LES ENTREPRISES D'EXPLOITATION FORESTIERE

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1 Cette rubrique est dirigée par Ph. MARGERIE Ingénieur en chef du G.R.E.F. Chargé de la sous-direction «Bois-Papier-Imprimerie» D. I.C. T. D. Ministère de l'industrie et de la Recherche 3, rue Barbet-de-Jouy PARIS LES ENTREPRISES D'EXPLOITATION FORESTIERE QUELQUES RÉSULTATS PRINCIPAUX TIRÉS D'UNE ÉTUDE * SUR LES EXPLOITATIONS AYANT TRAITÉ PLUS DE M 3 (r) EN 1975, EN FRANCE B. ELYAKIME Quelque entreprises ont exercé en 1971 une activité d'exploitation forestière qui a consisté en l'achat de bois sur pied, sa récolte, son tri et sa commercialisation. Environ 20 % d'entre elles ont récolté, en 1971, les trois-quarts de la récolte nationale et près de 62 % sont intégrées à une scierie. Bien qu'importantes, ces données ne reflètent cependant pas toute la diversité des entreprises d'exploitation forestière selon leurs fonctions, leurs équipements, leurs productions, sans parler des aspects financiers. Aussi, à la demande du Service des Forêts, le Laboratoire d'economie forestière a-t-il conduit en 1976, une étude sur les entreprises d'exploitation forestière, qui ont exploité au moins m 3 de bois ronds en Cette étude s'est appuyée sur une enquête réalisée avec le concours des Services régionaux d'aménagement forestier sur l'ensemble de la France ( 1 ). L'enquête couvrait l'année 1975 et s'intéressait à la production de l'entreprise, à ses moyens en salariés et en matériels, à son organisation et aux activités professionnelles exercées en complément de l'exploitation forestière. Ceci a fourni questionnaires utilisables qui ont été dépouillés, soit un taux de réponse estimé à environ 75 % (le nombre exact d'entreprises de plus de m 3 (r) en 1975 n'est pas connu ; il est approché à partir des résultats du dépouillement informatique 1971 de l'enquête annuelle de branche du Service des Forêts). (") Etude réalisée par le Laboratoire d'economie forestière, en exécution de la convention passée le 10 juillet 1973 entre le ministère de l'agriculture (Service des Forêts) et l'institut national de la Recherche agronomique (groupe d'études et de recherche en économie forestière). 53 R.F.F. XXXI

2 B. ELYAKIME CARACTERISATIONS ESSENTIELLES DES ENTREPRISES ÉTUDIÉES Les entreprises étudiées ont exploité m 3 (r), soit environ 66 % de la récolte totale de Pour cela, elles ont employé salariés dont permanents et occasionnels ( 2 ), employés en moyenne un peu moins de 4 mois, ce qui représente salariés équivalents plein temps ( 3 ). Elles possèdent tracteurs avec lesquels elles ont débardé 39 % environ de leur récolte de bois, soit m 3 (r). Elles ont travaillé sur un territoire assez vaste : 33 % des entreprises ont exploité dans un seul département ; à l'autre extrémité, 1,3 % d'entre elles ont eu une activité de récolte des bois dans 10 départements ou plus (cf. graphique n 1). Les activités professionnelles autres que l'exploitation forestière sont tournées essentiellement vers la transformation du bois et très peu vers la sylviculture. Les exploitants forestiers propriétaires ou gestionnaires forestiers représentent 2,9 % de l'effectif étudié, dont un peu plus du tiers sont des centres de l'office national des forêts travaillant en régie, alors que les exploitants forestiers liés à l'aval représentent 73,8 % de l'effectif enquêté : la majorité de ceux-ci ont une activité de sciage. Un peu moins du quart, 23,3 %, n'ont pas d'autres activités professionnelles que l'exploitation forestière. Parmi ceux-ci, les agences de sociétés d'approvisionnement d'industries de pâtes ou panneaux sont incluses (ces agences se sont en effet déclarées comme exploitant forestier «pur» bien qu'elles entretiennent des liens très étroits avec les secteurs pâtes ou panneaux.) Nombre d'entreprises Graphique n 1 Nombre d'entreprises par nombre de départements d'activité 300" Nombre de départements d'activité (1) II nous est agréable de remercier ici tous les personnels des SRAF de leur collaboration éclairée et les exploitants forestiers qui ont répondu au questionnaire ; c'est grâce à eux que des résultats intéressants ont pu être obtenus. (2) Salarié occasionnel : celui qui a travaillé moins de 200 jours en (3) Nombre de salariés équivalents plein temps = nombre de salariés permanents + nombre de salariés occasionnels x durée moyenne d'emploi en mois d'un occasionnel 12 54

