Synthèse de la table ronde : forum des musées 13 novembre 2009

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1 Synthèse de la table ronde : forum des musées 13 novembre 2009 Organisation : Service culturel Université Paris-Sorbonne Paris IV Synthèse : BSIP et SCDE Intervenants : David Jacquard, responsable du développement des publics au Musée de Cluny depuis 2 ans, musée national du Moyen-âge. Avant, il a travaillé au musée territorial de Troyes, en Champagne. Marie-Christine Valla, responsable de la communication et de l action culturelle au Musée de l Assistance publique Hôpitaux de Paris, petit musée d institution au statut particulier. Anaïs Boucher, conservateur depuis le 1er juillet 2009 au Musée d Archéologie Nationale, situé dans le château de Saint-Germain-en-Laye. Serge Lemoine, professeur à Paris-Sorbonne depuis 1988, directeur du musée de Grenoble et à partir de 2001, directeur, puis président à partir de 2008 du Musée d Orsay. Intervention de Serge Lemoine Son parcours montre qu il est possible de devenir directeur. C est un universitaire qui a gravit tous les échelons de l enseignement et qui a toujours enseigné, même lorsqu il était directeur du musée de Grenoble puis du Musée d Orsay. Les métiers dans les musées, c est fondamental pour les étudiants qui font de l histoire de l art et qui veulent ensuite exercer dans cette discipline. Contrairement aux idées reçues, il y a des débouchés dans cette discipline. Il y a des demandes - la façon dont on est recruté est parfois aléatoire - mais il y a énormément de possibilités. Il y a différents domaines en histoire de l art : par exemple ceux qui se sont spécialisés et qui sont devenus des spécialistes dans le public ou le privé. Il ne faut pas oublier que les possibilités de travail dans le secteur privé sont très nombreuses, dans les galeries, dans le commerce, dans les ventes, dans l édition Il faut être au plus vite un étudiant qualifié dans ce domaine, en faisant de la recherche, en travaillant sur des sujets. Pour être sûr de trouver un débouché dans le monde des musées, il n y a qu une seule possibilité : passer les concours. Il est aussi de possible de travailler dans les musées avec d autres types de qualification, mais on ne sera jamais dans les musées nationaux ou considéré comme quelqu un de reconnu, sans le concours. Les choses sont peut-être en train de changer. Dans les musées, il y a tous types de métiers nécessaires à remplir les activités : - conservation du patrimoine (présentation des œuvres) - étudier la collection pour la mettre en valeur et la présenter - programmes éducatifs (créer des rapprochements, développer des expositions, publier ) - réaliser des recherches, les faire connaître - gérer des collections (conservation, enrichissement) - trouver des financements (recherches, expositions, recrutement) - entretenir les bâtiments, dépenses de fonctionnement - recevoir le public sur ce lieu de travail - élargir le public - travailler en équipe Les musées sont différents (taille, domaine, Paris/province ), ils ont des rapports de tutelle différents avec les ministères (Culture, Budget) et des collaborations externes ou non (Mécénat )

2 Ils ont différents statuts : nationaux, départementaux, communaux (rôle du maire et du conseil municipal comme par exemple la validation de l achats d œuvres, le recrutement ), les musées privés (comme le musée de Colmar). Les musées publics ne peuvent passer par des sociétés privés, à moins de faire des appels d offre et d ouvrir un marché public ; en règle générale, ce sont les employés du musée qui font le gardiennage, la communication. Le personnel est soit fonctionnaire (CDI par concours), soit contractuel (CDD). Possibilité de création de CDD ou CDI, dans le cadre de la constitution d'une équipe pour une mission très précise. Par exemple au Louvre, il existe une cellule mécénat composée de 18 personnes (CDD ou CDI) ; au Musée d Orsay le service communication embauche en CDD ou en CDI, le centre Pompidou également (l équipe est plus restreinte). Les musées embauchent des personnes formées et avec de l expérience : il faut faire des stages en plus des études universitaires. La professionnalisation des musées est très récente. Autrefois les musées étaient dirigés par des artistes, après 1945, les titres universitaires dominent (souvent l école du Louvres, la Sorbonne). En 1986, on observe la création de directions administratives par exemple à Grenoble (Secrétariat général, finances, ressources humaines, communication, bibliothèque ). Le musée devient une petite entreprise avec toutes sortes d activités. Au musée d Orsay : - contact avec les autres institutions - suivi des œuvres - transport - convoyage - assurance - appels d offres - jury - suivi de construction d expositions - rendu de chantiers Intervention de Anaïs Boucher Elle était étudiante à Paris 1 en 2005 ; elle a fait des stages notamment au musée de Cluny avec David Jacquard, dans la restauration, au Louvre où il y a beaucoup de vacataires. Après un master 2, elle a passé le concours de conservateur du patrimoine qu elle a réussi du premier coup : c est donc possible. Il faut faire des stages pour découvrir les métiers qui existent dans les musées, et pour mieux cerner les missions remplies par chacun. Il existe des métiers dans la régie des œuvres (conservation préventive, convoiement et prêts des œuvres), dans l action culturelle, dans le développement des publics, le mécénat. La diversité des expériences est toujours très positive. Dans un cursus universitaire, il est peut-être plus difficile de trouver des stages que des étudiants de l école du Louvre, mais il faut envoyer son CV notamment dans des petites institutions, des musées de province qui permettent une expérience concrète. Faire des stages dans les DRAC (direction régionale des affaires culturelles) où il y a des conseillers pour l action culturelle, pour l éducation artistique, des conservateurs des monuments historiques qui préparent les journées du patrimoine, ceux qui organisent la nuit des musées au niveau d une région. Le terme assistant de conservation n existe pas dans les musées nationaux mais dans les musées territoriaux. Les personnes qui peuvent avoir cette fonction dans les musées nationaux sont des chargés d études complémentaires. Il existe aussi des ingénieurs de recherche : ces personnes travaillent vraiment sur la documentation des œuvres en bibliothèque. Le métier de conservateur est souvent mal connu. Son rôle ne doit pas être confondu avec le rôle des chercheurs à l université. C est un métier qui offre un réseau de collègues dans des musées en France et à l étranger, des universitaires et des bibliothèques de recherche mais qui demande aussi le nettoyage des œuvres, le reconditionnement des œuvres, la

