FICHE DE LECTURE. Georges Corm : Le Proche-Orient éclaté (Paris, Gallimard, collection Folio, 2001)

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1 FICHE DE LECTURE Georges Corm : Le Proche-Orient éclaté (Paris, Gallimard, collection Folio, 2001) Introduction : Les fantasmes de la mémoire et de la perception (pp 9-44) Mémoire et histoire au Proche-Orient 1956 = nationalisation du canal de Suez par l Egypte, s exposant ainsi à une attaque militaire conjointe de la France-GB-Israël! 1 er acte de souveraineté qu un gvt arabe nouvellement indépendant inscrit dans l ordre internat Puis plusieurs situations similaires de forte tension entre l Orient et l Occident, qui dégénèrent au Proche-Orient, notamment en 1967 lors de la guerre israélo-arabe d octobre, ou en 1990 lors de l occupation du Koweït par l Irak # en fait, depuis l expédition de Bonaparte en Egypte en 1798, les malentendus culturels et politiques entre l Occident et l Orient arabe ont rythmé l histoire de cette région! le Proche-Orient = depuis le XIX siècle romantique et l expansion coloniale européenne, un modèle parfait des nouvelles mises en scène identitaires que le monde de la Guerre Froide a fait surgir un peu partout! berceau des 3 grandes religions monothéistes et des civilisations antiques, il a exercé une fascination exotique et géopolitique considérable en Occident Reste que les médias occidentaux ont traité les événements de ce demi-siècle au Proche-Orient avec une outrance et une simplification sans borne # nécessité de traiter l interprétation des événements à partir de différents éclairages car il n y a pas eu dans cette région d «histoire nationale» # l Etat-nation fabricateur d idéologie historique et de mythologies fondatrices collectives n y a pas pris greffe # l histoire au Proche-Orient = un sujet perpétuel de jeux des mémoires conflictuelles entre divers groupes socioculturels que les Etats arabes modernes n ont pas réussi à faire entrer dans une mémoire hist unifiée et consensuelle + la région = l enjeu de rivalités internat majeures après la discontinuité dans les relations Europe-Proche Orient imposée par l échec des croisades puis l échec des Turcs ottomans à conquérir l Europe, il y a eu le retour de la présence européenne! les sociétés arabes se posent des questions sur la signification de ce retour :! l expansion coloniale européenne cherchait-elle à réduire la puissance turque et à libérer les peuples vivant sous sa domination en apportant aussi le progrès technique? Ou bien était-ce pour renouer avec le moment historique des croisades visant la reconquête des terres perdues du christianisme? Ou bien était-ce l effet de la dynamique capitaliste s attaquant à tous les continents? 1

2 + la création de l Etat d Israël en 1948, qui ramenait à la conscience d altérités irréductibles, qui faisait souffler sur le Proche-Orient un vent biblique aux antipodes des explications de type profane, articulées sur des déterminants éco et géopolitiques = un récit sur le mode de l histoire sainte qui fait irruption! cristallisation de visions contradictoires fondées sur des mémoires historiques conflictuelles! ces visions = amplifiées par les médias occidentaux obsédés par le choc des civilisations et les phénomènes de retour d identités primaires, ethniques ou religieuses + le conflit entre sunnites et chiites qui prend sa source dans les pbs de succession du prophète Mohammed et dans des courants et traditions philosophiques et mystiques qui avaient déjà déchiré les Eglises orientales par de violentes querelles christologiques Le Proche-Orient : un modèle de décadence? = l étude d un modèle historique de décadence, celui des échecs de la région à s inscrire sur un pied d égalité avec d autres grandes zones de civilisation dans le contexte de l histoire universelle cf sortir de la temporalité régressive (construction de l avenir par le retour à un âge d or) dans laquelle vit la région où l hist sainte (Bible ou Coran, croisades ou Andalousies perdues) joue le rôle de marqueurs historiques prépondérants voire exclusifs # pour les arabes, le présent = une répétition monotone d une décadence qui n en finit plus # pour les Israéliens, il est aussi un retour, certes glorieux, sur la terre des ancêtres mythologiques Israël = toujours perçue comme en danger de guerre à cause du refus de son voisinage et en danger de paix à cause de ses divisions internes! dans les 2 cas, fragmentation et éclatement omniprésents, qui entraînent une incapacité à penser l avenir en dehors d un schéma de répétition du passé Début des conduites d échec chez les Arabes = incapacité des proches du Prophète à s entendre sur un système de succession (d où le schisme entre sunnites et chiites) + échec à construire des institutions étatiques stables, qui est attribué au tribalisme bédouin du milieu géographique d où est issu le fondateur de la religion musulmane En effet, ce tribalisme = a servi de base au modèle de conduite politique théorisé par Ibn Khaldoun (grande figure tardive de la pensée arabe classique, qui fut sociologue, historien et anthropologue 1332 / 1406) A partir du X siècle, perte du pouvoir progressive des Arabes au profit des Turcs et des Iraniens! la dynamique de l échec politique = un trait majeur de l histoire des Arabes! le triomphe de l Islam, propagé avec un succès fulgurant, a occulté cet aspect Cf effondrement de l Empire ottoman = à la différence des Turcs conduits par Mustapha Kemal, les Arabes sont incapables de résister au dépècement de leurs provinces entre la France et l Angleterre + décolonisation = retour de querelles interarabes qui sont avivées par la Guerre Froide et l impuissance à empêcher la création d Israël! dépendance multiforme envers l Occident = alimentaire, technologique, financière, économique! elle se couple à une involution culturelle, qui se fixe sur une rétraction identitaire de type religieux cf nombreux penseurs européens instituant une tradition de perception négative de l Islam, considéré comme un obstacle au progrès de la science et de la raison # en réalité, les invasions arabes du VII siècle sous la bannière de l Islam n entraînent pas le déclin du Proche-Orient byzantin : retour à la prospérité avec les 2 grands empires arabes des Omeyyades (Damas) et des Abbassides (Bagdad), qui avait été mise à mal par guerres entre Byzance et Perses! le pb de la décadence hante de façon permanente toute réflexion historique sur le Proche- Orient cf aussi les mvts fondamentalistes qui voient sa cause dans l affaiblissement des sentiments religieux sous l effet corrosif des idées européennes 2