3 Economie et forêt ' : ' ' '.. t. >',-. 4, ;,%»' ' '*', t^», Debardage par cheval. Photo MOSNIER. Le nombre moyen de salariés équivalents plein temps par entreprise est de 11,8 médiane 5 et la plus grande partie des entreprises concerne les moins de 10 salariés équivalents plein temps 75,6 % de l'effectif total. Un certain nombre d'entreprises 7,5 % de l'effectif n'ont pas déclaré de salariés et, à l'autre extrémité, 3,9 % ont déclaré plus de 50 salariés équivalents plein temps. Ces dernières regroupent 40,4 % des salariés équivalents plein temps. Le nombre moyen de tracteurs est de 1,6 médiane 1. Tandis que 40 % des entreprises ne possèdent aucun tracteur, 17,5 % en détiennent 3 ou plus, regroupant ainsi plus de 60 % du parc. Cette nette différenciation parmi les entreprises se retrouve à travers le taux de debardage de l'entreprise ( 4 ) (c'est le pourcentage du volume exploité que l'entreprise a débardé elle-même avec son propre matériel). En effet, 39 % des entreprises ont un taux de debardage nul alors que seulement 20 % ont un taux de debardage égal à 100 %. Les 41 % restants ont une activité de debardage incomplète. Il a par ailleurs été recensé «débardeurs indépendants» qui peuvent être des agriculteurs, des exploitants forestiers débardant pour le compte d'autres exploitants forestiers, des professionnels inscrits au Registre du Commerce. (4) Le taux de debardage est donné à 12.5 % près au maximum saut pour les valeurs extrêmes 0 et 100 déduit du taux de debardage est donc calculé à 25 % près au maximum. Le volume débardé. 55 R.F.F. XXXI

4 B. ELYAKIME NOMBRE D'ENTREPRISES Graphique n 2 par classe de volume exploité ,6 % 6,7 ' , ,7 % 48, Classes de volume exploité en m' EBR Le volume moyen exploité a été de m 3 (r) médiane m 3 (r). Mais 48,4 % des entreprises ont exploité entre et m 3 (r) en 1975, tandis que seulement près de 20 % d'entre elles ont exploité plus de m 3 (r), ce qui représente pour ces dernières 60 % du volume total (cf. graphique n 2). La production de l'entreprise est caractérisée par son taux de grumes (pourcentage du volume de grumes de l'entreprise par rapport au volume total qu'elle a exploité) et par son taux de feuillus (pourcentage de feuillus exploité par l'entreprise par rapport à son volume total exploité). Il ressort de l'étude que des entreprises, en nombre important 35 % du total, ont un taux de grumes compris entre 90 et 100 % et sont donc «spécialisées» en 1975, dans la récolte de grumes. Par contre, seulement 7,4 % des entreprises ont un taux de grumes compris entre 0 et 10 % (soit un taux de trituration compris entre 90 et 100 %) et sont donc «spécialisées» en 1975 en produit bois de trituration. 56

5 Economie et forêt La «spécialisation» en produits grumes s'explique logiquement quand on connaît le fort degré d'intégration des entreprises d'exploitation forestière avec l'activité sciage. Celle en bois de trituration reflète l'activité des agences des sociétés d'approvisionnement en bois de trituration bien qu'elles exploitent également des grumes et de quelques exploitants forestiers qui récoltent essentiellement du bois de trituration (cf. graphiques n os 3 et 4). % du nombre d'entreprises Graphique n 3 par classe de taux de feuillus rr 50 % Taux de feuillus % *- o feuillus Graphique n 4 par classe de taux de grumes % du nombre d'entreprises n- 40 % taux de grumes % bois de trituration 57 R.F.F. XXXI