3 restauration des oeuvres, la conservation préventive. Certaines œuvres sont très connues, mais au département d archéologie comparée du Musée d Archéologie Nationale, il n existe pas forcément de dossier d œuvres de ces collection : c est à elle de faire toute la documentation. Les doctorants, les étudiants, les universitaires sont indispensables pour assister les conservateurs, les chargée d études complémentaires et les assistants de conservation, grâce à leurs recherches complémentaires : les musées donnent accès à leurs œuvres pour qu elles puissent être étudiées. Pour accéder à ce poste, il n y a qu un concours celui de l Institut National du Patrimoine qui concerne la Fonction Publique Territoriale, la Fonction Publique d Etat et la ville de Paris. Les préparations existent à l école du Louvre, à Paris 1, Paris 4 et Paris 10. Aucune de ces préparations n est parfaite : il faut du travail personnel, visiter des musées, les monuments historiques. Pour le concours il faut tout de même avoir une spécialité et bien la maîtriser car le concours interroge sur une spécialité : 20 ème, 19 eme, moderne, archéologie. Il faut connaître toute la période censée être maîtrisée et cela ne s acquiert pas en formation mais par soimême. L INP forme les conservateurs de musées, les conservateurs de monuments historiques, les conservateurs en archéologie, les conservateurs en inventaire et les conservateurs d archive. Intervention de Marie-Christine Valla Elle travaille dans le seul musée d histoire hospitalière à Paris : c est un musée d histoire et de société et non un musée d art. Ce musée permet d interroger le présent, en se confrontant aux œuvres du passé. La conservatrice actuelle, responsable du musée est en poste depuis à peu près 10 ans et a fait le choix d une politique d expositions temporaires régulières. Elle a succédé à un premier conservateur qui avait réorganisé le musée pour une ouverture au public. Aujourd hui, l équipe scientifique et de conservation est composée de 5 personnes. Il y a une conservatrice, une adjointe à la conservation, deux personnes équivalents à assistants de conservation et elle-même, responsable de la communication et de l action culturelle. Le conservateur et les autres personnes, dans ce type d établissement, doivent tout faire : au-delà des taches de recherche indispensables pour documenter les objets des collections, le thème de l exposition, il y a tout le quotidien : l affichage public, le management, la sécurité Il faut pouvoir s adapter. En tant que musée d institution, les règles ne sont pas les mêmes que celles des musées nationaux ou territoriaux. Il y a donc une partie du personnel qui a fait l Institut Nationale du Patrimoine ou qui ont passé le concours d assistant de conservation et une partie formée sur le terrain. Marie-Christine Valla a fait des études d histoire, puis une formation professionnalisante de bibliothécaire qui l a mené à un poste de contractuelle dans une bibliothèque du milieu hospitalier. Pour être titularisée, il lui a fallu passer un concours qui comprenait des épreuves avec des notes de synthèse à faire, des épreuves de droit hospitalier : il lui a fallu acquérir un savoir spécifique. Il ne faut pas être rebuté par le contenu des épreuves qui semble parfois éloigné du métier convoité. Une fusion des services l a mise en contact avec la conservatrice du musée, c est ainsi qu elle a accédé à un poste dans le musée. Histoire, communication, médiation culturelle : son poste réunit ses diverses compétences acquises au cours du temps. Ce type de parcours montre que l acquisition d expériences professionnalisantes peut aider à accéder à un poste dans les musées. Par exemple, les stagiaires peuvent véritablement valoriser dans leur CV les missions qu ils remplissent dans ce musée : création de support de visite, de publications... Intervention de David Jacquard Il a fait un Master d histoire, option patrimoine à Reims. Il a fait ses 10 mois de service militaire dans une association de patrimoine à Troyes dépendante de l UNESCO. Un emploi jeune lui a permis d intégrer le musée de Troyes, en tant que médiateur culturel pendant 5

