Internationalisation et localisation de sites Web Problématiques et outils

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1 Internationalisation et localisation de sites Web Problématiques et outils Cécile MARTIN Professeur associée Rennes 2 Pour voir la présentation PowerPoint (contenant des illustrations et exemples), voir Introduction L'Internet est né à la fin des années 1960 et n'était à l'origine qu'un outil de diffusion de documents scientifiques. Cet outil a connu une évolution importante et est aujourd'hui devenu un outil de communication indispensable, en particulier pour les entreprises. De nombreuses technologies ont été développées autour du Web afin de pouvoir proposer aux utilisateurs un contenu toujours plus dynamique et personnalisé (ASP, CGI, PHP, etc.) Le HTML Tout d'abord, qu'est-ce que le HTML? HTML signifie Hyper Text Markup Language. L'essence même de ce langage est la navigation hypertexte qui permet de se déplacer à l'intérieur d'un document ou entre des documents. C'est en fait un langage balisé (texte brut) qui contient des informations de présentation et de navigation sur le contenu d'une page. Et le navigateur, outil essentiel à la visualisation d'une page HTML, contient un analyseur syntaxique qui permet l'affichage des pages Web telles qu'on les connaît. Les jeux de caractères La première problématique à analyser dans le cadre de l'internationalisation d'un site Web est celle des jeux de caractères. Le jeu de caractères par défaut du standard HTML est l'iso Ce jeu est codé sur 8 bits et ne peut donc représenter plus de 255 caractères. Ce jeu de caractères doit donc être adapté en fonction de la cible de la nouvelle version du site Web. Récemment, un nouveau standard de jeux de caractères a émergé : l'unicode. L'Unicode étant codé sur 16 bits, il permet de représenter jusqu'à plus de caractères (soit presque l'intégralité des signes des langues du monde entier). Ce standard étant encore «jeune», il n'est pas encore supporté par toutes les technologies connexes au Web. Pour plus d'informations sur ces jeux de caractères, consulter et Outils : le jeu de caractères utilisé est spécifié dans chaque page HTML d'un site. Les outils d'édition HTML permettent de modifier le jeu utilisé (Dreamweaver, Cold- Fusion, GoLive, FrontPage, etc.)

2 Localisation L architecture La seconde problématique à mon sens la plus importante, celle qui doit être adressée avec le plus grand soin de l'internationalisation d'un site Web est celle de l'architecture du site. Un site Web est en fait une organisation de fichiers et de ressources autour d'une racine (généralement la page d'accueil). L'internationalisation, et en particulier l'ajout d'une nouvelle langue dans un site, va nécessairement impliquer une modification de l'architecture originale (si l'internationalisation n'a pas été prévue initialement). L'architecture est un élément essentiel de la maintenance et gestion du contenu du site, et un facteur très important de la simplification de cette maintenance. Il existe bien sûr plusieurs possibilités d'architecture, et les exemples présentés ciaprès ne se veulent pas exhaustifs, mais simplement représentatifs des architectures les plus fréquemment rencontrées. Architecture «factorisée» ; Architecture «en miroir» ; Architecture «dynamique». Outils : les outils permettant de gérer l'architecture d'un site Web sont les outils d'édition HTML et de gestion de site (Dreamweaver, ColdFusion, GoLive, FrontPage, etc.) Les liens Lors de la modification de l'architecture, l'organisation des fichiers constituant le site Web va elle aussi être modifiée, ce qui va entraîner des modifications dans les liens entre les pages HTML et dans l'adressage des ressources. Un lien est en fait un adressage d'un fichier (une page) ou d'une ressource (image, film, son, etc.) par rapport à la page qui utilise cette ressource ou qui pointe vers ce fichier. Il existe deux types d'adressages : relatif et absolu. Un adressage relatif consiste à spécifier la position du fichier ou de la ressource par rapport à la page courante dans l'architecture. Un adressage absolu consiste à spécifier la position absolue du fichier ou de la ressource via le protocole utilisé (http, file, etc.) Tous les fichiers ou ressources faisant partie du site doivent être adressés de manière relative. Or, lors de la modification de l'architecture, certains adressages peuvent être perdus ou devenir erronés, ce qui peut conduire à des liens brisés ou à l'apparition de fichiers orphelins. Ces adressages doivent donc être rectifiés. Outils : les outils permettant de vérifier et corriger les adressages des fichiers et ressources sont les outils d'édition HTML (Dreamweaver, ColdFusion, GoLive, Front- Page, etc.) La feuille de style Un autre élément d'un site Web pouvant nécessiter une adaptation lors de l'internationalisation est la (les) feuille(s) de style. Généralement, une feuille de style d'un site Web est un fichier au format CSS (texte brut) qui définit les polices, les tailles de police, les couleurs utilisées, etc. C'est bien évidemment un élément qui peut nécessiter un reformatage selon la langue/le pays ciblé par le site Web. Outils : les feuilles de style CSS étant du texte brut, elle peuvent être modifiées à l'aide de n'importe quel éditeur de texte (Bloc-Notes, UltraEdit, Jedit, etc.) Les outils d'édition HTML proposent également une gestion du format CSS (DreamWeaver, Go- Live, FrontPage )