3 + ce livre = le récit des vaincus car incapacités des Arabes, dans contexte de colonisation / décolonisation, à résister à la tenaille puissante des :.facteurs externes de domination et de manipulation.facteurs internes de désagrégation et d absence de cohésion cf domination anglo-française du début du siècle -> domination américano-israélienne Déconstruction des langages historiques sur le Proche-Orient nécessité de questionner l ensemble des concepts de base à travers lesquels est saisie l hist de cette région + démêler la complexité des socles hist sur laquelle l hist contemporaine du Proche-Orient est bâtie # voir chapitres 1 à 4 pour ce travail d épistémologie de la formation des différents modes d appréhension des réalités hist du Proche-Orient ex : création d israël en Europe : conscience forte, à juste titre, de la réalité de la souffrance des communautés juives d Europe Mais cette donnée = pas la seule clé d explication ou l élément de légitimation de la transformation de la Palestine au détriment de ses habitants car il faut replacer cette souffrance dans son contexte hist et territorial qui n est pas celui du Proche-Orient mais celui de l Europe # la sensibilité culturelle des sociétés du Proche-Orient ne peut pas partager avec la même intensité émotive le sort douloureux de ces communautés Car elles sont étrangères à l antisémitisme européen et à l Holocauste tout en ayant à en subir les conséquences, surtout les Palestiniens et les Libanais + tenir compte des instrumentalisations de la mémoire religieuse dans contexte de la Guerre Froide : l Occident en faisant un usage intensif pour secouer la domination de l Union soviétique = retour du religieux, amplifié par le retentissement médiatique et académique # nouveaux courants culturels qui battent en brèche la laïcité caractérisant la vision optimiste des Lumières # ce retour du religieux aggravent les tensions au Proche-Orient, terre de naissance des 3 monothéismes ex : l Etat d Israël se définissant par sa judéité, la révolution iranienne dite religieuse, les mvts dits islamistes, etc.! prendre en compte dans ce récit les courants culturels et les sensibilités collectives, d autant que la société arabe garde une forte opacité pour l observateur extérieur cf les sociétés arabes qui sont privées de langage politique moderne, c-a-d organisé et institutionnalisé dans l exercice d une forme de liberté politique cf la versatilité des humeurs, car le Proche-Orient arabe = à la croisée des vents idéologiques et culturels divers :. révolutionnaire et anti-impérialiste à l heure de gloire des idéologies humanistes et laïques du progrès et de la libération des peuples. courants de fondamentalisme et de conservatisme social et religieux dans un monde désenchanté! une identité islamique monolithique = pas le trait prédominant de ce demi-siècle! difficile quête d identité de ces sociétés colorées par toutes les couleurs idéologiques de ce siècle et qui portent en elles la profonde empreinte de cultures diverses et prestigieuses! cette question identitaire non résolue = le facteur principal expliquant la nature autoritaire et dictatorial des régimes en place! la solution = non dans la seule réforme religieuse conservatrice ou radicale, mais dépendante de nombreux facteurs, comme :! le poids des dominations externes! la transformation des économies locales qui cesseraient d être des économies de rente pour devenir des économies productives! la transformation progressive de la conscience historique 3

4 Partie I Le Proche-Orient : une construction introuvable Grande difficulté à définir la région du Proche-Orient : La perception géographique de la région = liée principalement à des considérations de géopolitique internat Paradoxe : l hist du Proche-Orient = berceau de nombreuses civilisations brillantes mais jamais un acteur reconnu et respecté du système internat depuis le début du XXème siècle Cause = échec des Arabes depuis plusieurs siècles à retrouver leur identité, à constituer leur unité et leur souveraineté sur des territoires qu ils peuplent sans discontinuité depuis le VIIème siècle, mais sur lesquels pas exercice de souveraineté politique depuis la fin du Xème siècle. Chapitre I : Proche ou Moyen-Orient : un problème de géopolitique internationale (pp 51-93) Notion de Proche-Orient = implicitement l Europe est le centre de la géo mondiale par rapport aux différents Orients, définis alors comme proche, moyen ou extrême. # définition en fct du regard extérieur, celui de l Occident En effet, cette région = contiguë à l Europe donc facilement prisonnière des canons de la perception géo et hist que la culture occidentale a organisés depuis la Renaissance et imposés dans la culture moderne universelle + Quid de la notion de Proche-Orient arabe? L investigation se déplace vers le champ de l anthropologie et le domaine identitaire : qu est-ce qui unit les sociétés arabes en dehors de la langue? Le Proche-Orient : Levant de L Europe le Proche-Orient = équivalent de ce que la culture française coloniale appelait le «Levant» # connotation marchande, avec les comptoirs implantés en Méditerranée de L Est à la faveur des Capitulations dont François 1er avait été l initiateur au XVIème avec le souverain ottoman Soliman le Magnifique Après Seconde GM = remplacement des concepts français par les concepts géopolitiques anglo-saxons # notions de Proche-Orient et de Moyen-Orient s imposent Le Proche-Orient : marche de l Empire britannique des Indes les nuances qui séparent les 2 notions recouvrent historiquement des différends importants qui ont existé à l intérieur de la bureaucratie militaire et diplomatique britannique pdt 1 ère moitié du XX # pour une partie de cette bureaucratie : le Proche-Orient n est pas une région importante, c est le Moyen-Orient qui est la zone clé du dispositif de protection de l Empire indien # toute décision sur le Proche-Orient doit être subordonné aux impératifs de la politique indienne de la GB # les «arabistes» anglais comme Lawrence, qui n ont jamais pu faire respecter les promesses faites aux Arabes dans le contexte de la 1ère GM! l Angleterre a été plus musulmane qu arabe cf dans l Entre-Deux-Guerres, tentative sans succès de ressusciter l institution califale (qui a été abolie par Mustapha Kemal en 1924) afin de mieux contrôler l ensemble islamique! csq = aviver les rivalités entre dirigeants arabes cherchant à récupérer le titre jusque là détenu par les Turcs ottomans 4

5 cf aussi la GB favorisant l élimination du gvt de la Péninsule arabique des protégés de Lawrence d Arabie, la famille des Hachémites, gardienne traditionnelle des Lieux saints musulmans de La Mecque et Médine, malgré promesses faites # elle favorise l accès au pouvoir des Wahhabites, communauté bédouine pratiquant un Islam puritain et fondamentaliste, sous la houlette des Saoud France, Angleterre, USA : puissances «musulmanes» csq de la politique brit = la guerre de sécession des musulmans indiens et la création du Pakistan + les USA = reprennent la succession des Anglais et ne voient pas d un mauvais œil d appuyer les mvts islamiques # objectif = une mobilisation du monde musulman contre l Union soviétique cf invasion de l Afghanistan par les Soviétiques = l occasion de mettre en place un formidable réseau de combattants islamiques, les Moudjahidin + appui aux variantes de l exégèse coranique favorable au modèle de capitalisme libéral anglo-saxon pour faire reculer les exégèses valorisant l éthique de la solidarité sociale proche des thèses du socialisme, qui avaient prévalu jusqu ici Quant à la France = elle verra dans le nationalisme arabe qui se développe au début du siècle une machine de guerre contre l extension de son influence en Méditerranée Cf craintes pour les colonies d Afrique du Nord avec le succès relatif du nationalisme de Nasser! ce sont moins les données géo et nationales qui dictent la géopolitique des grandes puissances vis-à-vis de la région que la croyance d une solidarité naturelle qui unirait tous les peuples de religion musulmane, de l Indonésie et la Chine à l Afrique! l axiome = la primauté de l identité par l islam Le «vide de puissance» face à l Union soviétique pour les USA après Seconde GM= la région était caractérisée par un vide de puissance après les retraits anglais et français donc dangereusement exposée aux ambitions soviétiques! le Proche-Orient = pris dans la tourmente de la Guerre Froide Cette perception du vide de puissance = due à l absence d une identité politique fortement structurée # en même temps elle contribue à maintenir cet état de fait car les pays arabes continueront d être l objet de manipulations par les puissances externes régionales ou internationales # la Turquie ou l Iran (qui ne sont pas arabes) : la Turquie est un partenaire respecté comme l atteste son intégration à l OTAN l Iran monarchique = aussi un partenaire de poids et, depuis la révolution iranienne, un pays redouté et non point méprisé + après 1 ère GM, les Alliés n ont pas réussi le dépècement planifié du cœur même de l entité ottomane, échouant à créer l Etat arménien ou celui des Kurdes et c est l action énergique de Mustapha Kemal en Turquie qui parvint au bornage des frontières du nouvel Etat turc après l éviction violente des armées alliées! les intérêts géopolitiques des puissances occidentales = une donnée qui explique en partie l impossible structuration du Proche-Orient depuis l effondrement de l Empire ottoman! ces éléments externes se combinent avec les éléments internes : il n y a pas eu émergence de personnalités telles que Kemal, qui sut rassembler une armée sur les décombres de l ancienne armée impériale et procéder par victoires militaires successives sur les armées française, anglaise et grecque au nettoyage du territoire occupé et à son bornage «national» turc! ces victoires permirent à Kemal d obtenir la légitimité suffisante pour procéder à une mutation profonde des institutions et des structures ottomanes, ainsi que de faire évoluer la conscience collective et la mémoire historique de la société turque vers une conscience séculière de type moderne où l histoire des Turcs est rétablie dans une continuité, où la conversion à l Islam n est plus le point focal de l histoire turque 5

