Les impasses du vieillissement et la demande d en finir. Louis Ploton Professeur émérite de Gérontologie Université Lyon-2
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- Maurice Simoneau
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1 Les impasses du vieillissement et la demande d en finir Louis Ploton Professeur émérite de Gérontologie Université Lyon-2
2 Le vieillissement = crises d'identité On sait définir le vieillissement mais il n y a pas de bonne définition de la vieillesse La vieillesse est un statut relationnel de membre honoraire que l on protège, d immigré dans le temps (de mon temps) Savoir que l'esprit n'a pas d'âge, même si progressivement le corps trahit : modifications d'aspect, de capacités, recherche d'artifices, de compensations Problème du vécu de vulnérabilité physique : notamment avec l apparition de maladies chroniques; Discordance entre image investie et réalité risque de devenir étranger à soi même / à ce qu'on désire et croit pouvoir être encore. Pr.Louis PLOTON 2
3 Crise d'identité : la multiplication des deuils Perte des points d appui sociaux (travail, amis ) Dépendance accrue vis à vis des contacts restants Perte de pouvoir : difficulté à fonctionner à 4 ou 5 générations; Ne plus être acteur de l histoire (éliminé : place aux jeunes!). Pr.Louis PLOTON 3
4 Crise d'identité : l impact de notre regard Notre vision de la vieillesse et des rôles dévolus aux aînés (vision défectologique de la vieillesse) Risque de ne plus reconnaître celui qu on aimait dans celui qui est là et qu il le perçoive; Incapacité de s identifier aux grands dépendants, en déniant : qu ils puissent avoir une vie affective (consciente et inconsciente) qu ils ont, à leur façon, des perceptions et des conduites adaptées, Risque de sous-estimer le besoin légitime de compter des grands vieillards (qui explique beaucoup de leurs conduites) Les dégâts de notre adhésion à une vision utilitariste de la vie : bouches inutiles, donc risque de réduction de soins (euthanasie discrète, hors champ légal). Pr.Louis PLOTON 4
5 Les dangers de mal vieillir (1) Préoccupations exagérées de santé, Replis sur le domicile et les rôles familiaux, Dépendance affective, demande accrue d attention, Vie par procuration, Absence de nouveaux investissements (nouvelles relations ou centres d intérêt). Atteinte de l'estime de soi. Pr.Louis PLOTON 5
6 Les dangers de mal vieillir (2) Réduction des possibilités d'adaptation et risque de désadaptation, Mauvaise gestion de l'agressivité (le caractère qui se rigidifie) Démotivation, conduites régressives : réduction d activité, trop s aliter, se négliger (alimentation, tenue, hygiène, usages sociaux). Manifestations psychosomatiques de tous types, Les décompensations psychopathologiques, de tous ordres, dont la dépression Pr.Louis PLOTON 6
7 La dépression chez l âgé 30% des PA sont plus ou moins dépressives, Demande somatique : symptômes fonctionnels, lombalgies, constipation Vécu dépressif (perçu comme tel par l intéressé) et/ou présentation dépressive comportementale : façon de marcher, regard, visage. Le déprimé porte le monde sur ses épaules, il souffre de vivre, part perdant, sa vie est un fardeau, Existence d un désir de mort. Mais aussi savoir : Identifier, comme tel, un épisode mélancolique délirant; Prendre en compte : la question de l hypomanie, des états mixtes, et/ou des accès maniaques caractérisés (lutte contre la dépression?).
8 Prendre en compte La question de la solitude douloureuse et/ou du vécu d abandon avec angoisse aiguë, Le sentiment d inutilité (adhésion partagée à une vision utilitariste de la vie). Avec: La demande de mort de la part d un malade qui, résigné, n investit plus rien, ne s investit plus, n est plus investi que par loyauté (une position de lâcher prise ultime ) Le cas des personnalités narcissiques ou de celles dans l hyper-contrôle : suicide «décrété» dit stoïcien (narcissique?).
9 Attention Risque d erreurs de diagnostic : Fatalisme (c est l âge!) Masque somatique de la dépression, Discussions autour du diagnostic : A quoi attribuer : Irritabilité, opposition, régression, Pathologies vasculaires cérébrales (non maîtrise des émotions) Déficit cognitif (la part d une dépression possible?). L homme de plus de 75 ans se tue 4 fois plus par suicide que celui de moins de 25 ans; Concerne toutes les structures psychologiques (même les hystériques!) Passage à l acte annoncé ou préparé en secret, Un risque particulier : les antécédents familiaux de suicide.
10 Les ambiguïtés de la demande d en finir Indépendamment des situations de douleur physique ou psychique, la demande d en finir peut aussi correspondre à : Une position idéologique (reste à savoir sur quelle expérience traumatique s est développée cette position qui à été un facteur de résilience et qui peut devenir un facteur de blocage du travail psychique). Demander l honneur d être traité en sujet; Faire reconnaître sa souffrance; Tester l ambivalence du soignant et interroger la qualité de l alliance thérapeutique.
11 Mais peut-être aussi Dans une demande explicitement euthanasique : Souhaiter que le fait d abréger la vie soit cautionné : au nom de la société? La revendication (par l implication obligée d autrui) d une forme de réparation pour une situation vécue comme un préjudice? En d autres termes : une forme de dette à faire payer à la société ou au corps médical (peut-être pour son impuissance)? Une possible réaction désespérée de toute puissance par la prise de pouvoir sur autrui, là où tout espoir semble perdu? Un simple besoin d accompagnement dans un acte désiré, mais trop difficile et trop douloureux à assumer pour le réaliser par soi-même ou, plus simplement, un besoin de suppléance, là où il est plus facile d ordonner que de faire les choses soi-même?...
12 Une attitude préventive? Bien sûr, dépister la dépression et tenter de la soigner. Tenter surtout de redonner le goût de vivre, et de restaurer la motivation (rôle des possibles centres d intérêt). Rôle essentiel des liens d attachement : anciens mais, aussi et surtout, nouveaux! C est aussi l investissement du thérapeute et son propre travail psychique qui soigne.
13 Dans tout les cas Attention aux décisions prises avec un algorithme (fut-il implicite). Faire au malade et à ses proches (s il en a) l honneur d un cas de conscience! S interroger sur la place accordée dans les soins à l identification de la souffrance psychologique, des malades et de leur entourage, mais aussi des soignants. Offrir des espaces de parole et de réflexion pour identifier de quelle souffrance on parle (celle de qui) et quelle prise elle a sur nous. Rôle du psychologue clinicien.
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