3 Les ressources multimédia et images Aujourd'hui une page HTML contient presque toujours un grand nombre de ressources multimédias et/ou d'images. Chaque traitement est spécifique au support. Fichiers vidéo. Formats mpeg, avi, mov, etc. Il existe plusieurs traitements possibles : sous-titrage, doublage, voice-over ou création d'un fichier original. Outils : Premiere (outil complet de montage vidéo), DubIt et FxResound (doublage et voice-over), CaptionIt (sous-titrage), etc. Fichiers audio. Formats mp3, wav, etc. Deux traitements sont possibles : voiceover ou création d'un fichier original : Outils : SoundForge, TotalRecorder, Anvil Studio, Super MP3 Recorder Pro, Audition, etc. Images. Formats jpg, gif, bmp, etc. Dans le cas des images, il faut toujours essayer d'obtenir la source de l'image auprès du client/donneur d'ordres. Un fichier jpg ne peut pas être créé directement dans ce format. Il existe forcément une source. Le plus souvent la source est un dessin vestoriel dans lequel le texte est en fait sur un calque. Pour un travail optimisé, la meilleure solution est de conserver la source et d'y créer un calque de texte pour chaque langue : Outils : PhotoShop, PaintShopPro, etc. Cas particulier des gif animés. Un gif animé est un fichier dans lequel plusieurs fichiers gif sont mis bout à bout avec un temps d'affichage spécifié pour chaque. Chaque fichier constituant le gif animé doit donc être traité séparément comme une image normale puis réintégré dans l'animation. Ne pas oublier d'adapter le temps d'affichage de l'image en fonction du texte à lire! Outils : ImageReady, Animation- Shop, GifBuilder, E-picture, etc. Dans les ressources multimédias que l'on rencontre très fréquemment aujourd'hui sur Internet, il y a bien sûr le Flash. Macromédia Flash est un outil de création graphique qui permet de réaliser des animations (incluant de la vidéo, des images, etc.) ainsi que des interfaces de navigation. Le fichier flash lisible (format swf) est obtenu à partir de la compilation du fichier source (format fla). Le fichier swf est impossible à éditer. Il faut donc travailler sur le fichier source fla. Comme pour un gif animé, il faut penser à adapter le temps d'affichage de l'animation au texte à lire. Si je souhaitais traiter le flash comme un cas particulier, c'est parce que Macromedia a intégré une fonctionnalité très intéressante dans la dernière version de son logiciel (Flash MX) : les chaînes de texte peuvent être externalisées de l'animation dans un fichier XML puis intégrées dynamiquement au fichier swf. Le travail de traduction ne s'effectue donc plus dans le fichier fla (ce qui nécessite des connaissances du logiciel Flash), mais simplement dans un fichier XML. Pour plus d'informations sur cette fonctionnalité, consulter la page : Outils : Macromedia Flash. Le JavaScript Le JavaScript est une des nombreuses technologies qui ont été développées afin d'enrichir le HTML, et on le rencontre aujourd'hui dans presque tous les sites Web. Le JavaScript est un langage de script qui s'incorpore dans un document HTML et qui permet d'exécuter des commandes côté client (c'est à dire dans le navigateur). L'utilisation

