L impact psychosocial de la séparation familiale dans la ville de Tombouctou
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- Arnaud Nolet
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1 Organisation Internationale pour les Migrations Etude Protection de l Enfance L impact psychosocial de la séparation familiale dans la ville de Tombouctou
2 Table des matières Introduction Contexte, objectifs et méthodologie de l évaluation rapide Les enfants et la séparation familiale dans un contexte de crise La situation des enfants séparés Les causes de la séparation d avec le tuteur permanent Prise en charge des enfants séparés et non-accompagnés Santé Mentale et Soutien Psychosocial (MHPSS): le bien-être psychosocial et les mécanismes de soutien au niveau communautaire Difficultés liées à la réunification familiale Enfants non séparés La pratique du confiage La pratique du confiage au Mali Distinction entre confiage et séparation familiale Impact de la crise sur la situation du confiage La perception du confiage et de la séparation en temps de crise Besoins et recommandations Besoins prioritaires Recommandations Conclusion
3 Objectif général Déterminer l impact de la crise malienne sur les enfants vivant dans le nord du Mali, et plus spécifiquement l impact des séparations familiales sur les enfants (notamment leurs conséquences au niveau psychosocial pour les enfants et familles concernées).
4 Objectifs spécifiques Evaluer l impact de la crise : sur les enfants non déplacés et non séparés au niveau psychosocial. sur les enfants déplacés mais non séparés. sur les enfants déplacés et séparés ou déplacés et non accompagnés. sur les familles séparées. Analyser les raisons des séparations liées à la crise. Analyser la pratique du confiage dans le contexte de la crise. Comprendre le processus de réunification familiale. Identifier les besoins actuels des enfants séparés ou réunifiés au niveau psychosocial ainsi que leur état de santé mentale. Identifier et évaluer les ressources disponibles (ressources de l Etat, administration, ONG, ressources communautaires).
5 8 au 22 Juillet Méthodologie 70 entretiens individuels menés avec 30 informateurs clés (IC) (représentants des autorités locales, des structures administratives, des ONG intervenant en protection de l enfance, dans le domaine de la santé, etc.) ; 15 enfants séparés ; 15 enfants réunifiés ; 10 parents des familles réunifiées. De plus, des groupes de discussion ont été menés auprès de 33 femmes - femmes PDI, femmes retournées, femmes non déplacées. La sélection des femmes a été faite avec des ONG partenaires sur le terrain. Etude quantitative, mais surtout qualitative.
6 Causes de la séparation et prise en charge des ESNA Près de enfants séparés et non accompagnés. N.B. : Sur près de enfants séparés et non accompagnés (519 enfants non accompagnés et enfants séparés soit plus de 40% des personnes vulnérables déplacées identifiées) enregistrés dans les régions sud du Mali par la DTM de l OIM, et suite aux vérifications en cours, une marge d erreur de 75% est a prévoir, ce qui permet d estimer le nombre effectif d enfants séparés et non accompagnés dans le sud du pays à près de 2500 (les chiffres comprenant à l origine des enfants confiés, des enfants qui ont depuis été réunifiés, des enfants qui sont devenus adultes, et des enfants qui se sont avérés non séparés ou non accompagnés). Cause principale de la séparation: envoi volontaire de l enfant chez des parents proches ou amis. La séparation, souvent initialement conçue comme une pratique de protection, est finalement perçue comme étant négative (sacralité du lien familial). Existence de mécanismes de prise en charge informelle/communautaire des ESNA. Lacunes dans la prise en charge formelle des ESNA malgré la présence d acteurs (manque d information, cessation d activités). 86% des IC affirment que certains enfants n ont pas accès à l école à cause de la séparation des enfants de leurs parents ou tuteurs permanents (manque de moyens pour assurer la scolarité de l enfant après la crise, contraintes liées à l insécurité).
