23/29 OCT 13 Hebdomadaire OJD :

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1 Page 1/6 FLOTTES AUTOMOBILES Demain, des voitures 100 % connectées? C'est le nouveau défi des constructeurs : des véhicules capables d'échanger des informations avec l'extérieur et de se relier au réseau Internet. Lin champ technologique immense, dont nombre de possibilités intéressent les entreprises. Du contrôle des parcs auto à la sécurité et à l'efficacité des salariés conducteurs. INNOVATIONS Les applications numériques mobilisent les géants de l'automobile et de l'informatique ; ici, un smartphone relié au tableau de bord. '

2 Page 2/6 jour, un salarié pourra prendre sa voiture de service et passer le temps de son trajet à travailler sur un dossier, répondre à ses messages ou se reposer avant son prochain rendez-vous : le véhicule l'emmènera automatiquement à destination, sans qu'il ait à toucher le volant. Pure utopie? Non. La voiture sans conducteur est le prochain grand défi du secteur automobile. Nissan et Daimler l'annoncent pour dans dix ans, le fabricant américain Tesla le programme pour 2016 et Google l'expérimente sur les routes de Californie. Mais cet objectif lointain n'est que le stade ultime d'une évolution déj à en cours, celle de la «voiture connectée», capable, grâce aux nouvelles technologies de la communication, d'échanger des informations avec son environnement, direct ou éloigné. Ce nouvel horizon mobilise désormais les efforts des constructeurs et attise les convoitises des géants de l'informatique et des télécoms. Il change peu à peu la vie des conducteurs, qui voient apparaître dans l'habitacle toute une série d'applications, allant de la sécurité à P«infotainment». Et il intéresse aussi les professionnels : la voiture connectée est riche en opportunités pour mieux gérer les flottes, apporter des services aux salariés conducteurs, mais aussi revoir les manières d'utiliser la voiture dans l'entreprise. PLUS D'INFORMATIONS POUR MIEUX GÉRER LES FLOTTES Pour les entreprises, une voiture connectée est d'abord un véhicule plus facile à gérer, grâce aux informations qu'elle fait remonter au gestionnaire de flotte. Les premières applications en la matière ont été, à partir des années 2000, celles des boîtiers de géolocalisation : installés sous le capot, connectés au réseau mobile grâce à une carte SIM, ils communiquent la localisation exacte d'un salarié, mais aussi ses trajetsja durée de ses arrêts... «Ces informations permettent de visualiser en temps réel la situation de sa flotte, d'optimiser les tournées, de vérifier le temps de travaille contrôler éventuellement l'usage du véhicule pendant le week-end, mais aussi de faire du "geofencing','c'està-dire d'être alerté si la voiture quitte une zone donnée... détaille Jean-Marc Desbornes, directeur commercial d'océan, n 3 français de la géolocalisation. Cette solution intéresse beaucoup les flottes de techniciens, les livreurs, le secteur du BTP... Elle peut s'accompagner d'un écran, qui permet, par exemple, d'envoyer un ordre de mission au salarié.» Mais ces outils télématiques sont aussi de plus en plus demandes pour des usages qui n'ont rien à voir avec la géolocalisation. En effet, ces boîtiers, qu'ils soient indépendants du véhicule ou connectés à son système d'autodiagnostic (prise OBD), sont capables dè transmettre de nombreuses données précieuses pour les gestionnaires de flotte. A commencer par l'indispensable kilométrage. EMBARQUÉES Une séné d'applications change désormais la vie des conducteurs.

