84T4 85T2 91T2 94T4-05T4 06T1 07T3T4 81T4 84T4 85T2 92T3 94T4-05T4 03T2 06T1 07T3T4 81T4 84T4 85T2 91T2 94T4-05T4 06T1 07T3T4 * ** *** : significaif au seuil de 10 % (resp. 5 % 1 %). Les seuils de es pour la significaivié de la force de rappel des modèles à correcion d erreur son issus de Ericsson e MacKinnon (2002). : avec deux reards. Noe : Enre parenhèses les de Suden des coefficiens esimés. Source : Calculs des aueurs.

44 42 Bruno Ducoudré e Mahieu Plane Tableau 4b. Équaions d invesissemen des enreprises non financières Équaion [I1] Équaion [I2] Équaion [I1c] Équaion [I2c] Diagnosics ess Période d esimaion R² ajusé SER SSR LM(1) LM(4) ARCH(4) [p > 013] [p > 057] [p > 050] [p > 052] [p > 025] [p > 076] [p > 057] [p > 074] [p > 090] [p > 089] [p > 096] [p > 084] RESET(4) [p > 001] [p > 031] [p > 001] [p > 047] Bera-Jarque [p > 070] [p > 087] [p > 057] [p > 086] Noe : Enre croches la p-value des ess sur les résidus du MCE. Source : Calculs des aueurs. L esimaion récursive des paramères de l équaion [I1] confirme la sabilié des paramères esimés pour la forme non conraine de l équaion d invesissemen. Les simulaions dynamiques son saisfaisanes e ne présenen pas de rupure majeure (graphiques 6 e 7) excepé sur la période Sur ce poin Graphique 6. Invesissemen Esimaions récursives équaion [I1] 07 En % D(Par de la VA indusrie+consrucion) Taux de marge 05 D(VA(-1)) 03 D(Invesissemen(-2)) D(D(VA) 01 D(TUC) -01 orce de rappel -03 Elasicié de subsiuion Source : Calculs des aueurs.

45 Les demandes de faceurs de producion en rance 43 Graphique 7. Invesissemen simulaions dynamiques esimaions En millions d euros 2010 prix chaînés Équaion [I1c] Équaion [I1] Invesissemen des EN Source : Calculs des aueurs. les données des compes naionaux son encore provisoires (semidéfiniives pour l année 2013) e les révisions à venir peuven modifier le profil des simulaions sur cee période. Graphique 8. Invesissemen simulaions dynamiques esimaions En millions d euros 2010 prix chaînés Équaion [I2] Invesissemen des EN Équaion [I2c] Source : Calculs des aueurs.

46 44 Bruno Ducoudré e Mahieu Plane 5. Propriéés varianielles des équaions Afin d évaluer l impac des déerminans des demandes de faceurs issues de nos équaions nous avons esé plusieurs ypes de varianes à parir des équaions [E1] e [I1c] : une baisse de 1 % du coû réel du ravail e de 1 % du coû réel du capial ; une hausse de 1 % de la valeur ajouée marchande ; une hausse d 1 poin de valeur ajouée des aux de marge des enreprises non-financières ; une baisse de 1 % de la durée moyenne de ravail. Si ces varianes permeen de connaîre la sensibilié de l emploi e de l invesissemen aux variables exogènes issues des équaions des demandes de faceurs celles-ci son cependan différenes des varianes réalisées à parir d un modèle macroéconomérique de ype e-mod.fr dans lequel les chocs agissen direcemen par le biais de l équaion sur la variable endogène mais aussi par l inermédiaire des aures variables qui peuven êre sensibles à la variaion de la variable exogène à l origine du choc (dès lors qu elles son endogènes dans le modèle macroéconomique). Par exemple dans un modèle macroéconomique la baisse du coû du ravail en réduisan la masse salariale aura un effe posiif sur le aux de marge ce qui sera favorable à l invesissemen mais enraînera égalemen une baisse des prix de valeur ajouée qui augmenera le coû réel du capial e accenuera la subsiuion de capial au profi de l emploi réduisan ainsi l invesissemen. Les effes induis par les chocs qui peuven avoir un impac sur l emploi e l invesissemen par un aure canal que celui lié aux déerminans des équaions de demande de faceur ne son donc pas pris en compe ici. Selon nore équaion [E1] une hausse de 1 % de la valeur ajouée marchande condui à erme à une augmenaion de 1 % de l emploi salarié marchand (graphique 9). En raison du cycle de producivié l emploi s ajuse avec reard sur la valeur ajouée : 50 % de l ajusemen es réalisé au bou de rois rimesres e 100 % au bou de hui rimesres. La baisse de 1 % du coû réel du ravail condui à erme à une augmenaion de 03 % de l emploi salarié marchand. L effe es progressif e il es maximal au bou de dix rimesres. Enfin une baisse de la durée du ravail de 1 % perme

47 Les demandes de faceurs de producion en rance 45 d accroîre l emploi de 06 % à erme. L impac es maximal enre le 7 e e le 11 e rimesre (environ +08 %). Graphique 9. Impac sur l emploi salarié marchand 12 En % 10 Hausse de 1 % de la VA marchande Baisse de 1 % de la durée du ravail 04 Baisse de 10 % du coû du ravail 02 Nombre de rimesres Source : Calculs des aueurs. Les propriéés varianielles de l équaion [E2] son rès proches de celles de l équaion [E1]. Néanmoins le délai d ajusemen de l emploi à la valeur ajouée es légèremen plus cour : 80 % de l ajusemen es réalisé au bou de cinq rimesres (conre 76 % dans l [E1]). La baisse de 1 % du coû réel du ravail condui à erme à une augmenaion de 025 % de l emploi salarié marchand e une baisse de la durée du ravail de 1 % perme d accroîre l emploi de 06 % à erme. À long erme l invesissemen croî comme la valeur ajouée (graphique 10). Mais à cour erme l invesissemen croî plus vie que la valeur ajouée en raison de l effe d accéléraeur. Selon nore équaion [I1c] une hausse de 1 % de la valeur ajouée marchande condui dès le premier rimesre à une augmenaion de l invesissemen des enreprises non financières de 14 %. L effe es maximal au bou de rois rimesres (+17 %). L élasicié de l invesissemen à la valeur ajouée redevien proche de l unié au bou de 30 rimesres. Avec une élasicié de subsiuion dans l équaion d invesissemen [I1c] conraine à celle obenue dans l équaion de demande

48 46 Bruno Ducoudré e Mahieu Plane de ravail la baisse de 1 % du coû réel du capial condui à erme à une augmenaion de 03 % de l invesissemen des enreprises non-financières. Ce effe es progressif la moiié de l impac final es obenu au bou de 8 rimesres e 80 % au bou de 16 rimesres. Graphique 10. Impac sur l invesissemen des enreprises non financières En % Hausse de 1 poin du aux de marge Hausse de 1% de la VA marchande Baisse de 1% du coû réel du capial 02 Nombre de rimesres Source : Calculs des aueurs. Enfin une hausse d un poin de valeur ajouée du aux de marge des enreprises non financières condui à erme à une augmenaion de l invesissemen de 2 %. L effe es encore plus diffus que celui d une baisse de coû du capial. Il fau en effe aendre 10 rimesres pour observer environ la moiié de l impac final e 19 rimesres pour en observer 80 %. Les propriéés varianielles des aures équaions d invesissemen son proches de celles de l équaion [I1c] : dans oues les équaions l invesissemen croî comme la valeur ajouée à long erme avec un effe idenique le premier rimesre (+14 %) e un effe maximal au bou de rois rimesres. En revanche l effe accéléraeur es légèremen moins for dans les équaions [I2] e [I2c] : en effe dans ces deux équaions l effe maximal sur l invesissemen es de 16 % (conre 17 % dans les équaions [I1] e [I1c]) e l élasicié de l invesissemen à la valeur ajouée redevien proche de l unié au bou de 20 rimesres (conre 30 rimesres dans les équaions [I1] e [I1c]).

49 Les demandes de faceurs de producion en rance 47 Dans les deux équaions non conraines [I1] e [I2] une diminuion de 1 % du coû réel du capial condui à erme à une augmenaion de l invesissemen respecivemen de 036 % e de 029 % soi légèremen plus que l élasicié imposée dans les équaions [I1c] e [I2c] (respecivemen 03 % e 025 %). Enfin une hausse d un poin de valeur ajouée du aux de marge des enreprises non financières condui à erme à une augmenaion de l invesissemen de 19 % dans l équaion [I1] 18 % dans l équaion [I2] e 17 % dans l équaion [I2c]. En revanche l effe de diffusion es plus rapide dans les équaions [I2] e [I2c] (plus de 50 % de l effe es obenu au bou de 9 rimesres e 80 % au bou de 16 rimesres) que celui observé dans les équaions [I1] e [I1c]. 6. Analyse de la crise Afin d évaluer l impac de la crise depuis 2011 sur les faceurs de producion nous avons à parir des équaions esimées simulé l évoluion de l emploi de l invesissemen e du sock de capial producif sur la période selon deux hypohèses. D une par quelle aurai éé la rajecoire des demandes de faceurs si les poliiques de consolidaion budgéaire menées dans la zone euro avaien éé neures sur la période ? Afin de réaliser ce ravail nous avons reconsrui une rajecoire de valeur ajouée marchande sur la période sur la base du calcul des impulsions e muliplicaeurs budgéaires passés nous permean ainsi de calculer l impac efficace de la consolidaion budgéaire sur le PIB. Selon nos calculs 5 la consolidaion budgéaire dans la zone euro aurai ampué l acivié en rance de 52 poins de PIB sur la période don 17 poin provenan des poliiques de resricion budgéaire menées par nos parenaires commerciaux don les effes ransien par le canal du commerce exérieur en ampuan la demande adressée à la rance. Ces calculs son réalisés oues choses égales par ailleurs. Impliciemen on considère que des poliiques budgéaires alernaives à celles praiquées dans la zone euro sur la période n auraien pas eu d effe sur les condiions de financemen des économies. 5. Pour plus de déails voir Plane e al

50 48 Bruno Ducoudré e Mahieu Plane D aure par nous avons simulé la rajecoire de l invesissemen e du sock de capial producif en supposan le aux de marge des enreprises consan sur la période Selon les équaions de demande de faceurs les poliiques de consolidaion budgéaire menées dans la zone euro sur la période auraien conribué à réduire de 42 % l emploi salarié marchand en rance ce qui correspond à la pere nee de emplois e aurai rédui le niveau de l invesissemen des enreprises non-financières de 75 % (graphique 11). Enfin la baisse des aux de marge de 2 poins de valeur ajouée enre débu 2011 e la fin de l année 2014 aurai selon nos calculs ampué l invesissemen des enreprises de 23 % (graphique 12). Au final la baisse des aux des marge e la poliique de consolidaion budgéaire menée dans la zone euro à parir de 2011 on condui à réduire l invesissemen des enreprises de près de 10 % à la fin Graphique 11. Trajecoires de l emploi salarié marchand En milliers Emploi salarié marchand avec consolidaion budgéaire neure en zone euro à parir de % soi emplois Emploi salarié marchand observé Source : Calculs des aueurs. Les choix de poliique économique dans la zone euro à parir de 2011 en mean l accen sur la consolidaion budgéaire dans une période de muliplicaeurs budgéaires élevés on enraîné une réducion des capaciés de producion de l économie française : selon nos équaions de demande de faceurs cela a condui à abaisser de 17 % le sock de capial producif des enreprises e à

51 Les demandes de faceurs de producion en rance 49 ampuer de 42 % les emplois salariés marchands (graphique 13). En ajouan la baisse des aux de marge depuis 2011 la diminuion du sock de capial producif aein 21 %. Graphique 12. Trajecoire de l invesissemen des enreprises non financières En millions d'euros 2010 Invesissemen observé Invesissemen avec consolidaion budgéaire neure en zone euro à parir de % +23 % Invesissemen avec aux de marge consan à parir de Source : Calculs des aueurs. Graphique 13. Impac sur l emploi e le sock de capial producif 5 4 En % Impac de la consolidaion bugdéaire sur le sock de capial producif Impac de la baisse des aux de marge sur le sock de capial producif Impac de la consolidaion budgéaire sur l emploi salarié marchand Source : Calculs des aueurs.

52 50 Bruno Ducoudré e Mahieu Plane L évaluaion des effes sur l emploi e l invesissemen liés à la consolidaion budgéaire e à la baisse du aux de marge on éé réalisés à parir des équaions [E1] e [I1c]. Afin d avoir une fourchee d évaluaion de ces effes nous avons simulé à parir des aures équaions les mêmes scénarios d évoluion de consolidaion budgéaire e de aux de marge (ableau 5). Ce exercice perme de voir s il y a une fore divergence dans les résulas malgré les périodes d esimaions différenes e les conraines imposées dans ceraines équaions. Tableau 5. Impac sur l emploi e le sock de capial producif En % de la consolidaion budgéaire en ZE depuis 2011 Impac sur le capial Impac sur l emploi producif (e l'invesissemen) de la baisse des aux de marge depuis 2011 Impac sur le capial producif (e l invesissemen) Équaion [E1] - Équaion [I1C] Équaion [E2] - Équaion [I2c] 46 ( ) 17 (75) 04 (23) 51 ( ) 16 (68) 04 (25) Équaion [I1] 17 (76) 03 (21) Équaion [I2] 16 (69) 04 (25) Source : Calculs des aueurs. Très clairemen l évaluaion sur l emploi irée de l équaion [E2] perme d avoir un diagnosic rès comparable de celle issue de l équaion [E1]. En effe selon l équaion [E2] don la période d esimaion s arrêe fin 2007 les poliiques de consolidaion budgéaire depuis débu 2011 auraien condui à déruire emplois salariés soi une baisse de 51% (conre emplois salariés e 46 % avec l équaion [E1]). En ce qui concerne les équaions d invesissemen la poliique de consolidaion budgéaire dans la zone euro depuis 2011 aurai condui à réduire le niveau d invesissemen des enreprises enre 75 % [I1] e 76 % [I1c] à la fin 2014 ce qui condui à une desrucion de capial producif de 17 % dans les deux cas. Selon les équaions [I2] e [I2c] don la période d esimaion s arrêe fin 2007 la conracion de l invesissemen due aux poliiques de consolidaion budgéaire serai respecivemen de 69 % e 68 %

53 Les demandes de faceurs de producion en rance 51 soi une pere de capial producif de 16 %. Enfin la baisse des aux de marge depuis 2011 aurai condui à une baisse de l invesissemen des enreprises comprise enre 21 % [I1] e 25 % [I2] e [I2c] conduisan à une desrucion de capial producif de 04 % dans rois des quare équaions (03 % pour [I1]). 7. Conclusion Si la crise commencée en 2008 a eu des conséquences profondes sur l évoluion des faceurs de producion les résulas des équaions économériques n indiquen pas de rupure majeure dans les déerminans fondamenaux de l invesissemen e de l emploi. En effe les esimaions récursives de l équaion d emploi indiquen que le rend des gains de producivié du ravail a commencé à ralenir dès 2005 e s es prolongé jusqu en 2010 avan de se sabiliser. Quan aux élasiciés du coû réel du ravail à l emploi (-025 e -030) e celle de la durée du ravail à l emploi (-059 e -060) elles son rès proches quelle que soi la période d esimaion reenue. De même concernan les équaions de demande d invesissemen les élasiciés du coû réel du capial à l invesissemen varien peu selon les périodes d esimaion reenues (-029 e -036) e son rès proches des valeurs imposées obenues à parir des équaions d emploi (-025 e -030). Enfin les élasiciés du aux de marge à l invesissemen e les effes d accéléraeur on des ordres de grandeur similaires dans les 4 équaions. Une des conclusions imporanes de cee éude es qu elle monre que les comporemens des enreprises en ermes d invesissemen e d emploi n on pas connu de modificaions majeures depuis le débu de la crise en comparaison avec les évoluions observées ces rene dernières années noammen depuis Les évoluions des faceurs de producion depuis le débu de la crise à parir de 2008 ne son que la conséquence de l évoluion des déerminans radiionnels de l invesissemen e de l emploi en pariculier la valeur ajouée. D ailleurs l impac des poliiques de consolidaion budgéaire menées dans la zone euro sur le PIB seraien selon nos esimaions responsables de la desrucion de à emplois salariés dans le seceur marchand e d une chue de l invesissemen des enreprises non-financières comprise enre 68 % e 76 % ce qui correspond à une conracion

54 52 Bruno Ducoudré e Mahieu Plane de 16 % à 17 % du capial producif. Ajouée à cela la baisse du aux de marge au cours des quare dernières années c es praiquemen une diminuion de 93 % à 98 % de l invesissemen sur la période soi une baisse de 20 % à 21 % du capial producif. En revanche ce raisonnemen «oues choses égales par ailleurs» suppose que la rance e plus globalemen l ensemble de la zone euro ai pu mainenir des condiions financières ideniques à celles observées depuis 2011 quels que soi les choix de poliique budgéaire. Enfin cee éude monre que les esimaions des équaions réalisées sur une période n inégran pas les effes de la crise en s arrêan fin 2007 permeaien d avoir un diagnosic semblable à celui que l on a acuellemen en inégran des esimaions incluan la période de la crise. Auremen di les effes des poliiques budgéaires menées dans la zone euro depuis 2011 sur l acivié en rance e par conséquen sur l emploi e le capial producif éaien prévisibles e ne son pas liés à des comporemens nouveaux de la par des enreprises. Références Allard-Prigen C. M. Plane B. Ducoudré P. Madec H. Péléraux R. Sampognaro e al «Présenaion du modèle MESANGE» Documen de ravail Direcion de la Prévision MINEI. Arus P. e P. A. Mue 1986 Invesissemen e emploi. Bai J. e P. Perron 2003 «Compuaion and analysis of muliple srucural change models» Journal of applied economerics 18(1) : Le Bihan H «Tess de rupure: une applicaion au PIB endanciel français» Economie e prévision 163(2) Blo C. M. Cochard J. Creel B. Ducoudré D. Schweisguh e X. Timbeau 2014 «iscal consolidaion in imes of crisis: Is he sooner really he beer?» C. Mahieu e H. Serdyniak eds. Revue de l OCE - Debaes and poliicies: Toward a beer governance in he EU 132. Cabannes P.-Y. A. Monau e P. A. Pionnier 2013 «Évaluer la producivié globale des faceurs: l appor d une mesure de la qualié du capial e du ravail» Documen de ravail Insee G2013/ 07.

55 Les demandes de faceurs de producion en rance 53 Chauvin V. G. Dupon É. Heyer M. Plane e X. Timbeau 2002 «Le modèle rance de l OCE. La nouvelle version: e-mod.fr» Revue de l OCE 81. Cochard M. G. Cornilleau e E. Heyer 2010 «Les marchés du ravail dans la crise» Économie e saisique 438(1) : Creel J. É. Heyer e M. Plane 2011 «Pei précis de poliique budgéaire par ous les emps. Les muliplicaeurs budgéaires au cours du cycle» Revue de l OCE 116. Ducoudré B. M. Plane e S. Villemo 2015 «Équaions d invesissemen? : une comparaison inernaionale dans la crise» Revue de l OCE Ericsson N.R. e J.G. MacKinnon 2002 «Disribuions of error correcion ess for coinegraion» Economerics Journal 5(2) Available a: hp://dx.doi.org/ / x Heyer E. e M. Plane 2012 «Impac des allégemens de coisaions paronales des bas salaires sur l emploi» Revue de l OCE 126(7) : Heyer É. e R. Sampognaro 2015 «L impac des chocs économiques sur la croissance dans les pays développés depuis 2011» Revue de l OCE Heyer É. e X. Timbeau 2015 «Une évaluaion srucurelle du poeniel d acivié pour la rance» Revue de l OCE 142. Klein C. e O. Simon 2010 «Le modèle MESANGE réesimé en base 2000: ome 1 version avec volumes à prix consans» Documen de ravail Insee G2010/03. Maury T. e B. Pluyaud 2004 «Les rupures de endance de la producivié par employé de quelques grands pays indusrialisés» Bullein de la Banque de rance Plane M. e al «rance la reprise enfin! : Perspecives pour l économie française» Revue de l OCE

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57 LA CRISE DE 2008 ET LA PRODUCTIVITÉ TOTALE DES ACTEURS DES ENTREPRISES RANÇAISES 1 Sarah Guillou e Lionel Nesa OCE Sciences Po Nous mesurons la producivié oale des faceurs (PT) de plus de 2 millions d'enreprises françaises enre 2002 e 2011 réparies en 6 grands seceurs : manufacurier consrucion services de basses e moyennes echnologies services de haues echnologies aures services services financiers e immobilier. Nous observons que la crise s'es raduie par une baisse ransioire de la PT à l'excepion des services de haues echnologies ou de la consrucion. Les plus grandes enreprises on des niveaux de producivié plus élevés e on mieux résisé à la crise de La crise a soppé les effes d'apprenissage des firmes si bien que le peu de croissance (de la TP) observé après 2008 vien des phénomènes de réallocaion des ressources enre enreprises. Enfin la crise de 2008 a significaivemen aléré la corrélaion enre invesissemen e croissance de la PT l'invesissemen pos-2008 éan associé à un ralenissemen de la croissance de la PT. Des changemens de la naure des invesissemens ou auan que des effes de volume peuven expliquer l'inefficacié de l'invesissemen après la crise. Mos clés : producivié crise sélecion de marché invesissemen. La crise économique e financière déclenchée en 2007 a consiué à de nombreux égards un choc économique majeur. Non seulemen elle a ari les moyens de financemen de l invesissemen mais elle a égalemen fai disparaîre les opporuniés 1. Ce ravail a bénéficié d une aide de l Éa gérée par l Agence naionale de la recherche au ire du programme Invesissemens d avenir poran la référence ANR-10-EQPX-17 (Cenre d accès sécurisé aux données). Revue de l OCE 142 (2015)

58 56 Sarah Guillou e Lionel Nesa d invesissemen en raison de la chue de la demande. Mean en difficulé de nombreuses enreprises la crise a pu égalemen modifier la dynamique indusrielle faisan sorir les enreprises les moins producives e rehaussan d auan les moyennes secorielles ou de l économie. Enfin elle a pu accélérer des muaions dans la srucure secorielle de l économie privilégian des seceurs plus ou moins conribueurs à la producivié agrégée. Il convien de disinguer les effes de cour erme de ceux de long erme de la crise les effes emporaires e permanens. La conracion de la producion des enreprises conjuguée à l inerie des faceurs de producion don les quaniés ne s ajusen pas immédiaemen la producivié diminue mécaniquemen sans que cela ne révèle des peres d efficience réelle à cour erme. Ce effe mécanique es en général effacé par un reournemen de conjoncure expliquan le cycle de la producivié. En revanche le recul de l invesissemen indui par la crise financière obère les capaciés d amélioraion producive de long erme. L évaluaion des effes de la crise sur la producivié devien alors impéraive afin de comprendre l impac de la crise sur la croissance poenielle. Ce aricle analyse les effes de la crise sur la producivié oale des faceurs (PT). Cee dernière es une mesure de l efficience producive des faceurs de producion. Son évoluion résule de l amélioraion des processus de producion donc du progrès echnique. Elle résule aussi des phénomènes d enrées e de sories d enreprises. Cee dynamique indusrielle répond aux chocs d offre (echnologique crise financière) comme aux chocs de demande (crise de confiance poliique d ausérié). La PT es égalemen un indicaeur sensible aux condiions de l invesissemen qui es un préalable à l amélioraion de l efficience producive. Ainsi l environnemen financier e la fiscalié du capial von peser sur les décisions d invesissemen. La crise va impacer la PT à ravers ses effes sur les déerminans de l invesissemen. Peu d éudes on à ce jour évalué l effe de la crise de 2007 sur la producivié des enreprises. Poczer e al. (2014) on publié récemmen une éude de la crise financière asiaique de 1997 sur des données d enreprises indonésiennes. Ils monren que la crise financière a indui des changemens srucurels donc pérennes. La fore diminuion de la producivié pendan la crise a éé causée par la sorie d enreprises plus producives que la moyenne alors

59 La crise de 2008 e la producivié oale des faceurs des enreprises françaises 57 que le reour à des aux de croissance posiifs après la crise s explique par les enrées d enreprises producives. Ils éablissen par ailleurs que les enreprises qui son resées sur le marché pendan la crise n on pas rerouvé leur niveau de croissance de producivié d avan-crise. Le sau d exporaeur e le fai d apparenir à un groupe éranger on consiué des caracérisiques affaiblissan l impac du choc de la crise sur la PT. Oulon e Sebasia-Barriel (2013) se concenren sur la producivié du ravail sur des données couvran 61 pays sur la période e rouven des effes permanens de la crise sur la croissance de la producivié e l accumulaion du capial. Concernan la rance ougères e al. (2013) se son inéressés à l impac de la crise sur les défaillances d enreprises. Ils monren que le aux de défaillance en réponse à la crise dépend foremen du seceur e se range enre 27 e 46 %. La crise a augmené le aux de défaillance relaivemen au régime «normal» de sories des enreprises avan la crise. Cee e al. (2014) examinen l ajusemen des faceurs de producion au cycle économique à parir de données d enquêes sur les décisions d ajusemen des enreprises. Ils observen que le aux d uilisaion des capaciés de producion e la durée d uilisaion des faceurs s ajusen foremen pour compenser la leneur de l ajusemen des volumes de faceurs. Cabannes e al. (2015) monren de leur côé que l évoluion de la qualié du capial en 2008 a conribué négaivemen à la croissance de la valeur ajouée. L effe de la crise sur leur indicaeur de PT qui conrôle de la qualié des faceurs rese néanmoins négaif. Ce aricle se base sur la mesure de la PT au niveau de l enreprise à parir des bases de données de l INSEE couvran l ensemble des enreprises françaises e uilisan la méhodologie de Caves e al. (1982). Il présene une décomposiion de la croissance de la PT pour comprendre la conribuion des différens élémens de la dynamique indusrielle (enrées sories réallocaion). La descripion de la dynamique secorielle es compléée par une exploraion des déerminans de la croissance de la PT e de l impac de la crise sur ces déerminans. 1. Évoluion de la PT Après agrégaion des indices de producivié individuelle (voir encadré 1) sur l ensemble de l économie (voir encadré 2 pour la

60 58 Sarah Guillou e Lionel Nesa définiion du périmère reenu) nous pouvons mesurer l évoluion de la PT de 2002 à 2011 pour chacun des seceurs (voir Annexe). Bien sûr l'agrégaion des données d'enreprises ne perme pas de rerouver exacemen la compabilié naionale du fai de différences de définiion e de consrucion des données. La comparaison des endances secorielles agrégées perme cependan de mere en lumière des endances communes. La comparaison de l évoluion de la PT par seceur perme ou d abord de vérifier la ransversalié du choc de 2007 qui a ouché ous les seceurs soi en rompan la endance croissane de la producivié soi en accenuan la décroissance de la producivié. Elle révèle ensuie que les ajusemens des faceurs diffèren d un seceur à l aure (pouvoir de négociaion des salariés plus ou moins for degré d irréversibilié des acifs physiques plus ou moins élevés marché de l occasion du capial plus ou moins liquide marges de manœuvre d ajusemen lié à la profiabilié différenes). Enfin ces comparaisons indiquen des différences d incorporaion du progrès echnique e noammen de mécanisaion e d inroducion des echnologies de l informaion e des communicaions. Ces évoluions secorielles cachen des dispariés selon la aille des enreprises. Le ableau 1 donne le niveau moyen en écar à la première aille d enreprise. Les indices moyens de producivié par classe de aille e de seceur son comparables au sein des seceurs. Ils son exprimés en log ce qui perme de dire que la PT des grandes enreprises de plus de 500 salariés du manufacurier es 84 % plus élevée que celle des enreprises de moins de 20 salariés. En % Tableau 1. Producivié moyenne sur la période 2002 à 2011 par seceur e aille d enreprises Effecifs salariés [10-20] [20-50] [50-250] [ ] [500-+] Manufacurier Consrucion Services BMT Services HT Aures services Aciviés INIM Noes : Les indices son normés à 1 pour la première classe de aille. Sources : ICUS ARE INSEE. Calcul des aueurs.

