Maman, ma chambre est mal rangée...

Transcription

1 Audrey Gonet Maman, ma chambre est mal rangée... L Enfer des TOC 2

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3 Ils m ont détruits, ils m ont construits : les TOC. Bienvenue dans mon monde Un grand merci à vous de prendre le temps de me lire. 2 3

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5 «Dialoguer est le meilleur moyen de guérir» 2 5

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7 Je me regarde dans un ancien miroir à main. Je vois une vieille dame désormais, toujours un peu bohème. Mes cheveux sont longs, gris et blancs, attachés à l aide d un vieux pinceau. J ai des rides au coin des yeux, deux creux qui sillonnent mon visage, le regard loin, les mains sinueuses telle une carte routière, et des taches de vieillesse aux épaules. Je me balance sur un siège à bascule, libre, dehors. Une lanterne flotte sur une branche d arbre près de moi, je sens l air sur ma peau et l odeur d une soirée de printemps, des tournesols ornent le jardin, j écoute au loin la chanson «Hier encore». J ai les yeux grands ouverts sur cette société que j ai toujours déplorée, et dans laquelle j ai erré comme j ai pu. Je ne vois plus bien clair, mais je me souviens Le plus important pour moi, a toujours été d être en accord avec mes convictions et mes ressentis. Je sais que rien n est jamais acquis. Plusieurs chemins s offrent à nous dans cette vie, et nous sommes tous confrontés à passer cette épreuve : celle du choix. Pour moi, il est apparu évident qu il valait mieux vivre avec des remords que des regrets. Cette vie est passée trop vite et à partir de ce jour de l année 2011, juste trente ans après ma naissance, j essaie de 2 7

8 reprendre ma vie en main : guérir ou mourir. Je choisis de me battre, afin de gagner un des plus grand combat de mon existence : les TOC (Troubles Obsessionnels Compulsifs) résistants. 82

9 Première partie 7 14 ans ( ) 2 9

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11 L origine selon moi Vers l âge de sept ans, je subis un traumatisme enfantin de l ordre de la découverte de la sexualité. Comme j étais petite, j ai pris cela comme une intrusion et une véritable culpabilité s est emparée de moi. C est à partir de là que les TOC se sont installés. A cette période, mon médecin se rend compte d une légère anormalité de ma croissance. Je commence donc à être suivie à l hôpital de Reims pour des problèmes hormonaux qui ne me sont jamais clairement expliqués. Ces deux éléments semblent, avoir joué un rôle dans l apparition subtile de mes TOC. Est-ce que ces deux événements majeurs sont liés ou pas? Personne ne sait exactement, mais en tout cas, pour moi, dans ma tête, tout commence ici. Je me rends mensuellement à l hôpital pour faire des bilans sanguins et des radios, afin de surveiller ma courbe de croissance. «Quelle angoisse de me rendre à l hôpital si souvent avec mes parents. J ai très peur des prises de sang, vais-je en avoir une aujourd hui?». Je croise les doigts pour y 2 11

12 échapper, mais c est souvent perdu d avance! Cela va encore dépendre de mon endocrinologue, elle détermine tout le temps son choix à mon arrivée. «Dans ma tête, elle décide à pile ou face!» Elle m observe comme si j étais une plante. «Est-ce que je pousse correctement?». Je ne comprends pas ce qui se passe et je n aime pas que l on me regarde comme une grande. Nous sommes, mes parents, mon endocrinologue et moi dans son cabinet et elle me demande de me mettre nue à chaque consultation, sans me donner d explications et je déteste cela. Je dis toujours à mon père : Je vais avec maman derrière le rideau pour l auscultation, tu ne regardes pas, hein? Et, avec la plus grande des bienveillances d un père envers sa fille, il se tourne vers le mur et attend. Je me rappelle de ce jour particulier où j ai froid, j ai mal, et personne ne me dit ce que l on me fait. Je comprends, bien des années plus tard, que j ai eu le droit, à un frottis sans que l on ne me l explique. Je crie, je ressens une forte douleur, je serre fort la main de ma maman, je ne comprends pas. La seule chose qui me différencie des filles de mon âge, c est ma poitrine qui commence à pousser. Mon endocrinologue montre à chaque fin de consultation à mes parents, des dessins de ma courbe de croissance. Apparemment, je ne pousse pas à la bonne vitesse! «On lui met de l engrais ou pas à la petite?» Finalement, on ne me donne pas de traitement hormonal, malgré le risque d une forme de nanisme. On me 12 2

13 demande mon avis et nous prenons la décision avec mes parents de ne pas accepter le traitement. Mon cerveau pense à cette instant : «Hôpital = piqûre = j ai peur = j ai mal = j angoisse» Bonne nouvelle : après quelques années, on m avait prédit 1m50 maximum et je mesure 1m63, sans traitement! Par contre j ai très rapidement conscience de la douleur, et j avais une angoisse de celle-ci, autant physique que psychique. J ai compris rapidement que j allais être différente. Le corps n est pas atteint, mais le cerveau a connu des dommages collatéraux. 2 13

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15 Deuxième partie ans ( ) 2 15

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