Philippe Montay : On commence toujours un entretien par le dater et le fixer. Nous sommes aujourd hui?

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1 Entretien P.P.P du vendredi 23 octobre 2014 avec Monsieur Philippe Montay, animateur radio à Radio France et plus particulièrement à France Bleu Hérault : Dans le cadre de notre licence information communication, et plus particulièrement dans le cadre du cours de PPP (Projet Professionnel et Personnalisé) nous avions la tâche d interviewer un professionnel d un métier de la communication, dans un domaine qui nous attire potentiellement. Nous avons donc choisi d interviewer Monsieur Philippe Montay, animateur radio depuis 15 ans à France Bleu Hérault, le but de cet entretien étant de mieux connaitre le métier choisi, ainsi que le milieu de la radio, mais également les qualifications nécessaires à ce métier d animateur, et enfin de s intéresser au parcours particulier du professionnel interviewé. Philippe Montay : On commence toujours un entretien par le dater et le fixer. Nous sommes aujourd hui? Etienne : Le 23 octobre 2014 Philippe Montay : Bienvenue à Radio France, précisément à France Bleu Hérault. Nous allons nous entretenir ensemble, et je suis ravi de vous accueillir ici, soyez les bienvenus. Mazouri, Etienne, Akhéane : Merci à vous Akhéane : Donc, pour commencer avec quelque chose d assez général, pouvez-vous nous parler de votre parcours? Philippe Montay : Oui, j ai commencé, moi, comme DJ dans des discothèques quand j étais jeune, et je l ai fait pendant 2 ans à peu près, avant mon service militaire. Je suis parti donc pendant un an et au retour j ai trouvé du travail dans une grande chaine d hypermarché comme employé Libre Service au rayon Disques Librairie Papeterie. où je me suis occupé du rayon «disques, livres, papeterie». Je suis resté un an, et suis ensuite entré dans une Société de commercialisation de disques. Quatre ans plus tard j ai décidé de créer ma propre entreprise dans l Animation évènementielle et en 1999 j ai croisé la route de la grande Maison RADIO France. Je travaille donc ici à France Bleu Hérault depuis 15 ans, voilà mon parcours. Mazouri : Lorsque vous êtes arrivé à France Bleu Hérault, vous avez immédiatement été animateur? Philippe Montay: Oui, c est mon métier. Donc on m a embauché pour être animateur. Nous sommes PARL : Personnels d Antenne des Radios Locales. Etienne : Pourquoi avoir choisi la radio comme support pour ce métier d animateur? Philippe Montay : La Radio est un formidable média et en faire son métier demande beaucoup d expérience et de savoir-faire! Je suis plutôt quelqu un de terrain, habitué à un autre style d animation et la radio n était pas mon premier objectif dans ce métier! C est par

2 le hasard d une rencontre que j y suis venu et aujourd hui c est un choix que je ne regrette pas. Etienne : Donc vous, vous préférez le micro-trottoir? Philippe Montay : Le micro trottoir c est encore autre chose. Votre question précédente portait sur le choix du métier d animateur radio et là vous me parlez de l un des aspects de ce métier! Il y a le direct antenne, le reportage, l interview etc Ce qu on appelle micro trottoir c est une des formes du reportage qui consiste à interpeler des gens dans la rue sur une question! C est difficile comme exercice et il est souvent utilisé pour les gens qui apprennent le métier car très formateur, il plus utilisé d ailleurs par les journalistes que par les animateurs d antenne. Akhéane : Pour avoir une précision concernant votre domaine, concerne-t-il l'animation seulement ou le journalisme également? Philippe Montay : Animateur d antenne et journaliste sont deux métiers très différents! Cependant pour le bon fonctionnement de l antenne, tout deux se complètent, en particulier dans la matinale ou l exercice de la Ligne Ouverte entre 8h15 et 8h30 nécessite la présence des deux face à