Mettre en scène pour le cinéma

Transcription

1 Mettre en scène pour le cinéma Mouvements d acteurs et de caméras Steven D. KATZ Traduction et adaptation Bertrand Perrotin Groupe Eyrolles, 2006, ISBN

2 Avant-propos La première version de cet ouvrage a été écrite en 1991, une éternité à l échelle de la technologie. Dans les quinze années qui ont suivi, l informatique, et plus particulièrement l informatique individuelle, a transformé la manière de fabriquer les films ainsi que les méthodes de travail des cinéastes. Bien que le propos de ce livre soit resté le même dans cette édition remaniée présenter des solutions de mise en scène et leurs implications techniques, il était nécessaire de rajouter un chapitre concernant les technologies numériques utilisées dans la visualisation de la mise en scène et dans la conception de décors. Ce chapitre s ouvre donc sur le futur, même si l utilisation de ces nouveaux outils est profondément ancrée dans des concepts classiques. Un deuxième chapitre a été ajouté. Il concerne le découpage du scénario, processus crucial qui ne repose en rien sur la technique, mais sur la capacité à écrire une histoire et à développer des personnages. Cet équilibre entre science et art a toujours existé dans le cinéma. Il constitue la base du métier de cinéaste. Comment utiliser ce livre Bien que le story-board soit le moyen privilégié depuis 75 ans pour illustrer l enchaînement des plans d un film, il n existe pas de règles de notation standards. Chaque artiste illustrateur crée son propre système pour représenter les mouvements complexes dans un plan. Il utilise pour cela des flèches, des cadres dans le cadre, la représentation multiple d un même personnage aux moments clés de son déplacement, des notes écrites ou n importe quel autre moyen pour rendre la séquence intelligible. Il est souvent nécessaire d utiliser quatre ou cinq vignettes pour décrire quelques secondes d une action. On risque alors de perdre l essence de la séquence au milieu d une foule de détails techniques. Le but premier d un story-board reste de présenter clairement les techniques utilisées pour réaliser une séquence ainsi que les résultats escomptés. Bien que chaque storyboardeur espère que son travail sera «lisible», il est souvent nécessaire de regarder une planche à plusieurs reprises pour bien comprendre l enchaînement et la chorégraphie des différents plans. Cela nous amène à étudier les notations utilisées dans ce livre. Avant-propos IX

3 Pour vous permettre de mieux comprendre les illustrations, j ai inclus une description de l utilisation des story-boards et des différents symboles graphiques qui apparaissent dans cet ouvrage. Chaque vignette de story-board des exemples exposés dans ce livre est accompagnée d un diagramme de l espace de jeu. Les vignettes montrent ce que le public verra. Les diagrammes présentent le trajet de la caméra et la chorégraphie nécessaires à la mise en scène de l action pour obtenir le plan décrit par la vignette. Certaines des chorégraphies sont complexes. Vous aurez sans doute besoin d étudier le story-board plus d une fois pour comprendre la mise en scène. N hésitez pas à prendre un peu de temps pour vous familiariser avec les techniques décrites ci-après. L utilisation du livre n en sera que facilitée. Les story-boards Les vignettes utilisées dans ce livre sont au format 1:1,85, le plus utilisé pour les films américains. L illustration de la mise en scène se fait sur deux pages. La vignette de story-board se trouve sur la page de gauche, le diagramme correspondant lui faisant face sur la page de droite. Les story-boards apparaissent sur la page de gauche et sont repérés par un numéro. Les diagrammes accompagnant les story-boards se trouvent sur la page de droite. Le descriptif de chaque plan apparaît directement sous la vignette. Pour un plan dialogué, le dialogue apparaît sous la description du plan. La description de la figure apparaît ici. Anne : (Le dialogue apparaît ici.) Chaque vignette est numérotée. Le diagramme lui correspondant portera le même numéro précédé de la lettre D. Le numéro pour les vignettes et les diagrammes correspond au plan qu ils illustrent. Parfois, il est nécessaire d utiliser plusieurs vignettes X Mettre en scène pour le cinéma

4 pour expliquer les différentes étapes d un plan sur dolly. Dans ce cas, le numéro ne change pas mais il est complété par une lettre. Dans l exemple ci-après, la première des quatre vignettes porte un numéro, les trois suivantes portent le même numéro suivi d une lettre. Les quatre vignettes illustrent un seul et même plan sur grue présenté à différents moments clés. De plus, des points de suspension apparaissent dans la description du plan pour rappeler que c est un plan ininterrompu a 1a Des lettres qui suivent un numéro 1b 1b indiquent que le plan 1c 1c se poursuit. 2 Un changement de numéro (2 pour notre exemple) indique un changement de plan. Pour préciser qu il y a eu un changement de plan, «Cut vers:» apparaît au début de la description du nouveau plan. Avant-propos XI

