ESSAI DE CO-COMPOSTAGE EN EXPLOITATION AGRICOLE DE FUMIER DE CANARDS PAG AVEC DU LISIER DE CANARDS GRAS ET DES FIBRES CELLULOSIQUES (DECHETS DE SILO).
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- Germain Beaupré
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1 ESSAI DE CO-COMPOSTAGE EN EXPLOITATION AGRICOLE DE FUMIER DE CANARDS PAG AVEC DU LISIER DE CANARDS GRAS ET DES FIBRES CELLULOSIQUES (DECHETS DE SILO). Depuis 2003, plusieurs essais de co-compostage de fumier de canards avec du lisier de canards ont été effectués sur l exploitation de la SCEA DE LA PATTE D OIE à Saint-Michel. Lors d essais réalisés en 2003 et 2004, le processus de compostage n a pas donné entièrement satisfaction car le compost obtenu était humide à cœur et malodorant. En 2006, il a été décidé de poursuivre les essais de co-compostage fumier-lisier en incorporant des fibres cellulosiques (déchets de silos : résidus de tournesol et soja) au fumier et au lisier (travail initié en 2005). Matériel et Méthode Matériel utilisé sur l exploitation pour le compostage. Le retournement de l andain a été effectué avec le retourneur d andains de la CUMA départementale. Méthode utilisée pour la réalisation du tas Sur la fumière, le mélange lisier-fumier a été réalisé de la façon suivante : - Collecte du lisier dans des caniveaux sous les rangées de parcs et raclage quotidien sur la fumière. - Vidange du fumier issu des abris de canards PAG à la fin de chaque bande sur la fumière au moyen d une remorque-benne et constitution avec un chargeur télescopique à godet de 2 tas de fumier placés côte à côte sur la fumière. - Dépôt du lisier entre les 2 tas de fumier avec le chargeur télescopique et imprégnation naturelle du lisier dans le fumier. - Egouttage des jus d écoulement par gravité, de la fumière vers la fosse bétonnée couverte. - Entreposage du mélange en fond de fumière au moyen du chargeur télescopique afin de libérer la partie centrale de la fumière pour le fumier issu des bandes suivantes. 8 opérations d incorporation de lisier dans le fumier ont été effectuées durant la saison, correspondant à la production de lisier de canards gras et à la production de fumier de 10 bandes de canards PAG : m³ de lisier ont été incorporés à 215 tonnes de fumier, soit 330 m³ sur la fumière, m³ de jus d égouttage ont été récupérés dans la fosse, m³ d effluent liquide ont été réellement incorporés à 330 m³ de fumier, m³ de fumier «incorporé» ont été récupérés sur la fumière en fin de saison pour la mise en andain au champ. Fumier avant incorporation au premier plan, fumier «incorporé» au second plan
2 le 15 mars 2006 (J.0) : dépôt du produit au champ avec constitution de l andain. La constitution de l andain a été effectuée de la façon suivante : - Zone 1 : dépôt d une couche de 105 m³ de fumier «incorporé» issu de la fumière et d une deuxième couche de 30 m³ de fibres. - Zone 2 : dépôt d une couche de 70 m³ de fumier «brut» mis en andain directement et d une deuxième couche de 20 m³ de fibres. Le fumier «brut» correspondait à la production de 2 bandes de canards PAG (soit 45 tonnes). Ce fumier n a pas transité par la fumière et n a donc pas fait l objet d une incorporation de lisier. Le dépôt du fumier a été réalisé au moyen de la remorque-benne et le dépôt des fibres avec le chargeur télescopique à godet. Les dimensions de l andain après dépôt des 2 couches étaient de : - 45 mètres linéaires - 3,50 m de largeur - 1,8 m à 2 m de hauteur moyenne au point culminant. L andain au champ le 25 Juillet 2006 (J.132) Modalités de réalisation de l essai en exploitation agricole A l origine de l essai, Philippe PERES, gérant de la SCEA DE LA PATTE D OIE, producteur de foie gras et de céréales à Saint-Michel, a conçu son nouvel atelier de gavage en 2001 en projetant de pouvoir co-composter à la ferme le lisier de canards en gavage et le fumier de l élevage de canards Prêts à Gaver (PAG). L exploitation comporte notamment : - un élevage de canards Prêts à Gaver (PAG) sur paille, représentant une production annuelle de canards PAG. Cet élevage engendre la production de fumier pailleux. - un atelier de gavage en parcs sur caillebotis comportant 2 salles de 400 places représentant une production annuelle de canards