61 La crise de 2008 e la producivié oale des faceurs des enreprises françaises 59 En général la PT es oujours plus élevée dans les plus grandes enreprises (à parir de 250). Mais cela n es pas le cas pour les services BMT. La aille es une caracérisique imporane pour déerminer la résisance au choc de la crise. Le ableau suivan monre le aux de croissance annuel moyen par seceur e par aille sur les deux souspériodes avan e après la crise. En % Tableau 2. Taux de croissance de la PT par seceur e classe de aille avan e après la crise [10-20] [20-50] AVANT ( ) APRES ( ) [50-250] [ ] [500-+] [10-20] [20-50] [50-250] [ ] [500-+] Manufacurier Consrucion Services BMT Services HT Aures services Aciviés INIM Noes : La moyenne es calculée sur l ensemble de la période avan ( ) e après ( ). Sources : ICUS ARE INSEE. Calcul des aueurs. Dans le seceur manufacurier le seceur des services BMT e les services HT il apparaî que les grandes enreprises absorben le choc de la crise e que ce son surou les peies enreprises qui fon l expérience d une chue imporane de leur PT. Les grandes enreprises on mainenu plus généralemen leur niveau de valeur ajouée parce qu elles son plus présenes sur les marchés inernaionaux e on pu bénéficier des décalages de cycle enre les pays de leurs consommaeurs. Conformémen aux graphiques par seceur le seceur de la consrucion se singularise par une baisse de la PT coninue e ouchan oues les ailles qui s accenue après le choc avec cependan une moindre baisse pour les grandes enreprises. Dans le seceur INIM les aux de croissance son négaifs avan la crise e redeviennen posiifs après la crise.

62 60 Sarah Guillou e Lionel Nesa 2. Sélecion de marché apprenissage echnologique e croissance de la producivié. Ces observaions effecuées au niveau secoriel cachen une fore urbulence indusrielle : des enreprises gagnen ou perden des pars de marché d'aures son ou simplemen défaillanes alors que ceraines enren sur le marché. Du fai de ce jeu de réallocaion des ressources il es possible d'observer une croissance de la producivié dès lors que les enreprises les plus producives gagnen des pars de marché aux dépens des moins producives même en l absence d'apprenissage echnologique des enreprises. Cee parie s'inéresse à la conribuion de cee urbulence indusrielle à la croissance économique. Tou d'abord nous calculons les aux de sorie avan e après la crise par seceur e classe de aille. Le aux de sorie rappore le nombre d enreprises qui soren à celles qui resen 2. Il es en moyenne de 36 % de e de 43 % de Le ableau 3 monre le raio du aux de sorie moyen calculé sur la période divisé par le aux de sorie sur la période Un raio supérieur à 1 signifie que le aux de sorie a augmené au cours de la deuxième période e donc que la crise a amplifié la sévérié de la sélecion des enreprises par le marché. Comme on peu s'y aendre ce raio es le plus souven supérieur à 1 indiquan une augmenaion des sories d enreprises. Il es parfois inférieur à 1 à parir de 50 salariés mais il es oujours supérieur à 1 en deçà. Au-delà de 500 salariés les raios redeviennen supérieurs à l'unié illusran les mouvemens de concenraion qui concernen les grandes enreprises. Il es remarquable cependan que dans le seceur manufacurier le aux de sorie soi resé sable pour les enreprises de plus de 500 salariés indiquan la neuralié du choc sur la sorie des grandes enreprises jusqu à Il s agi des enreprises qui soren de la base. Nous avons conrôlé que ces sories ne puissen êre liées à un passage de la aille de l enreprise sous le seuil que nous avons reenu de 10 salariés. Cependan nous ne pouvons vérifier si ces sories proviennen d une absorpion par un racha. Les quesions de périmère des enreprises (changemen de définiion juridique en 2008) ne posen a priori pas de problème dès lors que l on scinde les deux périodes avan e après Les années 2002 e 2003 son des années de crise. Si on avai comparé les périodes e la différence serai encore plus marquée.

63 La crise de 2008 e la producivié oale des faceurs des enreprises françaises 61 Tableau 3. Taux de sorie de rapporé au aux de sorie par seceur e par classe de aille En % [10-20] [20-50] [50-250] [ ] [500-+] Manufacurier Consrucion Services BMT Services HT Aures services Aciviés INIM Noe : Les classes de aille son données en nombre de salariés. Sources : ICUS ARE INSEE. Calcul des aueurs. La crise a accenué la sorie des peies enreprises surou dans les seceurs de la consrucion e des services à l excepion des services HT. La décomposiion des gains de producivié secoriels vise à isoler les conribuions des effes d apprenissage (effe inerne) d allocaion des ressources (effe exerne) e de sélecion (effe ne des enrées) dans les gains de producivié. C es un exercice possible à parir des données individuelles d enreprises. Rappelons que la moyenne secorielle de la producivié P es la moyenne des niveaux de producivié des enreprises p (exprimés en logarihme) pondérés par leur par de marché θ : P = Σi θ i p i où i e dénoen respecivemen la firme i à l année. Le aux de croissance secoriel s obien en sousrayan P -1 à P. En suivan la méhode de oser Haliwanger e Krizan (2001) il es possible de décomposer la croissance de la producivié en rois effes : Effe d aprenssage Effe de réallocaon Effe ne des enrées où S N e X indiquen les enreprises qui surviven enren e soren de l indusrie en -1 e. Le premier erme correspond aux effes d apprenissage les gains de producivié des enreprises

64 62 Sarah Guillou e Lionel Nesa qui surviven. Le second erme mesure les effes de réallocaion en faisan varier la par de marché conjoinemen avec le niveau iniial (en erme relaif) e les gains de producivié. Ce effe es posiif si les firmes qui gagnen des pars de marché on un niveau de producivié supérieur à la moyenne de l indusrie e enregisren des gains de producivié. Le dernier erme (effe ne des enrées) mesure la conribuion de la urbulence indusrielle en comparan le niveau de producivié des enrans e de sorans avec la moyenne secorielle. De nouveau ce effe es posiif si les firmes enranes (soranes) on un niveau de producivié supérieur (inférieur) à la moyenne de l indusrie. Le ableau 4 présene le aux de croissance de la PT (noé TCAM) ; le pourcenage de cee croissance que l on aribue aux effes d apprenissage inerne aux effes de réallocaion enre enreprises d un même seceur (effes exernes) e à l effe des enrées e des sories (noé NET ES). En % Tableau 4. Décomposiion de la croissance de la producivié AVANT ( ) APRES ( ) TCAM INTERNE EXTERNE NET ES TCAM INTERNE EXTERNE NET ES Ensemble (1) (2) (3) (4) (1) (2) (3) (4) Manufacurier Consrucion Services BMT Services HT Aures services Aciviés INIM Noe : TCAM : Taux de croissance annuel moyen de la producivié oale des faceurs cee dernière éan calculée à parir de la moyenne des aux de croissance des enreprises du seceur pondérés par leur par de marché. Sources : ICUS ARE INSEE. Calcul des aueurs. La colonne (1) indique le aux de croissance de la PT. Les colonnes (2)-(4) indiquen la conribuion en pourcenage de chacun des effes à ce aux de croissance de PT. Ainsi par exemple la croissance de la PT de près de 3 % dans le seceur des services de HT de 2002 à 2007 es principalemen due aux effes d apprenissage (près de 60 %) e aux effes de réallocaion à l inérieur du seceur (+40 %). Dans la consrucion les effes d apprenissage apparaissen oalemen absens e la chue de la producivié dans

65 La crise de 2008 e la producivié oale des faceurs des enreprises françaises 63 ce seceur provien principalemen de l absence d amélioraion de la producivié des enreprises du seceur les gains de producion provenan des réallocaions à l inérieur du seceur e de l effe ne des enrées mais ces gains ne compensen pas la pere d efficience des faceurs. On remarquera que l effe de réallocaions enre enreprises d un même seceur (effe exerne) es oujours posiif sur les deux périodes indiquan que les augmenaions de pars de marché au sein du seceur concernen les enreprises les plus producives. En revanche l effe ne des enrées n es pas oujours posiif. Rappelons qu un effe ne négaif signifie que les enrées-sories conribuen négaivemen à la producivié. Ce effe es plus souven négaif après la crise signalan que des enreprises plus producives que la moyenne du seceur son sories noammen dans les services. 3. Les déerminans de la PT e la crise économique Nous esimons à présen une équaion cherchan à idenifier les covariances enre la croissance de la PT e ses déerminans en incluan une variable muee emporelle pour la crise qui se déclenche en L équaion esimée es la suivane : Où ΔlnPT i+1/ es le aux de croissance de la PT de l enreprise i en ; lnpt i es le logarihme du niveau de producivié de l enreprise i en ; classe k son k variables indicarices des ailles des enreprises elles qu elles on éé définies dans les ables saisiques ; xinv i-1 es le aux d invesissemen défini comme le rappor de l invesissemen corporel en -1 sur le capial en -2. L indicarice C 2008 es une variable muee qui prendre la valeur uniaire les années 2008 à 2011 afin de caper le choc de la crise de 2008.

66 64 Sarah Guillou e Lionel Nesa L équaion inclu par ailleurs le logarihme de la producion lnprod pour enir compe des effes de pars de marché une foncion polynomiale d ordre 3 du emps ainsi que des effes fixes par enreprise qui capuren non seulemen les déerminans de la producivié qui son propres à l enreprise (comme l efficience managériale l innovaion les condiions de financemen l efficacié de ses ineracions avec ses sous-raians ses disribueurs ou concurrens par exemple) mais aussi la composane secorielle. On s aend à ce que β 1 soi négaif signifian que plus les enreprises on un niveau de producivié faible e plus elles devraien connaîre un accroissemen de leur producivié. La aille devrai avoir un impac posiif sur la croissance de la producivié signalan les meilleures performances des grandes enreprises. Le coefficien β 6 devrai êre négaif e alérer les coefficiens des variables avec lequel il es en ineracion. Dans les variables d ineracion un coefficien significaif indique une rupure emporelle de la co-variaion avec la croissance de la PT. Le coefficien β 12 noammen devrai nous indiquer si la période pos-crise s es raduie par une modificaion du rôle de l invesissemen sur la croissance de la PT. Nous esimons l équaion de régression par la méhode des moindres carrés avec effes fixes (Leas Square Dummy Variables LSDV). Il fau donc reser pruden quan à l inerpréaion des résulas. Ils ne peuven s inerpréer comme des relaions causales les problèmes d endogénéié (noammen en raison de causalié muuelle) n éan pas correcemen pris en compe par le modèle à effes fixes. Ce que nous obenons son des corrélaions parielles enre la variable dépendane e les variables explicaives. Les colonnes (1) à (4) du ableau 4 présenen les résulas préliminaires suivan une inroducion séquenielle des variables. La première colonne inclu les indicarices de aille e de la crise e la foncion polynomiale du emps. La aille es posiivemen corrélée avec la croissance de la producivié e la croissance de la PT es d auan plus élevée que l enreprise es grande. Conformémen à nos aenes le coefficien β 6 de la crise a une valeur négaive. Son ampliude es consane quelle que soi la spécificaion de (1) à (3) mais elle diminue dans la spécificaion (4) qui fai ineragir le aux d invesissemen avec C 2008.

67 La crise de 2008 e la producivié oale des faceurs des enreprises françaises 65 Dans la spécificaion (2) on remarque que si l effe de la crise es bien négaif ce effe es allégé de manière croissane avec la aille de l enreprise au poin même de devenir nul en ampliude pour les rès grandes enreprises. Dans les spécificaions (3) e (4) on rerouve ce même rôle joué par la aille. La spécificaion (3) inrodui le aux d invesissemen qui présene un coefficien négaif e significaif qui peu inerroger. Mais la spécificaion (4) qui ajoue l ineracion enre le aux d invesissemen avec C 2008 indique une corrélaion posiive enre aux d invesissemen e croissance de la producivié relaion posiive qui es foremen alérée après la crise puisque le coefficien d ineracion es foremen négaif. Cela révèle que la relaion enre invesissemen e croissance de la PT a éé modifiée après la crise de 2008 l invesissemen pos-2008 éan associé à un ralenissemen de la croissance de la PT. Des changemens de la naure des invesissemens ou auan que des effes de volume peuven expliquer la non efficacié de l invesissemen après la crise. Par exemple si les invesissemens résiduels après 2008 ne son plus que des invesissemens de remplacemen alors leurs effes sur la producivié devraien êre neures. Les éudes sur la qualié du capial (e.g. Cabannes e al. 2015) monren que celle-ci es pro-cyclique au volume d invesissemen : la qualié augmene plus foremen dans les périodes de fors invesissemens. Cela ien aux ajusemens des invesissemens réalisés en emps de crise qui ouchen prioriairemen les invesissemens producifs comme ceux dans les machines e équipemens don les invesissemens en TIC. Ainsi sur la période Cabannes e al. (2015) esimen une croissance nulle de la qualié du capial alors qu elle éai de 07 sur la période Cela peu expliquer la corrélaion négaive obenue. Ce résula suggère que la crise implique des effes durables sur la rajecoire de la PT qui von au-delà de sa baisse ransioire par non-ajusemen des faceurs. Le ableau 5 présene les résulas par seceur en reprenan la spécificaion (4) afin de singulariser des relaions enre les variables que les caracérisiques des seceurs feraien varier. La crise a eu un effe significaivemen négaif sur l ensemble des seceurs avec un effe rès marqué dans les services INIM. La aille apparaî corrélée posiivemen avec la croissance de la PT à

68 66 Sarah Guillou e Lionel Nesa l excepion du seceur des Aures services pour lequel la relaion n apparaî pas e pour le seceur Manufacurier pour lequel la relaion es négaive signifian que les enreprises de plus peie aille son celles qui présenen les plus fors aux de croissance de la producivié. Cee relaion négaive qui serai conforme à une foncion de producion convexe ne serai donc valable que pour le seceur manufacurier. L effe de la crise sur la corrélaion enre aille e croissance de la PT monre cependan que dans la deuxième période la relaion redevien posiive plus conforme avec une foncion de producion concave. En revanche le seceur des services de HT monre une relaion croissane avec la aille dans la période avan-crise e décroissane dans la seconde période : la aille ne joue plus posiivemen sur la croissance de la producivié après la crise. En % Tableau 5. Déerminans de la croissance de la producivié oale des faceurs Régression sur l ensemble des seceurs (1) (2) (3) (4) lnpt *** -0673*** -0664*** -0666*** classe [20-50[ 0020*** 0017*** 0011*** 0011*** classe [50-250[ 0029*** 0021*** 0010*** 0010*** classe [ [ 0035*** 0019*** classe [500-+[ 0042*** 0022*** C *** -0027*** -0023*** -0009*** classe [20-50[*C *** 0006*** 0007*** classe [50-250[*C *** 0017*** 0017*** classe [ [*C *** 0028*** 0028*** classe [500-+[*C *** 0030*** 0032*** TxInves -0007*** 0007*** TxInves*C *** lnprod 0014*** 0017*** 0016*** 0016*** 0019*** 0018*** *** -0005*** -0006*** -0005*** *** 0000*** 0000*** 0000*** Observaions R Nb d'enreprises ***p<001 **p<05 *p<010

69 La crise de 2008 e la producivié oale des faceurs des enreprises françaises 67 Le aux d invesissemen a un effe posiif sur la croissance de la PT avan la crise qui devien négaif dans la deuxième période dans l ensemble des seceurs. Le aux d invesissemen n a pas d effe sur la croissance de la PT dans la période avan-crise dans les services HT e les services INIM. La foncion polynomiale d ordre 3 du emps rerace pluô correcemen les deux pics le plus souven consaés dans l évoluion de la PT. Cependan le seceur des services de HT s écare de ce cadre e le cycle de la croissance de la PT ne peu êre reracé à parir de cee foncion. En % Tableau 6. Déerminans de la croissance de la producivié oale des faceurs Régression par seceur Manufacurier Consrucion Services BMT Services HT Aures services Aciviés INIM lnpt *** -0705*** -0729*** -0721*** -0658*** -0663*** classe [20-50[ -0004** 0009*** 0009*** 0021*** 0012*** 0022*** classe [50-250[ -0016*** 0018*** 0014*** 0042*** *** classe [ [ -0031*** 0039*** 0015** 0047*** * classe [500-+[ -0034*** 0066*** 0021* 0049*** ** C *** -0011*** -0015*** -0006*** -0031*** 0197*** classe [20-50[*C *** 0013*** 0009*** -0013*** *** classe [50-250[*C *** 0024*** *** 0011*** -0035*** classe [ [*C *** 0036*** * *** classe [500-+[*C *** 0031*** 0015* ** TxInves 0005*** 0007*** 0008*** *** TxInves*C *** -0035*** -0066*** -0069*** -0090*** -0095*** lnprod 0016*** -0014*** 0004** 0004*** 0058*** *** 0017*** 0041*** *** 0023*** *** -0006*** -0011*** *** -0011*** *** 0000*** 0001*** 0000*** 0000*** 0001*** Observaions R Nb d'enreprises ***p<001 **p<05 *p<010

70 68 Sarah Guillou e Lionel Nesa La crise a donc impacé négaivemen la croissance de la producivié dans ous les seceurs à l excepion des services INIM avec une plus fore inensié dans le seceur des services BMT. Si le aux d invesissemen es posiivemen corrélé avec le aux de croissance de la PT dans la première période à l excepion d un effe neure dans les services INIM e les services HT la corrélaion devien négaive dans la deuxième période. Des aux d invesissemen plus élevés son associés à des aux de croissance de la PT plus faibles après la crise pour ous les seceurs. 4. Conclusion L analyse saisique monre une faible croissance de la producivié moyenne avan la crise qui a éé inerrompue par la crise de 2008 enraînan une fore chue de son niveau. La diminuion a éé plus ou moins fore selon les seceurs e a condui à une accenuaion de la endance baissière présene avan la crise dans la consrucion noammen. Les seceurs qui résisen le mieux à la crise son ceux don le aux de croissance de la producivié éai posiif avan la crise comme dans le seceur manufacurier e les services de haues echnologies. Ces évoluions moyennes cachen des dispariés inra-secorielles enre les enreprises parmi lesquelles se disinguen les grandes enreprises qui dans ous les seceurs on une producivié supérieure aux enreprises de moins de 50 salariés e son en moyenne plus résisanes à la crise (moindre baisse ou croissance posiive e plus faible aux de sorie). Les résulas préliminaires de nore exercice économérique monre que l accroissemen du aux d invesissemen es négaivemen corrélé avec le aux de croissance de la producivié sur la période Des changemens de la naure des invesissemens ou auan que des effes de volume peuven expliquer la moindre efficacié de l invesissemen après la crise. Bien qu il doive êre confirmé par une analyse enan compe de l endogénéié non raiée par cee méhode économérique ce résula suggère que la crise implique des effes durables sur la rajecoire de la PT e pas seulemen une baisse de la PT par non-ajusemens des faceurs quel que soi le seceur.

71 La crise de 2008 e la producivié oale des faceurs des enreprises françaises 69 Des poliiques pour incier aux invesissemens producifs son donc ou à fai jusifiées. La poliique de sur-amorissemen des invesissemens dans l amélioraion des équipemens e l engagemen dans le numérique von dans le sens d une amélioraion de l efficacié producive. On peu regreer que cee poliique mise en œuvre en avril 2015 ai éé décidée si ard e que les moyens budgéaires qui y soien alloués soien si faibles (25 milliards d euros). Le souien à l innovaion à ravers les disposiifs des jeunes enreprises innovanes e le crédi impô recherche semble porer leurs fruis dans les seceurs les plus concernés qui son le manufacurier e les services de HT. En revanche la baisse du coû du ravail induie par le CICE e le Pace de responsabilié pourrai ralenir la croissance de la producivié du ravail à moins que les enreprises ne dégagen des marges pour invesir dans des capaciés de producion innovanes. Encadré 1. L indicaeur de Producivié oale des faceurs (PT) Nous consruisons un indicaeur de producivié oale des faceurs par enreprise à parir des données compables des enreprises des bases ICUS e ARE obenues auprès de la DGip e de l INSEE. Ce indicaeur mesure l efficacié producive des faceurs que nous reenons qui son le ravail le capial e les consommaions inermédiaires. La par dans le coû oal du coû de ces faceurs indique leur conribuion respecive à la producion. La méhodologie sur laquelle repose le calcul de l indicaeur de PT a éé développée par Caves Crisensen e Diewer (1982) e compléée par Good e al. (1997). Elle repose sur l idée que la producivié oale des faceurs mesure l accroissemen de la producion qui n es pas lié à l accroissemen des faceurs de producion. L indice de PT pour l enreprise i à l'insan es donné par : où Y représene la producion brue réelle uilisan un ensemble de N inpus ; les N inpus éan ici le sock de capial physique (K) le ravail en ermes d heures ravaillées (L) e les consommaions inermédiaires (M). La variable S mesure la par dans le coû oal du coû de l inpu X ϵ

72 70 Sarah Guillou e Lionel Nesa {K ; L ; M}. Les indices e n indiquen respecivemen le emps e les inpus. Les variables surmonées d une barre indiquen la moyenne arihméique de la variable pour les enreprises apparenan au même seceur que l enreprise i. Afin de rendre l indicaeur comparable au sein d un même seceur oues les variables d une enreprise i son calculées en écar aux valeurs d une enreprise représenaive du seceur d apparenance de l enreprise i. Les variables de l enreprise représenaive son obenues par la moyenne géomérique de la producion e des inpus de oues les enreprises du seceur. Une propriéé essenielle de l'indice es sa ransiivié permean les comparaisons enre enreprises d un même seceur puisque chaque variable es exprimée relaivemen à la firme représenaive de l indusrie. Les variables d inpus e de producion son déflaées en uilisan les indices de prix de la producion des consommaions inermédiaires de l invesissemen. On uilise par ailleurs le nombre d heures ravaillées e les aux de dépréciaion du capial. Ces dernières données ainsi que les déflaeurs son fournies par l INSEE au niveau du seceur en l absence d informaions disponibles au niveau des enreprises. Le sock de capial des enreprises () es obenu à parir de l invesissemen e de la valeur compable des acifs angibles suivan la méhode de l'invenaire permanen. La par du ravail e des consommaions inermédiaires dans le coû oal es calculée à parir de la variable «compensaions salariales» e «consommaion inermédiaires». Enfin pour calculer la par du coû du capial nous procédons à l esimaion du coû d usage du capial au niveau de l'indusrie en suivan la méhodologie de Hall (1988). La prise en compe de l amélioraion qualiaive des faceurs comme le fon Cabannes e al. (2015) conduirai à diminuer le niveau de la PT que nous obenons. Nore indice de producivié inclu les évoluions de la qualié des faceurs. Une baisse de la PT peu révéler à la fois une diminuion du progrès echnique mais aussi une diminuion de la qualié des faceurs. Encadré 2. Données Nous uilisons les bases de données ICUS ( ) e ARE ( ) qui compilen les informaions issues des bilans compables de oues les enreprises françaises. On dispose ainsi des informaions sur l emploi l invesissemen les immobilisaions la masse salariale les consommaions inermédiaires e la producion des enreprises. Par ailleurs nous sollicions les données de l INSEE pour obenir les déflaeurs par branche e la moyenne des heures ravaillées par branche. Nous reenons les enreprises de plus de 9 salariés pour évier d inclure un grand nombre d enreprises suscepibles de connaîre une fore crois-

73 La crise de 2008 e la producivié oale des faceurs des enreprises françaises 71 sance de leur aille sur la période d observaion. Rappelons qu une enreprise d un salarié qui embauche un salarié supplémenaire à emps plein se radui par une augmenaion de 100 % des heures ravaillées ce qui se radui si les rendemens ne son pas consans (pas de doublemen de la valeur ajouée) par une diminuion de la producivié horaire du ravail. Nous avons exclu les seceurs de l énergie les seceurs Sané Enseignemen e Aciviés culurelles e les Aures services don les dynamiques de la producivié réponden à des logiques pariculières e/ ou qui son des aciviés foremen conraines par la réglemenaion. Dix seceurs on éé sélecionné recouvran près de 90 % de la valeur ajouée des aciviés marchandes sur la période : à côé du seceur Manufacurier (C) e du seceur de la Consrucion () on regroupera les services en 4 grandes caégories : (i) les services aux enreprises dis «Basse e moyenne echnologie» (BMT) incluan Transpors e enreposage (H) e les Services adminisraifs e de souien (N) ; (ii) les services aux enreprises dis de «haue echnologie» (HT) comprenan Informaion e communicaion (J) e les Services scienifiques e echniques (M) ; (iii) les aciviés financières e immobilières K e L (INIM) ; (iv) les aures services comprenan les services Commerce e réparaion (G)e Hébergemen e Resauraion (I). Le ableau ci-dessous récapiule les conribuions de chacun de ces seceurs à la populaion d enreprises à l emploi oal à la valeur ajouée (nominale) e à l invesissemen corporel (nominal) sur la période En % Descripion de la populaion d enreprises de l éude par seceur Enreprise Emplois VA Inves. Corp. Manufacurier C Consrucion () Services BMT (H +N) Services HT (M + J) Services INIM (K +L) Services AUT (G+I) Hors analyse Noe : Moyenne sur les années ARE Source : Calcul des aueurs. Paran d un fichier de plus de 30 millions d observaions de 2002 à 2011 comprenan oues les enreprises de l économie marchande (hors agriculure e hors seceur bancaire) nous ravaillons sur un ensemble de 23 millions d observaions après avoir enlevé les enreprises de moins de 10 salariés.

74 72 Sarah Guillou e Lionel Nesa Pour finir observons que la nouvelle définiion des enreprises par l INSEE enrée en vigueur en 2008 (il ne s agi plus sysémaiquemen de l unié légale mais parfois d une combinaison d uniés légales consisan noammen à réaffecer aux enreprises indusrielles leurs filiales eriaires) pose des difficulés à ou exercice de démographie d enreprises. Cependan la scission des périodes sur la base de la crise correspond à cee réforme saisique e nous perme de considérer les résulas comme indépendans de cee réforme. Références Cabannes P-Y A. Monau e P-A Pionnier 2013 Évaluer la producivié globale des faceurs : l appor d une mesure de la qualié du capial e du ravail Dossier Économie rançaise 201 hp:// docs_ffc/ref/ecora13d_d2_pgf.pdf Caves D. W. L. R. Chrisensen e W. E. Diewer 1982 «The economic Theory of Index Numbers and he Measuremen of Inpu Oupu and Produciviy» Economerica (50) 6 : Cee G Producivié e croissance en Europe e aux Éas-Unis Coll. Repères n 483 ed. La découvere Paris. Cee G. Y. Kocoglu e J. Mairesse 2005 Un siècle de producivié globale des faceurs en rance Bullein de la Banque de rance n 139 juille. hps:// france/archipel/publicaions/bdf_bm/eudes_bdf_bm/ bdf_bm_139_eu_1.pdf oser L. J. Haliwanger e C. J. Krizan 2001 «Aggregae Produciviy Growh: Lessons from Microeconomic Evidence» in New Developmens in Produciviy Analysis Harper D. e Hulen C. (Eds) NBER Sudies in Income and Wealh 63. Chicago and London: Universiy of Chicago Press p ougère D. C. Golfier G. Horny e E. Kremp 2013 «Quel a éé l impac de la crise de 2008 sur la défaillance des enreprises?» Documen de ravail de la Banque de rance n 453 novembre. Good D. H. M. I. Nadiri e R. Sickles 1997 «Index Number and acor Demand Approaches o he Esimaion of Produciviy» in Handbook of applied economerics: Microeconomerics Pesaran M. H. e Schmid P. (Eds.) Blackwell Oxford. Hall R. E «The Relaion beween Price and Marginal Cos in U.S. Indusry» The Journal of Poliical Economy (96)5 : OCE 2009 L indusrie manufacurière française Coll. Repères n 557 ed. La Découvere Paris.

75 La crise de 2008 e la producivié oale des faceurs des enreprises françaises 73 Oulon N. e M. Sebasia-Barriel 2013 «Long and shor-erm effecs of he financial crisis on labour produciviy» capial and oupu CEP Discussion Paper n 1185 janvier. Poczer S. P. Gerler e A. D. Rohenberg 2014 «inancial crisis and produciviy evoluion : Evidence from Indonesia» The world Economy (37)5 : mai. ANNEXE : PT après agrégaion secorielle Le graphique ci-après présene l évoluion pour les 6 grands seceurs que nous avons reenus (voir encadré 2). On observe des aux de croissance posiifs de la PT avan 2007 dans ous les seceurs sauf dans les seceurs de la consrucion e des aciviés financières e immobilières. La PT du seceur manufacurier chue en 2007 mais sa croissance es de nouveau posiive de 2008 à 2009 e décline à nouveau en On consae cee même rajecoire dans les services de haues echnologies avec cependan une chue qui dure de 2007 à Dans les services de basses e moyennes echnologies (BMT) e les aures services l évoluion de la producivié présene un profil semblable à celui de l évoluion agrégée sur l ensemble de l économie avec cependan une chue de la producivié beaucoup plus marquée pour ces deux seceurs e plus longue pour le seceur des aures services. Dans le seceur de la consrucion le graphe indique une absence de gains de producivié depuis 2002 la PT accusan une pere de 15 % par rappor au niveau de Ce seceur don la conribuion au PIB es non négligeable (plus de 8 % de la valeur ajouée de nore périmère) présene une évoluion de sa PT inquiéane. Depuis 2002 la croissance de la producion du seceur s explique par la croissance des faceurs uilisés sans conribuion posiive du progrès echnique L évoluion es idenique pour le seceur de la consrucion aux Eas-Unis (voir Brackfield e Oliveira Marins Vox 11 Juille 2009) à parir des données de l OCDE.

