EN- QUÊTE. Dossier réalisé par la rédaction de What's Up Doc. Alice Deschenau, Romain Jaillant, Cyril Louvrier, Guillaume Marchand et Matthieu Durand

Transcription

1 EN- QUÊTE Dossier réalisé par la rédaction de What's Up Doc Alice Deschenau, Romain Jaillant, Cyril Louvrier, Guillaume Marchand et Matthieu Durand 17 Ni le sud, ni la capitale 17 Les CHU des grandes villes attirent 18 Interview - Pourquoi classer les CHU et les spécialités entre elles? 19 Méthodologie 21 Les CHU des villes où il fait bon vivre ont la cote 21 L'excellence des CHU n'explique pas tout 22 Les spécialités médicales avant tout 22 Des spécialités choisies par dépit 24 Le choix des spécialités influencé par les rémunérations futures 26 Les HCL et le CHU de Montpellier-Nîmes représentent la tendance nationale 26 Les internistes, discipline reine des jeunes médecins parisiens 28 La controverse du classement général avec ou sans médecine générale 30 Psychiatrie, anesthésie-réa et gynéco-obs, entre similitudes et différences 32 Les femmes réussissent comme les hommes 33 Parmi les CHU les moins choisis quelques spécialités sortent du lot 34 L'excellence de la gynéco médicale au CHU de Lille 34 La neurologie évitée au CHU de Nice 35 Brest, le CHU de l extrême 35 Les services très choisis dans les CHU peu choisis 35 Conclusion de l'enquête 14 What s Up Doc? 12 janvier-février 2014

2 Classement LES SPÉCIALITÉS ET LES CHU CHOISIS PAR LES JEUNES MÉDECINS Quelle est la spécialité médicale la plus choisie en France? Dans quels centres hospitaliers universitaires (CHU) sont formés les meilleurs jeunes médecins? Pour savoir où sont concentrés les meilleurs espoirs de la médecine, What s Up Doc a analysé les données de l ensemble des choix des nouveaux internes aux dernières épreuves classantes nationales (ECN) de 2013 qui permettent de décider de sa spécialité et de son CHU de formation. À l instar des classements des meilleurs hôpitaux, What s Up Doc a classé les spécialités et les CHU les plus choisis par les nouveaux médecins en formation, dressant ainsi la carte des services médicaux les plus prisés de France, et révélant les spécialités et les CHU attirant les meilleurs jeunes médecins. Choix résultant d influences financières, géographiques ou simplement fruit de rencontres professionnelles révélatrices, What s Up Doc dévoile les raisons qui font les orientations professionnelles des médecins de demain. Si le classement général met à l honneur les Hospices civils de Lyon (HCL), établissement classé cette année numéro 1 des CHU choisis par les jeunes médecins, les analyses détaillées nous rendent compte d une qualité de service pas nécessairement homogène. En septembre dernier, pas moins de internes ont choisi parmi 30 spécialités dans 28 CHU différents. What s Up Doc est revenu sur les décisions de chacun d entre eux et livre en images et en couleurs les analyses statistiques de cette enquête inédite janvier-février 2014 What s Up Doc? 12 15

3 EN- QUÊTE CLASSEMENT DES SPÉCIALITÉS ET DES CHU CHOISIS PAR LES JEUNES MÉDECINS CLASSEMENT NATIONAL DES CHU LES PLUS CHOISIS PAR LES JEUNES MÉDECINS 1 er 2 e 3 e 4 e 5 e 6 e 7 e 8 e 9 e 10 e 11 e 12 e 13 e 14 e 15 e 16 e 17 e 18 e 19 e 20 e 21 e 22 e 23 e 24 e 25 e 26 e 27 e 28 e Rangs moyens Hôpitaux (CHU) HCL CHU Montpellier-Nîmes CHU Nantes CHU Rennes CHU Toulouse CHU Grenoble AP-HP CHU Bordeaux CHRU Lille CHU Strasbourg CHU Réunion AP-HM CHU Rouen 4202 CHU Brest CHU Nice CHU Tours CHU Besançon CHU Clermont-Ferrand CHU Nancy CHU Amiens CHU Angers CHU Caen CHU Dijon CHU Poitiers CHU Antilles-Guyane CHU Reims CHU Saint-Étienne CHU Limoges Rangs médians et quartiles Minimum Médiane Maximum Classement général des 28 CHU en fonction du rang de classement moyen des jeunes médecins qui ont choisi leur CHU de formation aux ECN 2013 avec la représentation graphique (Boxplot) de leur médiane de classement. HCL : Hôpitaux civils de Lyon AP-HP : Assistance publique-hôpitaux de Paris CHRU Lille : Centre hospitalier régional universitaire AP-HM : Assistance publique-hôpitaux de Marseille 16 What s Up Doc? 12 janvier-février 2014

4 NI LE SUD, NI LA CAPITALE Tous les classements sur whatsupdoc-lemag.fr CONTRE TOUTE ATTENTE, LES FAVORIS QUI CONCENTRENT AUJOURD HUI LES MEILLEURS DE LA PROMOTION DE JEUNES MÉDECINS NE SONT NI L ÎLE-DE-FRANCE, NI LE GRAND SUD. LES CHU DES GRANDES VILLES ATTIRENT Même si quelques hôpitaux du Sud et du Sud-Ouest sont dans le top 5, ce sont les HCL qui ont attiré le plus grand nombre de bons classés parmi les jeunes, suivis des CHU de Montpellier-Nîmes (2 e ), de Nantes (3 e ), de Rennes (4 e ) et de Toulouse (5 e ). Il faut attendre la 7 e place pour voir arriver l Assistance publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP) et à la 12 e pour trouver l Assistance publique des Hôpitaux de Marseille (AP-HM), devancée par le choix du CHU de La Réunion dans l Océan Indien. Ni le soleil, ni l attrait de la Capitale ne semblent donc être suffisamment moteurs pour pousser la majorité des meilleurs, parmi les jeunes médecins, à choisir leur CHU de formation. Les meilleurs de la promotion de jeunes médecins ne sont ni dans les hôpitaux parisiens, ni dans ceux du grand sud de la France. LES DERNIERS CHU CHOISIS SEMBLENT CORRESPONDRE À CEUX DE VILLES DE TAILLE MOYENNE (SAINT-ÉTIENNE, 27 e AVEC HABITANTS 1, OU LIMOGES, 28 e AVEC HABITANTS 1 ), VOIRE D AGGLOMÉRATIONS DE PLUS PETITE TAILLE (POITIERS, 24 e AVEC HABITANTS 1 ). Inversement, les plus grandes villes de France attirent les jeunes médecins. Parmi leurs 10 premiers choix, on retrouve 3 des 5 plus grandes villes françaises, dont Lyon avec les HCL classés en 1 er, Toulouse et son CHU classé 5 e, Paris avec l AP-HP classé 7 e. On peut s étonner en revanche de l éloignement dans le classement des 2 autres plus grandes villes de France : Marseille et Nice, dont les hôpitaux ne sont choisis respectivement qu en 12 e et 15 e places, démontrant sans doute leur faible attractivité chez les jeunes. À noter, quelques CHU outsiders, relatifs à des villes de taille moyenne, choisis parmi les 10 premiers : dont le CHU de Rennes en 4 e position ( habitants 1 ) ou de Grenoble ( habitants 1 en 2010) en 6 e. SOURCES 1. Selon des données extraites de l Insee. janvier-février 2014 What s Up Doc? 12 17

