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2 Atelier 2 Alimentez vos papilles, pas votre bilan GES! ANIMATEUR : Olivier PIA, journaliste

3 L alimentation : quel impact environnemental? Sarah MARTIN, ADEME, ingénieur au service agriculture et forêt En France, l alimentation est responsable de 25 à 30 % des émissions de Gaz à effet de serre (GES) soit un impact équivalent à celui du transport ou du logement. La production agricole est responsable de % de ces émissions, qui sont à ce stade principalement biologiques. Contribuent ensuite à cet impact environnemental les industries agro-alimentaires, le transport des marchandises (avec notamment l impact non négligeable du dernier kilomètre), la consommation à domicile des aliments, l emballage et enfin le gaspillage, présent tout au long de la chaîne. Les impacts environnementaux de l alimentation, de la production à la consommation. Pour réduire l impact environnemental de l alimentation, trois leviers d actions sont mobilisables. D abord, produire et s approvisionner autrement implique d agir sur toute la chaîne (pratique de l agro-écologie en amont, amélioration de l efficacité des industries, choix de consommation plus vertueux, etc.). Ensuite, faire évoluer les régimes alimentaires, en diminuant l apport de produits d origines animales, favoriser les produits de saison et locaux est une marge de manœuvre forte. Enfin, réduire le gaspillage alimentaire est un troisième levier important puisque, actuellement, environ un repas par semaine par personne est gaspillé 17. Comptabilité carbone, focus sur les méthodes de calcul Vincent COLOMB, ADEME, ingénieur La comptabilité des GES en milieu agricole est complexe car les émissions sont biologiques et diffuses. Les comptabiliser implique d employer des modèles de calculs, qu il est important de bien comprendre, car ils posent plusieurs questions : - quelle unité retenir pour procéder au calcul (l hectare, le kilogramme de produit)? - comment garantir la représentativité des pratiques agricoles? - comment répartir les impacts des différents sousproduits d un même produit? Faut-il tenir compte de la masse du sous-produit ou de sa valeur économique? - comment calculer les émissions générées par le retournement des prairies ou le changement d affectation des sols? - quel niveau de modélisation appliquer? - jusqu où tenir compte des émissions de la pratique agricole? Faut-il aller jusqu à la fin de vie des produits? Aujourd hui, plusieurs bases de données sont disponibles pour procéder aux calculs de ces émissions (Agri- Balyse, Agri-Footprint, etc.). Ces données permettent de classer les produits agricoles selon l intensité de leur impact carbone : la viande rouge puis les viandes blanches, les œufs et le lait et enfin les produits végétaux, à l impact moins important. Une évaluation met à jour que certains modes de production ont un impact moindre par rapport à d autres. Par exemple, selon son mode de production, un blé moyen pourra avoir jusqu à quatre fois plus d impact. L important est de soutenir les pratiques favorables à la réduction des émissions de GES, en bio comme en agriculture conventionnelle, et de pouvoir trouver des systèmes qui répondent également à d autres problématiques (telles que le bien-être animal, par exemple) Pour plus d information, consultez le rapport de synthèse et le chapitre alimentation du rapport technique Alléger l empreinte environnementale de la consommation des Français en 2030, ADEME, novembre 2014, et la brochure Manger mieux, gaspiller moins, ADEME, octobre 2015, disponibles sur le site de l ADEME. 18 / 19

