Produire sa protéine pour nourrir ses bovins, ovins, caprins en région Centre Val de Loire. Lettre fourrage n 11 n 13 EDITO.
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- Gilbert Bélanger
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1 Produire sa protéine pour nourrir ses bovins, ovins, caprins en région Centre Val de Loire EDITO Lettre fourrage n 11 n 13 Juillet Juin Produire ses protéines sur son exploitation fait partie des objectifs de nombreux agriculteurs aujourd hui. Les motivations sont multiples : plus de traçabilité, moins de dépendance vis-à-vis des fluctuations du cours des matières premières Mais surtout ce choix de production permet de réaliser de bonnes performances et de dégager du revenu. Pour atteindre cet objectif, il n y a pas une solution mais divers leviers techniques à adapter au contexte de son exploitation. Jean-Paul GIRAULT (36) - Stéphane TURBEAUX (41) François DE CHENERILLES (37) Responsables professionnels du programme Herbe et Fourrages L autonomie alimentaire envisagée au niveau individuel est possible en introduisant un ou des fourrage(s) riche(s) en protéines et en équilibrant la ration avec un ou des protéagineux. La recherche de plus de protéines peut donc se concevoir d une part au niveau de la surface fourragère avec la culture de luzerne, de trèfle ou l implantation d une dérobée riche en protéine (RGI + trèfle incarnat ou vesce) sans oublier les prairies multi-espèces et les associations (RGH + trèfle violet ou dactyle + luzerne). D autre part la surface en cultures de vente peut aussi concourir à l autonomie avec la production de protéagineux. Les conditions agronomiques de l exploitation (type de sol ) et la maitrise de l itinéraire technique sont déterminantes dans l obtention du rendement et donc de leur intérêt économique. Les protéagineux Valeurs alimentaires Le lupin se distingue de la féverole et du pois par sa richesse en protéines et par sa valeur énergétique, due à sa teneur en matière grasse. Il est qualifié de «petit tourteau de colza». Il peut être utilisé après un simple aplatissage ou broyage. En revanche, le pois et la féverole sont riches en amidon. Ce qui n est pas toujours évident de les associer avec les céréales. Ces trois protéagineux se caractérisent par leur faible teneur en PDIE Le lupin : sa limite agronomique est son intolérance aux sols calcaires. Il supporte mal le gel et l excès d eau. La principale difficulté de la culture est l enherbement. Pour un lupin d hiver, le cycle est de 11 mois (semis fin septembre - début octobre, récolte après les blés). La principale difficulté de la culture est l enherbement : c est une plante qui couvre mal le sol, elle concurrence mal les adventices. En lupin de printemps, le cycle est plus court - 6 mois - (semis fin février-début mars et récolte après les blés). Le contrôle de l enherbement est plus facile mais le lupin de printemps est plus sensible à l anthracnose. Bien que le lupin soit une graine très intéressante au niveau nutritionnel, la culture de lupin est en fort repli en région Centre comparée aux années Ce repli est dû à la difficulté de sa culture et au manque de progrès génétique. 1
2 Le pois : c est le protéagineux le moins sensible au climat. Ses points faibles sont sa sensibilité à la verse et à l aphanomycès. I, II, 0, 00, 000 et depuis peu TTP : variétés Très Très Précoces. Des semenciers demandent l inscription de telles variétés au catalogue français. Leur commercialisation ne devrait plus trop se faire attendre. Toutefois, une variété d un groupe TTP conduit à une productivité moindre. La féverole : elle a la particularité d étouffer les mauvaises herbes. Féverole d hiver, semis fin octobre et récolte après les blés. Féverole de printemps, semis fin février-début mars et récolte après les blés. Le tourteau de colza fermier : la possibilité offerte aux éleveurs d extraire à la ferme l huile de leurs graines de colza a suscité un intérêt au cours de la période Elle permettait d être plus autonome en protéines. L huile peut être utilisée comme carburant, compte tenu des cours de la graine de colza de ces dernières années et de l évolution de la technologie des moteurs des matériels agricoles. Bien que les effets zootechniques des tourteaux de