des auditeurs qui interviennent sur l antenne pour donner leur avis sur une question d actualité définie par la rédaction et les journalistes! L animateur(trice) assure la rythmique d antenne et le (ou la) journaliste assure la cohérence des propos et le respect d une règle qui consiste à ne pas laisser passer des propos déplacés à la radio (même si la chargée d accueil a effectué au standard un premier travail de contrôle). Il existe des règles fixées par Radio France et le C.S.A qui exclue des propos qui pourraient être déplacés, injurieux, homophobes, racistes. Le journaliste veille au respect de ces règles. Etienne : Dans ce cas là, qui le CSA réprime-t-il? Philippe Montay: Oui, bien sûr c est l autorité de contrôle et il peut sanctionner! Etienne : Trouvez vous qu il y ai trop de règles par rapport aux radios libres ou associatives? Philippe Montay : Il ne m appartient pas de rentrer dans ce débat. Il existe des radios associatives, des radios privées et une radio de service public. Chacune a ses missions. A l arrivée c est la même chose : la règle doit être respectée! Mazouri : Auriez-vous un profil type d auditeur à nous donner Bleu? pour France Philippe Montay : On peut dresser le profil de nos auditeurs, parce qu il y a des sondages. La radio, correspond à une écoute. Nous nous sommes une radio généraliste de proximité, c est comme ça qu on la définie. Nous ne sommes pas une radio musicale. Notre stratégie se rapproche (toutes proportions gardées) à des radios comme RTL, Europe 1, qui sont des généralistes, mais pas de proximité parce qu elles émettent sur toute la France. Nous, nous sommes dans le même profil, généraliste, mais de proximité parce-que nous sommes une radio locale. Donc on sait qui nous écoute, et on connait le public visé. Quelque soit la ligne éditoriale choisie elle prend en compte le public ciblé (40/60 ans) et surtout elle intègre au maximum cette notion de proximité, de local!

3 Akhéane : Comment choisissez-vous vos invités? Philippe Montay : Chaque émission est thématique et chacun a la responsabilité de choisir qui il va inviter par rapport au thème. Si je balaie rapidement sur une journée, le matin on a beaucoup d invités politiques. Ce sont les journalistes qui gèrent ça, donc s ils ont envie d inviter le spécialiste d Ebola ils vont inviter un médecin, ou un scientifique. Après on a une partie agenda qui concerne les sorties, là on a quelqu un qui s occupe de ça à l animation. Ensuite, vous avez à partir de 9h, un expert qui change tous les jours, dans des secteurs très différents, mais qui concerne le quotidien. Ca peut être la cigarette, une maladie, les impôts, l assurance de la maison, c est tout ce qui peut nous concerner au quotidien. Après on a un expert cuisine, donc là on invite un chef, c est l animateur de l émission qui choisi l invité. Le soir on essaie d être plus distrayant, donc là on rentre dans le cadre humoristique : Chevaliers du fiel, etc.. On a les deux émissions dont j ai la charge : «Hérault et stars» avec des personnalités, que j ai interviewé. Mazouri : Lorsque vous interviewez des personnes, est-ce que vous avez déjà été censuré sur certaines choses? Philippe Montay : Ca ne m est jamais arrivé. Mazouri : Vous n avez jamais eu de problèmes avec ça? Philippe Montay : Non, je ne peux pas être censuré si je respecte les règles de l interview. Je n ai jamais eu ni de refus, ni de problème où l on me dise «je ne veux pas que ce soit diffusé». Toutes les personnalités m ont accordé les entretiens sans restriction et n ont en aucun cas fait de demandes sur les montages. Mazouri : Vous avez interviewé Vicent Mc Doom, pourquoi ce choix? Philippe Montay : Vincent Mcdoom c est une belle rencontre. C est quelqu un avec un parcours très intéressant! Il a fait plein de choses dans sa vie. Il a une très belle carrière; il a été mannequin chez un très grand couturier. Il a