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1 Dossier connectes.qxp_chiffres 07/08/ :48 Page78 DossiEr A l aube d un monde Crée en 2005, Myfox a été la première société française à mettre en place une centrale connectée, directement en lien avec les utilisateurs de ses systèmes d alarme sécurité. ans 10 ans, plus de 50 % des objets seront connectés», assure Frédéric Potter, fondateur et Directeur général de Netatmo, l un des grands noms du secteur. Une projection partagée par l inventeur du terme et du premier objet connecté en France, Rafi Haladjian. «L Internet des objets est la nouvelle évolution de l Internet, après le web dans les années 1990 et l Internet mobile dans les années Et cette nouvelle vague engendrera des changements encore plus profonds que les deux vagues qui l ont précédée.» Et Rafi Haladjian sait de quoi il parle, c est lui qui a inventé le premier objet connecté, en 2005, le «Nabaztag», un lapin de 23 cm de haut, capable d émettre des messages vocaux ou lumineux. «D Mais qu est-ce qu un objet connecté? Les anglo-saxons emploient couramment le terme d Internet of Things (IOT), traduit en Français par Internet des objets (IDO). On parle également d objet communiquant dès lors qu un objet du quotidien envoie des données à un smartphone ou à une tablette, par Wifi ou Bluetooth. Pour ne pas y perdre son latin, un coup d œil dans la littérature spécialisée du secteur s im CONFORTIQUE MAGAZINE 241-2e Semestre 2014 pose. «L Internet des objets est un rédélivrent des services par principe seau de réseaux qui permet, via des connectés», explique Elodie systèmes d identification électronique Bongrain, directrice de projet et normalisés et unifiés, et des disposidesigner chez Faber Novel. Très tifs mobiles sans fil, d identifier dijeunes, ces sociétés conçoivent exrectement et sans ambiguïté des enclusivement des objets connectités numériques et des objets phy- Une ampoule LED de tés. «Les pure players ont, elles, siques et ainsi de pouvoir récupérer, AwoX, munie d un misé sur la dématérialisation du stocker, transférer et traiter, sans dis- haut-parleur WiFi, qui service.» Amazon est l exemple continuité entre les mondes physiques se connecte au type. Arrivent enfin les indussystème audio du et virtuels, les données s y rattachant. foyer, triels, «des acteurs qui traditiondiffuse la» (L Internet des Objets, de Pierre- playlist d un nellement faisaient des objets. Jean Benghozi, Sylvain Bureau et smartphone, propose Certains ont perçu la nécessité de Françoise Massit-Folléa, Editions différentes passer au connecté.» Et de citer le MSH.) D aucuns font alors la dis- ambiances, en cas de John Dear, le spécialiste tinction entre objet communiquant couleurs et en odeurs. américain des machines agricoles. et objet intelligent, le second étant «Ils ont commencé à connecter «capable de collecter des données et de les analeurs machines. L offre va donc aujourd hui lyser. Il en résulte une action de l objet luiau-delà de la machine, elle englobe un sermême, une recommandation, une alerte», sevice qui va aider l agriculteur.» lon la définition de l Institut d études GFK. Plusieurs relations connectées se présentent : la communication «machine to machine», il s agit par exemple des solutions Les acteurs du connecté Nest ou Mother de Sen.se qui prennent le contrôle de tous les appareils de la maiil convient de distinguer les acteurs du son ; la communication Objets connecconnecté en fonction de la nature de leur entreprise. De plus en plus médiatisées, tés/homme, ce sont par exemple les les entreprises natives de l Internet of trackers d activité qui nous tiennent au Things «sont nées avec ce phénomène. Elles courant du nombre de pas réalisés ou ca-

2 Dossier connectes.qxp_chiffres 07/08/ :48 Page79 objets CoNNECTés connecté Dossier réalisé par Noémie Martin D ici 2020, 50 milliards d objets connectés devraient circuler dans le monde. Les Français possèdent déjà en moyenne 6 objets connectés par foyer et tous les experts et acteurs du monde connecté s accordent à dire que nous n en sommes qu au début de cette révolution numérique qui redessine d ores et déjà la société contemporaine et bouleverse la société demain. Alima, de AirboxLab, quantifie les composés organiques volatiles, les particules fines, le monoxyde et le dioxyde de carbone ainsi que la température et l'humidité d'une pièce. Ce boîtier devrait être commercialisé dès octobre, en ligne lories dépensées dans la journée. Et enfin, la relation «machine to service» définit ces objets qui se connectent à un service en ligne, par exemple des enceintes qui accèdent et diffusent les morceaux de musique de la plateforme en ligne Spotify. figurent dans le Top 8 des meilleures innovations exposées lors du salon, classement réalisé par le magazine Wired, la Bible de la high-tech aux États-Unis. La «French Tech» a décidément le vent en poupe. Un engouement national pour Offrir un service avec l objet, prolonger la les nouvelles technologies relation avec le consommateur au-delà de l acte d achat... cette révolution numérique «Les Français sont très en pointe et très semble promis à un bel avenir! Le tourfriands de nouvelles technolonant s est opéré en début d année, gies. Les entrepreneurs l ont très lors du plus gros salon mondial vite été», rajoute Fabrice consacré aux nouvelles technologies, le CES de Las Vegas (Consumer Collaro, spécialiste des nouelectronics Show). Ce La Mecque velles technologies pour TF1 des nouvelles technos donne le LA depuis près de 25 ans. Le aux constructeurs et distributeurs journaliste estime que «pour et révèle chaque année des start-ups une fois, les consommateurs innovantes. Parmi les 3500 expofrançais sont un tout petit peu sants présents, les Français se sont en avance par rapport aux taillé la part du lion. Sur une cen- Withings déclare Etat-Unis». En 2013, les obtaine d entreprises franc aises à s être avoir conçu jets connectés ont ainsi généré déplacées outre-atlantique, du 7 au «la première 11,5 milliards d euros de chif10 janvier, cinq start-ups franc aises smartwatch qui soit fre d affaires en France, soit ont e te prime es (Netatmo, vraiment une montre 50 % des biens techniques» Activité se distingue Medissimo, Withings, Parrot, de ses concurrents vendus, établissant une Sen.se). Quatre d entre elles par son design et ses moyenne de presque 6 objets (Withings, Netatmo, Sen-se, Parrot) matériaux de luxe. connectés par foyer. Les distributeurs surfent sur cet engouement du public. Certains foncent à 100%, à l instar de Lick, le premier réseau de magasins dédiés aux objets connectés, lancé cette année. D autres créent leurs propres objets connectés. C est le cas de Darty, avec son bouton connecté 24 h/24 à un service d assistance à distance. Les opérateurs historiques des télécoms ne sont pas en reste. Jamais leurs gammes de produits connectés vendus en agences n auront été aussi riches que cet été. Bracelets et Smart Watch notamment, fers de lance du bienêtre connecté, aux côtés desquelles sont désormais proposées des solutions de sécurité connectée. Car les alarmes, détecteurs de mouvements et de fumées sont les