7 Action à prendre lors de la rencontre d un enfant sans tuteur 5% 5% Garder l'enfant temporairement 10% Prendre l'enfant en charge directement 40% Informer la police 20% Chercher un membre de la communauté pour prendre en charge l'enfant Informer des services de prise en charge gouvernementaux Informer des agences ou ONG spécialisées 20%
8 MHPSS Risques de violence sexuelle, châtiment corporel sévère, violence faite par les forces ou groupes armés et explosion de mines terrestres ou restes d explosifs de guerre. 90% des IC pensent que le nombre d'incidents de violence basée sur le genre a augmenté depuis l occupation de la ville. 83% des IC interviewés disent avoir remarqué un changement comportemental chez les enfants depuis le début de la crise ou depuis leur retour. Stress des parents pouvant accentuer l impact de la crise sur les enfants. Les enfants à risque sont aussi ceux qui ont connu des conditions de vie difficile mais qui n ont pas été maltraités, mettant en danger leur santé, leur sécurité, leur moralité, et/ou leur éducation.
9 Enfants séparés et non accompagnés - Spécificités Enfants séparés déplacés: difficultés particulières lors du déplacement, culpabilité, difficultés d adaptation sur le lieu de déplacement, perte de l environnement familial, déscolarisation Enfants restés sur place lors de la fuite des parents: abandon et négligences Enfants confiés avant la crise: cas de négligence rapportés par rapport aux enfants des ménages d accueil
10 Facteurs contribuant au stress des enfants 45% 40% 35% 30% 25% 20% 15% Pourcentage des opinions exprimées 10% 5% 0% Manque de nourriture Séparation d'avec les amis et la famille Cauchemars, mauvais souvenirs
11 Réunification familiale Existence de problèmes associés au processus de réunification des enfants avec leur famille. Troubles d ordre psychosocial provenant de traumatismes liés au déplacement et à la façon dont la séparation a été vécue, par l enfant comme par le parent (par ex., culpabilité). Pour les 70% des IC voyant des difficultés dans la réunification, celles-ci sont avant tout d ordre matériel, économique et sanitaire et non relationnel. De façon globale, tous les parents et enfants rencontrés jugent que la réunification est une bonne chose car elle permet le regroupement tous les membres de la famille au sein de la communauté.
12 Difficultés liées a la réunification familiale 50% 40% 30% 20% Pourcentage des opinions exprimées 10% 0% Problèmes alimentaires Problèmes sanitaires Troubles comportementaux
13 Raisons du déplacement, selon les enfants interrogés 19% 56% Crise du nord Mali Difficulté économique Formation scolaire 25%
14 Enfants non séparés: PDI Selon les IC interviewés, certains enfants déplacés avec leurs parents ont subi des traumatismes avant ou durant leur fuite. Le fait d être en famille ne rend pas facile le déplacement, mais permet de protéger les enfants contre certains risques tels que le risque d enlèvement ou de traite et diminue la vulnérabilité.
15 Enfants non séparés: non PDI Parmi les enfants rencontrés, ceux restés à Tombouctou souffrent de problèmes psychologiques plus sévères que les enfants déplacés retournés (traumatismes subis tels que la violence physique (flagellation), le bruit des armes, la surprotection des enfants par les parents, les violations de domicile, les pertes de biens et de matériels, la fermeture des classes en pleine année scolaire ). Les enfants présentent en général des troubles psychosomatiques, pour certains d entre eux un état de stress post- traumatique. Le mariage précoce a été une réalité pour les jeunes filles pendant la crise. Durant la conduite de cette évaluation, il a été demandé à des enfants non PDI âgés de 14 à 17 ans de réaliser des dessins à la main pour représenter leurs souvenirs et les expériences qu ils ont vécues.
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17 La pratique du confiage au Mali Phénomène ancien rencontré dans de nombreuses sociétés à travers le Mali. Causes diverses : maladie, décès, divorce, séparation des parents, entraide familiale, éducation (apprentissage coranique entre autres), renforcement des liens familiaux (de parenté ou d alliance). Le confiage pour motif d éducation ou d apprentissage coranique ne met pas les enfants concernés à l abri d abus, de mauvais traitements et d autres formes d exploitation. La pratique de confiage est difficilement définie comme étant positive ou négative dans son ensemble, mais au contraire, elle requiert une analyse au cas par cas.