été directeur de castings. C est vraiment une des belles rencontres que j ai faite. Etienne : Quelles sont les contraintes du métier d animateur? Philippe Montay : La première c est le temps, parce que quand tu sais que tu es en émission à 16h30, il est 16h24, dans 6 minutes il faut que tu sois prêt, c est show must go on, il faut que l émission roule. La deuxième contrainte, c est celle liée à l utilisation de l informatique. On travaille sur des ordinateurs tout le temps. Le jour où tu as une panne de courant ou que tu as une attaque virale sur tes ordinateurs, tu ne peux pas travailler, c est quand même compliqué. Après, il y a les contraintes que peut nous imposer le cadre de travail. Tu n es pas propriétaire de ta tranche d émission et tu dois pouvoir assurer n importe laquelle d entre elle. Moi, en l occurrence, en ce moment j ai une très belle chance, parce-ce que je fais deux choses qui me plaisent beaucoup : rencontrer des célébrités et faire un jeu avec les auditeurs en extérieur. Mais il arrivera un moment, dans un an ou deux, que l équipe tourne donc je peux avoir d autres responsabilités. Moi j ai déjà tout connu à la radio, la matinale, le matin, la fin de matinée, l après-midi, le soir, j ai tout fait. En principe, nous sommes tous polyvalent, on peut tout faire.

4 Akhéane : Pensez-vous que la radio est un média qui puisse disparaître ou s effacer au profit de la télévision ou internet? Philippe Montay : Tout ce qui a été fait va dans le bon sens, c est-à-dire le progrès : être meilleur, être plus professionnel, être divers, parler de beaucoup de choses, être en contact avec les gens. La radio c est le meilleur médias au monde!!!!! Lorsqu il y a un conflit, une guerre, la radio fonctionne toujours pas forcément la télévision. Lorsqu il y a des inondations, vous mettez des piles dans un poste radio et la radio vous permet de savoir ce qu il se passe. La radio c est un outil tellement facile à manipuler. En un rien de temps on est capable d intervenir sur n importe quel événement. Pour moi, la multiplication des médias n a qu une incidence : c est de nous pousser à être meilleur. Plus vous êtes meilleur, plus vous vous rendez indispensable, plus on a de plaisir à vous écouter et plus vous êtes en place. Alors disparaître! évidemment qu il y a toujours des dangers,qui peuvent être budgétaire, mais le média en lui même «radio» c est impossible qu il disparaisse Mazouri : Vous n avez jamais songé à changer de média? Philippe Montay : Non, je suis bien à la radio, j aime la radio. Etienne : Pensez-vous qu une grosse radio comme France Bleu puisse avoir des répercussions sur des radios associatives locales? Philippe Montay : Est-ce que tu penses qu aujourd hui avoir 400 chaines sur ta télévision, ça change quelque chose que TF1 existe ou pas? Non on est dans la multiplication des médias. Encore une fois. Je pense que plus tu corresponds à ce que les gens attendent de toi plus tu as une raison d exister. Akhéane : Que ce soit dans le milieu de la radio, de l événementiel, peu importe le support, pensez-vous que les métiers de la communication soient un secteur assez fermé où il est difficile d entrer? Philippe Montay : Par rapport à quoi? Travailler dans une agence de pub c est de la com. Travailler dans un journal c est une façon de communiquer. Faire de la radio forcément on communique avec nos auditeurs. La communication c est très vaste je ne peux pas vraiment répondre à cette question. Beaucoup d écoles se sont créées autour de la communication mais pour, au final, ne pas avoir autant d emplois que l on peut imaginer en offrir. Mazouri : Pensez-vous qu à l heure actuelle il est beaucoup plus difficile de rentrer dans la radio qu à votre époque? Philippe Montay : Oui. Parce-que le métier c est professionnalisé comme je vous le disais tout à l heure on est pas dans l amateurisme, au sein de notre radio comme dans d autre, on a besoin d un personnel professionnel qualifié. La radio c est une voix, c est une élocution, c est une culture générale, c est une façon d improviser. Mais lorsque le talent est là la porte s ouvre toujours un jour ou l autre. Etienne : Les techniques journalistique sont en train d évoluer par conséquent, faites-vous des réunions afin d être à jour sur l évolution des techniques? Philippe Montay : Oui, c est ce que l on appelle la formation professionnelle, qui existe dans