objets les plus plébiscités par les consommateurs (80 à 85 % des clients de la FNAC). Et les acheteurs vont aujourd hui au-delà des geeks et autres early adopters, les acteurs du secteur s adressent désormais au grand public. De la chambre au salon, de la maison au bureau, du lit au terrain de tennis, les solutions pour contrôler à distance son habitat, atteindre des objectifs de forme ou accompagner enfants ou personnes âgées se multiplient, dans des gammes de prix de plus en plus accessibles. Maison, santé, loisirs connectés, avec près d un Français sur deux équipé d un smartphone, le connecté entre dans nos vies et s impose comme un compagnon, une aide, un facilitateur au quotidien. Un levier pour l économie française? La moitié des biens techniques vendus l année dernière était connecté. Ce potentiel levier de l économie française, l Etat compte bien l actionner. Au mois de juin, le ministre de l Economie Arnaud Montebourg clamait haut et fort son souhait de voir la France devenir le berceau mondial des objets connectés. Le mouvement est déjà enclenché puisque les objets connectés constituent l un des 34 plans de la nouvelle France industrielle annoncés par le gouvernement en septembre Parmi les mesures entérinées, la construction d une cité qui leur sera consacrée, à Angers, devrait débuter d ici la fin de l année. CONFORTIQUE MAGAZINE 241-2e Semestre

3 Dossier connectes.qxp_chiffres 07/08/ :48 Page80 DossiEr Cette cité incarnera le savoir-faire français en matière d Internet des objets. Elle offrira un espace de travail et de collaboration aux start-ups françaises, tout en abritant des outils de fabrications adéquats. Les jeunes talents de l Internet ont besoin de coups de pouce, car si les compétences ne manquent pas dans l Hexagone, les investissements sont en revanche plus timides qu aux Etats-Unis. L envie néanmoins est là et les Frenchis semblent bien décider à transformer l essai. Les rendez-vous octobre ces Unveiled, PariS janvier Le consumer electronics Show (ces), LaS vegas février Le Mobile World congress (MWc), barcelone techdays de Microsoft, PariS MarS innorobo, Lyon festival south by southwest, austin, etats-unis Mai Le Medpi, Monaco juin Les trophées des objets connectés, PariS futur en Seine, PariS french tech, france connected conference, PariS SePteMbre ifa, berlin Uav show (drones), bordeaux fin octobre Salon connect-it, PariS DéceMbre La conférence du web, PariS et bien d autres encore...! Les objets connectés en chiffres l 15 milliards d objets connectés dans le monde en 2014 (Source idate) l 80 milliards à l horizon 2020 (source idate) soit 2000 milliards de dollars de revenus à l horizon 2020 (source gartner) l 80 % de la valeur résidera dans les services contre 20 % dans les objets euxmêmes (Source gartner) l 1 bien technique sur 2 vendu en france en 2013 (source gfk) ventes générées en millions d euros (source gfk) 2013 : 64 millions d euros 2014 : 150 millions d euros 2015 : 400 millions d euros l 30,2 millions d objets connectés ont été vendus en france en 2013 Dont :14 millions de produits bruns et gris bracelets, montres et pèse-personnes connectés (source gfk) l 54 millions d objets connectés portés sur soi vendus dans le monde en 2013 l 146 millions de ventes attendues en 2015 l 330 millions de chiffre d affaires en 2013 pour les bracelets et montres connectés (Source abi) l 80 % des objets connectés ne trouveront pas de business model fiables d ici 2020 ( Les français et Les objets connectés l 5 millions d utilisateurs français en 2013 (etude atelier bnp Paribas) l Pour 73 % des internautes français, la notion d objets connectés est familière (etude npa conseil- ccm benchmark) l 82 % estiment que les objets connectés sont des objets utiles pouvant faciliter leur vie quotidienne (etude ifop pour Microsoft) l 92 % trouvent que les objets connectés soulèvent des questions concernant le respect de la vie privée. (etude ifop pour Microsoft) l 49 % des français considèrent que les objets connectés sont trop chers (etude toucan toco) l 80 à 85 % des clients fnac plébiscitent en premier les systèmes de sécurité, alarmes et détecteurs incendie (etude fnac/ Livosphere) ParLez-vous L Internet des objets? Iot : internet of things ou Ido internet des objets en français. Quantified self : mouvement qui regroupe les outils, les principes et les méthodes permettant à chacun de mesurer ses données personnelles, de les analyser et de les partager (objets connectés, applications mobiles ou web). androïd wear/ wearable : produits connectés que l on porte sur soi (montres, t-shirt, etc.). ble : bluetooth Low energy, standard de connexion économe en énergie. Ibeacon : pour pointes de vente, dispositif qui utilise le ble et permet de voir nombre de visiteurs ayant activité leur bluetooth dans le magasin, avec la possibilité de leur envoyer de la publicité ciblée. MeMs (Micro electro Mecanical System) : technologie permettant de miniaturiser la mécanique dans les puces (leader St micro). energy harvesting : récupération d énergie, objets connectés sans batteries ( interrupteurs par exemple). M to M machine to machine : appareils qui communiquent entre eux, sans smartphone CONFORTIQUE MAGAZINE e Semestre 2014

4 Dossier connectes.qxp_chiffres 07/08/ :48 Page81 objets CoNNECTés La Maison, laboratoire du connecté Le foyer reste le premier terrain de jeu des concepteurs d objets connectés. Acteurs traditionnels et start-ups se ruent vers ce marché. Pas un jour ne passe sans qu un nouveau produit ne sorte. Un milliard de smartphones utilisés dans le monde, c est autant d utilisateurs d objets connectés potentiels. «Selon Juniper, le segment de la maison connectéé générera un chiffre d affaires de plus de 70 milliards de dollars d ici à 2018», s enthousiasme Loïc Poirier, Directeur Général d Archos. Cette évolution technologique impacte directement le fonctionnement traditionnel du foyer et le quotidien de ses occupants. Il est désormais possible de savoir précisément à la minute près quand les enfants rentrent de l école, lancer une machine à laver à km de chez soi ou diffuser une bonne odeur dans le salon à partir d une ampoule. La première chose que les Français semblent vouloir savoir, c est si leur foyer va bien. Au mois de juin dernier, la FNAC dévoilait ainsi une étude réalisée avec le cabinet de conseil spécialisé en objets connectés, Livosphere. Les solutions de smart sécurité pour la maison sont les objets communicants considérés comme étant les plus utiles (pour 80 à 85 % des 2000 clients FNAC interrogés). Paradoxalement, le dernier objet connecté que 58 % d entre eux déclarent avoir acheté est une montre ou un bracelet connectés. «Il y a un contraste entre l utilité et les achats. ( ) Cela est directement lié à l offre. On trouve beaucoup de bracelets, de balances connectées, etc. Ces produits attirent les early adopters, les geeks, les franges technophiles de la population, mais finalesen.se et son emblématique fondateur, rafi Haladjian, sortent la Mother et ses cookies à la rentrée. Cette figurine de 16 cm de haut est connectée via une box à une famille de capteurs sans fil, des cookies oblongs