6 # concernant les Arabes : constat d une impotence militaire cf incapacité du gvt syrien sous mandat français d empêcher la cession à la Turquie de la région d Antioche et d Alexandrette, si pleine d histoire cf l ensemble des armées des Etats arabes voisins de la Palestine incapables d empêcher la création d Israël! un vide militaire lui-même significatif d un vide + profond sur le plan de la cohésion socioculturelle et donc sociale et politique! il n y a toujours pas au Proche-Orient une région structurée sur des sociétés cohérentes aux frontières et à l identité reconnues et respectées La place de la Méditerranée entre le Proche et le Moyen-Orient notion de Moyen-Orient = + large que celle de Proche-Orient, et qui met Turquie et Iran au centre d une région partant de la Méditerranée de l Est jusqu à Afghanistan et Pakistan # les pays arabes ne sont plus l élément central de la région! Dans ce livre : récit centré sur les pays arabes du Proche-Orient, c-a-d le Machrek comprenant les pays du Croissant Fertile entre Mésopotamie et Méditerranée (Liban, Syrie, Palestine, Irak, Jordanie) auxquels s ajoute l Egypte + quelques développements sur le Maghreb et les pays de la Péninsule arabique La différence essentielle entre l Orient proche et l Orient moyen = la présence de la Méditerranée : dans le cadre de la notion de Moyen-Orient, la frontière méditerranéenne devient une périphérie! devient une frontière défensive par rapport au monde méditerranéen revendiquant la propriété exclusive du patrimoine culturel hellénistique dont est exclu l Orient méditerranéen et mésopotamien de façon artificielle! le Moyen-Orient, principalement turco-iranien a dans cette optique pour zone d influence culturelle et politique la péninsule indienne et l Asie centrale! préférer ici la notion de Proche-Orient arabe, qui permet de considérer la région dans sa dimension euro-méditerranéenne et d individualiser son identité socioculturelle, celle de l arabité La prédominance actuelle de la notion de monde musulman : l Islam «insécable»? notions de Proche et Moyen-Orient = en fit des sous-catégories d une saisie conceptuelle + large, celle de monde musulman! il s agirait d une entité politique et géographique clairement définie, dotée d une unité de patrimoine historique incontestable : la place des Arabes, entre Proche et Moyen-Orient et entre Asie et Afrique, est reconnue comme étant à l origine de l Islam, mais les cassures et la multiplication des devenirs historiques des différentes sociétés musulmanes ne sont pas reconnues! raison = l influence supposée de la religion sur le pouvoir et les comportements individuels! le phénomène religieux comme déterminant fondamental interne de toutes les conduites des pays musulmans Autre pb : les Arabes sont minoritaires dans le monde musulman : 220 millions sur un total d un milliard de fidèles Anatomie des successions de civilisations au Proche-Orient les pouvoirs locaux ont rarement modelé l espace du Proche-Orient et dessiné des frontières culturelles, administratives ou militaires stables! ce sont les dynasties conquérantes venues le + svt d ailleurs qui se rendent maîtres de la région Influences de 3 grands socles géographiques servant de points d appui à toutes les conquêtes :. le haut plateau anatolien (Hittites, Grecs et Turcs). les hauts plateaux iraniens (Mède, Perses). le désert arabique 6

7 ! superposition des cultures et religions comme des couches de sédimentations, et qui restent enfouies dans l inconscient collectif! différentes synthèses culturelles, les envahisseurs finissant toujours par se fondre + ou dans population locale Bien que domination ottomane sur Proche-Orient = bcp + stable que celle exercée sur les Balkans, les provinces administratives de l Empire n ont jamais eu de frontières fixes + gvt par des walis, n ayant aucune attache avec la population et surtout préoccupés de ramasser le tribut fiscal à travers une hiérarchie de notables locaux Le + ancien socle = la Mésopotamie, avec empires babyloniens et 1 er grand roi législateur, Hammourabi # constitution dans l actuel Nord de l Irak des royaumes assyriens, et soumission de la côte méditerranéenne aux influences successives des Phéniciens, des Grecs et des Egyptiens # après long intermède où contrôle de la Mésopotamie par des dynasties perses, vient la domination arabe avec la conquête au nom de l Islam # 2 dynasties = les Ommeyades à Damas et les Abbassides à Bagdad = apogée de la culture arabe classique # XIIIème siècle = invasions mongoles : la région dévastée passe aux mains des Turcs # Début XVIème siècle : début de la prise de contrôle du Proche-Orient par les Ottomans # XIXème siècle : prise de contrôle progressive par la France, la GB et accessoirement l Italie (pour Libye) # Après 4 siècles de stabilité ottomane, à nouveau transformations fortes de leur identité géo et culturelle pour des zones entières Cf vagues migratoires françaises, anglaises, espagnoles, italiennes et grecques en Algérie à partir mi-xix siècle # à l effondrement de l empire ottoman après 1 ère GM ce sont ces mêmes puissances qui s attribuent le contrôle politique et militaire du Proche-Orient et on établi de nouvelles frontières et des entités étatiques gérées par elles # puis le Proche-Orient pris dans la Guerre Froide # enfin, une fois l Union soviétique écartée à partir fin 1980 s, maîtrise militaire et politique complète par les USA à la faveur de la guerre du Golfe! depuis la haute Antiquité, l espace n est pas maîtrisé par les proches-orientaux eux-mêmes! pas de continuité de système de pouvoir enraciné localement et capable de construire une nation au sens moderne du terme Reste que la région = pas uniquement une agglomération hétéroclite de peuples! des comportements politiques, sociaux et intellectuels pérennes, comme le statut de la femme, le poids de la famille élargie, les différentes formes d art, la cuisine, le rapport à la tradition et le respect du patrimoine écrit ancien + la langue dominante = l arabe 7

