Mémoire présenté à Madame Christine St-Pierre

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Marie-Hélène Malenfant
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2 Mémoire présenté à Madame Christine St-Pierre Ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, à l occasion des journées de consultation tenues au printemps 2008 Par : Le Mouvement Chicoutimi/Saguenay Inc.

féminine, à l occasion des journées de consultation

3 Madame la Ministre, Mesdames et Messieurs, Nous nous adressons à vous aujourd hui en tant que représentants du Mouvement Chicoutimi/Saguenay, un organisme sans but lucratif légalement constitué depuis décembre Si, nous nous présentons devant cette instance, c est que nous voulons nous poser en défenseurs et protecteurs d un certain type de patrimoine. Nous faisons allusion à ce que, dans vos documents d accompagnement, vous appelez le patrimoine culturel immatériel, un patrimoine, qui, si on n y prend garde, tombe facilement dans l oubli, puisqu il ne laisse souvent aucun vestige. Pourtant, ce patrimoine est au cœur de l identité d une communauté. Mais, avant d élaborer davantage sur cette dimension du patrimoine, laissez-nous vous dire sommairement Mme la Ministre ce qu est le Mouvement Chicoutimi/Saguenay. Ce Mouvement très actif est encore aujourd hui formé d environ 8000 personnes, qui pour en faire partie ont versé une cotisation minimale de 5$. Ces personnes sont des gens de tout âge, de toute condition, de toute profession et de toute provenance. Notre objectif depuis longtemps déclaré, est de redonner à la ville-centre du Saguenay le nom de Chicoutimi, un titre que nos gouvernements lui ont à juste titre concédé depuis fort longtemps et à notre région celui de Saguenay. Disons la triste vérité. En 2002, dans une sorte d accommodement déraisonnable, en donnant à notre ville le nom de notre région et de notre fjord, on a en quelque sorte déshabillé Pierre pour habiller Paul. Or, l histoire nous enseigne que ce ne sont pas les régions qui donnent leur nom aux villes, mais bien les villes qui parfois cèdent leur nom aux régions.

Nous faisons allusion à ce que, dans vos documents d accompagnement, vous appelez le patrimoine culturel immatériel, un patrimoine, qui, si on n y prend garde, tombe facilement dans l oubli, puisqu

4 Ainsi, Québec a d abord été ville, quelque deux siècles et demi plus tard province et un autre siècle plus tard, région administrative. Ici, au Saguenay, en 2002, un important patrimoine culturel immatériel a été sacrifié sur l autel de nos divisions et incompréhensions. La preuve en est qu à l extérieur de la région, le toponyme Chicoutimi continue d être largement utilisé pour désigner la ville saguenéenne, comme si le vocable Saguenay était trop vaste et géographiquement imprécis. Ce n est pas un hasard d ailleurs si les relations de nature régionale entre les populations jeannoises et saguenéenne sont plus désarticulées depuis que la nouvelle ville s est accaparé la moitié du toponyme du Saguenay-Lac St-Jean. Le but de cette vaste consultation que mène votre ministère, nous l avons bien compris. Sans prétention bien sûr, mais à la lumière des expériences ici vécues, nous voulons, en fin d exposé, vous faire quelques suggestions et recommandations pour que les errements que nous avons connus ici ne soient pas reproduits ailleurs. Nous souhaitons vivement même qu avec une loi amendée dans le sens espéré, votre ministère pourra, même rétroactivement, porter un regard critique sur la situation que nous vivons ici et inciter les instances concernées à corriger l erreur commise. En 2006 et 2007, la ville de Montréal a été le théâtre de vives discussions et même de marches de protestation. Des personnes, par ailleurs bien intentionnées, ont voulu changer les noms de deux rues à valeur patrimoniale et identitaire, les rues De Bleury et du Parc, pour les renommer avenue ou boulevard Robert- Bourassa. Un front commun formé du Comité du patrimoine de la Fédération des sociétés d histoire du Québec, du groupe Héritage Montréal et du groupe Les Amis de la montagne a défendu âprement ce dossier et invité la population à exprimer en masse son désaccord à la Commission de toponymie du Québec. Le conseil de ville de Montréal a reconnu la justesse de leurs revendications et renoncé à son projet.