que l'on appose sur tout objet. Ces détecteurs de mouvements donnent des informations sur la marche, la médication, la température des pièces, le sommeil, etc. Une douzaine d'applications ont été prévues. faciliter le quotidien Radiateurs, fenêtres, portes, mais aussi lumières, lit, compteurs d eau, cuisinière, télévision... Il n est plus une pièce de la maison qui ne puisse être, ne serait-ce que partiellement, connectée. Le fondateur de la société Netatmo, Frédéric Potter, remet sagement le phénomène en perspective : «Finalement, tous nos objets vont devenir petit à petit connectés à notre téléphone et nous donner des informations pour nous accompagner. ( ) C est le processus continu de révolution industrielle porteur d une promesse : une vie plus confortable et plus simple.» La raison d être et la clef de survie d un objet connecté, c est évidemment sa capacité à nous faciliter la vie. Rafi Haladjian, pionnier du numérique en France, entrevoit ce phénomène de façon plus globale. De son point de vue, cela dépasse le technologique. «Il y a une transformation qui est en train d avoir lieu, qui mettra 10 ans à se dérouler. Nous avons développé une addiction à la «connaissabilité», à l envie de savoir. Au fur et à mesure, on va supporter de moins en moins de ne pas savoir quelque chose.» contrôler à distance son foyer Archos vient de lancer cette année sa gamme Connected Home. Une tablette dédiée est vendue pour 229,99 euros avec un écosystème comprenant 6 accessoires (2 mini-caméras pour prendre des photos, 2 movement tags pour détecter les mouvements ou ouvertures de portes et 2 weather tags pour mesurer la température et le taux d'humidité). CONFORTIQUE MAGAZINE e Semestre

5 Dossier connectes.qxp_chiffres 07/08/ :48 Page82 DossiEr ment le marché est bien plus large, puisque la sécurité domotique est la plus plébiscitée.» La sécurité a donc été l un des premiers secteurs révolutionnés par les solutions intelligentes. Autrefois réservé aux entreprises du privée ayant pignon sur rue, le gardiennage de la maison (système d alarmes, détection de fumée, etc.) a été complètement bouleversé par l arrivée de centrales connectées. Les premiers à l avoir proposé ont été Myfox. A l arrivée en 2009 de Jean-Marc Prunet à sa tête, 40 % de la population française est équipée de smartphones. Les professionnels estiment que seuls 8 à 9 % des foyers français sont équipés en systèmes d alarme, connectés ou non, sur 32,5 millions de foyers en France. Le potentiel du marché est donc énorme. Le leader de la sécurité connectée élargit aujourd hui ses compétences au chauffage, en proposant des modules additionnels au pack initial qui permettent de changer son mode de chauffage à distance. «Mesurer l invisible» Le chauffage et la météo constituent également le cœur du travail de Netatmo. «Mesurer l invisible», voilà le crédo affiché par son fondateur, Frédéric Potter (cofondateur de Withings). La station météo récompensée au CES de 2013 délivre à l usager des prévisions géolocalisées, elle analyse la qualité de l air extérieur et intérieur. La jeune start-up AirboxLab s est elle aussi positionnée sur ce segment de la qualité de l air, mais uniquement intérieur. Son cofondateur, Jacques Touillon, entrevoit Alima comme un moyen pour interpeller tout à chacun sur les bons réflexes à prendre pour mieux respirer et ainsi être en meilleure santé, puisque la pollution intérieure est jusqu à huit fois supérieure à la pollution extérieure. De la qualité à la température de l air, la tendance au développement durable lié au bien-être reste la même. Netatmo s impose encore une fois dans cette catégorie, avec son thermostat, lancé cette année et primé au CES. Le thermostat de Netatmo, designé par Philippe starck, contrôle à distance le chauffage du foyer, ce qui peut à terme générer une économie de 25 % sur la facture d'électricité. La station météo de Netatmo, primée en 2013 au CEs de Las Vegas, a été le premier dispositif intelligent donnant des informations sur la qualité de l air extérieur et intérieur. Ce boîtier contrôle à distance le chauffage du foyer, ce qui peut à terme générer une économie de 25 % sur la facture d électricité, selon l Ademe (l Agence de l Environnement et de la Maîtrise de l Energie). Les opérateurs de téléphone mobile explorent la domotique Autre marché colossal : celui de la domotique, d autant plus à la veille de l entrée en vigueur de la loi, au 8 mars 2015, obligeant les foyers français à s équiper de détecteurs de fumée. Les professionnels du secteur, industriels classiques ou PME du numérique, sentaient depuis quelques mois arriver une nouvelle concurrence, celle des opérateurs de téléphonie mobile. Bouygues Telecom, SFR et Orange ont développé de nouvelles solutions, via leur box ou par des services associés et de nouveaux appareils (Myplug pour Orange). Bouygues Telecom, a ainsi testé dès l année dernière son application B. Domo, dans des immeubles d Aubervilliers et de Cachan, «une application domotique et sociale de l habitat connecté». L opérateur s inscrit dans une démarche de cocréation, il centralise sur une même plateforme diverses solutions de domotiques fabriquées par d autres. B. Domo propose un relevé détaillé et en temps réel de la consommation en électricité et en eau des riverains, un pilotage à distance des volets et du thermostat, l accès à un réseau social local pour l immeuble et le quartier et en option un système de sécurité Myfox et une station météo Netatmo. L opérateur se place donc davantage en tant que portail et agrégateur d usage, il s associe aux acteurs de la sécurité, du chauffage et de la domotique connectés. SFR a officialisé début juin la commercialisation d une boxe premium réunissant l ensemble des services proposés par l opérateur autour du divertissement et du contrôle intelligent du domicile : les «extras» lancés en 2013 et inclus dans les formules carrées et le service de sécurité et de domotique «Home by SFR», lancé en Les extras comprennent les films et séries de Canalplay, Gameloft (jeux vidéo), l application d aide à la conduite Coyote, l accès à la plateforme musicale Napster, BeIN Sport, des modules de VOD, de chaînes jeunesses... Et depuis juin 2012, et désormais sur la box SFR, les utilisateurs peuvent bénéficier pour 48,99 euros en tout par mois d un pilotage à distance de leur domicile, via un pack alarme vidéo complet et un écosystème ouvert aux produits Legrand, Philips et Europ Assistance. Ce pack se compose d une sirène intérieure, d un détecteur d ouverture et d une caméra HD vision nocturne avec détecteurs de mouvement et de fumée. L opérateur table sur un million d objets connectés sur cette plateforme d ici la fin de l année. Chez Orange, les détecteurs de fumée ou de fuite d eau ne font qu accompagner une sorte de cerveau central de l habitat. Pas 82 - CONFORTIQUE MAGAZINE e Semestre 2014

