CITATIONS DU DSV. «D avoir plusieurs seigneurs aucun bien je n y vois / Qu un sans plus soit le maître, et qu un seul soit le Roi» (Ulysse / Homère)

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1 CITATIONS DU DSV Exorde &1-9 «D avoir plusieurs seigneurs aucun bien je n y vois / Qu un sans plus soit le maître, et qu un seul soit le Roi» (Ulysse / Homère) «La puissance d un seul, dès lors qu il prend le titre de maître, est dure et déraisonnable C est un extrême malheur d être sujet à un maître dont on ne peut jamais être certain qu il sera bon» «Avoir plusieurs maîtres c est, autant qu on en a, être autant de fois extrêmement malheureux» «Il est malaisé de croire qu il y ait quelque notion de bien commun dans ce gouvernement où tout appartient à un seul» «Comment peut-il arriver que tant d hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations endurent quelquefois un tyran seul, qui n a de puissance que celle qu ils lui donnent» «ensorcelés et charmés par le nom d un seul» «La faiblesse d entre nous, hommes, est telle qu il faut souvent que nous obéissions à la force» «Notre nature est ainsi faite que les communs devoirs de l amitié emportent une bonne partie du cours de notre vie» «On l ôte de là où il agissait bien pour l avancer en un lieu où il pourra mal faire» «Quel malheur est celui-là? Quel vice? Ou plutôt quel malheureux vice?», «quel monstre de vice est-ce donc?» «Voir un nombre infini de personnes, non pas obéir, mais servir ; non pas être gouvernées, mais tyrannisées. Souffrir les pilleries et les paillardises, les cruautés, non pas d une armée mais d un seul d un seul hommeau, et le plus souvent le plus lâche et le plus efféminé de toute la nation» «Ce qui se fait en tous pays, par tous les hommes, tous les jours, à savoir qu un homme en dompte cent mille et les prive de leur liberté» «Ce seul tyran, il n est pas besoin de le combattre, il n est pas besoin de le défaire : il est de soi-même défait, pourvu que le pays ne consente pas à sa servitude. Il ne faut rien lui ôter, mais ne rien lui donner» «Ce sont donc les peuples qui se laissent ou plutôt se font maltraiter [gourmander], puisqu'en cessant de servir ils en seraient quittes ; c est le peuple qui s asservit, qui se coupe la gorge, qui, ayant le choix ou d être esclave, ou d être libre, quitte sa liberté et prend le joug : qui consent à son mal ou plutôt le recherche» «Qu est-ce que l homme doit avoir de plus cher que de se remettre en son droit naturel, et pour ainsi dire, de bête redevenir homme?» «Pour avoir la liberté il ne faut que la désirer Si on ne leur donne rien, si on ne leur obéit point, sans combattre, sans frapper, ils demeurent nus et défaits, et ne sont plus rien une branche devenue sèche et morte» «La liberté seule, les hommes ne la désirent point si elle vient à être perdue, tous les maux viennent à la file» «Pauvres et misérables peuples insensés, nations opiniâtres en votre mal et aveugles en votre bien! Vous vous laissez emporter devant vous le plus beau et le plus clair de votre revenu» «Celui qui vous maîtrise tant n a que deux yeux, n a que deux mains, n a qu un corps Comment a-t-il donc un quelconque pouvoir sur vous sinon par vous? complices du meurtrier qui vous tue, et traîtres à vous-mêmes» «Vous pouvez vous délivrer si vous essayez non pas de vous en délivrer, mais seulement de vouloir le faire. Soyez décidés à ne plus servir et vous voilà libres Ne le soutenez plus et vous le verrez comme un grand colosse à qui l on a dérobé la base, de son poids même s effondrer au sol et se rompre» «Les médecins conseillent bien de ne pas mettre la main aux plaies incurables Sa maladie est mortelle» «Nous serions naturellement obéissants aux parents, sujets à la raison et esclaves de personne» D où vient le désir de servir? Pas de la nature & 11-12e «Il y a en notre âme quelque naturelle semence de raison, qui entretenue par le bon conseil et l habitude fleurit en vertu, et qui au contraire souvent ne pouvant subsister contre les vices survenus, étouffée, avorte» «La nature nous a tous faits de même forme et, comme il semble, selon un même moule, afin que nous nous reconnaissions tous comme compagnons ou plutôt comme frères» «Elle n a pas eu l intention de nous mettre en ce bas monde comme en un champ clos» 1

