Qu est-ce que l Eglise? Que dit-elle d elle-même? Que cherche-t-elle? Que veutelle

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1 Lumen Gentium 1 1 Présentation Qu est-ce que l Eglise? Que dit-elle d elle-même? Que cherche-t-elle? Que veutelle faire? La constitution dogmatique sur l Eglise est un des principaux pivots du concile Vatican II autour duquel se satellisent des documents comme les décrets relatifs aux évêques, aux prêtres, à leur formation, aux religieux, à l apostolat des laïcs, à l activité missionnaire de l Eglise, et aussi les déclarations sur la liberté religieuse, le dialogue avec les religions non chrétiennes. Les premiers mots nous livrent l intention des rédacteurs : N 1 «Le Christ est la lumière des peuples ; réuni dans l Esprit saint, le saint Concile souhaite donc ardemment, en annonçant à toutes créatures la bonne nouvelle de l Evangile répandre sur tous les hommes la clarté du Christ qui resplendit sur le visage de l Eglise. L Eglise étant, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c est -à -dire à la fois le signe et le moyen de l union intime avec Dieu et de l unité de tout le genre humain, elle se propose de préciser davantage, pour les fidèles et pour le monde entier, en se rattachant à l enseignement des précédents conciles, sa propre nature et sa mission universelle.» D emblée, l Eglise est référée au Christ. Elle en prolonge son activité missionnaire, travaillant au rassemblement de l humanité dans l union avec Dieu. L Eglise n est pas le Christ mais elle le représente jusqu à sa venue dans la gloire. Le plan : 1. Le mystère de l Eglise 2. Le peuple de Dieu 3. La constitution hiérarchique de l Eglise, l épiscopat

2 4. Les laïcs 5. L appel universel à la sainteté dans l Eglise 6. Les religieux 7. Le caractère eschatologique de l Eglise en marche et son union avec l Eglise du ciel 8. La bienheureuse Vierge Marie Mère de Dieu dans le mystère du Christ et de l Eglise. De ce plan émergent quatre aspects fondamentaux de l Eglise considérée dans un premier temps comme un «mystère» et non comme une institution. Puis, sans doute par souci d équilibre, on s intéresse à sa structure, sa hiérarchie. Le troisième caractère attire l attention sur la sanctification du Peuple de Dieu et enfin on s intéresse aux fins dernières auquel se rattache le chapitre consacré à la Vierge Marie. 2 Le mystère de l Eglise (1 8) Les 8 premiers chapitres de la constitution nous rappellent le dessein du Père, notre Créateur qui veut sauver tous les hommes après la chute en Adam. Le mystère de l Eglise vient de la volonté du Père de racheter les hommes en envoyant son Fils offert pour les péchés des hommes. Tous ceux qui croient au Christ forment la sainte Eglise qui a vocation de rassembler le genre humain quand les temps seront accomplis. C est le Christ qui seul a vocation à rassembler le genre humain. Ce rassemblement a déjà commencé par le Peuple de la première Alliance, Israël à qui Dieu a parlé en premier. De ce peuple se lève le Messie, le Fils de Dieu qui, pour accomplir la volonté de son Père, inaugure le royaume des cieux sur terre. Après la mort et la résurrection du Christ, l Esprit est envoyé aux apôtres pour sanctifier l Eglise et donner aux chrétiens par le Christ l accès au Père. «l Esprit habite dans l Eglise et dans le cœur des fidèles comme dans un temple, en eux il prie et atteste leur condition de fils de Dieu par adoption».