6 Dossier connectes.qxp_chiffres 07/08/ :48 Page83 objets CoNNECTés de nouvelle box non plus, mais une deuxième génération de Myplug, Myplug2, deux ans après le lancement de la première. Cette prise murale chapeaute tout un écosystème d objets grâce à une carte SIM située à l intérieur. Elle communique via une technologie de transmission peu coûteuse en énergie, le standard Zigbee. L originalité de cette solution tient en ce qu elle est proposée aux particuliers, mais aussi aux PME. Les entreprises peuvent acheter la technologie et la solution développées par Orange, les revendre intégrées à leurs produits, sous leurs propres étiquettes si elles le souhaitent. «L idée c est de développer la co-construction de services croisés, explique Philippe Delbary, directeur marketing en charge de l innovation des objets connectés. Nous proposons des adaptateurs qui traduisent les protocoles, dans une logique de partenariat pour éviter que les PME ne changent de logique industrielle au lancement d un nouveau produit. On leur apporte un complément, une brique qui leur permet de communiquer avec Myplug pour avoir un module sans avoir à le développer.» Les écosystèmes tout connectés À l instar d Orange, les entreprises natives de l Internet of Things ont vite compris l importance de conceptualiser une sorte de cerveau central connecté aux neurones que sont les appareils du foyer. Après l installation, souvent très simple, l usagé n intervient plus. Il reçoit directement sur son smartphone les données issues de ces communications «machine to machine» et dispose d un service global. L Américain NEST a ainsi commercialisé le premier thermostat intelligent, dont l inventeur n est autre que le père de l ipod, Tony Fadell. Nest devrait arriver sous peu en France. Aujourd hui les Français sont eux aussi dans les starting-blocks. La Mother et ses motion cookies de Rafi Haladjian est particulièrement attendue à la rentrée. Cette figurine de 16 cm de haut est connectée via une box à une famille de capteurs sans fil, des cookies oblongs que l on appose sur tout objet (ou personne par extension) desquels on souhaite être informé des mouvements. A sa sortie, une douzaine d applications l accompagneront (marche, orange lance la seconde génération de MyPLug. My plug 2 est une prise murale qui contrôle tout un écosystème d'objets connectés grâce à une carte sim située à l'intérieur. Cette solution s'adresse tant aux particuliers qu'aux PME, pour connecter leurs produits sans changer de modèle industriel. sfr a officialisé début juin la commercialisation d'une boxe premium réunissant l'ensemble des services proposés par l'opérateur autour du divertissement et du contrôle intelligent du domicile. Home By sfr est proposée à 48,99 euros en tout par mois. Une offre éclairage y est également associée. température, expresso, médication, sommeil, etc.). L utilisateur est autonome, à lui de choisir où placer les cookies, en fonction de ses préoccupations. «L avenir de la vie connectée est à la solution globale qui lui permet de faire plein de choses différentes, argumente le fondateur de Sen.se. Cela évite d acheter un produit pour chaque besoin ; le produit s adapte à l utilisateur. Il n y a pas de segmentation dans ma tête, un choix entre santé ou maison connectée, tout comme l on ne se dit pas je vais acheter un téléphone pour appeler le plombier et un autre pour le docteur.» Mother, la mère, un nom de produit qui marque un phénomène annoncé par certains analystes du secteur. «On va aller vers des objets ayant des comportements humains. (...) Avec l intelligence connectée, les objets acquièrent une capacité de prédiction et de recommandation. C est presque comme s adresser à son meilleur ami!», s émerveille Elodie Bongrain, Directrice de projet et designer au sein de l agence d innovation Faber Novel.Le premier fabricant de tablettes sous système Androïd, Archos, vient également de lancer sa gamme Connected Home. Cette tablette pour également prendre le contrôle des appareils de domotique fonctionnant sur la fréquence 433 Hz (prises électriques, volets roulants, fixations à ampoule, etc.). Toujours dans cette dynamique de solution globale connectant des familles entières d objets, la Matoocard de Matooma, connecte aujourd hui objets pour le compte de 600 clients. Ces solutions, fabriquées par certains et sur lesquelles d autres peuvent connecter leurs produits, correspondent à ce que la designer Elodie Bongrain appelle «l interopérabilité des systèmes, une donnée de plus en plus indispensable qui déstabilise le marché, mais représente une bonne nouvelle pour les utilisateurs». Et Fabrice Collaro de renchérir que «les tablettes et smartphones deviennent les télécommandes de tout». La multiplication de solutions globales et ouvertes semble effectivement donner raison au spécialiste des nouvelles technologies de la chaîne TF1. Plus qu une ampoule, un entremetteur de technologies De la connexion du sol au plafond et plus précisément du sol au plafonnier. L ampoule remplit une pièce de lumière et désormais de bien plus, elle réveille, diffuse de la musique, du parfum ou se connecte à la télévision. CONFORTIQUE MAGAZINE e Semestre

7 Dossier connectes.qxp_chiffres 07/08/ :48 Page84 DossiEr La start-up montpelliéraine AwoX offre une gamme d ampoules et un Striims stick, distribués depuis cet été dans le réseau Bouygues Telecom. Ces gammes correspondent à sa philosophie : «Mettre de la connectivité partout dans la maison», selon son vice-président, Bernard Escallier. La couleur et l intensité des ampoules Awox peuvent être contrôlées depuis un smartphone ou une tablette, en passant pour la plupart par le standard BLE (Bluetooth Low Energy), très en vogue dans l univers de la communication intelligente parce qu économe en énergie. AwoX a imaginé une série d ampoules équipées de petites enceintes qui se connectent au smartphone et diffusent les playlists. Une réserve d huile essentielle peut également être clipsée à l ampoule pour diffuser du parfum et assainir l air de la pièce. Quant au Striim stick, il reproduit l écran de la tablette ou du smartphone sur l écran télévision, sans fil. De même, Belkin fabrique une ampoule comprenant un variateur qui se pilote via l application conçue pour la maison par la marque. Un boîtier sert de passerelle entre la box Internet et jusqu à 50 ampoules. Un mode vacances simule une présence dans le logement. Les ampoules connectées de Philips incluent des variations d ambiance et de couleurs. Il y a là encore «interopérabilité» pour les produits Belkin puisqu ils sont compatibles avec l application IFTTT. If this then that (IFTTT, «Si ceci, alors cela») est un service gratuit qui automatise les actions du quotidien sur le web en servant de plateforme, de pont entre une centaine de services (Facebook, Twitter, Gmail, Instagram, etc.). Parrot, Withings, Myfox, Netatmo et Nest y sont. «La meilleure façon de faire grossir le gâteau, c est de se réunir», estime Cyril Barreteau, Responsable marketing chez Myfox. Autre spécialiste de la lumière connectée, Hôli a conçu SleepCompanion, une lampe de chevet réveillant le dormeur à l aide d ambiances et de lumières douces, elle cible les cycles de sommeil appropriés, dans un spectre horaire indiqué par celui-ci. cuisiner avec son smartphone Moins connues pour l instant, les solutions pour la cuisine se multiplient. Les grands 84 - CONFORTIQUE