5 chaque entreprise, nous y avons droit aussi. Par exemple sur l utilisation des matériels, sur la couleur de la radio. On peut avoir la tentation de faire de la radio qui n est pas la notre, on pourrait s éloigner de la ligne éditoriale. On doit très régulièrement se questionner sur ce qu on fait. Nous le faisons donc tous les jours. Nous nous posons des questions sur ce qu il faut améliorer. Mazouri : Pensez-vous qu une bonne ambiance au sein de la radio est importante? Philippe Montay : Oui, bien sûr, c est essentiel. Vous-avez perçu quoi vous? Mazouri, Etienne, Akhéane : Une bonne ambiance, une bonne entente. Philippe Montay : Oui, c est important dans un groupe, quel qu il soit. Dans une entreprise, dans une famille ou dans un groupe d amis, certains mangent ensemble d autres pas. Généralement c est une ambiance conviviale après ce qui stresse comme partout c est le travail. Mazouri : Vous avez déjà eu affaire à des tensions que vous avez pu gérer? Philippe Montay : Oui, comme dans toute entreprise. Apprendre à gérer les tensions fait partie des formations, c est à la charge de l encadrement. Le directeur de service ou le directeur de la radio ou le directeur d antenne, chacun gère ça avec son équipe. Akhéane : Avez-vous des exemples de collaboration avec d autres stations à nous citer? Philippe Montay : Oui, bien sur. Nous avons un concours interne de la chanson qui s appelle les talents France Bleu, qui donne lieu à un concert chaque année dans un lieu proche de l une des stations FB en France et lors de ce concert on invite des célébrités qui passe sur notre antenne. La dernière fois nous avions ZAZ, Chico et les Gipsy, Patrick Fiori, Yanick Noah. L année dernière le concert eu lieu à Marseille (donc ça dépend de France bleu Provence) mais on y a associé toutes les radios du groupe en Méditerranée (Gard Lozère, Vaucluse, Roussillon, Hérault, Frequenza Mora). Chaque radio à offert à ses auditeurs 50 places et a organisé un transport jusqu à Marseille pour ses auditeurs. Donc moi j ai accompagné les auditeurs de France Bleu Hérault jusqu a Marseille. Etienne : Pouvez-vous avoir des collaborations avec une radio privée comme NRJ par exemple? Philippe Montay : Non, pas du tout. Est-ce que la SNCF travaille avec Air France? Après ça n empêche pas de croiser des confrères. Akhéane : Pour finir, auriez-vous des conseils à un jeune animateur qui se lance? Philippe Montay : Je pense que le métier d animateur c est un métier de passion et une des meilleures qualités à posséder c est l humilité. Il faut posséder une culture générale, être polyvalent, avoir la pêche, un très bon sens de l organisation, une excellente mémoire etc Etienne : Faut-il avoir un diplôme pour devenir animateur?

6 Philippe Montay : Des écoles de formations, il y en a. Tout diplôme sanctionne une compétence et cela est important. Mais c est aussi un métier où il faut prouver que tu sais faire. Nous, à France Bleu Hérault on ne regarde pas forcément les diplômes ou les écoles fréquentées. On demande une maquette, on écoute la maquette, on sait si t es à l aise, si tu parles correctement. On écoute et on cherche la personne dont on pense qu elle aura le meilleur profil pour intégrer la radio. Mais je ne suis pas en charge du recrutement Nous avons fait le tour des questions que nous pouvions vous poser. Il est 17h03 nous mettons fin à l entretien, en vous remerciant.