CUBA, ROUGES ANNÉES. Dossier d accompagnement

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1 CUBA, ROUGES ANNÉES Dossier d accompagnement

2 SOMMAIRE Fiche technique Le réalisateur Synopsis Pour aller plus loin 34 èmes Rencontres du cinéma latino-américain 7 mars avril 2017 Année Scolaire

3 Fiche technique Réalisateur : Renaud Schaack Année : 2017 Pays : France Durée : 1h13 Langue : Espagnol Genre : Documentaire

4 Le réalisateur RENAUD SCHAACK Cela fait maintenant vingt ans que ce réalisateur, diplômé de l Institut Européen du Cinéma de Nancy, est tombé sous le charme de Cuba. Arrivé un peu par hasard, il s est laissé séduire par l âme et l histoire de cette île. A travers ses nombreuses productions cinématographiques, telles que Cuba : une utopie blessée (2006) ou Haydée et Célia : quand la Révolution s est faite femme (2011), c est cet amour de Cuba et de son peuple que Renaud Schaack essaie de nous transmettre.

5 Sinopsis Entre 1963 et 1970, Cuba est l une des capitales de la Révolution. Prenant ses distances de Moscou, elle soutient les guérillas latino-américaines et tente d imaginer un socialisme autonome, ni soviétique, ni chinois, dont Che Guevara serait l étendard. Une effervescence politique, sociale et culturelle s empare alors de l île. A l aide d archives inédites et du témoignage des protagonistes de cette épopée, Rouges années revisite une hérésie communiste qui s éteindra avec la disparition de Che Guevara et le Printemps de Prague.

6 Pour aller plus loin LE PROJET CUBA, ROUGES ANNÉES PRÉSENTÉ PAR LE RÉALISATEUR Depuis plus de quinze ans, je partage mon existence entre la France et Cuba. À l origine, pour des questions essentiellement humanitaires et idéologiques. Plus tard parce que la vie s est naturellement manifestée, tissant peu à peu des liens humains culturels et émotifs entre cette petite île et moi-même. Cuba est alors devenue à mes yeux l apprentissage d un rythme nouveau parce que local et encore étranger à l accélération du temps. La découverte d un univers d orateurs où la parole sans limite se déploie, se confronte et s improvise. L approche enfin d une identité métisse, bouillonnante et en devenir où l individu s inscrit encore fortement dans un destin collectif et national. A travers mes voyages, j ai découvert une population fière de la singularité de son histoire collective mais également fatiguée d en assumer le poids et la démesure. Dans le même temps, j ai perçu une érosion des valeurs collectives et un rejet de la politique particulièrement forte au sein de la jeunesse, mais également présente chez les adultes. L'île demeure actuellement l un des endroits les plus controversés de la planète. Reliquat de dictature stalinienne pour les uns, pôle de résistance et laboratoire social pour les autres, elle exerce un sentiment tranché de fascination ou de rejet. Des voix discordantes s élèvent et s affrontent à son sujet. Il y sept ans, j'achevais la réalisation de Cuba, une utopie blessée, un documentaire qui observe les ombres et les lumières de la politique culturelle cubaine et son rôle dans le développement de l'île. Première esquisse d'une réflexion sur les utopies collectives, ce film et les rencontres effectuées à cette occasion m'ont portés sur les traces des deux égéries de la Révolution cubaine Haydée Santamaría et Célia Sánchez.

7 De ces rencontres est né un nouveau projet vidéo : Haydée et Célia: quand la Révolution s'est faîte femme.a la fois voyage dans l'histoire nationale et portrait croisé de deux personnalités lumineuses restées partiellement dans l'ombre de l'histoire contemporaine, ce film observe l'influence d'une histoire collective en mouvement sur la construction d'un destin personnel. Le film que je souhaite réaliser à présent prolonge cette réflexion sur l'engagement et l'utopie comme construction extraordinaire mais à jamais inachevée. Il a pour objet d'observer le contexte et la manière dont Cuba a essayé de construire une voie alternative au socialisme bureaucratique au cours de la deuxième moitié des années 60. Je suis donc retourné à Cuba à la recherche des témoins de cette époque. Certains ne m'étaient pas méconnus. Certains étaient des artistes ou des intellectuels. D'autres faisaient parti de la gauche alternative - non officielle - que j'avais déjà rencontrée ou interviewée à l'occasion de précédents projets vidéo. D'autres enfin étaient partis ou décédés.

8 L'idée de revenir sur cette étape de la Révolution leur a semblé judicieuse en une époque où, à Cuba comme ailleurs, les utopies collectives sont en crise et où la Révolution se cherche un futur. Ils semblaient au reste avoir besoin de s'approprier leurs souvenirs. Ces personnages ont participé à la grande histoire. Ils auront donc pour tâche de situer le contexte, les enjeux et les défis de la vague ardente qui a submergée l'île entre 1963 et Une fois résolu le problème de la grande histoire, je suis parti à la recherche de la petite. Je l'ai rencontré à travers les «grands acteurs» évidemment mais également et surtout à travers des personnages anonymes. Leurs propos souvent plus anecdotiques octroieront à ce film une dimension humaine, celle d'une épopée à hauteur d'hommes. Enfin, à Cuba toujours, j'ai identifié les archives nécessaires et existantes auprès de l'icaic (Institut du cinéma cubain) avec laquelle j'entretiens des rapports depuis mon dernier documentaire et de la Bibliothèque Nationale José Marti (La Havane). Au retour, j'ai commencé à écrire un film où la petite histoire, l'aventure humaine s'entremêlent à la grande histoire. Un film en mesure de témoigner des potentialités de l'engagement humain en faveur d'un projet politique sans les déconnecter d'une histoire - le contexte des années 60 - d'une idéologie - le communisme et le castro-guévarisme - et d'une culture latino-américaine - attrait pour les leaders charismatiques et réalisme merveilleux. Pourquoi réaliser un film sur cette étape de l'histoire cubaine? Parce que je crois en l'homme, aux valeurs de l'engagement et aux attraits de l'utopie. J'éprouve un certain malaise face à l'époque contemporaine dite post-moderne dominée par le pragmatisme, l'individualisme, l'argent et la dépolitisation. Je suis attiré par les utopies collectives et les grands récits. Je me positionne résolument aux côtés des peuples en lutte d'hier et d'aujourd'hui pour la construction d'un monde meilleur et plus juste.

9 A mon sens, ces «Rouges années» participent à la mémoire des luttes collectives et des espoirs brisées. En dépit de ses difficultés, de ses ombres et de ses erreurs, Cuba a été l'utopie de plusieurs générations. Or, elle n'a sans doute jamais volé aussi haut dans l'utopie qu au milieu des années 60 lorsque le pays décide d'inventer sa propre voie vers le socialisme en s'appuyant notamment sur les idées de Che Guevara. Les informations seront essentiellement rapportées à travers les images, le propos des acteurs de cette histoire et ceux de spécialistes. Il donnera la parole à ces êtres - leaders, intellectuels ou anonymes - dont les rêves jadis ont dépassés les possibilités d'assouvissement. Sur la base de ces témoignages, le spectateurs se forgera ensuite lui-même un jugement.