GRAPHISME ET ECRITURE CONFERENCE DE MARIE-THERESE ZERBATO-POUDOU CENTRE CULTUREL DU GALION, FOULAYRONNES 11 mars 2014

Transcription

1 GRAPHISME ET ECRITURE CONFERENCE DE MARIE-THERESE ZERBATO-POUDOU CENTRE CULTUREL DU GALION, FOULAYRONNES 11 mars ) RAPPORT ENTRE GRAPHISME ET ECRITURE Paroles choisies : «J ai essayé pendant un an de supprimer le graphisme et les élèves ont réussi l apprentissage de l écriture cursive On fait du graphisme pour quelque chose de plus important Etre actif c est être actif avec sa tête On est là pour que l enfant se développe Plus l enfant est habile à tracer dans tous les sens, plus il sera habile à prendre le bon sens en écriture quand on le lui demandera» Divergences entre l écriture et le graphisme : - le graphisme n est pas le substitut de l écriture - les formes graphiques ne représentent pas les lettres, ni dans leur forme, ni dans leur ductus - le graphisme n est pas porteur de sens mais l écriture l est - il n y a pas de transfert spontané et naturel entre graphisme et écriture mais le processus de transfert s éduque. Points communs entre l écriture et le graphisme : - actions motrices, coordinations visuo-motrices : tracer de façon consciente et volontaire des formes spécifiques selon une direction donnée - organisations spatiales à découvrir, à réaliser. - les processus perceptifs : primauté au visuel pour décrypter un modèle L ACTIVITE PERCEPTIVE S EDUQUE : Exemples : MS reproduction de la roue, aucun élève n y est arrivé. Pourquoi? Après un questionnement, les élèves arrivent à dire (non spontanément) que «le trait doit partir du petit rond vers le grand» mais pour qu ils le réalisent, il faut les aider par un guidage, une «attention attirée» : les amener à regarder ce qu ils ont fait par rapport au modèle, à comparer, à évaluer. C est de la régulation, ce qui est différent de la rectification que fait l enseignant en disant à l enfant où il s est trompé. Il faut éduquer au rôle du modèle qui n est pas porteur de références pour un enfant de 3 ou 4 ans. MS- tracé de boucles dans un dessin et lors de l écriture du prénom élodie. Compte-rendu de la conférence - Véronique Duprat, CPC Agen 1 1

2 Elodie maîtrise les deux gestes fondamentaux de l écriture cursive, translation, rotation, ceci apparaît dans son dessin mais elle ne les transfère pas lors de l activité d écriture. Quand on fait faire des boucles, on espère que l enfant va les reconnaître lors de l écriture mais il n y a pas toujours transfert. L écriture est différente du dessin, elle a ses propres règles de fonctionnement, ses propres conventions. Les élèves doivent savoir ce qu ils sont en train de faire, ils doivent pouvoir donner une signification et du sens à leur activité. Organiser les données visuelles pour dépasser le syncrétisme initial. Il faut conduire de façon systématisée : l analyse, la description, la comparaison : de lignes, de formes de motifs graphiques du point de vue de leurs particularités (insister sur leurs ressemblances et leurs différences) ainsi que sur leur organisation (entre eux, par rapport à d autres objets, sur l espace familier). Il faut élargir les représentations cognitives, les habiletés intellectuelles pour permettre le transfert. IDENTIFIER LE MOUVEMENT A L ORIGINE DU TRACE : Il y a toujours 2 mouvements possibles pour un tracé, il faut les observer, les décrire, comparer les différentes façons de faire pour adopter la plus efficace. Exemples : - les traits : les tracer de droite à gauche ET de gauche à droite - la spirale, 2 mouvements, 4 façons - le rond : dans les deux sens, il ne faut pas conditionner les enfants trop tôt à tracer les cercles seulement vers la gauche, cela n est pas bénéfique car on limite les habiletés de l enfant.. Certaines erreurs peuvent venir de l interdiction de tourner vers la gauche : tracé du chiffre 3. Attention 10 % des enfants de GS ne sont pas latéralisés, ils ne connaissent pas encore leur droite et leur gauche et encore moins la droite et la gauche d un autre enfant. De plus, il faut aussi savoir que les structures neuronales contrôlant la motricité fine ne serait pas suffisamment mature chez les plus jeunes. Les lois du développement (loi céphalo-caudale = de la tête aux pieds et loi proximo-distale = du centre du corps vers les extrémités des doigts) expliquent le fait que les enfants tournent plus spontanément vers l extérieur car le mouvement part de l épaule. Nous sommes là pour que les enfants se développent, plus ils seront habiles dans tous les sens, plus ils seront habiles à prendre le bon sens en écriture quand on le leur demandera. Exemples : Les bulles du poisson peuvent être tracées dans tous les sens car c est un dessin. Il est important de parler du mouvement de la main (et non du trait) «C est ta main qui monte ou qui descend». 2) DISPOSITIFS PRIVILEGIES POUR ENSEIGNER LE GRAPHISME : Il est important de rendre l enfant actif avec sa tête! observer, rechercher Compte-rendu de la conférence - Véronique Duprat, CPC Agen 1 2