8 Chapitre II : La perception du Proche-Orient et son histoire (pp ) les traditions historiographiques européennes considéraient les 10 siècles entre la conquête de la région par Alexandre le Grand et l arrivée de l Islam comme une annexe de l histoire européenne # l histoire du Proche-Orient = hellénisée puis romanisée # avec la rupture traumatisante entre Eglises d Orient et d Occident, l histoire de l Empire byzantin est marginalisée dans la mémoire collective européenne Dans la culture arabe : les épisodes historiques grecs et byzantins sont eux aussi effacés des mémoires! richesse de la culture pré-islamique, notamment avec rôle majeur joué par les querelles christologiques et la culture araméo-syriaque et chaldéenne chrétienne! 2 types de contraintes qui emprisonnent la perception fragmentée du Proche-Orient dans la conscience de l Europe et celle des sociétés proche-orientales :. celles qui découlent du vide de puissance politique et des fantasmes et peurs qu il fait surgie des 2 côtés de la Méditerranée. celles qui découlent des connaissance historiques partielles! naissance de courants idéologiques animés par les puissances constituées voisines, selon leurs intérêts géopolitiques cf nationalisme moderne laïc à l européenne cf marxismes dans toutes leurs couleurs cf islams conservateurs favorables à l Occident et au capitalisme néolibéral cf islams radicaux prônant le dirigisme éco tels l Iran khoméniste! des perceptions et des sensibilités contradictoires et explosives Les déterminants de la perception européenne la perception euro du Proche-Orient = exclusivement axée sur l Islam, perçu comme un danger permanent cf conquête de l Espagne ou bien les Ottomans arrivant par 2 fois aux portes de Vienne Avec l affirmation de la suprématie européenne sur l Empire à partir du XVIIIème, l hostilité n est plus de nature théologique mais de type civilisationnel! c est en se créant une image de l Orient «musulman» comme terre de despotisme et de la barbarie que la culture euro a consolidé sa propre image comme modèle d évolution politique et scientifique universel + des motivations diverses, allant de la curiosité scientifique à l ardeur coloniale en passant par l appel du romantisme européen au «retour aux sources», c-a-d à l Orient, berceau de la civilisation + les théories de Darwin, jointes au sentiment de supériorité apporté par la révolution industrielle, qui donnent théories sur l inégalité des races cf 1862 : Ernest Renan opposant au génie aryen la lourdeur de l esprit sémite, dans un discours d ouverture du cours de langue hébraïque, chaldaïque et syriaque au Collège de France = un texte qui a en partie forgé les bases des cadres de la perception euro sur l Islam et l Orient arabe : Renan identifie l esprit sémite au «musulman» après avoir exclu le judaïsme au destin exceptionnel et les Phéniciens pour avoir inventé l alphabet # seuls les peuples indo-européens connaissent la liberté, comprennent l Etat # l Orient sémitique oscillant entre l anarchie des arabes nomades et le despotisme sanguinaire Et si le christianisme est issu de l Orient sémitique, il a en fait été absorbé par la civilisation grécolatine et occidentalisé! conclusion de sa conférence = un appel à la disparition de l Islam pour triomphe de l Europe! mise en place d une vision fondatrice d un ordre du monde binaire La perception par les sociétés du Proche-Orient de leur histoire elle n est pas + cohérente que celle de la culture euro, à qui elle emprunte bcp de ses catégories sans examen critique de leur pertinence 8

9 = une fossilisation de la mémoire accompagnée paradoxalement d une fragmentation de cette mémoire en déchirements de natures diverses raison de cette fossilisation = hégémonie d une forte tradition historiographique arabe fondée sur l histoire des grands empires ou des sultanats islamiques # le récit de la prophétie et la geste des grands califes = un épicentre de la mémoire collective + un facteur fondamental de la fragmentation de la mémoire = lié au fonctionnement contradictoire de la mémoire religieuse elle-même # à partir de l assassinat d Ali (cousin et gendre du Prophète et 4 ème calife), 2 mémoires distincts :. celle des sunnites, reconnaissant légitimité des successeurs califales dont les sultans ottomans sont les derniers descendants. celle des chiites, partisans d Ali et qui contestent cette légitimité Tout cela accru par le fait que pas développement de programmes de soutien à la recherche historique afin d effectuer les mutations indispensables de la mémoire collective # les Etats issus du démembrement colonial n avaient guère de substance propre pour bâtir un récit «national» des origines à l émergence de l Etat moderne sur le modèle du kémalisme turc # présence écrasante de l hist des arabes comme conquérants et bâtisseurs de la civilisation islamique, qui ne permet pas de justifier des histoires spécifiquement nationales propres à chaque nouvel Etat! une histoire immobile, figée dans la mémoire collective arabo-islamique de l âge d or La création de l Etat d Israël et son impact sur les modes de perception du Proche-Orient cf 2000 ans de rupture et de discontinuité cf le peuplement du territoire palestinien (y compris dans les temps bibliques) par d autres communautés ou tribus que les antiques Hébreux cf disparition de l hébreu comme langue vivante = des données objectives qui n ont pas constitué un obstacle à la restauration de l Etat d Israël! retour dans la mémoire collective de l Europe laïque des schémas d histoire sainte! revalorisation dans la culture euro du judaïsme après les siècles d antisémitisme et l Holocauste, qui marque une renaissance de la mémoire religieuse refoulée par les derniers siècles de rationalisme et de développement de l esprit laïc! bien que la Palestine soit le berceau du christianisme, la réintégration de l espace procheoriental dans culture occidentale ne se fonde pas sur ce fait hist mas sur la mémoire du judaïsme # Du côté arabe : interprétations tout autres = le projet de foyer national juif est perçu comme un instrument de l offensive européenne en Orient, par une pensée arabe qui s émancipe progressivement de la pensée religieuse au XIXème puis par le nationalisme séculier qui se développe au XXème # les mvts de résistance palestinien = animés par un univers culturel anti-impérialiste laïc Puis, mutation avec le chaos libanais, la révolution religieuse iranienne et les diverses formes d instrumentalisation de la religion par l Occident pour freiner l expansion marxiste! effondrement de la perception profane et montée de l antisémitisme sous l effet du refus d Israël d appliquer les principes du droit internat, notamment ceux liés à l obligation de décolonisation! basculement dans l identitaire exclusif de type religieux 9

10 Le facteur économique dans la saisie de la temporalité, de l espace et des systèmes de pouvoir l éco du Proche-Orient = une économie rentière passive, rattachée à l économie-monde exclusivement par le biais de l exportation de matières première brutes ou peu transformées # situation renforcée par les découvertes pétrolières Puisque la rente pétrolière est au Moyen-Orient la propriété de l Etat, le contrôle du pouvoir pour organiser la distribution de la rente = un enjeu fondamental! tendance à la monopolisation du pouvoir par un groupe social, qui s effectue aussi dans les pays non-pétroliers avec création de monopoles étatiques pour commercialisation des principaux produits agricoles! un fait essentiel pour expliquer l absence de démocratie! puisqu une industrialisation très marginale, l Etat distributeur de rente = le seul enjeu éco, en dehors de tout désir de rentrer de plain-pied dans l économie-monde (cf Japon et autres pays asiatiques) cf PIB annuel des pays arabes = de l ordre de 500 milliards de dollars, donc une production moindre que l Espagne et des exportations moindres que les Pays-Bas 10