5 EN- QUÊTE CLASSEMENT DES SPÉCIALITÉS ET DES CHU CHOISIS PAR LES JEUNES MÉDECINS POURQUOI CLASSER LES CHU ET LES SPÉCIALITÉS ENTRE ELLES? JÉRÔME VINCENT, JOURNALISTE AU POINT, COFONDATEUR AVEC FRANÇOIS MALYE DU 1 ER PALMARÈS DES ÉTABLISSEMENTS DE SANTÉ IL Y A 17 ANS, NOUS DONNE SON AVIS SUR LE PROJET DE WHAT'S UP DOC DE CLASSER LES SPÉCIALITÉS ET LES CHU CHOISIS EN PAR LES JEUNES MÉDECINS. Le Point - jeudi 22 août N 2136 INTERVIEW WUD Que pensez-vous d un classement annuel des villes et spécialités les mieux choisies par les jeunes médecins débutant leur internat? JV Il s agit d un projet intéressant! Il y a une demande d infos légitimes de la part des internes quant à l attractivité des CHU et des spécialités depuis très longtemps. Quand il y a un besoin d information, il faut y répondre! C est la raison d être d une rédaction. WUD Quels bénéfices concrets cette analyse peut-elle nous apporter? JV Au Point, notre numéro sur le palmarès des établissements de santé est la meilleure vente de l année. Cela reflète l intérêt des classements aux yeux des lecteurs! Pour les jeunes médecins comme pour les patients, je pense qu il est essentiel de connaître les endroits où aller, comme ceux à éviter! C est là le 1 er bénéfice sans doute de votre classement. Un lieu peu choisi cache souvent un dysfonctionnement : coordinateur tyrannique, infrastructures insuffisantes, manque de dynamisme, manque d encadrement, faiblesse pédagogique. Les raisons qui font la qualité de soins et de prise en charge d un service ne sont pas nécessairement celles qui en font un excellent terrain d apprentissage. Les internes doivent avoir accès à tous ces éléments pour se décider. C est leur carrière, c est aussi notre santé qui en dépendra un jour. Il faut une source fiable, précise, standardisée et indépendante qui reflète ces choix. WUD Voyez-vous des limites ou des critiques au classement réalisé par What s Up Doc? JV Évidemment, il en existe certainement tout autant que nous en avons dans notre propre classement des hôpitaux. Mais ce qu il est essentiel de comprendre pour tous les lecteurs, c est qu une telle démarche n a aucune prétention scientifique. Il s agit avant tout d un travail journalistique qui vise à informer, à rapporter le plus fidèlement possible ce qui est choisi, en fonction des données disponibles. Ce n est jamais parfait mais c est toujours mieux que rien. 18 What s Up Doc? 12 janvier-février 2014

6 MÉTHODOLOGIE LE CLASSEMENT DES VILLES ET DES SPÉCIALITÉS RÉALISÉ PAR LE BIMESTRIEL WHAT S UP DOC EST LE PREMIER CLASSEMENT À ÉTABLIR LA LISTE DES CHOIX PRÉFÉRÉS DES JEUNES MÉDECINS, BASÉ SUR L ANALYSE DE L INTÉGRALITÉ DES CHOIX DES INTERNES AUX DERNIÈRES ÉPREUVES CLASSANTES NATIONALES (ECN) 2013 DISPONIBLE DEPUIS NOVEMBRE DERNIER. Notre classement prend en compte tous les choix formulés par les nouveaux internes colligés dans différents tableaux, par CHU ou par spécialités désirées, de façon à être le plus exhaustif possible et à répondre au mieux aux attentes de l ensemble de nos lecteurs. La rédaction de What, s up Doc a retenu 5 critères d, analyse pour permettre de classer les CHU et les spécialités : le rang de classement des nouveaux internes ; les CHU demandés par les jeunes médecins ; les spécialités dans lesquels ils s'engagent ; leur âge ; et leur sexe. Plusieurs analyses de sousgroupes ont permis secondairement de révéler les terrains de stages et les services médicochirurgicaux rassemblant les meilleurs espoirs parmi les jeunes, tout comme les zones et les spécialités concentrant les moins bien classés de France. En 2013, 7622 candidats ont choisi une spécialité d exercice et un CHU pour leur formation. Ils ont dû faire leur choix parmi 30 spécialités réparties sur 28 CHU. Pour l ensemble des données analysées, les variables qualitatives (sexe, prénoms) étaient rapportées en termes de fréquences et de pourcentages. Les variables continues (rang de classement ) étaient décrites en termes de moyennes avec leurs minimum et maximum, ou exprimées par leur médiane avec leur intervalle par interquartiles. Pour représenter la distribution des médianes des rangs de classement des jeunes médecins par CHU et par spécialité, des graphiques de distribution, de type Boxplot, ont été réalisés. L'intégralité des analyses et des classements de tous les CHU et spécialités de France choisis par les jeunes médecins en est consultable sur : La présentation des résultats par tableaux utilise La moyenne, égale à la somme des rangs de classement des jeunes médecins divisée par le nombre de médecins. La médiane, désignant le rang de classement qui partage la population des jeunes médecins ayant choisi, en deux groupes de même taille (la moitié la mieux classée et la moitié la plus mal classée). QUEL EST L ÂGE MOYEN DES JEUNES MÉDECINS QUI COMMENCENT L INTERNAT? La moyenne d âge des internes issus des ECN 2013 était de 25 ans, avec un minimum à 22 et un maximum à 47 ans. La spécialité la plus jeune, toutes proportions gardées évidemment, est la dermatologie : 24,25 ans en moyenne. La médecine du travail (26,35 ans en moyenne), et la santé publique, (26,28 ans en moyenne) restent les spécialités les plus prisées des plus vieux parmi les jeunes ou tout simplement de ceux qui ont le plus redoublé dans leur cursus. janvier-février 2014 What s Up Doc? 12 19