2 «Elle nous a donné à tous ce grand présent de la voix et de la parole pour nous rapprocher et fraterniser davantage» «Elle ne voulait pas tant nous faire tous unis que tous uns» «On ne peut tenir personne en servitude sans lui faire de tort et il n y a rien au monde de plus contraire à la nature» «Nous ne sommes pas nés seulement en possession de notre liberté, mais aussi avec une propension à la défendre» «Que je fasse monter, si je puis dire, les bêtes brutes en chaire pour vous enseigner votre nature et condition Elles nous donnent tant de signes apparents de la conscience qu elles ont de leur malheurs» «Quelle malchance [malencontre] a donc eu lieu qui a pu dénaturer l homme, seul né véritablement pour vivre libre, au point de lui faire perdre et le souvenir de son être premier, et le désir de le retrouver?» «Il y a 3 sortes de tyrans. Les uns ont le royaume pas élection du peuple, les autres par la force des armes, les autres par succession de leur lignage La façon de régner est toujours quasi semblable» «Ils [Les hommes] ne sont pas toujours séduits par autrui mais bien souvent ils sont trompés par eux-mêmes» «[Denys] il se fit de capitaine, roi, et de roi, tyran» «Servant si librement et si volontiers qu on dirait qu il [le peuple] a non pas perdu sa liberté, mais gagné sa servitude» «Au commencement on sert contraint et vaincu par la force ; mais ceux qui viennent après servent sans regret ils considèrent comme naturel l état de leur naissance» «La coutume, qui a en toutes choses grand pouvoir sur nous, n a en aucun endroit une force plus grande qu en ceci, de nous enseigner à servir à trouver moins amer le venin de la servitude» «Le naturel, si bon soit-il, se perd s il n est entretenu, et l éducation nous façonne toujours à sa manière» «Les semences de bien que la nature met en nous sont si menues et si glissantes qu elles ne peuvent endurer moindre heurt produit par une éducation contraire» «Sortant d une cité d hommes, il est entré dans un parc de bêtes» «Il était impossible que le Persan regrettât la liberté, ne l ayant jamais connue, ni que le Lacédémonien endurât la sujétion, ayant goûté à la liberté» «Chez Scylla le dictateur c était non pas un parquet de justice, mais un atelier de tyrannie» «En toutes contrées, en tout air, est amère la sujétion et plaisante la liberté» «La nature de l homme est bien d être libre et de vouloir l être ; mais aussi sa nature est telle que naturellement il prend le pli que son éducation lui donne pour l homme paraissent naturelles toutes les choses dont il est nourri et auxquelles il est accoutumé. Mais ce qui seul est inné chez lui, c est ce à quoi à sa nature simple et non altérée l appelle» D où vient l oubli de la liberté? De la coutume (1 ère cause) & 13-18f «Ainsi la première raison de la servitude volontaire c est la coutume» «Les années ne donnent jamais le droit de mal faire, au contraire elles aggravent l injustice» «Il s en trouve toujours cependant quelques uns, de meilleure naissance que les autres, qui sentent le poids du joug et ne peuvent s empêcher de le secouer, qui ne s accommodent jamais de la sujétion Ce sont eux qui, ayant la tête, d eux-mêmes, bien faite, l ont encore polie par l étude et le savoir» «Les livres et les doctrines donnent plus que tout autre chose aux hommes le bon sens et l entendement de se reconnaître et de haïr la tyrannie» «La liberté leur est complètement ôtée sous le tyran de faire, de parler et quasi de penser : ils se retrouvent tous isolés en leurs rêveries [en leur fantaisie].» «Ils [les faux révoltés ou les tyrannicides] prétendaient chasser le tyran tout en retenant la tyrannie il ne faut pas abuser du saint nom de liberté pour s engager dans une mauvaise entreprise» 2 ème cause : les techniques de domination (2ème cause) & 19-24d «La première raison pour laquelle les hommes servent volontiers consiste en ce qu ils naissent esclaves et sont élevés comme tels. De celle-ci en découle une autre, c est qu aisément, sous les tyrans, les gens deviennent lâches et efféminés» 2

