Rapport de stage. Chicago, Etats-Unis Cabinet Svenson Law Offices. Etudiant en licence Droit-Langues à l université Pierre Mendès-France

Transcription

1 Rapport de stage Chicago, Etats-Unis Cabinet Svenson Law Offices Etudiant en licence Droit-Langues à l université Pierre Mendès-France

2 Introduction Etudiant en double licence droit-langues à Grenoble, c est dans le cadre de mon cursus que j ai été amené à effectuer un stage dans un pays étranger. Ayant le choix entre les pays germanophones et anglophones, c est presque par hasard que je me suis tourné vers les Etats-Unis, trouvant parmi les rapports de stage de mes prédécesseurs l adresse d une avocate qui me recommanda à l une de ses amies. C est ainsi que j ai pu être, durant quatre semaines, stagiaire à Svenson Law Offices, un petit cabinet d avocat situé en plein cœur de Chicago, dans l Illinois. Plus qu un stage, ce fut pour moi une expérience complète. A. Vie pratique 1. Logement Trouver un logement, lorsque l on est situé à des milliers de kilomètres du lieu de stage, n est pas toujours une mince affaire. La première solution est de se tourner vers les agences proposant des locations meublées de courte durée. Hélas, ce type d agence facture bien souvent ses prestations au prix fort, puisqu il n est pas rare de se voir demander jusqu à 3000 dollars (environ 2200 euros) en échange d un logement. Il ne s agit pas d un duplex avec jacuzzi, à ce prix, mais seulement d un studio ou, au mieux d un T2 en plein centre-ville. N ayant pas les finances nécessaires pour ce genre d hébergement, cette solution fut vite abandonnée. La seconde solution est de se tourner vers d autres solutions, parmi lesquelles la sous-location. A ceci près que les particuliers américains, les plus à même de sous-louer un bien immobilier meublé sur une courte période pour un prix acceptable, montrent toujours quelque hésitation à traiter avec un étranger qu ils ne peuvent rencontrer physiquement. Très souvent, ces personnes demandent un rendez-vous avec la personne afin de visiter l appartement et rencontrer au moins une fois la personne qui vivra chez eux en leur absence auquel il est, pour le moins, difficile d assister. A défaut d avoir un appartement personnel, il est toujours possible d en venir à la colocation, solution que j ai finalement dû adopter. Il est plus facile de trouver un colocataire, mais cela ne signifie pas forcément, une fois l accord conclu, que vous effectuerez réellement cette colocation! Ainsi, j avais conclu avec une personne un accord concernant une colocation à partir du 1 er juillet, ce qui m a contraint à prendre un autre hébergement entre mon arrivée (le 22 juin) et le début de la colocation. Une fois sur place, j ai lu dans les s reçus durant mon trajet en avion que mon colocataire avait cherché à réévaluer à la hausse le loyer que je lui verserai, pour finalement m écrire, quelques heures après, qu il ne pourrait partager son appartement avec moi, en raison d une obscure clause du règlement de la copropriété. Ce fut grâce à l aide de la personne chez qui je logeais alors que j ai pu louer une chambre chez un de ses amis. Les prix des loyers varient selon les quartiers et le type de logement. Il est possible de trouver des chambres en colocation à partir de 500$ par mois, et des studios à louer à partir de 800$ par mois. Il est souvent demandé une caution dans le cas d une location, plus rarement dans le cas d une souslocation, et son montant avoisine généralement un mois de loyer. 2. Argent Le dollar américain étant une monnaie de référence, il est très facile de se procurer des espèces en France. Pour cela, il est possible de s adresser à sa banque ou, pour obtenir un meilleur taux de