3 Page 3/6 «Le relevé kilométrique est la clef de voûte d'une bonne gestion de parc, indique Matthieu Echalier, de GACTechnology, éditeur d'un logiciel de gestion de flotte automobile. Or, le plus souvent, ce relevé repose sur la déclaration du conducteur, avec le risque d'erreur que cela comporte.» Avec un boîtier connecté, cette information essentielle peut être transmise directement à l'entreprise avec précision. «Diverses autres données techniques peuvent être remontées, qui permettent de mieux suivre la maintenance, d'anticiper les entretiens...» détaille Samuel Loyson, spécialiste de la voiture connectée chez Orange Business Services, l'un des acteurs français de la télématique embarquée et de la gestion de flotte. Ces boîtiers sont aussi des auxiliaires précieux de l'écoconduite : en livrant des informations sur la consommation, les accélérations, ou encore le régime moteur, ils renseignent sur le comportement de conduite des salariés et aident à mieux cibler d'éventuelles actions de formation. «L'écoconduite est devenue une demande de plus en plus forte des clients, en raison de l'importance des dépenses en carburant, mais aussi pour une question de sécurité et d'image», témoigne Samuel Loyson. Malgré une forte baisse de leur coût en quèlques années, les boîtiers connectés n'ont pas encore conquis les flottes : «Leur taux de pénétration en Europe sur les véhicules légers est de 10 à 20 %», estime Samuel Loyson. «Leur coût, de 20 à 30 euros par mois, peut encore paraître élevé aux entreprises, par rapport à ce qu'ils permettent d'économiser. Sur l'ensemble TÉLÉMATIQUE Ce type dè boîtier (ici, l'océan) offre au gestionnaire de flotte des indicateurs fiables et précis. DES 2015, L'APPEL AUTOMATIQUE D'URGENCE INSTALLE À BORD D'ici peu, les voitures européennes seront capables d'alerter automatiquement les secours en cas d'accident et d'indiquer en même temps leur position géographique'. Une récente décision de la Commission européenne prévoit de rendre obligatoire, sur fous les nouveaux véhicules particuliers et utilitaires légers lancés en Europe, à partir d'octobre 2015, un système d'appel d'urgence géolocalisé baptisé «ecall». Il s'agit d'un boîtier équipé d'une carte SIM et d'une puce GPS, programme pour envoyer un message au 112 (le numéro de secours européen) dès qu'un airbag se déclenche ou qu'un choc violent est détecté sur la voiture. Il peut aussi être activé manuellement par le conducteur, en cas de malaise, par exemple, à l'aide d'un bouton SOS situé dans l'habitacle A l'autre bout du fil, un opérateur reçoit alors des données des véhicules que nous suivons, 2,3 % sont équipes d'un boîtier communicant», relève de son côté Matthieu Echalier, de GACTechnology. Mais, avant même de se généraliser, ces boîtiers pourraient bien... être déjà obsolètes. Car, de plus en plus, les véhicules d'entreprise seront équipes de tels systèmes connectés en «première monte», c'est-à-dire dès leur fabrication : les voitures du futur seront communicantes à leur sortie d'usine, capables de transmettre vers l'extérieur le grand nombre de données issues des capteurs dont elles sont truffées. Des constructeurs proposent d'ailleurs déjà ce genre d'options à leurs clients professionnels, comme Peugeot, avec Peugeot Connect Fleet, qui permet d'obtenir à distance des informations et des alertes mécaniques sur le véhicule. Les acteurs de la télématique embarquée n'y sur le type de véhicule concerné, ses coordonnées GPS, et peut entrer en contact vocal avec le conducteur; si celui-ci est inconscient ou que l'alerte a été déclenchée automatiquement, il prévient directement les secours. Un tel systeme, étudié depuis longtemps, est déjà proposé en option par certains constructeurs, notamment PSA Peugeot Citroen, qui annonce plus de 1 million de véhicules équipes en Europe. Maîs, pour l'instant, il ne concerne qu'une faible part du parc en circulation. Sa généralisation permettra, selon l'union européenne, de sauver 2500 vies par an sur le continent. Maîs elle posera aussi d'épineux problèmes, allant de la mise en place concrète d'un tel service paneuropéen jusqu'aux inquiétudes liées à la présence d'un boîtier de géolocalisation dans chaque voiture. F. L. D.

