Commémoration 98 e anniversaire de l Armistice du 11 novembre 1918 Commémoration de la Victoire et de la Paix Hommage à tous les morts pour la France

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1 Commémoration 98 e anniversaire de l Armistice du 11 novembre 1918 Commémoration de la Victoire et de la Paix Hommage à tous les morts pour la France Allocution de André YUSTE Maire de Lognes Le 11 novembre /13

2 Monsieur le Sénateur, Monsieur le Député, Monsieur le Président de la Communauté d Agglomération, Mesdames, Messieurs les adjoints au Maire et conseillers municipaux, Mesdames et Messieurs les représentants des services publics, des administrations et des corps constitués, Mesdames et Messieurs les représentants d associations, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, Chers concitoyens, Nous commémorons aujourd hui la signature de l armistice de 1918 entre les forces alliées et l Allemagne. Nous rendons aussi hommage à tous les enfants de la France morts pour la patrie. 2/13

3 Élu maire le 7 octobre dernier, je dois tout d abord vous dire que c est un très grand honneur pour moi de présider à cette cérémonie. J ai l intime conviction que ce jour du 11 novembre, comme celui du 8 mai, sont des plus utiles à notre société, car il sollicite de nous une attention très particulière au passé. Précisément, cette cérémonie nous permet de rendre hommage à ces femmes et ces hommes qui ont donné leur vie pour notre pays. Cette cérémonie nous permet de nous interroger sur ce que nous leur devons. Sans passé, pas d avenir. Sans eux, sans leur sacrifice, pourrions-nous mesurer à ce point combien notre devise républicaine est précieuse? Mon prédécesseur l a rappelé plusieurs fois à la place où je me trouve aujourd hui : Liberté, Egalité, Fraternité, c est ce que les hommes et les femmes morts pour la France ont défendu au prix de leur vie, c est ce que nous devons défendre au prix de nos actes quotidiens. 3/13

4 C est donc le devoir de mémoire qui nous réunit aujourd hui. Le «devoir de mémoire» une expression que l on entend fleurir les jours de commémoration, une expression si souvent répétée, si souvent entendue et malheureusement si peu questionnée. Par nature, le souvenir est toujours menacé d un risque d épuisement. Mais même fragile, même incertain, on peut toujours convoquer le souvenir. En ce sens, aucune mémoire n est inerte. La question est : comment préserver une mémoire active? Je crois que l important n est pas de pouvoir «invoquer» la mémoire. L important est de pouvoir convoquer les connaissances que la mémoire préserve. La mémoire est utile dans la mesure où elle est active. En ce 11 novembre 2016, quelle connaissance de l histoire nous rassemble aujourd hui? - Nous savons que l esprit de conquête, l esprit de revanche, la haine entre les 4/13

5 peuples, et sans doute l incapacité de leurs dirigeants politiques à préserver la paix, ont fait des millions de morts durant la première guerre mondiale. - Nous savons que c est toute l Europe qui a sacrifié sa jeunesse dans une guerre délirante et odieuse. L histoire retient aussi que ce sont des continents entiers qui ont sacrifié des vies pour la France, car il ne faut pas oublier les combattants d Afrique noire et d Afrique du Nord, les combattants d Asie, d Indochine... - Nous savons qu au-delà des 9 millions de morts sur les champs de bataille, la guerre aura fait pas loin de 20 millions de blessés. - Nous savons que cette guerre fut aussi un vivier d inventions morbides, sous prétexte de course à l armement, d expérimentations ou de découvertes technologiques. Depuis 5/13

6 toujours la guerre est aussi le moyen de tester de nouvelles armes. - L inventivité des hommes s est toujours tristement illustrée dans ce domaine. - Nous savons que cette guerre fut une boucherie inimaginable, et qu à l issue de cette effroyable période, dans une sorte de prise de conscience mondiale, on créa «la société des nations» afin de prévenir d autres guerres. On connaît le résultat. De toute cette connaissance, s il ne reste qu une journée d hommage solennel, il ne reste rien. Ou plutôt, il ne reste que l hommage légitime et la triste solennité. C est bien insuffisant. Trop souvent, quand on fait appel au devoir de mémoire, on rencontre cette vieille et noble idée humaniste, toujours démentie par l expérience, et pourtant jamais récusée, qui consiste à croire qu un élan généreux, qu un assaut de grandeur, qu une prise de conscience et 6/13

7 de belles intentions sauront braver la méchanceté du monde. Récapituler les faits de l histoire, c est accumuler des connaissances. Et il y a une différence de taille entre faire l état de nos connaissances et les mettre en œuvre. Comme il y a une différence, si vous me permettez cette comparaison, entre les statistiques des intentions de vote, et le vote luimême. Les États-Unis viennent d en faire l expérience, dont l histoire justement nous dira si elle est triste pas. Au regard de l histoire déjà écrite, on peut en tout cas s inquiéter qu un homme ayant tenu des propos racistes et misogynes soient à la tête d un si grand état. Alors, que nous enseigne l histoire en ce 11 novembre? Le pire est toujours possible. 7/13