6 B. ELYAKIME Nombre d'entreprises % Taux de % % grumes Taux de debardage frm <>% Graphique n 5 selon leur taux de grumes et selon leur taux de debardage Nombre d'entreprises % % Taux de grumes Volume récolté : plus de m" (r) de à m 1 (r) de à m' (r) de à m' (r) Graphique n 6 selon leur taux de grumes et leur volume exploité de à m" (r) Les classes de taux de grumes, volume exploité, taux de debardage (sauf la classe 0 % qui a un effectif double des autres) ont été élaborées de sorte que chacune ait un effectif sensiblement égal. 58

7 Economie et forêt Les entreprises qui sont «spécialisées» en bois de trituration ont plus souvent une activité débardage classes de taux de débardage compris entre 1 et 100 % inclus (cf. graphique n 5) et sont plus souvent des entreprises importantes, d'après leur volume exploité, que celles spécialisées en grumes, en 1975 (cf. graphique n 6). L'analyse du parc de tracteurs des entreprises ainsi étudiées fournit des renseignements intéressants. Sur les tracteurs qu'elles possèdent, 41,7 % sont surtout des tracteurs agricoles ou parfois à chenilles. Les trois grands types de tracteurs proprement forestiers se répartissent comme suit : tracteurs à châssis rigide et treuil tracteurs à châssis articulé et treuil tracteurs porteurs (bois de trituration) 436, soit 23,5 % du total ; 310, soit 16,7 % du total ; 336, soit 18,1 % du total. L'âge moyen du parc varie selon la catégorie. Les châssis rigides ont en moyenne été mis en service en 1965, donc sont plutôt, en général, âgés. Les châssis articulés à treuil datent, en moyenne, de 1972, et les tracteurs porteurs de 1973 ; ils représentent donc les matériels les plus récents (cf. graphique n 7). D'après les déclarations des exploitants enquêtes, les tracteurs à Graphique n 7. Caractéristiques de la répartition des tracteurs torestiers par année de première mise en circulation TRACTEURS A CHASSIS RIGIDES ET A TREUIL TRACTEURS A CHASSIS ARTICULES ET A TREUIL TRACTEURS A CHASSIS ARTICULÉS ET A GRUE DITS PORTEURS i i moyenne le segment concerne 60 % des tracteurs 59 R.F.F. XXXI

8 B. ELYAKIME châssis rigide et treuil et les tracteurs agricoles ont été utilisés en moyenne, en 1975, heures, et ceux à châssis articulé avec treuil ou porteurs heures. Mais ces moyennes dissimulent de grandes variations et 9 % du parc auraient travaillé plus de heures en C'est le cas de 3 % des tracteurs agricoles, 7 % des tracteurs à châssis rigide et treuil, 18 % des modèles à châssis articulé à treuil et 20 % des porteurs (cf. graphique n 8). D'après les résultats de cette enquête, 60 % des tracteurs forestiers des entreprises étudiées seraient de marques françaises. Graphique n 8 Caractéristiques de la répartition des tracteurs selon les heures d'utilisation heures d'utilisation TRACTEURS AGRICOLES ET A CHENILLES TRACTEURS A CHASSIS RIGIDES ET A TREUIL TRACTEURS A CHASSIS ARTICULÉS ET A TREUIL TRACTEURS A CHASSIS ARTICULÉS ET A GRUE DITS PORTEURS t moyenne le segment concerne 60 % des tracteurs 60

9 -sjl. ; Tracteur forestier porteur à châssis articulé, photo MOSNIER. CONCLUSION L'étude, rappelons-le, n'a porté que sur entreprises d'exploitation forestière ayant exploité plus de m 3 (r) en 1975, mais elles ont traité à elles seules 72 % du volume total de bois de trituration et 57 % du volume de bois d'oeuvre, soit les 2/3 de la récolte française Bien qu'importants pour caractériser les entreprises, le volume exploité annuellement et le nombre de salariés ne suffisent pas; les critères importance des bois d'œuvre (taux de grumes), volume débardé par les moyens propres (taux de débardage), composition du parc de tracteurs permettent de mieux comprendre les spécificités des entreprises et de classer celles-ci. L'étude confirme l'importance de l'intégration aval des exploitants, montre en 1975 une «spécialisation» d'un certain nombre d'entreprises, et met en évidence l'importance du report de l'activité débardage des exploitants vers d'autres agriculteurs, professionnels. Bernard ELYAKIME Ingénieur Laboratoire d'economie Forestière INSTITUT NATIONAL DE LA RECHERCHE AGRONOMIQUE 14, rue Girardet NANCY CEDEX 61 R.F.F. XXXI