11 Chapitre III : Quel est le sujet de l histoire au Proche-Orient (pp ) la région apparaît tout au long de son histoire comme une marche d empire -> une perception brouillée 2 remises en ordre indispensables afin de tenter un examen critique des catégories conceptuelles pour la saisir = la dichotomie majorité dominante / des minorités souffrantes + la dichotomie hist religieuse / hist profane Pertinence des concepts ethniques et anthropologiques appliqués aux sociétés du Proche- Orient la plupart des spécialistes de la région considère l Islam comme l élément structurant de la société et la clé majeure d explication des comportements # prisonniers d une approche ethnologique traditionnelle qui saisit par un «fait social total» des sociétés perçues comme primitives, par opposition à la complexité des sociétés industrialisées # quid de la problématique de la nation : si l Islam est le structurant identitaire obligé d une communauté s étendant sur 3 continents, peutil structurer des nations différentes alors que ses valeurs sont décrites comme des absolus contraignants et clairement définis? En fait, l Islam n est pas une religion nationale, restreinte à une communauté de type ethnique bien identifiée dans une langue dans une région précise! c est une religion universelle trancommunautaire qui n a jamais aboli les frontières linguistiques, géographiques ou ethniques cf multiplication des guerres civiles à l intérieur des sociétés du monde musulman! l abus des idées de nation et de minorité complique l analyse car si toute «minorité» au Proche-Orient est une ethnie à vocation nationale et si l Islam sunnite majoritaire est le seul élément d identité des sociétés de cette région, alors la guerre civile perpétuelle = le seul destin politique possible cf Dominique Schnapper affirmant qu il n existe pas 2 idées de nation comme on le répète paresseusement en Europe, en opposant la nation civique ou politique «à la française» au Wolk, c-a-d la nation ethnique et culturelle «à l allemande» # la notion de nation ethnique est contradictoire car c est l effort d arracher aux identités et aux appartenances vécues comme naturelles par l abstraction de la citoyenneté qui caractérise le projet national # une seule idée de nation # critiques vis-à-vis du renouveau du concept d ethnicité sous l influence de l académisme américain! face à la notion prédominante et globalisante du monde de l Islam avec ses catégories immuables, le Proche-Orient apparaît comme un agglomérat de groupes humains forcés de coexister dans la souffrance et la douleur cf la description des mentalités et identités culturelles des groupes dits minoritaires ne relevant pas de l Islam officiel = devenu un genre, un modèle d écriture historique ou d analyse politologique = des tableaux de type essentialiste et culturaliste La dichotomie majorité / minorité ou la quadrature du cercle là encore système monolithique d identifiant par l anthropologie religieuse, définissant un groupe majoritaire sunnite et un pot-pourri de sous-catégories de type ethnique ou religieux # les Kurdes et les Berbères sont massivement musulmans sunnites et posent pourtant un problème perçu comme un problème de minorité # est-ce alors la seule spécificité linguistique qui paralyse l omnipotence du système de valeurs musulmanes à qui est attribuée une vocation totalisante? 11

12 # svt une confusion entre le sens ethnologique traditionnel du concept de minorité et le sens politique moderne qui s applique à l existence d une minorisation des droits politiques cf les protestants en France = une minorité numérique mais pas une minorité ethnique ou politique # les juifs et les protestants français = pas perçus comme une ethnie # au Proche-Orient, ces 2 concepts de minorité et d ethnie = employés indifféremment! pourtant si l idéologie «arabo-sunnite» est aussi cohérente et structurée que le supposent les spécialistes, puisqu elle légitime les systèmes de pouvoir, comment expliquer les violences algériennes ou égyptiennes, qui se déroulent dans des sociétés exclusivement sunnites (sauf les coptes en Egypte, qui n ont plus aucun rôle politique)? D ailleurs, aucune minorité, groupes ethniques censés être compacts et homogènes, ne développe de véritable projet national! partageant avec la majorité de très nombreuses caractéristiques culturelles, les communautés dites minoritaires souffrent des mêmes problèmes de fragmentation, de division, de solidarité clanique et clientéliste traditionnelle que le groupe arabo-sunnite dominant! les sociétés proche-orientales = des sociétés plurielles, du fait de la géologie complexe des cultures sur lesquelles elles ont bâti leurs structures sociopolitiques de bases, et du fait aussi d une variété de milieux géographiques et de modes de vie que l absence d industrialisation réussie n a pas permis d intégrer dans un tissu cohérent d intérêts éco communs + le rôle joué par l incohérence des institutions ottomanes, en particulier des lois de statut personnel différentes, svt même des juridiction séparées, qui régissent le régime du mariage et de la succession en fct de la communauté religieuse des citoyens, ou encore les lois fiscales et le statut de la propriété foncière + d autres identités encore vivaces, comme celle des grands groupes familiaux, celle des urbains vs ruraux ou Bédouins, etc.! notion de société plurielle non archaïque mais aussi non industrialisée, à préférer au modèle occidental industrialisé protégé par des institutions démocratiques avec ses variantes, que ce soit la société nationale et laïque française, le multiculturalisme américain ou suisse ou belge! existence d un modèle proche-oriental, ignoré mais vieux de plusieurs millénaires, dont les fondements s effritent au gré des évolutions chaotiques de la région D ailleurs, le concept de minorité = souvent utilisé au sens que la culture européenne du XIXème a donné à ce terme, à savoir une minorité «nationale» Pb : la situation en Irak = majorité numérique chiite mais gouvernée par une minorité sunnite.. et la réalité du pouvoir est aux mains du dictateur et de ses proches issus de la région de Takrit # un pouvoir militaire à l intérieur même de la minorité sunnite d Irak qui domine une majorité chiite, qui est minorité politique! double écueil : soit l approche par des minorités ethniques nationales ou religieuses, soit l approche par l omnipotence de l Islam dans la vie de ces sociétés + autre axiome des spécialistes = l impossibilité d une séparation du temporel et du spirituel dans la société musulmane, qui trouve son origine dans l expérience européenne elle-même Mais en Islam, l absence d Eglise rend inopérante la problématique de cette distinction :! il n y a pas de pouvoir spirituel en Islam, le pouvoir n est que temporel et le recours à la contrainte pour faire respecter le dogme et les rites a toujours dépendu du bon vouloir des souverains, précisément du fait de l absence d institutions similaires à celles de l Eglise! après coup acculturation de la religion musulmane aux modèles des institutions du christianisme et institutions politiques modernes! ce qui conduit à l aberration intellectuelle de mise en place de républiques islamiques ou à l adoption de l Islam comme religion d Etat dans les constitutions, notions incohérentes avec le droit public musulman! si la nation au sens moderne et démocratique du terme n existe pas au Proche-orient, c est moins en raison de spécificités religieuses ou ethniques de type essentialiste, qu en raison d évolutions historiques divergentes, notamment l évolution éco et les jeux de la géopolitique 12