18 Distinction entre confiage et séparation familiale Confiage = volontaire, séparation = involontaire? Non: définition large du confiage confusion avec le phénomène de séparation. La distinction reste surtout ambigüe car le caractère volontaire du confiage peut être remis en cause (par exemple, le manque de moyens économiques constitue souvent un motif de recours au confiage (donc involontaire); en outre, nous avons vu que l envoi volontaire de l enfant est la cause principale de la séparation).
19 Impact de la crise sur la pratique du confiage Tous les IC pensent que la crise a véritablement eu une conséquence sur la pratique du confiage des enfants: de nombreux parents sont déçus par le sort réservé aux enfants par les familles d accueil.
20 Perception du confiage et de la séparation en temps de crise Hors crise, il est difficile de distinguer le confiage de la séparation. En temps de crise, cela est d autant plus complexe. Le facteur «insécurité» pourrait constituer une indication pour mieux cerner la définition du phénomène de séparation. Le confiage étant une pratique informelle, il n est pas régi par des standards ou par des comportements constants. La distinction requiert souvent une étude au cas par cas. Selon le cas (confiage ou séparation), la réponse humanitaire peut être différente (notion de vulnérabilité). Il est donc important de définir des lignes directrices pour pouvoir distinguer la séparation du confiage. Cela est particulièrement crucial dans le contexte du Mali (Charte du Manden).
21 Besoins prioritaires Pour tous Assistance alimentaire d'urgence. Soutien scolaire pour les enfants ayant été déscolarisés. La population doit être informée sur les procédures de protection de l enfance et de mise en place de tutelle légale. Soutien psychosocial pour les enfants affectés par la crise malienne et pour leurs parents. Pour les enfants séparés et non accompagnés Prise en charge psychosociale pour les plus affectés, poursuite des espaces Amis des enfants. Aide à la réintégration des enfants séparés et non accompagnés pour les familles souhaitant la réunification mais n en ayant pas les moyens. Poursuite de l identification et assistance aux enfants séparés / nonaccompagnés en général.
22 Recommandations Renforcer les systèmes de collecte de données, de dépistage, de référencement et de prise en charge des cas d enfants souffrant de traumatisme ou ayant besoin de soutien psychosocial. Y incorporer les besoins spécifiques liés aux enfants séparés et non accompagnés. Poursuivre l assistance aux enfants victimes de violences basées sur le genre du fait du conflit à travers un processus d identification et de prise en charge des cas. Réactiver les centres d écoute pour enfants. Initier/accompagner des programmes de protection des enfants au niveau des quartiers en partenariat avec les mairies, les chefs de quartiers et les structures locales intervenant dans le domaine de la protection de l enfance. Ces programmes doivent comprendre des solutions d encadrement pour les familles d accueil des enfants confiés et/ou séparés. Soutenir les radios communautaires pour une large diffusion des messages de sensibilisation sur la prise en charge des enfants séparés et non accompagnés (services disponibles, agences spécialisées, processus de prise en charge/tutelle formelle). Renforcer la prévention et la réponse aux problématiques de protection identifiées, y compris les cas de violations des droits humains, la violence basée sur le genre et la protection de l enfance en sensibilisant la population à ces problématiques, en rendant disponibles des services de prise en charge spécialisés et en coordonnant la réponse entre les différents acteurs humanitaires. Mener des activités de sensibilisation pour la dénonciation systématique de toutes les violences faites aux enfants à tous les niveaux (à la maison, à l école, au lieu de travail et dans les espaces publics). Poursuivre les activités de soutien à la recherche et à la réunification des familles. Entamer la discussion avec les autorités compétentes pour envisager des solutions d encadrement à la pratique du confiage.
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