7 EN- QUÊTE CLASSEMENT DES SPÉCIALITÉS ET DES CHU CHOISIS PAR LES JEUNES MÉDECINS COMPARAISON DU CLASSEMENT WHAT'S UP DOC DES CHU LES PLUS CHOISIS PAR LES JEUNES MÉDECINS, DU PALMARÈS 2013 DE L'EXPRESS ET DU TABLEAU D'HONNEUR 2013 DU POINT Hôpitaux-CHU What's Up Doc L'Express2 Le Point 3 HCL CHU Montpellier- Nîmes CHU Nantes CHU Rennes CHU Toulouse CHU Grenoble AP-HP 7 / 7 CHU Bordeaux CHRU Lille CHU Strasbourg CHU Réunion 11 ND ND AP-HM CHU Rouen CHU Brest CHU Nice CHU Tours CHU Besançon CHU Clermont- Ferrand CHU Nancy CHU Amiens CHU Angers CHU Caen CHU Dijon CHU Poitiers CHU Antilles-Guyane 25 ND ND CHU Reims CHU St-Étienne CHU Limoges RENNES 4 3 NANTES BORDEAUX 8 9 CHRU DE LILLE ÎLE-DE-FRANCE 7 HCL 5 2 TOULOUSE 10 STRASBOURG 6 GRENOBLE CHU MONTPELLIER-NÎMES LES 10 CHU LES + PRISÉS PAR LES JEUNES MÉDECINS CLASSEMENT DE WHAT'S UP DOC 1 Le classement de L'Express identifiant les villes où il fait bon vivre pour les jeunes et le tableau d'honneur du Point classant les 50 meilleurs hôpitaux. HCL : Hôpitaux civils de Lyon AP-HP : Assistance publique-hôpitaux de Paris CHRU Lille : Centre hospitalier régional universitaire AP-HM : Assistance publique-hôpitaux de Marseille ND : non défini 20 What s Up Doc? 12 janvier-février 2014

8 LES CHU DES VILLES OÙ IL FAIT BON VIVRE ONT LA COTE Tous les classements sur whatsupdoc-lemag.fr En septembre 2013, L Express publiait son palmarès des villes où il fait bon vivre 2 en dehors de Paris, selon que l'on soit jeune, en famille ou senior. En considérant le classement de L Express pour les jeunes, la comparaison avec les CHU les plus choisis par les jeunes médecins n'est pas surprenante : les villes préférées sont superposables à celles retrouvées en début de classement de L Express. Et à l exception des HCL, les hôpitaux les plus recherchés par les meilleurs jeunes médecins sont aussi ceux qui sont les mieux classés par Le Point. De l autre côté du classement, mêmes remarques mais à l inverse évidemment, les CHU les moins demandés par les jeunes médecins correspondent à ceux des villes de moins bonne qualité de vie côté L Express et d hôpitaux moins bien classés coté Le Point. Cette superposition nous amène à penser que le médecin est un citoyen comme les autres. Toute politique et mesure incitative pour influencer ses choix doit donc en tenir compte car les jeunes médecins sont attirés par la qualité de vie et la qualité de soins, comme tout un chacun. Ces choix sont d ailleurs assez bien exprimés par Léo, un jeune pneumologue en 1 er semestre à Bordeaux, qui nous explique : «Je suis parti de Paris pour Bordeaux car je cherchais une autre qualité de vie, une ambiance plus conviviale à l internat comme avec mes chefs, sans pour autant m exiler dans une ville de trop petite taille». Si les similitudes sont frappantes, on relève tout de même quelques exceptions notables qui doivent appeler à des questionnements. Le CHU de Brest, par exemple, est étonnamment bien choisi aux ECN a contrario des palmarès des villes de L Express. Le CHU de Nancy, en revanche, est délaissé par les jeunes médecins, arrivant en 19 e position alors que la ville est classée 8 e à la fois dans L Express et dans Le Point. Est-ce là le signe d une formation d excellence à Brest, de préjugés sur la qualité du CHU lorrain, ou simplement des effets du hasard de notre 1 er classement? L'EXCELLENCE DES CHU N'EXPLIQUE PAS TOUT Comme on l a vu, nombre de CHU choisis parmi les meilleurs par les jeunes médecins sont aussi classés en tête de liste dans le tableau d honneur des 50 meilleurs hôpitaux 2013 du Point. Néanmoins quelques CHU diffèrent de façon surprenante entre ces deux classements. C est particulièrement le cas des HCL et de l AP-HM, convoités par les jeunes médecins en 1 re et 11 e position respectivement mais très mal notés dans le classement du Point (relégués aux 19 e et 33 e rangs). Qu a donc motivé le choix des jeunes médecins si ce n est l excellence de la qualité des soins? Sans doute la qualité de vie, révélée par L'Express, et peut-être d autres facteurs non mesurés. En tout cas, le fait qu un CHU ne soit pas classé parmi les meilleurs des hôpitaux en termes de soins ne semble pas empêcher de le choisir majoritairement. Qualité d apprentissage et qualité de soins ne seraient pas donc nécessairement superposables. La politique pédagogique, le nombre de cours, le ratio de professeurs améliore sans doute l apprentissage sans avoir obligatoirement d effet sur les soins. À condition que cette tendance se confirme et que ces meilleurs espoirs continuent d'y exercer, il y a fort à parier que cette politique qualitative de recrutement fasse des HCL l'un des meilleurs hôpitaux de demain. Qualité d'apprentissage et qualité de soin ne seraient donc pas nécessairement superposables. SOURCES 2. emploi-carriere/emploi/ le-palmares-2013-des-50- villes-ou-il-fait-bonvivre_ html 3. hopitaux.lepoint.fr/ tableau-d-honneur.php janvier-février 2014 What s Up Doc? 12 21

9 EN- QUÊTE CLASSEMENT DES SPÉCIALITÉS ET DES CHU CHOISIS PAR LES JEUNES MÉDECINS QUESTIONS? RÉACTIONS? Parlons-en sur et L ophtalmologie, grand vainqueur et 1 er choix des jeunes médecins au classement national de What's Up Doc. LES SPÉCIALITÉS MÉDICALES AVANT TOUT DES SPÉCIALITÉS CHOISIES PAR DÉPIT NÉPHROLOGIE, DERMATOLOGIE, CARDIOLOGIE, MÉDECINE INTERNE, GASTRO-ENTÉROLOGIE, NEUROLOGIE ET ONCOLOGIE, SOIT PAS MOINS DE 7 SPÉCIALITÉS MÉDICALES CLINIQUES PARMI LE TOP 10 DES SPÉS LES PLUS CHOISIES PAR LES JEUNES MÉDECINS. Ne sont en fait présentes parmi les 10 plus choisies que 3 spécialités non médicales cliniques, à proprement parler, dont la radiologie (choisie en 4 e position), et 2 spécialités médicochirurgicales comptant l ophtalmologie, grand vainqueur et premier choix des jeunes médecins au classement national, et l ORL figurant au 8 e rang des choix nationaux. Et justement Charlotte, en 1 er semestre d ORL en Île-de-France, témoigne de ce qui l a motivée : «J ai choisi ORL pour la qualité de vie (moins d urgences, moins de gardes). J adore la chirurgie mais je veux une vie perso. J aimerais d abord m orienter plus sur la cancérologie ORL, avec une dimension très chirurgicale. Mais je sais que, grâce à cette spé, si j en ai marre, le moment venu, je pourrais alors diversifier mon exercice, revenir à une activité plus médicale et moins exigeante». ÉVIDEMMENT, TOUT CLASSEMENT FAIT TOUJOURS DES VAINQUEURS ET DES PERDANTS. Le principe des ECN ne déroge pas à la règle, comme l exprime Julien, jeune médecin généraliste en 1 er semestre aux HCL : «Je suis arrivé e, alors Évidemment, la médecine gé faisait partie de mes souhaits, notamment pour faire urgentiste, mais le fait est que je n ai pas eu d autre choix!». Bien sûr certains auront choisi sciemment parmi les spécialités les moins choisies comme la médecine du travail (30 e ), la santé publique (29 e ), la biologie médicale (28 e ), la médecine générale (27 e ), la psychiatrie (26 e ) et ce, même étant bien classés. C est d ailleurs le cas en médecine générale ou en psychiatrie dont le 1 er quartile des rangs de classement atteint des valeurs de classements inférieures au 500 e. Ces spécialités sont donc constituées de jeunes médecins très disparates, dont certains très bien classés, motivés par essence, qui se destinent à ces carrières-là, associés à d autres qui n ont pas eu d autre choix. 22 What s Up Doc? 12 janvier-février 2014