3 3 Eglise, corps mystique du Christ Le Christ est la tête de ce corps qu est l Eglise. Le baptême nous rend semblables au Christ, il nous associe à sa mort et à sa résurrection. Nous participons à la vie du Christ grâce aux sacrements qui développent et consolident les liens spirituels qui nous unissent au Christ. Nous sommes les membres du corps du Christ avec nos différences et nos fonctions bien distinctes pour le bien de la vie de l Eglise. Nous ne devons pas opposer l aspect temporel de l Eglise à son aspect spirituel. Ce sont deux faces d une seule et même réalité. Ce qui nous fait dire que l Eglise est à la fois pécheresse, composée de baptisés imparfaits et à la fois sainte parce que voulue par Dieu, fondée par le Christ et animée par l Esprit. 4 Eglise, Peuple de Dieu (9 17) La constitution aborde ce thème avant même de parler de la hiérarchie de l Eglise. Pourquoi? Parce que les Pères conciliaires ont voulu mettre en valeur l unité de l Eglise comme annonciatrice de l unité du genre humain. Israël, le peuple de la Première Alliance préfigure l assemblée des croyants en Christ qui chemine vers la cité future. La promesse de l Alliance nouvelle se réalise dans la mort et la résurrection du Christ qui concerne l humanité entière. Les textes parlent de peuple messianique qui tend vers l instauration du Royaume de Dieu par son chef, le Christ. L unité du peuple s exprime par la notion de sacerdoce commun des baptisés. Ce mot, sacerdoce, désignait usuellement le ministère des prêtres. Il évoque la notion de service, de don de soi pour l Evangile, pour l annonce de la Parole. Tout baptisé, qu il soit laïc, prêtre, évêque ou diacre, religieux, religieuse, participe à la vie du Christ, prêtre prophète et roi. Le sacerdoce des baptisés ne se confond pas avec le sacerdoce ministériel, ils se renvoient l un à l autre dans une relation de réciprocité en vue de la mission de l Eglise. N 10 «Les baptisés, par la régénération et l'onction de l'esprit-saint, sont consacrés pour être une maison spirituelle et un sacerdoce saint, en vue d'offrir des sacrifices spirituels, moyennant toutes les œuvres du chrétien, et d'annoncer les louanges de Celui qui les a appelés des ténèbres à son admirable lumière Le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel ou hiérarchique, s'ils diffèrent essentiellement et non pas seulement en degré, sont cependant ordonnés l'un à l'autre puisque l'un comme l'autre participe à sa façon de l'unique sacerdoce

4 du Christ. Grâce au pouvoir sacré dont il est investi, le prêtre, ministre du Christ, instruit et gouverne le peuple sacerdotal, accomplit, en qualité de représentant du Christ, le sacrifice eucharistique et l'offre à Dieu au nom de tout le peuple; les fidèles, en vertu de leur sacerdoce royal, ont part à l'offrande eucharistique et exercent leur sacerdoce par la réception des sacrements, la prière et l'action de grâces, par le témoignage d'une vie sainte, par l'abnégation et la charité active.» On voit que l Eglise est perçue davantage comme une communion. La notion de hiérarchie est toujours là mais le concile modifie irrémédiablement les rapports entre «la base» et la tête qui ne sont plus strictement hiérarchisés mais ordonnés à la mission. Le concile réaffirme les liens qui unissent les chrétiens entre eux reconnaissant que si l unité n est pas encore aboutie entre les différentes Eglises qui confessent la foi en la Trinité et en Jésus sauveur, le baptême est le socle commun qui permet d espérer qu un jour, tous seront en pleine communion. Les non chrétiens sont ordonnés au peuple de Dieu. Les juifs comme les musulmans qui cherchent de tout leur cœur la vérité ultime entrent dans le plan de salut divin. N 16 «En effet ceux qui, sans faute de leur part, ignorent l'evangile du Christ et son Eglise et cependant cherchent Dieu d'un cœur sincère et qui, sous l'influence de la grâce, s'efforcent d'accomplir dans leurs actes sa volonté qu'ils connaissent par les injonctions de leur conscience, ceux-là aussi peuvent obtenir le salut éternel. Et la divine Providence ne refuse pas les secours nécessaires au salut à ceux qui ne sont pas encore parvenus, sans qu'il y ait de leur faute, à la connaissance claire de Dieu et s'efforcent, avec l'aide de la grâce divine, de mener une vie droite. En effet, tout ce que l'on trouve chez eux de bon et de vrai, l'eglise le considère comme un terrain propice à l'evangile et un don de Celui qui éclaire tout homme, pour qu'il obtienne finalement la vie.» A la fin de ce chapitre est rappelée l importance de l activité missionnaire de l Eglise. N 17 «son activité n a qu un but : tout ce qu il y a de germes de bien dans le cœur et la pensée des hommes, ou dans leur rites propres et leur culture, non seulement ne pas le laisser perdre, mais le guérir, l élever, l achever pour la gloire de Dieu, la confusion du démon et le bonheur de l homme. A tout disciple du Christ incombe pour sa part la charge de l expansion de la foi Le concile rappelle le devoir des prêtres d œuvrer à l édification du corps par la célébration de l eucharistie, puis conclue le chapitre en ces termes :

5 Ainsi, l Eglise unit prière et travail pour que le monde entier dans tout son être soit transformé en peuple de Dieu, en corps du Seigneur et temple du Saint Esprit, et que soient rendu dans le Christ, chef de tous, au créateur et Père de l univers, tout honneur et toute gloire.»