MAGAZINE e Semestre 2014 noms de l électroménager, industriels préère objets connectés, tentent de redessiner ces objets incontournables du quotidien qui ont fait leur succès. La cocotte-minute par exemple en ce qui concerne Seb, créee voici 60 ans. Le fabricant a présenté au CES une déclinaison intelligente de cet indémodable, un modèle baptisé Nutricook. Cet autocuiseur intelligent cuit les aliments en fonction de programmes adaptés à leurs familles alimentaires. Cofondée par Eric Careel en 2010, invoxia s'est spécialisée dans la conception de postes de bureaux très désign, présentant des qualités audio remarquables, et capables de basculer du smartphone au téléphone fixe ou à la tablette. Pour préserver saveurs et nutriments, un minuteur intelligent déduit le temps de cuisson à partir des premiers nuages de vapeur. Une application connectée au smartphone propose ensuite au cuisinier quelques recettes, spécialement conçues pour Nutricook. et le bureau? Le monde de l entreprise n a pas été oublié par les concepteurs d objets connectés. Il est même courtisé par leur leader, Eric Careel, cofondateur de Withings et cofondateur d une autre entreprise en 2010, Invoxia. La société s est spécialisée dans la conception de postes de bureaux très design, présentant des qualités audio remarquables, et capables de basculer du smartphone au téléphone fixe ou à la tablette. «Nous sommes partis du postulat qu aujourd hui nous avons tous sur notre bureau des téléphones fixes moches, avec beaucoup de fonctionnalités, mais trop compliqués à utiliser», raconte Pascal Dussiau, son directeur commercial. Les employés emportent de plus en plus leur propre matériel au travail, d où l intérêt pour eux de télécharger sur leur mobile une application permettant de gérer l ensemble des appels, qu ils arrivent via téléphone fixe ou mobile. La société cible notamment les TPE et PME. Elle réalise 80 % de son chiffre d affaire aux Etats-Unis, puisque là-bas les communications mobiles coûtent encore très chères. Se rendre indispensable pour perdurer A chacun de cuisiner à sa sauce ces objets facilitateurs de quotidien, en fonction de ses besoins. Car c est bien là la recette de la pérennité d un objet connecté, quel que soit son champ d action. «On est dans une situation d explosion des objets connectés. Il va forcément y avoir une sélection naturelle. Leur survie dépend du business model, de la communication, de la fiabilité et de l expérience utilisateur. L objet doit apporter une valeur ajoutée. Les gens n ont pas besoin que tout soit à 100 % connecté, ils ont besoin de résoudre certains problèmes qui varient en fonction des localités et des cultures. Certains objets connectés vont devenir la norme», analyse Elodie Bongrain, du cabinet de conseils en innovation Faber Novel. Ce boom favorisé par des équipes françaises d ingénieurs, de designers et de communicants inventifs risque donc de s essouffler, mais selon Rafi Haladjian, «il vaut mieux qu il y ait une émulation, que chacun essaie plein de choses que le contraire. C était pareil au début d Internet. Au final, le choix entre deux produits, connectés ou non, est souvent fait en fonction du prix.» Pour d autres observateurs avertis du secteur, cela va au-delà de la contrainte budgétaire. Dimitri Carbonnelle, fondateur de l agence de conseil Livosphere, recoupe ce pic de l offre avec le cycle de Gartner. «Pour l instant, on est tout en haut de la première courbe (phase où le phénomène est à son paroxysme, NDLR). Je pense que cette phase va s arrêter à la fin de l année ou au début de l année prochaine et que l activité remontera début Il va y avoir un écrémage assez fort et on va revenir vers du basique. Il faut pour survivre définir un vrai besoin, le problème de l utilisateur et adresser une cible claire.» Quoi qu il en soit, les objets connectés n ont jamais été aussi abordables, aussi bien en termes de prix que de technicité. A mesure que les inventions se multiplient, leur rôle évolue et monte en puissance, car demain ils pourraient ne plus simplement faciliter notre vie, mais la sauver.

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9 Dossier connectes.qxp_chiffres 07/08/ :48 Page86 DossiEr Vivons bien, vivons connectés! Mesurer son activité physique, surveiller son poids et son alimentation, évaluer sa qualité de sommeil, prendre sa tension, ne pas oublier une prise de médicaments... Sans être médecin, l utilisateur d objets connectés est aujourd hui suréquipé pour bichonner sa santé. Du bien-être à la médication en passant par l accompagnement des personnes dépendantes, s il est bien un domaine où les technologies intelligentes révèlent leur utilité, c est la santé. Des objets connectés qui redonnent sens à l adage "mieux vaut prévenir que guérir". Fin 2013, plus de applications pour smartphones dédiées à la santé circulaient sur le marché mondial. Cet engouement du grand public pour son bien-être et sa santé semblent aujourd hui se réorienter sur les déclinaisons matérielles de ces applications, montres, bracelets, balances connectés et autres appareils conçus pour accompagner l usager au quotidien, l aider à attendre des objectifs de forme et se maintenir en bonne santé. Un terme novateur a ainsi envahi la presse spécialisée depuis quelques mois : le quantified self. Ce terme désigne tous ces appareils et applications mobile et web qui nous transmettent des données sur nousmêmes, sur notre corps et ses activités. Destinés au grand pubic, ces objets donnent à l utilisateur une grande autonomie, via des applications d auto-mesure sur smartphones ou tablettes. L idée : être son propre coach. Son smartphone au poignet Sony et Samsung en sont déjà à leur seconde génération de montres connectées. La SmartWatch 2 de Sony, a abandonné le cadran-clip au profit d un modèle plus classique avec cadran et bracelet. Elle ne possède pas de micro ni de haut-parleur, contrairement à ses concurrentes. Elle relaie les notifications diverses reçues sur le smartphone, permet de lire un SMS, mais de n y répondre qu avec des formules simples préenregistrées. Elle permet néanmoins de passer, prendre et rejeter les appels vocaux. Le défaut des montres connectées est en général leur autonomie, d une journée environ. Mesurer son activité physique 24 h/24 Tous ces objets connectés que l on porte sur soi entrent dans la catégorie dite des wearable. Les vêtements en font aussi partie. La société Citizen Sciences conçoit par 86 - CONFORTIQUE MAGAZINE e Semestre 2014 Assystel, acteur historique de la téléassistance, s'est associé à Matooma, spécialiste de la communication et de la gestion des objets connectés, pour créer le bijou Framboise. Ce bijou détecte la moindre situation d'urgence, notamment les chutes. En cas de problème, un conseiller établit une communciation via un haut-parleur dédié avec la personne âgée. Terraillon pèse personne et bracelet : Le leader de la vente de pèse-personnes traditionnels en France a lancé sa balance connectée à la fin de l'année dernière et un bracelet, tracker d'activité, en juin. exemple des textiles connectés, équipés de capteurs encapsulés dans du fil (t-shirt, chaussettes, etc.). Un petit boîtier placé dans le dos envoie par Bluetooth des informations sur smartphone, avec un support informatique. Douze points sont ainsi répartis sur le corps, délivrant des informations sur la position GPS, l altitude ou l activité cardiaque de l utilisateur. il faut se connecter pour être belle La beauté connectée commence également à émerger. Ces appareils de quantified self «nous donnent des éléments tangibles pour nous dépasser, en rendant visible ce qui était autrefois invisible. Ils nous apprennent à mieux nous connaître et à agir en connaissance pour notre bien-être», résume Elodie Bongrain, de l agence d innovation Faber Novel. Du bien-être connecté à la santé Les professionnels du médical ont toujours plutôt bien accueilli les révolutions numériques susceptibles de faciliter leur travail et leur quotidien. 