10 CLASSEMENT NATIONAL DES SPÉCIALITÉS LES PLUS CHOISIES PAR LES JEUNES MÉDECINS 1 er 2 e 3 e 4 e 5 e 6 e 7 e 8 e 9 e 10 e 11 e 12 e 13 e 14 e 15 e 16 e 17 e 18 e 19 e 20 e 21 e 22 e 23 e 24 e 25 e 26 e 27 e 28 e 29 e 30 e Rangs moyens Spécialités 978 Ophtalmologie Néphrologie Dermatologie et vénérologie Radiodiagnostic et imagerie médicale Cardiologie et maladies vasculaires Médecine interne Gastro-entérologie et hépatologie ORL et chirurgie cervico-faciale Neurologie Oncologie Rhumatologie Neurochirurgie Anesthésie-réanimation Pneumologie Médecine nucléaire Gynécologie-obstétrique Hématologie Chirurgie générale Endocrino-diabète-maladies métaboliques Pédiatrie Gynécologie médicale Anatomie et cytologie pathologique Chirurgie orale MPR Génétique médicale Psychiatrie Médecine générale Biologie médicale Santé publique Médecine du travail Rangs médians et quartiles Minimum Médiane Maximum Classement général des 30 spécialités proposées à l internat en fonction du rang de classement moyen des jeunes médecins à l'issue de leurs épreuves classements de nationale 2013, associé à la représentation graphique des médianes du classement ORL : Oto-Rhino-Laryngologie MPR : Médecine physique et de réadaptation janvier-février 2014 What s Up Doc? 12 23

11 EN- QUÊTE CLASSEMENT DES SPÉCIALITÉS ET DES CHU CHOISIS PAR LES JEUNES MÉDECINS Tous les classements sur whatsupdoc-lemag.fr LE CHOIX DES SPÉCIALITÉS INFLUENCÉ PAR LES RÉMUNÉRATIONS FUTURES LA RUMEUR VOUDRAIT QUE LES JEUNES MÉDECINS CHOISISSENT LEUR SPÉCIALITÉ EN FONCTION DES RÉMUNÉRATIONS ATTENDUES DANS CETTE DISCIPLINE. SOURCES 4. Données statistiques 2011 de la CARMF, disponibles sur : php?page=chiffrescles/ Stats/2012/bnc2010.htm 5. Bellamy V. «Les honoraires des professionnels de santé libéraux entre 2008 et 2010». Études et Résultats édité par la DREES. N 786, décembre Disponible sur : gouv.fr/img/pdf/er786-2.pdf 6. Résultats disponibles en ligne : usrfile/275/rapport%20 SOFRES. pdf Pour répondre à cette question, nous avons mis en parallèle le classement des spécialités réalisé par What s Up Doc et les rémunérations annuelles des spécialistes libéraux selon deux sources de la CARMF 4 et de la DREES 5. Majoritairement les spécialités les mieux rémunérées sont parmi les plus choisies par les jeunes médecins. À noter cependant, quelques exceptions inattendues. La première et la plus surprenante, c est que la chirurgie n attire définitivement plus. La chirurgie générale qui conduit à se spécialiser vers toutes les chirurgies d organes ou presque, et qui représente pourtant le 4 e niveau de rémunération, est boudée des jeunes médecins et reléguée en 18 e position du classement général. La pénibilité du métier, la faible compatibilité avec la qualité de vie, la féminisation de la profession dans l ensemble, sont autant de raisons qui expliquerait ce désaveu. Les choix professionnels sont dictés par la qualité de vie des jeunes médecins avant tout, comme le révélait récemment une enquête TNS Sofres commandée par le Syndicat des internes des Hôpitaux de Paris (SIHP) en mai , qui rapportait que «l équilibre entre vie privée et vie professionnelle est le critère le plus important dans le choix de carrière». Plus surprenant encore, l anesthésie est faiblement choisie, en 13 e position seulement, alors que cette profession fait espérer parmi les plus hautes rémunérations pour un médecin (en 2 e après la radiologie). Sans doute les gardes, très fréquentes dans ce métier, représentent-elles un facteur suffisamment déroutant pour les jeunes. N en demeure pas moins que les choix sont parfois tout autant influencés par la passion d un exercice, par la rencontre d une équipe ou d un homme, un maître, comme on dit souvent, qui fascine par sa connaissance, sa technicité ou simplement sa forte personnalité. «Au cours de l externat, j ai vite compris que seule la chir' me conviendrait. Je suis passée en vasculaire, en ortho, en chir' cardiaque. J ai découvert la neurochir' en dernière année d externat au travers des cas cliniques et de YouTube! Et j ai senti alors que je m épanouirais. Quand j ai vu que je pouvais l avoir, je suis allée me présenter dans le service et j ai définitivement signé pour la neurochir'!». Marie, 1 er semestre de neurochir en Île-de-France, représente donc le contrepied du choix financier prémédité ou du choix guidé par la qualité de vie, la neurochirurgie n étant pas réputée laisser de longues heures de repos. Pour beaucoup, la médecine reste avant tout une affaire de rencontre humaine et de vocation. 24 What s Up Doc? 12 janvier-février 2014

12 COMPARAISON DU CLASSEMENT WHAT'S UP DOC DES SPÉCIALITÉS LES PLUS CHOISIES DES JEUNES MÉDECINS EN 2013 ET DES RÉMUNÉRATIONS MOYENNES DE CES SPÉCIALITÉS EXERCÉES EN LIBÉRAL Publiées selon les sources de la CARMF et de la DREES Spécialités Bénéfices non commerciaux moyens 2011 selon la CARMF 4 Revenu libéral annuel moyen net 2010 selon la DREES 5 1 er 2 e 3 e 4 e 5 e 6 e 7 e 8 e 9 e 10 e 11 e 12 e 13 e 14 e 15 e 16 e 17 e 18 e 19 e 20 e 21 e 22 e 23 e 24 e 25 e 26 e 27 e 28 e 29 e 30 e Ophtalmologie Néphrologie ND Dermatologie Radiologie Cardiologie Médecine interne ND Gastro-entérologie ORL Neurologie ND Oncologie ND Rhumatologie Neurochirurgie ND ND Anesthésie-réanimation Pneumologie Médecine nucléaire ND Gynécologie-obstétrique Hématologie ND Chirurgie générale ND Endocrinologie ND Pédiatrie Gynécologie médicale ND Anatomopathologie ND Chirurgie orale MPR ND Génétique médicale ND Psychiatrie Médecine générale Biologie médicale ND Santé publique ND ND Médecine du travail ND ND Revenus annuels < à Revenus annuels > à ORL : Oto-Rhino-Laryngologie MPR : Médecine physique et de réadaptation ND : non défini janvier-février 2014 What s Up Doc? 12 25

