Nous AVONS CHOISI CELA POUR FAIRE PENSER NOS PERSONNAGES ET LEUR DONNER LA PAROLE, CELLE DES HUMAINS..

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5 NOTICE : POURQUOI CETTE IMAGE? Nous AVONS CHOISI CETTE IMAGE POUR SON ASPECT SAISISSANT. LORSQUE NOS REGARDS CROISENT CEUX DE LA PHOTOGRAPHIE, NOUS SOMMES OBLIGÉS DE REGARDER CES GENS. LEURS REGARDS SONT DURS ET REMPLIS DE QUESTIONS OU DE RAGE. ILS SONT AUSSI PARFOIS DÉSESPÉRÉS. Nous AVONS EU ENVIE DE METTRE EN MOTS CETTE IMAGE COMME UN HOMMAGE À CES GENS. POURQUOI CE CHOIX DE TEXTE? Nous AVONS CHOISI CELA POUR FAIRE PENSER NOS PERSONNAGES ET LEUR DONNER LA PAROLE, CELLE DES HUMAINS.. Nous AVONS SÉPARÉ NOTRE TEXTE EN DEUX PARTIES : LA VISION D 1 UN ENFANT, LA VISION D 1 UNE MÈRE. POUR L 1 ENFANT NOUS AVONS FAIT UN TEXTE NAÏF MALGRÉ TOUT, POUR LA FEMME NOUS AVONS RÉDIGÉ UN TEXTE SOUTENU ET RÉFLÉCHI. Nous LES AVONS FAIT PENSER SUR LA MÊME SCÈNE POUR MONTRER DIFFÉRENTS POINTS DE VUE EN FONCTION DE L 1 ÂGE.

6 L'ENFANT: ENFIN LES PORTES S'OUVRENT. LE SOLEIL M 1 ÉBLOUIT. L'OUVERTURE DES PORTES EST BRUTALE, LA LUMIÈRE SE JETTE DANS NOTRE WAGON. J'AI FAIM, JE N'AI PAS MANGÉ DEPUIS TROIS JOURS. Nous AVONS ÉPUISÉ NOS PETITES RÉSERVES DÈS LES PREMIÈRES HEURES DU VOYAGE. J'AI TRÈS SOIF AUSSI, L'EAU EST DEVENUE RARE. MAIS J'ÉVITE D 1 Y PENSER CAR NOUS SOMMES ARRIVÉS À DESTINATION. D 1 AILLEURS JE NE SAIS PAS OÙ NOUS SOMMES, CELA RESSEMBLE PRESQUE À UNE GARE. NON JE NE SAIS PAS OÙ NOUS SOMMES MAIS MAMAN A L 1 AIR DE SAVOIR, TANT MIEUX 1 «PFF...», IL SE MET À FAIRE CHAUD ET JE N 1 AI PAS LE DROIT D 1 ENLEVER MON MANTEAU. POURQUOI CET HOMME NOUS PREND-IL EN PHOTO? JE PENSE QUE NOUS SOMMES INTÉRESSANTS. JE NE VOIS PLUS MON PÈRE, ON SE RETROUVERA SÛREMENT APRÈS. IL EST DESCENDU DU WAGON PUIS JE NE L'AI PLUS VU. MAMAN A PLEURÉ, JE NE COMPRENDS PAS VRAIMENT POURQUOI. ON ATTEND. DE TOUTE FAÇON IL FAUT TOUJOURS ATTENDRE. SOUDAIN UN SOLDAT NOUS CRIE DES PHRASES EN ALLEMAND, NOUS AVANÇONS.

