Panneaux du belvédère de Loretteville

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1 Panneaux du belvédère de Loretteville Un incontournable des circuits touristiques Ici, à la frontière du Bouclier canadien et des basses terres du Saint-Laurent, la rivière Saint- Charles se transforme en un torrent tumultueux. De rapides en cascades, elle dévale une pente d une hauteur de 28 mètres encaissée dans un canyon de calcaire aux parois élevées : voilà la chute Kabir Kouba. Ce nom d origine montagnaise signifie «la rivière aux mille détours». La beauté naturelle des lieux attire très tôt les voyageurs et les excursionnistes. Au 19 e siècle, la chute «de Lorette» s inscrit même dans les incontournables des circuits touristiques régionaux. Depuis Québec, on s y rend en voiture à cheval en longeant les méandres de la Saint-Charles. L agréable promenade, qui se poursuit jusqu au lac Saint-Charles, comprend toujours un arrêt prolongé au village de la Jeune-Lorette, aujourd hui Wendake. Tout près, les visiteurs découvrent alors la célèbre chute, qui inspire les poètes et les artistes. Au fil du temps, elle sera maintes fois peinte, illustrée, photographiée et décrite. 1. La chute Kabir Kouba «rebondit sur le roc, le déchire et le couvre de flots d écume», selon les mots du poète Pamphile Le May. Musée national des beaux-arts du Québec, peinture de Joseph Légaré, vers 1838, photographie de Jean-Guy Kirouac; Louise Côté, 15 août/26 septembre 2016

2 2. À droite, le moulin à farine de la seigneurie Saint-Gabriel se dresse en bordure de la chute. Le village de la Jeune-Lorette apparaît en toile de fond. Bibliothèque et Archives Canada, aquarelle d Amelia Frederica Dynele, vers 1850; Un moulin à eau «faisant farine» En 1732, les Jésuites, seigneurs des lieux, font construire un moulin à farine au pied de la chute. Le bâtiment de maçonnerie abrite le logement du meunier, la grande roue actionnée par l eau, les engrenages et les meules. Le moulin à farine, auquel un moulin à scie est ajouté avant 1749, occupe une place fondamentale dans la vie locale. Tous les habitants sont tenus d y faire moudre leurs grains pour obtenir la farine essentielle à la fabrication du pain, qui constitue alors la base de l alimentation. Le moulin à farine est exploité par des particuliers à compter de Son activité est progressivement réduite en raison du faible débit de la rivière. Le 1 er août 1900, le bâtiment est entièrement détruit par le feu. Il n en subsiste aujourd hui que des vestiges mis au jour lors de fouilles archéologiques. Dans ces ruines, partiellement visibles depuis ce belvédère, on peut reconnaître certaines sections du moulin, dont celle, près de la chute, qui abritait la grande roue. Louise Côté, 15 août/26 septembre

3 1. Aperçu des moulins à farine et à scie en Ce dernier, qui occupe la section de droite, déménagera plus tard dans un bâtiment distinct, sur un autre site. Bibliothèque et Archives Canada, aquarelle de George Heriot; C Derrière les moulins à farine et à scie, un canal de bois (flèche), aussi appelé dalle, permet d acheminer l eau jusqu à la grande roue. Musée des beaux-arts du Canada, lavis de James Pattison Cockburn, vers 1828; n o Louise Côté, 15 août/26 septembre

4 L eau, source de papier et d électricité Un moulin à papier est construit au sommet de la chute en L énergie hydraulique sert notamment à actionner les machines qui pressent et coupent le papier. Après avoir été incendié, le bâtiment de bois est remplacé en 1862 par un moulin de pierre alimenté par une écluse et une digue. Les frères James et William Reid en font une entreprise prospère dans le dernier quart du 19 e siècle. Le moulin, qui est agrandi avec le temps, peut produire cinq tonnes de papier quotidiennement. L ensemble industriel est rasé par le feu le 1 er août 1900 et sa fermeture entraîne la mise à pied de 50 personnes. Au début du 20 e siècle, la chute Kabir Kouba sert à produire de l électricité. La Compagnie hydraulique et électrique de la Jeune-Lorette installe ses turbines et dynamos sur le site du premier moulin à scie. Confrontée notamment au faible débit de la rivière, l entreprise est dissoute en L incendie du premier moulin à papier. Huile sur toile de Zacharie Vincent, Les Musées de la civilisation, photographie de Julien Auger, Icône; Louise Côté, 15 août/26 septembre

5 3. Les ruines des moulins à papier (1) et à farine (2) après l incendie du 1 er août À droite de l ancien moulin à farine, on aperçoit la centrale hydroélectrique construite sur le site du premier moulin à scie (3). Bibliothèque et Archives nationales du Québec, photographie d Alphonse Boivin; P547, S1, SS1, SSS1, D234, P41R. Louise Côté, 15 août/26 septembre

6 Au cœur du moulin, la grande roue À l époque de la Nouvelle-France, la plupart des moulins à eau, dont celui de la chute Kabir Kouba, fonctionnent avec une roue à godets, ou augets. L eau de la rivière est acheminée jusqu au sommet de la roue grâce à un canal, aussi nommé dalle. En tombant dans les godets, qui sont de petits récipients, l eau fait basculer la roue. Une fois actionnée, cette dernière met en branle une série de mécanismes pour moudre les grains ou scier le bois. Pour produire de la farine, la roue enclenche le mouvement du fer (arbre) qui supporte à son extrémité une série d engrenages. Ces derniers mettent en mouvement la meule tournante, dite courante. Les grains de céréales versés dans la trémie, un entonnoir, sont alors broyés entre cette meule et une seconde meule fixe, dite gisante. Les moulins à scie fonctionnent sur le même principe : l eau actionne la grande roue, puis les engrenages nécessaires à la mise en branle des scies. Illustration du fonctionnement d un moulin à farine actionné par une roue à godets. Dessin extrait de Denis Gravel, Moulins et meuniers de Bas-Lachine , Septentrion, Louise Côté, 15 août/26 septembre