13 EN- QUÊTE CLASSEMENT DES SPÉCIALITÉS ET DES CHU CHOISIS PAR LES JEUNES MÉDECINS OLIVIER CLARIS PÉDIATRE, PRÉSIDENT DE LA CME DES HOSPICES CIVILS DE LYON «Je remarque dans mon service que des étudiants bien classés affluent des 4 coins de la France, et c est un plaisir de les accueillir. Les raisons? Ils veulent une expérience hors de leur ville de formation initiale, et souvent, me confessent-ils, surtout pas à Paris! Alors, à Lyon, on choisit à la fois un cadre de vie et une formation de qualité. Lyon a la réputation d une ville dynamique, agréable et en développement. Les internes savent qu on y dispense une bonne formation, en tout cas pas moins bonne qu ailleurs. Si les gens choisissaient Lyon seulement pour l horaire de la contre-visite, ça me désolerait.» JACQUES BRINGER ENDOCRINOLOGUE, DOYEN DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE MONTPELLIER-NÎMES «Notre faculté de médecine, la plus ancienne de France, bénéficie d une bonne notoriété transmise de bouche à oreille. Cela grâce à des terrains de stage formateurs, une formation de qualité et une volonté de modernisation. En 2015, des infrastructures modernes avec des simulateurs pour les internes ouvriront leurs portes. Montpellier, c est aussi une ville attractive pour les étudiants, et la possibilité de s investir dans la recherche universitaire avec la présence d excellents laboratoires.» LES HCL ET LE CHU DE MONTPELLIER-NÎMES REPRÉSENTENT LA TENDANCE NATIONALE Retour sur les préférences et les rejets qui ont marqué les choix Les HCL et le CHU de Montpellier-Nîmes sont en tête au coude à coude du classement général des CHU les plus choisis par les jeunes médecins. Au sein de ces CHU, nous avons analysé les 5 spécialités les plus demandées et les 5 les moins attractives. À part une originalité locale aux HCL reposant sur la neurochirurgie qui est la 1 re spécialité retenue par les jeunes médecins lyonnais dans le top 5 des spécialités les plus plébiscitées, la répartition des choix est assez superposable à la tendance du classement général, à quelques nuances près. LES INTERNISTES, DISCIPLINE REINE DES JEUNES MÉDECINS PARISIENS Côté Île-de-France, le classement ne révèle guère de surprises. À noter : une particularité tout de même, sans doute conséquence de la conjonction d un bassin de patients plus important et d un intérêt marqué pour la recherche clinique sur les maladies systémiques La médecine interne règne en choix de maître comme la spécialité la plus demandée en Île-de-France, gagnant 5 places par rapport au classement général. 26 What s Up Doc? 12 janvier-février 2014

14 Tous les classements sur whatsupdoc-lemag.fr HCL CHU MONTPELLIER-NÎMES AP-HP 1 er 2 e 3 e 4 e Neurochirurgie Néphrologie Neurologie Gastro-entérologie et hépatologie 1 er 2 e 3 e 4 e Gastro-entérologie et hépatologie Médecine interne Radiodiagnostic et imagerie méd. Dermatologie et vénérologie 1 er 2 e 3 e 4 e 5 e 6 e 7 e 8 e Cardio et maladies vasculaires Oncologie ORL et chirurgie cervicofaciale Radiodiagnostic et imagerie méd. 5 e 6 e 7 e 8 e Ophtalmologie Néphrologie Médecine nucléaire Anesthésie-réanimation 5 e 6 e 7 e 8 e 9 e 10 e 11 e 12 e 13 e Ophtalmologie Médecine interne Pneumologie Dermatologie et vénérologie Anesthésie-réanimation 9 e 10 e 11 e 12 e 13 e Oncologie ORL et chirurgie cervicofaciale Neurologie Neurochirurgie Cardio et maladies vasculaires 9 e 10 e 11 e 12 e 13 e 14 e 15 e 16 e 17 e Pédiatrie Rhumatologie Gynécologie-obstétrique Anatomie et cytologie pathologique 14 e 15 e 16 e 17 e Rhumatologie Gynécologie-obstétrique Pédiatrie Hématologie 14 e 15 e 16 e 17 e 18 e 19 e 20 e 21 e Médecine nucléaire Hématologie Chirurgie générale Endocrino-diabète-maladies méta. 18 e 19 e 20 e 21 e Chirurgie générale Endocrino-diabète-maladies méta. Pneumologie MPR 18 e 19 e 20 e 21 e 22 e 23 e 24 e 25 e Gynécologie médicale Psychiatrie Biologie médicale Génétique médicale 22 e 23 e 24 e 25 e Anatomie et cytologie pathologique Gynécologie médicale Génétique médicale Psychiatrie 22 e 23 e 24 e 25 e 26 e 27 e 28 e 29 e MPR Santé publique Médecine générale Médecine du travail 26 e 27 e 28 e 29 e Médecine générale Biologie médicale Santé publique Médecine du travail 26 e 27 e 28 e 29 e 30 e Médecine interne Néphrologie Neurologie Dermatologie et vénérologie Ophtalmologie Hématologie Cardio et maladies vasculaires Radiodiagnostic et imagerie méd. ORL et chirurgie cervicofaciale Gastro-entérologie et hépatologie Oncologie Rhumatologie Pneumologie Chirurgie générale Endocrino-diabète-maladies méta. Neurochirurgie Gynécologie-obstétrique Anesthésie-réanimation Médecine nucléaire Chirurgie orale Anatomie et cytologie pathologique Pédiatrie Gynécologie médicale Génétique médicale MPR Santé publique Psychiatrie Biologie médicale Médecine générale Médecine du travail Classement statistique par DES (classé par moyenne croissante) HCL : Hôpitaux civils de Lyon AP-HP : Assistance publique-hôpitaux de Paris ORL : Oto-Rhino-Laryngologie MPR : Médecine physique et de réadaptation Endocrino-diabète-maladies métaboliques janvier-février 2014 What s Up Doc? 12 27

