Agir pour une orientation non sexiste
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- Grégoire Beauchemin
- il y a 6 ans
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1 Agir pour une orientation non sexiste Présentation du JES n o 25 Axelle Charpentier, Laëtitia Drean, Leïla Njee Fonds d expérimentation pour la jeunesse (FEJ) Rendez-vous de la Doc, 19 mai 2015
2 Corpus du 4ème numéro spécial FEJ des JES Lancement par le FEJ, fin 2009, d un appel à projets cherchant à lutter contre les stéréotypes de genre en matière d orientation scolaire Analyse croisée des enseignements des expérimentations FEJ inscrites dans ce cadre d actions Mise en perspective des rapports finaux des porteurs de projet et des évaluateurs transmis au FEJ Note de présentation Expérimentations en matière de lutte contre les stéréotypes sexistes dans l orientation: Premiers enseignements, novembre 2014 JES 25 Agir pour une orientation non sexiste, avril 2015
3 Constats initiaux De meilleurs taux de réussite pour les filles, de l élémentaire au supérieur Devancent les garçons pour la maîtrise des compétences 1 (86 %, vs. 72 %) et 3 (81 %, vs. 76 %) du socle commun, en fin de collège Obtiennent plus souvent le Bac, plus souvent avec une mention B ou TB, notamment en S (40 %, vs. 33 % des garçons biais de composition des effectifs filles/garçons?) Sont moins nombreuses à quitter le système éducatif sans aucun diplôme ou avec le brevet uniquement (12 %, vs. 18 % des garçons) Situation paradoxale: elles connaissent de moins bonnes conditions d emploi malgré un meilleur bagage scolaire 7 ans après leur sortie d études, 17 % ont vécu une situation prolongée de non-emploi (vs. 9 % des hommes) 47 % ont un CDI (vs. 60 %) 16 % des titulaires d un CAP/BEP sont au chômage (vs. 8 %) Diagnostic à affiner en fonction du niveau de qualification des femmes (bipolarisation croissante de l emploi féminin)
4 Fondements des inégalités professionnelles entre les sexes Comment expliquer que les jeunes femmes ne valorisent pas mieux leurs parcours de formation? Axes de lecture possibles des inégalités: A qualification et métier comparables, elles font l objet de comportements discriminatoires sur le marché du travail parcours de carrière différents des hommes (image du plafond de verre ) qui se traduisent par des écarts de salaires entre les sexes Phénomènes de sélection : elles font des choix de formation et de métiers différents des hommes et moins rémunérateurs sur le marché du travail cette ségrégation professionnelle expliquerait en partie qu elles perdent le bénéfice d une meilleure réussite scolaire Quels indices d une division sexuée de l orientation? Le cas échéant, comment l expliquer? Ces déterminants des inégalités appellent des politiques publiques différentes (mais complémentaires)
5 Indices de la division sexuée de l orientation A chaque palier d orientation, on observe une répartition déséquilibrée des sexes dans les filières d études: A la fin de la 3 e, les filles s orientent plus vers l enseignement général et technologique que professionnel Elles sont sous-représentées dans les filières scientifiques et techniques de l enseignement général et technologique et vont rarement dans les spécialités de la production de l enseignement professionnel Elles sont souvent majoritaires à l Université (sauf en doctorat et dans quelques disciplines scientifiques), mais restent sous-représentées dans les classes préparatoires scientifiques Le focus sur la répartition filles/garçons par filière d études masque parfois le sur-investissement de certaines formations par les garçons Travaux de F. Vouillot (2007)
6 Enjeux des expérimentations Un enjeu majeur des politiques publiques visant à lutter contre les inégalités observées sur le marché du travail consiste donc à construire des parcours de formation mixtes Les principes de mixité et d égalité entre les filles et les garçons sont au cœur des missions de l Ecole (code de l éducation) mais leur mise en œuvre reste limitée, notamment du fait du poids des stéréotypes de genre dans les choix d orientation Chantier prioritaire de la convention interministérielle pour l égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes dans le système éducatif ( ) Cadre d actions des expérimentations soutenues par le FEJ Les projets visaient à diversifier les choix d orientation scolaire et professionnelle des jeunes filles dans des filières d enseignement et secteurs traditionnellement masculins en cherchant principalement à informer sur les choix d orientation possibles tout en faisant évoluer les représentations des acteurs
7 Modifier les représentations des élèves Organisation, en milieu scolaire, d ateliers et de débats permettant d interroger les représentations des élèves (classes de 4 e et 3 e ) Intervenants souvent extérieurs à l institution scolaire Métiers en tout genre (Egalitere): action adossée à un format film/débat (documentaire réalisé par des élèves montrant des jeunes se mettant en scène dans des métiers genrés, discutant des clichés sexués adossés à certains métiers et se confrontant aux moqueries de leurs pairs quant au choix d un métier féminin ) Questions d avenir: Osez large... voyez plus loin (CORIF): actions de sensibilisation répétées s appuyant sur des outils favorisant l échange, le débat et la réflexion (jeux, quiz, mises en situation, bandes dessinées...), suivies de la réalisation par les élèves d un projet sur le thème de l égalité professionnelle entre les sexes