4 Les impacts climatiques des différents produits agricoles. A gauche, les produits dont l impact est le plus important. Améliorer l empreinte carbone des entreprises Noël PALLEZ, Groupe BEL Le Groupe BEL s intéresse aux émissions de GES depuis 2002 et réalise un bilan carbone annuel depuis Il s est fixé pour objectif de réduire de 75 % ses émissions de GES d ici 2025, par rapport à Pour cela, il travaille notamment à diminuer ses consommations d énergie (90 % de ses émissions), en établissant des diagnostics sur chacun de ses sites, en partageant les bonnes pratiques et en développant les énergies renouvelables (l objectif est d équiper 50 % de ses sites en énergie renouvelable d ici 2025). Un autre levier est la réduction de la consommation d eau, sur laquelle le groupe a travaillé en révisant ses process de fabrication. Ainsi, un investissement de 30 millions d euros a permis au groupe de réduire ses consommations d eau, de fioul et de gaz de 25 % entre 2008 et 2014, et sa consommation d électricité de 8 %. Pour réduire leurs impacts, le Groupe travaille à limiter le gaspillage de la matière première et à optimiser les emballages, en utilisant des matériaux responsables et en favorisant le tri des emballages individuels du produit. Enfin, le groupe BEL a également développé une charte des bonnes pratiques qu il partage avec les producteurs de lait et met à leur disposition un outil d autodiagnostic environnemental. Parmi les solutions pour réduire l impact environnemental des vaches laitières, se trouve la possibilité de les nourrir à base de lin, un produit qui n est cependant pas encore très répandu en France. La durabilité dans la restauration collective Corinne MBOW, Groupe ANSAMBLE Suite à un bilan carbone en 2010, le groupe de restauration ANSAMBLE a identifié la nécessité de réduire ses impacts environnementaux, principalement ceux de la fabrication des repas, en travaillant sur la proportion de viande d une part, et sur l origine des aliments d autre part. Le groupe a ainsi décidé de favoriser un approvisionnement local (10 % de son approvisionnement vient de l échelle municipale, 30 % de l échelle départementale et 50 % de l échelle régionale), et d utiliser les circuits courts dès que possible. En conséquence, le groupe a modifié ses offres de menus, en favorisant les produits de saison, selon les calendriers de chaque territoire. A ces actions s ajoutent une Analyse du cycle de vie (ACV) de son fromage La vache qui rit, qui montre que les principaux postes d émissions sont les matières premières et l emballage. Pilaf de riz aux légumes d été et tofu Fondant d été Muffin salé Pizza d été végétale Cookie végétal à la poire Galette quinoa aux légumes croquants L ACV de la Vache qui rit (MP signifie Matière première laitière). Quelques-uns des plats à la carte d Ansamble.

5 Par ailleurs, le groupe a diminué la proportion de viande de ses repas, en proposant notamment des plats à base de légumineuses et de céréales, puis des plats végétariens, voire végétaliens. Les clients du groupe sont prêts à suivre cette démarche, dès lors qu ils gardent le plaisir de consommer. C est pourquoi, ANSAMBLE a travaillé avec des conseillers culinaires pour rendre les recettes savoureuses. Globalement, les plats végétariens ont ainsi un impact carbone moitié moindre que les autres. Pour l entreprise, ce choix est stratégique : les investissements en ressources humaines et en qualité des produits lui permettent de gagner des clients et des marchés nouveaux. Nicolas PUCRABEY, Groupe ANSAMBLE Le groupe ANSAMBLE s attache aussi à réduire le gaspillage, proche de 30 % de sa production dans les restaurants scolaires par exemple. Pour cela, il sensibilise ses clients mais aussi les convives, via des panneaux d affichage, le tri des déchets, et un changement dans la façon de travailler de ses cuisiniers. > Echanges avec la salle De la salle (Eric PAQUET, groupe Casino) Quel est le potentiel de réduction des émissions du groupe Bel sur la matière première? Noël PALLEZ Le potentiel de réduction est de 20 %, notamment via le stockage du carbone dans les prairies. Noël PALLEZ Sur son investissement de 30 millions d euros, le Groupe BEL a reçu deux subventions de l ADEME sur des projets innovants, respectivement de 1,6 million d euros et de 2,5 millions d euros. Cependant, les investissements se justifient en interne, puisqu en réduisant nos consommations d eau et d énergie, nous économisons 9,5 millions d euros par an. De la salle (Hervé KEMPF) Un modèle de ferme usine, telle que celle des mille vaches, est-il plus ou moins émetteur de GES qu un petit élevage agro-écologique? Vincent COLOMB Un système industriel optimisé aura un bilan GES correct. Si les deux systèmes sont optimisés, un petit élevage fondé sur la prairie et l agro-écologie sera moins émetteur et présentera aussi des avantages sociaux. De la salle (Delphine FONTENOY, espace environnement, ASBL) Comment le groupe Ansamble sensibilise-t-il ses convives à la question du gaspillage? Nicolas PUCRABEY Nous organisons des animations, notamment auprès des enfants. Corinne MBOW Nous avons aussi expérimenté un système dans lequel les collégiens se servent eux-mêmes, en étant sensibilisés à la notion de juste portion. Le test est concluant. De la salle (Clément PLANTUREUX, ESJ Lille) Comment financer ces changements dans les entreprises? Recevez-vous une aide de l Etat? Nicolas PUCRABEY Favoriser le tri des déchets permet d éviter de nouvelles taxes, mais nous ne recevons pas d aides de l Etat. Vincent COLOMB et Sarah MARTIN L ADEME fournit de l aide à l investissement sur le développement durable. Pas d aide de fonctionnement par contre. Corinne MBOW Pour ANSAMBLE, l objectif est de changer à iso-coût et de financer le surcoût de nos nouvelles pratiques par l élaboration d un nouveau business-model. 20 / 21

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