15 EN- QUÊTE CLASSEMENT DES SPÉCIALITÉS ET DES CHU CHOISIS PAR LES JEUNES MÉDECINS LA CONTROVERSE DU CLASSEMENT GÉNÉRAL AVEC OU SANS MÉDECINE GÉNÉRALE LA MÉDECINE GÉNÉRALE, SPÉCIALITÉ À PART ENTIÈRE DEPUIS LA MISE EN PLACE DES ECN EN 2004, A LA PARTICULARITÉ D ÊTRE LA PLUS DOTÉE EN INTERNES, AVEC UNE PROPORTION NETTEMENT SUPÉRIEURE À TOUTES LES AUTRES SPÉCIALITÉS PRISES SÉPARÉMENT. Son influence dans le classement général est donc majeure car elle peut largement peser dans la moyenne des rangs de classement des CHU choisis. C est d autant plus important à prendre compte que les raisons d'opter pour elle ne sont pas nécessairement superposables à celles des autres spécialités, étant donné que la majorité de la formation de médecine générale a lieu hors CHU. La médecine générale joue donc les trouble-fêtes. Les classements généraux avec ou sans médecins généralistes changent un peu l ordre des choix des CHU les plus plébiscités. Il y a ceux qui perdent la cote en médecine générale : AP-HM 8 places ; CHU Saint-Étienne 10 places. Et ceux, plus nombreux, qui au contraire sont plus recherchés par les jeunes médecins généralistes, dont les CHU de : CHU Rennes 9 places ; CHU Grenoble 10 places ; CHU Rouen 9 places ; CHU Poitiers 12 places. Mais plus intéressant encore, l analyse des choix extrêmes révèle les attirances et les répulsions des jeunes généralistes. Paris est largement évité avec 12 places pour l AP-HP, alors que l'attrait pour de nouveaux horizons connaît un succès fou avec un bon en avant du CHU de La Réunion (Océan Indien) avec 14 places, comparativement au classement général des spécialités hors médecine générale. Dans l ensemble, les CHU des plus grandes villes sont délaissés des jeunes médecins généralistes qui privilégient logiquement des zones d exercice moins urbaines, comme en témoigne Thierry, jeune généraliste en 1 er semestre à Strasbourg : «J ai hésité avec la psychiatrie mais [ ] n avais pas envie de lâcher la dimension somatique. J'ai finalement opté pour une pratique me permettant d avoir une prise en charge plus globale comme la médecine générale, qui se prête mieux à l exercice rural». Pour toutes les autres spécialités enfin, à l inverse, les CHU des grandes villes ont l avantage d offrir une diversité plus importante de terrains de stage : un réel atout comme le souligne Sonia, en 1 er semestre de chirurgie générale à l AP-HP : «Je suis restée à Paris. Étant de la région, je ne voulais pas partir et surtout, en Île-de-France comme nulle part ailleurs, c est là qu il y a le plus de terrains de stage pour une même spécialité. Un vrai plus pour la formation.» Les classements généraux avec ou sans médecins généralistes changent un peu l ordre des choix des CHU les plus plébiscités. 28 What s Up Doc? 12 janvier-février 2014

16 QUESTIONS? RÉACTIONS? Parlons-en sur et COMPARAISON DES CLASSEMENTS DES CHU ISSUS DU CHOIX DES GÉNÉRALISTES ET DE CELUI DES AUTRES SPÉCIALITES AVEC LE CLASSEMENT NATIONAL DES CHU 2013 CHU What's Up Doc MG 2013 Autres spés 2013 HCL = CHU Montpellier-Nîmes = CHU Nantes 3 3 = 5-2 CHU Rennes CHU Toulouse 5 5 = 6-1 CHU Grenoble AP-HP CHU Bordeaux 8 8 = 4 +4 CHRU Lille CHU Strasbourg = CHU Réunion AP-HM CHU Rouen CHU Brest CHU Nice CHU Tours CHU Besançon CHU Clermont-Ferrand = CHU Nancy CHU Amiens CHU Angers CHU Caen = 24-2 CHU Dijon CHU Poitiers CHU Antilles-Guyane = CHU Reims = CHU Saint-Étienne = CHU Limoges = : évolution du rang par rapport au classement What's Up Doc des CHU CHU 2013 : classement What's Up Doc des CHU 2013 MG 2013 : classement national des CHU choisis par les jeunes médecins généralistes Autres spés 2013 : classement national des CHU choisis par les jeunes médecins spécialistes hors médecine générale HCL : Hôpitaux civils de Lyon AP-HP : Assistance publique-hôpitaux de Paris CHRU Lille : Centre hospitalier régional universitaire AP-HM : Assistance publique-hôpitaux de Marseille janvier-février 2014 What s Up Doc? 12 29

17 EN- QUÊTE CLASSEMENT DES SPÉCIALITÉS ET DES CHU CHOISIS PAR LES JEUNES MÉDECINS Je me suis retrouvée seule PU-PH pour 20 internes par promotion. PSYCHIATRIE, ANESTHÉSIE-RÉA ET GYNÉCO-OBS, ENTRE SIMILITUDES ET DIFFÉRENCES A PRIORI RIEN NE RAPPROCHE CES 3 SPÉCIALITÉS QUE TOUT SÉPARE. POURTANT, POUR CHACUNE D ELLES, LES SPOTS QUI ONT LA COTE SE SUPERPOSENT. LES FLOPS, EN REVANCHE, SONT PLUS SURPRENANTS. En psychiatrie, quand on compare le classement général des CHU à celui de cette spécialité, à part le CHU de Reims, les derniers au classement général reprennent du galon avec : le CHU de Limoges 14 places, de Saint-Étienne 12 places, et des Antilles-Guyane 9 places. De fait, les CHU classiquement plutôt middle-class se retrouvent en queue de classement chez les psychiatres. Quant à savoir quelles en sont les raisons, entre géographie et niveau de formation, on aurait tendance à louer les mérites pédagogiques de Limoges et Saint-Étienne et à réserver notre pronostic pour Clermont-Ferrand ou Rouen, car toutes ces villes semblent avoir une qualité de vie équivalente. En anesthésie-réanimation, à part Clermont-Ferrand qui perd de son sex-appeal, le classement suit les tendances du classement général. Et pour la gynécologie-obstétrique enfin, ce sont les CHU d Amiens, de Brest et de Besançon qui sont les moins choisis quand le CHU de Saint-Étienne, lui, retrouve une meilleure place avec une 10 e position inattendue Le Pr Priscille Gerardin, coordinatrice du DES de psychiatrie rouennais, note que son CHU reste dans la moyenne des CHU de villes de taille équivalente. Néanmoins «Il y a eu des difficultés internes à Rouen. Je me suis retrouvée seule PU-PH pour 20 internes par promotion, pédopsychiatre alors que la majorité des internes se destineront à de la psychiatrie adulte! Ces problèmes ont été réglés et une nouvelle dynamique est lancée. Que du mieux en perspective!» Elle ajoute que les internes actuels sont satisfaits de leur formation et de certaines bonnes surprises du CHU, comme des bourses de recherche. 30 What s Up Doc? 12 janvier-février 2014