gras. L atelier de gavage engendre la production de lisier (effluent liquide non pailleux). - une fumière bétonnée couverte par un hangar implantée en prolongement de l atelier de gavage. La fumière permet d une part, de récupérer le lisier du gavage évacué par raclage hors de l atelier de gavage et le fumier de PAG et d autre part d incorporer les 2 produits à chaque dépôt de fumier. - une fosse bétonnée couverte de 140 m³ permettant de récupérer les jus d écoulement de la fumière. L exploitation comporte donc toutes les conditions pratiques, techniques et réglementaires pour la réalisation de l essai. Salle de gavage, avec la fumière à l extrême droite Fosse à purin au premier plan et fumière au second plan
3 Composition du mélange ENGRAIS ORGANIQUES DE L EXPLOITATION LISIER DE CANARDS GRAS: 260 m 3 Estimation de la quantité de lisier : - Volume de lisier : canards en gavage x 0,04 m³ de lisier / canard = 260 m³. - Tonnage de lisier : 260 tonnes. Il a été estimé que 1 m³ de lisier est équivalent à 1 tonne de lisier. FUMIER CANARDS PAG: 260 tonnes soit 400 m 3 Estimation de la quantité de fumier : - Volume de fumier : 12 bandes de canards PAG x 6 remorques-bennes de fumier / bande x 5,6 m 3 de fumier / remorque x = 403,2 m 3 arrondi à 400 m 3. - Tonnage de fumier : 260 tonnes (400 m 3 * 0,65 tonne / m 3 ). Il a été estimé que 1 m 3 de fumier est équivalent à 0,650 tonne. DECHETS DE SILOS DE COLLECTE FIBRES : 15 tonnes soit 50 m³ Estimation de la quantité de fibres : - Volume de fibres : cubage de la quantité livrée par remorque-benne égale à 50 m³. - Tonnage de fibres : 15 tonnes (50 m 3 x 0,30 tonne / m 3 ). Il a été estimé que 1 m 3 de fibres est équivalent à 0,300 tonne. L appellation «fibres» concerne les résidus issus de la collecte des graines de protéagineux (pois, soja). Il s agit de déchets cellulosiques. Résultats obtenus Les résultats ont été déterminés à partir : - d observations sur le site de compostage, - de rapports d analyses physico-chimiques, - de relevés de températures. Fibres (déchets de silos)
4 Observations sur le site Les observations sur le site ont mis en évidence : une réduction importante du volume de fumier «incorporé» : - au niveau de la fumière : 120 m³ d effluent liquide ont été incorporés à 330 m³ de fumier (soit 215 tonnes) sur la fumière. Après imprégnation du lisier dans le fumier, on estime que le volume obtenu est équivalent au volume initial de fumier soit 330 m³. Les opérations d incorporation du lisier dans le fumier ont entraîné une réduction importante du volume de fumier «incorporé» puisque celui-ci ne représentait plus que 105 m³ de volume au moment du dépôt au champ. Soit une réduction de plus de 70 % du volume sur la fumière. Cette perte de volume serait due, en premier lieu, au tassement du fumier suite à l incorporation du lisier et en second lieu à une phase de pré-compostage sur la fumière. - au niveau de l andain au champ : Au dépôt au champ Dimensions de l andain Au 1 er retournement Au 2 ème retournement Après stabilisation Largeur 3 m 3 m 3 m 3 m Hauteur 1,80 m 1,60 m 1,30 m 1,10 m Longueur 45 m 45 m 45 m 45 m Volume 225 m m m m m³ de produit ont été déposé au champ. Après stabilisation du compost, durant l été 2006 le volume de l andain était de 120 m³. La hauteur du tas n était plus que de 1,10 m à son point culminant contre 1,80 m lors du dépôt au champ et 1,60 m après le 1 retournement. Soit une réduction de plus de 50 % du volume lors de la phase de compostage au champ. un compost inodore. Le compost n a pas engendré d odeur désagréable. Le produit a donc été désodorisé sous l action du compostage. Résultats d analyses physico-chimiques Les échantillons de produits ont été effectués par «carottage» à différentes profondeurs et à différents endroits de chaque zone (Z1 : fumier «incorporé» + fibres, et Z2 : fumier «brut» + fibres). Chaque échantillon a été effectué à partir d une dizaine de prélèvements par carottage. Les prélèvements ont été effectués à : - J.14 (14 jours après le dépôt au champ et le jour du 1 retournement), - J.83 (83 jours après le dépôt au champ, 38 jours après le 2 retournement). - J.182 (182 jours après le dépôt au champ, 137 jours après le 2 retournement et 2 jours avant l épandage).