13 La nécessaire séparation de l histoire profane et de l histoire religieuse le centre de gravité de l Islam n est plus de puis longtemps le monde arabe Reste perception chez les penseurs arabes d un déclin irrémédiable depuis fin de l Empire abbasside, attribué à la domination turque # toujours prégnant le modèle de la cité idéale, sacrée, qui est opposé à la réalité afin d expliquer les tourments arabes # le «monde musulman» = une société intemporelle vivant en dehors de la configuration de l espace et de l histoire, comme les sociétés primitives # il est temps de reconnaître que les sociétés du Proche-Orient n ont pas plus en commun avec leur passé idéalisé que les Italiens de la Renaissance ou d aujourd hui avec l Empire romain # démarche indispensable de séparer histoire profane et histoire religieuse pour découvrir des sociétés avec leurs caractéristiques propres en dehors du seul prisme d une société globale cf la polarisation de la haine des mvts islamiques sur la laïcité occidentale : la laïcité vient se confondre avec la notion de «perte d identité» et «d agression culturelle» pratiquée par l Occident à l égard des musulmans intoxiqués par la notion de globalité de l Islam et employant les notions modernes de séparation du temporel / spirituel évidemment inconnues de docteurs de la loi à l âge d or, les théoriciens de ces mvts font du refus de la laïcité, dont ils emploient pourtant la problématique d origine (dichotomie spirituel/temporel), un étendard de patriotisme anti-occidental # les théoriciens de l islamité ne font que perpétuer la dépendance intellectuelle de l Orient musulman sur des grilles de lecture occidentales # la laïcité = née historiquement en Europe non parce que le christianisme séparerait par essence le temporel du spirituel, mais justement pour trouver une solution pratique à des guerres de religion intestines qui menaçaient l avenir des sociétés chrétiennes # cette antilaïcité = résultante du jeu des imaginaires collectifs, prisonniers des effets de miroir que se renvoient Orient et Occident! cette décadence, dans la mesure où elle est mesurée par rapport à un passé mythique, sacralisé dans le triomphe d un identifiant religieux majeur sinon exclusif, est condamnée à s autoentretenir, provoquant encore + de fragmentation et de perte de légitimité des gouvernants = la problématique de l identité véhiculée par la culture arabe depuis 150 ans 13

14 Chapitre IV : Le choix d une identité arabe comme sujet historique (pp ) L identité collective arabe et son évolution à travers l histoire le peuplement d origine de la Péninsule arabique et du désert syro-mésopotamien = de souche sémitique au sens strict du terme, le mot arabe désigne les tribus nomades vivant de pastoralisme # en langue arabe, l étymologie du mot arab sert à désigner l identité bédouine Les conquérants arabes, partis de la Péninsule au VIIème siècle ont constitué la nouvelle aristocratie des sociétés conquises et progressivement arabisées # l identification du statut social par un rattachement mythique ou réel à l une des tribus de la Péninsule est devenu un élément central de la vie politique et sociale de ces sociétés # la vitalité de l élément nomadique et des structures tribales = une des explications à l incapacité des Arabes à construire des institutions politiques stables + avant la conquête islamique, les Arabes avaient infiltré la zone mésopotamienne (Irak) et araméenne (Syrie-Palestine) et y avaient créé des petits royaumes tels celui de la reine Zénobie à Palmyre ou celui de Pétra + des tribus dans l orbite perse (Empire sassanide) ou dans celle de Byzance qui domine tout le Proche-Orient et l Afrique du Nord # religion et pouvoir sont intimement liés au Proche-Orient non pas tant en raison de spécificités islamiques mais du fait de traditions historiques bien antérieures à l Islam cf Afrique du Nord : peuplement d origine berbère mais populations chrétienne et juive cf Egypte : population bien hellénisée mais un christianisme spécifique (monophysisme) et maintien de la langue des pharaons, écrite au moyen de l alphabet grec = le copte! région stratégique, le Proche-Orient a été le + svt dominé par des Empires rivaux, soit asiatiques (Perses, Seldjouks, Mongols, Turcs) soit méditerranéens (Grecs, Romains, Byzantins)! les populations locales soumises à ces empire où la religion jouait un rôle prépondérant ont svt exprimé leur opposition au pouvoir central sous forme de particularisme religieux # avec les conquêtes islamiques, unification apparemment solide du Proche et Moyen-Orient sous les Omeyyades et les premiers Abbassides, dans une civilisation brillante # en réalité le pouvoir arabe = dès le départ très fragile = menacé par les rivalités de succession à l intérieur même de la famille du Prophète = mis en cause par les populations conquises et ethniquement ou linguistiquement différentes, perses, berbères, turques, que l aristocratie des conquérants a clientélisées Dans la civilisation islamique classique, la langue arabe = la langue culturelle comme le latin dans chrétienté romaine + dès mi IXème, effritement du pouvoir abbasside, qui tombe progressivement sous l influence des éléments iraniens et qui remet sa protection dans les mains des milices turques Et de + en + de royaumes et sultanats non arabes qui se développent sans reconnaître l autorité de califes abbassides! multiplication des rivalités ethniques entre éléments arabes et non arabes, et religieuses entre différents rameaux du chiisme (qui présentent svt des aspects de radicalisme sociopolitique) et le sunnisme représentant l orthodoxie d un pouvoir central de + en + faible Puis, à peine remis du choc des croisades, ce sont les terribles invasions mongoles au XIIIème Cf prise de Bagdad en 1258 # les Mamelouks, esclaves d origine turque, abattent la puissance mongole et rétablissent l ordre # à leur tour vaincus début XVIème par les Turcs ottomans + Ces dynasties originaires d Asie Centrale pratiquent toutes une orthodoxie sunnite qui contraint à la clandestinité les rameaux du chiisme et elles mettent fin au riche mvt philosophique caractérisant la civilisation islamique jusque là Il faut attendre l émergence des Safavides en Iran, au XVIème, pour assister à renaissance d un pouvoir chiite! une histoire des sociétés arabes ou plutôt arabisées chaotique, avant et après l Islam 14

15 ! une domination étrangère qui a étouffé toute conscience collective arabe mais en laissant intacts les particularismes de toutes sortes D ailleurs les empires ou royaumes islamiques non arabes qui ont gouverné cette région = pas assimilateurs ou intégrateurs + l Islam lui-même = pas une religion centralisatrice et nationaliste cf reconnaissance par l Islam de la légitimité de l existence des autres religions monothéistes cf prédominance du caractère universaliste de l Islam : il ne doit pas y avoir de différence entre Arabes et non-arabes! un fonds ethnique et culturel extrêmement riche et diversifié! pour les sociétés contemporaines, cette stratification de la mémoire culturelle n est pas toujours bien assumée, mais elle sert de catalyseur aux forces internes qui déchirent la société arabe! si le nationalisme arabe a conquis de larges segments de l opinion depuis début XXème, il n a pas réussi à entraîner l intégration des Etats issus du partage colonial dans une entité supranationale + vaste, comme ce fut le cas pour l Allemagne ou l Italie raisons : pas de systèmes culturels et éducatifs véhiculant une idéologie intégratrice, mais un quadrillage des populations par un parti unique ou l adoption d une forme d idéologie islamique d Etat + la société civile n étant pas directement productrice de richesses dans système d éco rentière, la prise du possession de l Etat = la source exclusive de prépondérance sociale Reste que l arabe = l identifiant commun, adopté par la plupart des communautés chrétiennes du Proche Orient Avec la diversité des patrimoines historiques qui fondent l arabité, division actuelle des sociétés arabes en 2 sous-groupes à partir des catégories géographiques du Maghreb et du Machrek :. Maghreb = «arabo-berbère». Machrek = «arabo-syriaque» et égyptienne Les complexités de la décolonisation dans le monde arabe cette décolonisation = pas seulement l impact de l Europe coloniale mais aussi les 4 siècles de domination ottomane D ailleurs début de la domination européenne = avant 1919 et l effondrement des Turcs cf à partir de1830 : colonisation de l Algérie par la France cf 1903 et 1911 : protectorats établis sur Tunisie et Maroc cf 1911 : conquête de la Libye par l Italie cf 1919 : Liban et Syrie par la France cf Egypte en 1882, puis Irak et Palestine en 1919 par GB! remplacement d une domination décadente mais à caractère islamique, les Turcs ottomans, par une autre domination cette fois européenne et chrétienne mais à la civilisation en pleine expansion technique et matérielle! une série de chocs culturels difficiles à maîtriser pour la population, sans compter le mouvement de décolonisation à partir de 1943 pour le Liban! ces secousses = sur ¾ de siècle seulement + ajouter 2 autres facteurs déstabilisant = le pétrole l émigration des communautés juives d Europe centrale le pétrole = ce qui va amener les USA à considérer la région comme une zone vitale pour ses intérêts stratégiques, implication directe consacrée par la guerre du Golfe Et le pétrole = le facteur interne qui aura le + bouleversé la structure des relations socio-économiques Le rôle respectif des facteurs internes et externes l industrialisation = pas suffisante pour homogénéiser une population encore perméable aux traditions lignagères, régionales, ainsi qu à certaines spécificités religieuses, ethniques ou linguistiques 15