76 74 Sarah Guillou e Lionel Nesa La producivié dans les services immobiliers e financiers (INIM) évolue de façon singulière avec un for ralenissemen de la PT qui précède la crise. Ceci es à relier avec la décroissance de la producivié du seceur de la consrucion ; l invesissemen en consrucion e en errains consiuen plus de 80 % de l invesissemen du seceur immobilier (voir Guillou 2015). Graphique. Évoluion de la producivié oale des faceurs e de la producivié horaire du ravail de 2002 à 2011 par seceur Indsuries manufacurières 1 Consrucion Services de basses e moyennes echnologies 115 Services de haues echnologies Aures services 115 Aciviés financières e immobilières Noes : Agrégaion par moyenne arihméique pondérée des indices individuels. La pondéraion des produciviés des enreprises es la par de leur producion dans la producion oale. Les seceurs son définis au niveau A21 de la Naf rev2 : seceur manufacurier (C) Consrucion () les services de haues echnologies (Informaion e communicaion J ; aciviés scienifiques e echniques M) ; les services de basses e moyennes echnologies (services adminisraifs e de souien N ; Transpor e enreposage H) ; les aciviés financières e immobilières (K ; L) ; les aures services (Commerce e réparaion G ; Hébergemen e resauraion I). Source : ICUS ARE Insee. Calcul des aueurs.

77 UNE ÉVALUATION SEMI-STRUCTURELLE DU POTENTIEL D ACTIVITÉ POUR LA RANCE Éric Heyer e Xavier Timbeau OCE Sciences Po Dans ce aricle nous proposons une évaluaion du niveau d acivié poeniel de l économie française noion cenrale dans le diagnosic de la siuaion économique. Cee évaluaion es réalisée à parir de l esimaion d un modèle semi-srucurel espace-éa. On suppose que le poeniel variable inobservable sui une marche aléaoire avec endance alors que l équaion de signal es une équaion de reour à 0 de l écar de croissance e d écar impacé par des variables exogènes. Parmi ces dernières figuren les condiions financières un erme de compéiivié le prix du baril de pérole le prix de l immobilier l impulsion budgéaire e enfin l environnemen macroéconomique d ensemble. L écar de producion esimé es à la fois assez vraisemblable dans l enchaînemen de phases de conjoncure déprimée e de période de surchauffe e sable dans les esimaions en quasi emps réel. Une dernière parie conclu e présene les nombreuses voies pour l exension de cee approche. Mos clés : ilre de Kalman producion poenielle oupu gap. 1. Inroducion Le niveau d acivié poeniel d une économie e son aux de croissance es une noion cenrale dans le diagnosic de la siuaion économique e devrai jouer un rôle majeur dans la conduie de la poliique économique. L argumen a éé développé héoriquemen depuis longemps que ce soi pour aniciper les évoluions fuures de l inflaion ou pour mesurer l ampleur des flucuaions cycliques e déerminer à quel momen les poliiques de régulaion conjoncurelle doiven inervenir. En filran les évoluions de l économie de leur composane conjoncurelle on disposerai d une évaluaion de la croissance de long erme Revue de l OCE 142 (2015)

78 76 Éric Heyer e Xavier Timbeau essenielle pour juger de la pleine uilisaion des faceurs de producion (e en pariculier définir e mesurer le plein emploi) e raier les quesions de souenabilié. En praique cependan cee noion es difficile à définir e à mesurer. Son usage es ainsi source de confusion de révisions drasiques des évaluaions e fourni un guide peu fiable pour l ensemble des problèmes évoqués. Cela n a pas empêché que la croissance poenielle soi inscrie dans les règles de poliique budgéaire dans la récene réforme du Pace de sabilié e de croissance (à parir de 2011 le fiscal compac 6-pack 2-pack). Havik e al. (2014) donnen une descripion déaillée de la méhodologie employée par la Commission européenne (ECIN) e poren un diagnosic miigé sur la porée de cee noion qui ser pouran de référence quanifiée aux règles budgéaires. Ceci es d auan plus frappan que la difficulé de mise en praique du concep de croissance poenielle es connue depuis longemps pour un ensemble de raisons enan au manque de robusesse de la définiion héorique e paran d esimaions fiables des écars de producion (parmi d aures Gaiduch e Hun 2000 ; Kuner 1994 ; Laxon e Telow 1992 ; Orphanides e Norden 2002 ; Orphanides Porer Reifschneider Telow e inan 2000 ; S-Aman e van Norden 1997 ; Serdyniak Le Bihan Cour e Delessy 1997). Noons égalemen que la difficulé d aribuion d un ralenissemen ou d une accéléraion de la croissance à un faceur conjoncurel ou srucurel es inhérene à ou exercice d analyse de la conjoncure e qu il n exise pas de réponses définiives à cee quesion. La décomposiion endance-cycle par des echniques de lissage saisique renconre cee difficulé connue sous le nom d effe de bord. Mais le problème n es pas saisique. Pour juger d un cycle irrégulier en présence d une endance non linéaire en l absence de variables explicaives complèes du cycle il fau aendre que le cycle soi achevé. La crise de 2008 e la chue bruale de l acivié qui a suivi dans les pays développés on considérablemen accru le problème. Il n es pas sûr que le concep de croissance poenielle y survive. Par exemple pour la rance l écar de producion esimé par l OCDE (el que le documene la base de données Economic Oulook) éai évalué négaif à l hiver 2005 (première prévision faie à l hiver 2005 pour l année 2007 voir graphique 1) alors qu il es esimé

79 Une évaluaion semi-srucurelle du poeniel d acivié pour la rance 77 aujourd hui à plus de 3 poins de PIB. Le graphique 1 perme de consaer que les révisions on eu lieu non seulemen au momen de la crise (au cours de l année 2008 e 2009) mais égalemen fin Ces révisions ne son pas limiées à la rance ni à l année Elles ne son pas non plus le fai des révisions de la compabilié naionale. Pour la rance la révision des données de compabilié naionale condui à réviser le PIB de 09 poin (en prenan comme référence 1995 e en comparan 2007 pour les différenes évaluaions du PIB). Réviser l écar de producion de quelques dixièmes de poin de PIB en foncion des informaions nouvelles peu laisser la possibilié de l uiliser comme guide de la poliique économique. Une révision de plusieurs poins de PIB (graphique 1) qui inverse le diagnosic conjoncurel es rédhibioire. Ainsi en décembre 2006 en suivan les règles de poliique monéaire ou budgéaire elles qu elles son proposées dans la liéraure on a recommandé sur la base d un écar de producion de -1 poin de PIB en rance une poliique monéaire accommodane e une poliique budgéaire expansive d auan que le défici d alors (275 % du PIB) signifiai un léger surplus primaire srucurel (04 poin de PIB dans EO79 de juin 2006). Aujourd hui rérospecivemen le diagnosic es ou aure puisque le défici srucurel primaire es évalué à 15 poin de PIB. Graphique 1. Évaluaion de l écar de producion en DEU 2 1 USA 0-1 RA -2 déc.-05 déc.-06 déc.-07 déc.-08 déc.-09 déc.-10 déc.-11 déc.-12 déc.-13 déc.-14 Source : OCDE Economic Oulook n 78 à 97 EO78 à EO97 calculs des aueurs.

80 78 Éric Heyer e Xavier Timbeau La recherche d une méhodologie saisfaisane es donc oujours en cours. L uilisaion de filres saisiques simples (univariés) ne répond pas à la quesion. Les esimaions son insables (de nouvelles données modifien l esimaion de l écar de croissance plusieurs années en arrière) vicimes de fors effes de bord (l esimaion change beaucoup en fin de période au fur e à mesure de l arrivée de nouvelles données) e la rajecoire de poeniel connaî des évoluions peu vraisemblables affichan des changemens de penes peu compréhensibles e difficiles à relier à d aures analyses. Une aure approche serai de préciser le modèle sous-jacen de l économie fondé sur des hypohèses explicies accepées de le valider par des données macro ou micro e d en déduire l écar de producion. Un modèle correcemen spécifié donnerai une vision riche e sable de ce qui provoque les mouvemens conjoncurels permean d idenifier les faceurs de ces mouvemens e de préciser les poliiques adapées. Nous sommes rès loin de la réalisaion de ce proje. Par exemple Hirose e Naganuma (2010) esimen l écar de producion des Éas-Unis à parir d un DSGE e leurs esimaeurs réponden aux «bons» crières d un écar de producion (sabilié de l esimaion suivan les périodes reenues décomposiion de l évoluion en foncion de la naure des chocs avec une dominance des chocs de demande capacié à prendre en compe des évoluions à fréquences suffisammen basses). Ils en illusren égalemen les principales difficulés : les esimaeurs d écar de producion son rès dépendans des hypohèses de modélisaion comme par exemple des règles de poliique monéaire ce qui es difficilemen inerpréable. Les a-priori (prior) de l esimaion bayésienne des paramères influen égalemen sur les esimaions d écar de producion. Mais surou ils n explicien pas commen leur modèle se compore dans la crise récene e donc ils ne son pas confronés à la difficulé posée par le graphique 1. La définiion d un modèle sous-jacen comple pose au moins auan de quesions qu il n en résou. En spécifian les a priori héoriques cee approche donne un sens précis à la noion de poeniel qui es mesurée e clarifie le poids relaif des hypohèses. Mais la complexié de l ensemble des paramères ou conraines n éclaire pas vraimen le choix. Ainsi on ne peu écarer l idée que les hypohèses e les conraines on éé posées afin d obenir le résula voulu e jugé accepable.

81 Une évaluaion semi-srucurelle du poeniel d acivié pour la rance 79 La parcimonie du modèle e de la méhode es une réponse possible à cee impasse. L approche semi-srucurelle peu répondre echniquemen à cee exigence de parcimonie. Dans cee approche on rédui le modèle à quelques équaions e quelques variables explicaives qui condiionnen l écar de producion esimé. L approche par le poeniel comme n accéléran pas l inflaion ou l approche par la foncion de producion procèden de cee logique 1. Dans l approche du poeniel noninflaionnise le poeniel (y) es une variable non observable qui perme de comprendre les évoluions de l inflaion en foncion de l écar au poeniel (noé y y) de variables explicaives e de la dynamique de l inflaion (noée i ) : Δi = A(L)Δi + b.x + c.(y y) (1) Un filre mulivarié ou un filre de Kalman perme de produire des esimaions en foncion des variances relaives de l écar de producion du aux de croissance du poeniel e des résidus de l équaion d inflaion (Boone 2000). Borio Disyaa e Juselius (2014) suggèren que l évaluaion du poeniel par cee méhode souffre de la endance au ralenissemen de l inflaion au cours des précédenes décennies. L écar au poeniel au sens non-inflaionnise inègre alors cee endance. Les aueurs monren que si l on esime libremen le paramère qui pondère l équaion d inflaion dans l esimaion de l écar de producion le paramère esimé es faible indiquan que cee relaion doi avoir peu de poids sur l évaluaion de l écar de producion alors que l écar de producion peu expliquer significaivemen les évoluions de l inflaion 2. La méhode par la foncion de producion es la méhode reenue par la Commission européenne pour évaluer les écars de producion qui serven à la quanificaion des règles budgéaires (D Auria e al e Lequien e Monau 2014 pour une applicaion à la rance). Cee approche semi-srucurelle défini le poeniel comme la producion possible à la pleine uilisaion des 1. On peu considérer l approche univariée comme un cas limie de l approche mulivariée sans aure variable explicaive que le PIB e ses reards. 2. Ce résula de Borio e al. (2014) end à écarer la définiion du poeniel comme le niveau de producion non-inflaionnise pour lui préférer une définiion plus souple d un niveau de producion associé à des indicaeurs financiers sans déséquilibre. Dans un ravail ulérieur nous développerons ce poin.

82 80 Éric Heyer e Xavier Timbeau faceurs de producion. Elle perme de disinguer deux horizons emporels selon que le sock de capial es considéré comme fixe (cour erme) ou peu s ajuser (moyen erme). Cee méhode peine à donner un résula proban. Elle demande en effe d évaluer la sous- (ou sur-) uilisaion des faceurs pour esimer la producivié globale des faceurs e en filrer les effes du cycle de producivié. Pour le capial les enquêes de aux d uilisaion son uilisées pour corriger le sock de capial. Ces enquêes son cependan limiées à l indusrie c es-à-dire une fracion du issu producif. De plus l évaluaion du capial découle d une hypohèse pariculière sur le déclassemen. Il serai plus réalise de enir compe d un déclassemen variable au cours du cycle mais la compabilié naionale ne propose pas une elle mesure. Concernan le faceur ravail la mesure de la sous-uilisaion renvoie au problème à la mesure d un NAIRU (ou NAWRU) 3 e ceux renconrés dans la méhode précédene. On pourrai ajouer que la méhode de la foncion de producion ne prend pas en compe la (mes)allocaion secorielle des faceurs (Bis 2012). Ces deux méhodes illusren l inérê de l approche semi-srucurelle e sa limie. acilemen reproducible reposan sur un ensemble de paramères resreins la méhode ne produi pas plus que ce que l on en comprend. Mais spécifiée à parir d un ensemble rop limié de variables parce que le modélisaeur ome des déerminans esseniels elle ne parvien pas à capurer le phénomène d écar de producion. Le piège es selon l expression de Borio Disyaa e Juselius (2013) de faire violence aux données e d imposer une srucure incomplèe ou inadapée sur des données qui ne la coniennen pas. Dans ce cas l écar de producion racone une hisoire rès différene de celle qu on voudrai qu il racone e l esimaion a de bonnes chances d êre insable. Borio e al. (2013) mais aussi Lequien e Monau (2014) proposen une sraégie différene d évaluaion des deux méhodes ci-dessus. Au lieu de reposer sur la foncion de producion ou l inflaion ils uilisen des variables représenan le cycle financier afin d inégrer cee composane dans l écar de producion. Cee approche es bien sûr plus facile à jusifier après une crise financière majeure e bien qu elle cherche à exploier une évenuelle 3. Non Acceleraing Inflaion Rae of Unemploymen; Non Acceleraing Wage Rae of Unemploymen.

83 Une évaluaion semi-srucurelle du poeniel d acivié pour la rance 81 relaion enre «cycle» financier e «cycle» 4 réel (Agliea 2014) elle peu se heurer à un obsacle : les crises financières surou de l ampleur de celle que l on vien de raverser son peu fréquenes e l esimaion peu reposer au final sur peu d observaions. Éendre l analyse saisique à une période de emps plus longue ou plus de pays apporerai une réponse à cee criique mais ouvrirai sans doue d aures problèmes. Inégran des variables financières (le aux d inérê réel le crédi aux ménages les prix de l immobilier) Borio e al. (2013) amélioren significaivemen l évaluaion du poeniel en pariculier avec beaucoup moins de révisions avan e après la crise. L écar de producion mesuré es égalemen plus creusé après la crise ce qui implique moins d effes de la crise sur le poeniel. Bien que l analyse hisorique du MI (Zdzienicka e urceri 2011) suggère que ce effe pourrai êre imporan ce résula es inéressan. La révision d un modèle après une série d observaions qui ne son pas expliquées par les modèles anérieurs améliore la capacié à reproduire le passé. Ce n es pas une garanie de pouvoir aniciper les prochains reournemens bruaux qui passeron peu-êre par d aures canaux. L approche semi-srucurelle perme néanmoins cee souplesse ou en maîrisan le conenu du modèle implicie. L évaluaion que nous proposons ici s inscri dans cee démarche semi-srucurelle. Nous uilisons des variables explicaives des flucuaions choisies parce qu elles nous semblen essenielles pour comprendre les flucuaions de l acivié. Oure des variables financières don Borio e al. (2013) on monré l inérê la prise en compe de la poliique monéaire e budgéaire nous es apparue comme cenrale en pariculier pour comprendre les imporans écars de producion récens. L objecif es d esimer un poeniel don le aux de croissance es assez sable. Mais cee hypohèse es parcimonieuse e la significaivié saisique de l esimaion ainsi que sa sabilié renforcen la perinence de l évaluaion. L enrichissemen du modèle avec variables financières se fai en inégran 3 élémens supplémenaires : 4. Le erme «cycle» es à prendre ici dans un sens rès général sans que celui-ci ne soi de période(s) régulière(s).

84 82 Éric Heyer e Xavier Timbeau Les écars de producion des pays parenaires pondérés par des coefficiens «par de marché y i» afin de représener le canal des échanges commerciaux. Ce canal es compléé par un effe de compéiivié noé PXR. Ces ajous rapprochen le modèle de celui uilisé dans GPM du MI (Carabenciov Garcia-Salos e Laxon 2011) ; Le prix du pérole réel (P oil ) le prix de l immobilier rapporé au revenu des ménages (P immo ) un écar de aux souverain enre la rance e l Allemagne (SP) e un indicaeur des condiions financières (IC) (Heyer e Sampognaro 2015) afin de représener à la fois la sphère financière e d inégrer des élémens qui jouen foremen sur l acivié ; Une mesure de l impulsion budgéaire par la variaion du solde srucurel primaire (I) en supposan qu elle n a pas d impac à long erme. Ce dernier erme es esseniel pour analyser la conjoncure récene (Timbeau 2014 ; Blo Creel e Timbeau 2015) e a joué un rôle rès imporan dans le creusemen des écars de producion. Le choix de ces variables correspond à un a priori sur les mécanismes causals à cour erme. Le modèle semi-srucurel esimé cherche donc à prendre en compe ses causaliés e ne se limie pas à l évaluaion du poeniel. Il diffère d approches où le choix des variables es guidé par un souci de décrire le cycle économique en incluan par exemple dans les régresseurs le aux de chômage. Ce ype d approche suppose en pariculier que l écar de producion soi nul lorsque les régresseurs eux-mêmes son à 0 ou à leur valeur moyenne. Cela repore alors l évaluaion du poeniel sur ce qui défini la neuralié dans les régresseurs. Lorsqu on inclue le chômage (c es-à-dire une loi d Okun) alors on repore l évaluaion du poeniel à l évaluaion du chômage d équilibre défini soi comme la valeur moyenne du chômage soi si cela es explicié comme une variable non-observable «chômage d équilibre». L aricle es organisé comme sui : une première parie présene le modèle semi-srucurel uilisé e décri la méhode d esimaion. Une deuxième parie précise la consrucion des variables exogènes employées. Une roisième parie présene les résulas. L écar de producion esimé es à la fois assez vraisemblable dans l enchaînemen de phases de conjoncure déprimée e de période (assez rares) de surchauffe e sable dans les esimaions en quasi emps réel.

85 Une évaluaion semi-srucurelle du poeniel d acivié pour la rance 83 Une dernière parie conclu e présene les nombreuses voies pour l exension de cee approche. 2. Le modèle Le modèle uilisé es un modèle espace-éa don la principale variable endogène es la producion y. Le poeniel y es la seule variable non observable e c es l équaion de ransiion (3) qui conrain la dynamique du poeniel. On suppose que le poeniel sui une marche aléaoire avec endance. L équaion de signal (2) es une équaion de reour à 0 de l écar de croissance e d écar impacé par les variables exogènes. Si le paramère λ n es pas significaif alors le modèle sera rejeé. Auremen di ce paramère perme de eser l hypohèse de reour à la moyenne de l écar de producion (une force de rappel qui résume les mécanismes endogènes propres à une économie de marché) lorsque l ensemble des variables exogènes son revenues elles-mêmes à leur moyenne. ( ) (2) 3. Les données (3) La producion es mesurée par le PIB en volume à prix chaînés issu de la compabilié rimesrielle. L environnemen macroéconomique d ensemble es résumé par l écar de producion des pays parenaires commerciaux de la rance. À parir des données de la version de décembre 2014 de l Economic Oulook de l OCDE (eo96) nous avons calculé un écar de producion «agrégé» des pays parenaires de la rance en pondéran les écars de producion de chacun des parenaires par le poids des exporaions françaises vers ces pays dans le oal des exporaions de la rance. La première variable explicaive inroduie es celle des condiions financières : elle es mesurée par l inermédiaire d un indicaeur synhéique (IC) consrui par Heyer e Sampognaro (2015). La méhodologie s inspire de celle proposée par Swison (2008) consisan à sélecionner un ensemble de variables financières ayan une fore corrélaion avec le aux de croissance du PIB 5.

86 84 Éric Heyer e Xavier Timbeau Les variables reenues dans cee évaluaion son : le aux d inérê du crédi bancaire aux sociéés non-financières (SN) le CAC 40 le spread enre le aux des Bons du Trésor à 3 mois e le aux inerbancaire EURIBOR à 3 mois e l écar enre le aux d inérê payé par les SN françaises e celui payé par les SN allemandes. La deuxième variable explicaive es la compéiivié mesurée à ravers le prix relaif des exporaions des concurrens par rappor au prix des exporaions françaises issu de la compabilié naionale. Le prix des concurrens es la somme pondérée des prix à l exporaion des concurrens pondérée par leur par dans les échanges avec la rance. Les prix érangers éan libellés en dollars ce raio incorpore le aux de change euro-dollar. Le prix du baril de pérole en euros es inégré afin de rendre compe de l impac des chocs e conre-chocs péroliers sur l acivié économique (roisième choc). Nous prenons en compe égalemen l effe d un choc immobilier sur l acivié mesuré ici par le prix de l immobilier rapporé au revenu des ménages (quarième choc). Enfin le dernier choc es le choc budgéaire. Il es pris en compe par l inroducion dans l équaion de l impulsion budgéaire évaluée comme la variaion du solde srucurel primaire. Ce dernier éan calculé à parir de la producion poenielle variable inobservable de nore modèle nous avons procédé par iéraion. Dans la première iéraion nous sommes paris de l évaluaion du solde srucurel fourni par l OCDE dans les Perspecives économiques (eo96). Puis nous avons recalculé un solde srucurel à parir de l évaluaion de la producion poenielle issue de cee première iéraion. Nous avons répéé cee opéraion jusqu à ce que la procédure converge vers une évaluaion sable de la producion poenielle. 5. Dans l IC ainsi consrui chaque variable es pondérée en foncion de sa conribuion à la variance de la croissance dans un modèle VAR. Par sa srucure auorégressive cee méhode ien compe du délai de ransmission des chocs financiers sur l acivié réelle.

87 Une évaluaion semi-srucurelle du poeniel d acivié pour la rance 85 Les données uilisées e leurs mnémoniques y : PIB en volume prix chaînés INSEE I : Impulsion budgéaire (variaion du solde budgéaire srucurel) OCDE calculs des aueurs P oil : Prix du baril de pérole en euros déflaé par le prix de consommaion (rance) P immo : Prix de l immobilier en euros rapporé au revenu des ménages (rance) IC : Indicaeur de condiions financières OCE GAP : Écar de producion français (PIB-PIB poeniel) INSEE e OCDE Σy i. GAP i : Somme des écars de producion de chacun des parenaires de la rance pondérée par le poids des exporaions françaises vers ces pays dans le oal des exporaions de la rance OCDE SP : Écar enre un aux d inérê des SN e un aux sur les obligaions d Éa à 10 ans PXR : Prix relaif des exporaions des concurrens par rappor au prix des exporaions françaises INSEE 4. Les résulas Le modèle es esimé par maximum de vraisemblance à l aide d un filre de Kalman 6 sur la période allan du premier rimesre de 1982 au roisième rimesre de Les résulas des esimaions son résumés dans le ableau e les graphiques 2 3 e 4. Les six principaux résulas peuven êre synhéisés de la manière suivane : 1. Les coefficiens esimés son ous significaifs e du signe aendu cohéren avec l inuiion économique. Pour la variable pérole la meilleure esimaion es obenue en reardan de 4 rimesres le aux de croissance du prix du pérole dans l esimaion 7. Selon le même crière les prix relaifs e l effe immobilier son inégrés avec un reard de 2 rimesres andis que les aures variables son coïncidenes ; 2. Les résulas se sabilisen dès la cinquième iéraion : la plupar des coefficiens ne connaissen pas de variaions significaives enre la première e la cinquième iéraion. Des variaions 6. Pour plus de déails sur l esimaion par maximum de vraisemblance e sur le filre de Kalman le leceur pourra se référer à Hamilon (1994) e Harvey ( ). 7. Le crière es celui du -sa e des crières de sélecion (Akaike Schwarz Hannan-Quinn).

88 86 Éric Heyer e Xavier Timbeau son ouefois observées pour le rend de producivié (consane de l équaion de signal) e de l élasicié du PIB à l impulsion budgéaire (muliplicaeur budgéaire) ; 3. Le muliplicaeur budgéaire es en moyenne sur la période d esimaion proche de 1 lors de la première iéraion e se sabilise à 06 à la cinquième. Noons que ce effe es la somme des élasiciés obenues sur les 4 rimesres de l année ; 4. La croissance poenielle s élève à 183 en moyenne sur la période d esimaion ; 5. En moyenne annuelle en 2014 l écar de producion de la rance es esimée à -45 % ; 6.Compe enu de la valeur de la force de rappel 4 années seraien nécessaires pour «fermer» l écar de producion : au cours de cee période l économie française connaîrai un supplémen de 12 % (007*4*45) de croissance par rappor à son poeniel. λ I Tableau. Résulas des esimaions par un filre de Kalman ier 1 Ier 2 Ier 3 Ier 4 Ier (-313) 095 (360) P oil (-278) P immo 006** (-176) PXR IC SP 0046 (380) 0016* (200) (-356) Σy i. GAP i 0004 (315) σ 2 eq2 Consane (634) 048 (605) -007 (-284) 070 (268) (-257) 006** (-171) 0047 (396) 0015** (179) (-358) 0005 (384) (622) 046 (617) -007 (-277) 060 (261) (-254) 006** (-171) 0047 (402) 0015** (179) (-364) 0005 (381) (628) 046 (601) -007 (-273) 060 (261) (-253) 006** (-171) 0047 (402) 0015** (180) (-366) 0005 (380) (629) 046 (603) -007 (-273) 060 (261) (-253) 006** (-171) 0047 (402) 0015*** (180) (-366) 0005 (379) (629) 046 (603) Raio signal/brui 013c 013c 013c 013c 013c Likelihood Akaike Schwarz Hannan-Quinn Noes : Enre parenhèses figure le -sa. * ; ** ; *** signifie une non-significaivié des coefficiens à respecivemen 1 % 5 % e 10 %. C : variable conraine. Sources : INSEE calculs des aueurs ; période d esimaion :

89 Une évaluaion semi-srucurelle du poeniel d acivié pour la rance 87 Graphique 2. Esimaion de l écar de producion pour l économie française 3 2 En écar à la producion poenielle Iéraion 1 Iéraion 2 Iéraion 3 Iéraion 4 Iéraion Source : calculs des aueurs. Graphique 3. Conribuion des différens faceurs à l oupu gap 3 2 En écar à la producion poenielle Impulsion Budgéaire OG concurrens Compéiivié Pérole Spread IC Immobilier Aures Source : calculs des aueurs.

90 88 Éric Heyer e Xavier Timbeau Graphique 4. Évoluion du PIB e du PIB poeniel pour l économie française 550 En milliards d euros consans 500 PIB poeniel PIB Sources : INSEE calculs des aueurs. Une criique courammen adressée aux évaluaions des écars de producion a rai à son insabilié dans le emps (Gaiduch e Hun 2000 ; Kuner 1994 ; Laxon e Telow 1992 ; S-Aman e van Norden 1997). Les écars de producion basés sur des filres puremen saisiques fon effecivemen souven l'obje de révisions imporanes ex pos (Garra Lee Mise e Shields 2008 ; Mise Kim e Newbold 2005 ; Orphanides e Norden 2002) sapan leur uilisaion dans la mise en praique e la recommandaion de poliique économique 8. Nore approche s affranchi-elle de cee criique e offre--elle de meilleures performances en emps réel? Parmi les propriéés imporanes que devraien avoir nos esimaions pour évier ce écueil figuren (1) le pouvoir explicaif par des variables faiblemen révisées 9 e (2) la sabilié des coefficiens esimés 10 : plus les flucuaions de la producion seron expliquées par des variables peu 8. Borio e al ; Ehrmann e Smes 2001 ; Gaiduch e Hun 2000 ; Orphanides e al ; Orphanides ; Rudebusch 2001 ; Smes 2002 ; Svensson e Woodford 2003 ; Swanson 2004 ; Yeman Voir noammen à ce suje (Croushore e Sark 2000 ; Orphanides ; Roberson e Tallman 1998). 10. Doménech e Gómez (2006) e Runsler (2002) on monré que les écars de producion esimés à parir de modèles mulivariés éaien soumis à de plus faibles révisions que celles obenues à parir des méhodes univariées.