92 % des médecins français déclarent ainsi utiliser activement un dossier médical électronique dans leur cabinet ou établissement de soins. 77 % indiquent que ces solutions informatiques réduisent le risque d erreurs médicales et améliorent les décisions en termes de traitements et de diagnostics. Ces outils sont non seulement destinés aux personnels de santé, mais aussi aux patients et aux proches des patients. Ils optimisent la prévention et le suivi des maladies chroniques, l accès aux services de soins et l autonomisation des patients. Prise de température, pression artérielle, pouls, etc., les appareils communiquent ces données au médecin traitant, via SMS ou sur une plateforme dédiée, médecin qui est alors en mesure de les analyser et d ordonner les traitements adéquats. Le pharmacien est lui aussi concerné par ce changement numérique. Selon l OMS, «Résoudre le problème de la non-observance thérapeutique serait plus efficace que l avènement de n importe quel pro-

10 Dossier connectes.qxp_chiffres 07/08/ :48 Page87 objets CoNNECTés grès médical». Ce constat, Caroline Blochet l a également dressé depuis son officine de Lisieux. Trop de patients oublient ou se trompent de médicament, la pharmacienne a donc conceptualisé Imedipac, un pilulier connecté. Préparé par le pharmacien, le boîtier communique avec une plateforme web et mesure en temps réel la prise des médicaments. Des alertes lumineuses ou sonores rappellent à l ordre le patient, qui peut également paramétrer son boîtier pour partager à distance et en temps réel le suivi de son observance avec ses proches et/ou les réseaux de santé. Les données sont sécurisées conformément à la loi. Cette évolution technologique correspond selon Caroline Blochet à l évolution des tâches dévolues aux pharmaciens. «La loi Hôpital, patients, santé et territoires de 2012, propose aux professionnels de santé une politique de suivi de leurs patients. Le suivi de l observance fait partie des nouvelles missions attribuées aux pharmaciens. Sachant que l on compte 15 millions de patients chroniques en France et au minimum 2 millions en risque de santé, l impact de ce pilulier est inestimable.» 4000 à 6000 pharmacies devraient distribuer ce produit d ici la fin de l année, pour un prix oscillant entre 250 et 290 euros pour le boîtier dur, et 1 à 3 euros pour les recharges hebdomadaires. Preuve de cette montée en puissance du connecté dans l univers médical, deux des quatre innovations primées lors de la 9e édition des Objets de la nouvelle France industrielle en découlent directement. Le groupe EOS imaging a développé un dispositif médical d imagerie qui révolutionne la chaîne du traitement des principales maladies ostéo-articulaires et des chirurgies orthopédiques qui leur sont associées. Autre technologie distinguée : le sol intelligent et connecté mis au point par Tarkett destiné aux lieux de vie des personnes âgées. Le leader mondial des solutions intégrées de revêtements de sol et de surfaces sportives a conçu un sol analysant les mouvements du résident, qui détecte donc les chutes, les sorties ou intrusions dans sa chambre. Les solutions en matière de santé connectée «permettent de laisser les gens plus longtemps chez eux», selon Trista Bridges, fondatrice du blog rudebaguette. Du confort donc, mais sous un autre aspect. Pas de loisirs sans connexion À l instar des joueurs de football équipés de boîtiers connectés, le sportif amateur a aujourd hui la possibilité de mesurer sa progression et de bénéficier de conseils grâce à des outils intelligents, simples et performants. sport, mais aussi jardin ou littérature, aucune facette de notre vie n échappe aux ingénieurs et designers, créateurs de solutions intelligentes. Coup de projecteur sur 3 sociétés. Le connecté nous donnerait-il des supers pouvoir? a croire qu il est désormais (presque) possible d avoir le coup droit de nadal. babolat a conçu la première raquette intelligente, capable de se connecter au smartphone et de décortiquer le jeu grâce à de nombreuses Babolat a conçu la première raquette intelligente. statistiques. équipée d un accéléromètre, d un gyroscope, d un microprocesseur, la babolat Play Pure Drive capte chaque frappe de balle et collecte des données précises, données qui alimenteront un bilan de performances après l entraînement ou le match (commercialisée depuis mai au prix de 400 euros). Le rolling spider fait partie des deux modèles de mini-drones lancés cet été par Parrot. Précurseur dans l univers du divertissement connecté, Parrot a lancé les premiers drones grand public. «Il y a avant tout de la place pour les gadgets dans les objets connectés. Les gens veulent jouer, ils sont friands de loisirs. Au-delà d un objet connecté avec une utilité fondamentale pour l être humain, le gadget est souvent la bonne manière de rentrer dans une tendance», estime yannick Lévy, directeur du développement chez Parrot. La société a d abord développé des solutions de kits mains libres pour la voiture, basés sur la reconnaissance de la voix du conducteur. Son fondateur, Henri Seydoux, s intéresse ensuite aux marchés du divertissement pur et des loisirs, avec des solutions de casques audio haut de gamme, puis il lance, en 2010, le premier drone grand public. Dès la première année, ar Drone sont vendus. D ici la fin de l année et pour la première fois, Parrot lance le bebop, un drone avec une caméra embarquée compatible avec l oculus rift «l utilisateur aura l impression d être à bord de l appareil», s extasie yannick Levy. «On nous reproche parfois de partir dans tous les sens, mais on ne fait que des objets connectés chez Parrot», continue-t-il. Le jardinage alors? Pourquoi pas! aux etats-unis, il se vend plus de livres électroniques que de livres imprimés. Le leader hexagonal du secteur, le français bookeen, met à la disposition des clients de ses distributeurs présents dans 70 pays une bibliothèque contenant œuvres littéraires. bookeen a lancé en 2011 le cybook odyssey, une liseuse intuitive dotée de menus déroulants et d un navigateur web. il a ensuite développé en 2012 la technologie frontlight, qui joue sur l encre électronique pour que les pages soient visibles en plein soleil comme de nuit. Bookeen propose une bibliothèque contenant œuvres littéraires. CONFORTIQUE MAGAZINE e Semestre