8 Cela nous le savons, nous savons que malgré la beauté et la grandeur dont sont justement capables les hommes, la bêtise triomphe trop souvent. La connaissance de l histoire, en ce sens, ne nous protège de rien et ne nous épargnera pas. Pour en revenir seulement à notre si cher pays, nous devons faire bien attention aux propos démagogiques qui prolifèrent. Notre monde contemporain est marqué par une certaine puissance du dire. Hommes et femmes politiques, commentateurs, intellectuels, artistes, journalistes, spécia-listes de tout et de rien, ils sont trop nombreux à croire qu ils ont raison devant la population parce que leurs propos sont affichés dans les médias. Ce monde est bruyant, assourdissant. Et s il y a une chose que l histoire nous apprend, c est que les grands périls sont tout autant ceux qui s annoncent bruyamment par eux-mêmes que ceux, 8/13

9 plus inaperçus, qui naissent de nos petites concessions et de nos confusions. En ce jour de commémoration, avec le respect profond des noms inscrits sur ce monument, avec la conscience de leurs souffrances et de leurs sacrifices, je crois que nous sommes autorisés à nous poser la seule question qui vaille : où est le danger? Lorsque nos convictions ne sont pas assez fortes et que nous les abandonnons pour des compromis hasardeux, il y a danger, le danger d un silence complice. Lorsque l inculture est fièrement érigée en mode de vie, lorsque l humilité ne précède pas nos actes ou nos paroles, lorsque le dialogue et l écoute ne sont pas prioritaires dans nos rapports à autrui, il y a danger. Lorsque la politique se confond avec la morale et ne vise qu à distinguer le bien et le mal, naïvement les bons et méchants, il y a danger, 9/13

10 celui précisément de la démagogie des grands moralisateurs, trop sûr de leur bon droit, enfermés dans leur certitudes exclusives, et sans nuances. L idéologie de la séparation gangrène toutes les quêtes d une soi-disant identité, qu elle soit heureuse ou pas. Face à cela, face aux bavardages pompeux, ou face au silence de la peur et des consensus de faiblesse, il n y a qu une manière de combattre : allier nos forces, avec patience et humilité, avec invention, avec courage. Je veux dire allier réellement nos forces : que chacun se batte pour celui qui lui serait a priori indifférent ou étranger, et qu il obtienne raison de ses droits, que l on se soucie précisément de celui qui n est pas immédiatement le plus proche de soi. Je crois que la chance de la Démocratie est celle-là : la possibilité que nous avons tous de ne pas seulement nous soucier de celui dont les 10/13

11 intérêts sont convergents avec les nôtres, mais de prendre tout le monde en compte. Aussi, Mesdames et Messieurs, chers amis, je ne veux pas invoquer aujourd hui en tant que Maire d une ville qui a eu, elle aussi, son lot de souffrances, qui a, elle aussi, payé son tribut aux guerres assassines, je ne veux pas invoquer le devoir de mémoire. Permettez-moi d invoquer le devoir d inquiétude. Nous avons certainement des raisons d être parfois inquiets pour nous-mêmes, ou pour nos proches. Alors que nous vivons une situation économique et sociale tendue, et difficile, il peut paraître paradoxal d en appeler à un devoir d inquiétude. Mais être dans l'inquiétude, c'est aussi une manière d'être présent aux choses, d'y être attentif. Être attentif non pas tant aux choses ellesmêmes qu'à leurs parts d'ombre, être attentif à ce 11/13

12 qu'elles ne sont pas encore ; c'est une certaine manière de se tenir sur le seuil de ce qui va arriver, de ce qui serait possible. C est en ce sens que je vous invite à l inquiétude pour l autre, à l inquiétude pour l époque : comment pouvons-nous agir pour faire en sorte que le meilleur soit possible. Notre époque bruyante est aussi, et peut-être avant tout, sceptique. Notre désir d agir est souvent freiné par des «à quoi bon» : à quoi bon voter, à quoi bon se battre, à quoi bon rester honnête quand les autres ne le sont pas, à quoi bon participer, se mobiliser etc. Je crois que c est aussi ce que révèle le résultat des élections aux Etats-Unis, nous nous enfonçons, dans une époque d individualisme et de préjugés, de repli sur soi. C est bien pourquoi il y a urgence à abandonner nos dispositions sceptiques, à prendre plus de risques pour les autres, à mettre 12/13

13 son propre confort en risque dans des gestes de partage. Le scepticisme, c est ce qui nous fait subir l avenir. Le souci de l autre, ce que j ai appelé l inquiétude, c est ce qui peut nous permettre de mieux vivre ensemble. Dans quelques semaines, la mairie organisera la semaine de la paix et de la solidarité, avec de nombreuses associations de la ville. À cette occasion, nous planterons le 4 décembre un arbre de la paix, une valeur chère au cœur de tous les lognots, comme un symbole de notre volonté de rester unis et solidaires. Ce symbole, je veux le croire, renvoie à une réalité vécue, que nous devons chérir et préserver. C est l honneur de ma fonction de Maire que de m y employer. Paix et solidarité. Qu ainsi vive Lognes Qu ainsi vive la République Qu ainsi vive la France Je vous remercie. 13/13