91 Une évaluaion semi-srucurelle du poeniel d acivié pour la rance 89 révisées e plus la relaion esimée sera sable plus pei sera l'écar enre emps réel e les esimaions ex pos. Dans cee perspecive ceraines variables inroduies dans nore équaion d éa ne son jamais révisées e remplissen par conséquen la première propriéé. C es le cas du prix du pérole de l indicaeur des condiions financières du spread de aux. C es moins le cas pour l indicaeur de compéiivié qui repose sur des données de la compabilié naionale e qui son donc sujees à révision. Noons ouefois que la variable à expliquer le PIB es elle-même soumise à révision ce qui doi nous amener à nuancer l imporance de cee propriéé e nous faire préférer l inégraion de variables perinenes mais révisées à leur omission. En ce qui concerne l impulsion budgéaire évaluée au ravers de la variaion du solde budgéaire srucurel sa prise en compe pose davanage un problème d endogénéié que de fores révisions : une évaluaion à ravers une impulsion narraive permerai de lever cee fragilié. Enfin dans la version proposée ici l environnemen inernaional évalué à l aide des écars de producion des parenaires ne rempli pas non plus les crières de sabilié. Cela milie pour une évaluaion conjoine des écars de producion auremen di de reproduire cee procédure pour les pays parenaires e de les évaluer simulanémen. Nous avons ensuie esé la seconde propriéé celle relaive à la sabilié de l équaion esimée en arrêan l esimaion en 2007 (rai bleu) e en comparan l évaluaion de l écar de producion alors obenu à celle esimée sur l inégralié de la période (e096 rai rouge). Enfin nous avons réalisé la même opéraion mais en emps réel en uilisan la version des compes rimesriels du quarième rimesre 2007 (eo82 rai orange). Le graphique 5 illusre les résulas e souligne une sabilié du diagnosic conjoncurel. La propriéé de sabilié de l'évaluaion du poeniel es une propriéé imporane. Elle es obenue probablemen en disposan d'un ensemble de variables explicaives suffisan e répondan ainsi au risque de variable omise. Ainsi le diagnosic sur une période passée es poré par ces variables e ne dépend plus de nouvelles réalisaions de la série observée du PIB. Ce poin pourrai êre précisé en inroduisan de façon séquenielle les variables explicaives reenues afin de voir celles qui son nécessaires pour que la propriéé de sabilié soi vérifiée. Une conséquence de ce ensemble

92 90 Éric Heyer e Xavier Timbeau Graphique 5. Esimaion de l écar de producion pour l économie française 3 2 En écar à la producion poenielle Esimée jusqu'en 2007 (eo96) Esimée en emps réel 2007 (eo82) Esimée jusqu'en 2014 (eo96) Source : Calculs des aueurs de variables explicaives supplémenaires es que les variables explicaives reenues peuven s'écarer de leurs valeurs moyennes pour des périodes de emps assez longues. C'es une condiion nécessaire pour expliquer des déviaions assez longues du PIB poeniel. Ainsi pour ne pas associer le ralenissemen récen du PIB à un ralenissemen du PIB poeniel il fau une variable explicaive qui es significaive (dans le passé) don l'esimaion es sable (ce n'es pas la période récene qui suffi à rendre la variable significaive) e qui dévie foremen de sa valeur moyenne dans la période récene. Dans nore modèle plusieurs variables jouen ce rôle comme par exemple les impulsions budgéaires la compéiivié ou les variables financières. Ceci demande cependan une ceraine prudence quan à la définiion de ce qu'es le PIB poeniel. Le PIB poeniel que nous uilisons es en fai un PIB poeniel oues choses égales par ailleurs. Or rien n'empêche qu'une des variables explicaives connaisse un choc permanen. En inégran l'effe de ce choc permanen sur le PIB poeniel oues choses égales par ailleurs on consruirai une noion de PIB poeniel plus proche de celle qui es mesurée par un filre univarié ou par un filre mulivarié don les variables explicaives on de la variance surou dans les haues fréquences. Cela condui égalemen à êre pruden sur l'inerpréaion de la moyenne de l'écar de producion que nous esimons. Celle que nous calcu-

93 Une évaluaion semi-srucurelle du poeniel d acivié pour la rance 91 lons ici es faie sans enir compe des évoluions fuures des variables explicaives du modèle qui peuven connaîre des chocs srucurels. La propriéé imporane es donc celle de la sabilié puisqu'elle indique que l'ensemble des variables explicaives es comple plus que l'inerpréaion du niveau moyen (ou du dernier niveau) de l'écar de producion qui suppose d'avoir une vision normaive sur le fuur des variables explicaives. 5. Conclusion prolongemen Le modèle semi-srucurel proposé ici résou ceraines des difficulés liées à l esimaion du poeniel. Plusieurs éapes son cependan nécessaires à ce sade afin de poursuivre cee méhode. Borio e al. (2013) proposen de sélecionner parmi les variables exogènes celles qui conribuen à l évaluaion du poeniel e pariculièremen à sa sabilié en emps réel ou en quasi emps réel. Bien que dans nore approche les variables explicaives n inerviennen pas uniquemen pour décrire le cycle mais aussi parce qu elles son supposées avoir une relaion causale avec l écar de producion documener ce poin apparaî perinen. Une seconde éape consise à uiliser l informaion conenue dans l inflaion e à esimer un NAIRU conjoinemen. La liaison enre le poeniel e le NAIRU passerai alors par une loi d Okun disposan d une dynamique spécifique afin de disinguer les effes de cour erme (cycle de producivié) des effes de long erme (effe de flexion). Comme l on monré Creel Heyer e Plane (2011) l hypohèse d un muliplicaeur budgéaire variable au cours du cycle es une hypohèse imporane pour comprendre la crise récene. Le modèle reenu peu êre éendu pour prendre en compe la possibilié d un muliplicaeur qui dépend de l écar de producion e permerai de proposer une validaion empirique de cee hypohèse différene de celle de Auerbach e Gorodnichenko (2010). L analyse du muliplicaeur budgéaire serai égalemen enrichie en disinguan les recees des dépenses voire en ayan une caégorisaion plus fine e en associan à chaque caégorie un profil emporel spécifique. L analyse faie du CICE dans l exercice de prévision de l OCE (voir les dernières prévisions Heyer Ducoudré Péléraux e Plane 2014) monre que par exemple dans le cas du CICE ce effe peu êre

94 92 Éric Heyer e Xavier Timbeau rès imporan e qu une impulsion agrégean dépenses e recees ou dépenses de naure différene peu êre nulle alors qu il y a un impac ne de la mesure sur l acivié e l emploi. Enfin le même modèle doi êre esé sur les aures grands pays développés afin de vérifier que la sélecion des variables proposées es robuse. Une esimaion joine des écars de producion (puisque l écar de producion de chaque pays dépend de celui des aures) évierai de reposer sur une évaluaion a priori du poeniel (en l occurrence celle de l OCDE) don on a vu les criiques qu on peu lui porer. Cee approche permerai d inroduire des conraines sur les paramères comme par exemple d êre égaux dans ous les pays considérés. En réduisan le degré de liberé on accroîrai ainsi la parcimonie de l approche. Références Agliea M «La poliique monéaire de la Banque Cenrale Européenne dans ous ses éas» noes de Terra Nova Auerbach A. e Y. Gorodnichenko 2010 «Measuring he oupu responses o fiscal policy» NBER Worjing Paper Bis nd Annual Repor Bank of Inernaional Selemens. Blo C. J. Creel and X. Timbeau 2015 «iags 2015 : Une Europe divisée e à bou de souffle» Bille du blog de l OCE 16 décembre 2014 hp:// Boone L «Comparing semi-srucural mehods o esimae unobserved variables: he HPMV and Kalman ilers approaches» Economics Deparmen Working Paper (240). Borio C. P. Disyaa e M. Juselius 2014 «A Parsimonious Approach o Incorporaing Economic Informaion in Measures of Poenial Oupu» BIS Working Papers (442) ; Borio C. P. Disyaa e M. Juselius 2013 Rehinking poenial oupu: Embedding informaion abou he financial cycle BIS Working Papers. Carabenciov I. R. Garcia-salos e D. Laxon 2011 «The Global Projecion Model wih 6 Regions» Imf Creel J. É. Heyer e M. Plane 2011 «Pei précis de poliique budgéaire par ous les emps» Revue de l OCE (116) : Croushore D. e Sark T «A funny hing happened on he way o he daa bank: A real-ime daa se for macroeconomiss» ederal Reserve Bank of Philadelphia Business Review 5(Ocober) :

95 Une évaluaion semi-srucurelle du poeniel d acivié pour la rance 93 D Auria. C. Denis K. Havik K. Mc Morrow C. Planas R. Raciborski A. Rossi 2010 The producion funcion mehodology for calculaing poenial growh raes and oupu gaps European Economy Economic Papers Vol. no doi: /43454 Doménech R. e V. Gómez 2006 «Esimaing Poenial Oupu Core Inflaion and he NAIRU as Laen Variables» Journal of Business e Economic Saisics 24(3) doi: / Ehrmann M. e. Smes 2001 «Uncerain Poenial Oupu: Implicaions or Moneary Policy» European Cenral Bank Working Paper Series 59(60). Gaiduch V. e B. Hun 2000 «Inflaion Targeing under Uncerainy» IM Working paper WP/00/158. Garra a. K. Lee E. Mise e K. Shields 2008 «Real-ime represenaions of he oupu gap» The Review of Economics and Saisics 90(November) doi: /res Hamilon J. D Time Series Analysis. Princeon Universiy Press. Harvey A. C orecasing Srucural Time Series Models and he Kalman iler. Cambridge Universiy Press. Harvey A. C Time Series Models. Harveser Wheasheaf. Havik K. K. M. Morrow. Orlandi C. Planas R. Raciborski W. Röger V. Vandermeulen 2014 «The Producion uncion Mehodology for Calculaing Poenial Growh Raes and Oupu Gaps» Economic Papers (535). doi: /71437 Heyer É. B. Ducoudré H. Péléraux e M. Plane 2014 «rance : croissance hors axes Perspecives économiques pour l économie française» Revue de l OCE Le piège de la déflaion perspecives sous la direcion de Xavier Timbeau 136. Heyer E. e R. Sampognaro 2015 «L impac des chocs économiques sur la croissance dans les pays développés depuis 2011» Revue de l OCE 138. Hirose Y. e S. Naganuma 2010 «Srucural esimaion of he oupu gap: A bayesian dsge approach» Economic Inquiry 48(4) doi: /j x Kuner K.N «Esimaing Poenial Oupu as a Laen Variable» Journal of Business e Economic Saisics 12(3) Laxon D. e R. Telow 1992 «A Simple Mulivariae iler for he Measuremen of Poenial Oupu» Bank of Canada Working Paper. Lequien M. e A. Monau 2014 «Croissance poenielle en rance e en zone euro: un our d horizon des méhodes d esimaion» Documen de ravail INSEE (G2014/09). Mise E.T. H. Kim e P. Newbold 2005 «On subopimaliy of he Hodrick- Presco filer a ime series endpoins» Journal of Macroeconomics 27(1) doi: /j.jmacro

96 94 Éric Heyer e Xavier Timbeau Orphanides A «Moneary Policy Evaluaion Wih Noisy Informaion» inance and Economics Discussion Series ederal Reserve Board Washingon Orphanides A «The ques for prosperiy wihou inflaion» Journal of Moneary Economics 50(3) doi: /s (03) X Orphanides A. e S. van Norden 2002 «The Unreliabiliy of Oupu-Gap Esimaes in Real Time» Review of Economics and Saisics 84(4) doi: / Orphanides A. R. D. Porer D. Reifschneider R. Telow e. inan 2000 «Errors in he measuremen of he oupu gap and he design of moneary policy» Journal of Economics and Business 52(1-2) doi: /s (99) Roberson J. C. e E.W. Tallman 1998 «Daa vinages and measuring forecas model performance» Economic Review (Q 4) Rudebusch G. D «Is he ed Too Timid? Moneary Policy in an Uncerain World» Review of Economics and Saisics 83(2) doi: / Runsler G The informaion conen of real-ime oupu gap esimaes: An applicaion o he Euro area. Smes «Oupu gap uncerainy: Does i maer for he Taylor rule?» Empirical Economics 27(1) doi: /s S-Aman P. e S. van Norden 1997 Measuremen of he Oupu Gap: A Discussion of Recen Research a he Bank of Canada Technical Repor of Bank of Canada 79. Serdyniak H. H. Le Bihan P. Cour e H. Delessy 1997 «Le aux de chômage d équilibre anciennes e nouvelles approches» Revue de l OCE 60(1) doi: /ofce Svensson L. E. O. e M. Woodford 2003 «Indicaor variables for opimal policy» Journal of Moneary Economics 50(3) : Swanson E.T «Signal Exracion and Non-Cerainy-Equivalence in Opimal Moneary Policy Rules» Macroeconomic Dynamics 8(01) : doi: /s Swison A. J «A U.S. inancial Condiions Index: Puing Credi Where Credi is Due» IM Working Paper 08/161. doi: / ssrn Timbeau X. (dir.) 2014 «Le piège de la déflaion Perspecives pour l économie mondiale» Revues de l OCE Le piège de la déflaion Perspecives Yeman J «Probing poenial oupu: Moneary policy credibiliy and opimal learning under uncerainy» Journal of Macroeconomics 25(3) doi: /s (03) Zdzienicka A. e D. urceri 2011 «How Cosly are Deb Crises?» IM Working paper 11/

97 ÉROSION DU TISSU PRODUCTI EN RANCE CAUSES ET REMÈDES Michel Agliea Universié Paris X e CEPII Xavier Rago OCE Sciences Po Ce exe présene une synhèse des faceurs à la fois macroéconomiques e microéconomiques de l érosion du issu producif français. Il par d'un résumé des divergences européennes pour préciser le diagnosic sur le issu producif français. Les prix immobiliers les divergences des coûs uniaires du ravail son des faceurs qui on indubiablemen pesé sur la renabilié du capial en rance. On discue ensuie la financiarisaion de la gouvernance des enreprises e l'on avance qu'elle peu consiuer un frein à la définiion de sraégies de long erme pour moner en gamme. Le renforcemen du issu producif passera par des effors imporans e coordonnés de oues les paries des enreprises. Mos clés : issu producif désindusrialisaion gouvernance d'enreprises. La désindusrialisaion de la rance e plus généralemen les difficulés des seceurs exposés à la concurrence inernaionale révèlen des endances macroéconomiques e microéconomiques œuvran en rance e en Europe depuis plus de dix ans. En effe si le momen propremen financier de la crise commençan en 2007 es le résula de l'explosion de la bulle immobilière américaine l'ampleur de l'impac sur l'économie européenne ne peu se comprendre que par des fragiliés auparavan ignorées. Ce exe présene une synhèse des faceurs à la fois macroéconomiques e microéconomiques de cee dérive producive. En effe des explicaions différenes voire divergenes son souven discuées pour jusifier les résulas décevans de l'économie Revue de l OCE 142 (2015)

98 96 Michel Agliea e Xavier Rago française noammen par rappor à l'allemagne. Les dees publiques la complexié adminisraive ou l'effe direc de la fiscalié son parfois avancés comme les causes principales. Ce exe s'oriene vers d'aures explicaions. Il par d'un résumé des divergences européennes pour préciser le diagnosic sur le issu producif français. Ensuie les données d'enreprises son uilisées pour aller au-delà des endances révélées par les grands agrégas. De ces analyses il ressor que les prix immobiliers les divergences des coûs uniaires du ravail son des faceurs qui on indubiablemen pesé sur la renabilié du capial en rance. Les enreprises on-elles su s'adaper à ces changemens macroéconomiques afin de moner en gamme de se moderniser de devenir plus producives? La réponse es négaive e c es bien au niveau des enreprises qu il fau idenifier les blocages. La roisième parie idenifie la financiarisaion de la gouvernance des enreprises comme la cause de leur difficulé à définir des sraégies de long erme pour moner en gamme. Le renforcemen du issu producif passera par des effors imporans e coordonnés de oues les paries des enreprises. Effors qui leur demanderon une gouvernance plus parenariale. 1. Les divergences européennes 1.1. Les différences de performance des exporaions son un indicaeur des divergences européennes Tou d'abord il fau reconnaîre que l'appréciaion de l'efficacié du issu producif français rese une quesion difficile. En effe des mesures de performance au niveau des enreprises comme la producivié où les dépenses de R&D son uiles mais elles risquen de cacher des dynamiques globales. Par exemple si seules les enreprises les plus producives surviven on peu assiser à une hausse conjoine des faillies e de la producivié que l'on observe par exemple dans les pays européens où l'emploi se conrace foremen. La producivié du ravail a cru en Espagne de 23 % par an enre 2009 e 2012 alors qu'elle n'a cru que de 14 % en Allemagne. De même la seule hausse des faillies peu cacher un mécanisme de réallocaion secorielle des seceurs anciens vers des seceurs correspondan mieux à la demande domesique.

99 Érosion du issu producif en rance : causes e remèdes 97 De ce fai une première lecure macroéconomique de l'efficacié du issu producif es uile. La capacié exporarice des pays es un indicaeur imporan de l'efficacié du issu producif naional. Plus précisémen la balance commerciale c'es-à-dire la différence enre les exporaions e les imporaions de biens e services es un premier indicaeur de l'efficacié relaive du issu producif. Les capaciés exporarices des pays son souven résumées sous le seul angle de la compéiivié des pays en comparan les seuls coûs de cerains faceurs. Cee approche es réducrice car la capacié exporarice des pays résume l'inserion générale des pays dans la division inernaionale du ravail c'es-à-dire la capacié d'un pays à vendre cher son ravail au rese du monde. Celle-ci dépend d'un ensemble de faceurs le prix des biens ceres mais aussi la spécialisaion secorielle e géographique ou encore la qualié des produis. Il y a plusieurs façons d'êre foremen exporaeur en valeur : vendre en masse des biens peu chers ou vendre à un prix élevé des biens de qualié. Les deux pays les plus exporaeurs du monde qui son la Chine e l'allemagne corresponden à ces deux cas exrêmes. Ensuie l'analyse des balances commerciales ne doi pas laisser penser que le bu des poliiques économiques es d'aeindre des balances commerciales les plus excédenaires possibles. Cee poliique mercanilise n'es pas une fin en soi. Une croissance durable un chômage e des inégaliés faibles : els devraien êre les objecifs des poliiques économiques e ceux-ci son compaibles avec différens niveaux de la balance commerciale. L'analyse de la balance commerciale de la rance doi se faire par rappor à un pays relaivemen comparable. Pour ces raisons la comparaison de la rance e de l'allemagne es ceres fréquene mais rese riplemen uile. Tou d'abord les ravaux de onagné e Gaulier (CAE 2009) monren en uilisan les données des douanes la relaive proximié de la rance e de l'allemagne en ermes de spécialisaion producive. Ensuie ces deux pays son les plus imporans de la zone euro ce qui jusifie que l'on s'aache à comprendre leur rajecoire économique à l aune de raisons poliiques. Enfin ces deux pays on connu des rajecoires exraordinairemen divergenes en ermes de balance commerciale ce qui perme de mieux idenifier les mécanismes en jeu : nous ne sommes pas ici dans les rais de plume de ceraines différences économiques.

100 98 Michel Agliea e Xavier Rago 1.2. La comparaison des balances commerciales de la rance e de l'allemagne perme de disinguer deux périodes rès différenes Le graphique 1 représene la balance commerciale de l'allemagne e de la rance. Dans un premier emps de 1993 à 2000 les excédens commerciaux de la rance e de l'allemagne évoluen de concer. Ensuie à parir du débu des années 2000 la balance commerciale de la rance se dégrade coninûmen d'un excéden de 2 % du PIB en 2000 à un défici de 2 % du PIB en Dans le même emps la balance commerciale de l'allemagne augmene jusqu'à un excéden proche de 7 % du PIB. Ce excéden commercial fai de l'allemagne un des pays les plus exporaeurs du monde. Si la hausse iniiale de la balance commerciale allemande provien de la chue imporane des imporaions c'es bien le dynamisme des exporaions qui prend le relai en De ce fai l'allemagne a subsiué la demande exerne à sa demande inerne. Dans le même emps on a assisé à une dégradaion coninue de la balance commerciale de l'ialie e de l'espagne. Graphique 1. Balance commerciale de la rance e de l Allemagne 8 En pourcenage du PIB 6 Allemagne rance Source : Eurosa. Cee mesure de l'efficacié relaive des sysèmes producifs monre donc la meilleure capacié de l'allemagne e des pays qui lui son dépendans commercialemen à s'inégrer dans la division inernaionale du ravail. Ceres la reconsrucion des pays de l'es puis la demande de la Chine on favorisé l'allemagne en ermes

101 Érosion du issu producif en rance : causes e remèdes 99 d'orienaion secorielle e géographique de la demande. Cependan les esimaions récenes monren que ces seuls effes son loin de pouvoir expliquer la différence enre la rajecoire allemande e française 1. Sans minimiser l'imporance des faceurs exernes à la zone euro on peu idenifier deux faceurs divergens enre les pays européens. Pour ce faire il fau revenir à l'évoluion des coûs des principaux faceurs de producion. En effe la producion des biens e services requier l'uilisaion de nombreux faceurs de producion : des biens e machines (le capial physique) le ravail l'énergie l'immobilier ec. Pendan la période suivan l'inroducion de la monnaie unique les prix des principaux faceurs de producion on foremen divergé enre les pays européens. Avan de revenir sur les causes de ces divergences revenons sur le consa La hausse du prix de l'immobilier en rance explique une parie de la différence avec l'allemagne La crise économique commencée en 2007 es d abord la conséquence de l éclaemen de la bulle immobilière dans un conexe de surendeemen des ménages. Ce surendeemen américain provien lui-même du crédi immobilier e dans une moindre mesure des aures formes de crédi (crédi à la consommaion ec.). L'accroissemen de l'endeemen e de l'accès à la propriéé a éé favorisé par les poliiques publiques probablemen comme subsiu aux poliiques de redisribuion vers les plus pauvres. Ainsi l'endeemen des ménages a éé un subsiu à un Éaprovidence suscepible d'élever le niveau de vie des plus pauvres 2. Le seceur immobilier a joué un rôle déerminan dans les déséquilibres mondiaux e européens. L augmenaion des prix immobiliers a éé à la fois la cause e la conséquence de l accroissemen de l endeemen. Aux Éas-Unis les prix de l immobilier on augmené de 40 % enre 2000 e 2006 puis on décru de 40 % enre 2006 e La dee des ménages rapporée à leur revenu a augmené de plus de 40 % enre 2000 e 2007 avan de décroîre 1. Voir le rappor CAE «À la recherche des pars de marché perdues» n 23 mai 2015 Maria Bas Lionel onagné Philippe Marine e Thierry Mayer. 2. Voir «Endeemen e inégaliés» M. Kumhof e R. Rancière inances & Développemen Décembre 2010 ainsi que Rajan Raghuram 2010 «aul Lines: How Hidden racures Sill Threaen he World Economy» Princeon New Jersey Princeon Universiy Press.

102 100 Michel Agliea e Xavier Rago de plus de 20 % enre 2007 e Ce processus de désendeemen (deleveraging) es donc avancé aux Éas-Unis. Enre 2007 e 2012 les prix immobiliers on décru en Europe de 10 % alors que la dee rapporée aux revenus a augmené de 10 %. Noons cependan que l ampleur de l ajusemen sera moindre en Europe car les excès d'endeemen on éé limiés 3. Comme on le verra dans ce aricle l augmenaion des prix de l immobilier n a pas seulemen conribué à l endeemen des ménages elle a aussi déformé les décisions d invesissemen des enreprises. Graphique 2. Indicaeurs des prix immobiliers dans rois pays européens 350 Base 100 en Espagne rance Allemagne Source : BCE compilaion d indicaeurs naionaux. L'Espagne a connu une muliplicaion par rois du prix de l'immobilier enre 1996 e 2007 puis une décroissance de près de 30 % depuis lors. La rance a connu un accroissemen de près de 25 fois du prix de l'immobilier enre 1996 e 2011 sans connaîre de réducion imporane du prix des logemens. Enfin l Allemagne n a pas connu de hausse des prix immobiliers sur plus d une décennie. Les prix immobiliers son resés consans depuis 1996 (graphique 2). Ces divergences son imporanes pour le niveau de 3. Selon la Banque de rance la dee des ménages français aein 84 % de leur revenu disponible bru conre 83 % en Allemagne 62 % en Ialie 112 % en Espagne e 137 % aux Éas-Unis (Banque de rance Taux d'endeemen des agens non-financiers Comparaison inernaionales 15 mail 2015).

103 Érosion du issu producif en rance : causes e remèdes 101 vie des ménages. Le logemen consiue le premier pose de dépense des ménages. Selon l'insee l'effor médian conseni pour le logemen es de 19 % du revenu des ménages en Ce effor es encore plus imporan pour les ménages achean aujourd'hui leur logemen. Pour ces derniers si les prix de l'immobilier français avaien suivi les prix allemands cela correspondrai à une hausse du revenu de près de 13 % Les pays qui on connu des aux d'inérê réels bas n'on pas invesi plus. Ils on connu une hausse de l'immobilier plus imporane Quelle es la cause de la divergence de l'immobilier? Bien qu'il soi difficile d'idenifier clairemen des causaliés an les divergences enre les pays on éé nombreuses il semble que les aux d'inérê réels faibles e les innovaions financières aien éé un faceur imporan dans le gonflemen des bulles immobilières (e des bulles de prix d'acifs en général) 5. En effe la convergence des aux d inérês nominaux après l'inroducion de l'euro s es accompagnée d une héérogénéié des aux d inflaion de elle sore que les aux d inérê réels (qui son les aux nominaux moins l'inflaion) on éé rès différens enre les pays. Plus précisémen les aux d'inérê sur les dees publiques son une bonne mesure de la base sur laquelle le coû du crédi es calculé. Ceux-ci on convergé de 1999 à 2008 pour êre presque égaux enre les pays. Dans le même emps les aux d inflaion son resés sensiblemen différens enre les pays. Enre 1999 e 2012 le aux d'inflaion annuel moyen éai de 09 % en Allemagne de 17 % en rance e de 26 % en Espagne. De fai l'écar des aux réels enre l'allemagne e l'espagne éai de plus de 15 % sur une période de 10 ans (1999 à 2009). L'évoluion des condiions de crédi du fai de la financiarisaion de l'économie e de la irisaion des acifs n'a pas donné lieu à une augmenaion de l'invesissemen suscepible d'augmener la producivié globale des faceurs dans l'économie (pays du sud de l'europe) mais à une hausse désabilisarice des prix immobiliers. En effe sur la même période la producivié 4. INSEE «La par du logemen dans le budge des ménages en 2010» INSEE Première mars Pour une discussion voir Dubecq Mojon e Rago «uzzy Capial Requiremens Risk- Shifing and he Risk Taking Channel of Moneary Policy» Inernaional Journal of Cenral Banking (à paraîre).

104 102 Michel Agliea e Xavier Rago globale des faceurs a augmené de 7 % en Allemagne de 5 % en rance e a chué d'environ 2 % en Espagne e 3 % en Ialie. Avan de mesurer oues les implicaions de l'effe de l'amélioraion des condiions de financemen dans la parie suivane il convien de s'arrêer sur l'aure grande divergence européenne la divergence des salaires Les prix du ravail on divergé depuis la réunificaion allemande. L'Allemagne a connu une modéraion salariale inédie À la divergence du prix de l'immobilier e des aux d'inérê réel s'ajoue celle plus fondamenale des salaires. Bien sûr ce n'es pas an le salaire nominal qui compe que le salaire corrigé des gains de producivié. Les hausses de salaire son normales e nécessaires lorsqu'elles corresponden aux gains de producivié. Ce n'es pas le cas des divergences observées en Europe. De 2000 à 2013 le coû salarial uniaire du ravail (qui ien compe des écars de producivié) a augmené de 16 % en rance par rappor à l Allemagne. Il a augmené de 8 % en Espagne par rappor à l'allemagne sur la même période. Ainsi selon cee mesure la rance es surévaluée de 16 % par rappor à l Allemagne 6. De manière plus générale les ravaux de Dusmann izenberger Schönberg e Spiz-Oener (2014) 7 monren l'ampleur de la divergence sur longue période. La mesure que prennen les aueurs es l'écar des coûs uniaires du ravail pour chaque pays par rappor aux mêmes coûs de leurs parenaires commerciaux. Cee esimaion représenée sur le graphique 3 perme donc de mesurer la compéiivié relaive des pays du fai de l'évoluion des salaires. L'Ialie a un niveau de coû du ravail ainsi mesuré 20 % supérieur aujourd'hui à ce qu'il éai en L'Allemagne a un coû du ravail 20 % inférieur à la rance par rappor à Les comparaisons européennes monren que c'es l'allemagne qui a connu une dynamique de modéraion salariale propremen excepionnelle depuis la 6. Pour une analyse plus approfondie des aux de change d'équilibre enre la rance e l'allemagne voir l'aricle de Mahilde Le Moigne e Xavier Rago sur les désajusemens enre la rance e l'allemagne dans ce numéro. Par ailleurs voir aussi le chapire 5 du rappor iags 2015 consacré à ce suje. 7. «rom Sick Man of Europe o Economic Supersar: Germany s Resurgen Economy» Chrisian Dusmann Bernd izenberger Ua Schönberg e Alexandra Spiz-Oener Journal of Economic Perspecives (28)1 pp prinemps 2014.