5 Les flèches en dehors de la vignette Les flèches qui apparaissent du côté droit de la vignette indiquent le mouvement de la caméra. Elles sont dessinées en perspective pour préciser le type de travelling : avant, arrière, à gauche ou à droite. S il s agit d un panoramique, les flèches sont dessinées sans perspective. Voici quelques exemples : Travelling avant Travelling arrière Panoramique Travelling circulaire Grue Les flèches dans la vignette Les flèches en pointillé indiquent le mouvement d un sujet. Si un sujet entre dans le cadre, la flèche est à cheval sur le bord de la vignette, la pointe de la flèche se trouvant à l intérieur de la vignette. De la même façon, le trajet d un personnage sortant du cadre sera illustré par une flèche à cheval sur le bord de la vignette, pointant vers l extérieur. Une flèche qui commence sur un sujet indique le trajet que celui-ci va suivre. XII Mettre en scène pour le cinéma

6 Les diagrammes du décor Une vue en perspective du décor ou de l espace de jeu est attachée à chaque vignette de story-board pour clarifier la chorégraphie. Ces vues ont été créées dans Virtus Walkthrough, l un des logiciels les mieux adaptés à la visualisation cinématographique. Dans la plupart des cas, ces diagrammes présentent l ensemble du décor vu par une personne située derrière la caméra. Si ces diagrammes concernent un plan en mouvement, ils incluent le trajet de la caméra. D1 La caméra est illustrée par deux types de symboles. Le premier montre le contour de la caméra. Il indique la position au début d un mouvement. Le second est plein et noir. Il indique la position de la caméra en fin de mouvement. Dans de rares cas, il est nécessaire de présenter un mouvement de caméra complexe en plusieurs étapes. On aura alors recours à plusieurs contours de caméra. Les panoramiques sont indiqués par une flèche incurvée passant par le symbole de la caméra. Point de départ de la caméra Point d arrivée de la caméra Panoramique Le trajet des acteurs est indiqué par des flèches en pointillé reliant des silhouettes en contours et en plein. Comme pour les mouvements de caméra, la silhouette en contour indique la position de départ de l acteur, et la silhouette en plein symbolise sa position d arrivée. Position de départ du personnage Position d arrivée du personnage Avant-propos XIII

7 Les diagrammes en plan Certains story-boards sont accompagnés de diagrammes en plan du décor. Les règles établies précédemment s appliquent également à ces diagrammes. Cela signifie que les symboles en contour (caméra et acteurs) indiquent la position de départ lors d un mouvement tandis que les symboles en plein indiquent la position d arrivée. La cohérence Dans la majorité des illustrations, les règles ci-dessus concernant les différents symboles ont été appliquées. Il existe néanmoins quelques exceptions. Dans ces cas très spéciaux, des notes apparaissent à côté de l illustration. Par exemple, il est difficile d utiliser une caméra noire devant un fond noir. Elle est alors remplacée par un contour de caméra et une indication en marge de l illustration. Mon objectif en écrivant Mettre en scène pour le cinéma était de m adresser à la fois aux réalisateurs débutants et aux réalisateurs aguerris. Par conséquent, les différents exemples de mise en scène sont expliqués en considérant que le lecteur possède les bases du montage, de la photographie, des mouvements de caméra et de la production de long-métrage. Cette connaissance doit inclure les différents types de plans, le champ/contrechamp, la ligne d action et les autres conventions du découpage classique. Néanmoins, les chapitres 1 et 3 offrent un aperçu théorique de la mise en scène qui n est pas indispensable pour comprendre les exemples du livre si vous avez déjà une connaissance de base des mouvements de caméra. Plutôt que le montage, les idées présentées dans cet ouvrage privilégient les mouvements de caméra et le plan principal (master) pour varier l angle de prise de vues et diriger l attention du spectateur. Cependant, les deux méthodes sont proposées dans le livre dans la mesure où, dans la pratique, elles sont utilisées conjointement. Si vous êtes intéressé par la mise en scène dans un cadre fixe, de nombreux ouvrages existent, notamment Réaliser ses films plan par plan, qui prépare le terrain pour comprendre plus aisément les mises en scène de ce nouvel ouvrage. XIV Mettre en scène pour le cinéma