3 Attention au nombre de photocopies, Veiller à être critique avec l activité proposée. Certaines sont inutiles. Exemple : repasser sur des pointillés. Pour tracer un rond, l élan est fondamental, repasser sur des pointillés freine le mouvement. GRAPHISME PS : Relever des formes intéressantes dans des dessins libres : les observer, les décrire, identifier le mouvement, les imiter Proposer des outils adaptés et variés, développer la préhension, la maîtrise gestuelle (multiplier en plus des outils, les supports et les situations) Centrer sur le mouvement, le geste plus que la forme avec un geste ample dans différentes directions Pas de feutres jusqu en février puis introduction seulement de temps en temps. Car son corps en plastique glisse entre les doigts et induit une mauvaise tenue de l outil. Les outils qui ralentissent le mouvement comme les craies favorisent la mémoire kinesthésique du geste. (pas seulement pour la PS) GRAPHISME MS : - âge privilégié pour diversifier les exercices graphiques - découverte et reproduction de motifs graphiques à partir des œuvres, des images, des dessins - travail sur l aspect spatial des tracés (organisation dans l espace graphique) ; tracés de base, tracés géométriques - développement des coordinations visuelles et motrices - régularité du geste, précision Découvrir et reproduire à Reproduire des formes et des Découvrir et organisations partir de l environnement reproduire à partir urbain d œuvre régionale Compte-rendu de la conférence - Véronique Duprat, CPC Agen 1 3

4 GRAPHISME GS : - les graphismes se canalisent, les tracés se réduisent, le contrôle visuo-moteur est bien installé, les gestes se font plus précis et le tracé est réalisé avec fermeté. - les contenus des dessins libres s enrichissent de motifs graphiques connus mais aussi inventés - la copie et la reproduction de modèles sont nettement plus aisées qu ils soient des modèles directement observés ou intériorisés. Transformer des lignes selon 1 ou 2 critères Transformer des formes Continuer des tracés, inventer des motifs L ECRITURE L enfant manipule des lettres, des mots, pour autant a-t-il une connaissance, ou une intuition de cette entité, du concept de «mot»? Le mot est encore étroitement lié aux objets qu il désigne. L objet, son nom et le son du mot sont une seule et même chose. Le mot est d abord perçu comme un symbole, il représente quelque chose de connu (un prénom, des personnes, des attitudes, des objets ou des animaux) d une autre façon que le dessin ou la photographie. Le mot, assemblage de signes complexes et inconnus, n est pas, pour les élèves, la transcription de l oral. Il est nécessaire de leur donner les clés du code. RAPPORT AU SAVOIR : «Le rapport au savoir est une relation de sens, donc de valeur, entre l élève et les objets d enseignement.» Les élèves en difficulté n identifient pas les objectifs didactiques des enseignants, ils restent centrés sur les aspects concrets de l'exercice, sur la réussite de la tâche et non sur ses finalités. Ils privilégient le concret, les manipulations, les actions visibles et matérielles au détriment des objectifs didactiques. L enseignant a le devoir d organiser un milieu de travail qui permette à l élève de donner du sens au travail scolaire. Toutes les dimensions du milieu de travail ont pour finalité d apporter une aide aux apprentissages, de permettre à l élève de se repérer dans l univers complexe des tâches scolaires, de s approprier le savoir non seulement comme objet scolaire mais aussi comme objet qui a une valeur sociale et historique, de l extraire de son habillage pédagogique. Apprendre à écrire n est pas une activité anodine, elle nécessite pour l élève l appropriation de techniques mais aussi un prodigieux travail cognitif, c est un véritable «transformateur cognitif». Cela explique que cet apprentissage ne va pas de soi: s il repose sur le niveau de développement des élèves, il nécessite également l élaboration d un dispositif d enseignement adapté. Il est donc nécessaire de penser au contexte pour enseigner efficacement. Plusieurs dimensions sont à prendre en compte : Compte-rendu de la conférence - Véronique Duprat, CPC Agen 1 4