105 Érosion du issu producif en rance : causes e remèdes 103 Graphique 3. Évoluion de la compéiivié des pays mesurée par les coûs salariaux uniaires pondérés 14 Index 1995 = ITA ESP GBR RA 09 USA 08 DEU Source : Dusmann izenberger Schönberg e Spiz-Oener (2014). période de réunificaion allemande. La modéraion salariale allemande es le résula d'une décenralisaion des négociaions salariales rendues nécessaires par le coû économique de la réunificaion allemande (Dusmann e al. 2014). En effe le choix poliique de converir un mark de l'es en un mark de l'oues a considérablemen augmené les salaires de l'ex-allemagne de l'es sans lien avec la producivié effecive des enreprises. En pariculier le salaire dans le seceur des services marchands en Allemagne a éé presque consan depuis 20 ans. Cee modéraion salariale es oalemen aypique au sein de l'europe. Elle es le faceur explicaif de la faiblesse relaive de l'inflaion sur la période en Allemagne e donc de la divergence des aux d'inérê réel. Enfin le faible dynamisme des salaires e du pouvoir d'acha allemands n'a pas poussé à une hausse du prix de l'immobilier L'allocaion du ravail e le capial on peu réagi au profond changemen de prix relaifs L'Allemagne e les pays qui lui son inégrés commercialemen on connu des aux d'inérê réel relaivemen élevés e un coû du ravail faible. La rance e les pays du sud de l'europe on vécu une période de hausse relaive des salaires e de aux d'inérê réel

106 104 Michel Agliea e Xavier Rago faible. L'ampleur des divergences de coûs auraien dû enraîner une subsiuion imporane enre les faceurs : une subsiuion du ravail au capial dans les pays du nord de l'europe e une subsiuion du capial au ravail dans les pays du sud de l'europe : si le capial devien relaivemen moins cher que le ravail les enreprises devraien subsiuer des «ravailleurs par des machines» pour préserver leur producivié e leur renabilié. La comparaison des aux d'invesissemen 8 monre que ces ajusemens macroéconomiques n'on pas eu lieu. Le aux d'invesissemen es peu différen e sable en rance e en Allemagne. De plus d'aures indicaeurs comme le nombre de robos indiquen au conraire la moindre modernisaion du issu producif français. On comperai robos en Allemagne conre près de 5 fois moins en rance. De fai le seceur de l'immobilier a absorbé une par imporane des nouveaux crédis soi sous la forme d'une hausse du prix de l'immobilier soi du fai d une croissance disproporionnée du seceur de la consrucion comme en Espagne. Cee consaaion es imporane : l'amélioraion des condiions de financemen n'es pas une condiion suffisane de l'invesissemen producif. Elle peu êre désabilisarice dans un environnemen de bulle de prix d'acifs que la règlemenaion financière ne parvien pas à évier L'Europe fai face à une baisse de l'invesissemen depuis 2011 L'invesissemen européen monre une baisse rès nee depuis Pour la zone euro le niveau d'invesissemen es aujourd'hui inférieur de 12 % à son niveau d'avan-crise alors que le niveau de l'invesissemen aux Éas-Unis a dépassé son niveau d'avan-crise. Le défici d'invesissemen es difficile à évaluer car il es probable que la endance d'avan-crise soi le résula d'une croissance arificiellemen souenue par une bulle du crédi. Cependan on peu avancer que l'europe fai face à un défici d'invesissemen de plus de 300 milliards d euros. Les niveaux d'invesissemen en rance e en Allemagne n'on pas baissé de manière imporane par rappor à 8. rance-allemagne : performances comparées rance Sraégie décembre Voir l'aricle suivan pour une discussion des effes désabilisaeurs de aux d'inérê faibles. Challe Mojon Rago : «Equilibrium risk shifing and ineres rae in an opaque financial sysem» European Economic Review 63 pp

107 Érosion du issu producif en rance : causes e remèdes 105 l'espagne ou l'ialie. Comme on le verra cependan dans la parie suivane l'invesissemen en rance semble oriené vers l'immobilier e le renouvellemen du capial e non vers la monée en gamme. Le premier déerminan de la chue de l'invesissemen en Europe es le ralenissemen de l'acivié économique depuis 2011 dae de l'enrée en vigueur des poliiques de réducion rop rapide des déficis (alors que la période es une période de relance de l'acivié). Il es mainenan reconnu que l'europe connaî un défici de demande. Ce problème de demande subi depuis mainenan plusieurs années deviendra un problème d'offre car l'invesissemen es bien rop faible pour que les enreprises puissen inégrer les dernières formes de changemen echnique inégrées dans les nouvelles machines e biens capiaux. Cela laisse donc présager un ralenissemen du ryhme du changemen echnique que l'on commence à observer Le progrès echnique monre une rupure en 2008 Avan de considérer plus précisémen les enreprises françaises il es inéressan de comparer le ryhme de progrès echnique enre les pays européens pendan la période de divergence du prix des faceurs de producion. La noion de progrès echnique es aussi difficile à appréhender. Elle peu concerner à la fois l'augmenaion des volumes de producion mais aussi l'augmenaion de la qualié des biens e services qui son pariculièremen difficiles à mesurer. La qualié des services es en pariculier rès difficile à esimer 10. Une fois reconnues oues ces difficulés une approche a minima du progrès echnique consise à mesurer ce dernier de manière résiduelle c'es-à-dire comme l'augmenaion de la valeur des biens e services produis qui n'es pas expliquée par les hausses des heures ravaillées ou par l'accumulaion du capial c'es-à-dire par la producivié globale des faceurs (PG) elle que mesurée par l'ocde. Le graphique 4 représene la producivié globale des faceurs des grands pays européens e des Éas-Unis. Deux groupes de pays européens apparaissen neemen. La rance e l'allemagne connaissen des dynamiques similaires du progrès echnique 10. Le rappor Sigliz-Sen-ioussi«Rappor de la Commission sur la mesure des performances économiques e du progrès social» aborde ces difficulés.

108 106 Michel Agliea e Xavier Rago jusqu'à une dae récene. Le niveau du progrès echnique es un peu en deçà de celui des Éas-Unis pour les deux pays. Ainsi la divergence du niveau du progrès echnique ne semble pas êre la cause des divergences enre la rance e l'allemagne enre 1993 e 2008 bien que nous assisions peu-êre à une rupure de endance enre la rance e l'allemagne en L Espagne e l'ialie monren des signes inquiéans de ralenissemen du progrès echnique. Ce dernier semble sagner dans ces deux pays. La rupure des endances de la producivié globale des faceurs monre que cee mesure du progrès echnique n'es pas indépendane des condiions économiques. L'acivié économique produi ellemême du progrès echnique : c'es le domaine de la croissance endogène présenée dans la roisième parie de ce exe. Graphique 4. Producivié globale des faceurs USA DEU 115 RA ESP ITA Source : OCDE base 100 en Ces consaaions amènen à profondémen inerroger la promoion des poliiques d'offre en Europe. Selon cee mesure du progrès echnique la rance ne souffre pas de défici d'innovaion conrairemen semble--il à l'ialie e à l'espagne. Le problème macroéconomique français (avan 2008) es ainsi davanage le résula du mouvemen du prix des faceurs de producion du fai de la divergence européenne que d'un ralenissemen du changemen echnique. Depuis 2008 on observe une sagnaion inquiéane du progrès echnique en rance.

109 Érosion du issu producif en rance : causes e remèdes 107 Ce premier consa macroéconomique doi êre mainenan validé par une approche au niveau des enreprises qui es l'obje de la parie suivane. 2. De la financiarisaion des enreprises au mode de gouvernance Quelles sraégies on éé déployées par les enreprises pour s'adaper à ces évoluions majeures de l'environnemen économique? La réponse à cee quesion demande de se concenrer sur les données d'enreprises pour faire le lien enre la macro e la microéconomie. Cee secion s'arrêe à l'enié «enreprise» alors que la secion suivane aborde la gouvernance des enreprises pour comprendre l'origine des sraégies des enreprises. Le résula de l'analyse présenée dans cee parie es que la rance connaî une siuaion paradoxale. La rance es le seul pays où le aux d invesissemen n a pas baissé en moyenne e depuis 1999 alors que le aux de marge a subi l une des baisses les plus sévères e que la renabilié du capial a chué 11. Ceres le coû du crédi a éé divisé par deux en rance depuis 2000 ce qui a encouragé foremen l endeemen. Cependan l'invesissemen supplémenaire financé par endeemen n'a pas éé un invesissemen de modernisaion e de monée en gamme mais pluô de remplacemen du capial exisan e d'acha des biens immobiliers 12. Cela veu dire que l invesissemen immobilier es recherché comme une classe d acifs s auo-valorisan dans les bilans des enreprises servan de collaéral pour de nouveaux crédis à des condiions avanageuses alors que les aux d invesissemens producifs on diminué dans l indusrie manufacurière. L'analyse des données d'enreprises fai apparaîre de nombreux raios qu'il peu êre fasidieux de commener de manière exhausive. On résume l'analyse en avançan des consaaions paran des aux de marge pour aborder le aux d'épargne des enreprises les aux d'endeemen e enfin l'invesissemen. 11. Voir «La reprise qui s'annonce» Revue de l'oce n 138 page 117 pour une analyse quaniaive. 12. Voir le rappor 2014 de l'observaoire du financemen des enreprises pour une analyse chiffrée.

110 108 Michel Agliea e Xavier Rago 2.1. La baisse du aux de marge des enreprises concerne les seceurs exposés à la concurrence inernaionale Le aux de marge moyen des SN monre une relaive sabilié sur la période 2000 à Cependan cee sabilié moyenne cache une fore héérogénéié comme le monre le graphique 5. Graphique 5. Taux de marge des enreprises non financières dans les grands seceurs de l économie 40 En % 35 Indusrie SN Services marchands (hors immobilier) Consrucion Source : Insee compes naionaux base 2005 aux de marge au coû des faceurs. Le aux de marge de l'indusrie a chué de 7 poins de 35 % à 28 % alors que le aux de marge du seceur la consrucion a augmené de 10 à 17 % sur la période (INSEE). Le aux de marge des enreprises du seceur des services es resé relaivemen sable. Le seceur indusriel représene 80 % des exporaions françaises e es donc le plus exposé à la concurrence inernaionale. Cee consaaion es connue depuis le rappor Gallois 13. Les données d'enreprises permeen mainenan de mieux comprendre les héérogénéiés. 13. Les données récenes monren des évoluions rapides du fai des mesures fiscales ype CICE. On assise récemmen a une monée du aux de marge dans l'indusrie. Cependan la remonée des aux de marge dans l indusrie semble surou liée à la baisse des prix du pérole qui rédui les coûs des consommaions inermédiaires qui ne son pas inégralemen répercués dans les prix de VA.

111 Érosion du issu producif en rance : causes e remèdes Le aux de marge des enreprises les plus fragiles a chué Le rappor de l Observaoire du financemen des enreprises (OE) perme une analyse plus fine des effes de aille 14. Pour oues les ailles d'enreprises (PME ETI GE) la disribuion des aux de marge es rès éalée. Auremen di les performances des enreprises son rès héérogènes. La crise a frappé plus duremen les enreprises déjà les moins performanes dans la période Les aux de marge son devenus neemen négaifs dans les PME e ETI du premier décile où se rouve la plus grande par des faillies survenues depuis Le aux d'épargne des enreprises baisse coninûmen depuis 2000 passan de 16 % en 2000 à 13 % en 2012 Cela condui à la quesion du passage enre le aux de marge e la siuaion financière des enreprises. Pour faire simple le aux d'épargne des enreprises es le aux de marge moins le paiemen du coû du capial (inérês e dividendes) e de l'impô sur les sociéés. Alors que la rance se siuai dans l évoluion moyenne des pays européens (hormis l Espagne) pour l évoluion du aux de marge de l ensemble des SN il n en es plus du ou de même pour l épargne des enreprises. La rance es le pays où le aux d épargne donc la capacié d auofinancemen des enreprises s es presque coninuellemen dégradé depuis 2000 (Banque de rance données IBEN INSEE raiemen OE). Les capaciés d auofinancemen on progressé de manière coninue aux Éas-Unis du fai d'une baisse permanene des revenus salariaux dans la valeur ajouée ; ce qui a permis aux aux de marge de coninuer à moner en pleine crise. Le aux d épargne a égalemen augmené en Allemagne. La baisse du aux d'épargne provien-elle de la baisse du aux de marge ou de l'augmenaion du coû du capial? Les données sur les PME monren que le aux d'épargne a baissé de 2 % passan de 136 % en 2000 à 116 % en 2012 e que cee baisse cache des effes de composiion imporans. Tou d'abord le aux de marge a effecivemen baissé de 2 % pour les PME sur la période passan de 231 % à 209 %. Ensuie le coû du capial a augmené de 2 % 14. Rappor sur la siuaion économique e financière des PME Observaoire du financemen des enreprises janvier 2014.

112 110 Michel Agliea e Xavier Rago alors que coû des impôs e ransfers (don impôs sur les sociéés) a baissé de 2 % aussi. Ainsi en dépi comme on va le voir ci-dessous d une monée permanene de l endeemen la baisse des aux d inérê a conenu la charge financière. Le phénomène majeur es l augmenaion rès fore des dividendes versés que compense la baisse des impôs. On se rouve devan le ransfer de revenus impliqués par la financiarisaion qui englobe oues les ailles d enreprises L'endeemen des enreprises a considérablemen augmené depuis 2004 sans que cela ne se raduise par une hausse des inérês du fai de la baisse des aux d'inérê Les données de la Banque de rance (IBEN) monren que le passif financier des enreprises rapporé à leur valeur ajouée a considérablemen augmené (de 25 %) depuis 2004 pour oues les ailles d'enreprises. La financiarisaion (mesurée ici par la aille du passif financier) es impulsée par le développemen de la croissance exerne des enreprises dans la srucure de groupe sous forme d acquisiions par LBO e de filialisaion ; ce qui augmene à la fois l endeemen e crée des paricipaions financières lesquelles induisen des paiemens de dividendes. Il s ensui un prolongemen des sraégies financières à oues les ailles d enreprises. La conséquence es une augmenaion imporane de la aille des passifs en proporion de la valeur ajouée pour oues les ailles d enreprises. Cependan depuis la crise de la zone euro le processus es moins généralisé. Ce son les grandes enreprises déachées de l emprise bancaire par leur capacié à émere des obligaions qui coninuen à s endeer à un ryhme rès rapide. Elles alimenen les aures enreprises par les financemens inra-groupes. Mais celles-ci subissen néanmoins la dégradaion des condiions de crédi bancaire Une renabilié des enreprises en baisse : 62 % à moins de 5 % de 2000 à 2012 Une mesure imporane pour l'invesissemen e la dynamique des enreprises es la renabilié du capial. Cee dernière peu êre mesurée par le raio de l excéden ne d exploiaion aux acifs fixes

113 Érosion du issu producif en rance : causes e remèdes 111 évalués par la somme des immobilisaions e du besoin de fonds de roulemen. Les renabiliés des enreprises de oues ailles son foremen corrélées e décroissen d'environ 15 % c'es-à-dire de manière rès significaive (OE). Le rendemen du capial variableclé dans les économies capialises a donc chué en rance sur la période Cependan en dépi d une baisse sévère de la renabilié le aux d invesissemen se mainien dans oues les caégories d enreprises Comme il a éé rappelé plus hau la rance es le seul pays où le aux d invesissemen n a pas baissé alors que c es celui où la renabilié du capial a subi l une des baisses les plus sévères. Quel es le ype d'invesissemen réalisé par les enreprises? À ce jour on dispose de peu de données sur la naure de l'invesissemen de ces dernières. Cependan il apparaî que l'immobilier es une composane imporane de la valeur de l'invesissemen poré exclusivemen par la hausse du prix de l'immobilier e non par la hausse des surfaces acheées 15. On rouve ici l'effe direc du doublemen du prix de l'immobilier discué dans la première parie de ce exe. Les données d'enreprise confirmen donc la baisse du aux de marge e du aux d'épargne. L'analyse monre des endances profondes. La première es l'accroissemen du passif financier des enreprises. La seconde es l'accroissemen des dividendes ceres compensé par une baisse des frais financiers. Il es cependan légiime de s'inerroger sur l'impac de la hausse des charges financières si les aux d'inérê remonaien. Il n'es pas sûr qu'une baisse des dividendes permee une sabilié de la rémunéraion du capial! Il es emps de rechercher un socle héorique pour comprendre les inciaions qui conduisen à ces évoluions insolies. Il se rouve dans le principe de la gouvernance acionnariale qui a ransformé en business model ce que l on peu appeler le modèle Wall Sree. 15. Voir le rappor OE cié plus hau.

114 112 Michel Agliea e Xavier Rago 3. Transformer la gouvernance des enreprises On a monré dans les deux paries précédenes que des problèmes macroéconomiques doiven êre surmonés pour mere en œuvre une poliique de l offre efficace. Des problèmes d organisaion du issu producif se posen aussi pour que des sysèmes d innovaion soien capables de promouvoir l invesissemen avec une envergure e une diversié suffisanes pour parvenir à ransformer le régime de croissance. Rese que le niveau crucial es celui de l enreprise. C es le lieu où se renconren les paries prenanes de l invesissemen celui où se formen les projes qui peuven changer l avenir. La longue baisse de l invesissemen producif depuis la crise pose un problème vial. Car sans invesissemen souenu après une si longue période de marasme aucun rebond de croissance ne peu enir. Après avoir mis en cause les coûs la finance e les poliiques publiques il serai érange de ne pas s inerroger sur les processus à ravers lesquels les décisions d invesir ou de ne pas invesir se prennen c es-à-dire la gouvernance des enreprises. La gouvernance des enreprises n a pas éé exempe des influences de la financiarisaion qui on mené à la crise financière généralisée. Les excès e les disorsions n on pas épargné l enreprise avec en rance l influence de la mode d origine anglosaxonne de la gouvernance acionnariale. Cee quesion doi êre éudiée avec aenion pour indiquer quel serai un modèle d enreprise capable d impliquer ous ceux qui conribuen à l effor producif Enreprises financiarisées e gouvernance acionnariale Que veu dire «enreprise financiarisée»? Ce n es pas seulemen qu elle a des financemens exernes e des acionnaires ce qui serai banal. C es une finance dans laquelle les drois de propriéé son supposés circuler sans aucune fricion. Tou poreur d épargne n impore où dans le monde es acionnaire poeniel de n impore quelle enreprise coée dans un pays insauran la parfaie liberé des mouvemens de capiaux. Les enreprises financiarisées son sous l influence d une finance qui es elle-même sous l emprise du fondamenalisme du marché. Les acionnaires son dispersés e n on pas d aache avec les enreprises. Ils son acifs

115 Érosion du issu producif en rance : causes e remèdes 113 dans un sens bien pariculier qui n a rien à voir avec l implicaion dans les enreprises. Leur acivié consise à enrer e sorir du capial des enreprises en foncion des indicaions du marché boursier. Il s ensui que la roaion moyenne des acions dans les pays de l OCDE qui éai de 5 ans à la fin des années 1960 es ombée à 5 mois à la fin des années Le marché boursier es donc l unique représenan de l inérê des acionnaires dispersés. Si le marché boursier éai parfaiemen efficien c es-à-dire si la valeur boursière des enreprises représenai exacemen à ou momen leur conribuion au bien-êre social iner-emporel le marché boursier se confondrai avec l inérê général. Il exercerai un conrôle anonyme sur les enreprises. Le fai que les enreprises soien en permanence sous la menace d acionnaires poeniels cherchan à maximiser le rendemen oal de leurs invesissemens (rendemen du dividende + gains anicipés du capial) serai une preuve de bonne gouvernance. L enreprise se dissoudrai dans l équilibre général des marchés comme le veu la héorie néo-classique. En revanche si le marché boursier e la finance en général dans laquelle il es plongé n on pas cee capacié car le marché boursier ne peu pas êre efficien dans une finance qui ne l es pas se pose alors un problème de conrôle social des enreprises. Pour que l acivié des enreprises soi conforme à l inérê général il fau définir des principes e des règles de gesion vis-à-vis desquelles les enreprises doiven êre conrôlées. Les rappors de l enreprise à son exérieur ne peuven se réduire à des relaions marchandes. Une conradicion apparaî enre la dispersion de l acionnaria e le pouvoir requis pour le conrôle. La valeur acionnariale es le principe normaif invené pour ener de surmoner cee conradicion 16. La finance devan l inceriude : momenum conre efficience Lorsqu on énonce que la finance es efficiene on sous-enend une proposiion que ou le monde peu acceper : le marché financier a la capacié d organiser l informaion de manière que oue l évoluion passée des prix es conenue dans le prix couran. Mais 16. Hansmann H. e Kraakman R. (2001) «The End of Hisory for Corporae law» Georgeown Law Journal (89) pp

116 114 Michel Agliea e Xavier Rago la héorie orhodoxe de la finance énonce une proposiion concernan la coordinaion par le fuur qui n es pas conenue dans la précédene. Elle sipule une double hypohèse concernan l aiude face au risque e l appréhension du fuur. La première hypohèse pose que l aiude face au risque des paricipans au marché es une consane psychologique donc indépendane de leurs ineracions réciproques dans le marché. Cee hypohèse perme d agréger les aceurs en un seul agen représenaif. La seconde es que l ensemble des aceurs infère de l informaion disponible le «vrai» modèle d évoluion de l économie. Cela veu dire que l anicipaion des rendemens fuurs de leurs acifs e l évaluaion des peres couveres par leur capial économique reposen sur des lois de probabilié gaussiennes. Puisque ces lois de probabilié son supposées êre la «vraie» représenaion de l inceriude le risque pris par les invesisseurs es oujours correcemen évalué. Il s ensui qu il n y a jamais de conraine de bilan. Les rendemens ajusés du risque de ous les acifs s égalisen à l équilibre. Les acifs son donc parfaiemen subsiuables. Leurs valeurs fondamenales son donc parfaiemen déerminées. Dans cee représenaion les chocs qui provoquen des déviaions des prix de marché par rappor aux valeurs fondamenales son exogènes. Ces déviaions offren aux spéculaeurs la possibilié d arbirages gagnans en parian sur le reour à la valeur fondamenale. Ces spéculaeurs éan les agens les mieux informés ils enraînen l ensemble du marché ; d où la sabilié macroéconomique. Car la valeur fondamenale éan oujours connue de ous la spéculaion es sabilisane parce que c es la seule qui soi gagnane. Il s ensui que pour rendre compe de la réalié observée c es-àdire des dérives cumulaives de l expansion du crédi e des prix d acifs conduisan à des crises financières récurrenes il fau nécessairemen changer de paradigme. Il fau admere l hypohèse de l inceriude. Cela veu dire que le emps du fuur n es pas homogène à celui du passé. Le fuur es le emps conrefacuel des croyances qui es héérogène au emps chronologique selon lequel on observe des régulariés passées. La finance es un commerce de promesses. Le fuur n es mû que par des croyances lesquelles prennen l allure de régulariés perverses dans les périodes euphoriques de momenum. La finance ne révèle pas des valeurs

117 Érosion du issu producif en rance : causes e remèdes 115 fondamenales prédéerminées elle crée des valeurs par polarisaion de croyances sur des poins focaux ou convenions dans les marchés. Les aceurs des marchés provoquen l effe réflexif du fuur sur le présen. Un fuur convenionnel déclenchera une sraégie d enreprise un aure fuur mènera à une rajecoire différene. Ces polarisaions sur des vues collecives du fuur se formen parce que l aiude face au risque n es pas la consane psychologique individuelle que posule la héorie de l efficience. Dans une démarche posiive il fau élaborer une aure hypohèse qui adme la variabilié de l aiude face au risque incorporée dans le prix du risque. Comme Keynes y a insisé le prix du risque es une variable endogène de la dynamique du marché. C es la marque de l inceriude dans les comporemens individuels. La variaion du prix du risque provoque une logique d amplificaion (momenum) à l opposé du reour vers l équilibre (mean reversion). La dynamique qui en découle rouve un écho dans l hypohèse d insabilié inrinsèque de la finance énoncée par Hyman Minsky (1986) 17. Le dilemme de la finance es alors le suivan : plus le prix du risque incorporé dans les prix des acifs es bas plus la finance es vulnérable au risque sysémique. Ce dilemme exprime une ineracion des niveaux micro e macroéconomiques opposée à la héorie «orhodoxe». La coordinaion par le fuur produi des aiudes collecives face au risque qui von de l euphorie au sress e à la panique : le risque es surévalué e devien sysémique dans les crises parce qu il a éé sous-évalué dans les euphories collecives anérieures. Dans un débu de cycle le bas coû de l inermédiaion financière s auo-enreien e nourri le boom expansionnise par son ineracion avec la baisse du prix du risque le levier e la valorisaion spéculaive des acifs qui se ransme à l économie réelle par la hausse de la richesse des agens non-financiers. Il en résule un processus d amplificaion par ineracion du levier d endeemen e de la hausse des prix d acifs. L ineracion du levier e de la hausse des prix d acifs éan procyclique dans ce schéma l acivié économique s élève avec la hausse de la richesse des agens non-financiers. Les banques e les inermédiaires de marché son les principaux veceurs de l amplifi- 17. Hyman Minsky Sabilizing an Unsable Economy Mac Graw Hill 1986.

