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1 Titre partie sommaire Introduction Le bébé dans l histoire «L amour maternel est un sentiment récent.» «L enfant est naturellement bon.» «Être mère, ça s apprend.» «La maternité ne peut qu être heureuse.» Un bébé performant «À la naissance, le bébé ne voit pas.» «Un nourrisson comprend tout ce qu on lui dit.» «Un bébé sait ce que sa mère ressent.» «Les bébés sont intelligents.» «Tous les bébés se ressemblent.» «C est mieux d allaiter.» «Il faut laisser pleurer les bébés.» «Sucer une tétine est une mauvaise habitude.» «On ne se comporte pas de la même manière si c est une fille ou un garçon.» «Le contact corporel joue un rôle essentiel dans la relation mère-enfant.» Le bébé et son environnement «La relation mère-enfant est unique et privilégiée.» «Si mon enfant va en crèche, il sera plus sociable.»

2 «Il faut stimuler son bébé.» «Les bébés ont besoin d un doudou qui les réconforte.».135 Conclusion Annexes Courbes de taille et de poids Glossaire Pour aller plus loin

3 «Il faut laisser pleurer les bébés.» Tant que le pleur affecte, il est impossible de l entendre en tant que tel, il est automatiquement interprété en fonction du ressenti de l adulte et non du vécu de l enfant. Jacky Israël, Bébé pleure, laisse-le pleurer!, 2004 Durant les premières semaines de vie du bébé, la mère intervient très souvent pour l apaiser. En effet, les pleurs constituent l un de ses premiers modes d expression. Ils sont fréquents durant les deux premiers mois, et la mère, cherchant à le calmer, fournit au bébé ses principales stimulations. Elle ne peut ignorer les pleurs de son enfant, mais leur signification est parfois difficile à déchiffrer. Ils deviennent alors source de tracas, de fatigue et parfois d exaspération et de culpabilité quand il est difficile de les faire cesser. L apaisement des nourrissons correspond donc à un questionnement quotidien des jeunes accouchées. Angoissées par les pleurs de leur bébé, elles s interrogent sur la manière de les arrêter. Elles s adressent au personnel soignant de la maternité ou bien trouvent des réponses partielles dans la presse spécialisée, dans les manuels de puériculture ou dans les conseils de leur entourage. Au-delà des présupposés, des savoirs individuels provenant d expériences vécues ou des «phénomènes de mode» courants en matière de puériculture, il est important de fournir aux mères des réponses qui s appuient sur des travaux scientifiques. Il existe d importantes différences entre les bébés concernant leur irritabilité et leur capacité à être apaisés. Certains 81