4 Localisation du JavaScript dans un fichier HTML peut nécessiter une étape de traduction et/ou de re-développement lors de l'internationalisation. Les commandes en JavaScript peuvent nécessiter une étape de redimensionnement de champs, boutons, etc. Outils : outils de TAO (DejaVu, SDLX, etc.) éditeurs de texte (Bloc-Notes, Ultra- Edit, Jedit, etc.) éditeurs HTML (DreamWeaver, GoLive, FrontPage, etc.) Le Java, bien que créé à l'origine pour développer des applications indépendantes, est aujourd'hui utilisé pour enrichir les fonctionnalités du HTML à travers de petites applications (appliquettes ou applets) qui s'exécutent côté client. Le Java est un langage pré-compilé. Le fichier source (java) permet de générer (via une compilation à l'aide d'une Java Virtual Machine, ou JVM) un fichier exécutable (class) qui peut-être utilisé dans une page HTML (à condition que le navigateur dispose d'une JVM). Le travail de traduction doit être effectué dans le fichier source (java). Cependant, comme pour les applications indépendantes écrites en Java, il est possible d'externaliser toutes les chaînes de texte dans des fichiers de ressources (bundles, le plus souvent d'extension.properties), et donc de limiter le travail de traduction à ces fichiers. Les applications écrites en Java peuvent nécessiter une étape de redimensionnement de champs, boutons, etc. Outils : outils de TAO (DejaVu, SDLX, etc.) éditeurs de texte (Bloc-Notes, Ultra- Edit, Jedit, etc.) JDK (disponible gratuitement sur le site de Sun). Préparation de la traduction Une fois que toutes les problématiques précédentes de traitements particuliers ont été résolues et traitées, le travail de traduction des pages HTML peut commencer. Il faut tout d'abord distinguer deux types de pages : les pages pouvant être traduites (présentation d'un produit, présentation de la société, etc.) ; les pages nécessitant une adaptation régionale (contacts, événementiel, presse, etc.) dont le contenu sera le plus souvent directement rédigé par la filiale de la société du pays ciblé. Après l'étape de traduction, bien naturellement, viennent les étapes de contrôle qualité. Un site Web nécessite des étapes de contrôle qualité supplémentaires qui sont les tests de fonctionnalité. Il faut également s'assurer que tous les éléments ont été traduits : en raison du nombre important de ressources, de fichiers, d'éléments ne s'affichant que sur des actions spécifiques de l'utilisateur, etc. on a tôt fait de laisser des éléments dans la langue source. Outils : outils de TAO (DejaVu, SDLX, etc.), éditeurs HTML (DreamWeaver, Go- Live, FrontPage, etc.). Conclusion En conclusion, on peut penser que l'externalisation des chaînes de texte est une tendance qui va se confirmer. Après avoir développé des technologies permettant d'enrichir le contenu des sites Web, les éditeurs de logiciel se rendent compte qu'ils en ont complexifié l'étape d'internationalisation et se penchent maintenant sur des solutions permettant de la simplifier (ex : Flash)

5 Ensuite, il est évident que lorsque l'internationalisation d'un site est prévue dès la création du site original, les problèmes éventuels et les coûts s'en trouvent réduits. Lors de la création d'un site Web, il est préférable de choisir une architecture facilitant l'insertion d'une nouvelle langue, de conserver précieusement toutes les sources des ressources utilisées sur le site, ainsi que de préférer l'externalisation des chaînes de texte dès que cela est possible (appliquettes Java, Flash). Récemment, l'émergence des nouvelles technologies de l'internet (Wap, I-mode, etc.) a créé de nouveaux enjeux d'internationalisation de sites Web. Enfin, on pourrait se poser la question de savoir si le traducteur technique doit réellement avoir toutes ces compétences. L'université de Rennes 2 a fait le pari de répondre oui en se posant d'abord une autre question : le rendu final d'une internationalisation de site Web sera-t-il de meilleure qualité si un intervenant est capable de maîtriser et d'effectuer toute cette chaîne de traitements particuliers que si une équipe d'experts non linguistes se partage chacune des tâches relevant de ses compétences sans avoir de visibilité globale sur le site à internationaliser?