16 # le monde arabe a abordé des changements historiques brutaux et complexes, qui ont engendré une volatilité sociale extrême, due à la fois à l effondrement de la légitimité politique supérieure (Empire ottoman), à la difficulté de trouver un consensus social de remplacement et à l absence d industrialisation active # paradoxalement, la lutte anti-impérialiste contre colonisation euro = un facteur de divisions additionnelles car pas la domination unique d une puissance européenne, donc installation de régimes différents, établissement de nouvelles frontières, etc. # à la segmentation originelle de la société arabe est venue s ajouter une pluralité d arrangements institutionnels, selon le besoin naturel à toute puissance coloniale de diviser pour régner + dernier élément = apparition du bolchevisme, qui lie question nationale et question sociale et qui fait entrevoir la possibilité d une universalité fraternelles entre sociétés colonisatrices et sociétés colonisée dans la lutte des classes communes # la séparation entre colonisateurs et colonisés n est plus due à la religion, à la civilisation, au fait colonial lui-même, mais aux mécanismes d exploitation du capitalisme à l échelle mondiale # possibilité de sortir de la confrontation religieuse pour trouver le vrai terrain de lutte politique # le nationalisme arabe se teintera de marxisme dans la plupart de ses expressions Les limites de la renaissance arabe à l aube des indépendances, le bagage intellectuel des élites est important : depuis 150 ans elles pratiquent la culture européenne et ont mis en route des réformes modernistes inspirées des principes politiques et constitutionnels euro cf efforts pour débarrasser la pratique religieuse des superstitions, pour faire évoluer une pratique juridique figée, améliorer le sort de la femme, etc. # cette renaissance = Nahda, qui a produit des courants de renouveau littéraire, des textes fondateurs de «modernités», des essayistes prolixes, des réformateurs religieux éclairés Mais 2 contraintes à un rayonnement susceptible de forger un nouveau consensus global, philosophique, politique et social comme l a réussi le Japon de l ère Meiji : a. pas de politique active au XIXème à l égard du monde rural pour alphabétiser les paysanneries # cela reste un mvt d élites urbaines qui «s européanisent» + pas de politique visant à rendre les techniques industrielles familières à la population pauvre dans une optique volontariste d indépendance économique # des élites polarisées par la lute anti-coloniale mais qui ont délaissé cet aspect vital de la modernité politique qui est l appropriation des sciences et des techniques # la domination euro = plus perçue comme une perpétuation de la lutte Islam/christianisme que dans le défi économique qui modèle encore aujourd hui les rapports Occident/monde asiatique b. les nouvelles idées, si séduisantes, proviennent de l Europe qui elle-même succombe au colonialisme # l adoption des idées euro pose un problème intellectuel insoluble : quel crédit accordé à des principes politiques généreux quand les Etats qui les ont adoptés ne les mettent pas en pratique dans leurs relations avec les autres sociétés? Ces idées proviennent d ailleurs de sociétés chrétiennes Le Proche-Orient : monde en désintégration, monde en création thème transversal : crise de légitimité et crise d identité, comme le confirme l acceptation résignée des régimes dictatoriaux # avant Seconde GM : régimes politiques de type libéral, avec assemblées démocratiquement élues et plusieurs partis politiques 16

17 = un intermède démocratique entre fin de la domination ottomane et les bouillonnements révolutionnaires du milieu du siècle Quant aux systèmes scolaires et universitaires croulant sous le poids du nombre et l insuffisance des équipements, ils ne produisent qu une éducation au rabais Sans compter des rythmes d accroissement démographique que les taux de croissance éco ne peuvent suivre depuis l effondrement des prix du pétrole depuis 1985, afin de maintenir les niveaux de vie! le Proche-Orient = un monde en désintégration que seul maintient l exercice de + en + violent du despotisme politique + résurgence du fondamentalisme islamique 17

18 Partie II Des bouillonnements révolutionnaires à l euphorie pétrolière Chapitre V : De la nationalisation du canal de Suez à la mort de Gamal Abdel Nasser, : une époque est morte, vive l époque! (pp ) La fin d un héros Nasser = le grand vaincu de la 3 ème guerre israélo-arabe, catastrophique pour les Arabes # une guerre de 6 jours en juin 1967 qui permet à Israël de se rendre maître du Sinaï en Egypte, du Golan en Syrie et de la rive occidentale du Jourdain, sans parler de la vieille ville de Jérusalem regroupant les principaux lieux saints de l Islam, du christianisme et du judaïsme Pourtant la douleur est très forte pour le peuple arabe à la mort de Nasser, qui perd en lui un magicien de l émotion collective qui pdt 17 ans a exprimé à travers son verbe certaines pulsions profondes de la société et s est fait porter par elles A propos d un rire et d un canal 26 juillet 1956 : annonce par Nasser de la nationalisation du canal de Suez De joie et d émotion le président égyptien rit : à travers ce rire c est la société arabe qui exprime sa jubilation Le canal = voie de transport relaint l Europe et le monde atlantique à l Asie et l Afrique # artère jugulaire du commerce international traversant l Egypte comme un corps étranger # symbole de la dépossession géographique et économique, le canal fut pourtant construit au XIXème par un souverain, le khédive Ismaïl, qui rêva d intégrer le pays dans les circuits de l éco mondiale et d en faire un atelier saint-simonien du progrès technique! cette nationalisation = le symbole de l entrée de l Egypte, rendue à elle-même, dans la modernité, dans ce monde de prospérité et de progrès resté jusqu alors un club fermé de grandes puissances! cette nationalisation fait de l Egypte et du monde arabe le fer de lance des revendications du tiers monde cf vraisemblablement son rayonnement qui amène création de l OPEP, les nationalisations pétrolières, le quadruplement des prix du pétrole Justification de la nationalisation = financer la modernisation de l Egypte, et prioritairement la construction d un barrage sur le Nil à Assouan, capable de produire l énergie nécessaire à l industrialisation et d irriguer les millions d hectares indispensables à la survie d une population en pleine explosion démographique De la transmigration des âmes : le pacha et le colonel Nasser = dans la filiation d une autre grande figure égyptienne, Mohammed Ali, pacha puis vice-roi d Egypte de 1805 à 1849 Cf modification du régime des terres, constructions de barrages et canaux d irrigation, introduction de la culture du coton Cf mise en place d un empire arabe, occupant la Syrie et le Liban, débarquant au cœur de la Péninsule arabique pour mettre à la raison les Bédouins récalcitrants et menaçant la Sublime Porte Cf abolition des discriminations religieuses à l encontre des minorités non musulmanes, développement d une éducation sur le mode laïc, modernisation de l administration et nationalisation des biens religieux, suppression du traditionnel système ottoman d affermage des impôts # Mohammed Ali = dans la lignée de réformateurs ottomans qui ont dès le début du XVIIIème pris conscience du retard de l Empire sur l Europe 18