4 bébés s arrêtent de pleurer plus facilement que d autres. Certains s apaiseront à la voix, d autres par une caresse, d autres encore auront besoin d être pris dans les bras pour se réconforter. D où l importance d être sensible aux caractéristiques de son bébé. On pourrait penser que pour mieux apaiser les pleurs du bébé, il faut connaître leur signification. Mais si quelquefois les nourrissons pleurent pour des raisons décelables l inconfort, la faim, la fatigue l explication reste le plus souvent difficile à trouver. Les scientifiques, en utilisant un appareil de mesure appelé spectographe, ont tenté d analyser les cris des nourrissons selon leurs caractéristiques acoustiques. Ils ont ainsi distingué des types de cris différents selon leur cause. C est ainsi qu on peut parler de cri de naissance, signal de douleur, cri de faim, de plaisir, de colère, de malaise ou de tristesse. Mais un parent sans appareillage peut difficilement les différencier! Toutefois, certains pleurs sont plus facilement identifiables que d autres, par exemple ceux des bébés prématurés ou ceux d enfants au tempérament difficile. Les adultes sont capables de les distinguer des pleurs d enfants «normaux» car ils semblent, plus perçants, plus stressants. Pour le reste, l origine des pleurs reste souvent méconnue et fait l objet d une reconstitution a posteriori : si le bébé s arrête de pleurer après avoir été alimenté, on en déduit qu il s agissait de cris de faim. Cependant, une mère qui nourrit son enfant fait bien plus que cela : elle le tient, change sa posture, le regarde. On peut donc se demander quel besoin a été satisfait, quel geste a calmé le bébé. Les pleurs survenant en fin de journée sont souvent très difficiles à apaiser. Les jeunes mères ont du mal à les interpréter et ont par conséquent tendance à s angoisser. Certains les qualifient de «pleurs de colique» et les attribuent à des troubles gastro-intestinaux ou à un problème d hyperactivité. Ils peuvent apparaître lorsque l enfant est âgé de 2 semaines et disparaissent le plus souvent lorsqu il a 3 mois. Brazelton préconise d apaiser le nourrisson sans le surcharger de stimulations : «Ne le bercez pas en le regardant et en lui parlant. Ne faites qu une seule chose à la fois, et de façon modérée.» Comment les mères apaisent-elles leur bébé? Tout d abord, elles parlent beaucoup à leur enfant quand il pleure. On a montré que le rythme, le contour mélodique des paroles de la mère sont différents selon le type de soins prodigués. Un adulte utilise un contour mélodique ascendant pour stimuler l attention de l enfant et solliciter une réponse de sa part, un contour ascendant puis descendant pour maintenir l attention, et un contour descendant pour calmer un enfant agité. En effet, qu il s agisse de paroles ou d onomatopées, leur valeur apaisante réside dans le fait que la mère essaie de susciter et de gérer l attention de l enfant. L effet consolateur peut être lié au fait que le rythme de ses paroles s accorde à celui de ses gestes. Il résiderait également dans un échange affectif entre le bébé et sa mère. La mère peut en effet accorder le rythme et la tonalité de ses paroles à l état émotionnel dans lequel elle situe son bébé. Par exemple, elle utilise un ton compatissant lorsqu elle repère la détresse dans ses pleurs. On est proche dans ce cas de l accordage affectif* de Stern. Un psychanalyste fort célèbre, Didier Anzieu, parle de la fonction contenante et apaisante 82 83

5 Évolution de la durée journalière des pleurs des nourrissons «La mère douce, honnête et naturelle, Berce l enfant encore à la mamelle, Tout aussitôt qu il veut son cri pouffer. L autre son fils par un hochet apaise, La tierce fait le sien marcher à l aise, Au chariot de peur de l offenser.» Le nouveau-né pleure en moyenne 62 minutes par jour, puis à 3 semaines, cette durée des pleurs atteint un sommet de plus de 150 minutes pour décroître ensuite progressivement. À 1 mois, l enfant pleure en moyenne 107 minutes, 102 à 2 mois. C est à 3 mois que la diminution est la plus importante puisqu il ne passe plus que 60 minutes à pleurer. À 4 mois, la durée des pleurs descend à 25 minutes puis stagnera entre 15 et 30 minutes par jour avec des chutes et des hausses entre 4 et 12 mois. Il faut toutefois souligner qu il s agit là de durées moyennes. Il existe de très importantes différences entre bébés quant à la durée et à la fréquence de leurs pleurs. Gravure sur bois du XVI e siècle 84 85