3 «Avec la liberté se perd du même coup la vaillance : les peuples sujets n ont point d allégresse au combat» «Entre les gens libres chacun de son côté rivalise à qui mieux mieux pour le bien commun» «Les gens asservis ils ont le cœur bas et mou, incapable de grandeur» «Le tyran ne pense jamais sa puissance assurée tant qu il n est pas parvenu au point où il n a plus pour sujets que des hommes sans valeur» «Ce pauvre et misérable peuple s amusa à inventer toutes sortes de jeux soupçonneux à l égard de celui qui l aime, et naïf envers celui qui le trompe» «Tous les peuples se trouvant promptement alléchés par la servitude à la moindre plume qu on leur passe devant la bouche» «Le théâtre, les jeux, les farces, les spectacles étaient pour les peuples anciens les appâts de la servitude, le prix de leur liberté, les outils de la tyrannie les peuples rendus sots trouvaient beaux ces passe-temps» «Les tyrans faisaient largesse d un quart de blé, d une mesure de vin, et d un sesterce ; et alors c était pitié d entendre crier «vive le roi!». Les lourdauds ne se rendaient pas compte qu ils ne faisaient que récupérer une partie de leurs biens» «Il [l homme asservi] ne protestait pas plus qu une pierre, il ne remuait pas plus qu une souche» «Néron vilain monstre, répugnante et sale peste du monde, ce bourreau, ce boutefeu, cette bête sauvage» «Ce fut en effet sa vénimeuse douceur qui rendit sucrée la servitude du peuple romain» «Aujourd hui ils ne font pas beaucoup mieux ceux qui ne font guère de mal tu connais O Longa ces formules d usage dont en quelques endroits ils pourraient user assez finement» «Tous craignaient sur la foi d autrui un maître que personne n avait jamais vu alors qu aux yeux de gens ni trop sots ni trop asservis, ils n auraient donné matière qu à s amuser et à rire» «C est toujours ainsi que le peuple sot fait lui-même les mensonges pour les croire ensuite» «Ceux qui n en voyaient pas l invraisemblance étaient bien plus aveugles, à mon avis, que ceux qu ils guérissaient» «Les tyrans eux-mêmes trouvaient bien étrange que les hommes pussent supporter un homme leur faisant mal» «Ils empruntaient quelque échantillon de la divinité pour le soutien de leur méchante vie» «Il semble pourtant qu ils [les rois de France] n ont pas été faits comme les autres par la nature, mais qu ils ont été choisis par Dieu» «Je lui ferais grand tort [à notre poésie] en lui ôtant maintenant ces beaux contes du roi Clovis» «Ce que j ai dit jusqu à présent des moyens qui incitent les gens à être plus volontiers esclaves ne sert guère aux tyrans que pour le grossier et menu peuple» 3 ème cause : la pyramide des tyranneaux & «Le ressort et le secret de la domination, le soutien et le fondement de la tyrannie» «Ce ne sont pas les armes qui défendent le tyran ce sont toujours quatre ou cinq individus qui maintiennent le tyran, quatre ou cinq qui tiennent tout le pays en esclavage» «Les complices de ses cruautés, les compagnons de ses plaisirs, les maquereaux de ses voluptés» «Ces six là en ont six-cents qui profitent sous eux, et font, de leurs six-cents, ce que les six font au tyran. Ces six-cents en tiennent sous eux six mille qu ils ont promu en leur donnant une situation» «Ce ne sont pas les six mille, mais les cent mille, mais les millions qui par cette corde se tiennent au tyran» «Autant de gens auxquels la tyrannie semble profitable que d autres à qui la liberté serait agréable» «S il y a quelque chose de gâté, dès lors qu en un autre endroit quelque chose s infecte, cette partie véreuse attire aussitôt la corruption initiale» «Etre sous le grand tyran, tyranneaux eux-mêmes Ainsi font les grands voleurs et les corsaires» «Le tyran asservit ses sujets les uns par le moyen des autres il fait les coins du bois lui-même» 3