19 # Cette lignée donne naissance fin XIXème aux Jeunes Turcs dont Mustapha Kemal, qui tournent résolument le dos à la solidarité islamique transethnique pour adopter le nationalisme laïc Mais tout s effondra pour le pacha à la faveur de changements de conjoncture diplomatique internat, où l Europe coloniale et réactionnaire avec la collusion de l Empire des tsars décida qu il valait mieux soutenir un Empire vermoulu (les Ottomans) qu un pacha albanais ressemblant trop à un nouveau Bonaparte Développement et impérialisme Nasser et Mohammed Ali visaient une révolution totale pour arracher définitivement leur pays à l arriération et au sous-développement Tous deux se heurtèrent aux puissances occidentales devenues puissances mondiales Mohammed, + sage, se replia sur l Egypte avant de subir une catastrophe militaire et se soumit à la volonté des puissances : il laissa démanteler ses fabriques d Etat et abolit les monopoles et protections douanières, respectant ainsi le traité de Balta-Liman imposé en 1838 par la GB à l Empire ottoman dans le but de couper la route aux velléités d industrialisation dans le Proche et le Moyen-Orient Une différence : Mohammed évoluait au milieu de royautés et empires conservateurs # Nasser vécut au temps des maquis révolutionnaires, du socialisme triomphant en Chine, au Vietnam et en Corée ou à Cuba # Nasser devint un grand animateur des rencontres des pays non alignés qui commencèrent à Bandoung en 1955 Occident, ô mon bien-aimé la pensée de Nasser = une pensée laïque tournée vers le futur dans une vision optimiste du progrès # issu de la petite bourgeoisie urbaine d origine paysanne, il est incontestablement un homme d Occident Mais qui dut aller chercher chez les Slaves ce que l Ouest ne lui accordait que parcimonieusement # Sadate son successeur et son extraordinaire visite à Jérusalem en novembre 1977, manifestement approuvée sur le plan populaire : les prix du pétrole ayant quadruplé, les Arabes désormais riches, la honte effacée, croient pouvoir retrouver l Occident Reste que la disparition de Nasser marque la fin d une époque! gouvernée à gauche pdt la période nassérienne, la région va insensiblement prendre un virage à droite au cours des 1970 s! à l anti-impérialisme et le modernisme socialisant et laïc vont se substituer des politiques prooccidentales, le fondamentalisme religieux, les spéculations d une fortune pétrolière soudaine! mais toujours le même drame : la pauvreté hors des cercles étroits de la rente pétrolière 19

20 Chapitre VI : Du sommet de Khartoum à la guerre d octobre, : changement de décor (pp ) Du «sadatisme» ou la polarisation des contradictions il fera appel à plusieurs marxistes pour des postes importants voire des ministères et permettra dans le même temps à la confrérie des Frères Musulmans de se reconstituer + volonté d islamiser la législation égyptienne, reniant l œuvre laïque de ses prédécesseurs et il prône dans le même temps un retour à la démocratie libérale et au pluralisme politique # Sadate portent en lui les contradictions de 2 époques :. le vent de la révolte du tiers monde et celui du socialisme. un retour de l idéologie islamique, avec un double Islam, conservateur et puritain d une part, gauchisant d autre part, fondamentaliste dans les 2 cas et donc éminemment politique! en 10 ans basculement de la région de la révolution progressiste, du modernisme vers les contradictions, le terrorisme et le fondamentalisme religieux contexte : le pétrole, qui a son centre chez les wahhabites, Bédouins puritains devenus gardiens de La Mecque et dépositaires du sang de l Occident industriel Les impasses du sommet de Khartoum : oui à l Occident, non à Israël Origine de ce basculement = la cuisante défaite de 1967, qui est aussi la déconfiture de la gauche arabe face aux forces conservatrices, c-a-d celle de l Egypte nassérienne face à la monarchie saoudienne prooccidentale et panislamique Concrétisation = sommet des chefs d Etat arabes de Khartoum en août 1967 # Nasser tire les csq de sa défaite et laisse triompher les thèses saoudiennes favorables à l Occident face aux thèses des durs de la ligne gauche hostile à l impérialisme occidental Cette ligne dure = dominée par la Syrie et l Algérie de Boumediene, qui boycottent la réunion! capitulation des Arabes, non devant Israël mais devant l Occident : si la bataille contre Israël a été perdue, la guerre contre les puissances occidentales qui l ont suréquipé militairement n a pas commencé, et le pétrole, arme redoutable, est entre les mains des Arabes! l Arabie Saoudite et les autres monarchies ultra-conservatrices qui exportent le pétrole ne veulent pas entendre parler d interrompre les fournitures pétrolières à l Occident, ce qui pourrait constituer un «casus belli», et ont subi tout au long de ces années les avanies du nassérisme et l implantation de l Union Soviétique dans la région exception : l Irak, république socialiste qui ne suit pas cette ligne! les puissances occidentales, n étant pas sanctionnées, pourront continuer de soutenir Israël et lui permettre de conserver ses conquêtes Reste que le refus d Israël est consacré à Khartoum, puisque les pays arabes s engagent à ne pas signer d armistice, à ne pas reconnaître et à ne pas engager de pourparlers de paix avec Israël alors même que reconnaissance totale de fait de la domination des intérêts des puissances occidentales dans le monde arabe, en renonçant à employer la seule arme dont soient dotés les pays arabes + Sadate qui tire les csq en se débarrassant des Soviétiques, en intégrant l Egypte dans le réseau des intérêts US, puis en allant directement discuter avec les Israéliens! oui à l Occident, non à Israël = une équation intenable, comme le montre la suite Les impasses du sommet de Khartoum : le pétrole, un système de sécurité sociale et non une arme Khartoum = victoire des modérés (Arabie Saoudite, Maroc, Tunisie) vs les extrémistes (Syrie surtout, Algérie, OLP, Irak) Reste utilisation dite positive de l arme pétrolière : versement régulier par 2 monarchies conservatrices (Arabie Saoudite et Libye prékadhafienne) ainsi que le Koweït de subsides aux pays dits de la confrontation, c-a-d ceux qui ont des territoires occupés par Israël (Egypte, Syrie, Jordanie) 20