colza fermiers soient positifs, la motivation des éleveurs à extraire l huile de leur colza est moindre. Règle de substitution blé T. soya 48 1 Kg de pois 500 g de blé 400 g de T. soya 48 1Kg de lupin 500 g de blé 600 g de T. soya 48 1 Kg de féverole 550 g de blé 450 g de T. soya 48 Le remplacement du tourteau de soja est techniquement et économiquement possible si les protéagineux produits sur l exploitation sont accompagnés de fourrages riches en azote. La recherche d autonomie en protéine nécessite un accroissement de la part d herbe dans le système fourrager en production bovin lait, soit par le pâturage soit par la constitution de stocks d ensilage, d enrubannage ou de foin de qualité. Les oléagineux Le soja : la photopériode, la température, l hygrométrie de l air et l humidité du sol conditionnent le développement du soja. Pour l expression du potentiel génétique de la plante, la somme des températures moyennes journalières doit dépasser les 6 C (ce qui correspond au zéro de végétation du soja). Différents groupes de précocité existent : groupe Les légumineuses de fauche La luzerne et le trèfle violet sont 2 espèces très productives et que l on va pouvoir cultiver éventuellement en pur. Les autres légumineuses fourragères vont plutôt être cultivées en association ou en mélanges. La luzerne : la luzerne est une espèce fourragère très productive. Un essai conduit par la Chambre d agriculture d Eure-et-Loir montre que sur 3 ans, une luzerne exploitée 4 à 5 fois chaque année, arrive à produire plus de 10 TMS/ha. Il faut noter que cette expérimentation comprend l année 2011 marquée par une sécheresse de printemps qui a fortement pénalisé la pousse. A chaque coupe, la teneur en protéines de la luzerne avoisine les 20 %, ce qui a permis de récolter en 2010 plus de 3 T de MAT par ha 2
3 t de MS/ha DIANE GALAXIE PRUNELLE ,0 14,3 14,5 Comparaison des tonnages récoltés par variété par année et en cumulé (t MS/ha) 6,6 7,1 6,6 9,8 11,9 10,1 30,7 32,2 32,9 année 1 année 2 année 3 tonnage total Source : Essai variété luzerne, Chambre d agriculture 28, ( ) PRDA 111. Rendement MS annuel MS annuel (kg de (kg MS/ha) de MS/ha) Rendement MAT MAT annuel annuel (kg de (kg MAT de /ha) MAT /ha) Teneur Teneur MAT en MAT moyenne moyenne toutes toutes coupes coupes confondues (g/kg (g/kg de MS) de MS) Le trèfle violet : le trèfle violet représente une solution pour les sols à moindre potentiel. Deux essais variétés ont été conduits par les Chambres d agriculture du Loir-et-Cher et du Cher sur la période (l un sur sol limoneux et l autre sur sol sablo-limoneux). Les valeurs alimentaires ont été réalisées en vert. Rendement matière sèche par ha En moyenne, les rendements obtenus sur 2 ans sont respectivement de 8,4 TMS/ha toutes variétés confondues pour l essai du Loir-et-Cher et de 8,9 TMS/ha pour l essai du Cher. Rendement MAT par ha Par rapport à la production en protéines, les 2 années d expérimentation sur trèfle violet montrent que l on génère en moyenne sur 2 ans, entre 1,3 et 1,4 T de MAT par ha toutes variétés confondues
4 Teneur en MAT par kg de MS Toutes variétés confondues, la teneur en protéines des différentes coupes de trèfle violet est en moyenne comprise entre 14 et 16 % de MAT. On ne constate pas de meilleures valeurs sur les 2 ème et 3 ème coupes par rapport aux premières coupes. Les prairies temporaires La prairie temporaire entre généralement dans la rotation de cultures et est implantée pour une durée de 6 mois (dans le cas d une dérobée avant implantation de maïs) à plusieurs années. Les associations sont composées de 2 espèces (ex : dactyle-luzerne ou RGH-trèfle violet), alors qu une prairie multi-espèces constitue un mélange fourrager plus élaboré (de 3 à 10 espèces). L un des intérêts des prairies temporaires installées avec des légumineuses réside dans la haute teneur en protéines des fourrages, qui sont souvent produites à faible coût. L association dactyle luzerne : cette association est intéressante dans les zones où le niveau des ph est limite pour la production de luzerne en culture pure. Cela permet aussi de limiter les pertes de feuilles et d avoir un fourrage plus équilibré en énergie et azote pour une utilisation en plat principal. Les associations : L association Ray Grass