18 PSYCHIATRIE ANESTHÉSIE- RÉANIMATION 1 er HCL = 1 er CHU Montpellier er Nîmes 2 e CHU Montpellier- Nîmes = 2 e HCL -1 2 e 3 e AP-HP +4 3 e CHU Bordeaux +5 3 e 4 e CHU Bordeaux +4 4 e CHU Toulouse +1 4 e 5 e CHU Nantes -2 5 e CHU Nantes -2 5 e 6 e CHU Toulouse -1 CHU Rennes -2 6 e 6 e 7 e AP-HM* +5 CHU Nice +8 7 e 7 e 8 e CHRU Lille +1 CHU Grenoble -2 8 e 8 e 9 e CHU Strasbourg +1 AP-HP -2 9 e 9 e 10 e CHU Nice e CHRU Lille e 11 e CHU Rennes e AP-HM e 12 e CHU Réunion -1 12e CHU Réunion e 13 e CHU Grenoble e CHU Strasbourg e CHU Limoges e CHU Nancy e CHU St-Étienne e CHU Angers e CHU Antilles- 16 e e CHU Rouen -3 Guyane 16 e 17 e CHU Brest e CHU Amiens e 18 e CHU Besançon e CHU Tours e 19 e CHU Tours e CHU Besançon e 20 e CHU Angers e CHU Brest e 21 e CHU Dijon e CHU St-Étienne e 22 e CHU Poitiers e CHU Poitiers e 23 e CHU Amiens e CHU Antilles- Guyane e 24 e CHU Nancy -5 CHU Clermont e -6 Ferrand 25 e CHU Rouen e 26 e 25 e CHU Caen -3 CHU Clermont- -8 Ferrand 26 e CHU Limoges +2 26e 27 e CHU Caen e CHU Reims -1 27e 28 e CHU Reims e CHU Dijon e GYNÉCOLOGIE- OBSTÉTRIQUE CHU Montpellier- Nîmes +1 HCL -1 AP-HP +4 CHU Bordeaux +4 CHU Nantes -2 CHU Rennes -2 CHRU Lille +2 CHU Strasbourg +2 AP-HM +3 CHU St-Étienne +17 CHU Tours +5 CHU Clermont- Ferrand +6 CHU Toulouse -8 CHU Rouen -1 CHU Grenoble -9 CHU Angers +5 CHU Réunion -6 CHU Nice -3 CHU Caen +3 CHU Nancy -1 CHU Reims +5 CHU Dijon +1 CHU Poitiers +1 CHU Besançon -7 CHU Brest -11 CHU Limoges +2 CHU Antilles- Guyane -2 CHU Amiens -8 = : évolution du rang par rapport au classement What's Up Doc des CHU HCL : Hôpitaux civils de Lyon AP-HP : Assistance publique-hôpitaux de Paris CHRU : Centre hospitalier régional universitaire AP-HM : Assistance publique-hôpitaux de Marseille janvier-février 2014 What s Up Doc? 12 31

19 EN- QUÊTE CLASSEMENT DES SPÉCIALITÉS ET DES CHU CHOISIS PAR LES JEUNES MÉDECINS LES FEMMES RÉUSSISSENT COMME LES HOMMES CONTRE TOUTE ATTENTE, IL Y A EN FAIT BIEN PEU DE DIFFÉRENCE RELEVÉE ENTRE HOMMES ET FEMMES DANS LES CLASSEMENTS NATIONAUX. SI LA PROFESSION SE FÉMINISE, ELLE N'EST PAS POUR AUTANT DÉLAISSÉE PAR LES HOMMES QUI RESTENT EN TÊTE DU CLASSEMENT À L'ÉGAL DES FEMMES. TOUTES LES SPÉCIALITÉS SE FÉMINISENT DE MANIÈRE HOMOGÈNE? La féminisation n'est pas uniforme! Si la gynécologie médicale et obstétrique reste une spécialité très féminine, à 84,5 %, la médecine nucléaire, FAUX avec 29 % de femmes seulement, constitue un bastion masculin. Statu quo, en revanche, pour la médecine interne, la génétique et l ORL qui tendent vers une égalité parfaite de répartition entre les sexes. Mais n oublions pas qu aux derniers ECN, nous ne comptions «que» 6 femmes pour 4 hommes. Donc ces derniers exemples caractérisent encore un déséquilibre comprenant préférence masculine et/ou désintérêt féminin! La désertification masculine est encore loin parmi les jeunes semestres LES GARÇONS RÉUSSISSENT MOINS BIEN Dans les 10 premiers, seul 1 est une femme. Bravo à toi, Florence! Cette tendance ne persiste cependant pas et l on observe un rééquilibrage des sexes sur les 100 premiers. En revanche, les femmes sont plus régulières dans leur répartition aux ECN, alors que les hommes trustent à la fois les tout premiers, mais aussi les tout derniers rangs du classement Au total, pas de disparité car niveau rang de classement moyen par sexe, c est match nul avec 3931 pour les femmes et 3908 pour les hommes! CHACUN SES PRÉFÉRENCES POUR CHOISIR LES VILLES Pas de règle en matière d attractivité des villes selon les différents sexes! Les CHU de Nice et Saint-Étienne assurent un étonnant dosage 50/50, un peu loin VRAI du 60/40 au national, laissant entendre que certains CHU sont donc préférés par les hommes ou délaissés par les femmes. FAUX À se demander : «Où sont les femmes»? Eh bien, Rouen décroche la palme du CHU le plus féminin avec 66 % de filles, juste devant Angers et Reims! 32 What s Up Doc? 12 janvier-février 2014

20 PARMI LES CHU LES MOINS CHOISIS QUELQUES SPÉCIALITÉS SORTENT DU LOT QUESTIONS? RÉACTIONS? Parlons-en sur et Certains CHU jouissent de spécialités particulièrement attractives du fait de leur excellence, indépendamment des autres spécialités de la subdivision. À ce jeu, l endocrinologie est très efficace! Classée 1 re au CHU de Caen, 4 e à Angers et 9 e à Nancy, elle permet à ces hôpitaux de les favoriser au classement général des CHU les plus choisis par les jeunes médecins. Le Pr Vincent Rohmer, coordinateur de l endocrinologie au CHU d Angers, l a appris avec plaisir! «Si des étudiants bien classés choisissent l'endocrinologie chez nous, c'est peut-être que notre service offre une diversité dans tous les domaines de l'endocrinologie, de la diabétologie et de la nutrition. Nous offrons un panel large de pathologies avec leurs prises en charge spécialisées et des compétences spécifiques réparties entre les 9 médecins titulaires et les 4 assistants (dont 2 CCA), qui pour plusieurs d'entre eux sont liés à des équipes de recherche. Enfin, l'existence d'un centre de référence et de plusieurs centres de compétences ajoute une note multidisciplinaire à notre service.» De même, la santé publique réussit au CHU de Besançon, classé 5 e pour cette seule spécialité, au CHU de Saint-Étienne, 6 e mais avec un seul poste, et au CHU de Reims classé 8 e. Le Pr Damien Jolly explique d ailleurs très bien les clés du succès rémois, avec modestie : «Je pense que c est un effet TGV. Il y a plus de Parisiens depuis que nous avons le TGV et cela permet aux internes d accéder aisément à l offre universitaire parisienne.» Cependant, il semble exister tout de même une alchimie locale particulière : «Nous sommes la seule ville ayant un laboratoire pharmaceutique comme lieu de stage. Nous arrivons aussi régulièrement à envoyer un interne 6 mois à la London School. Nous sommes une petite équipe, ce qui nous permet un accompagnement personnalisé des internes et une guidance pour leur choix de carrière. Enfin, les internes participent à la réunion de travail de l équipe de recherche (un après-midi par semaine).» Inversement, la santé publique est très peu choisie dans certains autres CHU : comme à Nancy ou à Angers où elle est respectivement classée 27 e et 26 e. Même principe en biologie médicale, pour laquelle le CHU de Brest est dans les derniers quand Nancy est 2 e et Dijon 3 e! Le Pr Marc Maynadié, coordonnateur de la spécialité au CHU de Dijon, nous apporte ses explications : «Plusieurs éléments concourent à cette situation : participation des internes à des activités transversales du pôle pour les préparer à leur activité future qui se déroulera probablement sur des plateaux techniques de grande taille ; importante responsabilisation qui leur permet de prendre conscience de la pratique réelle de la biologie médicale ; accessibilité aux plateformes de haute technologie disponibles sur notre plateau technique regroupé. Nous sommes très heureux de ce signe positif indiquant que nous sommes sur la bonne voie dans la façon d'accompagner et de former nos futurs collègues.» janvier-février 2014 What s Up Doc? 12 33