7 LA FEMME: LES LOURDES PORTES DU WAGON S'OUVRENT, UNE SEULE PENSÉE ME VIENT : NOUS SOMMES ENCORE EN VIE. MON FILS EST BIEN LÀ AUSSI. QUEL SOULAGEMENT. QUELLE CHALEUR SUFFOCANTE DANS NOTRE WAGON. AVEC ELLE LES ODEURS DU WAGON ÉTAIENT DÉMULTIPLIÉES ET INFECTES, MÉLANGE DE TOUT.. L 1 HORREUR, VOILÀ LA VISION QUE NOUS AVIONS DEPUIS NOTRE DÉPART. TRAITÉS PIRE QUE DU BÉTAIL. JE NE SAIS PAS OÙ NOUS SOMMES ARRIVÉS, DES CAMPS.. DE TRAVAUX FORCÉS CERTAINEMENT. J'AI TRÈS FAIM, PAS DE NOURRITURE DEPUIS LONGTEMPS ET LA SOIF, N 1 EN PARLONS PAS... SOUDAIN MON FILS SOUFFLE, «PFF», IL ME RAMÈNE À CETTE TRISTE RÉALITÉ... LUI AUSSI DOIT SOUFFRIR DE CETTE SITUATION. DES ALLEMANDS NOUS PHOTOGRAPHIENT, C 1 EST INCOMPRÉHENSIBLE, ILS NOUS ONT SANS CESSE HUMILIÉ ET LÀ NOUS SOMMES L 1 0BJET DE LEUR ATTENTION, JE NE PEUX RETENIR MES LARMES. JE NE VOIS PLUS ABRAHAM, MAIS JE N'AI PLUS LE TEMPS DE LE CHERCHER DU REGARD, LES ALLEMANDS NOUS DEMANDENT D'AVANCER.

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10 PETITE FILLE DEBOUT REGARDANT LE PHOTOGRAPHE : Où EST MON PAPA? Où EST MON FRÈRE? J'AI PEUR. QUE SE PASSE-T-IL? HEUREUSEMENT QU'IL RESTE MAMAN, MA SŒUR ET MAMIE. JE SUIS FATIGUÉE. POURQUOI LE TRAJET A ÉTÉ AUSSI LONG? J 'AI FAIM. QUAND EST-CE QU'ON MANGE? POURQUOI ON EST AUSSI NOMBREUX? POURQUOI EST-CE QU'IL N'Y A QUE DES JUIFS ICI? QU'EST-CE QU'ON VA NOUS FAIRE? J'AI PEUR! QUI C 1 EST LUI? CE N 1 EST PAS UN JUIF, IL A UN UNIFORME! POURQUOI IL NOUS PHOTOGRAPHIE? PETIT GARÇON : MAMAN M 1 A DEMANDÉ DE VEILLER SUR MON PETIT FRÈRE QUAND ILS ONT FRAPPÉ À LA PORTE. ON EST SORTI DERRIÈRE LA MAISON MAIS ILS NOUS ONT RATTRAPÉ QUELQUES MINUTES PLUS TARD. J 'AI PERDU DE VUE MAMAN DANS LES WAGONS, DEPUIS JE NE SAIS PAS QUOI FAIRE! ON NOUS A PRIS TOUTES LES VALISES QU'ON NOUS AVAIT LAISSÉ JUSQUE LÀ! ON N'A RIEN MANGÉ DEPUIS UNE JOURNÉE ET ILS NOUS ONT JUSTE DONNÉ UNE GORGÉE D 1 EAU À LA SORTIE DU TRAIN. ON MANQUE DE TOUT ICI! JE N 1 EN PEUX PLUS. JE NE SAIS PAS CE QUE RESSENT MON FRÈRE, JE N'OSE PAS LUI DEMANDER. JE NE POURRAIS PAS LUI DONNER D'EXPLICATION CLAIRE SANS QU'IL DEVINE CE QU 1 IL Y A AU BOUT DU CHEMIN...