11 Dossier connectes.qxp_chiffres 07/08/ :48 Page88 DossiEr Distributeurs comment faire présenter les objets connectés? en cette période d avènement du connecté, la clientèle a besoin d être guidée par des vendeurs. démonstrations et corners dédiés aux objets connectés sont plébiscités par les concepteurs. La fnac a ouvert cet été son premier flagship dédié aux objets connectés, une nouvelle boutique de 125 m2 sur les champs-elysées entièrement dédiée à la téléphonie et aux objets connectés. Parallèlement, le réseau bouygues telecom ouvrait cet été 30 à 40 espaces dédiés aux objets connectés dans ses points de vente. La chaîne de magasins Lick, qui leur est entièrement consacrée, a déjà ouvert 8 magasins et compte en inaugurer une dizaine d autres d ici la fin de l année (voir article). ces espaces concrétisent à la fois une réponse de la distribution à l engouement du public pour le connecté mais aussi une volonté marquée de faire de la pédagogie. car si les technophiles connaissent assez bien les solutions connectés (94 % des clients fnac, etude fnac/livosphere), le grand public beaucoup moins. Dimitri carbonnelle, auteur de Développer de nouveaux services avec les objets connectés, conseille aux distributeurs d apporter de la continuité de service (comme le «bouton» de Darty), d imaginer un nouveau canal de vente. «L objet connecté peut par exemple favoriser les ventes d un industriel de capsules de café. Le fabricant peut désormais savoir si l utilisateur est à court de recharges, de même, il sait si le client utilise ou non le produit qu il vient d acheter ce qui lui permet de réagir et de lui proposer éventuellement une autre solution, pour le fidéliser. Cela permet d améliorer le produit, de le moduler en fonction des besoins du client.» Quant à l exposition des produits, il est pour l instant nécessaire qu ils bénéficient d une catégorie à part, «pour les cinq années à venir, selon frédéric Potter. (...) En ce qui concerne Netatmo, nous réalisons 40 % de nos ventes en ligne, le reste en magasins. Les gens ont besoin d aller voir les produits. La distribution brick and mortar a de beaux jours devant elle dès lors qu elle scénarise correctement ces produits, avec une PLV et des démonstrations adéquates. (...) Mais un jour tous les objets seront connectés, on ne parlera donc plus d objets connectés.» encore une fois, il s entend sur ce point avec rafi Haldajian qui considère que cette visibilité «favorise l évangélisation, dans une période où c est encore nécessaire, disons pendant deux ou trois ans, mais à terme, ces produits rentreront dans le rang. Ce n est pas une catégorie à part, de la même manière qu il n y a pas de catégorie objets électriques» CONFORTIQUE MAGAZINE 241-2e Semestre 2014 Chrystel Abadie Truchet, Directrice générale du réseau Club Bouygues Telecom et Jérôme isnardi, responsable marketing

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13 Dossier connectes.qxp_chiffres 07/08/ :48 Page90 DossiEr Un levier de l Economie française? En septembre 2013, le ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, annonçait ses 34 plans pour une nouvelle France industrielle. il a fait du numérique, et en particulier des objets connectés, l un des fers de lance de ce renouveau économique. Mais les start-ups françaises sont-elles assez équipées pour affronter leurs concurrents internationaux? La France veut reprendre la main sur l innovation, mener la danse dans la conception d objets connectés. Une gageure? Pas forcément, mais sous certaines conditions. «La France est un pays d artisans dans un certain sens. Elle a été dépassée par le web, mais les objets connectés sont en quelque sorte faits avec les mains, on en revient donc aux artisans. Car ce ne sont pas juste des objets, ils doivent être beaux. ( ) L avance des Français n est pas énorme, mais elle est bien là, notamment avec des entreprises comme Withings, Parrot, Netatmo ou Myfox. Mais attention! Les autres pays avancent très vite!», autopsie Trista Bridges, cofondatrice de la Connected conference et de rudebaguette, blog dédié au monde du connecté. La France est dotée de compétences exceptionnelles en ingénieurs, software et hardware, et en designers, et les Français constituent l une des populations les plus friandes au monde de connecté. Jacques Touillon, fondateur de la start-up AirboxLab dresse néanmoins un constat désolant : «On est quasiment champions du monde de la création de l Internet des objets. Sur 10 objets créés chez Apple, la moitié est faite par des français. Il y a deux pôles dans le monde dans le secteur : nous et les Américains. Mais on n a pas les investisseurs ni les business angel qui suivent. C est juste à pleurer, on se trimballe en guenilles à côté des Américains...» Une analyse sévère mise en perspective par le spécialiste des nouvelles technologies chez TF1, le journaliste Fabrice Collaro. «Il y a deux sons de cloche en France. D un côté, il y a de plus en plus de clusters, de fablabs, pas mal d aides publiques et de l autre, des entreprises qui en semblent exclues. ( ) C est peut-être une question de réseau.» De même, Dimitri Carbonnelle, de l agence Livosphere, estime que «la France est un terreau extraordinaire pour les objets connectés. Elle 90 - CONFORTIQUE MAGAZINE e Semestre 2014 favorise leur émergence au travers d aides comme le crédit impôt/recherche, le crédit impôt/innovation les soutiens de la BPI ou des régions ou encore avec la French Tech, une initiative de l Etat pour promouvoir les start-ups.» Les champions français arrivent effectivement à lever des fonds. Et même si les sommes sont modestes en comparaison avec leurs confrères d outreatlantique, elles restent conséquentes : 25 millions d euros en 2013 pour Withings, 4,5 millions pour Netatmo et 3 millions pour MyFox. Le parcours du combattant de la start-up Il ne suffit pas d avoir LA bonne idée, encore faut-il avoir les moyens financiers pour la mener à terme. Certaines start-ups font appel aux citoyens pour concrétiser leurs idées, via des plateformes de crowfunding comme kickstarter ou Indiegogo. C est grâce à cette dernière qu AirboxLab a financé les premiers modèles de son boîtier mesurant la pollution intérieure. Les autres suivent un chemin balisé. Selon Dimitri Carbonnelle, «dans un premier temps, la start-up monte un proof of concept. Ce n est pas encore un prototype, mais les premières fonctionnalités de l objet sont là. Cela permet de voir s il y a un marché, des personnes intéressées. Les concepteurs se financent avec du Love money : leur argent personnel et/ou l argent de leurs proches. Cela nécessite moins de euros. La deuxième phase vise la réalisation du prototypage et l industrialisation de la première série et implique euros environ pour produire et distribuer les produits en quantité suffisante. Enfin, pour toucher le mass market dans le monde entier, il faut au minimum 1 million d euros.» Frédéric Potter (Netatmo) et Rafi Haladjian (Sen.Se) vont plus loin : ils estiment tous deux que la somme minimum pour assurer le lancement d un objet connecté avoisine les deux millions d euros. Yannick Levy, Directeur du