hybride + Trèfle Violet permet d avoir un fourrage plus riche en azote. Son épiaison est plus tardive que le RGI seul. L été, le mélange se tient mieux dans des terres superficielles. La pérennité d un RGH + TV est meilleure qu un RGH classique. Associé à de l ensilage de maïs, l ensilage de RGH + TV permet de réduire la complémentation des vaches laitières en correcteur azoté. La culture suivante donne un meilleur rendement, tout comme avec un précédent luzerne ou trèfle, elle profite du «relargage» d azote et d une bonne structure du sol pour les semis sans labour. Les prairies multi-espèces : les 11 années d expérimentations à la ferme des Bordes (Indre) montrent que ces prairies sont particulièrement bien adaptées aux sols hétérogènes du nord massif Central. 4 2
5 Fétuque élevée Fétuque des prés Trèfle violet Tèfle hybride Trèfle blanc Lotier Minette Total graminées (kg/ha) Total légumineuses (kg/ha) TOTAL (kg/ha) Espèces Dactyle RGA Fléole Luzerne Mélange Mélange Mélange Mélange Mélange Mélange Mélange Mélange Mélange Mélange Mélange Mélange Source : ARVALIS OIER des Bordes Essai prairies fauchées Au cours des 11 années d expérimentation, ces prairies, conduites sans apport azoté, ont produit entre 6 et 11 TMS/an. Les mélanges n 10 et 12 fournissent les rendements matière sèche les plus élevés et également une bonne production de protéines par hectare. Le dactyle, la luzerne et le trèfle violet constituent le trio de base des mélanges qui donnent les meilleurs résultats. Les autres cultures fourragères : Le Ray Grass d Italie est une graminée fréquente en prairies temporaires qui est souvent utilisée en culture dérobée avant maïs ensilage. Elle peut être aussi associée à du trèfle incarnat. Le RGI se distingue du Ray Grass Anglais par : sa préfoliaison enroulée et par les cils sur les épis, sa faible pérennité (de 6 mois à 18 mois). Les variétés tétraploïdes (4n) sont plus appétentes et plus faciles à pâturer tandis que les variétés diploïdes (2n) sont moins riches en eau et mieux adaptées au fanage. En pur, les variétés 4 n se sèmeront à la dose de 30 Kg/ha tandis que les variétés 2n ont des graines plus petites et se sèmeront autour de 20 Kg/ha. Récolte au stade feuillu Ray Grass d Italie (en pur) RGI 50%+Trèfle Incarnat 50% MS UFL 0,90 1,05 UEL 1,05 0,95 MAT PDIN PDIE Les exploitations très précoces : Lorsqu on récolte des espèces fourragères à des stades très précoces, en deçà des repères couramment utilisés (fin montaison pour les graminées et bourgeonnement pour les légumineuses), on améliore la teneur en protéines des fourrages. Lorsqu on conduit des animaux en pâturage tournant, cela leur permet de leur donner régulièrement à disposition une herbe à haute teneur en protéines (cf. tableau ci-dessous). Prairie = repousses feuillues à 5 semaines MS 17 UFL 0,93 UEL 0,95 MAT 21 PDIN 135 PDIE
6 Crédit photos : Y.Lagrost - C.Javon Photothèque APCA Les légumineuses de fauche en tête Rendement (TMS/ha) g de MAT / kg de MS kg de MAT /ha Luzerne bourgeonnement (3-5 coupes) Trèfle violet bourgeonnement (3-4 coupes) RGH-trèfle violet Dactyle-luzerne Prairies multi-espèces Féverole Lupin Pois soja Source : table INRA 2007et ARVALIS-OIER des Bordes. Valeurs fourragères en vert On constate que ce ne sont pas les aliments les plus concentrés en protéines comme le soja qui produisent le plus de protéines à l hectare. La luzerne et le trèfle violet arrivent largement en tête. Les prairies multi-espèces, bien que leur teneur en MAT soit seulement aux alentours de 120 par kg de MS, rivalisent avec les protéagineux par rapport à leur production de MAT par hectare. Toutes espèces herbivores confondues, en constituant une ration de base avec une bonne proportion de fourrages riches en protéines (luzerne, trèfle violet, prairies multi-espèces, associations, ensilage précoce de RGI, pâturage à 8-10 cm ) et une bonne concentration en énergie, la complémentation en protéagineux produits sur l exploitation ou en tourteaux achetés peut être réduite. Des référents départementaux à votre écoute Cher : Yvan LAGROST Eure-et-Loir : Philippe LOQUET Indre : Aurore ANTOINE Indre-et-Loire : Stéphane DAVID Loir-et-Cher : Vincent RIGAL Loiret : Philippe COCHET
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