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13 NOTICE: Nous AVONS CHOISI DE TRAVAILLER SUR LA PHOTOGRAPHIE DE CETTE VIEILLE DAME, CAR ELLE EST POIGNANTE ET NOUS MONTRE RÉELLEMENT LA LAIDEUR DE CETTE GUERRE : LES PERSONNES ÂGÉES DÉLAISSÉES SUR LES QUAIS, RÉVÉLANT LEUR DÉSESPOIR. CETTE VIEILLE DAME VIT LA VIOLENCE DE LA DÉPORTATION ET DE LA SÉLECTION QUI L'ISOLE. DÉLAISSÉE PAR SES PROCHES CONTRAINTS SOUS LA FORCE ET L'AUTORITÉ DES SS. Nous AVONS CHOISI DE FAIRE UN POÈME PARCE QU'IL CORRESPOND BIEN À LA FRAGILITÉ DE CETTE FEMME ET POUR DIRE COMBIEN SON IMAGE NOUS TOUCHE. CE QU'ELLE DIT EST EN ITALIQUE ET NOUS NOUS EXPRIMONS À TRAVERS CE QUI EST ÉCRIT AVEC UNE POLICE ORDINAIRE. Nous AVONS TENTÉ QUELQUES PHRASES EN HONGROIS, PUISQUE CES PHOTOGRAPHIES ONT ÉTÉ PRISES À L' ARRIVÉES DES CONVOIS DES JUIFS HONGROIS. ELLES DISENT «RENDEZ NOUS NOTRE LIBERTÉ».

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17 PAROLES DE FEMMES : «QUELLE HONTE POUR MOI D 1 ÊTRE RASÉE. QUELLE HUMILIATION! ET CE SS QUI NOUS FIXE COMME SI NOUS N 1 ÉTIONS RIEN, COMME DÉJÀ MORTES. C'EST BIEN LE PIRE DES SENTIMENTS QUE DE SE SENTIR TRANSPARENTE. QUEL EST CE BÂTIMENT DE BOIS? Où ALLONS-NOUS? HEUREUSEMENT ON SE SOUTIENT DANS CETTE MARCHE VERS L'INCONNU.» «QUEL EST CET ENDROIT? Où NOUS EMMÈNE -T-ON? ET DAVID, QU'EST-IL DEVENU? Où EST-IL ALLÉ? IL N 1 A QUE SIX ANS, J'ESPÈRE QU 1 IL VA BIEN. QU 1 IL N'A PAS ÉTÉ RASÉ, LUI QUI AIMAIT TANT SES CHEVEUX. MON FILS, OÙ PEUX-TU BIEN ÊTRE? CE CAMP EST IMMENSE! COMMENT SE RETROUVER. IL NE PARLE MÊME PAS ALLEMAND.»

18 «POURQUOI NOUS PRENNENT-ILS EN PHOTO? SURTOUT QUE MAINTENANT NOUS SOMMES RASÉES, ILS POUVAIENT LE FAIRE LORS DU TRI À LA SORTIE DU TRAIN. ILS SONT TELLEMENT INDIFFÉRENTS FACE À CETTE SITUATION, TELLEMENT INDIFFÉRENTS DE NOUS FAIRE DU MAL. Où ALLONS NOUS DANS CES TENUES SI ÉTRANGES ET PAS À NOTRE TAILLE... TANT DE QUESTIONS AUXQUELLES JE N 1 ARRIVE PLUS À RÉPONDRE!» «COMMENT PEUVENT-ILS FAIRE CELA? ETRE AUSSI ODIEUX! Nous JETER TELS DES VIEUX OBJETS! Nous SÉPARER DE NOS FAMILLES! PUIS NOUS ENLEVER TOUT CE QU'ON A! JE NE VIS PLUS.. JE SUIS SANS VIE, SANS AVENIR. DANS QUEL LIEU SOMMES-NOUS? JE NE VEUX PAS ÊTRE ICI, JE NE VEUX PLUS ÊTRE LÀ, PARTIR QUITTE À MOURIR. HABILLÉE EN GUENILLES. TELLE UNE ÉTRANGÈRE AUX MILIEU DE TOUTES CES FEMMES, PERDUE, NE PARLANT PAS LEURS LANGUES.»

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