Le repaire-moulin de Ségadènes

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Adam Corbeil
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1 Patrimoine architectural CONSEIL GÉNÉRAL DU LOT Inventaire de l architecture médiévale du Lot SOTURAC Le repaire-moulin de Ségadènes Étude monumentale GILLES SÉRAPHIN - JUIN 2007

2 SOTURAC LE REPAIRE-MOULIN DE SÉGADÈNES Aucune mention du moulin, du repaire ou du fief n est repérable avant le 15 e siècle. Seul indice ténu, le moulin situé immédiatement en aval de Ségadènes sur la Thèze ( km), mais déjà en Agenais, porte le nom singulier de Frésapa, nom que l on retrouve également près de Saint-Sylvestre sur Lot, associé à un moulin et à un château implanté sur les berges du Lot. Ces deux toponymes pourraient se rapporter au lignage de Jeanne Frésapa, deuxième femme de Pierre Duèze, frère du pape Jean XXII et vicomte de Carmaing. Les de Jas ou d Ajas, famille de forgerons originaire des Pyrénées, sont les premiers occupants connus. On sait qu ils s implantèrent après la guerre de Cent Ans à Ségadènes où ils établirent une mouline à fer (forge). Dans la même fonction de maître de forge, leur succéda au début du 17 e siècle Pierre Durieu de Séverac, seigneur de Ségadènes, gentilhomme de la chambre du roi en 1622, fils de Marie de Jas de Ségadènes. Cette dernière est sans doute la même qu une certaine «Marie de Segadnos» dont le nom a été relevé parmi les graffiti de la grosse tour du château de Bonaguil. L édifice L édifice médiéval qui subsiste aujourd hui se présente sous l aspect d une imposante maison-tour (Fig. 1 et 2) de plan presque carré (12,70 x 1,20 m), aux murs épais de 1,05 à 1,10 m. Le volume interne est divisé en deux travées inégales par un refend orienté est-ouest (Pl. 1), séparant une grande salle ou aula de 6,70 x 10,60 m et une salle secondaire (chambre ou camera?) de,0 x 6,25. L angle sud-ouest est occupé par un réduit de plan carré de,25 m de côté, évoquant le volume d une tour dans laquelle a pris place un escalier de charpente à balustres tournés du 17 e siècle. L étage de cette tour est couvert par une voûte sur croisée d ogives dont les culots représentent des mufles grimaçants (Fig. 11 et 12) et dont la clé de voûte est ornée d un fleuron et de quatre têtes (Fig. 10). La distribution actuelle du logis résulte d aménagements tardifs, de la fin du 19 e siècle qui ont en partie condamné les percements antérieurs. Une demi-croisée moulurée repercée sur l élévation sud indique qu une campagne de réfection fut réalisée après la guerre de Cent Ans, entre la fin du 15 e et le début du 16 e siècle, époque à laquelle il faut peut-être attribuer également les parties les plus anciennes des hourds qui couronnent l ensemble de l édifice

3 Ces réaménagements tardifs ont cependant conservé une bonne lisibilité des dispositions médiévales, notamment au niveau du premier étage. Au-dessus d un rez-de-chaussée à usage de cave, et affecté partiellement aux machineries du moulin, le premier étage, affecté à l habitation était accessible par une porte haute, supposant un escalier extérieur. Cette porte en arc brisé (Fig. ), soulignée par une moulure torique, donnait accès directement dans la grande salle. Elle était défendue par une longue archère cruciforme, desservie par la tour (Fig. 4), et dont les croisillons étaient ornés d étriers latéraux. Sa position à mi-niveau indique que la tour, dès l origine, a dû accueillir un escalier. La plupart des percements médiévaux de l étage ont été condamnés par les aménagements ultérieurs, mais on peut identifier sans difficulté les traces de quatre fenêtres géminées semblables (Fig. 6, 7, 8 et 9), trois d entre elles éclairant la grande salle, la quatrième équipant la chambre. Couverte par des arcatures en arc brisé à intrados trilobé, ces fenêtres étaient divisées par des meneaux ornés d un faisceau de colonnettes. Les chapiteaux des meneaux et des piédroits sont ornés de feuillages à limbes creux dont le style inciterait à situer l ensemble de l édifice dans le dernier tiers du 1 e siècle plutôt qu au siècle suivant. La chambre, établie au sud-est, était dotée d une armoire murale, de latrines et, sans doute, d une cheminée. Deux gargouilles d évacuations d eaux pluviales (Fig. 14, 15 et 16), implantées sous les encorbellements de l élévation est, montrent que les hourds actuels ont succédé à un dispositif primitif, sans doute un comble en retrait, qui laissait à l air libre les couronnements primitifs qu on peut supposer accessibles et crénelés. La charpente de toiture en pavillon, solidaire des hourds aurait donc été mise en place dans un second temps, peut-être dès la fin du 15 e siècle. Bibliographie DIDON (Catherine), Châteaux, Manoirs et Logis, Éd. Patrimoines et médias, 1996, p. 28. SÉRAPHIN (Gilles), Cahors et la vallée du Lot, Éd. Études et communication, 1990, p FRUGIER (Daniel), SÉRAPHIN (Gilles), «Graffiti de la fin du XVI e et du XVII e siècle au château de Bonaguil», dans Quercy-Recherche n 28 (mai-juin 1979), p