118 116 Michel Agliea e Xavier Rago caion. En effe pour un niveau donné de levier bancaire la hausse du prix des acifs mis en collaéral des prês bancaires accroî la disance au défau (= valeur de marché du collaéral - valeur faciale des crédis/valeur faciale des crédis) elle qu elle es déduie des modèles VaR fondés sur des lois de probabilié gaussiennes. Elle rédui la probabilié de défau qui es calculée par ces modèles e qui es foncion inverse de la disance. Il s ensui que la valorisaion en mark-o-marke indui les banques à faire ravailler du capial considéré comme excédenaire pour augmener leur renabilié financière. Elles accroissen leur levier pour disribuer le crédi à ous ceux qui enren dans le marché airés par les gains en capial espérés de l acha d acifs. L offre de crédi par les banques e la demande de crédi par les spéculaeurs augmenen donc en même emps. igure 1. Les enchaînemens de la phase expansive du cycle financier Anicipaion de des prix d acifs Conraine de funding déendue Transformaion de mauriés Levier croissan Prix du risque décroissan Prix des acifs croissans Richesse croissane Les aceurs de marché son financés à crédi conre un collaéral qui es l acif spéculaif lui-même. Ils on comme leurs prêeurs inérê à reser dans le momenum dès lors qu il n exise pas de valeur fondamenale jouan le rôle de benchmark inconesable dans le marché. C es pourquoi les leviers de dees s accroissen en même emps que le prix des acifs mone jusqu à des niveaux qui apparaîron ulérieuremen excessifs. L offre de crédi par les banques e la demande de crédi par les spéculaeurs augmenen en même emps. Le spread de crédi ne s accroî pas bien que l exposiion à la dee des empruneurs

119 Érosion du issu producif en rance : causes e remèdes 117 s élève avec la hausse de l offre de crédi. Un risque d insolvabilié s accumule dans les bilans en resan dissimulé an que le momenum se poursui. Il se loge dans la probabilié invisible de l éclaemen de la bulle spéculaive. Une des caracérisiques les plus specaculaires de l énorme expansion de l endeemen qui a financé la spéculaion immobilière a éé l écrasemen des spreads de crédi pendan les années 2003 à Cela apparaîra ulérieuremen comme une sous-évaluaion grossière du risque mais c es la conséquence de la baisse endogène du prix du risque. Cela n a pas airé l aenion des régulaeurs e des banques cenrales pendan que le processus se déroulai. Dans leur cadre héorique ils avaien oues raisons de penser que les innovaions financières amélioreraien la compléude des marchés donc les opporuniés de disséminer le risque e que les agens raionnels sauraien s en saisir de manière opimale. Le fai que le risque caché s accumule ou en resan dissimulé dans les bilans e plus généralemen dans les formes muliples de l exposiion à la variabilié des prix d acifs es inhéren à la logique du momenum laquelle es niée par le concep de l efficience financière. Pouran dans cee logique la sous-esimaion du risque résule de l absence de benchmark exérieur à la valorisaion auoréférenielle des acifs que produi la finance. Du fai du levier d endeemen ce risque s inscri dans les bilans. Il n es pas seulemen individuel puisque les bilans son inerdépendans. Il se développe sous la forme de vulnérabiliés financières. La relaion d agence : une héorie asymérique de l enreprise Il s es donc développé une finance dominée par des logiques cumulaives scandées par des crises en même emps que l épargne insiuionnelle prenai de l ampleur sur l épargne individuelle. Les fonds de pension e assureurs géran cee épargne on avan ou le souci de la diversificaion donc de l acionnaria dispersé sans aache avec les enreprises où ils invesissen. Ces évoluions on renforcé une endance déjà ancienne de séparaion de la propriéé e du conrôle qui s es affirmée avec la prépondérance après la Seconde Guerre mondiale des grandes enreprises indusrielles muli-produis. Pour pouvoir éablir un lien enre propriéé e conrôle il fau définir ce que peu bien signifier la propriéé d une enreprise. En

120 118 Michel Agliea e Xavier Rago effe l enreprise es une enié collecive un groupemen humain dédié à la producion d uiliés sociales. Un groupemen humain ne peu apparenir à personne dès lors que l esclavage es aboli. Car cela n a pas de sens de considérer les acionnaires comme des propriéaires de l enreprise dans l accepion du droi civil de la propriéé d un suje sur un obje (usus e abusus). Aussi dans l enreprise de l époque die fordise après la Seconde Guerre mondiale le conrôle revin aux managers au sein d une echnosrucure. La gouvernance managériale paraissai devoir s imposer une fois pour oues. C es avec le déclin du régime de croissance fordise dans la monée de l inflaion des années 1970 que la criique de ce ype de gouvernance comme relais du processus inflaionnise pri racine. La criique la plus radicale fu celle de ama e Jensen 18. Elle avai des affiniés éroies avec la criique conemporaine de la poliique économique par Lucas consiuan des branches complémenaires de l École de Chicago. Ce qui es esseniel de comprendre c es que les deux aueurs rejeaien l idée selon laquelle la firme a des propriéaires. Mais ils écaraien aussi la proposiion selon laquelle c es une organisaion auonome. Le poin de vue mainenu es qu il fallai pouvoir sinon dissoudre la firme dans le marché du moins assimiler le sysème de relaions qu elle consiue à des rappors pseudo-marchands ; d où la définiion de la firme comme nœud de conras enre les faceurs de producion délivran des services à l économie. Personne ne peu posséder des conras mais ceux-ci peuven êre asymériques donnan lieu à des relaions d agence. Dans une elle relaion c es le devoir de l agence de se conformer aux préférences du principal. Parmi les paries prenanes les acionnaires offren les services de la liquidié e de la prise de risque. Leur posiion de principal dans la relaion d agence es enue pour exclusive parce que les acionnaires son supposés êre les seuls à prendre des risques qui ne son pas incorporés dans des conras comples. Pour le rese les aures marchés foncionnen parfaiemen de sore que les aures paries prenanes son rémunérées à leur conribuion marginale à la producion de valeur de l enreprise. L incompléude supposée de la relaion enre les acionnaires e les managers fai des premiers les ayan-drois 18. E. amae M. Jensen «Agency problems and residual claims» Journal of Law and Economics (26) pp

121 Érosion du issu producif en rance : causes e remèdes 119 résiduels don les coûs d agence doiven êre compensés par l assurance que l enreprise es gérée dans leurs inérês. De la relaion d agence à la gouvernance acionnariale : le principe de la valeur acionnariale e ses conséquences sur la gesion des enreprises La héorie de l agence a eu une influence profonde sur la gouvernance d enreprise. Dans les années 1980 les cabines de conseil de gesion don le célèbre cabine Sern & Sewar s en son emparés pour élaborer un proocole opéraionnel de la relaion «principal agen» fondé sur la valeur acionnariale devenan une norme universelle de gesion. La valeur acionnariale impose aux enreprises de maximiser un surplus appelé EVA (economic value added) ou valeur ajouée économique crière de gesion breveé au débu des années 1990 par le cabine Sern & Sewar. L encadré ci-dessous défini l EVA e monre commen ce surplus se raache au bilan de l enreprise. L EVA consise à faire de faire de l objecif de renabilié de l enreprise une norme selon laquelle le rendemen d équilibre es enu pour un rendemen minimum. Puisque ce surplus es un excéden en sus de la rémunéraion d équilibre des fonds propres c es une rene prélevée par les acionnaires. C es donc l impéraif de maximiser une rene en sus de l équilibre du capial c es-à-dire un crière de déséquilibre par rappor à l hypohèse des marchés efficiens qui es la raison d êre de la valeur acionnariale. En effe si un invesissemen producif rappore un rendemen égal au rendemen d équilibre du capial le crière de l EVA considère qu aucune valeur économique n a éé créée. Pire si un invesissemen rappore un rendemen inférieur au rendemen du marché mais posiif donc conribuan à créer de la valeur pour la sociéé le crière de l EVA déclare qu il y a desrucion de valeur! Il n es donc pas possible de respecer sysémaiquemen cee norme sinon par un levier croissan au bilan ou en espéran que la hausse de l endeemen sera possible à des aux d inérê suffisammen bas. Cee logique dévoyée ne peu se déployer que si des inciaions perverses son communiquées aux managers qui définissen les sraégies des enreprises par des règles de gouvernance endan à aligner les inérês des managers sur ceux des acionnaires. Plusieurs expédiens y paricipen : rémunéraions «salariales» déerminées dans une surenchère d une enreprise à l aure disribuion d opions

122 120 Michel Agliea e Xavier Rago grauies sur les acions reraies-chapeaux e aures avanages arbiraires. On comprend qu avec un el déournemen des règles du calcul économique raionnel ces inciaions von se déployer e perverir oue la macroéconomie : croissance répariion siuaion financière. Voyons cela de plus près. Hormis sa foncion opéraionnelle dans la gesion des enreprises l EVA a une foncion informaionnelle. Les analyses financiers de ou poil considèren ce crière comme le plus perinen pour prévoir les cours boursiers. C es un crière ambivalen puisque son calcul mélange des données compables e d aures issues des valeurs de marché (voir encadré). Encadré Définiion de l EVA Soi ρ le rendemen d équilibre des acions de l enreprise déerminé par le MEDA (modèle d équilibre des acifs financiers) e P la valeur compable des fonds propres. Le «juse reour des acionnaires» es : ρ.p Soi R le résula ne de l enreprise avan disribuion des dividendes e impôs EVA = R ρ.p Relaions au bilan Le rendemen des fonds propres (reurn on equiy) es : ROE = R / P Il s ensui que : EVA = (ROE ρ). (P). Soi ROA (reurn on asses) le rendemen sur les acifs permanens de l enreprise (K) définis comme la somme des immobilisaions e du besoin en fonds de roulemen avec l égalié de l acif e du passif : K = P + D où D es la valeur de la dee d une durée 1 an. Puisque le financemen des acifs de l enreprise englobe les fonds propres e la dee le numéraeur perinen du ROA es le résula ne d exploiaion : R e = R + rd. Le rendemen des acifs es donc : ROA = R e / (P + D). E la valeur acionnariale : EVA = R e (ρ.p + r.d) = [(R e / K) (ρ.p + r.d) / (P + D)]. (P + D) Cee expression fai apparaîre le coû moyen pondéré du capial : (ρ.p + r.d) / (P + D) = C mpc que l on peu réécrire : C mpc = ρ (ρ r). (d / 1 + d). En posan d = (D / P) qui es le levier sur les fonds propres.

123 Érosion du issu producif en rance : causes e remèdes 121 Don on dédui l EVA : EVA = (ROA C mpc )K. Enfin la valeur acionnariale évaluée par le marché boursier es MVA (marke value added) : T EVA MVA = 0. 0 (1 + C mpc) Relaion enre valeur acionnariale e accumulaion du capial Dès que ρ > r C mpc es foncion décroissane du levier (d) ; ce qui enraîne les cours boursiers à la hausse. Définissons l épargne de l enreprise : S = R e rd DIV. Le aux de disribuion des dividendes es div = DIV/K par unié de capial. L invesissemen ne es : K + 1 K = I δ K = S + D + 1 D δ K δ : aux de déclassemen du capial. En se limian aux régimes de croissance saionnaire où le aux d accumulaion g e le aux d endeemen rapporé au sock de capial d / (1 + d) son consans on déermine le aux de croissance du capial : [r + (ρ r div)] (1 + d) où div = DIV / K es le aux de disribuion des dividendes. Il y a donc un rade-off enre la disribuion de dividendes e l impac du levier de dee sur l accumulaion du capial : Si div < ρ r l effe de levier élève le aux de croissance Si div > ρ r l effe s inverse. Le dilemme de l endeemen Posons l = D / K= d / (1 + d) le levier d endeemen rapporé aux acifs permanens de l enreprise. Comporemen des banques Le aux de rendemen anicipé refléé par la valeur fondamenale du marché boursier es E(ρ) où ρ = ε E(ρ) avec ε une variable aléaoire de moyenne uniaire don la densié de probabilié es f e la foncion de répariion cumulaive du risque. On fai l hypohèse opimise que ous les fonds propres peuven êre uilisés en collaéral du crédi e liquidés à la valeur inscrie au bilan. Un débieur sera répué insolvable lorsque l inégalié suivane es vérifiée : ρ ( 1+ r ) l ( 1 l) = ( 2 + r) l 1 ou encore ε < ε 0 avec ε ( 2 + r) l 1 0 =. E ( ρ) Les banques déerminen leur limie d offre de prês à parir d une probabilié maximale olérable Π de peres sur leur porefeuille de prês : Pr {ε ε 0 } = Π.

124 122 Michel Agliea e Xavier Rago En prenan la foncion inverse de le aux d endeemen maximal l max es el que : 1( ) ( 2 + r) l 1 ε 0 = Π = max E( ρ) ( Π) e lmax =. E ρ 2 + r Comporemen des acionnaires Ils son inéressés par le rendemen financier sur les fonds propres donc par l EVA : P δk rd ρ rl l R = = = ρ + ( ρ r) K D 1 l 1 l où P es l excéden bru d exploiaion (EBE). Le rendemen financier es foncion croissane du levier d endeemen. Lorsque les acionnaires son en posiion d exiger un rendemen financier minimum supérieur au aux de rendemen économique ils imposen en même emps un levier minimum : l Rmin E( ρ) E(R) > R min implique 1 l ρ donc un aux d endeemen minimum : Le dilemme ( ) ( ρ ) R E l min min = Rmin r E( ) r Il ne peu exiser un régime de croissance régulière que si le aux d endeemen d équilibre es compris enre deux limies résulan de deux conraines qui exprimen l agencemen insiuionnel des pouvoirs de conrôle sur les enreprises : l min l l max On peu remarquer que l max es foncion décroissane de r e que l min es foncion croissane de r. Comme l min end vers l infini lorsque r end vers R min par valeur inférieure il exise une valeur criique r* pour laquelle l min = l max. Lorsque r > r* il n exise pas de régime de croissance vérifian les condiions de compaibilié enre les exigences des acionnaires e des prêeurs. Pour que l ensemble des managers e des acionnaires associés puissen dégager une rene persisane sur l ensemble de l économie il fau soi que les dividendes disribués croissen plus vie que la moyenne des revenus soi que les enreprises rachèen leurs acions pour créer des gains en capial sur les fonds propres en poussan la hausse des cours boursiers. Ce comporemen suscie un engouemen dans les grandes enreprises mulinaionales car il es encouragé par les poliiques monéaires qui on

125 Érosion du issu producif en rance : causes e remèdes 123 abaissé le coû du financemen par dee à des niveaux exrêmes. Il es aussi encouragé en permanence par les poliiques fiscales qui auorisen les enreprises à des déducions massives de leurs coûs d endeemen. Les direcions financières des enreprises peuven émere auan d obligaions qu elles veulen pour racheer leurs acions e faire moner les cours de bourse sans aucun lien avec les perspecives médiocres de la croissance. Pendan ce emps l invesissemen producif ne fai que reculer en Europe e ne récupère pas ses aux d avan-crise aux Éas-Unis. C es la logique du momenum caracérisique de l économie financiarisée. Cee dynamique ne serai pas possible sans l imporance décisive du levier d endeemen qui déforme la srucure du bilan des enreprises e accroî leur fragilié financière. Une elle dynamique produi nécessairemen un double bind c es-à-dire deux conraines conradicoires dans les choix financiers des enreprises la conradicion se poran sur le levier d endeemen. Le double bind provien des exigences des acionnaires d un côé qui conduisen à un aux d endeemen minimum oujours plus élevé pour accroîre la valeur acionnariale des conraines des prêeurs qui imposen un aux d endeemen maximal pour gérer leur risque de crédi sur leur porefeuille de prês. L encadré calcule ces deux aux d endeemen. Le caracère conradicoire de ces deux exigences financières se manifese dans la dépendance des deux limies du aux d endeemen au aux d inérê. Le aux d endeemen minimum es foncion croissane du aux d inérê e il end vers l infini lorsque le aux d inérê s approche du aux de rendemen exigé par les acionnaires. Au conraire le aux d endeemen maximum exigé par les prêeurs es une foncion décroissane du aux d inérê. Il exise donc nécessairemen un aux d inérê limie qui égalise le aux d endeemen minimum e le aux d endeemen maximum. Au-delà de cee valeur criique il n exise plus de régime de croissance viable pour l enreprise. Celle-ci es donc prise en enaille enre la conraine imposée par les prêeurs e le mode de gouvernance. On peu comprendre commen la financiarisaion de l économie a desserré cee conraine exacerban la vague d expansion financière qui a déformé la répariion des revenus à l exrême dans les pays anglo-saxons où le principe de la valeur acionnariale a éé généralisé. Les différenes echniques de rans-

126 124 Michel Agliea e Xavier Rago fer de risque à parir de l essor des dérivés de crédi e la réglemenaion financière laxise on augmené la olérance des banques à l endeemen des empruneurs e on en conséquence rédui foremen la sensibilié des spreads de crédi à l augmenaion de l endeemen. En même emps les poliiques monéaires accommodanes des banques cenrales on aplai la pene de la courbe des aux voire on assisé à leur inversion à la fin de la phase d expansion financière en La même logique a réapparu à parir de la fin 2012 par la grâce des poliiques monéaires fournissan une surabondance de liquidiés sans que les comporemens financiers aien éé assainis. La principale vicime de ce mode de gouvernance e des liens qu il noue avec la finance es l invesissemen à long erme. La faiblesse persisane de l invesissemen à long erme se répercue dans le fléchissemen des gains de producivié e l affaiblissemen de la croissance poenielle. Les gouvernemens semblen résignés devan ce phénomène du moins en Europe. Mais des doues s exprimen parmi les invesisseurs insiuionnels dis à long erme qui ne rouven pas les opporuniés de placemen pour couvrir leurs engagemens de long erme. D aures ypes de relaions enre invesisseurs e enreprises suscepibles de favoriser l invesissemen producif passen par une remise en cause de la valeur acionnariale. Cela ne va pas sans une aure concepion de l enreprise Gouvernance parenariale e inérê général La valeur acionnariale présupposan que l enreprise es un nœud de conras e que les acionnaires son seuls légiimes à définir les bus de l enreprise es inconsisane en droi e fausse en ermes d économie indusrielle qui défini les acifs que l enreprise réuni 19. D une par la héorie concocée à Chicago e adopée avec enhousiasme par Wall Sree assimile l enreprise à la sociéé privée ; d aure par elle suppose que la relaion enre la sociéé privée e les acionnaires es exclusive en an que relaion «prin- 19. Une argumenaion récene au nom du droi quelle que soi sa source de la proposiion selon laquelle l enreprise se défini comme un nœud de conras implicies se rouve dans l ouvrage de Colin Mayer irm Commimen Oxford Universiy Press 2013.

127 Érosion du issu producif en rance : causes e remèdes 125 cipal agen». L enreprise es une organisaion complexe qui rassemble des principes des règles e des procédures en aucun cas assimilables à des conras implicies. C es un lieu de pouvoirs de hiérarchies e de subordinaions mais aussi de complémenariés e de coopéraions. La sociéé privée es une enié juridique insiuan une personne morale qui pore la finalié de l enreprise. En quel sens le droi énonce--il que cee personne morale a un droi de propriéé sur l enreprise? Cerainemen pas dans le sens où un suje du droi es propriéaire d un obje c es-à-dire l usus e abusus du droi civil. La propriéé reconnue à la personne morale «sociéé privée» es une propriéé par desinaion. Cela veu dire que la sociéé privée es responsable du bu formel de l enreprise dans le capialisme. Elle doi accomplir la logique absraie du capial qui es l accumulaion donc l auo-accroissemen de la valeur monéaire. En ce sens la sociéé privée es propriéaire de l enreprise. C es la sociéé privée e elle seule qui prend des engagemens au nom de l enreprise. Parce que la sociéé privée es une personne morale elle délègue son pouvoir à une insance de direcion qui es son conseil d adminisraion (CA) lequel mandae un exécuif lui-même hiérarchisé. Il n y a rien dans ce agencemen juridique qui puisse ressembler à une relaion «principal agen» enre les acionnaires e l enreprise. Pour pouvoir préendre donner sens à une elle relaion il fau en effe d abord assimiler l enreprise qui es esseniellemen un lieu de coopéraion humaine à la sociéé privée. Puis il fau dissoudre la sociéé dans la noion de «nœud de conras implicies» ce que le droi se garde bien de faire. Les ayans-drois de la sociéé privée son ous les apporeurs des acifs qui permeen à la sociéé privée de réaliser sa mission c esà-dire l accumulaion de valeur. Les acionnaires apporen un ype d acifs ; c es pourquoi ils son propriéaires de pars de capial de la sociéé privée. Mais d aures parenaires de l enreprise apporen d aures acifs esseniels à son efficacié même s ils ne son pas reconnus comme des drois de propriéé sur la sociéé. Pourquoi les apporeurs d acifs son-ils des ayan-drois sur la valeur produie? L enreprise es esseniellemen un collecif. Ce qui la rend efficace c es la coopéraion e la complémenarié de ses alens. Il es

128 126 Michel Agliea e Xavier Rago donc illusoire de préendre mesurer les conribuions marginales individuelles de chaque employé à la valeur produie. C es pourquoi oues les paries prenanes (sake holders) qui apporen une conribuion à la valeur de la firme (employés fournisseurs cliens communaués) son des ayan-drois dans la mesure où leur relaion conracuelle avec l enreprise ne reflèe que pariellemen leur engagemen avec elle. Cerains de ces parenaires son plus impliqués que les acionnaires. Si la firme es coée en bourse ceux-ci jouissen de la liquidié de leurs appors. Au conraire un employé qui a invesi dans une enreprise en compéences spécifiques liées au savoir acie de la coopéraion sera loin d êre compensé pour son invesissemen s il es forcé de la quier. En oure la praique répandue des rachas d acions e des superdividendes ainsi que des fusions e acquisiions pour dégager au bénéfice des seuls acionnaires le goodwill de l enreprise produi par la coopéraion de ous les acifs enraîne l ensemble des acionnaires à reirer de l ensemble des enreprises plus de capial qu il n en es apporé. Au conraire aucun employé ne peu mere sur un marché financier la valeur de son capial humain pour réaliser en monnaie la valeur anicipée fuure de ses invesissemens. Les salariés son donc exposés à l arbiraire des employeurs que seul le droi du ravail peu limier. En effe le marché du ravail ne peu réguler le problème posé par la non-valorisaion du capial humain. Car le ravail ne s échange pas. Ce qui s échange c es le loyer d une capacié de ravail pendan un emps donné. Son prix es le salaire. Le conra de ravail es donc incomple par naure. La ransformaion de la capacié de ravail en flux de ravail es un processus qui n a rien à voir avec l échange de deux paries égales sur un marché concurreniel. C es une relaion de pouvoir de celui qui commande l exécuion du ravail e de subordinaion de celui qui l exécue. De plus cee relaion n a rien d individuelle. Elle implique complémenarié e coordinaion dans des collecifs de ravail. Il exise une ension irréducible enre ces deux aspecs de coopéraion e de subordinaion. D un côé l enreprise es une équipe don la producivié dépend de la coopéraion e de l efficacié de ses alens ; d un aure côé l enreprise en an que groupemen humain es placée sous la uelle d une sociéé privée qui es conçue pour réaliser un objecif capialise : la valorisaion de

129 Érosion du issu producif en rance : causes e remèdes 127 l ensemble des acifs de l enreprise. Une gouvernance efficace es donc celle qui prend en compe les inérês des apporeurs de ous les acifs pour opimiser l efficacié de leur coopéraion. C es la gouvernance parenariale. Cee gouvernance ne va pas de soi parce que les apporeurs d acifs on des inérês muliples. Dès lors que l on ne subordonne pas les inérês des apporeurs d acifs à ceux d une seule caégorie celle des acionnaires le conseil d adminisraion de la sociéé privée (CA) ne peu êre l agen d un principal. Il es l organe poliique de la sociéé privée qui doi élaborer par déba les fins de l enreprise par délibéraion. Il a donc une visée sraégique qui es codifiée dans une norme de gouvernance. La mission du CA es de conrôler le managemen donc la echnosrucure de l enreprise pour que la gesion soi conforme à la norme de gouvernance. Puisque la sociéé privée assigne à son représenan le CA les drois à organiser l enreprise la gouvernance par laquelle celui-ci ineragi avec l ensemble de la srucure doi évier que la coordinaion des paries prenanes ne soi confisquée dans l inérê des seuls managers ou des seuls acionnaires. La gouvernance parenariale implique donc l organisaion de conrepouvoirs : séparaion du présiden du conseil e du PDG comiés de conrôle inerne sous l auorié du CA e séparés du managemen crières objecifs e insrumens de mesure des performances du managemen agenda sous la responsabilié de la présidence du conseil. Gouvernance parenariale : acifs inangibles comme sources de créaion de valeur e problèmes de valorisaion C es une vue largemen paragée que les faceurs de croissance se son déplacés d une économie indusrielle où les acifs angibles son les sources prépondéranes de producivié vers une économie de services où les acifs inangibles son déerminans. Les acifs inangibles son capables de créer de la valeur à long erme e pouran son compabilisés par les enreprises comme des inpus inermédiaires à cour erme. Ils n apparaissen pas dans les bilans des enreprises. Cee aporie es un handicap diriman pour s engager dans une croissance inclusive e souenable. L enjeu de la gouvernance parenariale es de le réduire. Les processus d apprenissage son engendrés par des invesissemens spécifiques en capial humain surou lorsque les nouvelles

130 128 Michel Agliea e Xavier Rago compéences producives dépenden d invesissemens dans la connaissance acie. Les employés on besoin de garanies exraconracuelles pour les acquérir e les mere en œuvre c es-à-dire une paricipaion à la quasi-rene d innovaion qui en découle. Les complémenariés enre les acifs en an qu inpus définissen les équipes de producion. Les complémenariés dans la diversié de l oupu créen des économies d envergure si elles son inernalisées. Parce que la connaissance requise pour la producion d un produi es enrichie par une aure producion le modèle d enreprise ourné vers l acquisiion de connaissances gagne à la ferilisaion croisée. Lorsque ces aures producions son faies dans d aures enreprises les foncions de producion ne son pas séparables. C es une base pour organiser des sysèmes d innovaion. Même si les différenes producions son réalisées dans la même enreprise la conribuion des faceurs individuels à la créaion de valeur es impossible à mesurer. Corrélaivemen le marché boursier es incapable de déerminer les valeurs «fondamenales» des sraégies innovanes fondées sur les complémenariés sraégiques. En oure les différens ypes d acifs inangibles ne son pas séparables e addiifs. Ainsi la qualié d une planificaion sraégique (ressource organisaionnelle) simule l acivié de créaion de ype scienifique (R&D) e non scienifique (innovaions de copyrighs design e licences). Ces invesissemens déplacen vers le hau la fronière echnologique des firmes. Or ils ne peuven êre souenus sans invesissemen massif en capial humain. Les compéences humaines associées apparaissen dans la valeur des marques. Elles produisen des quasi-renes en différencian les enreprises dans la concurrence monopolisique. Il n y a ni mécanisme de marché ni conra pour dire commen les quasi-renes doiven êre disribuées. Il n y a aucune raionalié qui puisse jusifier que les acionnaires soien privilégiés à l enconre des aures parenaires qui apporen des acifs spécifiques. Au conraire les drois des acionnaires doiven êre réduis puisqu ils son compensés par l avanage de la liquidié à ou momen pour une firme coée ou au momen de l inroducion en bourse pour une sar-up. Ces considéraions analyiques indiquen que la gouvernance parenariale apparien à la héorie des jeux. Il fau modéliser les

131 Érosion du issu producif en rance : causes e remèdes 129 complémenariés sraégiques enre les acifs spécifiques qui créen les quasi-renes d innovaion. Un jeu de coordinaion devrai déerminer une fronière dynamique de producion en ermes économiques e un modèle d enreprise en ermes managériaux sous l impéraif de maximiser la valeur oale de la firme. Une caracérisique générale des jeux de coordinaion es la défaillance de marchés enraînan des équilibres muliples. Une faillie de gouvernance due à un principe de gouvernance inadéqua enferme l économie dans un équilibre inefficien sans que le marché puisse savoir s il exise des équilibres meilleurs e encore moins les promouvoir. La raison se rouve dans les exernaliés que les complémenariés induisen. Quand un mauvais équilibre es éabli en raison de conflis d inérês ou d un managemen inefficace aucune parie prenane n a inérê à bouger individuellemen si elle croi que les aures von s en enir à la siuaion qui leur es faie dans l éa exisan. Elle y perdrai en essayan de le faire. C es la propriéé générale de l équilibre de Nash. On peu caper la naure du problème à l aide d un modèle générique de Cooper e John appliqué à la gouvernance d enreprise. Considérons une firme regroupan N paries prenanes (i). Chacune a une foncion d uilié qui incorpore son inérê à pariciper à l acivié de la firme. La foncion d uilié de i dépend de sa variable de décision e i qui mesure l inensié de l invesissemen de ses compéences dans la paricipaion à l acivié commune. La foncion d uilié dépend aussi de la percepion que i a de l équié qui ressor du syle de managemen de l enreprise (ẽ) e de variables d éa θ i (par exemple la posiion de la firme dans le cycle des affaires e sa posiion compéiive dans son seceur). La foncion d uilié de la parie prenane i es donc : U (e i ẽ θ i ). La coordinaion par la gouvernance condui à des exernaliés posiives ou négaives enre les paris prenanes selon que l une ou l aure des inégaliés suivanes se produi : U / ẽ > 0 ou U / ẽ < 0. Le processus mis en mouvemen par la gouvernance enraîne une complémenarié sraégique ou une subsiuabilié sraégique selon que l une ou l aure des inégaliés se produi : 2 U / e i ẽ > 0 ou < 0. Le poin fixe du jeu de coordinaion enre les N paries prenanes donc le modèle d enreprise es un équilibre de Nash. Il

132 130 Michel Agliea e Xavier Rago es obenu lorsque chacun maximise sa foncion d uilié par rappor à sa variable de décision en prenan sa percepion du syle de gouvernance de l enreprise e des variables d éa pour données : U ( ei ~ e θi ) = 0 i ei L équilibre de Nash es symérique si oues les paries prenanes on la même percepion θ des variables d éa. Les foncions de réacion peuven êre dérivées de la maximisaion de l uilié de chaque parie prenane. Soi e i (ẽ θ). Elles on un poin fixe commun : e i (e* θ) = e* Si les foncions de réacion son monoones croissanes e non linéaires il peu y avoir des ineracions muliples avec la première bissecrice. Toues les inersecions où la pene de la foncion de réacion es inférieure à la pene de la première bissecrice son des équilibres de Nash sables (poins A e C sur la figure 2 ci-dessous). La pene de la foncion de réacion es déerminée par le héorème des foncions implicies : 2 ~ dei U / ei e = de * 2 2 U / e Le dénominaeur éan négaif pour des foncions d uilié «bien élevées» la pene de la foncion de réacion es posiive si e seulemen si : 2 U ~ > 0 ei e c es-à-dire si les rappors enre les paries prenanes dans l enreprise son ceux de la complémenarié sraégique. En ce cas U / e i > 0 lorsque U / ẽ > 0. C es un résula crucial de la héorie de la gouvernance dans des enreprises considérées comme des groupemens humains liés par la complémenarié des aciviés. La bonne gouvernance de l unié cenrale de coordinaion enraîne des acions auo-renforçanes des poreurs d acifs spécifiques. Au conraire la mauvaise gouvernance si répandue dans les enreprises françaises affaibli le poeniel de complémenariés enre les acifs spécifiques. En conséquence les équilibres muliples sables peuven êre ordonnés selon le niveau d uilié à l équilibre de Nash. Dans le cas de la figure ci-dessus avec deux équilibres : * * * *. A es un équilibre inefficien mais sable. U ( e A e A θ ) < U( ec ec θ ) i

133 Érosion du issu producif en rance : causes e remèdes 131 Aucun mécanisme de marché ne peu en sorir une enreprise piégée par une mauvaise gouvernance. igure 2. Complémenariés sraégiques e équilibres muliples e i e i (e*θ) C B A e* C es pourquoi les complémenariés sraégiques qui son la réalié des enreprises expliquen bien des ravages engendrés par le dogme de la valeur acionnariale : En premier lieu la gouvernance dans l inérê exclusif des acionnaires es un principe pariculièremen pauvre de gouvernance dans une économie de la connaissance dès lors que de muliples acifs spécifiques paricipen à la quasi-rene d innovaion. En présence de complémenariés sraégiques maximiser la valeur oale de la firme n es pas équivalen à maximiser la valeur pour l acionnaire. Parce que les inérês des paries prenanes qui ne son pas des acionnaires son insuffisammen pris en compe dans la foncion objecif élaborée par le CA de la sociéé l enreprise es sous-performane. En second lieu la muliplicié des équilibres de Nash signifie qu il n y a pas une recee opimale pour gérer une enreprise. Hisoriquemen une grande diversié de ypes de gouvernance se son succédé ou on coexisé (ableau 1). Les paries prenanes ne son pas alruises. Mais les complémenariés bornen leurs inérês. C es pourquoi une bonne gouvernance es celle qui parvien

134 132 Michel Agliea e Xavier Rago à dégager un inérê commun en donnan une orienaion coopéraive à des inérês en parie complémenaires e en parie conradicoires. Pour parvenir à un objecif commun accepable donc pour fusionner les inérês muliples dans une culure d enreprise il fau parvenir à faire prévaloir un sens de l équié indispensable pour suscier une paricipaion acive. En roisième lieu l unié de coordinaion sraégique es le CA. Sa composiion e les principes de gouvernance qu il applique son décisifs. Sous l influence des marchés de capiaux globalisés le CA a éé capuré par des groupes d inérês financiers mêlan cerains acionnaires influens les banques d affaire cherchan à promouvoir les OPA e le managemen supérieur des firmes. L inérê à long erme de l enreprise a disparu e la mauvaise gouvernance en a résulé. Le problème qui se pose es donc le suivan : quels acionnaires pour la gouvernance parenariale capable de relancer l invesissemen producif par l innovaion? Le ableau 1 fai éa de la possibilié d émergence d acionnaires responsables. C es la quesion qu il fau examiner. Tableau 1. Types de gouvernance d enreprise ormes de conrôle Conrôle inerne + supervision des créanciers Conrôle par le marché boursier médiaisé par fonds d inves. Conrôle par acionnaires prépondérans Conrôle par acionnaires LT responsables Objecif de la sociéé e base de la valorisaion Maximisaion du Croissance LT. rendemen des Parage des quasirenes enre insiders acions sur le marché boursier ROE élevé e sable. Conrôle cenralisé du cash flow Maximisaion de la valeur oale de la firme à LT Srucure du CA e conrôle des managers Dominaion par les haus dirigeans issus de la echnosrucure Acionnaires passifs ou acivises selon les fonds adms. indépendans Paricipaions croisées d inérês financiers avec acionnaire de référence Adms. délégués avec manda précis. Drois de voe en AG réservés aux acionnaires impliqués Influence financière sur les sociéés Conraine d endeemen. Relaions de LT avec les banques Liquidié des acions facilian M&A e LBO Inérês financiers associés. Proecion conre le marché boursier Objecifs sraégiques consciens des exernaliés. Acivisme par «voice» Types de capialisme CORPORATISTE ACTIONNARIAT DISPERSE OU PREDATEUR AMILIAL OU ELITE INANCIERE PARTENARIAL Source : Adapé de Michel Agliea e Anoine Rebérioux Les dérives du capialisme financier Albin Michel 2004.