La preuve en est qu à l extérieur de la région, le toponyme Chicoutimi continue d être largement utilisé pour désigner la ville saguenéenne, comme si le vocable Saguenay était trop vaste et

5 Nous ici au Saguenay, ce n est pas que sur deux noms de rues que portait notre débat, mais bien sur celui d une ville tout entière et même d une région. Et, ici, les avis des organismes de contrôle et de surveillance, tels la Commission de toponymie du Québec et la Société historique du Saguenay ont été complètement ignorés. Car, voyez-vous, l histoire de Chicoutimi est indissociable de celle de toute notre région. Permettez-moi de rappeler brièvement les dates les plus marquantes consignées au livre de notre histoire régionale. N. B. Ces données sont tirées d un document émanant du Ministère des affaires municipales et ayant pour titre : Pleins yeux sur Chicoutimi, (2007) Bien avant que le premier blanc ne mette les pieds au Royaume du Saguenay, il existait une tribu amérindienne qui portait le nom de Chicoutimiens. Cette tribu occupait un immense territoire portant un nom de même consonance, s étendant des limites du Lac Saint-Jean jusqu à celles de Charlevoix. En l an 1661, dans la relation des Pères Bruillet et Dablond (Jésuites) on pouvait lire ceci : Chicoutimi, lieu remarquable pour être le terme de la belle navigation et le commencement des portages. En 1671, des commerçants construisent une maison à l embouchure de la rivière Chicoutimi dans le but d en faire un poste de traite. En 1676, le poste de traite devient officiellement le chef-lieu du réseau de commerce des fourrures dans le Domaine-du-Roy. En 1684, le poste de Chicoutimi produit, à lui seul, plus de pelleteries que tout le reste du Canada réuni et poursuivra ses activités jusqu en 1845.

Car, voyez-vous, l histoire de Chicoutimi est indissociable de celle de toute notre région.

6 En 1842, Peter McLeod fonde officiellement la ville de Chicoutimi. Dès le début du 20 e siècle, grâce à La Compagnie de pulpe de Chicoutimi (la CPC), Chicoutimi devient le premier centre mondial de fabrication de pâte mécanique, marquant ainsi le début de la phase d industrialisation de la région du Saguenay. Dans les années qui suivirent, la même compagnie étendit ses activités jusqu au Lac Saint-Jean, en fondant le village de Val-Jalbert. Vers la fin du 19 e siècle et au début du siècle dernier, à l instar de villes telles Québec, Trois-Rivières ou Sherbrooke, Chicoutimi accueillit de nombreuses communautés religieuses, éducatrices ou hospitalières qui étendirent souvent leurs activités jusqu à Jonquière et au lac Saint-Jean. L hôpital de Chicoutimi, aujourd hui hôpital universitaire et centre de recherche en génétique a été fondé en deuxième moitié du 19 e siècle et a lui aussi essaimé ailleurs au Saguenay et au Lac Saint-Jean. Il y a quarante ans maintenant l Université du Québec à Chicoutimi commençait à dispenser l enseignement universitaire dans notre région et poussait des racines jusqu au Lac Saint-Jean. Voilà donc esquissée en quelques traits de plume l histoire de Chicoutimi. Comment pourrions-nous-nous imaginer même que, dans des circonstances semblables à celles qui ont prévalu ici en 2002, au hasard d une fusion, des villes telles Trois-Rivières, Sherbrooke, et pourquoi pas Québec, auraient pu être réduites à l état de simples arrondissements, les soustrayant ainsi au regard de l ensemble de la population du Québec! Car, l histoire des régions du Québec n appartient pas qu aux seuls régionaux, mais bien à l ensemble des Québécois. Le Saguenay n est pas une île. Pour qu à l avenir, des aberrations comme celle dont le Saguenay a été le théâtre depuis 2002 et que ce patrimoine immatériel et intangible à valeur identitaire que constituent les

industrialisation de la région du Saguenay. Dans les années qui suivirent, la même compagnie étendit ses activités jusqu au Lac Saint-Jean, en fondant le village de Val-Jalbert.

7 toponymes soient sauvegardés, nous formulons devant cette instance les recommandations suivantes 1. Qu advenant une fusion de municipalités, dans le choix du toponyme, le ministère doit intervenir afin que ce choix ne soit pas fait dans un contexte émotif où les arguments superficiels et démagogiques prennent le dessus sur la raison et la réflexion. 2. Que dans pareille situation, un comité de spécialistes, historiens et sociologues issus de la région concernée, soit formé pour faire les études et recommandations d usage. 3. Que les organismes de conseil et de surveillance tels la Commission de toponymie du Québec et les Sociétés historiques régionales soient justement consultés. 4. Que le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, par le biais d un comité d experts, analyse les recommandations qui lui auront été faites et conserve ainsi un droit de regard sur la décision finale. Madame la Ministre je vous remercie très sincèrement pour votre écoute et vous souhaite bon séjour dans la magnifique région du Saguenay Lac Saint-Jean. André-R. Gauthier, président, Mouvement Chicoutimi/Saguenay Inc. Chicoutimi, le 6 mars 2008

démagogiques prennent le dessus sur la raison et la réflexion. 2.

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