développement chez Parrot, met en garde les jeunes arrivants sur ce marché très concurrentiel. «Il y a deux étapes délicates, l industrialisation du produit et sa distribution. Le prototype est faisable aujourd hui avec une imprimante 3D, mais ce n est vraiment pas simple de passer à la phase industrielle. Il faut garder des fonds pour le distribuer et le faire connaître. Un des écueils est de tout dépenser pour la conception.» Et de poursuivre, «il faut cibler des marchés nouveaux où les autres ne sont pas, accumuler des barrières à l entrée c est-à-dire mettre beaucoup de technologies dans le produit et beaucoup d intelligence dans l application.» «Le succès, c est aussi une question de marketing et d efficacité dans le traitement des données. Il y a un manque de communication dans les petites entreprises», ajoute Trista Bridges. Le plan objets connectés Les jeunes pousses de la French Tech devraient bientôt avoir un toit sur leurs têtes, à Angers, et ce d ici la fin de l année. La construction de la Cité des objets connectés est l un des plus gros chantiers impulsés par le Plan qui leur est dédié, piloté par Eric Careel de Withings. 15 millions d euros vont être investis sur trois à quatre ans pour la mise en place de ce site industriel de m 2. Avant son départ du gouvernement, Fleur Pellerin avait détaillé l ambition motivant ce projet : «Rassembler en un seul lieu bureaux de passage, outils de prototypage, un espace d innovation industrielle et l ensemble des outils nécessaires à la production industrielle d objets finis (électronique, mécanique, plasturgie, intégration).» Le plan objets connectés prévoit également

14 Dossier connectes.qxp_chiffres 07/08/ :48 Page91 objets CoNNECTés de «stimuler l offre française», notamment en facilitant les prêts à l industrialisation par la BPIfrance, et de promouvoir l offre française. Là, ce sont les distributeurs qui sont aux manettes, cinq enseignes en particulier : Darty, la FNAC, Lick, Auchan et Carrefour. Le gouvernement table aussi sur la mise en place d un réseau européen capable de supporter l explosion du nombre d objets connectés (80 milliards en 2020, selon l Idate). Le Français Sigfox est pressenti. Reste que l écrasante majorité de l Internet des objets est fabriqué en Chine. La maind œuvre y est moins chère et l expertise des Chinois en hardware n est plus à démontrer. Tous les fournisseurs sont également là-bas, ce qui assure une réactivité industrielle aux donneurs d ordre. Rafi Haladjian a été l un des premiers à émettre quelques doutes. Pour lui, «le secteur des objets connectés ne peut pas sauver tout le reste. Les entreprises doivent devenir connectées, cela les rend meilleures et plus compétitives à l échelle mondiale», et par effet collatéral, cela pourrait réinjecter de la compétitivité dans l économie française. Il ne faut, selon lui, pas se leurrer, «la fabrication n est pas vraiment en France et les start-ups n emploient pas des milliers de personnes, quelques centaines au mieux. Ce n est pas comparable à l industrie automobile», conclut-il. Elodie Bongrain reste confiante : «On peut reprendre la main sur l innovation ( ), mais tous les acteurs français devraient s unir pour représenter un vrai pôle de compétences. Il faut travailler en co-entreprises pour que les objets soient 100 % parfaits sur toute la chaîne.» en savoir PLus... livosphere.com rudebaguette.com frenchweb.fr les-objets-connectes.fr lesnumeriques.com stuffi.fr gizmodo.fr connected-object.fr journaldugeek.com zone-numerique.com Sécurité des données : ce que dit la loi entretien avec olivier desbiey, chargé des études prospectives au pôle innovation prospective de la cnil, la commission nationale de l informatique et des libertés. Quelle réglementation doivent respecter les fabricants d objets connectés? Le texte de référence reste la Loi informatique et libertés de Quand des données sont collectées, le but précis doit être clair pour le client. il faut tout d abord faire la distinction entre deux univers : celui du «quantified self» (capteurs, bracelets, montres, podomètres...) et celui des objets connectés liés à la domotique (stations météo, thermostat, alarmes, compteurs, etc.). Dans les deux cas, l utilisateur doit donner son accord pour que les données le concernant soient enregistrées, consentement qui ne doit pas être subordonné à l utilisation du produit. Si elles peuvent être appréhendées comme des données de santé, le cadre réglementaire est alors extrêmement strict. c est plus délicat à définir pour les produits dits de bienêtre. La question se pose pour les podomètres et les balances connectés ; les moniteurs de diabète et les tensiomètres entrent clairement dans cette catégorie santé. Les serveurs de l entreprise doivent alors être extrêmement sécurisés, les hébergeurs agréés «données de santé». Pour les données moins sensibles, il y a différents critères à respecter, notamment celui de faire remonter des données de communications chiffrées, de manière à ce que si d aventure elles étaient interceptées, elles soient difficilement interprétées. Mais à ma connaissance, nous n avons encore reçu aucune plainte sur les objets connectés. en cas d infraction néanmoins, une grosse dérive du style revente des données à des tiers, l entreprise doit tout de suite arrêter et une amende de euros peut être infligée. Le plus dur, c est la mauvaise publicité que cela entraîne ; l entreprise a l obligation d afficher en ligne la sanction, comme cela a été le cas pour google, pendant 48 h, en début d année google. Un règlement sur la protection des données personnelles est en discussion au niveau européen, il pourrait être applicable en 2017 et infliger une amende équivalente à 2 % du chiffre d affaires mondial de la société. comment accompagnez-vous les start-ups? De manière parfois informelle, beaucoup viennent nous voir dès le début de leur projet. c est ce que l on nomme la privacy by design, c est-à-dire le fait d intégrer très tôt dans le projet des questions de sécurisation des données. on leur conseille de faire une étude d impact de risques, avant le lancement d un nouveau produit. c est plus un état d esprit qui consiste à anticiper dès le début. Les grandes marques ont généralement des services juridiques solides, avec parfois un correspondant d informatique et libertés, une personne désignée par l entreprise, en charge des questions informatiques et libertés qui reçoit une formation à la cnil. comment travaillez-vous? Le département innovation de la cnil a été créé voici trois ans. il a vocation à travailler sur les secteurs émergents, qui posent de nouvelles questions sur la gestion des données de vie privée. nous disposons d un laboratoire : nous achetons des capteurs vendus sur le marché et nous les testons pour faire des recommandations. nous sommes plutôt dans une phase d observation et d accompagnement des usages. nous sommes trois chargés d études prospectives, pour une quinzaine d ingénieurs. au total, environ 200 personnes travaillent à la cnil, 75 % de juristes, 20 % d ingénieurs. en ce qui me concerne, je suis économiste de formation. CONFORTIQUE MAGAZINE e Semestre