La découverte d un monument historique Ancien Manège Rue du Manège La Chaux-de-Fonds

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1 La découverte d un monument historique Ancien Manège Rue du Manège La Chaux-de-Fonds Construit entre 1855 et 1856 sur les plans de l architecte Frédéric Lang, ce bâtiment est à l origine une halle d équitation rectangulaire qui sert à la Société du Manège. En 1858, le bâtiment est flanqué d écuries à l est. Pour permettre l aération de la cour d équitation, la zone faîtière de la toiture est surélevée par rapport au reste du toit. En plus des activités équestres, des spectacles de cirque, des célébrations du 1 er Mars (anniversaire de la Révolution neuchâteloise) se déroulent au Manège. Extrait de la gravure du Tir fédéral de Le Manège est le bâtiment coiffé d un clocher. En 1862, ne pouvant rembourser un créancier, la Société du Manège met le bâtiment aux enchères sans succès. Deux ans plus tard, Gustave-Emmanuel Boch, membre de la Société, en fait l acquisition lors d une seconde vente aux enchères. En 1868, il transforme la halle d équitation en immeuble d habitation. Il détruit les écuries pour construire une maison en est (rue du Manège 17). Au même moment, il ajoute une aile à l ouest du bâtiment (Grenier 33). Dès le début, le

2 Manège est habité par des personnes de condition modeste (cordonnier, remonteur, emboîteur, servante, graveur, bûcheron, couturière). Au début du 20ème siècle, des ateliers s installent au rezde-chaussée et au premier étage nord-est (menuiserie, mécanique). En 1902, le peintre G. Bruno réalise un décor de la cour en faux marbre. Le Manège en Photo A. Schönbucher G.-E. Boch est négociant en objets d industrie. Il s occupe également de restauration de tableaux et de gravures. Il possède des immeubles situés rue de la Ronde et rue de la Balance. Membre du Conseil général (législatif) entre 1855 et 1858, il fait partie de diverses commissions communales. La cour centrale du Manège, avec sa toiture vitrée, rappelle le Familistère de la fonderie Godin à Guise. Cet exemple a-t-il inspiré G.- E. Boch dans sa transformation? On n en a trouvé aucune preuve. Il est possible que G.-E. Boch ait eu connaissance de l existence du Phalanstère par la presse locale (National Suisse et L Impartial) qui, entre 1857 et 1866, débat abondamment de la crise du logement à La

3 Chaux-de-Fonds, de la construction de maisons ouvrières et fait référence aux solutions prônées par Fourier. De plus, Jules Grandjean, directeur de la Compagnie de chemin de fer du Jura Industriel, possède un exemplaire de l ouvrage de A. Oyon sur le familistère de Guise. Louis Bitzer, architecte de la Compagnie et relation de G.-E. Boch, aurait pu l informer de la structure mise en place par Jean-Baptiste Godin sur le site de sa fonderie. Notons que dans le cas du Manège, les logements ne sont pas rattachés à un complexe industriel comme à Guise et que les services communs (cuisine, crèche, école, théâtre, bibliothèque) font ici défaut. D autres raisons, plus factuelles, peuvent avoir poussé G.-E. Boch à transformer le bâtiment de cette manière. La profondeur de l immeuble (21 m) ne l a-t-elle pas obligé à réaliser des galeries en porte-à-faux et à placer une toiture vitrée au-dessus de la cour pour l éclairer et assurer le confort des appartements? Une transformation de l ancien Manège en habitation ne constituait-elle pas pour G.-E. Boch la seule manière de rentabiliser l immeuble? Le manque de logements lui garantissant l occupation des lieux. En 1972, le Manège est racheté par un agent immobilier alémanique et vidé de ses habitants. On envisage de détruire le bâtiment pour en construire un nouveau au-dessus d un parking. Divers problèmes administratifs et un conflit entre le propriétaire et son mandataire retardent le début des travaux. Le bâtiment se dégrade fortement. La destruction du Manège ne suscite presque pas d opposition en raison de la condition modeste de ses anciens habitants, de la mauvaise réputation du lieu et de l aspect très dégradé du bâtiment. En 1978, un jeune architecte chaux-de-fonnier récemment diplômé de l EPFL, M. Marc Emery, lance l hypothèse que le Manège a été transformé sur le modèle du familistère. L intérêt pour ce bâtiment est relancé au niveau national et international. Une association, «Sauvons le Manège» est créée en Les hésitations du Canton et de la Ville devant le classement du bâtiment comme monument historique et la crise horlogère des années 1980 auront raison de l énergie de l association qui projetait d y créer un centre artisanal horloger. Alors que de nouvelles menaces de démolition se font jour, en 1981, la Confédération, rompant avec le principe de subsidiarité, classe le

4 bâtiment comme monument d importance locale et régionale. Une pétition circule, des manifestations culturelles se déroulent dans la cour du Manège, une souscription est lancée avec le projet de créer une coopérative si les conditions d achat sont remplies. En avril 1983, la Société coopérative de l Ancien Manège est créée. Un crédit demandé en urgence à l assemblée des délégués du Heimatschutz (Patrimoine suisse) permet de débloquer la situation. La coopérative acquiert le bâtiment. Elle vendra ensuite les ailes est et ouest pour concentrer ses forces sur le corps central. Elle confie un projet de restauration à l architecte Pierre Studer qui vise à la création d espaces commerciaux et artisanaux au rez-de-chaussée, d appartements dans les étages et de petits espaces de bureau ou d exposition le long d une galerie. La restauration sera achevée en automne 1994, au moment où la Ville de La Chaux-de-Fonds recevra le Prix Wakker remis par le Heimatschutz pour la préservation de son patrimoine architectural du 19ème siècle. La réhabilitation de l Ancien Manège a bénéficié de l aide fédérale au logement. Ce qui a permis de moduler les loyers en fonction du revenu des locataires. Les appartements proposés à la location vont du studio aux appartements de quatre pièces plus cuisine.

5 Ancien Manège, corps central. Plan de transformation du 1 er étage.

6 Annuaire d adresses de La Chaux-de-Fonds et du Locle, 1902