4 ans. La mairie proposait des formations * ; il a passé le concours d assistant de conservation du patrimoine et des bibliothèques puis assistant qualifié à la conservation du patrimoine et des bibliothèques : ces concours B donnent accès à la Fonction Publique Territoriale. Les concours A s intitulent Attaché territorial à la conservation et Conservateur. La FPT peut embaucher sans concours au grade d agent du patrimoine (catégorie C) : on peut tenir l accueil, faire du gardiennage mais on peut aussi remplir une mission de médiation, de vulgarisation des publications scientifiques, de construction de visites. Le concours de conservateur, c est 40 postes par an pour plus de 600 candidats : il ne faut pas s interdire de passer ce concours, mais il ne faut pas penser que c est le seul qui donne accès à un travail dans un musée. Il est passé commissaire d exposition (création, construction, installation d expositions) simplement grâce à la confiance de la conservatrice qui lui a délégué cette mission ; il a fait les inventaires. Chaque lieu, chaque conservateur induisent une relation particulière qui ouvrira les missions ou les cloisonnera. Au musée de Troyes, la conservatrice gérait aussi bien l administration et la comptabilité que le scientifique. De plus en plus, des administrateurs gèrent les musées territoriaux ; ils sont soit au dessus du conservateur, ou adjoint du conservateur. Leur rôle est de géré le personnel (demandes de formation, entretiens annuels), la sécurité. S ils ne sont pas présents dans un musée, le conservateur n a plus le temps de remplir sa tâche scientifique et voit son poste réduit à de l administratif pur. Ce n est pas le cas au Louvres par exemple : les conservateurs sont à la tête d un département et ont la chance de ne gérer que le scientifique. La FPT offre plus d opportunité, mais il oblige à travailler en province. A Paris, les concours sont les mêmes que le concours d état. Détaché au musée de Cluny en tant que responsable du développement des publics, puis intégré à la Fonction Publique d Etat, ses missions sont devenues très balisées : chaque concours mène à une mission précise. L ouverture des tâches est moins possible que dans la Fonction Publique Territoriale. Le grade de son poste est Technicien des Services Culturels ; il existe aussi le concours d Ingénieur des Services culturels : on peut s occuper de la sécurité, de l accueil des publics ou être au service culturel (organisation des visites, de la programmation). Dans la FPE, il faut passer un concours ou être stagiaire pour y travailler, il n y a pas de contractuels. En raison des budgets limités, la plupart des stagiaires ne sont pas rémunérés. Une réforme oblige les institutions à payer les stagiaires au bout de 2 mois de stage. Le risque est que la durée des stages va diminuer pour ne pas atteindre cette limite ; les missions seront diminuées d autant. Les stages obligatoires de 4 ou 6 mois vont devenir difficiles à trouver et la multiplication des stages n est pas aisée dans ce milieu où les stages ne se trouvent pas facilement. Pour donner une vraie mission intéressante, il faut que le personnel du musée ait le temps d encadrer le stagiaire. En conclusion le recrutement se fonde sur les titres universitaires et sur les expériences, les stages réalisés tout au long du cursus. * Les contractuels bénéficient aussi de formations gratuites : c est le moyen d acquérir des compétences supplémentaires ou de se préparer aux concours.

5 Travailler dans les musées : les concours Plusieurs possibilités de concours, plusieurs parcours : 1- Concours d'enseignement (agrégation) pour devenir professeur. Monsieur Serge LEMOINE, Professeur à la Sorbonne, il devient ensuite Directeur du Musée de Grenoble en 1986, puis directeur du Musée d'orsay (Paris) en novembre Concours de la fonction publique territoriale : Monsieur David JACQUARD a débuté sa carrière dans un musée en province grâce aux Emplois Jeunes (durée du contrat 5 ans) où il a eu des responsabilités de médiation culturelle. Il passe ensuite le concours d'agent du patrimoine afin de pérenniser son poste. Il postulera ensuite au Musée de Cluny en qualité de chargé de communication. 3- Concours de la fonction publique rattachés au Ministère de la Culture et de la communication : Anaïs BOUCHER, une ancienne étudiante de Paris 1, a passé le concours de conservateur. Elle est actuellement Conservatrice au Musée du Louvre. Plus d informations : Centre national de la fonction publique territoriale : Carrières publiques Concours du Ministère de la Culture et de la Communication 4- Concours de la fonction publique hospitalière (parcours atypique) : Mme Marie- Christine VALLA, cursus histoire & bibliothécaire, a été embauchée comme bibliothécaire aux Hôpitaux de Paris. Elle passe ensuite le concours catégorie A en interne. Après avoir travaillé 12 ans dans les bibliothèques des hôpitaux, elle postule au Musée des Hôpitaux de Paris en tant que chargée de la communication et de l'action culturelle. Elle trouve dans son poste le goût de la médiation et de l'histoire liée à sa formation initiale. Elle s est appuyée au départ sur sa formation D.U.T. «Carrières de l information». Elle conseille d accumuler les expériences professionnalisantes dont les stages font parties.