5 Le contexte matériel : - choix des outils - des supports - des affichages - aménagement du plan de travail - attention portée à la tenue. Penser à ce qui ralentit le geste kinesthésique : ardoise grise, craie le contexte social : - travail en groupe échanges entre élèves, comparaison des procédures) - dialogue pédagogique (conduire le questionnement, l observation, les analyses) - acteurs éducatifs (associer les parents) - usages sociaux de l écriture contexte didactique et pédagogique : -choix des tâches : quels mots, comment, quel modèle, lignage? Veiller à une relation claire entre objectif, consigne, tâche, évaluation. - dispositif pédagogique : toujours écrire sous les yeux des enfants les prénoms des différentes étiquettes ne pas confier aux photocopies l enseignement de l écriture - consignes - évaluation - Sortir de la routine : écrire le nom de famille, expositions d écriture, auto-correspondance - Ne pas commencer par l écriture du prénom (difficulté très inégale) - Travailler en équipe : se mettre d accord sur la forme des lettres et le ductus (direction donnée) et communiquer aux parents. Ceci est fructueux dans le sens où il y a une équipe d enseignants qui a décidé et communique un référent commun. Le ductus, la forme des lettres ont une origine historique, sont maintenant indifférents sauf s ils conduisent à une déformation des lettres. Contexte historique et culturel : Il est important que les élèves construisent l idée que l écrit n est pas qu une activité scolaire, qu il n appartient pas à quelqu un en particulier, qu entrer dans la culture écrite c est entrer dans une histoire culturelle, dans une humanité. Donc, Mettre les élèves en contact avec la nature historique de l objet langue écrite : * Raconter l histoire de l'écriture, sa diversité, son évolution (enfants passionnés) * Raconter l histoire des lettres de l alphabet * Montrer des images de scribes, de copistes. Interroger le savoir : à quels besoins a-t-il répondu? À quoi servaient les graffitis? Mais aussi : Observer des productions d artistes Lire des textes (Rimbaud, V. Hugo, Éloge du scribe) Compte-rendu de la conférence - Véronique Duprat, CPC Agen 1 5

6 Les premiers critères de réussite : le mot doit avoir toutes les lettres (critère de complétude) non déformées (critère de correction), on passera ensuite aux procédures de réalisation. GUIDAGE : L enseignant trace en suivant les indications données par les élèves mais il ne va jamais au-delà de ce qu ils indiquent et bien sûr ne fait pas ce qui est attendu pour amener les élèves à tout dire. Ex : Pour E : «tu fais un trait», l enseignant va tracer un trait mais oblique. Les élèves protestent et sont amenés à préciser. Ce guidage est très efficace, permet un véritable apprentissage de l écriture des lettres (aussi en cursive). Pour le ductus, l enseignant donne la règle à suivre. DIVERS PROBLEMES RENCONTRES DANS L ECRITURE CURSIVE : Pas de boucle pour le b mais ce n est pas grave si la boucle ne déforme pas la lettre. Départ du o à 1 ou 2 h (chiffres d une horloge) pour pouvoir attacher facilement la lettre suivante. Toutes les lettres isolées devraient s écrire sans trait d attaque qui servait à tester la charge d encre de la plume (n est pas maintenu pour les lettres m, n, v mais l est pour i). Compte-rendu de la conférence - Véronique Duprat, CPC Agen 1 6