3 change, de faire changer ses devises à Paris, où les taux peuvent être plus attractifs (en fonction de l établissement, bien entendu). Comme pour toute autre devise, le change à l aéroport est à proscrire, car trop onéreux. Il est aussi possible d utiliser sa carte de crédit sur place. Les grands noms comme Visa ou MasterCard assurent une prise en charge chez l immense majorité des commerçants, mais il faut au préalable s assurer de la possibilité de payer à l étranger, qui dépend de votre banque. De même, il est bon de s enquérir des frais engendrés par un tel acte, dont le coût varie de façon importante selon l établissement bancaire où est domicilié le compte. Ceci dit, utiliser une carte bancaire procure une certaine souplesse par rapport à l utilisation permanente des espèces, en particulier lors d un repas au restaurant (et permet ainsi de régler rapidement et discrètement la question de l addition). Enfin, dans l éventualité où les espèces viendraient à manquer, la carte bancaire permet de retirer de l argent aux distributeurs de billets des banques américaines (encore une fois, des frais bancaires sont à prévoir), offrant une solution plus sécurisée et rapide que les mandats-cash. 3. Santé Il n existe pas, aux Etats-Unis, de système de couverture santé généralisé, comme on le trouve dans la plupart des pays européens. Ce service est pris en charge par des assurances privées dont les tarifs permettent de relativiser la plupart des petites douleurs. Ceci explique pourquoi 40 millions d Américains sont dépourvus de protection santé. En outre, la Sécurité sociale française est inopérante aux Etats-Unis ; il est donc vivement conseillé de vérifier si, parmi les contrats d assurance ou de mutuelle souscrits, il n existe pas déjà une protection adéquate, comme ce fut mon cas. A défaut, il est possible de souscrire une assurance santérapatriement lors de l achat du billet, ou auprès d une compagnie tierce. Cette étape n est pas à prendre à la légère, car le coût d une simple consultation chez un médecin généraliste dépasse allègrement les 100$, et une hospitalisation en cas d accident peut très vite atteindre des sommes astronomiques. 4. Télécommunications Dans le cadre d un stage, il est inenvisageable d utiliser un forfait mobile français. Si cela est techniquement possible, le coût à la minute est généralement prohibitif (il faut compter au minimum 50 centimes par minutes, quand ce n est pas près d un euro). Il vaut mieux s orienter vers un forfait prépayé, associé ou non à un téléphone : si vous possédez un téléphone tribande (ce qui est le cas de la quasi-totalité des mobiles récents) et débloqué, il est possible de n acheter qu une carte SIM et d économiser l achat du téléphone. La plupart des opérateurs américains, comme AT&T, Verizon ou T-Mobile, proposent des offres prépayées à des tarifs abordables. Un téléphone portable, bien qu il puisse paraître futile de prime abord, s avère en réalité un compagnon aussi indispensable là-bas qu ici. En fonction des besoins, il est même possible d accéder à un forfait avec accès à Internet, à des tarifs débutant à 50$ (35 ). A propos d Internet, il s agit d une autre technologie dont il n est plus possible de faire l économie. Il n est donc pas déraisonnable d inclure un accès à Internet dans les critères de recherche d un logement. Si, toutefois, le logement loué pour le séjour se trouvait dépourvu d accès à Internet, il est toujours possible de se rendre dans un cybercafé ou d acheter une clé 3G, voire, en dernier lieu, de se servir de l accès à Internet présent dans les bureaux lors de son ouverture. Il faut alors se renseigner sur le droit d utiliser l accès à des fins personnelles et en dehors des heures de travail, mais selon l entreprise, une certaine tolérance peut être appliquée en fonction de votre situation.

4 5. Stage Pour trouver un stage, il est indispensable de passer par Internet durant la phase de prospection. Toutefois, il faut souligner que la relance faite par téléphone est beaucoup plus efficace que son homologue par . Lors de l envoi d un de candidature, il ne faut donc pas oublier de noter le numéro de téléphone de l entreprise ou du cabinet. En fonction du lieu du stage, les horaires peuvent varier dans des proportions importantes. Un avocat indépendant peut ainsi avoir un rythme de travail bien plus souple (comme lors de mon stage) qu une grande entreprise. Les horaires communément admis sont 9h-17h, avec une heure de pause déjeuner de 12h à 13h. Si votre stage ne prévoit pas de rémunération, il n y aura, bien sûr, pas de rémunération. Dans le cas contraire, l existence et le montant d un salaire minimum pour un stagiaire est fonction de l Etat où est effectué le stage. Les rapports professionnels des Américains sont, de façon générale, plus chaleureux que ceux de leurs homologues français. Les rencontres se font facilement, et les premiers contacts sont souvent détendus et amicaux. Bien sûr, cela n exclut pas tout rapport hiérarchique, et il est toujours bon de se rappeler des limites entre l amabilité, voire la camaraderie, et l absence de respect dû à un supérieur. 6. Vie quotidienne Le climat à Chicago est de type continental humide, ce qui signifie qu au moment de mon stage, la chaleur était importante et conjuguée à une forte humidité. Il était monnaie courante de voir les températures dépasser 30 C, et s il est vrai qu il pleuvait quelquefois, ce fut en réalité sous la forme d un nombre très restreint de pluies diluviennes. Ainsi, quelques jours avant mon arrivée, s était abattu une tempête qui avait causé d importants dégâts dans Park Ridge, en banlieue de Chicago ; le plus surprenant étant l ampleur de travaux restant à faire après plusieurs semaines. En effet, Chicago, comme toutes les autres villes du monde, voit son activité ralentir pendant l été. Le rythme de vie est donc moins intense, et si l on sent que les gens sont un peu plus détendus durant cette période, les horaires de travail n en sont, pour autant, pas affectés : le rythme horaire est toujours 9h-17h dans les bureaux. En ce qui concerne les transports, la CTA, qui est chargée des transports publics, fonctionne sans interruption, mais à un rythme parfois insatisfaisant pour qui est habitué des transports en commun européens ou japonais. L intervalle typique entre deux trains est de 5 à 10 minutes, soit 5 minutes en période de pointe et 10 le reste du temps. La nuit, il ne circule qu un train par heure, mais il faut reconnaître que sa seule présence se révèle bien pratique. Le prix de l abonnement mensuel, en revanche, est autrement plus élevé qu en France, puisqu il faut débourser 86 dollars (65 euros) par mois pour une utilisation illimitée du réseau ; cet écart se justifie par les politiques publiques à l égard des transports en commun, qui ne lui accordent que peu de subventions. Les Etats-Unis étant un pays où la voiture est, de loin, le mode de transport plébiscité, les transports en commun sont utilisés par ceux qui ne peuvent se permettre de posséder une automobile, soit les classes sociales les plus basses. Les Américains n étant pas réputés pour prôner un système égalitariste, ces populations de bénéficient donc pas d importants financements pour la mise en place et l entretien des infrastructures de transport en commun, ce qui se répercute sur le coût du billet.