4 «Des hommes sont contents d endurer du mal pour pouvoir en faire, non pas à celui qui leur en a fait, mais à ceux qui endurent comme eux, et qui n en peuvent plus» «Je suis souvent épris d ébahissement devant leur méchanceté et quelquefois j éprouve de la pitié devant leur sottise» «S approcher du tyran est-ce autre chose que s éloigner davantage de sa liberté, et pour ainsi dire, serrer à deux mains et embrasser la servitude?» «Qu'ils se regardent eux-mêmes et qu'ils apprennent à se connaître ceux qui sont ainsi malmenés sont toutefois, par rapport à eux, chanceux et d'une certaine façon libres» «Il ne leur suffit pas, à eux, de lui obéir, il faut encore lui complaire, il faut qu'ils se brisent, qu'ils se tourmentent, qu'ils se tuent à travailler pour ses affaires ; et puis qu'ils se plaisent à son plaisir, qu'ils délaissent leur goût pour le sien» «Cela, est-ce vivre heureux? Cela s'appelle-t-il vivre? Quelle condition est plus misérable que de vivre de telle sorte qu'on n'ait rien à soi, tenant d'autrui son plaisir, sa liberté, son corps et sa vie?» «Ils veulent servir pour avoir des biens, comme s'ils pouvaient avoir quelque chose Ils veulent faire en sorte que les biens soient à eux et ne se souviennent pas que ce sont eux qui lui donnent la force pour ôter tout à tous viennent se présenter comme devant le boucher pour s'y offrir ainsi pleins et refaits et lui faire envie» «Leur esprit doit se représenter non pas combien d'autres y ont gagné de richesses, mais à quel point ceux-là les ont peu gardées» «Ils l'ont à la fin eux-mêmes enrichi de leurs dépouilles» «Les gens de bien n'y sauraient durer» [dans la tyrannie], «Il y a peu d'assurance en la faveur d'un mauvais maître» «Quelle amitié peut-on espérer de celui qui a le coeur tellement dur qu'il hait son royaume qui ne fait que lui obéir et qui, parce qu'il ne sait pas même s'aimer, s'appauvrit et détruit son empire» «La stupidité demeure toujours chez les tyrans lorsqu'il s'agit de savoir bien agir mais lorsqu'il s'agit de cruauté ils ont beau voir peu d'esprit, celui-ci finit par s'éveiller» «Le tyran n'est jamais aimé, ni n'aime quiconque. L'amitié c'est un nom sacré, c'est une chose sainte, elle ne naît jamais qu'entre gens de bien, et ne vient qu'avec une mutuelle estime» «Il ne peut y avoir d'amitié là où se trouve la cruauté entre les méchants, quand ils s'assemblent, c'est un complot, non pas une compagnie. Ils ne s'entr'aiment pas, mais ils s'entre-craignent, ils ne sont pas amis, mais ils sont complices» «Il a fait loi de considérer se volonté comme faisant foi et de n'avoir aucun compagnon, mais d'être de tous le maître» «Attirés par cette clarté, ils s'approchent, et ne voient pas qu'ils se jettent dans la flamme qui ne peut manquer de les consumer» «Supposons que ces mignons échappent aux mains de celui qu'ils servent, ils ne se sauvent jamais du roi qui vient après» «Quelle peine, quel martyr est-ce grand Dieu! Etre nuit et jour attentif pour tenter de plaire à un homme, et néanmoins le craindre plus que n'importe qui au monde» «Il est plaisant de considérer ce qu'ils retirent de ce grand tourment, et le bien qu'ils peuvent attendre de leur peine et de leur misérable vie» «Ils les maudissent en leur coeur et les ont en horreur plus étrange que des bêtes sauvages Aucun ne serait, si on le lui demandait, assez satisfait, ni à demi soûlé de sa peine» «Encore après leur mort, ceux qui leur succèdent s'exercent sans relâche à ce que le nom de ces mange-peuples soit noirci de l'encre de mille plumes, leur réputation déchirée dans mille livres et les os même, pour ainsi dire, traînés par la postérité, les punissant encore après leur mort de leur méchante vie» «Apprenons donc à bien agir ; levons les yeux vers le ciel Il n'est rien de plus contraire à Dieu tout libéral et débonnaire que la tyrannie, au point qu'il réserve là-bas à part pour les tyrans et leurs complices quelque peine particulière» 4

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