5 Composition d une tonne de produit brut en compostage Jour Zone Matière Sèche en % Matière Organique en % ph Rapport C/N Azote Total en KG P2O5 en KG K2O en KG / brut / sec / brut / sec / brut / sec / brut / sec J.14 J.83 J Les rapports d analyses nous permettent de constater : - à J.14, le jour du premier retournement le fumier «incorporé» a un taux de matière sèche inférieur de 6 % par rapport au fumier «brut» (59 contre 65 %) et un rapport C/N inférieur de 3 points (16 contre 19). On constate déjà, à ce stade, que la teneur en eau est inférieure à 50 %. - à J.83, 38 jours après le deuxième retournement, les taux de matière sèche ont fortement augmenté : + 11 points pour le fumier «incorporé» et + 15 points pour le fumier «brut». En outre le ph du fumier «incorporé» est devenu acide (6.8 contre 8.2 à J.14). La chute du ph pourrait provenir d une situation d anaérobiose provoquée par le tassement de l andain. - à J.182, on constate (sans pour autant l expliquer), que la valeur P 2 O 5 du fumier «incorporé» n est que de 5,3 kg / tonne de produit brut soit 10 points de moins que celle du fumier «brut». Relevés de température Des relevés de températures ont été effectués lors de la phase de compostage au champ. 75 Evolution des tem pératures C Z2 Z1 J23 J30 J37 J48 J57 J70 J77 Jours J83 J100 J113 J132 J146 Le graphique précédent représente la courbe des températures moyennes observées depuis J.23 (9 jours après le 1 retournement) jusqu à J.146 (101 jours après le 2 retournement et 38 jours avant l épandage). Durant les 2 premiers mois de compostage, les températures sont comprises entre 60 et 70 C. L introduction de fibres a favorisé l activité microbienne et, par conséquent, a entraîné l élévation de la température. A partir du 3 mois, les températures stagnent auto ur de 55 C, jusqu au 5 mois de compostage. La stag nation de la température serait due au manque d eau dans le tas, limitant de ce fait l activité microbienne.
6 Conclusion Lors de la phase de compostage au champ la réduction de plus de 50 % du volume de l andain prouve que l activité microbienne a été importante. L introduction de fibres a favorisé l aération du tas et l amélioration de la circulation de l air durant les 2 premiers mois de compostage. Cette forte activité microbienne s est traduite par des températures comprises entre 60 et 70 C au niveau du tas durant 2 mois. L hygiénisatio n du tas (destruction des virus, bactéries et parasites) a donc bien été réalisée. A partir du 3 mois, l activité microbienne a été l imitée car le tas était trop sec, ce qui s est traduit par un nivellement des températures entre 50 et 60 C. Les rapports d analyses à J.83, montrent que le taux de matière sèche est de 70 % pour le fumier «incorporé» et de 82 % pour le fumier «brut» ce qui, allié à de fortes températures, traduit une situation de risque de carbonisation du tas. L humidification du tas avec les jus de la fumière lors de la constitution de l andain au champ, serait la solution à envisager pour que la teneur en eau dans le tas soit d au moins 50 %, limite nécessaire à la bonne réalisation du compostage. Néanmoins, le compost obtenu est à classifier dans les amendements organiques. Cependant, compte tenu des fortes teneurs en Azote, Acide Phosphorique et Potassium, on utilisera ce compost comme un fertilisant et non comme un amendement. En outre, lors de la mise en œuvre de cette technique, il sera conseillé de respecter un ratio d incorporation de 3 m 3 de fumier pour 1 m 3 de lisier.
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