5 Enfin, la nourriture américaine est très en deçà des standards européens. Il est bien souvent nécessaire de prendre des produits de marque, voir issus de l agriculture biologique, pour espérer retrouver quelque chose qui ressemble à la qualité habituellement dans nos assiettes. B. Bilan et suggestions Ce séjour à Chicago m a permis de voir la profession d avocat sous un jour différent. La profession, telle qu elle est pratiquée aux Etats-Unis, tend beaucoup vers le conseil et la médiation, et il est de plus en plus rare d en venir jusqu au stade du procès. Cette évolution, quoique déjà perceptible en France, est là-bas mieux ancrée, et l on en voit les bénéfices (plus grande rapidité, une certaine souplesse, et une discrétion parfois bienvenue). Toutefois, cela nécessite toujours une vigilance supplémentaire de la part de l avocat, afin qu aucun accord ne soit signé hors du droit. Car s il serait toujours possible de rectifier cette situation a posteriori, les bénéfices de la négociation seraient perdus, et l investissement dans cette solution se serait avéré vain. La profession d avocat m apparaît alors plus proche de mes centres d intérêts, et il ne me paraît donc plus exclu, après plusieurs années de carrière, de songer à entrer à l école des avocats ou de demander une équivalence. Toutefois, je reste essentiellement tourné vers la profession de juriste d entreprise, qui m apparaît encore comme l emploi le plus adapté à ce que je recherche. D un point de vue plus personnel, j ai pu constater, durant ce séjour, que le modèle américain n était pas ce qui me convenait. S il est vrai que les Américains gagnent plus que de ce côté de l Atlantique, cet argent supplémentaire est obtenu par des heures supplémentaires de travail (un ami comptable travaille ainsi près de 50 heures par semaine), et est utilisé pour des dépenses qui sont ici couvertes par les mécanismes de solidarité. Les assurances santé américaines représentent des cotisations annuelles de plusieurs milliers de dollars, pour une couverture qui n est pas toujours aussi efficace que ce que nous avons en France (du moins, pour l instant). Il apparaît donc que les Américains travaillent plus, mais pour obtenir au final un niveau de vie qui n est pas tant supérieur au nôtre, car les exemples affluent : leurs voitures sont certes moins chères, mais pas forcément de bonne qualité (notamment en matière d assemblage et de finition) ; leurs maisons sont grandes, mais peu solides. De façon générale, l apparence, plus que la qualité, prévaut dans la mentalité américaine ; ce qui est l exact opposé de mon opinion. Je n ai pas eu besoin d une aide particulière dans la préparation du séjour, ayant déjà un peu d expérience en la matière. D ailleurs, je n ai pas eu de proposition d aide pour quelque domaine que ce soit, tant pour le stage que pour le séjour. Si, en fin de compte, cela ne m a pas posé de difficulté particulière, il apparaît toutefois regrettable que l aide proposée par la faculté de droit se résume à la mise à disposition des rapports de stage des années précédentes. Sans aller jusqu à la mise à disposition d offres de stage émanant d entreprises, comme cela se fait dans les écoles d ingénieurs, une aide pour la préparation des candidatures (rédaction du CV et de la lettre de motivation, conseils quant à la relance) aurait été la bienvenue, afin d aiguiller plus efficacement les étudiants. Si je devais repartir à l étranger, je me servirais indubitablement de mes acquis pour optimiser la recherche de stage et de logement. La préparation du stage m aura, à ce titre, beaucoup appris, même si les erreurs que j ai pu commettre relevaient plus d un manque d expérience que d une négligence. Les conseils que je peux donner aux futurs stagiaires sont évidents, mais néanmoins fondamentaux : il faut commencer les recherches très tôt (dès janvier, voire avant dans certaines grandes entreprises), relancer systématiquement et par téléphone, car les s restent généralement lettre morte, et ne pas hésiter à appeler le directeur juridique ou l avocat pour savoir s il est intéressé et si, à défaut, il connaît une personne qui le serait. En matière d améliorations à apporter aux échanges, bien que le paiement de la bourse a posteriori soit compréhensible pour éviter les fraudes, j aimerais souligner que ce mode de fonctionnement est

6 assez handicapant pour les étudiants, qui doivent supporter l intégralité du paiement au moment du départ ce qui, bien souvent, signifie un emprunt auprès de la famille. Il serait agréable de pouvoir éviter aux proches cette charge, car bien souvent, leur rôle n est pas celui d un banquier.