4 Page 4/6 voient pas la fin de leur business : pour eux, l'enjeu sera de traiter le nombre infini de données que les voitures de l'avenir seront capables de remonter. «Notre valeur ajoutée est non pas dans la vente de boîtiers, maîs dans la mise à disposition d'un outil de gestion adapté aux spécificités de chaque métier, pour donner aux entreprises les bons indicateurs pour contrôler et optimiser leur flotte», insiste Jean-Marc Desbornes, d'océan. Samuel Loyson, d'orange Business Services, encourage même les constructeurs à assurer eux-mêmes la transmission des informations techniques de leurs voitures : «Nous poumons ainsi obtenir plus facilement des données difficiles à capter avec nos boîtiers, comme la pression des pneus, cruciale pour la sécurité et la consommation de carburant.» Ces données disponibles à distance intéressent de nombreux acteurs de l'automobile d'entreprise, qui y voient l'opportunité de développer de nouveaux services. «Nous prévoyons d'adapter nos systèmes pour recevoir et traiter ces informations et les faire coïncider avec celles du conducteur, note ainsi Laurent Corbellini, du loueur longue durée ALD. Ainsi, il sera possible de planifier automatiquement une révision et de proposer un rendez-vous chez le garagiste en fonction du planning du salarié.» «Les voitures de l'avenir seront capables de transmettre des informations, mais tout l'enjeu sera de savoir qui y aura accès, entre les constructeurs, les loueurs, les opérateurs de télécommunication...», résume Philippe Brendel,de l'observatoire du véhicule d'entreprise. PLUS DE SERVICES POUR LE SALARIÉ AU VOLANT Les nouveautés de la voiture connectée ne profitent pas qu'aux gestionnaires de flotte : les salariés conducteurs en bénéficient aussi. «La pro- Les voitures de demain transmettront des informations, l'enjeu sera de savoir qui y aura accès» chaine vague d'innovation sera centrée sur le conducteur : elle lui permettra de rester connecté depuis sa voiture, de garder le contact avec ses communautés et ses contenus, sans remettre en question sa sécurité sur la route», indique Samuel Loyson. Des constructeurs proposent désormais des systèmes multimédias embarqués, connectés à Internet via une carte SIM, offrant une gamme plus ou moins développée de services, dont certains sont de précieux alliés pour les professionnels itinérants : navigation et Info trafic en temps réel, recherche de stations-service, de commerces ou de parkings à proximité... sans oublier les incontournables applications d'écoconduite. TECHNOLOGIES Comme ce C4 Picasso doté d'une aide au stationnement, les voitures seront de plus en plus communicantes et truffées de capteurs.

5 Page 5/6 L'un des systèmes les plus ambitieux est celui de Renault, baptisé «R-Link» et opéré en partenariat avec Orange. Basé sur un écran tactile de 18 centimètres et un catalogue fourni d'applications (une cinquantaine à ce jour), il coûte 590 euros et est disponible sur une grande partie de la gamme (Clio, Captur, Scenic, Kangoo Express, Zoe...).Quantau groupe PSA, l'un des pionniers de la voiture connectée, avec son système d'appel d'urgence A Grâce aux systèmes comme le R-Link, les professionnels itinérants disposent de précieuses infos, maîs aussi d'applications d'écoconduite. localisé lancé dès 2003, il propose pour ses marques des systèmes similaires, quoique moins étendus : Peugeot Connect Apps et Citroën Multicity Connect, qui s'activent grâce à une clef 3G reliée au réseau Bouygues Telecom et vendue autour de 350 euros (plus un abonnement annuel). Chez les constructeurs étrangers, on remarque par exemple l'offre très étoffée de l'allemand BMW, BMW Connected Drive. L'arrivée d'internet dans l'habitacle passe par un défi, celui de la sécurité Pour connecter les habitacles, beaucoup de constructeurs parient aussi sur un accessoire désormais omniprésent : le smartphone. L'intégration du «téléphone intelligent» dans les véhicules est l'un des grands enjeux du moment, comme en témoigne le tout récent système IOS in the Car dapple, ou encore le standard MirrorLink, développé par un vaste