4 Figures Fig. 1 Ancien repaire-moulin de Ségadènes, vue du front ouest. Fig. 2 Ancien repaire-moulin de Ségadènes, vue de l angle nord-est. - -

5 Fig. Ancien repaire-moulin de Ségadènes, élévation ouest. Ancienne porte d entrée condamnée. Fig. 4 Ancien repaire-moulin de Ségadènes, élévation ouest. Archère cruciforme défendant l entrée

6 Fig. 5 Ancien repaire-moulin de Ségadènes, élévation ouest. Fente de jour cintrée au rez-de-chaussée. Fig. 6 Ancien repaire-moulin de Ségadènes, élévation nord. Fenêtre géminée à arcades trilobées

7 Fig. 7 Ancien repaire-moulin de Ségadènes, élévation nord. Fenêtre géminée condamnée, détail. Fig. 8 Ancien repaire-moulin de Ségadènes, élévation ouest. Fenêtre géminée détail

8 Fig. 9 Ancien repaire-moulin de Ségadènes, fenêtre géminée partiellement condamnée. Fig. 10 Ancien repaire-moulin de Ségadènes, croisée d ogives de la tour. Détail de la clé de voûte ornée d une tête humaine

9 Fig. 11 Ancien repaire-moulin de Ségadènes, croisée d ogives de la tour. Détail d un culot. Fig. 12 Ancien repaire-moulin de Ségadènes, croisée d ogives de la tour. Détail d un culot

Fig. 1 Ancien repaire-moulin de Ségadènes,

Détail des gargouilles et des hourds. Fig.

10 Fig. 1 Ancien repaire-moulin de Ségadènes, étage sous combles. Détail des solives formant hourds. Fig. 14 Ancien repaire-moulin de Ségadènes. Détail des gargouilles et des hourds. Fig. 15 Ancien repaire-moulin de Ségadènes. Détail des gargouilles et des hourds

11 Fig. 16 Ancien repaire-moulin de Ségadènes. Détail d une gargouille. Fig. 17 Ancien repaire-moulin de Ségadènes, écoinçon d une ancienne fenêtre géminée Fig. 18 Ancien repaire-moulin de Ségadènes, escalier à volées suspendues

12 Fig. 19 Ancien repaire-moulin de Ségadènes, élévation est. Vestiges d une porte condamnée et de l ancien caisson de latrines

13 SOTURAC Ancien repère-moulin de Ségadènes Plan du 1er étage - état actuel G. Séraphin juin 2007 Légende des plans A. Ancienne tour : étage voûté d ogives B. Ancienne aula ou grande salle C. Ancienne camera (?) 1. porte d entrée en arc brisé 2. porte en arc brisé, 1e siècle.. fenêtre géminée, 1e siècle 4. archère cruciforme, 1e siècle. 5. ancien caisson de latrines. 6. armoire murale, 1e siècle. 7. demi croisée 15e ou 16e siècle 8. escalier 16e ou 17e siècle. 9. fenêtres modernes.

14 SOTURAC Ancien repère-moulin de Ségadènes Plan du 1er étage - état actuel G. Séraphin juin 2007 Planche N m

15 SOTURAC Ancien repère-moulin de Ségadènes Plan du 1er étage - état médiéval restitué G. Séraphin juin 2007 Planche C B A N m

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