6 d une «enveloppe sonore» constituée du bain de langage de la mère adressé au bébé. C est entre le premier et le deuxième mois de l enfant que les mères commencent à présenter des jouets pour distraire leur bébé en train de pleurer. Elles utilisent alors des stimulations visuelles mais aussi auditives, puisqu il s agit de faire du bruit avec l objet ou de lui faire émettre une musique. Les sons de basse fréquence et continus seraient les plus efficaces pour faire cesser les pleurs. Mais au début de la vie, la voix humaine possède le pouvoir consolateur le plus important. Par ailleurs, l une des techniques les plus souvent utilisées par les mères est de prendre le bébé dans les bras et de le bercer. Ces gestes sont effectivement très apaisants : selon une étude, prendre l enfant dans les bras supprime les pleurs dans 86 % des cas. Les stimulations fournies dans cette situation sont nombreuses. Il semble que le fait de porter le bébé deux heures supplémentaires par jour, dans les bras ou dans un sac kangourou entre trois et douze semaines, diminue de 40 à 50 % les pleurs, augmente l état de vigilance du bébé et l élimination du pic de pleurs qui survient généralement autour de cinq semaines. La promenade semble aussi un bon moyen de prévenir les pleurs. On a pu observer que le fait de promener l enfant tous les jours fait baisser la fréquence des pleurs à l âge d un mois. L usage de la tétine est encore un moyen d apaiser l enfant, et ce, dès la naissance. Sylvia Bell et Mary Ainsworth, psychologues américaines, ont montré en 1972 que les interventions maternelles ont tendance à être efficaces indépendamment de leur nature et de leur adéquation à l origine des pleurs. Contrairement à une idée assez répandue, plus les mères répondent aux pleurs de leur bébé, plus ces pleurs décroissent en fréquence et en durée. Ainsi, les bébés qui pleuraient souvent et qui avaient des mères très réactives au cours du deuxième semestre sont aussi ceux qui, vers le quatrième trimestre, ont substitué aux pleurs d autres modes de communication plus riches et plus variés. À la fin de la première année, les différences entre les bébés relatives à leur irritabilité reflètent davantage la qualité des échanges avec la mère que les caractéristiques du bébé. Les pleurs sont utiles à l enfant dans la mesure où ils lui permettent de construire son attachement. «Véritable cordon ombilical acoustique» selon John Bowlby, développementaliste à l origine de la théorie de l attachement, ils permettent d établir la proximité avec la mère. Ce besoin de proximité constitue un critère essentiel pour apprécier l attachement. Lorsqu un enfant d un an que sa mère quitte se met à pleurer, il manifeste par là son attachement. Mary Ainsworth propose de distinguer trois types d attachement, à partir d une situation d observation standardisée, la «situation étrange» où l on assiste à une élévation du niveau de stress de l enfant due à des séparations successives avec la mère : les bébés «sécurisés» sont ceux qui pleurent au départ de leur mère, mais qui se précipitent vers elle dès son retour afin d être portés et consolés. Une fois apaisés, ils retournent à leurs jeux ; les bébés «insécurisés ambivalents» manifestent une détresse profonde au départ de leur mère et une absence d empressement à son retour. Lors des retrouvailles, ils montrent alternativement une colère contre elle, des efforts pour rétablir le contact ou un retrait des bras maternels ; 86 87

7 Titre partie les bébés «insécurisés évitants» ne pleurent pas quand la mère quitte la pièce. Quand elle revient, ils l ignorent ou l évitent ostensiblement. La construction de l attachement est le produit de régulations mutuelles entre la mère et le bébé, qui s opèrent au cours de la première année. Les mères des bébés «sécurisés», répondant aux signaux de l enfant, accourant dès qu il pleure, le consolant et acceptant ses demandes de contact, ont su créer les facteurs favorables à cet attachement. Ainsi, contrairement à ce que l on croit, laisser pleurer un bébé ne ferait que renforcer le sentiment d insécurité de l enfant. Les bébés n auraient pas mal aux dents Aldo Naouri, pédiatre, affirme, contrairement à l opinion de certains de ses collègues, que le mal de dents chez les nourrissons n existe pas. «Nous n avons pas mal quand nos cheveux, nos ongles poussent, eh bien le bébé ne souffre pas davantage lorsque sortent ses dents». Il explique que l os ou la gencive ne sont jamais affectés par le processus douloureux et naturel de la poussée des dents. Cette douleur serait prêtée par l adulte qui connait la poussée des dents de sagesse. Or, cette douleur n a rien de comparable. Elle ne vient pas de la percée de l os ou de la gencive mais du fait qu il n y a pas assez de place pour la nouvelle dent, ce qui tiraille les filaments nerveux. Le mal de dent serait insuffisant à expliquer la diarrhée, les pleurs ou encore le fait que le bébé mette ses poings dans la bouche. Ce serait une pure interprétation des parents qui les rassure puisque cela va dans le sens de la croissance naturelle du bébé