135 Érosion du issu producif en rance : causes e remèdes Objecifs sociéaux e acionnaires responsables Un invesisseur responsable es un inermédiaire financier qui collece des monans élevés d épargne e qui développe des sraégies d allocaion de cee épargne en reconnaissan les inerdépendances enre les évaluaions financières e non-financières. Ces invesisseurs comprennen que les endances lourdes qui dégraden la vie des sociéés on des conséquences néfases à long erme sur le rendemen du capial : changemen climaique rareé des ressources (eau énergie erre arable forês) inégaliés giganesques sous-emploi chronique vulnérabiliés financières e surou un doue largemen répandu sur la capacié poliique à résoudre les problèmes. La recherche de sraégies visan à souenir les rendemens des acifs en incorporan les enjeux de souenabilié pose un problème majeur de valorisaion aux invesisseurs financiers responsables. Commen créer une valeur financière sous la préoccupaion de la souenabilié? La grande majorié des invesisseurs insiuionnels s adonne à une gesion passive définie par le porefeuille de marché avec en conséquence un horizon cour e un conrôle rimesriel de performance. Or il fau une masse criique suffisane d invesisseurs qui doiven devenir responsables pour que des effes macroéconomiques significaifs se manifesen. L évoluion ne peu êre que progressive par mise en évidence de la valeur créée par la prise en compe des crières ESG (environnemenaux sociaux e de gouvernance). Les avanages peuven êre obenus par l allocaion d acifs elle-même e par l engagemen dans la gouvernance des enreprises. Il s agi d inernaliser les exernaliés pour donner une valeur financière aux préoccupaions de souenabilié. Ces invesisseurs doiven donc reconnaîre l influence des évaluaions exrafinancières dans l évaluaion financière. Les exernaliés fon porer des risques echnologiques sociaux e environnemenaux qui se développen dans la durée e son chargés d irréversibiliés (changemen climaique hysérésis du chômage de longue durée sur la qualié de la main-d œuvre longue période de désendeemen). Les invesisseurs responsables doiven donc avoir des horizons longs pour évaluer les performances de leurs porefeuilles. C es sur des horizons supérieurs à 5 ans qu il es

136 134 Michel Agliea e Xavier Rago possible d observer les rendemens supérieurs délivrés par les enreprises qui on une gouvernance guidée par les crières ESG 20. Les invesisseurs responsables doiven donc inernaliser ces exernaliés pour faire valoir les crières ESG. Ils son conduis à s impliquer dans la gouvernance des enreprises où ils invesissemen pour infléchir les modèles de gesion dans le sens d une sensibilié aux crières ESG. Ils doiven aussi se doer d insrumens pour évaluer l impac des exernaliés posiives e négaives sur les rendemens inernes des projes d invesissemen des enreprises 21. Ils doiven enfin se doer de référens éhiques pour guider leurs sraégies conformémen à leur devoir fiduciaire vis-à-vis des épargnans bénéficiaires de leurs services. Ce devoir es la préservaion à long erme du capial qui leur a éé confié par immunisaion de leur passif. Ce devoir fiduciaire a éé ransgressé par les invesisseurs insiuionnels qui on géré leur porefeuille selon les errances des marchés boursiers e qui on donc paricipé aux bulles financières e fai subir ensuie aux épargnans l effondremen de la valeur des acifs 22. En poursuivan de manière conséquene une sraégie de long erme les invesisseurs responsables meen en place une couverure iner-emporelle de leur porefeuille pour bénéficier des effes de reour vers la moyenne des marchés boursiers 23. Ils réduisen le risque de volailié de leur porefeuille e s ils son assez nombreux peuven aider à sabiliser le marché lui-même. Mais pour cela il ne fau pas se laisser emporer par le momenum dans les phases euphoriques. Il fau donc analyser les endances de long erme des cours en déduire une prospecive pour les cinq années à venir déerminer un corridor auour de cee évoluion moyenne projeée qui définira les poins d acha à la baisse e de vene à la hausse des acions. 20. Soros G. (2008) «The new paradigm for financial markes» NY Public Affairs. 21. Invesmen Leaders Group (2014) The value of responsible invesmen Universiy of Cambridge Insiue for Susainabiliy Leadership. 22. Sraks L. T. (2009) «EA keynoe speech; corporae governance and corporae social responsibiliy: wha do invesors care abou? Wha should invesors care abou» inancial Review 44 (4) pp Campbell J. e Viceira L. (2002) Sraegic asse allocaion. Porfolio choice for long erm invesors Oxford Universiy Press.

137 Érosion du issu producif en rance : causes e remèdes 135 Sur ce socle il es possible de greffer prudemmen une déformaion du porefeuille pour enir compe de la sous-esimaion des faceurs ESG sur la valeur des enreprises dans le porefeuille de marché. Pour cela les invesisseurs responsables doiven encourager e financer la recherche sur les noaions ESG e en enir compe dans leurs allocaions sraégiques de manière à abouir à des allocaions que l on peu appeler «ESG smar?» 24. Plusieurs echniques son possibles selon le degré de convicion de l invesisseur e donc des direcives qu il ransme à ses gérans délégués. Il es possible de déformer les pondéraions pour sousreprésener les enreprises exposées à des risques de souenabilié e de surreprésener celles qui on une préoccupaion affirmée e observable pour réduire ces risques. Si l ambiion es plus grande e si les noaions fournies par les agences exra financières deviennen crédibles c es un benchmark délibérémen oriené ESG que l invesisseur peu consruire de manière à modeler le porefeuille enier vers les enreprises qui on une exposiion favorable aux faceurs de souenabilié. Aller plus loin c es enrer bien moins imidemen dans l univers des acifs alernaifs que les invesisseurs insiuionnels ne l on fai jusqu ici. Il impore alors de cibler des enjeux e des seceurs d invesissemens sraégiques en foncion d une prospecive macroéconomique sur les déerminans fuurs des invesissemens d un régime de croissance souenable : echnologies propres infrasrucures bas carbone reforesaion économie circulaire e recyclage agriculure compaible avec la biodiversié. La raducion financière de ces choix peu êre une composane dédiée dans le porefeuille sraégique par classe d acifs ou le recours à la srucure «core /saellies» en créan des fonds de privae equiy e de venure capial. Mais il fau que les invesisseurs responsables se rappellen oujours l imporance de l influence qu ils doiven exercer sur les enreprises pour améliorer la performance de leur allocaion alernaive. Des invesisseurs avec des porefeuilles diversifiés doiven incier les enreprises à s organiser en réseaux pour mieux inernaliser les exernaliés par exemple 24. Lake R. in ILG publicaion op.ci. chaper 3 «The invesmen case for responsibiliy» p. 30.

138 136 Michel Agliea e Xavier Rago pour réduire les coûs de la polluion. C es le principe même de l économie circulaire. Arrivés à ce poin il es clair que les invesisseurs responsables on des exigences à l égard des pouvoirs publics. Ceux-ci doiven procurer le cadre réglemenaire e les convenions compables permean aux invesisseurs de se placer dans un horizon emporel long e de développer leurs sraégies sans êre perurbés par des conraines réglemenaires e des convenions compables inadapées. Les invesisseurs responsables aenden aussi des pouvoirs publics qu ils créen des véhicules d invesissemen e des insrumens de parage des risques pour pouvoir engager des monans plus élevés de capial aux enjeux de souenabilié dans la ransiion vers une économie bas carbone Créaion de nouveaux canaux e de nouveaux insrumens de financemen non bancaire adapés au cycle de vie des enreprises Un enjeu de première imporance es d augmener le nombre d enreprises innovarices e la probabilié qu elles croissen jusqu à l inroducion en bourse. Il fau donc adaper le financemen au cycle de vie des enreprises en disposan de la meilleure organisaion financière à chaque éape. Le financemen d amorçage à la naissance des enreprises e dans la première éape de vie es la finance d amorçage : elle comprend l appor du fondaeur e de sa famille la micro finance les business angels. Le nombre de business angels en rance es beaucoup rop faible. Le capial familial ne s implique pas suffisammen dans bien des cas pour proéger l enreprise dans une phase fragile. La deuxième phase celle du développemen des sarups dépend encore beaucoup d un monioring de gesion par l expérience d individus qui on auparavan mené de elles affaires avec succès. Elle demande aussi un invesissemen en fonds propres bien plus imporan que l amorçage. C es le domaine du venure capial. Ces fonds spécialisés peuven provenir de pools d invesisseurs individuels ou de fonds dédiés que les invesisseurs de long erme on créé comme élémens de leur allocaion en acifs alernaifs. Dans cee phase les risques son les plus élevés. C es pourquoi les fonds de venure capial doiven avoir une aille suffisane pour suivre au moins une dizaine de projes de manière à surcompenser les enreprises qui fon faillie par les rès haues renabiliés des enreprises

139 Érosion du issu producif en rance : causes e remèdes 137 qui embrayen leur développemen sur la commercialisaion e enren dans la phase de rès fore croissance de la courbe logisique de la demande pour leurs produis. La phase de croissance rapide es celle qui demande l appor en capial hors marché le plus élevé. Ce appor doi permere la sorie profiable du venure capial. Il exise deux formes possibles d appor en fonds propres à ce sade : les placemens privés de sociéés de gesion de forune e les fonds de privae equiy (PE) créés par les invesisseurs de long erme. Ce son surou les seconds qui son esseniels. Conrairemen au PE des années 2000 qui éaien consiuées de fonds prédaeurs de LBO (leveraged buy-ous) opéran esseniellemen par dees sur des enreprises maures les fonds PE considérés ici son de purs invesisseurs en capial. Une iniiaive inéressane es le fonds PE créé conjoinemen par la CDC française e la CDB chinoise pour invesir moiié moiié dans des PME françaises e chinoises. L essor du PE sous l égide des grands invesisseurs non-bancaires sera probablemen l une des voies de simulaion de l innovaion boom up dans les années à venir. L inroducion en bourse es la phase ulime où ces modes de financemen cèden le pas à l appor de fonds propres à ravers le marché boursier pour des enreprises en viesse de croisière. C es là que l imporance des invesisseurs de long erme es grande pour évier que les enreprises ne omben sous la coupe du shadow banking. On a vu plus hau quelle allocaion sraégique pouvai proéger les enreprises devenues des sociéés «publiques» par acions des flucuaions du cycle financier. Il n empêche que ces ETI on besoin de dees. Il fau donc mere en praique des echniques appropriées pour limier le coû du crédi : ires de dees garanis par des acifs (asse finance) e irisaion de crédis. Enfin l inroducion sur les bourses européennes es prohibiive pour les PME. Le coû de ransacion es exravagan. Pour lever 5 millions d euros de capial il fau payer euros de frais! Jusqu ici oues les enaives naionales de créer un marché spécialisé offran les services du NASDAQ on échoué. Saluons la enaive européenne de créaion de la plaeforme publique Ener Nex en avril Le financemen par dee doi aussi pouvoir êre diversifié grâce à des marchés de dees capables d apporer un large specre

140 138 Michel Agliea e Xavier Rago d insrumens financiers. Il es possible d approfondir les marchés d obligaions corporae à de nouvelles caégories d enreprises e développer la irisaion des dees à long erme grâce à des srucures de marché robuses e une régulaion exigeane : sandardisaion des produis supervision de l évaluaion à oues les éapes cenralisaion de la compensaion e du règlemen appels de marge obligaions pour les banques qui fabriquen les crédis srucurés de conserver la ranche equiy au bilan avec capial réglemenaire. Pour incier les banques à porer le crédi srucuré au-delà de la ranche equiy la banque cenrale pourrai acceper en collaéral du refinancemen des ABS (asse-backed securiies) «plain vanilla» c es-à-dire homogènes e sandard don le processus de irisaion es rigoureusemen supervisé par les auoriés européennes de régulaion des marchés. Ces différenes avancées créeraien progressivemen une nouvelle inermédiaion financière où la coopéraion publiqueprivée aurai oue sa place. Il es possible de mobiliser le capial du seceur privé e son experise dans les monages financiers e le suivi des projes d invesissemen de long erme avec des garanies de risque e des provisions de financemen de soudure (bridge finance) pour amorir le risque élevé des phases iniiales des projes. On peu donner plus d ampleur aux iniiaives récenes pour faire jouer au seceur public cee foncion d amorçage e de garanie. Pour cela il es possible de créer des banques de développemen spécialisées avec des mandas de long erme : banques d infrasrucure banques veres banques publiques de financemen des PME qui fourniraien un financemen indirec via des garanies au seceur financier privé engagé dans des financemens longs e risqués. Il es possible de consruire une inermédiaion financière au service d un proje de croissance à condiion de faire évoluer les règles de la finance prudenielles e compables. Le rôle de la puissance publique es esseniel dans l éablissemen d une inermédiaion financière adapée à la collaboraion des aceurs publics e privés dans les projes d invesissemen décenralisés.

141 Érosion du issu producif en rance : causes e remèdes Sysèmes d innovaion e implanaion errioriale Le modèle héorique qui démonre la muliplicié des modes de gouvernance a mis en évidence un résula imporan pour la compréhension des liens enre micro e macro économie. La complémenarié sraégique enre acifs spécifiques qui crée un savoir collecif organisaionnel produi la complémenarié enre aciviés économiques. Lorsque la coopéraion qui rend cee complémenarié efficace dépasse les fronières de l enreprise les foncions de producion des enreprises ne son pas indépendanes. Elles paricipen d un même sysème indusriel qui a reçu différenes appellaions : cluser pôle de compéiivié réseau d enreprise Sysèmes d innovaion compéiivié e croissance Les correspondances enre les condiions microéconomiques e les caracères macroéconomiques de la croissance son alors bouleversées par rappor à la héorie néo-classique de la croissance exogène. C es le domaine de la croissance endogène. Dans le monde de la croissance exogène les foncions de producion des enreprises son indépendanes e son elles que la producivié marginale du capial décroî avec l accumulaion. Les enreprises ne son liées que par les marchés. À l équilibre de concurrence parfaie les produciviés marginales son égalisées. Il s ensui que lorsque la combinaison facorielle d équilibre es aeine la croissance de long erme de l ensemble de l économie es indépendane de l accumulaion. Elle ne dépend plus que de déerminans exogènes : un progrès echnique qui se diffuse mysérieusemen (la producivié globale des faceurs discuée dans la première parie de ce exe) e la croissance de la force de ravail. En croissance endogène les firmes son organisées de manière à ce que la complémenarié sraégique enre elles produise des exernaliés posiives de réseaux. La baisse de la producivié marginale du capial dans chaque firme apparenan au réseau es conrecarrée par la echnologie incorporée dans le capial d innovaion accumulé par l ensemble du réseau. La producion par ravailleur de la firme i es : α y i = A k où α i es l élasicié de la producion au capial. Le progrès echnique don la firme bénéficie es produi par l invesissemen d innova-

142 140 Michel Agliea e Xavier Rago ion de l ensemble des firmes : A = Ak où β es l élasicié du progrès echnique au capial d innovaion. La producion de chaque enreprise dépend donc du capial invesi dans l ensemble β du réseau d enreprises : α y i = Ak k. Si l on suppose que les firmes i son de même aille la producion oale par ravailleur du réseau α +β es : y = Ak. Il n y a pas de raison que la producivié marginale du capial décroisse. Si l inensié de l innovaion es assez fore les rendemens peuven êre croissans. Dans le cas limie où α + β = 1 le rendemen marginal du capial es consan : y = Ak. Dès lors que l on sor de la malédicion des rendemens marginaux décroissans la croissance globale devien une rajecoire dépendane du senier. La croissance de long erme dépend des condiions iniiales donc de l éa de la demande e des anicipaions incorporées dans la gouvernance des enreprises qui conduisen les firmes à innover ou à ne pas innover. On es dans l univers des équilibres muliples conduisan à redéfinir ce qu es la compéiivié macroéconomique e les poliiques qui la renforcen. Le lien enre sysèmes d innovaion e croissance endogène réhabilie complèemen le rôle de la poliique indusrielle. En croissance endogène les avanages comparaifs ne son pas donnés. Ils son produis e renouvelés de manière endogène par des processus généraeurs de rendemens croissans appelés innovaions (echnologiques e organisaionnelles) qui conrecarren la baisse de la producivié marginale du capial au fur e à mesure qu il s accumule. L ineracion de l accumulaion du capial e de la producion d innovaions aboui au cercle verueux de la croissance endogène qui a un impac macro : β Demande anicipée Invesissemen Producivié Prix Compéiiviés-prix e hors-prix son inimemen imbriquées dans ce schéma par l invesissemen d innovaion qui élève la producivié. La logique de ce cercle verueux peu êre appelée indusrielle. Elle n es pas canonnée à des seceurs pariculiers de l économie. L ensemble des aciviés qui y paricipen es le sysème

143 Érosion du issu producif en rance : causes e remèdes 141 indusriel. La poliique indusrielle es l ensemble des coordinaions requises enre les aciviés pour maximiser la performance globale du sysème indusriel. Se pose alors un problème redouable : quelles combinaisons de poliiques indusrielles e de modèles de gouvernance des enreprises créen des sysèmes d innovaion efficaces? 4.2. Enseignemens de sysèmes d innovaion en Europe : le Mielsand allemand e les expériences scandinaves Le onds Sraégique d Invesissemen (SI) codéenu par la Caisse des Dépôs e par l Éa es un invesisseur sraégique de long erme pour promouvoir l innovaion dans les enreprises. Dans le bu d éclairer les principes de ses inervenions qui se veulen srucuranes sur le issu producif français le SI a commandé à des consulans une éude déaillée sur le Mielsand 25. igure 3. Le cercle verueux du Mielsand : un écosysème auo-reprodui Spécialisaion sur la chaîne de valeur Innovaion incrémenale : perfecion du banal Mainien des pars de marché mondiales Qualié des acifs immaériels Indépendance sraégique Coninuié du conrôle capialisique Marges élevées e sables À parir d une analyse minuieuse des complémenariés sraégiques e de leur impac sur les performances économiques qui en reour conforen les principes de bonne gouvernance dans le réseau des firmes les aueurs dégagen le schéma des inerrelaions qui produi la compéiivié macroéconomique. Ce modèle es aux 25. Pour un nouveau regard sur le Mielsand par Dorohée Kohler e Jean-Daniel Weisz la Documenaion française ocobre 2012.

144 142 Michel Agliea e Xavier Rago anipodes des baisses de coû du ravail aujourd hui considérées comme le mode exclusif de «poliiques srucurelles» par le gouvernemen français e d aures gouvernemens en Europe. Le Mielsand es un écosysème indusriel où les différenes relaions se conforen muuellemen pour garanir la conservaion e la cohérence du sysème. La gouvernance parenariale apparaî dans le rôle cenral de la qualié des acifs immaériels e leur lien organique avec le conrôle capialisique sable parce qu immunisée des perurbaions des marchés financiers c es-à-dire proégé des raids des hedge funds fonds vauours e aures fonds d invesissemen uniquemen inéressés par les gains financiers de rading. Cela implique que les promoeurs d acifs immaériels paricipen à l élaboraion des décisions sraégiques. Les enreprises son liées dans des réseaux régionaux. La mise en commun du capial d innovaion (k β ) se fai dans des cenres echnologiques régionaux la formaion des compéences dans des cenres d apprenissage cogérés enre le groupemen des enreprises e les unions syndicales. Il en résule la définiion de qualificaions qui son à la fois spécifiques au domaine d innovaion considéré e ransférables enre les enreprises du réseau. Il en résule une fore complémenarié enre la producion des connaissances c es-à-dire les innovaions incrémenales dans la producion des biens d équipemen e la formaion du capial humain pour l applicaion commerciale des echniques. Le financemen de l innovaion peu comper sur un puissan appor public par le ruchemen de la KfW (insiu de crédi pour la reconsrucion fondé en 1948 qui bénéficie de la garanie de l Éa fédéral). La KfW s insère donc dans le sysème indusriel allemand e en ire une fore renabilié en s associan aux Hausbanks des enreprises du Mielsand pour financer le risque d innovaion e les projes de développemen durable. Par les liens de long erme avec les enreprises le modèle de financemen paricipe à l indépendance sraégique du sysème mais ce n es pas le modèle de financemen qui crée le issu des PME innovarices. La finance es à sa place c es-à-dire subordonnée. L indépendance sraégique du sysème es la caracérisique fondamenale. Elle garani une spécialisaion solide sur la chaîne de valeur grâce à l innovaion incrémenale en coninu. Cela

145 Érosion du issu producif en rance : causes e remèdes 143 perme de mainenir les pars de marché mondiales à un hau niveau de valeur ajouée (vendre cher le ravail allemand) don résulen des marges élevées. Celles-ci garanissen un auofinancemen qui assure aux enreprises une posiion haue dans la négociaion des conras financiers pour les appors complémenaires de finance exerne. Trois leçons majeures de ce sysème d innovaion son à reenir. En premier lieu l innovaion es le plus souven incrémenale à parir d une base indusrielle maîrisée. En second lieu de peies niches au niveau naional peuven produire des marchés globaux rès profiables. En roisième lieu on peu préserver une large gamme des marchés de la concurrence des pays émergens si l on sai innover sur ses poins fors. Les Scandinaves n on pas un modèle ype. Ils expérimenen dans plusieurs direcions. Mais ils son guidés par un principe for : l innovaion sociale es le faceur déerminan de la compéiivié. La qualié du capial humain l efficacié de l acion publique e l inserion sociale son les condiions du succès. L inserion sociale es obenue par la compaibilié de plusieurs ypes de poliiques qui fon l obje d un large accord parlemenaire : la srice égalié femmes/hommes dans l emploi la mobilié professionnelle la fiscalié inciaive de la prise de risque dans la créaion d enreprises le congé parenal e le service public universel pour les enfans préscolarisés. La cellule de base de la sociéé es donc la famille nucléaire pos-moderne à double carrière. La flexisécurié n es efficace que par un énorme effor public de formaion e de recyclage des ravailleurs pour éradiquer le chômage de longue durée. L inserion sociale dépend d une inégraion éroie des sysèmes éducaifs primaire e secondaire. Le souien pédagogique personnalisé es développé pour combare l exclusion dès la première éape de la scolarisaion. Priorié es donnée à l apprenissage de groupe e à la créaivié sur la compéiion individuelle des noes e l obsession du classemen. Les enreprises globales cherchen à s adaper aux muaions mondiales sans oujours y parvenir (le conre-exemple de Nokia). Mais le capialisme familial dans les grandes enreprises sauvegarde l ancrage erriorial e la gouvernance parenariale dans des organisaions horizonales coopéraives.

146 144 Michel Agliea e Xavier Rago L apiude aux changemens s es manifesée en inlande. Après le déclin de Nokia les pouvoirs publics on cherché à suscier l espri d enreprise pour promouvoir l innovaion boom up par la créaion des sarups. Le mouvemen de «l éé des sarups» en 2010 a cherché à accélérer la créaion d enreprises innovanes en organisan une plaeforme de services (conseils de pools de business angels fonds de venure capial pour consolider le développemen d enreprises naissanes e connexions inernaionales). Cee plaeforme es cofinancée par la fédéraion paronale le gouvernemen e les universiés. Ainsi le déclin de Nokia a--il suscié 300 sarups fondées par d anciens employés dans la roboique e le recyclage auomaique Besoin d une sraégie indusrielle insérée dans les errioires La quesion macroéconomique de la basse croissance se polarise sur l invesissemen producif sinisré. Mais il ne s agi pas que de quanié. Ce qui es en jeu ce n es pas seulemen un plus de croissance c es surou une nouvelle fronière de la croissance. La compéiivié de l Europe sera conforée si l on es capable d ouvrir la voie du développemen durable. Il fau le comprendre comme un principe d innovaion générique qui inspire une sraégie permean de re-erriorialiser l indusrie e d engendrer des flux d innovaions incrémenales. Les fameuses réformes srucurelles doiven lier éroiemen les poliiques environnemenales e les iniiaives sociales dans la ligne des expériences scandinaves pour créer le fermen de la muaion de la gouvernance dans le sens parenarial e pour densifier les sysèmes d innovaion dans les errioires. Il revien aux organes poliiques régionaux de rehausser leurs responsabiliés pour promouvoir un nouvel éa d espri. Cela implique d organiser des débas associan des enreprises des responsables poliiques e des représenans de la sociéé civile pour produire une compéence collecive 26. Il s agi de se doer d une experise capable de déecer des avanages compéiifs régionaux pouvan porer des sysèmes d innovaion. Cee experise doi 26. De elles iniiaives dans la région Midi-Pyrénées son rapporées par Gabriel Colleis dans son ouvrage : L urgence indusrielle Le Bord De L Eau On rouve aussi cee mobilisaion des élus locaux e des milieux professionnels dans la région Rhône-Alpes e pariculièremen à Lyon Méropole.