21 EN- QUÊTE CLASSEMENT DES SPÉCIALITÉS ET DES CHU CHOISIS PAR LES JEUNES MÉDECINS Il n est pas rare de trouver des spécialités très en vogue dans un CHU pourtant peu prisé au classement général. QUESTIONS? RÉACTIONS? Parlons-en sur et L'EXCELLENCE DE LA GYNÉCO MÉDICALE AU CHU DE LILLE IL SEMBLE EXISTER UNE VÉRITABLE ÉCOLE DE LA GYNÉCOLOGIE MÉDICALE À LILLE. Si cette spécialité lourdement controversée parfois peine à s épanouir dans certains CHU, ça n est pas le cas de Lille où c est la 9 e spécialité la plus choisie par les jeunes médecins, contre la 25 e au classement général. Et si l on considère le classement national de la gynécologie médicale, Lille est le 1 er CHU choisi, sans doute donc le meilleur vivier de formation pour cette spécialité. LA NEUROLOGIE ÉVITÉE AU CHU DE NICE LES CHIFFRES TRAHISSENT SANS DOUTE UN MANQUE D ATTRACTIVITÉ POUR CETTE SPÉCIALITÉ AU CHU DE NICE. La neurologie, pourtant 3 e au classement général, semble peu attractive à Nice puisque c est la 18 e spécialité à être choisi localement. D ailleurs, quand on considère le classement général de la neurologie, alors que Nice est habituellement classée en 15 e position toute spécialité confondue, le CHU recule à la 23 e place en considérant cette spécialité. Y aurait-il un désaveu de la neurologie niçoise? 34 What s Up Doc? 12 janvier-février 2014

22 BREST, LE CHU DE L'EXTRÊME BREST, CHU DISCRET, MOYEN AU CLASSEMENT GÉNÉRAL, SURPREND PAR SES RÉSULTATS PAR SPÉCIALITÉ. Parmi les premiers en gynécologie médicale, en médecine physique et de réadaptation ou en rhumato, et classé 9 e en médecine générale, le CHU arrive en revanche dans les derniers en néphrologie, ophtalmologie, biologie, endocrinologie, gynécologie-obstétrique. Le résultat moyen au classement général du CHU de Brest s explique donc par une forte disparité de ses spécialités, qui oscillent entre les plus et les moins plébiscitées par les jeunes médecins. LES SERVICES TRÈS CHOISIS DANS DES CHU PEU CHOISIS ÇA PEUT PARAÎTRE CURIEUX, MAIS IL N EST PAS RARE DE TROUVER DES SPÉCIALITÉS TRÈS EN VOGUE DANS UN CHU POURTANT PEU PRISÉ AU CLASSEMENT GÉNÉRAL. Fait du hasard ou conséquence d une politique particulière, le CHU de Saint-Étienne est 2 e en cardiologie et pourtant avant-dernier au classement général. Le CHU de Nancy est 1 er en médecine du travail, 2 e en biologie médicale et 6 e en ophtalmologie alors que le CHU de Nancy est 19 e au classement général. Le CHU d Angers est 3 e en néphrologie et 3 e en MPR alors qu il est choisi en 21 e position au classement général. Des phénomènes qui interrogent! Le Pr Isabelle Richard, doyenne de la faculté d'angers et coordonnatrice de la MPR, nous répond pour ce qui concerne son CHU : «Il existe des disparités importantes entre les spécialités à Angers. Sans doute par le fait que les résultats de nos externes à l ECN sont généralement très bons alors que nous ne sommes pas une ville particulièrement attrayante : taille moyenne, pas dans le sud, pas de mer Donc lorsque nos étudiants font le choix de rester, ils tirent vers le haut une spécialité. Avec des petits effectifs, ça fait vite grimper les moyennes! Le succès de la MPR en particulier s explique par deux raisons principales. Tout d abord, une bonne notoriété de notre service au niveau national. Avec ma fonction de coordonnatrice locale MPR, je suis également doyenne et 50 % de nos étudiants passent au cours de l externat en MPR. Tout cela concourt à faire connaître cette spécialité aux jeunes d Angers!» CONCLU -SION DE L ENQUÊTE Les choix effectués par les meilleurs espoirs de la médecine française mettent à l honneur les Hospices civils de Lyon (HCL), quasi-ex æquo avec le CHU de Montpellier-Nîmes. Devant les grands centres parisiens, devant les établissements de santé du sud de la France, les HCL attirent les mieux classés parmi les plus jeunes médecins. Un choix d excellence de formation pourtant discordant avec le classement du Point, qui relègue les HCL à la 19 e place parmi les meilleurs hôpitaux de France. Formation et pratique sont-elles différentes? Quel sens donner à ces résultats? Notre enquête révèle que les hôpitaux les plus appréciés attirent les médecins pour différentes raisons : qualité de formation, promesses de carrière mais aussi climat agréable et perspective de qualité de vie. Longtemps estampillé(e) comme un homme ou une femme vertueux(se), mû(ue) par une vocation inaliénable, le médecin est bien sûr un professionnel comme les autres. La superposition de notre classement avec celui de L Express des villes où il fait bon vivre renforce d ailleurs ce sentiment. Une normalisation qui se retrouve aussi dans la sélection des spécialités les plus choisies, dont le palmarès correspond étroitement mais pas uniquement aux professions promettant les plus fortes rémunérations. Faut-il s en satisfaire ou s en inquiéter? Libre à chacun d interpréter, mais si l on attend des médecins une plus grande symbiose de ces pratiques avec les cultures de leur époque, il n y aurait guère de sens à leur reprocher d être aujourd hui simplement devenus normaux. janvier-février 2014 What s Up Doc? 12 35