consortium mondial d'acteurs de l'automobile et de l'électronique. «L'idée est de connecter le smartphone à la voiture, via une liaison USB, WiFi ou Bluetooth, et de "déporter" l'écran du smartphone vers celui du tableau de bord, explique Thierry Le Hay, responsable des innovations du domaine systèmes embarqués chez PSA Peugeot Citroen. Une application s'exécute ainsi sur le smartphone, mais s'affiche sur l'écran du véhicule.» A l'inverse, des informations techniques issues de la voiture peuvent aussi être consultées sur le téléphone - à des fins d'écoconduite notamment. Le déploiement du réseau 4G devrait permettre d'améliorer ces services - par exemple, au niveau de l'information en temps réel sur les conditions de circulation. Il aidera aussi à installer le streaming vidéo dans les habitacles et à transformer certaines voitures en hotspot WiFi sur roues. Mais attention.tarrivée d'internet dans l'habitacle passe par un défi, celui de la sécurité. «II faut intégrer ces nouvelles solutions tout en assurant la sécurité de conduite, note Thierry Le Hay, de PSA. Cela suppose d'adapter les applications à la situation de conduite, d'en interdire certaines quand le véhicule est en mouvement, de donner la priorité à l'affichage des informations sur l'écran en fonction de leur niveau d'urgence...» Pour améliorer la sécurité, certaines solutions passent par la commande vocale, voire par la «vocalisation» des SMS, qu'il est possible de dicter et de se faire lire. Mais, même s'il sera incontournable dans la voiture de demain, le smartphone ne devrait pas pour autant remplacer tous les autres outils connectés. Difficile, par exemple, de faire passer une solution de géolocalisation professionnelle sur un

6 Page 6/6 smartphone... qui peut être coupé à tout instant par le salarié ou tomber en panne de batterie. «On ne peut pas non plus envisager de faire passer les appels d'urgence géolocalisés par un téléphone : s'il est décharge ou ne résiste pas au choc d'un accident, c'est risque! Il faudra donc conserver un boîtier spécialement conçu à cette fin. En réalité, plusieurs systèmes connectés vont coexister dans la voiture de demain», juge Thierry Le Hay. LA VOITURE ÉLECTRIQUE ET SES OUTILS CONNECTÉS Connectée, la voiture peut aussi changer de nature. Sous le capot, d'abord : «Le Une fois mise en réseau, l'automobile devient aussi une ressource plus facilement partageable développement de la voiture électrique passera par les outils connectés permettant par exemple de trouver un point de recharge, de connaître à distance le niveau de charge de la batterie...», note Philippe Brendel,de ('Observatoire du véhicule d'entreprise. La Zoe de Renault est livrée en série avec le système R-Link, enrichi de fonctions destinées à la conduite électrique, comme un outil de navigation qui indique les trajets les plus économes et le «rayon d'action» du véhicule en fonction de son autonomie. Sa cousine allemande, labmwi3,intègre le même genre de fonctions. Une fois mise en réseau, l'automobile devient aussi une ressource plus facilement partageable : «Une voiture connectée peut être réservée à distance par tous les salariés d'une entreprise, comme c'est déjà le cas,par exemple, pour les salles de réunion, explique Benoît Chatelier, de Carbox, l'un des spécialistes français de l'autopartage pour les professionnels. Ainsi, on peut augmenter son taux d'usage.» Dans cette optique, la voiture devient un moyen de transport parmi d'autres, que le salarié peut trouver et réserver facilement à partir de son smartphone, comme il le ferait pour un vélo en libre-service, un taxi ou un billet de train. Le même smartphone peut ensuite servir à déverrouiller le véhicule, voire à le faire démarrer. «Dans dix ans, les jeunes salariés raisonneront de cette manière, prédit Benoît Chatelier. Ils ne seront plus attachés à une voiture personnelle, mais seront plus intéressés par le smartphone et les services auxquels il donnera accès, dont la voiture fera partie.» F. L. D. MOBILITE Au moyen de son smartphone, le salarie peut réserver, déverrouiller, voire démarrer un véhicule.