147 Érosion du issu producif en rance : causes e remèdes 145 pouvoir définir des crières explicies de performance e faire des évaluaions périodiques de la réalisaion des projes reenus. L implicaion des aceurs locaux dans la poliique d innovaion naionale devrai donc êre bien plus grande pour que les appuis éaiques soien efficaces. Pour l heure les résulas en rance son décevans. La R&D des enreprises es bien rop faible émoignan de l insuffisance de la poussée boom up de l innovaion. Les ressources humaines ne son gérées ni dans le sysème éducaif ni dans les enreprises dans le sens de l amélioraion des compéences collecives. À la fois l'apprenissage e la formaion coninue ne permeen pas l'amélioraion coninue des compéences e qualificaions. Les resrucuraions sous la pression de l insuffisance globale de demande déruisen les emplois e les capaciés cogniives. Concevoir une poliique indusrielle pour la croissance souenable c es d abord faire des errioires des espaces de coopéraion des aceurs pour gérer les muaions économiques. C es pourquoi il es esseniel que les grandes enreprises soien insérées dans le issu producif e que leurs cenres de décision y soien éroiemen reliés. A conrario le découplage des grandes enreprises françaises du errioire naional es un obsacle diriman au renforcemen de la compéiivié du errioire naional. Les errioires doiven devenir ou redevenir les principaux aceurs économiques du renouveau indusriel en ariculan les sraégies des enreprises e les objecifs de développemen durable dans la créaion e l essor des sysèmes d innovaion 27. Les errioires apporen des exernaliés posiives par les effes d aggloméraion de réseaux e par les aciviés inensives en informaion. Ils doiven êre organisés de manière à conenir les effes exernes négaifs de la congesion. La marice de cee organisaion es bien sûr le modèle économique urbain. Les villes produisen les ineracions de proximié mais aussi à disance par les echnologies de l informaion (proximié viruelle). Elles subissen les forces de dispersion à cause du prix du foncier qui enraîne l éalemen principale source de gaspillage énergéique e de emps. Il s ensui que la planificaion urbaine es le socle sur lequel des sysèmes d innovaion peuven s édifier. 27. Une mission officielle des services du Premier Minisre confiée à Jean-Pierre Auber a aboui à un rappor remarquable : Muaions économiques e errioires sepembre 2014.

148 146 Michel Agliea e Xavier Rago Les villes efficaces son les villes denses qui réduisen durée e disance des déplacemens quoidiens e qui agglomèren les services inensifs en capial inangible sources de connaissances collecives acies. Elles impliquen d évier les coûs de la congesion par des poliiques de mobilié qui réduisen drasiquemen l impac carbone. Ce son aussi pour les grandes méropoles les villes mulipolaires où l éalemen es remplacé par un maillage en réseau organisé le long de voies de communicaion naurelles ou produies par des infrasrucures publiques. L esseniel es que les différens cenres urbains d une même méga-cié (sysème de villes) soien poreurs d aciviés complémenaires e reliés par des muli modes de ranspor : proscrire auan que possible les ciés doroir e l usage inensif de l auomobile individuelle e des ranspors rouiers de marchandises. C es pourquoi la rénovaion des bâimens e la mobilié urbaine son les enjeux primordiaux d un modèle économique combinan l efficacié énergéique e la réducion drasique des nuisances environnemenales. L ariculaion des niveaux de décision poliiques pour promouvoir ces innovaions es rès claire. Les invesissemens innovaeurs requièren l insiuion d un prix du carbone suffisammen élevé e l abrogaion de oues les réglemenaions e subvenions qui favorisen le gaspillage énergéique e l usage des combusibles les plus polluans. La baisse profonde du prix des énergies fossiles es une opporunié pour le faire. Le changemen radical des prix relaifs de l énergie qui en résulerai serai l inciaion décisive pour changer de régime de croissance. Elle ouvrirai la voie à une muaion des services de mobilié. La mobilié urbaine es un domaine qui perme de bien comprendre le sens de l innovaion qui es une ransformaion conduisan au changemen des modes de vie. En invesissan dans les modèles économiques de la mobilié bas carbone on accélère les changemens qui émergen dans le comporemen des uilisaeurs. Depuis que les auomobiles individuelles son devenues les principaux véhicules du déplacemen urbain e on favorisé l éalemen des villes après la Seconde Guerre mondiale la propriéé des moyens de ranspor a éé l obje qui a srucuré les normes de consommaion. La ransformaion qu implique le modèle urbain de la ransiion énergéique e climaique es l émergence d un comporemen considéran la demande de mobilié comme un

149 Érosion du issu producif en rance : causes e remèdes 147 bien commun 28. Il s ensui que l innovaion va faire éclaer les fronières secorielles. Au lieu de fournisseurs de service de ranspor unimodal von apparaîre des opéraeurs d inermodalié sur les errioires où la gesion des inerconnexions es cruciale. Il en résulerai une réducion drasique du surdimensionnemen du parc auomobile la reconquêe du sol gaspillé par le parcage des véhicules don le emps d uilisaion es faible e la muualisaion des coûs d acha d enreien e d usage. Des plaeformes Inerne publiques ou privées géreraien les abonnemens e les paiemens au déplacemen liés au covoiurage ou à l auo parage des véhicules. Les bus e ramways en sies propres pourraien se développer pour compléer la gamme des moyens de ranspor de coure disance. Le redéploiemen de l espace reconquis sur la dicaure de l auomobile individuelle pourrai accroîre les superficies des espaces vers nécessaires pour résiser aux vagues de chaleur du milieu de ce siècle. Dans la muaion de la foncion ranspor l imbricaion de l indusrie e des services es donc oale puisqu elle modifierai la srucure des villes. Du côé de l efficacié énergéique les véhicules à énergie fossile ne devraien dépasser une consommaion de plus de 2 lires d essence aux 100 kilomères les véhicules hybrides devraien êre privilégiés les invesissemens dans les saionsservice de recharge de baerie devraien se subsiuer aux saionsservice d essence e à plus long erme êre remplacés par les piles à combusible. Les ranspors inerciés dans une même mégapole mulipolaire devraien privilégier le rail avec des rains élecriques rapides. L invesissemen dans un maillage de rains à grande viesse enre méropoles européennes es indispensable à l inégraion du errioire européen. La poliique indusrielle envers les errioires a pour caracérisique en rance la grande diversié des aceurs. Des services déconcenrés de l'éa des colleciviés locales ou des poliiques des pôles de compéiivié l'observaeur ne peu qu'êre frappé du grand nombre d'inerlocueurs auxquels les enreprises doiven s'adresser. Au-delà de la simplificaion nécessaire il convien de s'inerroger sur la finalié des acions publiques. Une poliique 28. Sraégies des enreprises pour le clima. Mobilié rappor DPE novembre 2014.

150 148 Michel Agliea e Xavier Rago d'aménagemen du errioire es nécessaire pour organiser la mobilié des ravailleurs évier les effes de congesion e favoriser la ransiion vers la mobilié bas carbone comme il a déjà éé di. Ensuie l'évoluion économique des errioires doi êre anicipée plusieurs mois voire des années à l'avance afin de permere l'évoluion des qualificaions les mobiliés professionnelles nécessaires le rapprochemen de cenres de recherche ec. Ce emps du proje n'es pas incompaible avec l'inceriude inconournable de ou proje économique. Il s'agi précisémen de coordonner les aceurs pour maximiser les changes de succès. De ce fai la poliique envers les errioires ne peu se résumer aux pôles de compéiivié. Il fau coordonner les ouils pour penser l'inserion locale des ravailleurs des ravailleuses e de leurs enfans aniciper l'évoluion des qualificaions l'implanaion des enreprises l'accès aux financemens avec la BPI e aux aceurs de l'invesissemen responsable. Enfin la réussie des errioires dépend souven d'une alchimie complexe enre les orienaions sraégiques de grandes enreprises des avanages iniiaux des errioires renforcés par des poliiques publiques e d'un réseau de PME dynamiques. Toue la démographie des enreprises doi êre mobilisée dans les errioires avec une aenion pariculière à l'évoluion des PME en ETI. Il ne s'agi pas de créer d'aures insiuions dans un environnemen déjà sauré. Il s'agi au conraire d'acceper les différences des modes de coordinaion au sein des errioires e d'accompagner les dynamiques porées par les aceurs locaux. La coordinaion des acions publiques doi êre un muliplicaeur des énergies locales porées suivan les endrois par les régions les méropoles ou les réseaux d'enreprises. Enfin cerains errioires son plus fragiles que d'aures du fai de leur spécialisaion économique. L'économie des cerains errioires repose parfois sur un seceur d'acivié pariculièremen suje à l'évoluion de la concurrence inernaionale. L'évoluion de ces errioires demande parfois des ressources que seul l'éa peu oriener. La localisaion de cenres de recherche l'inciaion à l'implanaion d'invesissemens direcs érangers e des aides économiques spécifiques peuven aider à la diversificaion économique des errioires à risque. Ainsi si la coordinaion des acions publiques doi êre un muliplicaeur des énergies locales il rese oujours un rôle résiduel à l'éa pour aider à l'adapaion des errioires les plus fragiles.

151 Érosion du issu producif en rance : causes e remèdes Les errioires e l économie circulaire 29 L économie circulaire es un principe d organisaion de l économie pour répondre à l épuisemen des ressources naurelles e à la dégradaion des écosysèmes. Au-delà du changemen climaique la surexploiaion des écosysèmes e des ressources naurelles finies n es pas régulée par les marchés. Le coû social de reproducion des ressources renouvelables (eau forês ressources halieuiques épuisemen e arificialisaion des sols) n es pas pleinemen ou pas du ou pris en compe par la compabilié. L économie circulaire fondée sur le recyclage es une ransformaion des sysèmes producifs pour accroîre l efficacié de l usage des ressources. Les produceurs doiven porer la responsabilié de la gesion de leurs déches. Des réglemenaions doiven conduire à inernaliser les exernaliés environnemenales. Parce que le recyclage es un principe erriorial de mise en réseaux d enreprises c es un veceur pour organiser des sysèmes d innovaion. En effe l économie circulaire es un veceur de resrucuraion des aciviés économiques dans les errioires. Elle re-erriorialise la producion car ce qui es un déche pour une acivié devien un inpu pour une aure dans des échanges en boucle. C es donc un sysème indusriel organisé en boucles de réroacion. Elle accroî ainsi la producivié de l usage des flux de maières. C es donc un principe d inégraion de l écologie e de l économie. Il revien aux pouvoirs poliiques locaux de mere en réseaux des colleciviés publiques des associaions de cioyens e des enreprises pour produire une inelligence collecive capable de produire des innovaions boom up dans ce domaine Conclusion sur l implanaion errioriale des sysèmes d innovaion Planifier le renouvellemen des espaces urbains en prenan en compe les flux de maières minimise la pression sur la biodiversié qu exerce une urbanisaion non-maîrisée. C es oue la logique du régime de croissance fondé sur la financiarisaion enièremen focalisé sur la producivié inensive en capial mais ignoran le 29. La recherche sur l économie circulaire a produi un documen de synhèse par Vincen Aurez e Jean-Claude Lévy Economie circulaire écologie e reconsrucion indusrielle? Édiions CNCD Paris 2013.

152 150 Michel Agliea e Xavier Rago gaspillage des caégories de capial qui n on pas de drois de propriéé privés e donc échappen à la compabilié des acifs qui doi êre remise en cause pour s engager sur la voie de la croissance souenable. Une croissance souenable doi êre financièremen robuse. Or à l heure acuelle ni les poliiques macroéconomiques ni les formes de l inermédiaion financière ne son adéquaes. En amon de ces quesions la voie de la croissance souenable requier un approfondissemen de la démocraie. La dualié du couple Éamarché es radicalemen insuffisane. Le roisième erme qui es le sens du bien commun 30 es la marice de ce approfondissemen. La démocraie concrèe insérée dans les errioires consrui l inelligence sraégique qui perme seule de concevoir e réaliser les synergies éco-indusrielles. Au plan philosophique le Commun comme iers roisième domaine des relaions humaines en ineracion avec le marché e avec l Éa reme radicalemen en cause les fondemens de la préenion dominane de la science économique c es-à-dire les préendus fondemens microéconomiques de la macroéconomie. Dès lors que les individus ne son pas des monades qui poren en eux la oalié de leurs aspiraions dans l indépendance de celles des aures le marché ne peu s auonomiser des aures formes du lien social. C es de l appréhension du sysème socio-économique qu il fau parir. C es de l inerdépendance des rois champs le public le commun e le marché que peu se consruire la démocraie d ineracion capable de lever un rempar conre le fondamenalisme du marché qui menace à erme d'appauvrir les valeurs de nos sociéés 31. Pour survivre aux périls sysémiques du XXI e siècle il fau revisier l œuvre de Polanyi : «l économie n a de vérié e de conribuion au bien-êre humain qu insérée dans le social». 30. Voir «la grande appropriaion e le reour des communs» chapire 3 in Commun de Pierre Dardo e Chrisian Laval La Découvere Pour la logique d un scénario exrême voir Naomi Oreskes e Eric Conway «L effondremen de la civilisaion occidenale» éd. Les Liens qui libèren 2014.

153 DISPARITÉS LOCALES ET CRISE ÉCONOMIQUE ÉCLAIRAGES PRÉLIMINAIRES 1 Jean-Luc Gaffard e Lionel Nesa OCE Sciences Po L éude empirique des zones d emploi sur données d enreprises monre que les performances de ces zones ne son exclusivemen aribuables ni à leur srucure secorielle ni à la phase du cycle économique. Il exise des effes propres à chaque errioire qui expliqueraien valeur ajouée invesissemen e emploi. Ces effes s inscriven dans un conexe de changemen srucurel qui se dessine au dérimen des indusries manufacurières e au bénéfice des aciviés dies de services de haue echnologie. Mos clés : apprenissage convergence performance zones d emploi. L économie géographique s inéresse aux phénomènes d aggloméraion e de polarisaion des aciviés e raie des différences de performances enre errioires que ces phénomènes impliquen soulignan en pariculier la possible srucuraion de l espace enre un cenre e une périphérie. L économie de la croissance s inéresse aux phénomènes de convergence généralemen aribués à la libre accessibilié des pays ou régions aux mêmes ressources à commencer par les ressources echnologiques qui en fon sinon des clones du moins des errioires ayan le même niveau de vie. Des phénomènes qui ne seraien donc conrariés que du fai de l exisence de faceurs spécifiques. L économie inernaionale éabli en principe l exisence de gains muuels à 1. Ce ravail a bénéficié d une aide de l Éa gérée par l Agence naionale de la Recherche au ire du programme Invesissemens d avenir poran la référence ANR-10-EQPX-17 (Cenre d accès sécurisé aux données CASD). Cee recherche a égalemen bénéficié du financemen de la Communaué d'aggloméraion de Sophia-Anipolis (CASA) n BC Revue de l OCE 142 (2015)

154 152 Jean-Luc Gaffard e Lionel Nesa l échange. Ses développemens récens signalen que la combinaison de rendemens croissans e de différenciaion des produis concour à une disribuion spaiale des aciviés à la fois efficace e équiable dans le sens où les différens errioires bénéficien de gains de producivié similaires en occupan des niches spécifiques 2. Suivan ce dernier ype d analyse les localisaions naîraien souven aléaoiremen e ce serai les propriéés acquises (e spécifiques) pluô qu innées qui expliqueraien en même emps leur performance e leur pérennié. Si el es bien le cas les chocs exogènes on peu de chances de bouleverser le paysage en an que el noammen si les errioires concernés émoignen d une réelle résilience due à la capacié locale d adapaion e d apprenissage. C es au regard de ces considéraions générales qu il convien d examiner l évoluion des dispariés locales dans un conexe de crise économique. Ces dispariés seron ici éudiées à l échelle des zones d emploi elles que définies par l INSEE don le périmère déborde ou es débordé par celui de clusers ou de méropoles reenu dans le cadre de différenes poliiques locales de développemen don la poliique des pôles de compéiivié. Les éudes proposées conduies sur la base de données d enreprises concluen à la persisance de phénomènes de convergence qui n auraien donc pas éé inerrompus par la crise laquelle n aurai fai qu en ralenir le ryhme. Ce qui semble dominer au niveau global n es ouefois pas avéré au niveau secoriel. Par ailleurs les performances des zones considérées ne son exclusivemen aribuables ni à leur srucure secorielle ni à la phase du cycle économique. C es dire qu il exise des faceurs locaux un effe propre au errioire qui expliquerai valeur ajouée invesissemen e emploi de chacun en niveau comme en aux de croissance. Ces effes s inscriven dans un conexe de changemen srucurel qui se dessine au dérimen des indusries manufacurières e au bénéfice des aciviés dies de services de haue echnologie. L aricle es srucuré comme sui. La secion 1 présene les données uilisées e propose un premier commenaire sur la disribuion errioriale de la producivié du ravail de l inensié 2. Ce résula ien sous l'hypohèse de aille idenique des régions. En cas de régions de ailles différenes des économies d échelle laenes fournissen un avanage en ermes de gains aux régions les plus grandes. Ce avanage es connu dans la liéraure comme le Home Marke Effec.

155 Dispariés locales e crise économique : éclairages préliminaires 153 capialisique de la paricipaion au commerce inernaional des renouvellemens d éablissemens e des redisribuions d emplois ainsi que sur changemens affecan les seceurs d acivié en ermes de valeur ajouée e d emploi. Cee secion propose égalemen une analyse de variance dans le bu de signaler l exisence d effes propres à chaque errioire. La secion 2 me l'accen sur la dynamique des errioires en décomposan la croissance de la producivié en un erme d'apprenissage e un erme de réallocaion spaiale des aciviés. Cee secion développe égalemen les ess dis de sigma e de bea convergence. La secion 3 conclu. 1. Carographie de l'espace économique 1.1. Les données L'analyse proposée repose sur les données de plus de 17 millions d'éablissemens enre de 1997 à Les éablissemens géolocalisés au niveau communal son regroupés par zone d'emploi. Selon l'insee «une zone d'emploi es un espace géographique à l'inérieur duquel la plupar des acifs résiden e ravaillen e dans lequel les éablissemens peuven rouver l'esseniel de la maind'œuvre nécessaire pour occuper les emplois offers» 3. Le découpage en zones d'emploi consiue donc une pariion du errioire révélan une ceraine homogénéié e au sein desquelles les relaions enre enreprises son a priori privilégiées 4. Comme le souligne l'insee cee unié errioriale es égalemen appropriée pour la mise en œuvre des poliiques locales iniiées par les pouvoirs publics ou les aceurs locaux. Les bases de données mobilisées son disponibles par l'inermédiaire du Cenre d'accès sécurisé à disance (CASD) e après auorisaion du Comié du secre saisique insance relevan du Conseil naional de l'informaion saisique (CNIS). Les bases de données ICUS e ARE coniennen les compes de résulas e bilans compables de l'ensemble des enreprises (à l'excepion des microenreprises e des exploiaions agricoles) de 3. hp:// 4. Dans ce ravail nous reenons la pariion de 1993 celle ayan éé mise à jour en Ce choix es conrain par la disponibilié des fichiers de carographie à nore disposiion.

156 154 Jean-Luc Gaffard e Lionel Nesa 1997 à Toues les variables nominales son déflaées au moyen des divers déflaeurs mis à disposiion en ligne par l'insee : déflaeurs de la producion de la valeur ajouée des consommaions inermédiaires de l'invesissemen des heures ravaillées. C'es à parir de ces données déflaées donc en volume que son calculés les niveaux de producivié du ravail e de producivié oale des faceurs 5. Son exclues de l analyse les enreprises sans employé (les arisans en général) quand bien même elles conribuen à la valeur ajouée naionale. Cee sélecion es moivée par l'impossibilié de calculer les indices de producivié. De 32 millions d'observaions sur la période la base de données compe environ 16 millions d'observaions après une elle sélecion. Cee réducion de 50 % du nombre d'observaions équivau à exclure une masse d'enreprises représenan environ 7 % de la valeur ajouée oale. La nomenclaure d'aciviés française uilisée (NA révision ) présene une arborescence de 21 seceurs économiques jusqu'à une pariion en 732 aciviés. Les 21 seceurs son regroupés en 6 grands seceurs comme sui : les indusries manufacurières (Secion C); la consrucion (Secion ); les services de basses e moyennes echnologies regroupan le ranspor e l'enreposage (Secion H) e les aciviés de services adminisraifs e de souien (Secion N); les services de haues echnologies regroupan le seceur de l'informaion e de la communicaion (Secion J) e les aciviés spécialisées scienifiques e echniques (Secion M); les aures services regroupan le commerce réparaion d'auomobiles e de moocycles (Secion G) e l'hébergemen e resauraion (Secion I); les aciviés financières e immobilières concernan les aciviés financières e d'assurance (Secion K) e les aciviés immobilières (Secion L). Le niveau plus fin de la nomenclaure es uilisé pour qualifier les indusries manufacurières en ermes d'inensié echnologique (seceur de basses echnologies moyennes basses echnologies moyennes haues echnologies e haues echnologies). Pour ce faire es reenue la classificaion proposée par l'ocde (voir OCE Repère sur L'indusrie manufacurière française). Il a cependan éé 5. Voir Guillou e Nesa dans ce numéro pour une présenaion du calcul de la producivié oale des faceurs.

157 Dispariés locales e crise économique : éclairages préliminaires 155 décidé d'ajouer aux seceurs manufacuriers dis de haues echnologies celui de la recherche e développemen scienifique apparenan aux services 6. Les données d'enreprises présenen pouran l'écueil suivan : la localisaion des firmes n'es pas nécessairemen équivalene à la localisaion des aciviés de producion ces dernières relevan des éablissemens propremen dis. Si ceres la rès grande majorié des enreprises son des mono-éablissemens (935 % des enreprises dans nore échanillon) les firmes pluri-éablissemens représenen dans nore base 53 % de la valeur ajouée e 56 % de l'emploi. Dans une problémaique géographique ces enreprises pluri-éablissemens incluen un biais non négligeable au bénéfice des errioires foremen agglomérés les enreprises ayan leur siège proche des grands cenres adminisraifs poliiques e économiques. Pour corriger le biais géographique son uilisées les Déclaraions Annuelles de Données Sociales des enreprises i.e. base DADS éablissemen ce qui perme de connaîre pour chaque enreprise sa main-d'œuvre par éablissemen. Ces éablissemens éan géo-localisés par commune e sous l'hypohèse d'une relaion proporionnelle enre la proporion des effecifs par éablissemen e les aures variables de producion (chiffre d'affaires valeur ajouée invesissemen sock de capial consommaions inermédiaires) il es ainsi possible de corriger le biais d'agrégaion évoqué précédemmen. Enfin pour chaque éablissemen géo-localisé le niveau de producivié (du ravail ou oale des faceurs) qui lui es alloué es celui de l'enreprise mère. Cela es cohéren avec l'idée que l'efficience producive es inelligible au niveau de l'enreprise dans son ensemble e aurai peu de sens économique au niveau de l'éablissemen. La logique producive d'un éablissemen es soumise aux choix organisaionnels de l'échelon décisionnaire que rese l'enreprise. Il en es de même pour la paricipaion au commerce inernaional : un éablissemen es considéré comme éablissemen exporaeur si l'enreprise dans son ensemble déclare exporer une parie de son chiffre d'affaires. Encore une fois les choix sraégiques de l'enreprise son répués gouverner la caracérisaion des éablissemens. 6. Code M72Z au niveau 129 de l'arborescence.

158 156 Jean-Luc Gaffard e Lionel Nesa 1.2. Carographie des zones d emploi La care 1 présene les différenes zones d'emploi en les classan par quarile de densié de l'emploi de producivié du ravail d'inensié capialisique de aux de paricipaion des éablissemens au commerce inernaional de aux de renouvellemen des éablissemens e de réallocaion des emplois. À l'excepion de la densié de l'emploi qui concerne l'année 2010 ous les indicaeurs on éé calculés sur la période CARTE 1. Caracérisiques des zones d'emploi ( ) Sources : DADS-Eablissemens ICUS ARE. Calcul des aueurs.

159 Dispariés locales e crise économique : éclairages préliminaires 157 La densié de l'emploi définie comme le rappor enre l'emploi d'une zone d'emploi sur sa superficie es la plus fore dans les régions Alsace Île-de-rance Rhône-Alpes dans les zones côières des régions PACA e Languedoc-Roussillon dans les zones de Clermon-errand Nanes Toulouse ou encore dans celles des déparemens du inisère e du Nord. Il n y a pas de corrélaion avérée enre cee care e celle de la producivié du ravail la concenraion des emplois n impliquan pas sysémaiquemen des rendemens croissans. Sans surprise en revanche une proximié exise enre la care de producivié du ravail e celle de l inensié capialisique. Plus l inensié capialisique es élevée plus la producivié du ravail es elle-même élevée. La paricipaion au commerce inernaional es la plus fore dans les bassins du Nord de l Es de Rhône-Alpes e de l Île-de-rance auxquels il fau ajouer les quelques bassins d aures régions le plus souven orienés vers les aciviés de haue echnologie. Enfin le renouvellemen des éablissemens 7 e la réallocaion de l'emploi 8 qui renden compe des ransformaions du issu producif local 9 son pariculièremen fors dans un grand quar sud-es en Île-de-rance la vallée de la Garonne e la Gironde la côe Alanique (sud Breagne e région nanaise). Ces aux élevés son vraisemblablemen corrélés avec la naure des aciviés de haue echnologie d un côé ourisiques de l aure. La care 2 décri la spécialisaion des zones d'emploi par grand seceur d'acivié enre 2002 e 2007 année d'avan-crise. L'indice de spécialisaion relaive es calculé de la manière suivane : VAzs / VA s zs ISRzs = (1) VA / z zs VA z s zs où VA représene la valeur ajouée de la zone d'emploi z dans le seceur désignan alernaivemen les indusries manufacurières 7. Le aux de renouvellemen des éablissemens es défini comme le rappor des éablissemens enrans ou sorans sur le nombre oal d'éablissemens pour une zone d'emploi donnée. 8. Le aux de réallocaion de l'emploi pondère chaque éablissemen enran soran ou exisan par le nombre d'employés. 9. Doisneau L. (2015) «Un iers du issu producif local se renouvelle chaque année» Insee Première n pages.

160 158 Jean-Luc Gaffard e Lionel Nesa la consrucion les services de basses e moyennes echnologies les services de haues echnologies les aures services e les aciviés financières e immobilières. Le dénominaeur représene la par d'un seceur dans une zone d'emploi donnée. Le dénominaeur représene la par de ce seceur dans l'économie dans son ensemble. Si le raio es supérieur à l'unié alors la zone d'emploi es die relaivemen spécialisée dans ce seceur. S'il es inférieur à l'unié la zone d'emploi es relaivemen moins ou peu spécialisée dans ledi seceur. CARTE 2. Indice de spécialisaion par seceur d'acivié ( ) Sources : DADS-Eablissemens ICUS ARE. Calcul des aueurs.

161 Dispariés locales e crise économique : éclairages préliminaires 159 CARTE 3. Taux de croissance de la valeur ajouée (2008/2011) par seceur d'acivié Sources : DADS-Éablissemens ICUS ARE. Calcul des aueurs.

162 160 Jean-Luc Gaffard e Lionel Nesa CARTE 4. Taux de croissance de l'emploi (2008/2011) par seceur d'acivié Sources : DADS-Eablissemens ICUS ARE. Calcul des aueurs. S'il es illusoire de préendre rendre compe avec ces cares de la complexié e de la diversié de profils locaux il apparaî cependan que les services dis de haue echnologie s'agrègen auour des grands pôles économiques e adminisraifs alors que les indusries manufacurières en son plus disanes.

163 Dispariés locales e crise économique : éclairages préliminaires 161 Les cares 3 e 4 décriven les zones d'emploi en ermes de aux de croissance de la valeur ajouée e de l'emploi duran les années d'après-crise. Ces cares révèlen le changemen srucurel profond e relaivemen homogène sur le errioire consisan dans un basculemen des aciviés manufacurières vers les services de haue echnologie. CARTE 5. Indice de spécialisaion par inensié echnologique ( ) Sources : DADS-Eablissemens ICUS ARE. Calcul des aueurs.

164 162 Jean-Luc Gaffard e Lionel Nesa CARTE 6. Taux de croissance de la valeur ajouée (2008/2011) par inensié echnologique Source : DADS-Eablissemens ICUS ARE. Calcul des aueurs. Les cares 5 à 7 décriven les mêmes évoluions s agissan des aciviés manufacurières regroupées selon leur inensié echnologique. Ces cares monren que les aciviés manufacurières (incluan les services de R&D) à haue valeur ajouée se concenren auour de l'île-de-rance Grenoble Toulouse Aix-en- Provence Bordeaux e Monpellier pour l'esseniel. La pariion régionale des spécialisaions secorielles apparaî en oure propre aux zones d'emploi.

VA(1+r) = C 1. VA = C 1 v 1

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