8 Sensibiliser par l exemple Mises en expériences concrètes Binômes mixtes fille-garçons dans le cadre des stages en entreprise en fin de 3 e (projet Métiers en tout genre ) Grilles d observation intégrant des questionnements sur la place des hommes et des femmes dans la structure d immersion Faire intervenir des role-models Exemple du projet Déployons nos Elles (IMS-Entreprendre pour la Cité) Un-e salarié-e qui travaille dans un secteur où l autre sexe est majoritaire, présente aux élèves son parcours, ses motivations ainsi que les difficultés de sa position Visites en entreprises pour que les élèves soient mieux informés des conditions concrètes d exercice de métier précis
9 Favoriser la prise de conscience des compétences par les filles Projet Place aux filles (FACE Hérault) proposant des ateliers en partenariat avec des CFA et visant à initier les jeunes filles à des activités dans des secteurs et des métiers traditionnellement masculins (bâtiment, automobile) Les choix d orientation scolaire et professionnelle ne sont pas faits par manque de compétences objectives, mais en raison d un sentiment de compétence faible par rapport aux compétences demandées Travaux de Betz et Hackett (1981) Accompagner les jeunes filles en formation dans des secteurs où elles sont minoritaires Projet Filagri porté par un établissement public d enseignement et de formation agricole Ateliers d affirmation et de présentation de soi, aide à la recherche d opportunités Dynamique collective de remise en cause des stéréotypes sexistes à travers des activités en groupe
10 Impliquer parents et enseignants Les choix d orientation ne sont pas le fait d un seul acteur ou d un seul facteur Les élèves étaient les principaux bénéficiaires des expérimentations du FEJ, mais certains projets cherchaient également à impliquer les enseignants et les parents Sensibiliser les enseignants dans une logique de déconstruction du curriculum caché (projet Métiers en tout genre ) Elargir le niveau d information des parents pour diversifier les possibilités d orientation: communiquer sur les outils d information existants, salons, rencontres parents/enseignants Rejoint les pistes d actions également identifiées par les évaluateurs de l expérimentation Mallette des parents )
11 Méthodologie Chaque projet a fait l objet d une évaluation externe, indépendante Protocoles mobilisant des méthodes quantitatives à visée descriptive (questionnaires administrés aux jeunes et parfois à leurs parents) et qualitatives (entretiens semi-directifs, séances d observation non-participantes) Pas de mesure des effets propres des programmes
12 Une stéréotypie largement partagée par l ensemble des acteurs et peu discutée Très faible prise de conscience des enjeux de l inégalité scolaire et professionnelle entre filles et garçons Manque global d informations de la part de tous les acteurs sur la question des stéréotypes sexués, les inégalités de parcours entre filles et garçons et les enjeux liés à l inégalité d orientation entre sexes Prégnance de stéréotypes chez l ensemble des acteurs de l orientation scolaire, qui en ont rarement conscience La stéréotypie varie néanmoins selon les acteurs
13 Caractéristiques de la stéréotypie Résultats d une enquête menée par E. Barthou dans des classes de 3 e : Les élèves sont plus stéréotypés que leurs parents Les filles sont plus stéréotypées que les garçons en ce qui concerne les stéréotypes généraux et ont une lecture plus sexuée du monde social Ont par ailleurs une plus faible estime de soi que les garçons (intériorisent les stéréotypes sociaux infériorisant) Sont plus enclines à anticiper leurs futurs rôles familiaux, de façon stéréotypée Une grande partie des enseignants et même des intervenants se sont révélés fortement stéréotypés (discrimination bienveillante/sexisme primaire) Renvoie à la question de la formation des acteurs intervenant auprès des jeunes, censés intervenir autour des questions de genre et d égalité professionnelle et au type d acteurs à mobiliser (intervenants extérieurs/intérieurs à l institution scolaire)
14 Valoriser les compétences pour déconstruire les stéréotypes de genre Les activités ludiques et les ateliers fonctionnent mieux en termes de stéréotypie que les interventions trop théoriques même appuyées sur des témoignages Plus judicieux d amener les élèves à faire des recherches, se questionner, être critiques et acteurs de cet apprentissage que de leur proposer une information unilatérale visant à leur prouver qu ils sont stéréotypés Temps nécessaire pour développer des outils, des séances et des pratiques adaptés aux élèves Certaines actions de sensibilisation se sont heurtées aux stéréotypes de genre fortement ancrés dans les représentations sociales des métiers et des rôles sociaux associés aux différents sexes Plaide pour déplacer le travail de déconstruction des stéréotypes vers un travail sur la valorisation des compétences et des capacités techniques des filles, à travers des mises en expérience telles que des ateliers scientifiques
15 Perspectives: agir dès le plus jeune âge auprès des filles et des garçons Les évaluations ont révélé la difficulté pour les projets à élargir la gamme des possible en agissant sur l information et les représentations des acteurs au moment où les élèves font leurs choix Processus continu et permanent qui ne peut être contré que par une action de long terme (programme d actions progressives) Choix qui sont déjà lourdement ancrés dans des trajectoires scolaires autant que familiales Question des effets croisés du genre et l origine sociale qui peuvent renforcer les phénomènes d autocensure des élèves et des familles et les stéréotypes sociaux chez les enseignants Sensibiliser les élèves à l égalité entre les sexes dès le plus jeune âge L orientation sexuée perdure également parce que filles et garçons évitent mutuellement les champs de savoirs et de compétences perçus comme convenant à l autre sexe Les actions de lutte contre les stéréotypes doivent cibler autant les garçons que les filles (interventions mixtes?) et impliquer les acteurs institutionnels
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